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Julien Léonard, Être pasteur au xviie siècle. Le ministère de Paul Ferry à Metz (1612-1669), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2015, 356 p., préface d’Yves Krumenacker.

Sous le titre Être pasteur au xviie siècle. Le ministère de Paul Ferry à Metz (1612-1669), Julien Léonard publie une version remaniée (351 p.) de sa thèse de doctorat (1364 p.) soutenue en novembre 2011 sous la direction d’Yves Krumenacker. D’emblée, l’introduction situe l’ambition de ce travail, qui n’entend pas s’inscrire dans une perspective biographique classique mais bien plutôt mener une histoire sociale et culturelle de l’exercice du ministère pastoral au xviiesiècle à partir « d’un cas précis et exceptionnellement bien documenté  » (p. 16) : parmi ce qu’il est convenu d’appeler les « papiers Ferry  », citons à titre d’exemple la correspondance (plus de 2 400 lettres) et les sermons (1 040 conservés sur 2 330 recensés à la mort de Ferry). Cas particulier par l’importance du corpus de sources mais aussi par sa situation géographique, politique et institutionnelle : située en frontière de catholicité, Metz intègre peu à peu le royaume de France entre les xvie et xvii -->e siècles et n’appartient pas aux Églises réformées de France. En 1635, les réformés y représentent encore un tiers de la population (20 000 habitants). Neuf chapitres thématiques structurent l’ouvrage, chacun relatif à l’une des dimensions du « travail très varié  » (p. 30) du pasteur. Dans le premier chapitre, J. Léonard présente la période de formation de Ferry, qui naît à Metz dans une famille de notables (la mère de Ferry est la sœur du tout nouveau procureur général du roi) passée à la Réforme deux générations auparavant. L’engagement pastoral de Paul, qui succède à celui de son frère aîné, participe de l’affirmation de l’identité confessionnelle de la famille. Durant ses jeunes années, il fait preuve d’une véritable disposition pour la littérature : il compose de nombreux recueils poétiques (les premiers sont restés manuscrits) ; son premier livre paru en 1609, alors qu’il poursuit ses études au collège protestant de La Rochelle, est un roman sentimental – de forte inspiration autobiographique – genre alors à la mode. Ferry prolonge sa formation à Montauban où, après dix-huit mois, il est reçu docteur en théologie. En 1610, il publie un recueil de poésies où il exprime une vision poétique du ministère (idéalisation et exaltation de la figure du pasteur comme prédicateur et docteur en théologie) et de la politique (pièces consacrées à l’assassinat d’Henri iv ou encore au sacre de Louis XIII). À la mort de l’un des pasteurs de Metz en juin 1611, et après le refus de deux figures du corps pastoral français et sans doute l’intervention du père de Ferry, l’Église adresse à ce dernier une lettre de vocation. Il reçoit l’imposition de mains à Montauban, puisque cette cérémonie n’est pas organisée, du fait de sa non appartenance aux Églises réformées de France, par l’Église de Metz, où il revient à la mi-novembre 1611. La richesse des papiers Ferry permet à l’auteur d’examiner l’imposition reçue par Ferry – dont les différents récits faits par l’intéressé montrent toute l’importance dans sa trajectoire personnelle – mais également celles qu’il donne à de jeunes confrères au cours de son ministère et dont il conserve précieusement les traces, jusqu’à dessiner l’une d’entre-elles (p. 66, on regrettera d’ailleurs dans l ’ensemble la qualité moyenne des reproductions). C’est ensuite au cœur du métier du pasteur que J. Léonard s’intéresse : la prédication de l ’Évangile, le catéchisme, l ’administration des sacrements, l ’exercice de la discipline ecclésiastique. La partie sur la prédication détaille les conditions matérielles, la méthode de travail et le profil des prêches de Ferry. Comme ses collègues, il pratique la lectio continua. Ainsi, il consacre la moitié de sa prédication – 1 100 sermons – à l’épître aux Hébreux, ce qui l’occupe durant près de quarante ans (1624-vers 1663). Quelques interruptions de ce marathon existent, qui sont