Meinrad Busslinger, L’apport économique et culturel des huguenots aux pays du refuge,
préface de Françoise Denrole Domenicé, Maisons Laffitte : Ampelos, 2016, 197 p.
Il ne s’agit pas ici d’un sujet nouveau, mais d’une très bonne synthèse à partir de nombreux travaux consultés. L’auteur est un homme d’affaires international passionné par ce sujet.
Après un premier chapitre où il évoque les Réformes d’un point de vue religieux et politique, il développe, pays par pays, ce que les huguenots exilés ont apporté dans les différents États où ils se sont implantés. Leur apport a été militaire, notamment dans l’aide fournie à Guillaume III d’Angleterre. Il montre aussi le Grand Électeur incorporant avec les honneurs les officiers français dans son armée. L’apport a été aussi économique – souvent c’est l’aspect le plus cité –, avec partout la multiplication des manufactures textiles, notamment pour des tissus rares dont les huguenots détenaient les secrets de fabrication. On note aussi le développement des forges suédoises, l’essor de la culture du tabac en Brandebourg et au Danemark ; les cultures maraîchères et les vignes en Afrique du Sud, les industries papetières en Angleterre et horlogères en Allemagne… Si la majorité des exilés était fort pauvre, un certain nombre de banquiers émigrés apportèrent des fonds et modernisèrent les circuits traditionnels de transfert d’argent. Ce fut la Grande-Bretagne qui en bénéficia le plus et la création de la Banque d’Angleterre en 1694 leur doit beaucoup.
Selon le degré de développement des pays, l’apport culturel des huguenots se différencie. C’est en Grande-Bretagne et aux Provinces-Unies qu’hommes de lettres, scientifiques, théologiens, etc. furent les plus nombreux. Un certain art de vivre à la française se répandit en Europe avec la pratique de la langue française qui remplaça le latin comme langue d’étude, la cuisine, les vins, les produits et tissus de luxe, le mobilier, l’orfèvrerie… Tout cela annonce l’« Europe française au siècle des Lumières ».
Un dernier chapitre, « Retour et prospérité des huguenots au pays d’origine », met en valeur quelques destins mais ne cite pas le décret de la Constituante sur le droit au retour. Une chronologie et un index bien pratiques complètent le livre.
Gabrielle Cadier-Rey