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Luther et le luthéranisme
dans l’Encyclopédie

Alain CERNUSCHI

Université de Lausanne

L’Encyclopédie, par le mode même de fabrication que Diderot et D’Alembert1 lui insufflent, ne constitue pas un ensemble homogène d’articles aux orientations communes : le caractère fondamentalement collectif de l’entreprise et son histoire éditoriale longue et complexe lui donnent un caractère polyphonique et polymorphe. Cette particularité ressort de manière frappante lorsqu’il est question de religion. Ainsi, nous verrons que Luther peut y apparaître aussi bien comme un fanatique au « caractère inconstant » et un déclamateur incapable de donner « une bonne philosophie2 » que comme celui qui « parl[e] intelligiblement sur la justification & sur le libre arbitre » et permet aux « peuples plus éclairés » de « juger ce qu’ils avoient adoré3 ».

Les ressources électroniques d’aujourd’hui permettent de repérer rapidement dans l’Encyclopédie tous les articles où il est question d’un thème donné. Nous avons réuni ici ceux qui parlent de Luther et du luthéranisme. Ils forment un corpus de 165 items dont la liste figure en annexe.

La mise en commun de ces pages disséminées dans les 70 000 entrées du dictionnaire encyclopédique est un geste critique dont il convient, en préambule, de préciser la portée. La perspective sur l’œuvre qu’offre un tel corpus ne correspond pas au point de vue des lecteurs du temps, dont les parcours dans le réseau des articles étaient nécessairement sélectifs et dépendaient fortement de la matérialité, pour le moins encombrante, des dix-sept volumes in-folio. Au lieu de renvoyer à la réception, la perspective surplombante qu’autorisent les enquêtes numériques — par le fait qu’elles embrassent la masse textuelle effectivement produite à travers le processus éditorial tumultueux de l’Encyclopédie — éclaire en fait les caractéristiques de cette production. Et l’interprétation de telles sélections d’articles doit nécessairement passer par la prise en compte de ces conditions de production : étapes, aléas, multiplicité des apports, mode de travail par compilation, etc.

Un corpus multiforme

Rappelons d’abord que l’Encyclopédie n’est pas un dictionnaire historique. Les éditeurs le précisent d’entrée : « les articles d’Histoire de notre Encyclopédie ne s’étendent pas aux noms de Rois, de Savans, & de Peuples, qui sont l’objet particulier du Dictionnaire de Moreri4 ». Elle ne contient donc pas d’article « Luther » (on trouve en revanche deux entrées théologiques LUTHéRANISME et LUTHéRIEN). Nous verrons cependant que le chevalier de Jaucourt, contributeur omniprésent dans la seconde partie de l’entreprise, a su contourner l’obstacle en introduisant des notices biographiques dans des articles de géographie : c’est ainsi qu’un article consacré à Luther se cache sous l’adresse ISLEB, c’est-à-dire Eisleben, sa ville de naissance.

Donnons une première vue d’ensemble du corpus réuni. Le résultat numérique ne doit pas faire illusion. Certes, 165 articles évoquent Luther ou le luthéranisme dans l’Encyclopédie, mais il s’agit le plus souvent d’un extrait — développé ou non — à propos d’une question plus générale, voire d’une simple allusion. Les articles pleinement liés au luthéranisme ne forment qu’un sixième de l’ensemble (27 articles, en gras dans la liste annexée).

Ce noyau regroupe des articles rattachés aux domaines de la théologie et de l’histoire ecclésiastique, principalement dus à l’abbé Edme-François Mallet quand ils sont signés ; deux autres signatures apparaissent, celles d’Antoine-Gaspard Boucher d’Argis, pour une très brève entrée EVêCHéS ALTERNATIFS liée à la fois à l’histoire ecclésiastique et à la jurisprudence, et de Jaucourt pour ISLEB. Les deux tiers de ces articles centraux sont consacrés aux différents courants luthériens (ou anti-luthériens), souvent présentés de façon rapide. La doctrine théologique des luthériens ne donne lieu qu’à deux articles : CONSUBSTANTIATION, développé et critique, et IMPANATION qui n’est qu’un satellite du précédent. On peut y adjoindre LUTHéRIEN, qui liste les différents courants du luthéranisme en précisant succinctement leurs spécificités doctrinales, et AUSBOURG, (CONFESSION D’), sur la profession de foi présentée à Charles-Quint en 1530. L’article LUTHéRANISME, lui, privilégie une approche historique, de même que PAIX RELIGIEUSE, texte attribué au baron d’Holbach.