conjoncturelles (contexte politique ou sanitaire notamment). Malgré la majorité de prêches néo-testamentaires, Ferry commente plus (23%) que la moyenne de ses collègues (13%) l’Ancien Testament et n’hésite pas, alors que la Discipline le déconseille, à puiser chez des auteurs profanes pour construire ses textes. La cléricalisation de l ’exercice de la discipline au cours du xviie siècle fait de cette autre facette du cœur du métier de pasteur une occupation importante dans la vie quotidienne de Ferry. La « disciplinarisation  » (p. 91) consiste principalement en deux activités : les visites d’affligés et le règlement des mœurs. L’acculturation des fidèles repose sur un ressort important : l’exemple que constitue la vie même du pasteur. Cette dimension fait l’objet du troisième chapitre. Ferry fut marié deux fois, son premier ménage étant mieux renseigné que le second. Les sources montrent à la fois l’attachement des époux et le rôle public tenu par sa première femme Esther (au point que lors de son décès en 1636, dans le registre municipal des morts de la peste, elle apparait comme « Damoiselle Ferry ministre  » !). Ferry construit lui-même l’histoire de sa famille par la tenue de ce que J. Léonard appelle un « cahier de famille  », document différent du livre de raison par l’absence de partie comptable (Ferry se démarque d’autre exemples où ce sont les fils qui, après la mort de leur père pasteur, élabore ce genre de témoignages). Toujours est-il qu’au-delà de l’image que Ferry veut donner à lire, l’ensemble des sources permet de nuancer son récit et de mettre en évidence certaines difficultés familiales, liés à son remariage et à l’absence de vocation pastorale de ses deux premiers fils. Comme pasteur, Ferry se représente par le biais du portrait gravé, dont quatre exemplaires sont connus et dont l’étude, contextualisée à l’ensemble du corps pastoral européen, permet à l’auteur de mettre en évidence la cléricalisation du pasteur, en marche au cours du xviie siècle. Par ailleurs, son statut de bourgeois le place parmi « les privilégiés à l’échelle messine  » (p. 120) et cette position entraîne des interférences entre sa vie privée et sa vie professionnelle (question de l’exemption du logement des gens de guerre, débats sur des héritages, conflit avec les jésuites qui sont ses voisins).

C’est ensuite la sociabilité pastorale qui occupe un très intéressant quatrième chapitre. La richesse des sources étudiées permet à l’auteur d’examiner avec une certaine précision la nature des relations des quatre, voire cinq pasteurs de Metz durant le ministère de Ferry. Il met ainsi en évidence des discordances entre une bonne entente mise en scène côté public et des opinions défavorables des uns envers les autres, côté privé. Mais au-delà de sa ville natale, la sociabilité pastorale de Ferry se manifeste dans son importante correspondance. Écrites par 429 correspondants (dont 33 femmes), les 2 243 lettres connues sont pour plus de la moitié dues à des pasteurs ou des proposants. Les pôles épistolaires de Ferry sont Sedan, Paris et le « sud-ouest réformé  » pour le royaume et, en dehors – un tiers des lettres – des Églises d’Alsace et d’espaces germaniques proches de Metz, Genève, Bâle et enfin Leyde avec André Rivet. S’esquisse ainsi une « république des pasteurs  » (p. 138) réglée par une solidarité horizontale recoupée par des « hiérarchies implicites  » (p. 139). Ferry jouit assez rapidement d’une certaine reconnaissance et est souvent sollicité. Ainsi, il poursuit son effort de disciplinarisation par voie épistolaire, parfois même auprès de certains de ses collègues. Au-delà, Ferry développe également une sociabilité érudite : d’une part, via une sorte de mini société savante huguenote à Metz, regroupant six de ses coreligionnaires ; d’autre part, avec d’autres clercs messins, y compris les jésuites et le jeune Bossuet même si, dans le cadre de ces échanges au-delà de la frontière confessionnelle, il manifeste toujours son intransigeance théologique ou disciplinaire. Le chapitre V est précisément consacré à Ferry « face à la coexistence et aux luttes confessionnelles  » (p. 149) et c’est peut-être dans cette perspective que son cas est le plus original, puisqu’il évolue dans une ville triconfessionnelle. Néanmoins, ce contexte posé, J. Léonard observe l’absence quasi-totale de contact entre Ferry et la communauté juive, petite mais très structurée à Metz. La coexistence principale est donc celle du calvinisme avec le catholicisme, marquée par la coïncidence du ministère de Ferry avec une longue période d’absentéisme épiscopal, qui n’empêche pas l’importance (29 institutions religieuses en 1648) et l’organisation des agents de la Réforme catholique. En première ligne figurent les jésuites, qui s’installent à Metz en 1622, événement qui coïncide avec une multiplication des notes de travail de Ferry défavorables envers la Compagnie. La réaction de la communauté réformée messine conduit à la mise en place, en 1628, d’un « crypto-collège  » (p. 158) dont Ferry apparaît comme le principal. D’abord véritable succès puisque trois classes, dont une de logique, existent en 1633, cette expérience se solde par un échec du fait de la réaction des autorités. L’auteur examine ensuite la lutte menée par les agents de la réforme catholique contre les pasteurs en particulier, selon des modalités déjà connues : conférences théologiques ; controverses par chaire interposées (à partir de la fin de l’année 1653 à Metz, jésuites ou carmes assistent à deux des trois prêches hebdomadaires au temple) ; publicité donnée aux conversions ; production de libelles imprimés ; controverse livresque classique. Pour cette dernière catégorie, deux grands moments marquent la carrière de Ferry. En 1618, il répond à François Véron, avec un certain succès puisqu’une dans réédition de son ouvrage visé, le jésuite déplore les dérobades du camp adverse ; en outre une chaîne de controverse se déploie dans les années qui suivent, souvent d’un niveau relativement médiocre. En 1653, la parution du récit de conversion d’un réformé messin devenu catholique, probablement revu voire écrit par Bossuet, entraîne une réponse de Ferry resté inédite. Mais la parution l’année suivante de son Catéchisme général, qui répond autant au récit de conversion qu’à certains sermons messins de Bossuet, entraîne une réplique de ce dernier qui met en évidence les faiblesses du Ferry controversiste, au grand dam des réformés messins et même au-delà. Le dernier moment de la controverse renoue avec la forme de la conférence théologique, quoique totalement privée, lors du fameux dialogue « irénique  » des années 1666-1667 entre Ferry et Bossuet. Les guillemets sont de l’auteur qui observe l ’absence du terme sous la plume de Ferry dans les documents relatifs à ses liens avec Bossuet, alors qu’il l’emploie dans ses réflexions sur la réunion entre luthériens réformés. J. Léonard réexamine cet épisode très investi par l’historiographie, notamment du milieu du xxe siècle, qui l’a lu, à l’instar d’autres épisodes du xviie siècle (on pense à la fameuse Réunion du christianisme d’Isaac d’Huisseau), comme une préfiguration de l’œcuménisme contemporain. Il montre qu’en réalité, si la première phase de l’épisode constitue en effet un dialogue apaisé entre représentants des deux confessions, la seconde phase, lorsque l ’échange est connu des collègues de Ferry et des autorités catholiques, s’achève par un « fiasco  » (p. 182) où ces dernières font croire que la réunion est ordonnée par Louis XIV. Cet épilogue coïncide avec la « judiciarisation croissante de la controverse confessionnelle  » (p. 182). À Metz, le harcèlement judiciaire connaît un pic au début des années 1640 puis devient continue au cours de la décennie suivante tout en s’aggravant à tel point qu’il devient aussi physique : un controversiste messin attaque les pasteurs au sortir du prêche en 1656 et en 1661, Ferry est la cible d’un attentat commis par un officier. L’action antiprotestante des agents de la Réforme catholique vise aussi à entraver l’exercice du ministère de Ferry et de ses collègues, notamment dans leur activité de visites aux pauvres et aux malades et dans la matérialité de la vie de la communauté (remise en