L’écriture de l’histoire chez Daniel Benoit :
œuvre scientifique et mémorielle
Franck Belloir
Faculté Jean Calvin – Aix-en-Provence
Marie Durand et Daniel Benoit : l’héroïne pacifique du Bouchet de Pranles ne serait pas devenue la figure « iconique » que l’on sait sans le pasteur et historien drômois qui lui consacra ses recherches. Ce « mariage historico-mémoriel » se déroule en trois étapes. D’abord, une visite dans le village familial où Benoit découvre, avec un certain effroi, que les habitants du hameau ignorent jusqu’au nom de la prisonnière1. Puis un mémoire biographique que Benoit rédige pour rendre justice à son destin et conjurer l’oubli2. Enfin, la publication, en 1884, par la Société des Livres religieux de Toulouse, d’un livre intitulé Marie Durand, ouvrage de référence, constamment réédité depuis. Ironie du sort, Daniel Benoit a si bien fait son travail d’historien qu’il a réussi à « ressusciter » Marie Durand, au point de fournir tous les éléments nécessaires à son triomphe mémoriel qui en fait, encore de nos jours, une des figures majeures de la résistance protestante. Marie Durand a littéralement éclipsé son biographe, voire son inventeur. Si aujourd’hui les protestants connaissent le nom de la prisonnière de la Tour de Constance, peu seraient capables d’indiquer celui de son biographe. En son temps, Benoit fut pourtant loin d’être un inconnu. C’est même l’un des auteurs majeurs de l’historiographie du protestantisme français, comme l’illustrent les recensions élogieuses de ses ouvrages dans le Bulletin ou la médaille d’argent qu’il reçoit de la SHPF pour ses livres sur Marie Durand et l’Église sous la croix3. On lui confie même la réédition de l’Histoire des martyrs de Jean Crespin4.
Né en 1844, à Dieulefit, dans une famille de potiers, Daniel Benoit n’embrasse pas la carrière d’historien, il choisit d’être pasteur. D’humble extraction, il passe par l’école des Batignolles, avant de rejoindre la faculté de théologie de Montauban. Après un premier poste à Montmeyran (Drôme), il dessert la paroisse réformée indépendante de Montauban jusqu’à sa mort en 1916. Marié à deux reprises mais sans enfant à élever, il consacre une grosse partie de son temps à ses recherches et à l’écriture sans toutefois, dit-il, négliger son ministère pastoral.
Auteur d’une dizaine d’ouvrages et d’une trentaine d’articles, Benoit laisse un corpus suffisamment vaste et varié pour appréhender son travail d’historien sur une longue période et permettre d’évaluer son traitement des sources, sa posture critique, et les enjeux, parfois assez modernes et originaux, que revêt l’histoire à ses yeux. Cependant les manques sont nombreux dans la documentation : aucun papier personnel qui permette de connaître sa vie privée, rien sur ses finances, son cabinet de travail, sa bibliothèque… Une nuance cependant, et de taille, puisque la Bibliothèque de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français conserve une correspondance composée de cinquante-sept lettres adressées à Nathanaël Weiss5. Rédigées selon deux formats différents (carte postale ou papier à lettres), elles datent de 1877 à 1916. Ces lettres permettent d’appréhender les relations de Benoit avec la Société, le travail de Weiss, les obstacles que rencontre un historien résidant en province… Elles ouvrent une porte sur la vie de l’historien.
L’univers, encore peu connu, des historiens protestants du xixe siècle mérite attention. On suivra d’abord Benoit dans son travail, pour aborder ensuite l’entreprise de reconstruction et de réarmement mémoriel des historiens du protestantisme, dont il fut un protagoniste important.
L’atelier de l’historien
Daniel Benoit écrit des livres d’histoire au moment où la profession commence à s’organiser après la défaite de 1870, qui a infligé un électrochoc à toute la nation : mise en place de l’agrégation et du diplôme d’études supérieures qui promeut le travail sur les documents originaux, afin de familiariser l’étudiant avec les techniques de l’histoire. À partir de 1890, La thèse devient un travail d’érudition mené « à partir des documents d’archives ». Daniel Benoit ne possède pas de tels diplômes puisqu’il a achevé ses études de théologie6. Il n’est ni maître de conférences, dont le statut est créé en 1877, ni chargé de cours, ni professeur, et sa carrière n’obéit pas aux nouveaux canons de la profession. N’est-il pour autant qu’un « amateur » ? Les distinctions opérées par Charles-Olivier Carbonell sont précieuses pour qualifier son travail7. Il faut ici prendre en compte la précocité et la masse des publications. Tandis que les pasteurs font paraître leur premier ouvrage entre 40 et 60 ans, Benoit publie le sien dès 32 ans, rejoignant quasiment Edmond Hugues qui édite son Antoine Court à seulement 28 ans. Ses nombreuses publications, par la suite, confirment la vocation de Benoit : dix livres, huit notices historiques, trente-cinq articles ou documents publiés dans différentes revues comme le Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français ou la Revue Chrétienne. L’ensemble représente plus de 3 500 pages, soit un peu moins qu’Émile Doumergue et sa monumentale œuvre sur Calvin qui atteint 4 534 pages. Précocité et production autorisent à considérer Benoit comme un historien professionnel. Amateur par sa formation et sa carrière, professionnel par son œuvre précoce et massive, Daniel Benoit est donc un historien hybride. Mais historien, il l’est d’autant plus qu’il maîtrise parfaitement la nouvelle méthode élaborée par Monod puis par Seignobos et Langlois.