Les 94 articles dont seul un extrait concerne Luther ressortissent aussi, pour près de la moitié, de la théologie et de l’histoire religieuse ; pour l’autre moitié, ils se rattachent à des domaines plus éloignés, en particulier l’histoire de la philosophie et la géographie. Mallet reste ici un contributeur important (14 articles), mais c’est Jaucourt qui domine nettement (34 articles) ; les deux éditeurs sont présents (Diderot pour CéLIBAT, CORNARISTE, ECLECTISME et JANSéNISME ; D’Alembert pour FORMULAIRE). On relève enfin la signature sporadique de d’Holbach (ISLANDE) et de l’abbé André Morellet (GOMARISTE).

Dans ce deuxième ensemble, les articles d’histoire ecclésiastique concernent essentiellement des mouvements religieux dont les relations avec le luthéranisme sont évoquées (comme CALVINISTES ou MENNONITE) ; ceux de théologie abordent des dogmes et des sacrements catholiques cibles du réformisme luthérien, ou des notions théologiques au centre des débats entre les deux confessions (BAPTêME, COMMUNICATION D’IDIOMES, EUCHARISTIE, GRâCE, PRéDESTINATION, PRéSENCE RéELLE…). Les articles d’histoire de la philosophie évoquent Luther de façons très diverses — tantôt ennemi partial et malencontreux de la théologie scolastique5, tantôt « vrai sincrétiste en matiere de religion6 » —, soit plus marginalement à propos d’autres personnalités, comme Juste-Lipse dans STOïCISME ou Paracelse dans THéOSOPHES. Enfin, les articles de géographie parlent de Luther à la faveur des notices biographiques que Jaucourt y insère7 ou signalent la présence de la religion luthérienne dans des villes ou des territoires, principalement allemands, avec des précisions historiques ou des remarques valorisant la tolérance.

Restent 44 articles ne contenant qu’une allusion à Luther ou au luthéranisme, qui forment un quart des textes ici regroupés. Il s’agit pour moitié d’articles de géographie : mêmes entrées relatives à des royaumes ou à des villes et indiquant les religions pratiquées, mais ici de façon très rapide. L’autre moitié est constituée d’articles de théologie, d’histoire, de morale, et de domaines plus atypiques comme la médecine ou la grammaire, qui n’ont été retenus que pour une référence ponctuelle et non thématisée au luthéranisme8.

Le caractère évolutif du corpus, lié à l’histoire de l’Encyclopédie, se remarque clairement sur le plan des signatures. Dans les sept premiers volumes, parus année après année « avec approbation et privilège du roi9 », la contribution de Mallet, responsable de la théologie, domine largement (25 articles sur 50) alors qu’elle disparaît quasi entièrement dans les dix derniers, édités clandestinement après la révocation du privilège en mars 175910. Inversement, Jaucourt devient le contributeur principal des articles liés à Luther dans ces volumes-là (50 articles sur 115). Mais en même temps, les articles anonymes y prolifèrent : seuls 9 articles du corpus ne sont pas signés dans les sept premiers volumes, soit moins d’un cinquième de ce premier groupe11 ; on en compte 58 dans les dix derniers, autrement dit la moitié du second groupe.

Dans les limites imparties à cette étude, nous ne pouvons pas proposer une analyse de tous les articles importants du corpus. Afin de tenir compte de son caractère à la fois polyphonique et évolutif, nous suivrons un mode d’approche centré sur les principaux contributeurs et nous n’aborderons le groupe plus difficile à interpréter des articles anonymes que pour LUTHéRANISME et LUTHéRIEN.

La contribution partisane de l’abbé Mallet

L’abbé Edme-François Mallet (1713-1755) fait partie de l’équipe des premiers collaborateurs de Diderot et D’Alembert. Il signe de sa marque (G) plus de 2 000 articles dans les domaines de la théologie, de l’histoire ecclésiastique, de l’histoire et de la poésie12. Sa mort en 1755, alors que seuls cinq volumes de l’Encyclopédie sont sortis de presse, fait que sa présence s’estompe (surtout à partir du neuvième volume) — mais sans disparaître complètement. L’apparition de sa marque jusque dans les derniers volumes atteste qu’il avait rédigé au moins une partie de ses articles à l’avance, ce que l’on peut sans doute relier à la façon dont les contributeurs initiaux de l’entreprise avaient été recrutés. Comme Diderot s’en est expliqué dans l’article ENCYCLOPéDIE, chacun d’eux avait reçu la traduction des articles de la Cyclopædia de Chambers qui correspondaient à la « partie » dont il était responsable, « qu’il ne s’agissoit que de revoir, corriger, augmenter13 ».

