Pierre-Olivier Léchot, La Réforme (1517-1564)
Paris : PUF (coll. « Que-sais-je ? »), 2017, 128 p.
Cette nouvelle édition du numéro de la prestigieuse collection Que sais-je ? consacré à la Réforme protestante remplace l’ancien titre rédigé par Richard Stauffer voici maintenant près de cinquante ans. Depuis lors, en effet, l’approche des « chambardements » religieux du xvie siècle s’est enrichie de nombreux travaux qui mettent en évidence certains aspects jusqu’alors laissés de côté par les historiens. Le présent ouvrage tente ainsi de situer la Réforme du xvie siècle dans sa continuité avec le Moyen Âge tardif, tant du point de vue théologique que culturel. La Réforme n’apparaît plus, dès lors, comme une « révolution », mais comme une période de transition et de profonde transformation de la théologie et de la culture religieuse occidentales qui ne trouvera son aboutissement que plusieurs siècles plus tard – avec les Lumières notamment. En outre, l’ouvrage tente de souligner la dimension « plurielle » de la Réforme en accordant une attention particulière aux points de désaccord entre les Réformes allemande, suisse, française et anglaise. Il confère enfin une place plus conséquente à la Réforme dite « radicale », encore trop souvent considérée comme un épiphénomène au sein du mouvement réformateur. La thèse que l’on entend ainsi défendre est que la Réforme, en se fondant dans son opposition à Rome sur la seule autorité de l’Écriture et sur une vision théologique concentrée sur la foi personnelle, était porteuse d’une logique de pluralité qui aboutira à l’échec du projet de réforme d’une chrétienté occidentale encore unifiée au début du siècle. Ce faisant, c’est toute la question des rapports entre Réforme protestante et modernité qui se trouve rouverte. Si ce thème dépasse, et de loin, le format du présent ouvrage, on trouvera toutefois en conclusion quelques éléments prospectifs de réflexion à ce sujet.
Pierre-Olivier Léchot