Le goût des sources inédites que manifeste Benoit le démontre. Ce n’est pas simplement un goût d’antiquaire, car il vise la « vérité ». C’est ainsi qu’il juge limité le travail d’un De Felice au sujet de Pierre Durand, car ce biographe est « insuffisamment renseigné sur son compte8 ». Il reprend donc à son compte le programme et l’analyse de Gabriel Monod qui souhaitait « former par l’exemple d’une bonne méthode les jeunes gens qui veulent entrer dans la carrière historique ». Chaque opinion divergente doit être « appuyée sur des preuves sérieusement discutées et sur des faits ». Ce sont les fameux « procédés d’exposition strictement scientifiques, où chaque affirmation » est accompagnée « de preuves, de renvois aux sources et de citations9 ». Seignobos prolonge ce programme et renchérit : « l’histoire a pour but de décrire, au moyen des documents ». Daniel Benoit suit aussi la voie tracée par la Société de l’histoire du protestantisme français dont le but est « de rechercher, de recueillir et de faire connaître tous les documents, inédits ou imprimés, qui intéressent l’histoire des Églises protestantes de langue française10 ». Il entreprend alors une véritable quête des sources : archives familiales comme ces « manuscrits, communiqués par Mme Veuve Chalamet », descendante du pasteur Matthieu Majal, dit Desubas ; documents conservés à la Société de l’histoire du protestantisme français ; documents inédits publiés dans le Bulletin qui constituent pour lui une source inépuisable : sur les 236 références qu’il y fait, 194 renvoient à des sources, soit 83% de l’ensemble11 ; archives d’Églises comme ce « Recueil de La Voulte », possession du consistoire de La Voulte dans le Vivarais ; archives publiques, comme celles de l’Intendance à Bordeaux ; et, enfin, Benoit utilise la bibliographie comme des réserves de sources car il y puise des extraits de documents originaux. Sept fois sur dix, il se réfère à un livre pour y puiser une source. Pour autant, cet usage des livres comme sources d’appoint en quelque sorte ne représente que 10% des sources totales utilisées dans son œuvre12.
Cette « récolte » permet à Benoit de croiser les documents et d’effectuer un vrai travail critique. En 1898, il n’hésite pas à proposer dans le Bulletin le « procès-verbal inédit d’un colloque » qui permet de montrer comment Daniel Encontre fut reçu proposant. Cette précision avait échappé, dit-il, « aux recherches de M. Edmond Hugues13 ». Les sources permettent de corriger des informations ou des interprétations historiques erronées. Dans ce domaine, Benoit n’hésite pas à remettre en cause les études les plus prestigieuses du protestantisme comme la première Histoire des protestants de France de Guillaume de Felice ou la France protestante des frères Haag. Le voici donc qui souligne, au sujet d’une lettre écrite par Pierre Durand, que « c’est à tort que les frères Haag […] disent qu’elle est adressée à Court14 » ; Il prend ses distances avec une vision simpliste de l’histoire et tente d’en restituer, à partir des archives, toute la complexité :
On s’imagine parfois que les Eglises du désert n’avaient à redouter que les agissements du clergé, toujours en éveil, et les mesures de rigueur qu’un pouvoir intolérant ne cessait de prendre contre elles. C’est là une erreur qui ne résiste pas devant l’étude, même la plus superficielle des pièces du temps15.
Benoit examine avec soin les témoignages rapportés par la tradition et n’hésite pas à prendre ses distances. C’est le cas au sujet du récit de la mort de Ranc qu’il qualifie de « légende », plus proche, à ses yeux, du récit de Lady Macbeth que de l’histoire.
Il défère aussi au second souhait de Gabriel Monod : écrire une histoire nouvelle en évitant les publications de collections et les synthèses répétitives, mais en favorisant la « publication de travaux originaux sur les diverses parties de l’histoire et de première main16 ». Benoit se décide ainsi à « raconter » l’histoire :
De ces martyrs ignorés […] Prédicateurs sans grande instruction, anciens de consistoires ou galériens pour la foi, aucun d’eux n’a laissé un nom célèbre dans l’histoire et ils étaient loin de briller tous par les dons exceptionnels de l’intelligence.
Au sujet de François Roux, il veut offrir « au lecteur la biographie d’un de ces hommes obscurs. Sorti de la classe pauvre ». Pour les personnages plus connus comme Pierre Durand, il n’écrit pas pour répéter ce qui est déjà su, mais bien pour éclairer d’un « nouveau jour la vie si agitée, mais si belle, du restaurateur des Eglises du Vivarais17 ».
