Luthériens et autres hérétiques à Lyon, dans la « danse des morts » des frères Frellon (1542)
Les Simulachres et historiées faces de la mort, livre imprimé à Lyon en 1542 par Jean et François Frellon, sont un repère connu dans la lignée des « danses des morts » (Totentanz) de la fin du Moyen Âge à l’époque moderne1. Il s’agit d’une nouvelle édition d’une série d’images (« simulacres ») de la mort dessinées par Holbein le jeune, légendées par des citations bibliques en latin et des épigrammes en français. Sous ce même titre, ou presque, les images de Holbein avaient déjà été publiées à Lyon en 1538 par les frères Trechsel, avec des commentaires d’un lettré lyonnais homme d’Église, Jean de Vauzelles. En reprenant le titre et la série d’images en 1542, les frères Frellon ont modifié l’ouvrage. Ils ont laissé de côté Vauzelles, et associé aux images de Holbein un écrit anonyme de provenance luthérienne, d’un certain Rhegius, La Médecine de l’âme. L’initiative peut étonner : à l’époque, en France, toute publication de Luther et de « luthériens et autres hérétiques » était interdite.
Sur cet ouvrage composite, republié par les Frellon à plusieurs reprises jusqu’en 1562, en français et en latin, l’historienne pionnière de l’histoire culturelle de la France moderne, Natalie Zemon Davis, a attiré l’attention dès 1956, en en faisant un révélateur des débuts de la Réforme dans la société lyonnaise2. Son article met en évidence les changements entre la première édition des Simulachres en 1538, un « art de mourir » érasmien, et celles des Frellon en 1542, un « art de mourir » luthérien, en partie dissimulé par des interpolations « catholiques » et la présence de deux sermons patristiques. Par la suite, d’autres historiens ont affiné l’enquête bibliographique, repéré au passage un autre luthérien, et parfois discuté les conclusions de Zemon Davis3.
L’exposition « Maudits livres luthériens » à la Bibliothèque Mazarine, en novembre 2018, a été l’occasion de ressortir les Simulachres des Frellon, de 1542, de les prendre en mains. L’examen des textes, en particulier La Médecine de l’ame, laisse entrevoir d’autres auteurs « hérétiques » que les seuls luthériens. Pour comprendre la fabrication de l’édition des Frellon, on rappellera d’abord la composition des Simulachres de 1538, et la recomposition de 1542 avec la Médecine de l’ame ; de là, on analysera la source de la Médecine de l’ame, puis ses retouches et adjonctions. Quant à l’exemplaire présenté dans l’exposition, conservé à la bibliothèque de l’Arsenal, il intéresse l’histoire de la réception du livre, à travers les commentaires manuscrits d’un lecteur inconnu : encore un hérétique ?
1. Les Simulachres de 1538
La première édition de la série des images de la mort, à Lyon, imprimée par les frères Melchior et Gaspard Trechsel, est intitulée Les Simulachres [i.e. images] et historiées faces de la Mort, autant elegamment pourtraictes, que artificiellement imaginées. L’ouvrage, petit in-4e de 52 feuillets, présente une série de 41 bois gravés par Hans Lützelburger (v. 1495-1526), à Bâle, sur des dessins de Hans Holbein le jeune (1497-1543), vers 1524-1525. C’est une danse macabre placée sur la trame de l’histoire sainte qui l’encadre : les cinq images initiales figurent la création d’Adam et Eve, la chute, l’expulsion du Paradis, la malédiction, la mort universelle ; les deux dernières, le Jugement dernier, et les armoiries de la mort, symboles du « Memento mori ». Les 34 bois au centre de la série représentent la rencontre de la mort, sous forme d’un squelette, avec un personnage typé, depuis le pape jusqu’à l’enfant. Cette danse macabre était d’un genre nouveau : non plus la farandole traditionnelle depuis le xve siècle alternant morts et vifs, mais une série de vignettes représentant la mort individualisée, entrant subrepticement dans la vie quotidienne d’hommes et femmes de tout âge et de toute condition, mis en scène dans leur cadre, dans des histoires.
La biographie des Trechsel éclaire un peu les circonstances de cette édition lyonnaise d’images venues de Bâle. Dans les années 1520, Melchior Trechsel avait été facteur à Bâle pour le compte de son beau-père Jean Clein, imprimeur à Lyon ; il travaillait chez Conrad Resch, grand libraire bâlois, lié à Érasme, passeur de textes évangéliques d’Allemagne et Suisse vers Paris, où il avait un comptoir, de même qu’à Lyon. Les Trechsel ont acquis entre 1526 et 1530 la série de la « danse des morts » de Holbein, avec les bois de Lützelburger, ainsi qu’une autre série de Holbein d’images de l’Ancien Testament4. S’ils ont attendu une dizaine d’années avant d’imprimer ces gravures, plusieurs raisons peuvent l’expliquer5. D’abord, les Trechsel n’impriment à leur compte – des éditions humanistes – qu’à partir de 1532, et dès 1534-1535 ils subissent de graves difficultés financières, difficultés qui les amènent à fermer leur atelier lyonnais en 1539. Autre obstacle matériel : la recherche d’un graveur de talent, à même d’achever la série des bois, après la mort de Lützelburger en juin 15266. Mais d’autres motifs de fond ont dû freiner la publication.
À Lyon, les Trechsel fréquentent le milieu humaniste évangélique, mais eux-mêmes sont attentistes7. Imprimer des images d’un artiste à la renommée internationale tel que Holbein le jeune pouvait assurer un succès commercial, mais en France la publication imposait des précautions : les censeurs devaient se méfier d’un Allemand proche d’Érasme et des humanistes, sympathisant de la cause des réformateurs, devenu de surcroît le peintre officiel du roi d’Angleterre, Henri VIII, le schismatique en chef. Certaines des images de la « danse des morts » de Holbein pouvaient confirmer le soupçon d’hérésie : dans le contexte des années 1520 et 1530, elles ne relevaient pas seulement du renversement carnavalesque de la société, à la base du modèle des danses macabres, avec la critique usuelle des clercs et des moines, mais d’un antiromanisme « luthérien8 ». Or en 1534, même loin de Paris, à Lyon, il ne fait pas bon passer pour luthérien. Les imprimeurs Trechsel ont-ils eu peur ?9 Toujours est-il qu’en publiant les deux séries de Holbein, en 1538, ils préfèrent taire le nom de l’artiste, en dépit de l’attraction publicitaire de ce nom.
Le délai a pu être aussi pour les Trechsel l’occasion d’une réflexion éditoriale : le succès des Emblèmes d’Alciat (1re édition à Augsbourg, en 1531) a orienté le choix des imprimeurs lyonnais pour la forme de l’emblème, organisé en trois parties : mot ou phrase-titre en latin (inscriptio), gravure, bref texte en vernaculaire (suscriptio). Visant le même succès que les imprimeurs allemands, les Trechsel publient en même temps (1538-1539), et sur le même modèle, les Simulachres de la mort avec 41 bois et les Historiarum Veteris Testamenti Icones avec 92 bois, tous d’après Holbein, mais sans la signature trop compromettante10. Seulement, pour les textes à placer sous toutes les gravures, déjà associées à des citations bibliques en latin11, il leur a fallu trouver un auteur, un poète français.
C’est finalement Gilles Corrozet (1510-1568) qui a composé l’ensemble des quatrains sur les deux séries de Holbein, pour les Simulachres (1538) et pour une deuxième édition, bilingue, des Icones (1539). Corrozet était un libraire parisien, en même temps qu’auteur de fables, emblèmes et sentences12. Comme libraire, dans la mouvance du grand libraire parisien Denis Janot, il était en contact avec les Trechsel par les foires de Lyon, et de même avec les auteurs Janot, parmi lesquels Marot et Rabelais13, et avec le cercle littéraire lyonnais autour de Maurice Scève (1501-1564), en relation avec Marot, Bonaventure des Periers, Étienne Dolet14. Ses épigrammes commentent les images en les reliant plus ou moins aux citations ou plutôt paraphrases bibliques en latin placées en inscription, en restant dans un registre moral, sans accentuer la charge polémique des images15.
Un autre proche de Maurice Scève couvre de son autorité les Simulachres de la mort : Jean de Vauzelles (c.1495-1563), ecclésiastique lyonnais de haut rang, humaniste au service de Marguerite de Navarre16. En 1526, il avait publié, à la demande de celle-ci, une Hystoire evangelique en français, et avait dû se défendre d’être un suiveur des « bibliens » de Meaux. Resté réformateur de l’Église à la manière de Lefèvre d’Étaples, il a gardé des accointances évangéliques (ainsi avec Nicolas Bourbon, ami de Holbein), tout en se montrant hostile aux iconoclastes schismatiques17. Il adresse l’ouvrage à Jehanne de Touszele, mère abbesse du cloître Saint-Pierre à Lyon, réformatrice dans le sillage de Marguerite18. Devant elle, mourante, mais habituée à la mort « de tous temps par mortification », il peut justifier les images de la mort, les « espouvantables simulachres de mort » : approcher une figuration de la mort et ainsi « en noz pensées imprimer la mémoire de mort au vif ». D’ailleurs, ajoute-t-il, les images de Holbein sont « tant gracieusemnt deliniées que lon y peut prendre une delectable tristesse et une triste delectation » (f. A3v).
Vauzelles encadre la série des images de Holbein – les « emblèmes » – par une suite de discours : avant les images, un discours théologique sur la mort, puisé chez le « bon S. Pol » (f. B1) ; après le « Memento mori » final de Holbein, plusieurs discours nourris de l’Écriture, des Pères et des philosophes païens, sur la « bonne mort », et sur sa « préparation ». La préparation à la mort se fait « de bonne heure », par une vie vertueuse, et au dernier jour, avec une « ferme foi » dans la miséricorde de Dieu, la confession des péchés au prêtre et les derniers sacrements (f. M3v-N4)19. Vauzelles est sur la ligne de Lefèvre et d’Érasme, paulinienne « non schismatique ». C’est en humaniste lettré qu’il s’exprime, en moraliste et en théologien érasmien, adoucissant les images de Holbein, grinçantes à l’égard de l’Église et au fond sécularisées.
