En novembre 2018, la Bibliothèque Mazarine a commémoré les 500 ans de l’arrivée en France des premiers livres de Luther (ou de ceux publiés contre lui), par une exposition remarquée, à laquelle la SHPF a participé, entre autres, par le prêt d’un certain nombre d’ouvrages tirés de ses collections : « “Maudits livres luthériens”. Aux origines de la Réforme en France »¹. Cette exposition a donné lieu à deux journées d’études organisées par Frédéric Barbier, directeur d’études à l’EPHE-PSL et directeur de recherche au CNRS. La première visait à souligner les principaux thèmes et objets de l’exposition, et la seconde, à élargir la problématique de la réception de Luther à d’autres pays que la France.

La Revue d’histoire du protestantisme est heureuse de présenter ici un dossier de cinq études originales, issues de ces journées d’études, qui se situaient au croisement de l’histoire du livre et de l’histoire religieuse.

Frédéric Barbier envisage la question du transfert des idées de Luther et, plus largement, de la Réforme, à travers l’exemple remarquable de la « Nation Germanique » (Natio Germanica) et de sa bibliothèque à l’Université d’Orléans.

Istvan Monok (MTA Könyvtár/Bibliothèque de l’Académie hongroise des sciences et Université de Szeged) interprète le mouvement de Luther dans une perspective transnationale d’historien du livre et d’historien de la piété, en prêtant une attention toute particulière à la géographie de l’Europe danubienne.

Andreas De Pasquale (Biblioteca nazionale centrale, Rome) se concentre sur les origines de la Réforme en Italie et sur la figure du libraire Andrea Calvo.

Christoph (Université de Heidelberg) reprend à nouveaux frais, textes en mains, la question de la réception de Luther par le jeune Calvin.

Marianne Carbonnier-Burkard (IPT Paris) montre les collages que des imprimeurs lyonnais ont pratiqués sur la « danse des morts » de Holbein pour en faire, en 1542, un « art de mourir » à l’usage de protestants nicodémites.