Benoit complète son travail sur les sources par des recherches bibliographiques importantes. Il renvoie aux instruments de travail comme La France protestante des frères Haag, à l’Encyclopédie des sciences religieuses de Lichtenberger ; on trouve aussi mention d’ouvrages plus techniques comme celui d’A. Borrel sur Antoine Court, Paul Rabaut, Pierre et Marie Durand ou, de Frosterus, Les insurgés protestants sous Louis XIV. A quoi s’ajoutent les articles de revues, et notamment le Bulletin.
Dans ses recherches l’historien montalbanais se heurte à un premier écueil majeur : sa fonction pastorale. Cette dernière, qui reste sa priorité, lui demande du temps. « Comment songer à quitter l’église à cette époque de l’année où le ministère est particulièrement absorbant18 ? », demande-t-il à Nathanaël Weiss avant d’ajouter : « J’envie votre privilège tout en me disant que si j’étais à Paris, j’abuserais peut-être de la permission et je laisserais mon ministère en souffrance ». Contrainte financière aussi, car Benoit recule « devant les charges que ferait peser sur son modeste budget un voyage coûteux à Paris ». Mais il sait tirer parti de son pastorat en se constituant un vrai réseau, dont le premier cercle est formé des pasteurs eux-mêmes, nombreux parmi les membres de la Société de l’histoire du protestantisme français. Certains lui fournissent des documents comme Mounier, pasteur à Amsterdam ; d’autres, comme le pasteur Bastide, de Saint-Pargoire, dépouillent à son « intention le volumineux dossier de Desubas aux archives de l’Hérault19 ». Ailleurs, c’est l’ancien pasteur Théophile Devèze qui a « compulsé » pour Benoit le dossier Bénézet. Et puis, il y a tous les paroissiens veillant jalousement sur les papiers de l’Église ou de la famille mais qui, en toute confiance, livrent les précieux documents au pasteur :
La famille Gibert, qui compte encore de nombreux représentants, tant dans les Cévennes qu’à Rome et qu’en Amérique, s’est intéressée de bonne heure à ce travail et a bien voulu nous communiquer des lettres précieuses tirées de ses archives20.
L’éloignement géographique de Paris est un autre obstacle pour Benoit : « Je regrette chaque jour que Montauban soit si éloigné de Paris. Si je n’étais seulement qu’à Chartres ou à Dijon, je ferais de fréquentes visites à votre magnifique bibliothèque », écrit-il en 1887 à Weiss21. Cet éloignement, sur lequel il revient à plusieurs reprises, fait par exemple obstacle à son travail sur Gibert. Cette difficulté qu’accroît l’obligation de revenir aux sources imposée par le développement scientifique de la nouvelle histoire, est toutefois en partie compensée par la bibliothèque de la rue des Saints-Pères et par le développement du Bulletin. Benoit écrit régulièrement, de 1887 à 1916, au bibliothécaire de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, Nathanaël Weiss, pour obtenir des documents. On découvre un Weiss attentif, efficace et de bon conseil. Benoit insiste, par exemple, auprès de lui pour obtenir un prêt exceptionnel des écrits de Gibert dont il a besoin pour terminer la biographie qu’il consacre aux deux frères. Il va jusqu’à solliciter la « pitié pour un confrère ». Le 19février, à peine vingt jours après son courrier, il a reçu les cinq volumes. L’efficacité de Weiss comble en partie le fossé entre les recherches parisienne et provinciale. Benoit sollicite Weiss, à de nombreuses reprises, pour obtenir la copie de documents. C’est ainsi, dit-il dans un de ses ouvrages, qu’il a « fait prendre une copie fidèle de ces précieuses lettres, au nombre de sept, qui se trouvent dans les papiers de Paul Rabaut, conservés à Paris, dans la Bibliothèque du protestantisme22 ».
Nathanaël Weiss est au cœur de tout un travail d’organisation rigoureuse de classement des sources, permettant de répondre aux demandes de documents, de procéder aux expéditions et de réceptionner les retours. À quoi s’ajoute l’encadrement de collaborateurs rémunérés ou non, régulièrement sollicités, pour assurer plus efficacement encore le travail d’élaboration de l’histoire protestante. Il lui faut donc aussi résoudre des questions financières. Benoit l’entretient, à plusieurs reprises, notamment au sujet des copistes. Il sollicite encore Weiss pour compléter sa bibliographie, trouver d’autres archives, contrôler une citation, ou pour le recommander auprès de confrères afin d’obtenir plus facilement un document. Non seulement Weiss aide Benoit, mais il n’hésite pas à orienter sa recherche, à lui indiquer des pistes, à suggérer des sujets. Il fait figure de « directeur de recherche » de l’ensemble des historiens protestants français, avec la légitimité que lui donne son poste de bibliothécaire de la SHPF. En outre, le Bulletin le met en lien avec la recherche française et internationale car, de 1880 à 1916, la revue propose 180 comptes rendus de livres, soit 16 en moyenne par an23. S’y ajoutent les répertoires que dresse Weiss, qui présentent plusieurs livres à la suite. Ce travail permet aux historiens de province d’accéder à un répertoire bibliographique conséquent, de se maintenir informés des publications : livres, revues, journaux et même thèses. Cet ensemble est complété par une courte chronique qui paraît dans chaque Bulletin, où sont mentionnés les livres que la Bibliothèque a reçus en don. Par la fréquentation assidue du Bulletin, Benoit, accède donc à une base considérable de données bibliographiques actualisées qui facilitent son travail de chercheur. Le rôle de « passeur » que joue Weiss apparaît ici dans toute son ampleur.