cause de la propriété du bâtiment de l’ancien temple réformé ; limitation du nombre d’orateurs au temple). Le sixième chapitre s’intitule « Un historien au service de son Église  ». C’est en réalité un autre mode de la controverse qui se manifeste via la question historique, puisque Ferry est chargé par son consistoire d’écrire une réplique à deux ouvrages, deux histoires des évêques et de l’hérésie à Metz, dues au suffragant Meurisse : cette mission d’écriture de l’histoire de la Réforme messine occupe Ferry jusqu’à sa mort et reste à l’état de notes de travail dans ses papiers. Dans la controverse avec Bossuet également, Ferry convoque des arguments historiques. De même, dans le harcèlement judiciaire subi par l’Église messine de la part des agents de la Réforme catholique, l ’histoire, parfois récente, est mobilisée. Ce chapitre est l ’occasion de revenir sur les méthodes de travail de Ferry, soit dans la perspective de son statut d’érudit soit spécifiquement d’historien et dans ce domaine, il se distingue de la majorité de ses collègues par sa réflexion épistémologique. Au plan de la méthode, l’approche chronologique est celle qu’il utilise. D’un point de vue pratique, il peut bénéficier de ses réseaux messin et européen pour collecter documents originaux ou copies. Son réseau ainsi mis à contribution indique que l’activité historienne de Ferry est une dimension de sa mission pastorale et il en transmet d’ailleurs les résultats dans sa prédication : « son but est de créer les conditions de l’émergence d’une culture réformée messine spécifique  » (p. 210).

Est ensuite examinée la question de l’influence de Ferry dans son Église. Les réponses de l’historien sont rendues délicates du fait de la disparition des registres du consistoire messin. Cependant, J. Léonard met en évidence le poids institutionnel et social des pasteurs sur leur communauté. La question du recrutement des pasteurs apparaît comme cruciale : s’impose à Metz une autochtonie que l’on retrouve outre-Manche ou dans le Saint-Empire. En outre, cette question met en lumière une forme d’anticléricalisme de la part de la communauté réformée messine. Ce chapitre est l ’occasion d’examiner la question du particularisme messin : son indépendance vis-à-vis des Églises réformées de France apparaît finalement plutôt comme un avantage, puisqu’il n’est pas synonyme d’isolement, l’Église n’hésitant pas à solliciter le synode national si nécessaire. Dans le sens inverse, Ferry intervient dans la vie des Églises réformées de France, par l’intermédiaire de son réseau épistolaire : aide (morale et financière) aux pauvres, aux réfugiés, aux convertis et soutien des carrières pastorales (soutien financier ponctuel, recommandation et appui institutionnel lors du placement de pasteurs amis). Émerge ainsi une identité professionnelle pastorale qui, pour Ferry, se caractérise par « de timides prises de positions théologiques  » (p. 245) : en ce domaine, les sollicitations que renseigne sa correspondance le montrent dans une position intermédiaire entre les « pasteurs secondaires [et] les pasteurs principaux du xviie siècle français  » (p. 246). D’une manière générale, ses interventions et actions indiquent qu’il est à la recherche d’une via media « visant à faire l’unité des réformées, voire des protestants  » (p. 247). Sur la question fondamentale et débattue de la grâce, si ses convictions personnelles sont sedanaises, il exprime cette volonté d’unité par son identité pastorale, allant jusqu’à laisser un collègue de tendance saumuroise prêcher à Metz. Dans l’un de ses rares sermons publiés, précisément sur la grâce, dans le contexte d’affirmation du jansénisme, il expose ce qui distingue la grâce de ces derniers de celles des calvinistes tout en ne faisant aucune référence au débat interne au calvinisme français. Son véritable engagement théologique s’exprime sur la question de la réunion des protestants, dans laquelle il s’investit – aidé notamment par ses échanges avec John Dury – en rédigeant un Traitté de la Réunion des Luthériens avec les Réformés dont, dans son testament et malgré son inachèvement, il