2. La recomposition des Frellon en 1542
Quatre ans après l’édition des Trechsel, en 1542, le livre ressort « chez Jan et François Frellon, frères ». Les Frellon étaient libraires à Lyon depuis au moins 1536, « à l’escu de Coloigne ». Ils avaient participé à l’édition des Simulachres des Trechsel, en 1538, quoique discrètement (seule la mention « soubz l’escu de Coloigne » les identifie sur la page de titre). Jean Frellon avait été, comme Melchior Trechsel, facteur de Conrad Resch à Paris. En 1536, il était toujours du réseau de l’Ecu de Bâle (Conrad Resch-Chrétien Wechel) et de Jean Sturm20. En 1538, il avait encore un pied à Bâle (l’autre à Lyon) et il semble qu’il ait été inquiété, avec Resch, pour des publications réputées « luthériennes21 », sans doute les Precationes biblicae d’Otto Brunfels22. C’est à peu près à cette époque, vers 1539, que les Frellon ont acquis des Trechsel, alors en pleine déconfiture, les deux séries de dessins et bois de Holbein-Lützelburger23. Ils ne se précipitent pas pour les publier. En 1540, l’édition des Simulachres des Trechsel est mise à l’index de l’inquisiteur général Vidal de Bécanis, édicté à Toulouse : celui-ci a dû identifier Holbein, et flairer l’hérésie dans le langage érasmien24. Surtout, en janvier 1540, des « luthériens » sont brûlés à Lyon. Les imprimeurs lyonnais avaient donc quelque raison d’être prudents25.
En 1542, les Frellon se lancent : ils ressortent les images de Holbein dans les Simulachres, mais en un nouvel arrangement, et parallèlement dans un recueil en latin qui apparemment en est la traduction.
En fait, cet ouvrage en latin sort le premier26 :
Imagines de morte et epigrammata è Gallico idiomate à Georgio Aemylio in latinum translata. His accesserunt : Medicina animae, tam iis qui firma, quam qui adversa corporis valetudine praediti sunt, maxime necessaria. Ratio consolandi ob morbi gravitatem periculosè decumbentes. D. Caecilii Cypriani […] Sermo de mortalitate. D. Chrysostomi […] de patientia et consummatione huius seculi, de secundo adventu Domini, deque aeternis justorum gaudiis et malorum poenis, de silentio, et aliis homini christiano valde necessariis, sermo. Lugduni, sub scuto Coloniensi, apud Ioannem et Franciscum Frellonios, fratres, 1542. In-8°, 88 ff. |
Le titre met sur le même plan les images de la mort (anonymes) et des épigrammes traduits de français en latin par un certain Aemylius, et annonce, comme annexes, une série d’écrits plus ou moins en rapport avec la mort, en particulier de saint Cyprien et de saint Jean Chrysostome.
Les Frellon ont donc fait traduire les quatrains (de Corrozet) des Simulachres des Trechsel. Ils se sont adressés à Georg Aemilius (1517-1569), jeune humaniste allemand, disciple de Mélanchthon à Wittenberg, auteur d’épigrammes latines pour deux livres d’images bibliques, de Hans Sebald Beham, qui venaient d’être publiés à Francfort27. Dans son épigramme liminaire « ad lectorem christianum », Aemilius met en avant sa nationalité allemande, sans trop de risque : ce protégé de Mélanchthon28 est couvert (en deux vers à la suite) par l’amitié de Johannes Fraxineus, alias Jean des Montiers, seigneur du Fraisse, qui après un séjour d’études à Wittenberg chez Mélanchthon, est devenu diplomate au service du roi de France, tout en menant une carrière ecclésiastique29. C’est sans doute Jean des Monstiers, fréquentant Maurice Scève à Lyon, qui a assuré le contact entre les Frellon, à la recherche d’un poète néo-latin, et Aemilius dont ils connaissaient les épigrammes sous les images de Beham.
Dans cette édition, tous les textes de Vauzelles ont disparu (celui-ci a sans doute refusé de participer à la rédition des Simulachres, mis à l’index en 1540, d’autant plus en étant associé à Aemilius, luthérien). À la place, quatre écrits, qui suivent les images légendées et introduites par Aemilius, sont indépendants des images, et occupent les trois-quart de l’ouvrage.
Le texte principal, Medicina animae, anonyme, vient de l’ouvrage d’un humaniste et pasteur luthérien, Urbanus Rhegius, Seelenartzney für die gesunden und krancken (1529)30. L’ouvrage faisait partie des nouveaux Sterbebücher, pour la visite des malades, dans la veine du sermon de Luther sur la mort (1519), alternant prières et prédication de l’Écriture, faisant résonner sur un mode affectif la certitude du salut par la foi, la confiance en la victoire du Christ sur la mort, le péché et l’enfer31. Ces Sterbebücher en langue vulgaire, pour les laïcs, avaient supplanté dans l’Allemagne luthérienne l’ars moriendi traditionnel. Celui de Rhegius était un succès de librairie. C’était un manuel pour tous, bien-portants, malades ou visiteurs de malades et d’agonisants. S’adressant directement au « frère » malade, il offrait un répertoire complet de citations bibliques – toutes de consolation – répondant aux trois terreurs du fidèle dans la perspective de la mort : le péché, la mort elle-même et l’enfer32. Depuis 1531, il était couplé avec un modèle pratique pour la visite des malades et mourants, de Kaspar Huberinus33. Une traduction latine avait été publiée à Wittenberg en 1537, sous le titre de Rhegius, Medicina animae, incluant un abrégé de l’écrit d’Huberinus, Ratio consolandi…34. Cette traduction était due à Johannes Freder, autre humaniste pasteur, ancien étudiant à l’université de Wittenberg, et ami de Mélanchthon35.
Dans l’édition des Frellon, la Medicina animae de Rhegius-Freder36 est légèrement restructurée par l’ajout de quelques sous-titres, et augmentée de plusieurs parties sous-titrées : sur l’appel au médecin, le testament, les derniers sacrements, la sépulture et le deuil. Ces nouveaux paragraphes – qui interrompent le discours luthérien –, évoquent çà et là le De praeparatione ad mortem d’Érasme (1534), best-seller conservant le cadre de l’ars moriendi traditionnel et du rituel, mais le renouvelant par son christocentrisme humaniste37. La Medicina animae est complétée par deux sermons de Pères de l’Église, le « De mortalitate » de saint Cyprien, « évêque et martyr », et le « De patientia » traduit de saint Jean Chrysostome.
Pour l’édition en français, qu’ils sortent la même année 1542, les Frellon reprennent le titre de l’édition Trechsel de 1538, déjà connue, en l’allongeant :
Les Simulachres et historiées faces de la mort, contenant La médecine de l’âme, utile et nécessaire non seulement aux malades, mais à tous qui sont en bonne disposition corporelle. D’avantage, La forme et manière de consoler les malades. Sermon de sainct Cecile Cyprian, intitulé De mortalité. Sermon de S. Jan Chrysostome, pour nous exhorter à patience : traictant aussi de la consommation de ce siècle et du second advenement de Jesus Christ, de la joye eternelle des justes, de la peine et damnation des mauvais et autres choses necessaires à un chascun chrestien pour bien vivre et bien mourir. ALyon, chez Jan et François Frellon frères, 1542. In-8°, 108 ff. |
« Les Simulachres », par le corps employé, font l’essentiel du titre, toutes les autres pièces à la suite étant présentées comme contenues sous ce mot : La Médecine de l’ame, La forme et maniere de consoler les malades, puis des sermons en français de Cyprien et de Jean Chrysostome. La liste des pièces, identique à celle des Imagines de morte, laisse penser que les Simulachres en sont la traduction.
Cependant, non seulement l’adresse « Au lecteur chrestien » est sans rapport avec celle de Aemilius dans les Imagines, mais le texte de la Médecine de l’ame, muni d’une préface, apparaît bien plus long et assez différent de la Medicina animae des Imagines et de celle de Freder. Même les parties ajoutées à Rhegius-Freder dans les Imagines varient. Des changements aussi importants ne peuvent être attribués aux Frellon. La piste à suivre est celle d’une édition anonyme, et sans adresse – en fait, Genève, chez Jean Girard – qui précède d’un an les éditions Frellon :
La Medecine de l’ame, utile et necessaire non seulement aux malades, mais à tous ceus qui sont en bonne disposition corporelle. Avec la forme et maniere de consoler les malades. Plus un sermon de sainct Cecile Cyprian intitulé de Mortalité. 1541. In-8, 160 p.38 |
Pour les Simulachres, les Frellon n’ont donc pas fait traduire en français la Medicina animae de Freder, mais ont repris une traduction qui venait d’être éditée à Genève. L’ajout du sermon de Cyprien, dans les Imagines comme dans les Simulachres, vient aussi de l’édition de Genève. Les éditeurs lyonnais ont fabriqué en même temps les Imagines et les Simulachres, en utilisant à la fois la Medicina animae de Freder et l’édition genevoise de la Médecine de l’ame.
3. L’édition genevoise de la Médecine de l’ame (1541)
En tête de l’édition genevoise de La Médecine de l’ame, l’adresse de « l’imprimeur au lecteur » évoque un ouvrage composite, assemblage de « belles sentences » tirées de la Bible par « plusieurs gens sçavans », en traduction française :
Plusieurs gens scavans ont bien voulu prendre peine d’assembler et rediger par escript plusieurs belles sentences […] extraictes des sainctes Escriptures, […] desquelz tres excellens autheurs, nous te presentons en langage françoys un recueil intitulé La médecine de l’ame, […] ne regardant point trop rigoureusement à l’asperité du langage mal poly, mais aux drogues comprises en icelle, tirées de l’apoticairerie des sainctes Escriptures, priant avec nous ce grand Médecin qu’il luy plaise nettoyer par icelles toute mauvaise infection causee par faulse doctrine, maintenant en santé spirituelle tous ceux qui par vraye foy s’attendent à sa divine grace, colloquant en icelle toute esperance de salut39.
