L’histoire d’un chantier est un temps long. Elle est faite de multiples étapes et rebondissements et commence d’abord avec une idée et des choix forts. Initié et porté par la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, le projet de rénovation des espaces accueillant les périodiques et les fonds ­d’archives de la bibliothèque, situés au sous-sol du bâtiment, s’est patiemment élaboré, s’est précisé et s’est réalisé.

Les temps du chantier qui sont ici décrits et illustrés sont des jalons importants pour nous, architectes du projet. Ils représentent les principales étapes des travaux, souvent issues de grands changements d’espaces mais aussi constitués de petits détails et de rencontres que l’on souhaitait vous faire partager au travers de ces photographies et de nos commentaires.

La découverte des lieux, de son histoire et de son devenir

Un chantier dans un bâtiment existant travaille avec le temps et l’histoire. Intervenir sur un ouvrage nécessite de le comprendre, de l’observer et de proposer la transformation qui saura faire une synthèse claire et ambitieuse entre l’usage qu’il doit accueillir et la mémoire du lieu. Cette ambition raisonne d’autant plus ici, dans un lieu destiné à accueillir les fonds d’archives et les collections de périodiques de la bibliothèque. Un autre temps, bien plus long, s’immisce alors dans le projet, celui de la nécessité de mettre en œuvre les conditions pour que le bâtiment conserve en son sein les témoignages et documents du passé, à transmettre aux générations futures.

Ce temps est celui de rencontres, avec un bâtiment et son histoire, et surtout avec les personnes qui portent ce projet. Durant ce temps, indissociable à celui des travaux, tout un ensemble de compétences et de points de vue se croisent. Maîtres d’ouvrage, conservatrices, bibliothécaires, architectes, bureaux d’études, œuvrent de concert au futur ouvrage et à sa complétude.

Le démontage et l’espace qui se révèle

L’espace se révèle lors du démontage des compactus et des armoires existantes. Enfin le volume imaginé devant le plan prend forme. Le bâtiment se dévoile et se dénude, il révèle sa structure. Les poteaux en pierre prennent toute leur majesté et expriment leur rôle d’ossature, d’assise du bâtiment et rendent alors lisible la structuration des espaces à tous les étages, les mezzanines qu’ils soutiennent.

C’est aussi le temps de la confrontation des idées et choix pris lors de la phase d’études avec la réalité du volume libre. Ainsi, le projet de réaliser un axe principal de circulation desservant de part et d’autre les rayonnages et compactus prend forme et se concrétise avec émotion lors de la prise de cette photographie.

Les démolitions et l’histoire des choses qui partent

L’histoire des choses qui partent, c’est notamment celle de la chaudière et de la démolition des locaux techniques existants. C’est une étape importante du chantier et du projet, un nœud qui se dénoue. Les espaces des archives, positionnés dans le sous-sol de la bibliothèque, étaient entrecoupés par des locaux techniques de chauffage et ventilation. Une des idées essentielles du projet a été de séparer clairement l’espace accueillant les archives et celui destiné à accueillir les nouveaux locaux techniques. Ceci afin d’éviter tout risque pour les documents et de regrouper l’ensemble des collections dans des espaces attenants et liés par des circulations.

C’est un temps où les cloisons et murs se démolissent et où les équipements obsolètes, témoins d’une histoire révolue, quittent le bâtiment.

La transition entre le neuf et l’ancien

Ce temps pourrait résumer l’ensemble du projet de réhabilitation et de rénovation de la bibliothèque. Comment réaliser la transition entre le bâtiment existant et les nouveaux équipements nécessaires au parfait fonctionnement de la bibliothèque ? L’installation des équipements techniques (ventilation, refroidissement, ascenseur, compactus, monte-charge, etc.) dans le volume du sous-sol et dans les étages de la bibliothèque, est un des défis principaux du projet.

Ce temps est celui de la construction et de la confrontation des idées issues de la conception avec la réalité matérielle du bâtiment. Il est un temps de suspens, de découvertes, d’ajustements et de vérité constructive.

Temps 5 : les lieux réhabités

Il est temps d’habiter à nouveau les espaces occupés par le chantier durant des mois, les compactus et rayonnages attendent que les collections reprennent place dans le sous-sol, les tableaux s’installent à leur nouvel emplacement.

C’est un temps d’émotion, où le projet imaginé durant des mois et concrétisé au travers du chantier par les réalisations des entreprises, fruit d’un travail collaboratif et collectif, prend enfin toute sa dimension, celle d’avoir créé un véritable lieu.