prévoit la publication posthume, qui n’eut finalement pas lieu. Dans cette perspective, Ferry se révèle pour une fois plus proche des Saumurois que des Sedanais. Sa méthode en ce domaine suit celle de Dury et Duplessis-Mornay : il s’agit de définir les points de désaccords pour ensuite examiner leur statut d’adiapora. Dans sa prédication, Ferry développe parfois ses réflexions en ce domaine. En outre, il obtient une validation de son projet par le synode national de Loudun, rendant ainsi public son travail et dans les années qui suivent, l’attente d’une partie de ses collègues est attestée et finalement déçue. J. Léonard examine alors la carrière d’auteur de Ferry, montrant que l’ambitieux premier ouvrage qu’il publie en 1616, le Scolastici Orthodoxi Specimen, est plutôt négativement reçu par ses collègues et retourné contre les réformés par les controversistes catholiques. Cette première expérience de publication théologique explique la prudence de Ferry à voir paraître ses ouvrages, finalement peu nombreux de son vivant. Il publie toutefois deux ans plus tard ce qu’il qualifie comme étant son « Anti-Véron  », qui reçoit un accueil plus positif. C’est ensuite une réponse à une réplique catholique à son Scolastici... qui l’occupe un certain temps : elle paraît en 1630 et se solde, comme l’ouvrage qu’elle défend, par une réception mitigée qui entraîne son silence éditorial pendant quinze ans. C’est par l’intermédiaire de Valentin Conrart qu’il publie à nouveau un recueil de sermons en 1646, finalement le plus apprécié parce que l’un de ces sermons a été prêché à Charenton et reçu positivement par l’auditoire. Enfin, c’est en 1654 que Ferry publie son ouvrage peut-être le plus connu, le Catéchisme général, pour répondre au contexte messin de la controverse interconfessionnelle : sa renommée est surtout due à la réplique que lui donne Bossuet et comme avec le Scolastici..., Ferry n’apparaît pas à son avantage comme controversiste. Son dernier ouvrage, un sermon sur la grâce paru avant les effets de la réponse de Bossuet, reçoit également de vives critiques, même de la part de certains de ses proches. In fine, --> sa réputation comme auteur se révèle donc médiocre. Enfin, l ’ultime chapitre est consacré au Ferry politique, aussi bien du point de vue social à Metz que théorique. C’est en ce domaine que les qualités du pasteur sont les plus évidentes, dans un contexte particulier où Metz intègre par étapes le royaume de France. Ainsi, Ferry maintient toujours de cordiales relations avec les figures du pouvoir local, bénéficiant notamment du statut de sa famille. Il met cette reconnaissance au service de son Église : il apparaît comme le protecteur et le porte-parole privilégié de sa communauté (de l’ensemble du corps pastoral, il est celui qui est le plus souvent sollicité pour les harangues). Dans ses textes, Ferry témoigne du loyalisme des huguenots, question déjà bien connue. En 1634, lors de son séjour imposé en cour pour des soupçons de connivence avec l’étranger, sa correspondance personnelle et politique le montre soucieux de sa réputation et de la reconnaissance de sa fidélité au roi : il parvient à conserver la première et à exprimer la seconde auprès de l’ensemble de ses interlocuteurs, tant réformés que catholiques et sort finalement blanchi de cette affaire. L’auteur conclut en distinguant les éléments communs aux ministres français du xviie siècle et ce qui relève du cas particulier (long ministère messin) de Ferry. Parmi les premiers émergent les deux principales problématiques de la professionnalisation et de la cléricalisation du ministère. Le métier de pasteur revêt des fonctions multiformes et le cas de Ferry, comme d’autres, infirme définitivement le diagnostic d’Émile-Guillaume Léonard (simple homonymie) sur l’assèchement de la foi réformée au xviie siècle. Cette belle étude renouvelle en profondeur notre connaissance du profil d’un fameux ministre du Grand Siècle et, malgré le particularisme messin de Paul Ferry, constitue un jalon important dans le renouveau des études sur le corps pastoral à l’époque moderne.

Thomas Guillemin