À la suite, une préface sert d’introduction à la Médecine de l’ame. Elle développe l’histoire de la mort, née avec le péché originel, selon le livre de la Genèse, dans le cadre de l’histoire du salut, puis annonce le thème de la « médecine de l’ame », ainsi que le projet de l’éditeur : une « forme de recueil assemblé principallement de la saincte Escripture » pour « consoler, enseigner et admonester les malades » (p. 10). Cette ample préface, théologique, n’est pas de Rhegius.
Le corps de l’ouvrage est découpé en parties sous-titrées, où l’on retrouve les trois points centraux de Rhegius, à savoir les trois terreurs du malade, les péchés, la mort, l’enfer, avec en réponse les consolations scripturaires :
– Quand les pechez esmeuvent la conscience, pense que le Filz de Dieu est descendu du ciel ça bas en terre, en prenant chair humaine, a mis tous les pechez du monde sur soy, lesquelz il a effacez par la mort et passion doloreuse qu’il a enduré en la croix (p. 41-57).
– Quand la mort te faict paour : tu penseras que Christ a vaincu et du tout effacé la mort… ] (p. 57-69)
– Quand enfer ou damnation eternelle espouvante l’homme : L’esperit maling donne un merveilleux soucy à l’homme, quant à sa prédestination, en luy suggerant icelles horribles cogitations : […] Que sçays-tu si tu es du nombre de ceux que Dieu a esleuz à vie éternelle ?
[…] C’est une chose folle et dangereuse, de penser si fort à la predestination. Et pour divertir telles mauvaises cogitations, tu en useras d’autres que Jesus Christ mesme a ordonné en sainct Jehan : [Jn 3… ]. Parquoy cela est hors de tout doubte, que tous ceux qui ont leur fiance en la misericorde de Jesus Christ sont du nombre des esleuz à vie eternelle predestinez en Jesus Christ, et dès le commencement escritz au livre de vie… (p. 70-87)
Cependant, ces trois parties ne forment qu’un tiers de la Médecine de l’ame, étant replacées dans un plan suivant la progression de la maladie et la proximité de la mort. Elles sont précédées de nouveaux chapitres, analogues à ceux des Imagines ajoutés au texte de Rhegius-Freder : en particulier l’appel au médecin, le souci de la femme et des enfants, le testament. Le recours aux médecins est longuement justifié, y compris par des arguments scripturaires (p. 20-24). Le testament est recommandé aux riches (et aux « ny riches ny povres ») qui ont « femme, enfans et amys », pour pourvoir au soin de ceux-ci, et pour donner aux pauvres, mais non pas au clergé par le biais des legs pieux (p. 34-40). Après les trois points que sont les trois terreurs du malade, de nouveaux chapitres concernent le rituel de la « bonne mort » traditionnelle, passé au crible réformateur. La confession des péchés à Dieu, légitime, est bien distinguée de la coutume de la confession « à l’oreille des prestres », commandement de l’Église « superstitieux » (p. 88-91). Le « sacrement de l’eucharistie » et « l’unction extrême » ne sont mentionnés que pour être retournés en refus des « derniers sacrements » (p. 92), tandis que le pardon des ennemis et la recommandation de l’âme sont approuvés par les exemples scripturaires (p. 93-102). Enfin, les funérailles et le deuil donnent lieu à des conseils de décence et de modération (p. 103-107).
La Médecine de l’ame est suivie de « La manière de consoler les malades », traduite de Ratio consolandi de Huberinus-Freder, où le message du salut par « la foi seule » est exprimé dans l’interpellation du frère malade ou mourant :
Jamais [tu] ne seras damné pour tes pechez, car estant justifié par foy, as paix avec Dieu. […] Frère, … ] ta maladie et douleur ne pourroyent effacer, voyre le moindre de tes pechez, tant s’en fault qu’ilz peussent meriter ton salut (Ro 8). […] Christ est nostre seule justice, salut (p. 115, 119-120).
O chrestien, bataille icy bonne bataille [cf. II Tm 4] : combatz fortement et constamment comme doibt faire un vray chrestien… Tu ne combatz pas icy tout seul, mais Jesus Christ Roy est ton capitaine en ceste guerre. Il marche devant, suy-le […] Dieu est ton pere pour l’amour de Christ, il a soing de toy, il t’ayme cherement comme son filz tendret (p. 125-126).
À la suite de la Médecine de l’ame, avec son appendice d’Huberinus, le sermon « de mortalité » de Cyprien est traduit sur l’édition d’Érasme, réimprimée à Bâle en 154040. S’il suit l’édition bâloise, avec les références des citations scripturaires en marge, il attire l’attention sur le verset « Car il est escript que le juste vivra de foy », en ajoutant en marge les références d’Habacuc 2 et Romains 1 (p. 138).
Ainsi, tous les textes rassemblés dans l’édition genevoise de la Médecine de l’ame font, plus ou moins discrètement, résonner l’Écriture – dans la traduction de Genève – et le thème de la foi seule. Les chapitres ajoutés à la Medicina animae de Freder-Rhegius, critiques dans un sens désacralisateur, évoquent à côté des textes luthériens une source zwinglienne. Piste confirmée : tous ces nouveaux chapitres, avec leurs titres, viennent du réformateur zurichois Heinrich Bullinger, de son manuel de visite des malades, Bericht der krancken… (1535), traduit en latin en 154041 (même l’adresse de l’imprimeur au lecteur est la traduction, à peine retouchée, de celle en tête du livret latin). Le manuel de Bullinger s’inspire à la fois des Sterbebücher allemands et d’Érasme, tout en étant plus « radical », avec des notes polémiques contre les superstitions, sous-entendu celles de l’Église romaine.
Pour oser fondre ensemble, à Genève, des luthériens allemands et un Suisse zwinglien, il fallait être un théologien assuré, disposant de multiples connexions, latiniste de surcroît. Antoine Du Pinet (1510 ? -1584 ?) présente le meilleur profil : franc-comtois donc citoyen de l’Empire, humaniste, ancien condisciple de Calvin à Orléans, devenu pasteur à Ville-la-Grand (Chablais), et traducteur des réformateurs. En 1539 et 1540, il traduit en français plusieurs textes en latin venus de Strasbourg (Calvin, Bucer), Wittenberg via Strasbourg (Luther), ou Zurich (Bullinger), qu’il fait imprimer à Genève par Jean Girard ou par Michel Du Bois42. Sa langue est riche, simple et savante à l’occasion43 : c’est aussi le cas pour La Médecine de l’ame, ce qui renforce notre hypothèse. Dans cette période, Du Pinet est en relations suivies avec Calvin à Strasbourg44. C’est probablement là qu’il a eu en mains une nouvelle édition de la Medicina animae, la traduction de Freder, sortie à Strasbourg en 154045. Au même moment, il lisait le manuel de Bullinger. Il a aussitôt traduit et fusionné les deux manuels46, ajouté une préface, et fait imprimer cet hybride par Girard, à toute allure si l’on en juge par les nombreuses coquilles de l’édition. Le public visé n’était pas seulement celui de Genève et de la Suisse francophone, mais aussi les Français. Faisant silence sur le lieu d’impression, Genève, le traducteur et l’imprimeur ont tenté leur chance avec un titre, « la Médecine de l’ame », rappelant un livre du fonds classique de la « dévotion moderne », outre la présence de saint Cyprien, propre à rassurer les théologiens de Paris. Mais dès 1543, « La Médecine de l’ame imprimée à Genève » figure dans la liste des livres interdits par la Sorbonne, puis dans l’Index imprimé de Paris en 154447.
4. Les retoucheurs chez les Frellon (1542)
C’est avant la censure parisienne que l’édition genevoise de la Médecine de l’ame est parvenue à Lyon chez les Frellon, probablement par Michel Du Bois, l’excellent imprimeur qu’ils avaient happé à son départ de Genève fin 1541 ou début 1542 pour lancer leur entreprise48. Du Pinet, qui ne devait pas être très satisfait du travail de Girard, a pu confier son ouvrage à Du Bois en partance pour Lyon. Mais pourquoi lui aurait-il confié aussi l’édition support (partiel) de sa traduction, la Medicina animae de Freder, imprimée à Strasbourg ? Il faut supposer qu’il a été informé du projet des Frellon, avec Dubois, d’une nouvelle édition des Simulachres, et d’une version en latin, impliquant des retouches pour prix d’un rayonnement à la mesure des images de Holbein49.
Pour relancer sur le marché la danse macabre de Holbein, déjà à l’Index, en la couplant avec un ensemble de textes venus de Genève, mais encore inconnus, les Frellon ont dû prendre prendre des précautions. L’édition simultanée des Simulachres et des Imagines, utile pour une double diffusion, sur le marché français et étranger, pouvait contribuer à brouiller les pistes, de même que les titres des deux ouvrages, annonçant des livres d’images, et leur présentation élégante50. L’adresse au lecteur de l’imprimeur zurichois passée dans l’édition genevoise de la Médecine de l’ame est devenue, sans changement, une « adresse au lecteur chrestien » coiffant l’ensemble des Simulachres, en symétrie apparente avec l’adresse « ad lectorem christianum » d’Aemylius pour les Imagines. Mais La Médecine de l’âme ne pouvait pas passer telle quelle sur le marché lyonnais. Pour les Simulachres de 1542, les paragraphes bullingeriens de l’édition genevoise ont été modifiés : sur les médecins, le testament, les derniers sacrements, le deuil. Pour les Imagines, l’éditeur lyonnais ne s’est pas contenté de reprendre la Medicina animae de Freder : il lui a ajouté quatre brefs chapitres sur les sujets venus de Bullinger, en les retouchant.
Sur les médecins d’abord. Dans son édition genevoise, La Médecine de l’ame justifie pleinement le recours aux médecins, avec l’appui de l’Ecclésiastique (38) : « Le Souverain a créé de la terre la medecine et l’homme prudent ne l’aura point en horreur ». Bullinger et son traducteur genevois sont des hommes éclairés des villes : « Il n’y a rien qui decore plus une cité que le medecin de bonne conscience, et de ferme erudition », tandis que les exorcismes, les pèlerinages et autres pratiques magiques sont à fuir (p. 22-24). L’éditeur des Simulachres reproduit tout le paragraphe, supprimant seulement la mention des pèlerinages (ff. D6-D8). Dans les Imagines, le paragraphe sur les médecins (f. E5) est très abrégé et modifié. Si la citation de l’Ecclésiastique est conservée, elle est précédée d’un propos qui s’avère une citation du De praeparatione ad mortem d’Érasme, donnant un avis plus modéré, reliée à une autre citation, dans le même sens, provenant du grand médecin humaniste Jacques Dubois51. La phrase finale contre les sortilèges et incantations traduit celle des Simulachres.