La comparaison des articles sur Luther et le luthéranisme signés par Mallet avec la source anglaise est éclairante : elle révèle la façon dont il travaille à partir de textes qui lui servent de canevas ou de points de départ et dont il réoriente la portée signifiante par des modifications ponctuelles ou en exploitant des sources catholiques, dont il donne les références.

Ainsi, cette phrase initiale de Chambers, dans l’article ADIAPHORISTS : « a name given in the sixteenth century to the moderate Lutherans, who adhered to the sentiments of Melanchthon14 », devient avec Mallet : « On donna ce titre dans le xvie siecle aux Luthériens mitigés qui adhéroient aux sentimens de Melanchton dont le caractere pacifique ne s’accommodoit point de l’extrème vivacité de Luther15 ».

S’il se contente de telles retouches pour des articles qui ne lui paraissent pas demander de grands développements, comme la plupart de ceux relatifs aux « sectes » luthériennes, Mallet, en revanche, amplifie notablement les entrées de Chambers qui touchent à des questions de doctrine.

Par exemple, alors que l’encyclopédiste anglais ne consacrait que quatre lignes purement factuelles à la Confession d’Augsbourg, sous la vedette AUGUSTAN Confession, l’abbé français, lui, pour son article AUSBOURG, (CONFESSION D’), adjoint à la traduction de ces lignes trois longs paragraphes. Il emprunte d’abord à l’Histoire ecclésiastique pour servir de continuation à celle de feu Mr. l’abbé Fleury, due à Jean-Claude Fabre, une présentation sommaire mais systématique des 21 articles qui composaient la première partie de la Confession d’Augsbourg16, puis des sept points de la deuxième partie17. Mais pour terminer sur une note plus critique, Mallet se sert ensuite du récit que Bossuet, dans son Histoire des variations des Églises protestantes, faisait de «l’assemblée de Naümbourg » de 1561 au cours de laquelle les protestants avaient cherché à « donner une édition authentique » de la Confession d’Augsbourg, un récit au cours duquel l’évêque de Meaux s’amusait à souligner l’inutilité de l’entreprise ; Mallet retient notamment la raillerie des « Zuingliens » à l’encontre de cette Confession, qu’ils « appelloient malignement la boîte de Pandore, d’où sortoit le bien & le mal18 » — ce qui lui permet une péroraison sur l’idée que « la confession d’Ausbourg étoit une piece mal conçue, mal digérée, dont les parties se démentoient & ne composoient pas un système bien uniforme de religion ». Une analyse tout à fait parallèle pourrait être menée à propos de CONSUBSTANTIATION, texte également amplifié, à partir d’un paragraphe initial issu de la Cyclopædia, par l’exploitation des mêmes sources : l’attaque critique, visée manifeste de l’article, culmine dans un paragraphe ouvert par cette formule : « Luther dans ses propres principes se trompoit en admettant la consubstantiation19 ».

Le traitement du luthéranisme par Mallet peut globalement se résumer ainsi : dans les articles brefs, il insiste sur les divisions que connaît le mouvement et sur l’intransigeance, voire le fanatisme de son instigateur ainsi que sur le caractère illégitime de sa mission (article ECCLESIASTE, Prédicateur) ; dans les articles plus développés, il prend soin, à partir de sources orthodoxes, de mettre en avant l’argumentaire catholique pour mieux dénoncer les errements doctrinaux de Luther, tout en s’ingéniant à mettre en évidence les désaccords théologiques entre les courants réformés (voir surtout ESPRIT PARTICULIER et un développement de l’article EUCHARISTIE sur les interprétations divergentes qu’en ont données Luther, Zwingli et Calvin).

