Matthieu ARNOLD, Oscar Cullmann. Un docteur de l’Église
Lyon : Olivétan (« Figures protestantes »), 2019, 144 p.
Matthieu ARNOLD
Vingt ans après sa mort, Oscar Cullmann (1902-1999) continue de se voir consacrer une notice dans les dictionnaires Larousse ou Petit Robert. Par contre de récentes histoires du protestantisme français et introductions à l’histoire de la théologie passent sous silence ce théologien, qui a enseigné à Strasbourg, à Bâle et à Paris.
Pourtant, Oscar Cullmann a été l’un des théologiens protestants français les plus marquants du xxe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, son influence en France a même dépassé celle de Karl Barth. Grâce à ses publications, rédigées en français et en allemand, et toutes traduites en anglais et en bien d’autres langues, son audience a débordé largement l’Hexagone et les cercles universitaires et ecclésiastiques. Ses livres ont été lus tant par les catholiques et les orthodoxes que par les protestants. À Bâle et à Paris, il a formé plusieurs générations d’étudiants, venus du monde entier.
Karl Barth aimait à qualifier Oscar Cullmann d’« ami de trois papes », mais Cullmann, qui fut hôte durant le concile Vatican II, n’a pas seulement été un grand acteur de l’œcuménisme. Il a voué sa longue existence (chapitre 1) à l’interprétation du Nouveau Testament, qu’il a professée à Strasbourg, à Bâle et à Paris. Son exégèse, qui établit le rôle central de Jésus-Christ dans l’histoire du salut (la croix et la résurrection donnent tout leur sens au passé, au présent et au futur), s’oppose à la démythologisation de Rudolf Bultmann et à son eschatologie de la décision présente : les plus anciennes confessions de foi chrétiennes, que l’on trouve dans le Nouveau Testament, confessent que le Christ est Seigneur ; cela signifie qu’il est le centre d’une histoire dont il éclaire le passé, le présent et l’avenir (chapitre 2). C’est à partir de cette exégèse que Cullmann a pris la plume dans les domaines de la vie spirituelle du chrétien (ainsi, le baptême, la prière – pour laquelle il plaide avec passion dans son dernier écrit, La prière dans le Nouveau Testament – et la résurrection ; chapitre 3), de l’éthique (le combat contre les totalitarismes nazi et stalinien, la mise en garde contre une alliance entre les chrétiens et les révolutionnaires violents ; chapitre 4) et de l’unité des croyants (le modèle œcuménique de l’« unité par la diversité » ; chapitre 5).
Le présent ouvrage, qui se fonde sur les principales publications d’Oscar Cullmann et sur plusieurs documents inédits, s’attache à replacer dans leur contexte historique et théologique chacun des grands thèmes de la pensée de Cullmann et à en étudier la réception. Une conclusion développée fait ressortir l’actualité de cette pensée, nuancée, exigeante et profondément protestante car enracinée dans la Bible.