D pour dépoussiérage et déménagement des collections, P pour peinture
Esquisse de la vie quotidienne à la BPF, 2016-2018
Dépoussiérage et déménagement des collections
Pendant la phase de réflexion sur la nature des travaux à réaliser, certaines mesures préparatoires ont été prises pour assurer un bon déroulement de ces travaux. Nous nous sommes immédiatement attaquées au tri et au catalogage des ouvrages accumulés dans les différents coins et recoins de la bibliothèque, avec un triple objectif : optimiser l’organisation des collections à chaque étage de la bibliothèque, libérer des espaces et éviter de nombreux déplacement des documents. Dès l’automne 2016, des capteurs d’hygrométrie ont été installés dans l’intégralité de la bibliothèque pour observer les écarts de température et d’humidité. Cette mesure nous a permis de déterminer les faiblesses de notre système de chauffage pour pouvoir décider si celui-ci devait être modernisé ou non. Au même moment, l’experte en conservation Marie-Claude Pasquet a commencé ses études sur le degré de contamination des collections dans les sous-sols. Ces collections présentaient un fort taux d’empoussièrement ce qui a, entre autres, motivé l’acquisition d’un aspirateur spécialement conçu pour les documents patrimoniaux, équipé d’un régulateur de force d’aspiration et d’un filtre absolu.
Courant l’année 2017, les deux bureaux du rez-de-chaussée et le bureau de la présidente au premier étage ont été vidés, les documents conservés dans ces pièces ont été catalogués et les travaux de remise en état (peinture et reprise des sols) ont été effectués. Parmi les documents qui ont pu intégrer nos catalogues et donc profiter de ces travaux préparatoires, on peut mentionner la collection de livres d’éducation protestante venant du temple de Pentemont, les travaux généalogiques de M. Bonneval ou le fonds d’archives de la famille Rey dont une partie a dû partir à la désinfection. Ces bureaux refaits à neuf nous ont permis d’avoir un lieu de travail convenable pendant la période du chantier de rénovation, période durant laquelle la salle de lecture n’a pas été chauffée et tout l’équipement de celle-ci a été protégé par des bâches.
Naturellement, le plus grand travail de préparation a été effectué au niveau des sous-sols où ont été conservés les anciens numéros du Bulletin de la SHPF et des Cahiers du cercle de généalogie protestante, aussi bien que la majorité de nos collections de périodiques et les fonds d’archives des xixe et xxe siècles. Nous avons dû diminuer la réserve des publications de la SHPF car elles avaient été stockées le long des murs en brique et fortement touchées par l’humidité. Quant aux périodiques, les ouvrages de type catalogue (Nouvelles publications de la BnF, Gazette des Beaux-Arts) ont été désherbés, notamment parce qu’ils se trouvent dans de nombreuses bibliothèques parisiennes et n’ont pas de lien avec l’histoire du protestantisme.
L’intégralité des documents conservés aux sous-sols ont dû subir un traitement. Selon leur degré d’infestation par les moisissures, ils ont été divisés en deux catégories : documents nécessitant un simple dépoussiérage et documents nécessitant une désinfection au gaz puis un dépoussiérage. Le dépoussiérage a été fait dans nos locaux mêmes par l’équipe de la société Filigrane à l’aide des aspirateurs à filtre absolu. Cette démarche permet d’enlever les spores présentes dans la poussière déposée sur les documents et ainsi empêcher leur éclosion si les conditions environnementales (chaleur et humidité) y sont favorables. Le second traitement, la désinfection, a été appliqué aux documents présentant déjà des traces visibles de moisissure. Ceux-ci ont été emballés, montés sur palette et envoyés dans le centre de traitement de la société Hygiène Office où ils sont d’abord passés en anoxie et ensuite imprégnés de gaz permettant d’éliminer les moisissures. Après la désinfection, ces documents ont été également dépoussiérés.
Pour permettre une telle intervention sur les 700 mètres linéaires de documents conservés dans les caves, toute une logistique a été mise en place à l’automne 2018. Dans un premier temps, les opérations de simple dépoussiérage ont eu lieu sur place, suivi du déménagement des collections dépoussiérées en direction du Fort neuf de Vincennes, où des locaux ont été aimablement mis à la disposition de la SHPF par le ministère des Armées grâce à l’aide de M. Henri Zuber. Dans un deuxième temps, les documents contaminés ont été transportés au laboratoire d’Hygiène Office pour décontamination (4 semaines). Ensuite, ils ont été transportés dans les ateliers de la société Filigrane pour dépoussiérage et ramenés à la SHPF où ils ont été conservés, dans leurs cartons de déménagement, dans la salle de lecture (voir la photo) jusqu’à la fin des travaux.