Sur les trois autres sujets bullingeriens de la Médecine de l’âme, les Simulachres et les Imagines sont de même indépendants l’un de l’autre. À propos du testament, les Simulachres retirent seulement de l’édition genevoise les lignes de critique des legs pieux (f. E6v), alors que les Imagines citent encore un passage du De praeparatione ad mortem d’Érasme (f. G2). Sur la confession des péchés, l’édition genevoise n’est pas retouchée dans les Simulachres, mais les Imagines citent prudemment Érasme : le malade doit faire au prêtre une confession de ses péchés, brève, et sincère, et recevoir la pénitence « cum plena fide summaque reverentia » ; « mais si par hasard il n’y a pas de prêtre », il suffit qu’il se confesse à Dieu du fond du cœur (f. G2v)52. Sur l’eucharistie et l’extrême onction, rejetées par Bullinger et tous les réformés comme des pratiques dépourvues de sens sur le lit d’un mourant, les Simulachres et les Imagines suggèrent de même une pratique nicodémite : le prêtre est présent pour administrer les derniers sacrements, mais tout le poids des mots est mis sur la foi. Pour la cène, les deux éditions citent Clichtove, disciple de Lefèvre d’Étaples (avant de devenir anti-Luther), dans son De doctrina moriendi (1520)53, avec l’interpolation de quelques mots : le « sacrement du corps du Christ » est reçu avec « pleine foi » « en mémoire de sa mort et passion54 ». Pour l’extrême onction, retour à Érasme : c’est la foi du prêtre qui est efficace, non ses gestes qui pourraient être ceux d’un magicien (Imagines, f. G3r). Sur la modération de la douleur, la citation est de Clichtove (Imagines, f. G3v).
Ainsi, toutes les pointes polémiques de Bullinger dans l’édition genevoise de la Médecine de l’ame sont supprimées. Le cadre rituel, sacramentel, de la « bonne mort » traditionnelle selon l’Église est conservé « avec révérence », mais son efficacité est subordonnée à la « pleine foi » du malade. Les mots choisis permettent une interprétation « évangélique » des derniers sacrements. Le remanieur lyonnais de la Medicina animae de Freder et de l’édition genevoise devait être un théologien subtil, un théologien érasmien. L’intervention sur le chapitre des médecins, avec la citation inattendue de Jacques Dubois, pourrait indiquer la main de Michel Servet – alias Michel Villeneuve, l’ancien étudiant de Jacques Dubois à Paris, qui était ami de Jean Frellon et à l’époque correcteur occasionnel des éditions Frellon55 (on sait que dès 1540 et 1543, Michel Servet a fait éditer une version en castillan des Icones de l’Ancien Testament des Trechsel et Frellon, avec les bois de Holbein, et traduit même, en vers, des épigrammes de Corrozet56). Pour les plus légères retouches en français, dans les Simulachres, une autre main a pu intervenir, utilisant pour les citations d’Érasme la traduction de Guy Morin (1537).
L’ajout du sermon de Chrysostome à la fin des Imagines, et de même, en traduction française, à la fin des Simulachres, suppose une intervention qui intrigue. Dans les Imagines, le sermon est intitulé « De patientia et consumatione huius seculi, et de secundo adventu domini, deque aeternis iustorum gaudiis, et malorum poenis, de silentio, et aliis, Sermo, Joanne Theophilo interprete » (le nom du traducteur n’apparaît pas dans le titre en français, ni le thème du silence57). Ce titre est repris d’un ouvrage publié à Bâle par Robert Winter, en mars 1540, où il figure à la suite de paraphrases latines des Psaumes dues au poète Marcantonio Flaminio (1498-1550), un proche de Juan de Valdès et du cardinal Reginald Pole58. Le sermon « De patientia et consumatione huius seculi » – sans rapport évident avec les paraphrases des Psaumes de Flaminio, avait été ajouté par Winter à la hâte, sans pagination59. Attribué à Chrysostome, il était jusqu’alors inédit en latin comme en grec60. Son traducteur, caché sous le pseudonyme de Johannes Theophilus (« Jean ami de Dieu »), passe pour être Sébastien Castellion (1515-1563).
Cette identification, plus assurée pour un autre ouvrage signé « Johannes Theophilus » en 1557, n’est pas impossible, mais elle suppose un échafaudage d’hypothèses61. On sait qu’à la fin de ses études au collège de la Trinité à Lyon, vers 1539, Castellion faisait partie d’un petit cercle de lettrés humanistes, férus d’antiquités, de poésie et d’idées nouvelles réformatrices, gravitant autour de l’imprimeur Sébastien Gryphe, rejoint par Étienne Dolet62. On sait aussi que Castellion a découvert avec d’autres, parmi les livres circulant sous le manteau, l’Institution de Calvin (Bâle, 1536, ou 2e édition, Strasbourg, 1539), et que peu après, début 1540, âgé de 25 ans, il quitte à la fois Lyon et le royaume catholique. On sait enfin qu’en mai 1540 il rejoint Calvin à Strasbourg. Aurait-il fait étape quelques mois à Bâle63, et sur les traces de Calvin aurait-il séjourné chez Jean Oporin (1507-1568), humaniste helléniste, directeur du collège où il enseignait le grec, associé à son beau-frère Robert Winter, imprimeur ?64 Depuis 1537, Oporin suivait les productions de Flaminio65. On peut penser que le manuscrit grec du « De patientia et consumatione hujus seculi », encore inconnu des éditeurs de Chrysostome en 1538, traduit et accolé en 1540 aux paraphrases de Flaminio, provenait de ce dernier ou de son entourage66. En ce cas, il en aurait transmis une copie à Oporin, lequel, faute de temps, en aurait demandé la traduction au jeune Castellion sans ressource67. Le passage de la traduction latine du « De patientia » aux Frellon s’expliquerait ainsi par l’intermédiaire de Castellion, resté en contact avec Lyon, peut-être même avec Jean Frellon de passage à Bâle68.
Le De patientia est un assemblage de trois sermons, le premier sur la patience au regard des fins dernières, le deuxième sur la lecture de l’Écriture sainte, le troisième sur le silence, dont il fait l’éloge. Faute de connaître celui des manuscrits grecs qui a servi de base à la traduction, on ne peut que soupçonner les coups de pouce opérés par le traducteur. Le premier sermon se lit en effet comme un « art de mourir avec la justification par la foi, le deuxième est une exhortation à la lecture de l’Écriture. Quant au troisième, il peut être compris comme un mode de vivre « évangélique », un christianisme spirituel, dans un milieu hostile : une discrète justification du « nicodémisme », éclairant l’association du « De patientia » à Flaminio, protégé par son amitié avec Alexandre Farnèse devenu Paul III, mais très suspect par ses liens avec les cercles évangéliques italiens, en particulier avec Juan Luis Valdès (1499-1541)69.
Par rapport à l’édition Winter du sermon « De patientia » (1540), celle des Frellon dans les Imagines (152) en améliore la lisibilité par des paragraphes et des intertitres en marge. Ce travail de toilettage a pu avoir lieu à Lyon par Jean Frellon lui-même ou Michel Du Bois, ou avant l’envoi du texte aux Frellon, par Theophilus, ou par Castellion si celui-ci n’est pas Theophilus. Il a fallu surtout un traducteur en français du « De patientia », peut-être Castellion, à Genève depuis mai 1541, mais resté en relation avec les Frellon70.
La nouvelle pièce ajoutée à la Médecine de l’ame retouchée et aux emblèmes de la danse macabre de Holbein complète un « art de mourir » évangélique prudent. Certes, le De praeparatione ad mortem d’Érasme occupait déjà le terrain : depuis 1537, il était traduit en français et connaissait un beau succès, à Paris et à Lyon71. Cependant la Médecine de l’ame dans les Simulachres des Frellon propose un « art de mourir » qui n’est plus une « préparation à la mort », mais une consolation face à la mort, un ton nouveau, liant l’Écriture et le cœur. Un « art de mourir » avec l’Écriture pure, largement citée (en français, version de Genève), totalement silencieux sur le Purgatoire, les indulgences, les messes pour le repos de l’âme. La lecture de l’Écriture et le silence, ce sont précisément les deux thèmes du sermon de Chrysostome, « de la patience ». À côté du Préparatif à la mort d’Érasme, le livre des Frellon vise un ou des publics spécifiques, dans le contexte français des années 1540. Peut-être y a-t-il eu autour des Frellon un projet « nicodémite », l’offre d’un « art de mourir » pour les évangéliques en France, pour les « nicodémites ». Le premier intéressé devait être leur imprimeur Michel Du Bois72.
En intégrant un art de mourir évangélique dans leur nouvelle édition des Simulachres de la mort, les frères Frellon ont mesuré les risques. Ils ont tiré parti du titre et des bois de Holbein, à la fois une publicité et un leurre. Ils ont fait effacer les critiques de Bullinger, remplaçées par des citations de théologiens a priori non suspects, et ont pris soin d’afficher au titre deux grands Pères de l’Église. Peines perdues : la Médecine de l’ame sentait l’hérésie – repérée comme telle dès 1543 – et gâtait les Simulachres. L’ouvrage complet est mis à l’Index de Paris en 154473.
5. La réception des Simulachres des Frellon
La dissimulation de Luther et « autres hérétiques » dans la danse macabre de Holbein ne trompait ni les censeurs ni les acheteurs. On trouve ainsi les Simulachres de 1542 parmi les livres saisis en mai 1545 chez Lazare Drilhon, apothicaire de Toulon, soupçonné d’hérésie74.