À Montauban, Benoit utilise la bibliothèque de la faculté de théologie, constituée de plus de 10 000 ouvrages. Il sollicite aussi les ressources de son ami Jules Vielles, grand bibliophile, et il dispose de sa propre bibliothèque. Benoit sait mettre à profit ses réseaux et, en particulier, ce que l’on pourrait appeler le réseau ou « l’esprit SHPF » : tandis que, depuis un demi-siècle, la Société de l’histoire de France fondée par François Guizot se renforce, la Société de l’histoire du protestantisme français adopte et adapte son projet de constitution d’un patrimoine mémoriel : « c’est là un héritage, un patrimoine commun, dans lequel chacun de leurs descendants a sa part, et que tous peuvent et doivent contribuer à mettre en valeur24. »
La SHPF souhaite alors donner une triple impulsion : favoriser le dialogue « entre les amis des mêmes études » en offrant « un centre qui permette aux travailleurs des départements de se connaître les uns les autres et les travaux qu’ils ont entrepris » ; collecter les documents ; fixer les grands axes de la recherche avec sa rubrique « cadre des travaux » et, au travers du rapport annuel communiqué par son président, qui indique les thèmes de recherche et les sources à explorer. Cet ambitieux projet montre l’importance du travail historique dans la communauté protestante au xixe siècle, qui du reste mériterait de susciter davantage de recherches sur la question de l’écriture des historiens protestants du protestantisme. Il existe des études sur la réception et l’analyse, à diverses époques, de la Réforme à ses origines, de la Saint-Barthélemy, de la Révocation, de Luther, de Calvin ; mais il est rare que ces études se préoccupent de souligner les caractères propres d’une historiographie protestante du protestantisme ; autrement dit, le vaste chantier lancé par la SHPF au xixe siècle incitant les historiens protestants à écrire l’histoire de leur propre communauté25.
À partir du milieu du siècle, cette histoire se charge d’une dimension sacrale. Une sacralité qui n’est pas celle d’un catholicisme marqué par une dimension « magique ». Imprégnée de théologie calviniste, elle emprunte plus volontiers à la référence vétérotestamentaire. Sa teneur relève donc du registre de la séparation. Là où l’Ancien Testament sépare entre sacré et profane, les historiens, empruntant ce registre, distinguent entre histoire et religion. En même temps, leur histoire « dé-spiritualisée » souhaite édifier et nourrir la foi en ranimant des modèles de persévérance mais dégagés des apparats légendaires. Au fond, dans cette quête du vrai, le récit historique intervient, telle une prédication, pour transformer des faits, des lieux et des temps en « objets » d’édification. L’histoire renvoie à une réalité spirituelle qui la dépasse ; source de cette persévérance des protestants français. La SHPF énonce ainsi un véritable credo pour ses historiens, un programme plus sublime qu’une simple étude historique. La collation de « quelques détails inédits » n’est pas une simple enquête, elle nécessite un « soin pieux26 ». Les documents, sous leur plume, sont de « précieuses reliques du passé ». Benoit reprend à son compte le programme et les termes utilisés par la Société de l’Histoire du protestantisme français :
Il ne s’agissait donc de rien moins que de ressusciter tout un passé, avant que les vénérables ou glorieux débris eussent entièrement disparu sous les injures du temps et des hommes. Mais où trouver ces précieuses reliques du passé… 27
La bibliothèque est plus qu’un immeuble. Écrivant à Nathanaël Weiss, le 21octobre 1889, Daniel Benoit parle du « dépôt précieux dont vous avez la garde28 ». Quelques années auparavant, en 1870, Jules Bonnet évoquait l’« humble sanctuaire de nos études29 ». D’ailleurs en 1870 lors du siège de Paris, un obus, pénètre le lieu sans causer de vrais dégâts, sinon « écorner le cadre de la célèbre gravure de Girardet ». L’événement retentit comme un fait miraculeux. Enfin, la Société qui souhaite susciter des vocations parle des « pieuses investigations » des savants et des chercheurs. Jules Bonnet résume en ces termes, devant le comité, le caractère qu’il désire donner au Bulletin : « L’œuvre de notre Société est une œuvre de foi, mais aussi de conciliation et de paix. Elle doit compter sur l’appui de tous30. » Benoit renchérit : « On aurait pu grouper [ces documents] avec plus d’art et de méthode, non avec plus de zèle et de pieuse admiration pour nos ancêtres31. » Dans ce contexte l’emploi récurrent du terme « œuvre » (très usité au xixe) pour qualifier la Société renforce son orientation spirituelle. L’évocation de Dieu et les prières pour « d’abondantes moissons dans l’avenir » deviennent la suite logique du transfert spirituel qui assimile les historiens à une sorte de « clergé scientifique ».