Cette attitude partisane et offensive peut surprendre dans l’Encyclopédie tant elle paraît peu conforme à la philosophie des Lumières. C’est un des cas les plus extrêmes de la polyphonie de l’œuvre que nous évoquions en préambule. On doit à W. E. Rex, qui a étudié l’ensemble de la contribution théologique de Mallet, la mise en évidence du profil atypique de ce collaborateur — dont les liens avec Jean-François Boyer, ancien évêque de Mirepoix et précepteur du Dauphin, avaient dû sans doute constituer, aux yeux des éditeurs, une sorte de garantie d’orthodoxie implicite offerte aux pouvoirs politique et religieux20. Ajoutons que le zèle catholique de Mallet ne s’exerçait pas seulement à l’encontre des réformés mais enveloppait les courants dissidents du catholicisme. À tel point que Malesherbes, le directeur de la Librairie, dut intervenir, au moment de la préparation du volume IV à l’été 1754, pour corriger puis supprimer l’article CONSTITUTION UNIGENITUS de l’abbé, dont le dogmatisme assumé et les partis pris anti-jansénistes menaçaient de réveiller la fameuse querelle et remettaient en question la Loi du silence21.

C’est peut-être l’une des raisons qui ont poussé les éditeurs, à partir du volume IV, à intervenir dans les articles relatifs à la religion.

Contrepoints éditoriaux

Il est frappant, par exemple, que Diderot prenne soudain en charge un article d’histoire ecclésiastique comme CORNARISTES, alors que tous les articles de ce type portaient jusqu’ici la marque de Mallet. L’éditeur en tire la matière non de sources catholiques bon teint mais de l’entrée « Koornhert » du Dictionnaire historique et critique de Bayle22. Et de fait, son article ne concerne pas le courant des « cornaristes » ; il présente le Hollandais « Theodore Cornhert », un « enthousiaste, hérétique » qui « disputoit en même tems & contre les Catholiques, & contre les Luthériens, & contre les Calvinistes23 ». Diderot retient en particulier le résumé que Bayle avait donné des idées de Koornhert, où l’on lit qu’en l’absence de preuves miraculeuses — qui seules auraient prouvé, selon lui, la vérité d’une communion, il fallait qu’« on se réunît tous sous une forme d’interim ; qu’on lût aux peuples le texte de la parole de Dieu sans commentaire, & que chacun en pensât comme il lui conviendrait24 » ; et cette phrase centrale : « Il croyoit qu’on pouvoit être bon Chrétien sans être membre d’aucune église visible ». On peut penser que Diderot a volontairement choisi d’orthographier le nom du Hollandais avec un C initial de façon à pouvoir insérer de telles idées dans un article d’histoire ecclésiastique dès le quatrième volume de son Encyclopédie.

D’Alembert intervient quant à lui dans la question du jansénisme avec l’article FORMULAIRE. Même si la référence qu’il y fait aux combats de la Réforme est marginale (elle sert de contraste pour souligner la vacuité des enjeux de la querelle autour du jansénisme), sa perspective est significative du recul critique que les éditeurs défendent : « Que les opinions de Luther & de Calvin ayent agité & divisé l’Europe, cela est triste sans doute ; mais du-moins ces opinions erronées rouloient sur des objets réels & importans à la religion25 ». La péroraison de l’article, sous forme de leçon adressée « à ceux qui ont l’autorité en main », fait cette fois nettement entendre la position des philosophes éclairés : il faut savoir « que les querelles de religion, même les plus futiles, ne sont jamais à mépriser ; qu’il faut bien se garder de les aigrir par la persécution ; que le ridicule dont on peut les couvrir dès leur origine, est le moyen le plus sûr de les anéantir de bonne-heure ; qu’on ne sauroit sur-tout trop favoriser les progrès de l’esprit philosophique, qui en inspirant aux hommes l’indifférence pour ces frivoles disputes, est le plus ferme appui de la paix dans la religion & dans l’état, & le fondement le plus sûr du bonheur des hommes ».

Les nombreux articles du chevalier de Jaucourt qui se réfèrent plus ou moins directement à Luther et au luthéranisme fonctionnent également comme des contrepoids aux articles les plus orthodoxes de l’Encyclopédie.