En dépit des risques, les Frellon, puis Jean Frellon seul après la mort de son frère (1546), ont republié les Simulachres, avec l’appât de nouvelles images venant de Holbein, sous lesquels de nouveaux épigrammes de Corrozet ; et de même les Imagines, davantage à l’abri des censeurs par le latin75. En 1545, pour une nouvelle édition en latin, ils modifient légèrement le titre Imagines mortis…76, offrant une image en supplément, et deux prières sans indication de source : « Oratio ad Deum, apud aegrotum, dum invisitur, dicenda » et « Oratio ad Christum, in gravi morbo dicenda ». Ces deux prières pouvaient bien être suspectes : l’une vient des Precationes christianae, recueil de prières de Wolfgang Capiton, imprimé par les Frellon (1542), l’autre des Precationes aliquot d’Érasme, imprimées par Sébastien Gryphe (1542). En 1547, Jean Frellon sort deux nouvelles éditions, annonçant l’ajout de « douze figures » : en français, sous un titre qui ne pouvait abuser que des censeurs pressés : Les Images de la mort…77 ; en latin, sous deux titres, Imagines mortis et Icones mortis, avec les deux prières78. Les Icones mortis ressortent encore à l’identique en 1554, sous la fausse adresse de Bâle : en réalité Michel Du Bois à Lyon79.
En 1549, c’est une traduction des Simulachres en italien que publie Jean Frellon80. L’adresse de Frellon au lecteur, en date du 7 avril 1549, critique une édition pirate en italien sortie quelques années plus tôt. Il s’agit de l’édition de Vincent Vaugris, à Venise, en 154581. Vaugris avait fait copier les images de Holbein (mais ses bois, selon Frellon, sont de qualité inférieure). Il avait traduit du français les épigrammes et la Médecine de l’ame ; il avait aussi traduit du latin les sermons de Cyprien et de Chrysostome et les deux prières de Capiton et d’Érasme ajoutées dans les Imagines de 154582. Œil pour œil : la traduction italienne de Vaugris est reprise telle quelle par Frellon. L’édition de Vaugris a d’ailleurs dû trouver son public à Venise, car Vaugris publie l’année suivante une autre édition en latin, puis une seconde édition en italien, en 1551, mais cette fois sans pouvoir l’écouler : en août 1570, l’Inquisition fit saisir 404 exemplaires des Simolachri chez Vaugris83.
Les Imagines mortis ont été reproduites aussi à Cologne, imprimées chez les héritiers de Arnold Birckmann, en 1555 : les 53 bois sont copiés d’après Holbein par Arnold Nicolaï, les textes, eux, sont identiques à l’édition de Icones mortis, de l’édition Frellon de 1547, avec l’ajout de deux écrits d’Érasme84.
En français, une dernière édition est encore publiée par Jean Frellon (†1570), en 156285, juste avant le moment où Lyon devient, passagèrement, ville réformée. Cette fois, cinq nouvelles images sont ajoutées, portant l’ensemble à 58 images, légendées par des citations bibliques en français et des épigrammes, que Jean Frellon a dû encore demander à Corrozet. La Médecine de l’ame conserve ses retouches de 154286. Lyon, ou plutôt la minorité lyonnaise peu ou prou réformée, avait encore ses nicodémites87. Mais les « simulachres » avaient fait leur temps.
De tous les lecteurs qu’ont pu avoir les Simulachres des Frellon, un seul se laisse entrevoir, dans l’exemplaire de l’édition de 1542 de la Bibliothèque de l’Arsenal, portant d’abondantes annotations manuscrites, en partie rognées lors de la reliure88. Le lecteur annotateur cite plusieurs ouvrages, dont les éditions s’échelonnnent entre les années 1560 et 1610, voire 1620. Il a donc lu les Simulachres aux premières années du xviie siècle (comme le confirment l’orthographe et l’écriture), dans une édition qu’il a acquise d’occasion ou dont il a hérité89. Les commentaires commencent au verso de la page de titre, avec une longue citation de Plutarque : « Le temps vient à bout de toutes choses qui sont au-dessoubs de la lune. […] Il y en a qui disent qu’il se fait mutation des corps aussi bien que des ames »90. Suivent, en haut et en bas de l’épître « Au lecteur chrestien » (f. A2r et v), deux citations tirées de Sénéque, dans la traduction donnée par Duplessis-Mornay (1549-1623), pour son Excellent discours de la vie et de la mort (1576)91. Les annotations suivantes sont placées autour des images de Holbein, sans toujours un rapport direct avec elles. Elles sont un patchwork de citations anonymisées, presque toutes – plus d’une vingtaine – d’épîtres et autres écrits de Sénèque via Duplessis-Mornay. Où s’exprime une sagesse stoïcienne et sceptique compatible avec un christianisme humaniste que prône le huguenot soucieux de rassembler les Français, catholiques et réformés, derrière Henri de Navarre92. Çà et là, tout aussi anonymes, deux citations du théologien catholique ami de Montaigne Pierre Charron (Sagesse, 1601), dont « C’est une chose excellente que d’apprendre à mourir » ; une autre du théologien de Leyde Lucas Trelcat (Tableau de la briefveté de ceste vie, 1598) : « Le bien [de ceste vie ne consiste point en l’espace] mais en l’usage et se peut faire que qui vit longuement ait peu vescu ».
Ni la Médecine de l’ame, ni les deux sermons patristiques ne suscitent de commentaires de l’annotateur. Cependant, à la fin du sermon de Chrysostome (f. O3v), il cite Plutarque, mettant bout à bout : « Terreur panique est une frayeur sans occasion quelconque » et « La complexion des melancoliques est sujette à beaucoup songer »93. Puis un mot isolé : « Babel », qui se rapporte sans doute à ce qui suit : « Orebites, Taborites, Adamites, Lutheriens, zvingliens, calviniens ». La ligne suivante ayant été coupée par le relieur, on ne sait si l’annotateur avait mis les catholiques dans le même sac, ou si sa seule cible était, à côté des hérétiques de Bohème, la cacophonie protestante.
Les annotations qui reprennent en masse, sous l’achevé d’imprimé et dans les pages blanches à la suite (ff. O4r et v) indiquent un scripteur qui, s’il récuse les étiquettes, reste réformé. En effet, toutes les citations, référencées, sont de la Bible de Genève, la plupart de la 1re épître aux Corinthiens (ch. 15), quelques-unes de l’Apocalypse, une de saint Augustin (nommément cité) et une d’un commentaire de Calvin (sans le nom)94. Le thème, consonnant avec la première partie du sermon de Chrysostome, est celui des fins dernières : l’opposition entre les réprouvés, menés par Satan, qui au « dernier jour » « seront tourmentez du feu et soulphre », et les élus qui ont Christ pour chef, dont les corps sont promis à la résurrection. Le parallèle paulinien entre Adam, « créé en estat fort noble », avec assez de « sagesse » pour nommer les animaux et reconnaître Eve « os de ses os et chair de sa chair », mais sujet à faillir et à mourir, et les élus ressuscités en « corps spirituels et célestes », est amplifié95. Des élus, l’annotateur passe au « nous » confessant :
Dieu estant comme dict St Augustin Ame de nostre ame, nous ne pouvons mourir que par la separation de luy et de nous. Taschons donc à le [servir ? ] par foy et obeissance Par la foy nous avons l’esprit de Dieu.
Nous serons si entendus que nous congnoistrons tous les saints et saintes qui ont jamais esté et mesme ceux avec lesquels nous aurons conversé en ce monde […] (f. O4v).
L’exemplaire de l’Arsenal fait ainsi apercevoir un profil de lecteur à distance des éditeurs de 1542 et du premier public que ceux-ci visaient. C’est un homme du début du xviie siècle, d’un milieu lettré réformé, peut-être devenu gallican ou « chrétien sans Église ». L’édition des Frellon a donc été conservée dans une bibliothèque d’hérétique ou d’ex-hérétique, et trouvé écho plusieurs décennies après sa sortie à Lyon. Pour ce lecteur, les Simulachres sont le support d’une méditation sur la mort, tirée en majeure partie, non pas tant des textes ni même des images du livre, mais d’autres textes, de Sénèque à travers Duplessis-Mornay, et de la Bible de Genève.
* * *
Revenons au livre. Jouant sur l’attraction d’images fascinantes, d’un artiste de haut vol, sous le titre vendeur de « Simulachres » et « faces de la mort », et sur la plasticité de textes anonymisés, les frères Frellon ont fait passer, dans le royaume catholique des années 1540 à 1560, un art de mourir évangélique à l’usage de nicodémites. Pour échapper aux théologiens censeurs de Paris, ils n’ont pas livré brut le message du salut par la foi seule, arrimé à l’Écriture en langue vulgaire. Ils l’ont semé çà et là de rappels de la tradition, l’ont entouré de cautions patristiques et justifié le silence. Ils ont caché à Lyon, non seulement Holbein et des luthériens bon teint – Rhegius, Huberinus, Freder –, mais aussi des réformés plus désacralisateurs – Bullinger et Du Pinet, avec la complicité d’autres « hérétiques » : Castellion peut-être, Servet sans doute, détournant Érasme, Clichtove, Chrysostome. Sous la « danse des morts », une danse des hérétiques.
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1. Pour une mise en perspective récente, voir Rolf Paul Dreier, Der Totentanz – ein Motiv der kirchlichen Kunst als Projektionsfläche für profane Botschaften (1425-1650), Dissertation Erasmus Universiteit Rotterdam, 2010 (en ligne).
2. Nathalie Zemon Davis, « Holbein’s Pictures of Death and the Reformation at Lyons », Studies in the Renaissance 3 (1956), p. 97-130.
3. Voir en particulier Gunther Franz, Huberinus, Rhegius, Holbein. Bibliographische und druckgeschichtliche Untersuchung der verbreitesten Trost- und Erbauungsschriften des 16. Jahrhunderts, Nieuwkoop : De Graaf, 1973 ; et plus récemment, sous un autre angle, Elsa Kammerer, Jean de Vauzelles et le creuset lyonnais. Un humaniste catholique au service de Marguerite de Navarre entre France, Italie et Allemagne (1520-1550), Genève : Droz, 2013.
4. William Kemp, Elsa Kammerer, « Les Icones de Holbein et Corrozet (1538-1547). Gravures, langues et typographie chez les Trechsel et les Frellon », in : Brenda Dunn-Lardeau (dir.), Ouvrages phares de la Réforme et de la Contre-Réforme dans les collections montréalaises, Presses de l’Université de Québec, 2014, p. 88-92.