Comment ne pas voir ici une sorte de substitution sacrale ? Il se trouve que, depuis le milieu du siècle, les pasteurs français sont divisés et se heurtent sur des questions doctrinales entre évangéliques et libéraux. La théologie, matière sacrée par excellence, a perdu sa capacité à rassembler le protestantisme, comme l’illustre le synode de 1872. Cette fracture ne provoquerait-elle pas comme une sorte de transfert de sacralité au profit de l’histoire, qui devient la nouvelle bannière unificatrice du protestantisme français. La Société de l’histoire du protestantisme français n’est-elle pas à même d’unir, autour de son histoire et de sa mémoire, des historiens de tous bords, qu’ils soient évangéliques ou libéraux ? Quoi de commun entre un Benoit, l’orthodoxe, et un Buisson, libre-penseur et historien de Castellion ? Pourtant les deux, en historiens, travaillent main dans la main au sein de la Société.
Ces nouveaux caractères annoncent-ils une « contagion » disqualifiant la pensée de ces historiens chez qui foi et raison s’expriment avec la même force ? Charles-Olivier Carbonell a montré que la Revue historique de Gabriel Monod n’avait pas échappé à cette « perméabilité ». Ce mot, moins péjoratif que contagion, convient sans doute mieux pour exprimer l’omniprésence du religieux dans le discours historique. On pourrait aussi parler d’écriture parallèle ou superposée, c’est-à-dire d’une écriture qui concilie deux registres sans déprécier ni l’un ni l’autre. Cette écriture adopte les méthodes historiques les plus pointues de son temps, mais elle ne renonce pas à un modèle d’interprétation religieux. Une manière de doubler le premier sans l’annuler : une histoire palimpseste au service d’une communauté de mémoire32.
L’histoire : arme de la mémoire d’un espace et d’un temps protestants
D’un bout à l’autre de son œuvre, Daniel Benoit est hanté par la crainte de l’oubli :
Qui connaît Pierre Peirot… Peu de personne assurément. Nos historiens protestants, les frères Haag, Charles Coquerel, M. Edmond Hugues, citent bien son nom, mais en passant, sans nous donner sur lui des renseignements suffisants… 33
Là encore, l’historien suit la ligne générale souhaitée par la Société de l’histoire du protestantisme français dès 1852, visant à exhumer tout un passé avant que tout ne disparaisse « sous les injures du temps et des hommes ». La conservation de la mémoire protestante est une préoccupation constante chez Benoit. Toutefois, il élabore un rapport complexe entre mémoire et histoire, parfaitement illustré par sa rencontre avec Edmond Hugues à Anduze qu’il relate à Nathanaël Weiss :
J’ai eu le plaisir de voir dimanche dernier M. Edmond Hugues à Anduze. Nous avons proposé d’aller ensemble au Montèze quand l’article du Bulletin aura paru34.
Cette petite phrase dit les liens nourris entre mémoire, histoire, espace et temps tels que les historiens du xixe siècle les conçoivent ; ils prônent une manière personnelle et concrète de faire et de vivre l’histoire, sans tomber dans les dérives commémoratives. Tous deux connaissent le lieu du premier synode du Désert, mais ils s’interdisent d’« aller ensemble aux Montèzes » pour faire mémoire. La mémoire est soumise à l’écriture de l’histoire. Attendre la parution de l’article du Bulletin n’est pas anodin. Car la mémoire doit être encadrée par l’histoire qui l’enrichit, la corrige, l’encadre et, ce faisant, lui donne un sens plus fort. Le retour vers les hauts lieux du protestantisme dépasse le simple pèlerinage, car ceux-ci relèvent dorénavant de l’histoire scientifique. Pour Hugues comme pour Benoit, le contact avec le lieu et la mémoire du lieu ne redevient personnel et valide que sous réserve de la science. Ecrire l’histoire revient à élever de modestes « monuments » aux héros de la foi. Monuments immatériels inscrits dans une mémoire réarmée par une histoire scientifique en quête de vrai. Cette mémoire-monument purifiée des scories de la tradition, des oublis, peut revenir sur les lieux afin de s’approprier la totalité de son contenu. L’histoire quitte les chemins d’encre et de papier pour fouler, au pas des marcheurs, la terre des ancêtres et des pères. L’histoire scientifique devient histoire de chair et de sang. Ces arpenteurs de la mémoire, par leur connaissance personnelle, s’approprient un espace non pas seulement familial mais communautaire : celui de la confession protestante.