Amélioration des conditions de travail des bibliothécaires et des conditions de conservation des documents dans les étages
Les mauvaises conditions environnementales dans les caves ont été l’élément déclencheur des travaux de rénovation de la bibliothèque. Or il ne faut pas oublier que la SHPF a profité de ce projet qui à l’origine concernait les collections, pour améliorer considérablement les conditions de travail des bibliothécaires et des bénévoles.
Tout d’abord, les anciens rayonnages mobiles, certains hauts de plus de trois mètres ou sans système de freinage, ont été remplacés par des compactus modernes et sécurisés. Cette évolution supprime le roulement spontané des étagères et les documents peuvent donc être maniés en toute sécurité. Cela permet d’éviter d’abîmer les documents par maladresse provoquée par leur inaccessibilité. Le changement des rayonnages a également permis d’enlever les étagères attaquées par la rouille et donc une meilleure conservation des documents.
Ensuite, l’ascenseur, datant des années 1980, a été remplacé par un modèle récent dont les capteurs de présence sont considérablement plus sensibles et permettent donc une utilisation aisée. Auparavant, les portes de l’ascenseur se refermaient souvent sur l’utilisateur, l’obligeant à faire des acrobaties pour préserver les documents qu’il transportait. La taille de la cabine convient à tout type de chariot de bibliothèque et assure donc un confort apprécié par l’équipe. Une plateforme élévatrice a été installée au niveau de l’entrée de la bibliothèque pour permettre de descendre les documents qui entrent par don à la BPF (fonds d’archives, ouvrages imprimés, etc.) sans passer par la salle de lecture, évitant ainsi tout dérangement des lecteurs et toute possibilité de contamination des documents les plus anciens.
À proximité de la salle de réunion et des bureaux, des sanitaires à destination du personnel et des bénévoles ont été créés. Initialement ce besoin a été lié au planning des travaux et à la destruction des sanitaires existants, mais l’idée de proposer des équipements réservés au personnel a rapidement plu à tout le monde. Un point d’eau a été amené dans la salle de repos, ce qui facilite le nettoyage de la vaisselle sans obligation de traverser la salle de lecture. La salle du Comité a également subi un rajeunissement sous la forme d’une reprise du parquet et d’un rafraîchissement de la peinture.
Le plus grand soulagement est sans aucun doute apporté par le changement de système de chauffage et de circulation de l’air dans l’ensemble de la bibliothèque. L’ancienne chaudière, qui soufflait de l’air chaud par des bouches dans le sol, desséchait fortement l’air dans la bibliothèque au point que des taux de seulement 20 % d’humidité de l’air ont parfois été enregistrés. Dans un tel environnement, les cuirs des reliures s’émiettent et se cassent. Grâce au nouveau système de traitement de l’air, un contrôle de l’humidité et de la température, les conditions sont désormais réunies pour assurer une bonne préservation des livres.
Quant à la réserve des ouvrages précieux (1er étage), elle a été entièrement déménagée pour permettre l’installation de l’armoire de climatisation. Les vitrages ne permettant plus une bonne isolation thermique ont été remplacés par des vitrages neufs avec filtre anti-UV intégré. Nous avons profité de ce déménagement de la réserve pour faire refaire la peinture qui était très défraîchie.
Un important travail sur l’iconographie pendant la fermeture de la bibliothèque
Un des deux grands chantiers menés en interne par les bibliothécaires était le tri des collections iconographiques et la reprise de leurs inventaires. L’état initial de ces collections était (et reste toujours pour une partie d’entre-elles) un grand amas de tout type et toute taille d’images dans des boîtes de conservation de grande taille. Le nombre d’images par boîte tournait autour de 120, ce qui rendait leur communication difficile pour les lecteurs et délicate pour les documents.
Ces images étaient répertoriées, parfois très sommairement, dans des fichiers Excel consultables sur notre site internet. Pendant la fermeture de la bibliothèque, nous avons trié une partie de cette iconographie, plus exactement la collection des portraits. Quelque quatre cents estampes originales ont ainsi été séparées des reproductions de tout type (découpe d’image d’un livre ou de la presse, photographie d’un tableau ou d’une estampe…), classées par taille pour être préservées des manipulations intempestives et cataloguées dans notre catalogue des imprimés. Les notices de certains portraits ont été considérablement enrichies. Là où nos recherches l’ont permis, nous avons renseigné la date de création de l’estampe, l’auteur de l’image qui a inspiré la gravure et même le graveur.
Une recherche avancée dans notre catalogue est dorénavant possible. Par exemple les visiteurs de notre bibliothèque travaillant sur l’œuvre d’un graveur peuvent facilement sortir une liste de tous ses ouvrages figurant dans nos collections. Ce travail nous a fait redécouvrir de nombreux trésors, par exemples des estampes inspirées de Philippe de Champaigne ou faites par Hans Holbein (dit le vieux) et Melchior Haffner. La collection suivante à traiter de la même manière est celle des « Scènes historiques » qui est, avec les portraits, la plus demandée par nos lecteurs.