Les interventions éclairées de Jaucourt

Le chevalier Louis de Jaucourt (1704-1780) est l’encyclopédiste le plus prolixe de l’œuvre. Associé à l’entreprise dès la fin du 2e volume, il devient officieusement le co-éditeur des dix derniers, alors que d’Alembert a quitté le navire et que les collaborations se sont raréfiées. Il assume des milliers et des milliers d’articles, produits par un travail de compilation généralisé mais souvent subtil : la modification d’un mot ou d’une formule dans le texte qu’il recopie, l’ajout d’une remarque, plus ou moins développée, lui permettent de mettre en œuvre sur tous les sujets, discrètement mais de façon réitérée, une perspective philosophique qui promeut à la fois la tolérance, la lutte contre les préjugés et l’esprit critique. Rappelons par ailleurs les sympathies protestantes de Jaucourt, qui fut élevé à Genève dès l’âge de huit ans et où il fréquenta l’université avant de faire des études de médecine à Leyde26.

Ainsi, on l’a déjà signalé, instille-t-il l’idée de tolérance chaque fois que des articles de géographie l’amènent à mentionner la coprésence de plusieurs religions dans une cité ou un royaume. Exemple bref, dans KAUFFBEUREN : « On y professe la religion luthérienne, quoique la catholique soit la dominante27 ». Il souligne parfois le trait, comme dans PETERSBOURG : « On compte aujourd’hui dans cette ville trois cens mille ames, trente-cinq églises ; & parmi ces églises il y en a cinq pour les étrangers, soit catholiques-romains, soit reformés, soit luthériens : ce sont cinq temples élevés à la Tolérance, & autant d’exemples donnés aux autres nations28 ».

Par ailleurs, à travers les notices biographiques qu’il insère dans les articles de géographie, Jaucourt donne une image de Luther et de ses proches continuateurs beaucoup moins polémique que Mallet. Dans les lignes qu’il consacre à « Brentius ou Brentzen, (Jean) fameux ministre luthérien, & l’un des plus fideles disciples de Luther », voici par exemple comment il présente l’opposition de caractère entre les deux hommes : « Brentius étoit en même tems d’un caractere modéré : de-là vient que Luther se comparoit au vent qui brisoit les montagnes ; mais il avoit coutume de comparer Brentius, à cause de sa douceur, à ce vent paisible dont il est parlé dans le I. ou III. livre des rois, c . xix. v. 1229. » Il utilise la notice qu’il consacre à « Bugenhagen (Jean) » dans l’article WOLLIN pour mettre en évidence la collaboration qui a sous-tendu la traduction de la Bible en allemand et valoriser discrètement l’importance de cette traduction.

Mais, parmi ses notices biographiques, ce sont surtout les paragraphes que Jaucourt consacre à Luther lui-même dans ISLEB qui méritent d’être analysés. En fait, le choix de la source qu’il compile révèle d’emblée la perspective qu’il entend valoriser : le chevalier donne la parole à Voltaire, dont il recopie ou synthétise plusieurs paragraphes d’un chapitre de l’Essai sur les mœurs30 montrant comment la force de conviction d’un seul homme est capable de produire une « grande révolution dans l’esprit & dans le système politique de l’Europe31 ». Cependant, la comparaison ligne à ligne avec sa source montre que Jaucourt corrige parfois certaines expressions voltairiennes de façon à réorienter le sens du récit ; ainsi, les deux formules que nous citions en ouverture proviennent de retouches de l’encyclopédiste (que nous soulignons) : « les peuples plus éclairés voulurent juger ce qu’ils avoient adoré » ; « en parlant intelligiblement sur la justification & sur le libre arbitre ». Voltaire, qui évoquait des peuples « animés » et des discours « très-peu intelligibles32 », suggérait une influence irrationnelle proche de la fanatisation ; Jaucourt, au contraire, valorise la parole luthérienne et son impact comme un processus proche des lumières.

Ce n’est pas à dire qu’il s’en montre partisan. Dans les articles qu’il consacre à des notions théologiques, le chevalier manifeste bien plutôt une distance prudente, renvoyant dos-à-dos les dogmatiques des deux bords. Ainsi, à la fin du long article PRéDESTINATION — dont la première partie provient sans doute de l’abbé Mallet (résumé des « vérités catholiques sur la prédestination33 », usage de l’Histoire des variations de Bossuet) —, Jaucourt, à travers un montage complexe de citations, suggère qu’il y a des questions de foi si importantes mais si incompréhensibles qu’il est sage de respecter les croyances de chacun.

Nous n’avons pas la place pour aborder les autres articles signés du corpus, qui illustreraient de façon encore plus riche la diversité des approches réunies dans l’Encyclopédie, ni pour étudier l’ensemble délicat des articles non signés. Nous nous limiterons, sur ce dernier point, à LUTHéRANISME et LUTHéRIEN.