Pour autant, Benoit n’a pas oublié les histoires de famille. Il emploie souvent l’expression « nos pères » pour écrire une histoire plus proche, plus personnelle, tandis que les guerres de Religion relèvent du monde des nobles, des princes. Il égrène des centaines de noms en précisant lorsqu’il le peut les ramifications familiales, les origines géographiques, les liens du Refuge huguenot… Il nourrit l’espoir qu’au détour d’une ligne ou d’une page, le lecteur puisse trouver un nom, un lieu, une date reliant sa famille à l’histoire du Désert. Ce peut être une maison qui a abrité un pasteur capturé, comme ce logis de la Croix-Blanche qui a accueilli Louis Ranc. Daniel Benoit décrit ce qu’il est devenu : « l’hôtellerie depuis a été transformée en maison d’école.» Il situe précisément « cette châtaigneraie appelée le bois de Vaussèche » où Pierre Durand a été fait prisonnier, comme s’il voulait permettre au lecteur d’y retourner. On lit dans ces longues listes un écho des réseaux familiaux protestants, du « tricot protestant35 ». Philippe Joutard évoque des dynasties familiales construites autour d’une masse importante de tradition orale et de pratique d’un paysage marqué par l’histoire familiale. Chaque famille protestante s’approprie son territoire, son pays.
En outre, on trouve déjà chez Benoit une invitation au tourisme culturel, grâce à la multitude de détails qui facilitent la localisation. Mais si l’on suit sa démarche, on comprend à l’évidence que Benoit n’entend pas seulement graver des noms partout pour chaque famille. Il considère qu’« il y a profit pour tous, à cette heure où l’on se plaint à bon droit de l’affaissement des caractères, à fréquenter ces natures énergiques ». On a pu écrire que la commémoration avait fonction d’avertissement et de protection contre un risque de dissolution36. Cette minutie apportée à la restitution d’une géographie du protestantisme ne se comprend que par ces liens avec la mémoire qui se nourrit de concret : s’approprier un lieu – maison, forêt, forteresse, chemin ou autres – après avoir lu son histoire. En cette fin du xixe siècle, la République qu’aime Benoit investit aussi l’espace en y déposant ses symboles : écoles, mairies ou lycées. Il redoute que la division du protestantisme et son affaiblissement spirituel effacent l’empreinte de cette communauté dans le pays. À la construction de l’espace républicain, il répond donc par la construction d’un espace protestant. Ne dit-il pas au sujet de son séjour en Cévennes dans le village des Gibert : « l’auteur de ce volume fit, au mois d’août 1888, un pèlerinage au hameau de Lunès qui a vu naître les deux frères37 » ? Sa protestantisation de l’espace ne passe pas par la propriété matérielle du lieu, mais par sa fréquentation, par une connaissance historique confirmant les liens entre espace, mémoire et histoire. Cet investissement de l’espace pour Benoit ne se fait pas contre la République mais en parallèle car cet espace protestant a une autre valeur, personnelle et spirituelle. Il n’hésite pas à dire, quand il se rend dans la maison des Gibert, qu’il « visita ces lieux sanctifiés38 ».
Comme les lieux, Benoit n’hésite pas non plus à réinvestir les temps. À cette époque, les dates de la mort des martyrs, celles d’édits, finissent par servir de références calendaires. On voit notamment apparaître dans les almanachs d’alors des héros protestants qui se substituent aux saints pour chaque jour, et les grandes dates qui ont marqué l’histoire du protestantisme occupent la place des grandes fêtes catholiques : édit de Nantes, édit de Fontainebleau, massacre de Wassy… On trouve des calendriers huguenots distribués par les colporteurs dans les campagnes protestantes, y compris dans les lieux les plus reculés des Cévennes. Les versets bibliques prennent la place des saints. Le calendrier est composé de deux blocs formés par six mois de l’année et séparé, en son centre, par une figure historique du protestantisme français. Celui de 1890 présente l’amiral de Coligny dont le portrait est complété par une notice biographique et deux cartouches intitulés « le testament de Coligny » et « une prière de Coligny ». La fin du xixe siècle offre une vision « laïcisée » et protestante du temps, alors que la République elle-même n’a pas encore terminé son processus de construction d’une temporalité propre, comme l’a montré Jean-Pierre Bois pour le 14 juillet39. Daniel Benoit n’hésite pas à situer les événements en fonction de la vie des martyrs. C’est ainsi qu’après avoir précisé la date de la naissance de Jacques-Etienne, « venu au monde le vendredi 28juillet 1730 », il ajoute que c’est « le jour même où la cour donnait l’ordre d’arrêter Marie Durand40. » Quand il évoque la mort de Morel en 1739, il complète en disant « la même année que Fauriel dit Lassagne ». Les exemples seraient aussi nombreux mais, on le voit, de cette manière il efface la chronologie pour la remplacer par des événements liés à l’histoire du protestantisme. Dans tous ces livres, l’édit de 1724 devient une référence classique pour situer les événements au point qu’il ne mentionne plus la date mais il lui suffit de parler de l’année de l’édit.
Il existe donc bien chez Benoit aussi un désir de réinvestir le temps comme pour l’espace. Une manière de sacraliser aussi un temps que l’on qualifie comme « le temps sacré des anciens ».