5. Voir Natalie Zemon Davis, op. cit., p. 107 ; W. Kemp, E. Kammerer, op. cit., p. 91-92.
6. Lützelburger n’avait pu graver que 41 gravures, alors que la série des dessins de Holbein devait comporter 51 à 58 images (Rolf Paul Dreier, op. cit., p. 98-99).
7. Sur ce milieu évangélique associé au monde du livre à Lyon, à cette époque, voir Jean-François Gilmont, « Le « protestantisme » des libraires et typographes lyonnais (1520-1560) », Revue d’histoire ecclésiastique 101/3-4, (2006), p. 988-1013.
8. Notamment l’image du baiser de la pantoufle du pape (pl. 6, f. D2), directement inspirée du Passional Christi und Antichristi, publié en 1521 à Wittenberg, Erfurt, Strasbourg. Voir Jean Wirth, La jeune fille et la mort…, Genève : Droz, 1979, p. 126. Voir aussi R. P. Dreier, op. cit., p. 110-111.
9. Sur les cas de répression à Lyon en 1534, voir N. Zemon Davis (op. cit., p. 107-108 ; cf. J.-F. Gilmont, op. cit., p. 990), qui relativise la crainte qu’ils auraient pu susciter chez les imprimeurs.
10. Voir W. Kemp, E. Kammerer, op. cit., p. 89-90.
11. L’auteur des citations bibliques placées en « inscription » des images reste inconnu. En 1530, les images de la mort de Holbein mises en série n’étaient pas liées aux citations bibliques, mais dix des images de Holbein de l’édition Trechsel sont parues avec les mêmes citations dans un alphabet de danse macabre de Holbein en 1524 (R. P. Dreier, op. cit., p. 139). – On notera l’irrévérence de la citation de Matthieu 11, Venite ad me qui onerati estis, plaçant l’appel consolatoire de Jésus dans la bouche de la mort.
12. Voir Magali Vène, « “Pour ce qu’un bien caché […] ne peult proffiter à personne”, “j’ay prins d’aultruy la pierre et le ciment”. Gilles Corrozet, auteur et libraire, passeur de textes », in : Christine Bénévent, Anne Charon, Isabelle Diu, et al. (dir.), Passeurs de textes. Imprimeurs et libraires à l’âge de l’humanisme, Paris : Publications de l’École nationale des Chartes, 2012, p. 199-213. – À noter dans un recueil d’emblèmes de Corrozet, l’Hécatomgraphie (Paris : Denis Janot, 1540), plusieurs emblèmes évoquant la mort, en particulier « L’heure de la mort incertaine ». Par ailleurs, Corrozet n’était peut-être pas catholiquement sûr : il va imprimer Marot (1539, 1540), Fons vitae (1540), et une nouvelle édition (avec Charles L’Angelier) du Livre de vraye et parfaicte oraison (1540).
13. Denis Janot avait édité Marguerite de Navarre en 1532-1533, Marot en 1534, 1537, 1538, Rabelais en 1537, 1538. Il couvrira d’ailleurs une contrefaçon des Simulachres et faces hystoriées de la mort, [1538 ?], imprimée en format de poche.
14. Voir J.-F. Gilmont, op. cit., p. 992-993.
15. Pour des analyses précises de plusieurs exemples d’épigrammes de Corrozet, voir N. Zemon Davis, op. cit., p. 109-111.
16. Vauzelles signe de sa devise l’épître dédiée à Jeanne De Touszele, une abbesse réformatrice sur les traces de Marguerite. Sur Jean de Vauzelles, voir E. Kammerer, Jean de Vauzelles…, op. cit., spt p. 27-73.
17. En 1538, il préparait des traductions françaises des paraphrases bibliques de l’Arétin, publiées l’année suivante chez les Trechsel (E. Kammerer, Jean de Vauzelles, op. cit., p. 155-164).
18. Voir N. Zemon Davis, op. cit., p. 116-117.
19. f. M3v-N4. Voir l’analyse de E. Kammerer, op. cit., p. 191-198.
20. Voir Daniel Régnier-Roux, « Les éditions lyonnaises entre 1554 et 1559 du Trésor des remèdes secrets de Conrad Gesner », in Revue de l’ENSSIB, 2014, 2 : Certificat en date du 21 janvier 1536, donné à Paris par Jean Sturm, lecteur en grec et en latin, et Thierry Lambert, tailleur d’histoires, pour la procuration écrite en allemand, donnée à Jean Freslon, libraire à Lyon, qui agit pour Conrad Resch, libraire à Bâle, et Chretien Wechel, libraire sous l’enseigne de l’Ecu de Bâle, rue Saint-Jacques à Paris.
21. Le conseil de Bâle au lieutenant Morin à Paris [lieutenant criminel du prévôt de Paris], 3 mai 1538 (A. L. Herminjard, Correspondance des réformateurs dans les pays de langue française, t. 5, Genève : Georg, 1878, n° 709, p. 7-8).
22. [Otto Brunfels] Precationes biblicae…, Lyon : Jean Barbou, chez Jean et François Frellon, 1538 (chez Jean Barbou) (réédité en 1542, 1545, 1548). L’édition, suivant celles de Chrétien Wechel-Simon Du Bois (Paris, 1529 et 1530), tait le nom de Brunfels et ajoute à l’édition originale (Strasbourg, 1528) des pages de Luther et d’autres d’Érasme.
23. W. Kemp, E. Kammerer, op. cit., p. 92.
24. R. P. Dreier, op. cit., p. 154. – L’identité de Holbein comme auteur des séries d’images publiées par les Trechsel avait été dévoilée en 1539 par son ami Nicolas Bourbon dans une pièce liminaire de l’édition des Icones des Trechsel (W. Kemp, E. Kammerer, op. cit., p. 120).
25. N. Zemon Davis, op. cit., p. 118-120.
26. Voir Jean Frellon, dans son adresse au lecteur pour la version italienne des Simulachres (Simolachri…, Lyon, Jean Frellon, 1549), du 7 avril 1549 (f. A2r).
27. Biblicae historiae…, Francfort : Christian Egenolff, 1537 ; et Imaginum in Apocalypsi Johannis descriptio, Francfort : Christian Egenolff, 1540. – Sur Georg Aemilius (Oemler), voir Niklas Holzberg, « Ein vergessener Schüler Philipp Melanchthons: Georg Aemilius (1517-1569) », Archiv für Reformationsgeschichte (1982), p. 94-122.
28. Sur la place de Mélanchthon dans les relations diplomatiques entre les princes protestants allemands, Marguerite de Navarre et la cour de France dans les années 1535-1540, voir Jonathan Reid, King’s Sister-Queen of Dissent, t. 2, Leyde : Brill, 2009, p. 497-515 ; et Ian Hazlett, « A Pilot-Study of Martin Bucer’s Relations with France, 1524-1548 », in Ch. Krieger et Marc Lienhard, (dir.), Martin Bucer and 16th Century Europe, Leyde/New York/Cologne : Brill, 1993, t. 2, p. 513-521.
29. Sur Jean des Monstiers (1514-1569), voir E. Kammerer, « Et facundus est, et literis instructus. Jean des Monstiers, érudit, courtisan, ambassadeur et évêque (1514-1569) », Seizième siècle 11 (2015), n° spécial Les évêques, les lettres et les arts, p. 151-173.
30. Urbanus Rhegius (1489-1541), Seelenartzney für die gesunden und krancken, zu diesen fehrlichen zeiten, Augsburg: Alexander Weissenhorn, 1529, 8°.
31. Sur l’ouvrage de Rhegius et les Sterbebücher luthériens en général, voir G. Franz, op. cit. Sur la rhétorique de la piété évangélique (en France), voir Jean Lecointe, « L’Ultime supplication » : le pathos de la prière in articulo mortis dans la mouvance évangélique au xvie siècle en France », in : Luce Marchal-Albert, Pauline Bruley, Anne-Simone Dufief (éd.), La supplication. Discours et représentation, Rennes : PUR, 2015, p. 141-163.
32. De 1529 à 1541 : 26 éditions en allemand (VD16).
33. Caspar Huberinus (1500-1553), Troestung auß Goetlicher geschrifft. An die so in leibliche kranckeyt gefallen. Und wie mann für den krancken bitten sol. Die so in todts noetten ligen. Unnd wie mann ihnen den glauben vorsprechen soll. Weib kinder und andere freunde von wegen des verstorbenen haußvatters. Weiber die in kinds noetten ligen, Francfort : Egenolff, 1531, 8°.
34. Medicina animae, per D. Urba. Regium, Wittenberg : [Nickel Schirlentz], 1537, 8°.
35. Johannes Freder (1510-1562) était pédagogue à Hambourg, avant d’y devenir pasteur, puis, en 1547, surintendant à Stralsund. Il avait dédié Medicina animae à l’évêque (luthérien) Érasme de Camin (Poméranie). La même année 1537, il avait publié un chant en l’honneur de la ville de Hambourg, dédié à Justus Jonas (son beau-frère), préfacé par Mélanchthon et Jonas (Ad Justum Jonam […] in laudem Clarissimae urbis Hamburgae Carmen, Wittenberg : Nickel Schirlentz, 1537).
36. Le titre complet de la Medicina animae donné dans l’édition Frellon 1542 suit très précisément le faux titre de l’édition de Freder 1537 (f. A2r).
37. 1534-1541 : 36 éditions en latin, isolées ou avec l’Enchiridion (à Paris depuis 1534 ; à Lyon, chez Payen ou Gryphe, depuis 1538 ; ainsi qu’à Cologne, Anvers, Bâle…).
38. L’unique exemplaire conservé de cette édition est relié dans un recueil qui fait partie de la bibliothèque du prince de Stolberg-Wernigerode, à Hirzenhain, Hesse (microfilm à la Bibliothèque de Genève, Fi122).
39. Op. cit., p. 3-4.
40. Divi Caecilii Cypriani episcopi Carthaginensis et martyris Opera iam quartum accuratiori vigilantia a mendis repurgata, per Desiderium Erasmum Roterodamum : accessit liber eiusdem apprime pius ad Fortunatum de duplici martyrio, antehac nunquam excusus, Bâle : Johannes Herwagen, 1540, in-fol., p. 206-215. Cf. 1re édition par Érasme, Bâle : Johann Froben, 1520.