Polyphonie en sourdine

Ces deux textes sont caractéristiques des nombreux articles anonymes des derniers volumes : à la fois décevants, car procédant d’une compilation hâtive, et difficiles à interpréter étant donné l’absence de signatures. Globalement, ils exploitent à la fois les articles correspondants de Chambers et du Dictionnaire de Trévoux (dont l’encyclopédiste anglais était d’ailleurs lui-même parti). Tantôt, ce sont les paragraphes resserrés de l’Anglais qui sont utilisés, avec tous leurs renvois, tantôt le rédacteur français a préféré des développements plus incisifs du dictionnaire jésuite. Au total, le travail a essentiellement consisté, par rapport à Chambers, à accentuer une perspective critique à l’encontre de Luther et, par rapport aux articles des jésuites, à réduire les précisions sur sa doctrine. Ainsi, au moment de raconter l’épisode inaugural du combat contre les indulgences — où Luther, à la demande du «commissaire général [des Augustins] en Allemagne », doit « prêcher contre [l]es quêteurs » dominicains envoyés par le pape —, le rédacteur français laisse de côté le début de la version anglaise à la concision ironique (« Luther acquitted himself in a manner, that perhaps the commissary had not imagined») et réintroduit l’incise par laquelle les jésuites expliquaient psychologiquement la tournure des événements : « Luther, homme violent & emporté, & d’ailleurs fort vain & fort plein de lui-même34, s’acquitta de cette commission d’une autre manière que son supérieur apparemment n’avoit voulu35 ».

Comme la traduction de tous les articles religieux de Chambers a très probablement passé entre les mains de Mallet qui, par ailleurs, a souvent procédé par recoupements entre la source anglaise et le Dictionnaire de Trévoux, on peut émettre l’hypothèse que les articles LUTHéRANISME et LUTHéRIEN ont été fournis par l’abbé, qui n’aura pas eu le temps de les réviser36. Mais on doit alors supposer que des coupes ou des retouches ont été effectuées par les éditeurs des derniers volumes (pour expliquer, par exemple, que la formule « les opinions de Luther37 » se trouve préférée à celle des jésuites « les erreurs de Luther38 » alors que Mallet, dans les articles qu’il signait, privilégiait toujours le mot « erreur39 »).

En tous les cas, la présence de tels articles anonymes toujours très partisans dans les derniers volumes (voir encore SCHISME, ou SUFFISANTE GRâCE) fait que les discordances polyphoniques autour du luthéranisme, et plus généralement de la Réforme, apparaissent comme l’une des caractéristiques générales de l’Encyclopédie.

Pour conclure

Ce survol n’avait pour principale ambition que de donner une idée générale d’un corpus d’articles qui mériterait des études plus approfondies, et vaut donc avant tout comme une invitation à l’analyse. Il fait ressortir cependant à quel point l’Encyclopédie constitue une remarquable chambre d’échos donnant à entendre la multiplicité des discours qui circulaient sur Luther et le luthéranisme en France au milieu du xviiie siècle. À travers les voix directes des différents collaborateurs et les voix indirectes de leurs sources se dessinent deux pôles principaux : d’un côté, l’orthodoxie catholique, étonnamment prégnante (Mallet et Yvon, relayant Bossuet, Fleury prolongé par Fabre, les jésuites de Trévoux) ; de l’autre, le discours des Lumières dans ses diverses inflexions (Diderot, d’Alembert, Jaucourt et d’autres, relayant notamment Bayle et Voltaire). La présence sous-jacente de l’anglican Chambers et les sympathies protestantes de Jaucourt laissent aussi deviner, parfois, une perspective réformée.

Au total, le portrait de Luther et des luthériens qui transparaît à travers ces données fragmentaires et disparates est plutôt un portrait sans concession (charges de Mallet ; dénonciation de toute forme de sectarisme par les encyclopédistes éclairés), mais qui permet en même temps — par l’attitude encore polémique de Mallet mais aussi dans certaines analyses philosophiques de l’histoire de la Réforme — de mesurer à quel point la force de remise en question de l’action de Luther était encore vivement ressentie autour de 1750.

