Book Title

Sven GÜTERMANN, Materne Hatten. La vie d’un clerc lettré au carrefour de l’Humanisme et de la Réforme en Rhénanie supérieure (Spire v. 1470-† Strasbourg 1546)

Préface de Matthieu Arnold, Ubstadt-Weiher : Verlag regionalkultur, 2018, 144 p.

Marianne CARBONNIER-BURKARD

Le personnage de Materne Hatten n’a pas laissé de traces éclatantes dans l’histoire, mais il a côtoyé des humanistes et réformateurs célèbres. La reconstruction de sa biographie, à laquelle s’est livré S. Gütermann, éclaire tout un milieu intellectuel et social rhénan qui a vécu le bouleversement de la Réforme. Le parcours de Materne Hatten (vers 1470-1546) a été celui de centaines de clercs humanistes, ses contemporains. Originaire de la ville libre d’Empire de Spire, étudiant à Leipzig, vicaire à la cathédrale de Spire pendant plus de trente ans, il a quitté son sacerdoce et Spire en 1527, pour rejoindre la Réforme à Strasbourg. Très tôt, autour de 1500, il avait fréquenté le cercle humaniste de Spire et était entré en contact avec Pellikan, Wimpheling, Sébastien Brant, Beatus Rhenanus. Dès 1515, il s’était lié d’amitié avec Érasme, s’empressant de lire son Nouveau Testament traduit du grec, imprimé à Bâle en 1516. En 1520-1521, il avait suivi de près les événements de l’« affaire Luther » et noué une forte amitié avec Martin Bucer, en plein « tournant réformateur ». On ne sait rien du propre tournant de Materne, qualifié de luthérien en 1524, à l’occasion d’un litige avec l’évêque. C’est âgé d’environ 57 ans qu’il franchit le pas, avec l’appui de Bucer. À Strasbourg, il est devenu vicaire de la paroisse de Saint-Thomas, s’est marié, et a vécu dans la proximité avec Bucer, jusqu’à la fin de ses jours.

Il est très heureux que cet ouvrage, à la fois savant et très accessible, magnifiquement illustré, paru en allemand en 2017, ait été traduit en français, accompagné d’une préface de Matthieu Arnold. Avec un choix de lettres en allemand, certaines reproduites, d’autres traduites, en particulier sept lettres de Bucer à Materne, une bibliographie et un impeccable index des noms, ce livre a toute sa place dans la bibliothèque des historiens de la Réforme et de l’Alsace.