Des Batignolles à Montauban, Daniel Benoit était loin de tenir en main les atouts nécessaires pour s’assurer une place dans la communauté, en pleine construction, des historiens scientifiques. Il y parvient pourtant en mettant à profit d’abord son réseau qu’il édifie autour de sa vocation pastorale. Ses paroissiens et collègues lui assurent un concours précieux pour la collecte des documents, la copie des sources, l’accès aux sources inédites. L’autre atout majeur de Benoit est son immense capacité à utiliser les ressources du Bulletin qui lui ouvre l’accès à une bibliographie actualisée et les portes de la Bibliothèque. Il sait aussi se concilier le soutien fidèle de Nathanaël Weiss qui apparaît comme l’homme orchestre du protestantisme français et pour lequel il manque une étude complète. Enfin, Benoit fait très vite sien le programme des études historiques fixées par Gabriel Monod comme cela apparaît tant dans son traitement des sources que des sujets. Tout cela explique en grande partie la longévité de son travail consacré à Marie Durand et aux frères Gibert qui n’ont, à ce jour, pas de biographe plus récent41. Daniel Benoit est sans conteste un historien savant mais il faudrait maintenant pratiquer des sondages pour définir des groupes différents parmi les historiens de son temps, en élaborant une typologie à partir de leur usage des sources, de la critique de celles-ci, du travail bibliographique, de la profondeur d’analyse, des thèmes abordés.
Il faudrait aussi se pencher sur la notion de « clerc érudit », plus utilisée dans l’historiographie catholique que chez les protestants. Il n’existe pas de vraies études sur les pasteurs historiens. Il faudrait évaluer leur formation, leur production (précocité et masse), leurs méthodes, leurs réseaux. Du reste, tous les historiens du protestantisme ne sont pas des pasteurs. Si l’on s’intéresse aussi à la manière dont les historiens comme Michelet ou Quinet ont traité l’histoire du protestantisme dans leur œuvre, on découvrira peut-être qu’il existe différentes manières d’écrire l’histoire du protestantisme : y a-t-il une manière protestante et une autre ? Du reste, pourquoi les historiens du protestantisme s’interrogent-ils si peu sur leur manière d’écrire l’histoire, alors que Pierre Nora a montré la voie avec l’ego-histoire et que beaucoup d’analyses historiographiques font place à l’origine sociale, politique ou religieuse pour expliquer tel choix d’étude historique ou telle posture historique… Les historiens protestants sont largement absents de cette réflexion. Est-ce par crainte d’apparaître en tant que groupe distinctif ? Par crainte de manquer d’objectivité ? Mais la question se pose alors pour Delumeau et pour tant d’autres qui arborent leurs convictions catholiques, marxistes etc. ? Rien de tout cela chez les historiens protestants. Finalement, cette sorte d’absence de réflexion semble avoir disqualifié ces historiens du xixe siècle, trop souvent qualifiés péjorativement d’historiens pieux ! Or, il est fort probable qu’à les relire, ils pourraient nous ramener à quelques belles pistes de réflexion que la recherche n’a toujours pas fini d’épuiser, comme ce lien tissé chez Benoit entre mémoire, histoire, théologie, espace et temps. Car chez Benoit, l’historien par son œuvre scientifique fournit la matière pour habiter la mémoire, le temps et l’espace avec plus de vérité. Une vérité qui chez lui est la source de la ténacité pour affronter le présent.
Quand Benoit découvre Marie Durand, il offre la figure majeure de la résistance. En cherchant le passé, il entend rencontrer le présent :
L’auteur de ces lignes faisait, il y a quelques années, avec M. Delon, un pèlerinage au lieu de naissance de Marie Durand. Ils visitèrent en détail son humble demeure. Ils virent ce vallon solitaire, arrosé d’un ruisseau […]. Mais c’est en vain que, dans ces lieux qui l’ont vue naître, ils parlèrent de l’héroïne d’Aigues-Mortes ; c’est en vain qu’ils interrogèrent les vieillards du hameau. Le Bouchet de Pranles a perdu le souvenir de cette famille de confesseurs et de martyrs dont nous avons essayé de raconter l’histoire42.
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1. D. Benoit, Marie Durand. Prisonnière à la Tour de Constance 1730-1768, Sa famille et ses compagnes de captivité. D’après des documents inédits, Société des Livres Religieux, 1884, p. 306.
2. F. Belloir, L’Écriture de l’Histoire chez Daniel Benoit, Master II, 2013, p. 267.
3. J. Bonnet, « Rapport du secrétaire, sur le concours de 1882-1883 », BSHPF (1883), p. 459.
4. Histoire des martyrs persécutez et mis à mort pour la vérité de l’Évangile, depuis le temps des apostres jusques à présent 1619, par J. Crespin. Édition nouvelle, précédée d’une introduction de D. Benoit et accompagnée de notes par M. Lelièvre, Toulouse : Société des Livres Religieux, 3 vol. (liv-744, viii-774, viii-968 p.), 1885-1889.
5. BPF, Ms 1558, III A et B ; papiers de Nathanaël Weiss.
6. Rapport de thèse à Guillaume de Félice : BPF, Papier Guillaume de Félice, manuscrit 985.
7. Charles-Olivier Carbonell, Histoire et historiens, une mutation idéologique des historiens français, 1865-1885, Privat, 1976, p. 169.