41. Quo pacto cum aegrotantibus ac morientibus agendum sit : quaque ratione quivis in morbo suo sese gerere atque ad mortem praeparare debeat, simplex brevisque paraenesis Heinrychi Bullinger / ab authore primitus vernacula lingua conscripta, nunc per studiosum quendam in latinam translata linguam, Zurich : Augustin Frysius, 1540.
42. [Luther Martin, Bucer Martin], Exposition de l’histoire des dix lepreux…, [Genève : Jean Girard], [hiver] 1539 ; [Lambert François], Familiere et brieve exposition sur l’Apocalypse de Sainct Jehan l’apostre, Genève : Jean Girard, 1539 ; Calvin Jean, Epistre de Jaques Sadolet cardinal… Avec la response de Jehan Calvin…, Genève, Michel Du Bois, 1540 ; [Bullinger Heinrich] Exposition sur les deux epistres de Sainct Paul aux Thessaloniciens. Genève, Michel Du Bois, 1540.
43. Sur le vocabulaire de Du Pinet, voir les remarques d’Eugénie Droz dans « Du Pinet traducteur de Bucer », Chemins de l’hérésie : textes et documents, 4 vol., Genève : Slatkine, 1970-1976, II, p. 76s.
44. Le 4 octobre 1539, Du Pinet pousse Calvin à se faire imprimer par Michel Du Bois : « … Il possède diverses sortes de caractères élégants, qui ne le cèdent certainement en rien aux types gothiques, &, sans vouloir médire de ses concurrents, je ne doute pas que, dans son établissement, les livres ne soient publiés avec plus de soin & de diligence que dans tout autre… » (Cité par Théophile Dufour, Notice bibliographique sur le Catéchisme et la Confession de foi de Calvin (1537), Genève : H. Georg, 1878, p. 95).
45. Medicina animae pro sanis simul aegris instante morte, germanice edita per Urbanum Regium, excusa Argentorati, apud Jacobum Froelich, 1540, in 16. Cette édition, sans exemplaire conservé, est signalée par Conrad Gessner, Partitiones theologicae, pandectarum universalium Conradi Gesneri liber ultimus, Zurich : Ch. Froschauer, 1549, f. 82r.
46. En effet, mis à part la présentation d’une citation de l’Ecclésiastique (41,1 : « : O mort, combien ta memoire est amère »), la préface de la Médecine de l’ame (op. cit., f. 3-5) n’est pas la traduction de la préface de Bullinger.
47. J. M. de Bujanda, Francis Higman, James K. Farge (éd.), Index de l’Université de Paris, Éditions de l’Université de Sherbrooke – Droz, 1985, p. 373, n° 451. La Medicina animae de Freder et ses traductions autres que la « traduction » de Genève seront plus tardivement mises à l’Index ; ainsi une version en castillan, La Medicina del anima à l’index de Valdès de 1559 ; la Medicina animae et sa version italienne à l’Index de Trente (1564).
48. Michel Du Bois (1500 ?-1561) : fondeur de caractères d’origine parisienne, réfugié à Genève en 1537, imprimeur à en 1539, bourgeois de Genève en 1540 ; il quitte brusquement Genève, sans doute pour cause de faillite, et s’établit à Lyon, travaillant pour les Frellon et pour Antoine Vincent ; de retour à Genève en 1557 (voir J.-F. Gilmont, op. cit., p. 1003-1004). Sur les innovations typographiques apportées par Du Bois pour les impressions des Frellon, voir W. Kemp et E. Kammerer, op. cit., p. 109-116.
49. Il se pourrait que Du Pinet ait été dès cette époque en relation avec Corrozet. En effet, dans sa préface, la citation qu’il fait d’un verset de l’Ecclésiastique (41,1) suit plus précisément un vers d’un poème publié à Paris par Gilles Corrozet en 1539 (Jehan Meschinot, Les lunettes des princes avec aulcunes balades), cité supra note 46.
50. Les nombreuses coquilles de l’édition de Girard ont été corrigées, de même la ponctuation, les paragraphes, les références bibliques.
51. Citation extraite d’une édition de Galène par Jacques Dubois (Sylvius), Methodus sex librorum Galeni in differentiis et causis morborum et symptomatum in tabellas sex, Paris : Christian Wechel, 1539, f. a3 : « Sylvius medicus ad candidum lectorem ».
52. C’est le discours même des évangéliques « nicodémites », tels Gérard Roussel ou Pierre Caroli (voir M. Carbonnier-Burkard, « Luther clandestin dans un abécédaire en français (1534-1560) », RHP 2 (2017), p. 33-55).
53. De 1520 à 1541, 12 éditions du De doctrina moriendi (9 à Paris, dont Denis Janot, 1539 ; 3 à Anvers). – Sur cet ouvrage de Clichtove, voir Jean Lecointe, op. cit., p. 147.
54. Imagines de morte, f. G3r : « … Haec ubi peroraverit [Clichtove] sacramentum corporis Christi plena fide suscipiat in ejus mortis et passionis commemorationem » (cf. J. Clichtove, De doctrina moriendi, XI : « … suscipiat cum bona fiducia, fide et spe egrotus dignissimum communionis sacramentum »). Cf. Simulachres, f. H6r.
55. Caché sous le nom de Michael Villanovanus, Michel Servet avait travaillé comme éditeur et correcteur chez les frères Trechsel, à Lyon, dès 1535, et à nouveau après son séjour à Paris, à partir de 1540, parfois aussi chez d’autres imprimeurs-libraires, dont les Frellon. En 1546, Jean Frellon fait l’intermédiaire entre Calvin à Genève et « Michel Villanovanus », son « bon frère et amy » à Vienne (Opera Calvini, éd. Baum, Cunitz et Reuss, Brunschwig, t. VIII, 1870, p. 833-835 ; voir aussi la déposition de Jean Frellon au procès de Servet à Vienne, le 23 mai 1553 (A. Gachet D’Artigny, Nouveaux mémoires d’Histoire…, t. II, Paris : Debure l’aîné, 1749, p. 68).
56. Ymagines de las historias del Testamento Viejo, Anvers : J. Stelsius, 1540 (sur Historiarum Veteris Instrumenti icones, Lyon, Melchior et Gaspar Trechsel, 1538). Retratos o tablas de las historias del Testamento Viejo, Lyon : Jean et François Frellon, 1543 (sur l’édition des Icones de 1539, avec les épigrammes), rééd. 1545, 1547, 1549. Sur l’identification de Servet comme collaborateur de ces éditions en espagnol de Holbein via les Frellon, voir Francisco Javier Gonzales Echeverria, Miguel Servet y los impresores lioneses del siglo XVI, Thesis doctoral, U.N.E.D. de Madrid, ano 2016 (en ligne), p. 172-183.
57. « Sermon de S. Jan Chrysostome, pour nous exhorter à patience : traictant aussi de la consommation de ce siècle et du second advenement de Jesus Christ, de la joye eternelle des justes, de la peine et damnation des mauvais et autres choses necessaires à un chascun chrestien pour bien vivre et bien mourir » (Simulachres…, 1542, ff. M6-O3).
58. Marcantonio Flaminio, Erudita cum primis ac pia in Psalmos aliquot Paraphrasis, ad Paulum III. pont. max : nuper adeo primum in lucem edita. Adiectus est quoque Ioannis Chrysostomi […], De patientia, et consumatione huius seculi, et de secundo adventu domini, deque aeternis iustorum gaudiis, et malorum poenis, de silentio, et aliis, Sermo, Ioanne Theophilo interprete, Bâle, [Robert Winter] 1540. Une autre édition sortira à Paris, chez Pierre Gaultier (beau-frère de Claude Garamond), en 1545.
59. Dédiées au pape Paul III, ces paraphrases de Psaumes avaient déjà été publiées à Venise, en 1538, sans Chrysostome. Winter fait suivre les Psaumes de Flaminio, dédicace comprise, d’un poème « De fructu lectionis psalmorum » de Hélius Eobanus Hessus, humaniste ami de Mélanchthon, enseignant à Marbourg, en rapport avec Oporin, lui-même associé à Winter (p. [156-158]).
60. Le sermon ne fait pas partie de Aliquot opuscula divi Chrysostomi graeca…, édité par Érasme à chez Johann Froben, en 1529. Il est aussi absent des Opera de Chrysostome traduites en latin, en majorité par Érasme et éditées aussi à Bâle par Froben en 1530, en 5 vol. ; comme aussi de la nouvelle édition par Musculus, à Bâle, chez Herwagen et Froben, 1539, en 5 vol. – L’attribution à Chrysostome de ce texte composite est partagée, dès le xvie siècle, avec Ephrem grec (Clavis Patrum graecorum, II, Brepols, 1974, n° 4007, cf. 4693).
61. C’était déjà l’hypothèse de Bayle, à partir de l’Epitome Bibliothecae de Conrad Gesner, Zurich, 1555, et des attestations identifiant Castellion comme l’auteur de la traduction latine, Theologica germanica, publiée sous le pseudonyme de Johannes Theophilus (Dictionnaire historique et critique, Rotterdam, 1720, t. I, art. « Castalio », rem. B et F). Dans le même sens, voir en dernier lieu Barbara Mahlmann-Bauer (éd.), Sebastian Castellio (1515-1563). Dissidenz und Toleranz…, Göttingen : Vandenhoeck & Ruprecht, 2018, p. 32, 492-494. Cependant, l’identité de ce Theophilus – qui apparaît à trois reprises imprimé à Bâle (1540, 1546, 1557) reste conjecturale, ne serait-ce qu’en raison de la coexistence des deux noms de Joannes Theophilus (comme traducteur d’un commentaire du symbole de Nicée) et de Sebastianus Castalio (traducteur d’un sermon « de exitu animae ») dans le tome IV de l’édition des Opera de Cyrille d’Alexandrie, sous la direction de Musculus (Bâle : Herwagen, 1546). En tout cas, Johannes Theophilus appartient au réseau des exégètes liés à Oporin.