8. D. Benoit, Marie Durand, op.cit., p. 20.
9. G. Monod, « avant-propos », Revue historique, janvier-juin 1876, p. 2.
10. Notice sur la Société de l’histoire du protestantisme français, 1852-1872, Paris : Meyrueis, 1874, p. 5.
11. F. Belloir, L’Écriture de l’Histoire chez Daniel Benoit, Master II, 2013, p. 91.
12. F. Belloir, op. cit., p. 95 et 110.
13. F. Belloir, op. cit., p. 83.
14. F. Belloir, op. cit., p. 106.
15. D. Benoit, Desubas, son ministère, son martyre 1720-1746. Une victime de l’intolérance au xviiie siècle, d’après des documents inédits, Seconde édition revue et corrigée, Toulouse : Société des Livres Religieux, 1883, p. 74-75.
16. G. Monod, « Avant-propos », Revue historique, janvier-juin 1876, p. 1.
17. D. Benoit, Marie Durand, op.cit., p. 8.
18. Lettre de Daniel Benoit à Nathanaël Weiss du 30janvier 1889, BPF, Ms 1558, III A et B : papiers de Nathanaël Weiss.
19. D. Benoit, Desubas, son ministère, son martyre 1720-1746, op. cit., p. 12.
20. D. Benoit, Les frères Gibert, deux pasteurs du désert et du refuge (1722-1817), Toulouse : Société des Livres Religieux, 1889, p. 9.
21. Lettre de Daniel Benoit à Nathanaël Weiss, 2mai 1887, p. 1, Ms 1558, III A et B : papiers de Nathanaël Weiss.
22. Lettre de Daniel Benoit à Nathanaël Weiss, Lettre du 22mars 1889, Ms 1558, III A et B : papiers de Nathanaël Weiss.
23. F. Belloir, L’Écriture de l’Histoire chez Daniel Benoit, Master II, 2013, p. 244.
24. Notice sur la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, 1852-1872, op. cit., p. 9-10.
25. Sur ce point difficile qui touche aussi à des questions plus contemporaines, voir le développement dans F. Belloir, op. cit., p. 152-163.
26. D. Benoit, Daniel de Vernejoul, un pasteur réformé à l’époque de la Révocation, 1883, Laigle : Imprimerie de F. Guy, p. 8.
27. Notice sur la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, op. cit., p. 17.
28. Lettre de Daniel Benoit à Nathanaël Weiss, 20août 1889, p. 2, Ms 1558, III A et B : papiers de Nathanaël Weiss.
29. Frank Delteil, « Le comité de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, 1870-1885 », in : André Encrevé et Michel Richard (dir.), Les protestants dans les débuts de la Troisième République (1871-1885), BSHPF, 1978, p. 142.
30. Notice sur la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, op. cit., p. 92.
31. D. Benoit, Desubas, son ministère, op. cit., p. 12.
32. F. Belloir, op. cit., p. 132-138.
33. D. Benoit, L’Eglise sous la Croix. Etudes historiques. Fulcran Rey – Pierre Papus – Etienne Arnaud – Jean Martin – Pierre Dortial – Arnaud-Duperron – Les deux derniers forçats pour la foi – Le portefeuille d’un pasteur du Désert – Une page d’histoire religieuse des Hautes-Alpes, Jean Bérenger Seconde édition, soigneusement revue, Toulouse : Société des Livres Religieux, 1896, p. 273.
34. Lettre de Daniel Benoit à Nathanaël Weiss du 9avril 1916, Ms 1558, III A et B : papiers de Nathanaël Weiss. Charles Bost, Les deux premiers synodes du Désert. 21août 1715 – 13janvier 1716, BSHPF 55, (1916).
35. Philippe Joutard, « Le musée du Désert », in Pierre Nora (dir.), Lieux de Mémoires, t. II, Paris : Gallimard, p. 2668-2669.
36. Patrick Cabanel, Juifs et protestants en France, les affinités électives, xvi-xxie, Paris : Fayard, 2004, p. 47 et 49.
37. D. Benoit, Les frères Gibert, deux pasteurs du désert et du refuge (1722-1817), Toulouse, Société des livres religieux, 1889, p. 400.
38. D. Benoit, Les frères Gibert, op. cit., p. 400.
39. J. P. Bois, Histoire des 14 juillet, 1789-1799, Ouest France, 1991.
40. D. Benoit, Marie Durand, prisonnière de la Tour de Constance, Société des Livres Religieux de Toulouse, 1884, p. 62.
41. Il faut aussi apporter une nuance puisque l’ouvrage de Daniel Benoit sur Marie Durand a été révisé par André Fabre, Marie Durand, Nouvelle société des livres de Toulouse, 1935.
42. D. Benoit, Marie Durand, op. cit., p. 306. Une nouvelle étude sur Marie Durand de Céline Borello devrait paraître aux éditions Alcide en 2018.