62. Voir Ferdinand Buisson, Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre (1515-1563)…, Paris : Hachette, 1892, t. I, p. 31-47 ; Hans R. Guggisberg, Sebastian Castellio, 1515-1563, Humanist and Defender of Religious Toleration in a Confessional Age, Surrey : Ashgate Publishing Ltd, 2003, p. 17-24.
63. Avant 1544, le séjour de Castellion à Bâle (chez Simon Grynaeus, avec Conrad Badius) n’est attesté qu’entre son départ de Strasbourg, en avril 1541, et son arrivée à Genève en juin 1541 (F. Buisson, op. cit., II, p. 255).
64. En juin 1538, chassés de Genève, Calvin et Farel avaient logé à Bâle dans le gymnase que dirigeait Oporin, l’imprimeur avec Platter de la 1re édition de Christianae religionis insttitutio (1536).
65. En 1537, Flaminio avait été publié à Bâle par Robert Winter, pour une paraphrase d’Aristote, In XII Aristotelis de prima philosophie librum paraphrasis, à la suite d’un commentaire du physicien Johannes Velcurio sur le De anima d’Aristote ; dans sa dédicace de l’ouvrage à Guillaume Du Bellay, Oporin déclare être à l’initiative de l’édition de Flaminio (voir VD16 B2040).
66. Reginald Pole, que fréquentait Flaminio, possédait 16 manuscrits de Chrysostome (Thomas F. Mayer, Reginald Pole: Prince and Prophet, Cambridge : University Press, 2000, p. 4).
67. Sur le débordement d’activités et de générosité d’Oporin, voir le tableau qu’en fait F. Buisson, op. cit., I, p. 240-244.
68. En 1543, Jean Frellon de passage à Bâle est signalé par Bonifacius Amerbach comme « Resch’s Gemeinde » (Peter Bietenholz, Basle and France in the Sixteenth Century, Genève : Droz, 1971, p. 36).
69. Voir M. Anne Overell, Nicodemites: Faith and Concealment between Italy and Tudor England, Leiden : Brill, 2019.
70. Qu’il ait été ou non le Theophilus traducteur du « De patientia » de Jean Chrysostome associé à Flaminio, Castellion s’est intéressé aux 30 paraphrases de Psaumes de Flaminio et a lui-même mis en vers latins 40 Psaumes (Odae in psalmos XL), salués par Flaminio (et republiés avec Flaminio par Oporin vers 1550 dans un recueil de poésies bibliques) : voir Ferdinand Buisson, op. cit., I, p. 291-292).
71. De 1537 à 1541, on compte 5 éditions dans une traduction de Guy Morin, sous deux titres : Préparation à la mort, Lyon : François Juste, 1537 ; Préparatif à la mort, Paris : Galiot du Pré, 1537 et 1539, Vincent Sertenas et Jean Longis, 1539, Denis Janot, 1541 ; plus, une autre traduction sous le titre Préparation à la mort, Lyon : Jean Barbou, 1537 et 1538.
72. À Lyon, Michel Du Bois avait épousé une catholique et avait vécu en catholique (« pollué en l’idolatrie »), comme il le confessera au consistoire, à son retour à Genève, en octobre 1557 (Th. Dufour, op. cit., p. 99).
73. Index… Paris, op. cit., p. 397-398, n° 489, 490.
74. Le « Livre des simulacres et histoires faites de la mort, contenant la medecine de l’ame, de 1542 » : Francis Higman, « A heretic’s library : the Drilhon Inventory, 1545 », in : Lire et découvrir. La circulation des idées au temps de la Réforme, Genève : Droz, 1998, p. 70.
75. C’est l’édition genevoise de la Médecine de l’ame qui avait été mise à l’Index de Paris en 1543-1544, non la Medicina animae de Freder. Outre que les citations bibliques en latin n’étaient pas interdites, alors que les citations de l’Écriture en français étaient pour le moins suspectes.
76. Imagines mortis. His accesserunt, epigrammata, e Gallico idiomate a Georgio Aemylio in Latinum translata. Ad haec Medicina animae…, Lyon : Jean & François Frellon, 1545. In-8°, 84 ff.
77. Les Images de la mort auxquelles sont adjoustées douze figures. Davantage, La médecine de l’âme. La consolation des malades. Un Sermon de Mortalité, par sainct Cyprian…, Un sermon de patience, par sainct Jehan Chrysostome. Lyon : Jean Frellon, 1547. In-8°, 104 ff. Dans cette nouvelle édition, les citations bibliques au-dessus des images sont traduites en français.
78. Imagines mortis duodecim imaginibus praeter priores, totidemque inscriptionibus, praeter epigrammata e Gallicis a Georgio Aemylio in Latinum versa, cumulatae…, Lyon : Jean Frellon, 1547. In-8°, 96 ff. Icones mortis, duodecim imaginibus praeter priores, totidemque inscriptionibus, praeter epigrammata e Gallicis a Georgio Aemylio in Latinum versa, cumulatae…, Lyon, sub scoto coloniensi, 1547. In-8°, 88 ff., Pour les épigrammes des nouvelles images, les Frellon ont dû s’adresser à nouveau à Georg Aemilius.
79. En 1553, Jean Frellon a cédé son imprimerie à Michel Du Bois.
80. Simolachri, historie e figure de la morte. Ove si contiene, La Medicina de l’anima utile, e necessaria. Il modo, e la via di consolar gl’infermi. Un sermone di San Cipriano, de la mortalità. Due orationi, l’una a Dio, e l’altra a Christo. Un sermone di S. Giovan Chrisostomo, che ci essorta a patienza. Aiuntovi di nuovo molte figure mai piu stampate, Lyon: Jean Frellon, 1549. In-8°, [112] ff.
81. Sur Vincent Vaugris (ca 1495-1573), dans le réseau familial de l’Ecu de Bâle, d’abord imprimeur à Lyon, à Venise à partir de 1532, ouvrant boutique à l’enseigne d’Érasme, voir Ilaria Andreoli, Vincenzo Valgrisi e l’illustrazione del libro tra Venezia e Lione alla metà del ‘500, Thèse de doctorat en histoire, Università Ca’ Foscari Venezia et Université de Lyon II, 2006 (en ligne).
82. Simolachri, historie e figure de la morte. Ove si contiene, La Medicina de l’anima utile, e necessaria… Et appresso, il modo, e la via di consolar gl’infermi. Un sermone di S. Cipriano, de la mortalità. Due orationi, l’una a Dio, e l’altra a Christo de dire appresso l’ammalato oppresso da grave infermità. Un sermone di S. Giovan Chrisostomo che ci essorta a patienza… Venise, Vincenzo Vaugris, 1545. In-8°, [216] p.
83. Voir Ilaria Andreoli, op. cit., p. 87, p. 243-244.
84. Multiples rééditions (1557, 1566, 1567, 1572, 1573, 1574 ?, 1577 ?), en dépit de la mise à l’index de l’Université de Louvain, en 1558 (Index de l’Université de Louvain, éd. J. M. De Bujanda, Genève : Droz, 1986, Index 1558, n° 79). Les héritiers de Birckmann ont aussi repris en 1555 un autre titre des Frellon mis à l’index, les Precationes christianae de Capiton.
85. Michel Du Bois étant retourné à Genève en 1557, Jean Frellon recourt aux presses de Symphorien Barbier.
86. Entre-temps, en 1558, la Médecine de l’ame a été rééditée à Genève par Jacques Berthet, sans le sermon de Cyprien. À l’époque, Du Pinet avait rompu avec Calvin et vivait à Lyon, et Calvin à Genève avait fait de la doctrine de la prédestination un sujet sensible. Dans la nouvelle édition de la traduction de Du Pinet, le passage sur la prédestination a été ainsi corrigé : « C’est une chose folle et dangereuse, de penser si fort à la predestination » (éd. 1541, f. G5v), devient : « C’est une chose folle et dangereuse de penser rien savoir de la prédestination sans la parole de Dieu » (éd. 1558, p. 62).
87. Jean Frellon devait déjà faire partie des notables de la communauté réformée clandestine, avant 1562. En novembre 1564, il est membre du consistoire de l’Église (réformée) de Lyon.
88. Exemplaire conservé sous la cote 8-T-7960, incomplet du cahier B et des f. C2 à C7, reliure xviie en veau brun marbré, portant au dos « MEDEC/ DE/ L AME » (en ligne sur Gallica).
89. Sur la page de titre, l’ex-libris manuscrit « Chomedé » n’identifie pas nécessairement l’annotateur. Celui-ci ne peut en tout cas pas être être Jérôme Chomedey, conseiller de la ville de Paris, traducteur de L’Histoire d’Italie de François Guichardi (1568, 1577), avec une dédicace à la reine mère Catherine de Médicis, « après tant de peines prises pour nous pacifier » : il est mort avant 1591.
90. Plutarque, Œuvres morales et meslées, translatées du grec en françois par Jacques Amyot, nombreuses éditions à Paris, Lyon, Genève, à partir de 1572.
91. Philippe Duplessis-Mornay, Excellent discours de la vie et de la mort, [Genève], 1576 ; La Rochelle, 1581 ; Rouen, 1581 ; Paris, 1580, 1582, 1583 ; repris dans Excellens traitez et discours de la vie et de la mort, recueillis de divers auteurs, pour l’instruction et consolation de toutes personnes qui craignent Dieu et qui aiment leur salut, [Genève], 1581, 1585, 1595.
92. Voir Mario Richter, « Philippe Duplessis-Mornay, engagement poétique et ferveur huguenote », in : Albineana, Cahiers d’Aubigné, 18, 2006. Philippe Duplessis-Mornay, sous la dir. de Hugues Daussy et Véronique Ferrer, p. 265-284.
93. Plutarque, Œuvres morales…, t. I, Lyon : Antoine de Harsy, 1587, p. 837, 164.
94. Commentaire sur la concordance ou Harmonie composée de trois évangélistes…, Genève : Conrad Badius, 1561, p. 510. Autres éditions : 1555, 1558, 1559, 1562, 1563.
95. I Co 15, 42-45, relu avec Gn 2 ; cf. Agrippa d’Aubigné dans les Tragiques (1616). (v. 1127-1142).