ANNEXE

Les 165 articles de l’Encyclopédie où il est question
de Luther et du luthéranisme

Dans la liste qui suit, nous respectons la distinction typographique entre articles de tête (vedette en grandes capitales) et entrées dépendant d’un article de tête (petites capitales) et reproduisons l’indication en italique qui complète la vedette en précisant le domaine de l’article ; figure ensuite la marque ou la signature du contributeur (voir la clé ci-après) ; [ns] signifie que l’article n’est pas signé. Après la barre oblique, nous indiquons le volume et les pages où se trouve l’article et précisons s’il figure dans le corpus pour un seul extrait, voire une simple allusion. Les articles entièrement consacrés à Luther ou au luthéranisme sont en gras.

Clé des marques de contributeurs : (A) = Boucher d’Argis ; (a) = Lenglet du Fresnoy ; (D.J.) ou (C D. J.) = Jaucourt ; (G) = Mallet ; (h) = Morellet ; (m) = Ménuret de Chambaud ; (O) = D’Alembert ; (—) = d’Holbach ; * [devant la vedette] = Diderot. Certaines signatures sont explicites.

ABSTEME (G) / I, 43-44 ; extr.

ADIAPHORISTES, (Théol.) (G) / I, 132-133

AMSDORFIENS, (Théol.) (G) / I, 383

ANABAPTISTES, (Théol) (G) / I, 392-393 ; extr.

ANTI-ADIAPHORISTES, (Théolog.) (G) / I, 499

ANTI-LUTHéRIENS ou SACRAMENTAIRES, (Théol.) (G) / I, 502

ARISTOTÉLISME, / I, 652-673 ; extraits in « Des Philosophes récens Aristotélico-scholastiques » et « Des Philosophes qui ont suivi la véritable philosophie d’Aristote » : 663 et 665

AUSBOURG, (CONFESSION D’) Théol. (G) / I, 890

BAPTÊME, (Théol.) (G) / II, 64-65 ; extr.

BAYANISME ou BAIANISME, (Hist. Ecclés. & Théol.) (G) / II ; 166-168 ; allus. : 167

BERENGARIENS, (Hist. eccles.) (G) / II, 207 ; extr.

CALIXTINS, (Hist. eccl.) (G) / II, 560 ; extr.

CALIXTINS (G) / II, 560-561

CALVINISTES, (Hist. ecclés.) (G) / II, 566 ; extr.

*CÉLIBAT, (Hist. anc. & mod. & Morale. ) / II, 801-805 ; extr. : 801 et 804-805

CENSEURS de livres, (Littérature.) [ns] / II, 818-819 ; extr.

*CERTITUDE, (Logique, Métaphysique, & Morale.) [partie attribuée à l’abbé de Prades / II, 845-862 ; allus. : 859

CHAMBRE ARDENTE [ns] / III, 47-48 ; extr.

CHAMBRE CRIMINELLE DU PARLEMENT, ou DE LA TOURNELLE CRIMINELLE / III, 50 ; extr.

COMMUNICATION D’IDIOMES, (Théol.) (G) / III, 729 ; extr.

COMMUNION, (Théol. ) [ns] / III, 731 ; allus.

CONFESSIONNISTES ou PROTESTANS, (Hist. eccles.) (G) / III, 849

CONFIRMATION, (Théolog. ) (G. ) / III, 852 ; allus.

CONSTITUTION, (Hist. mod.) (a) / IV, 63-72 ; allusions ; extr. 71

CONSUBSTANTIATEURS, (Théolog.) [ns] / IV, 100

CONSUBSTANTIATION, (Théol.) (G) / iv,100-101

CONTRITION, (Théol) (G) / IV, 145-148 ; extraits

*CORNARISTES, (Hist. ecclés.) / IV, 245 ; extr.

DANEMARK, (Géog. mod.) Art. deM. le Chevalier de Jaucourt. / IV, 621 ; allus.

DANUBE, (Géog. mod.) Article de M. le Chevalier de Jaucourt. / IV, 630 ; extr.

DÉFENSEURS, (Hist. ecclés.) (G) / IV, 740-741 ; allus.

DISSIDENS, (Hist. ecclésiast. mod) [ns] / IV, 1048 ; allus.

ECCLÉSIASTE, PRéDICATEUR (G) / v,522

*ECLECTISME, (Hist. de la Philosophie anc. & mod) / V, 270-93 ; extr. : 270-71 et 281

ÉCRITURE-SAINTE, (Théol.) (G) / V, 361-369 ; extraits in partie IV : 367-69

ÉGLISE, (Théolog), [ns] / V, 419-421 ; extr.

Élévation à la messe, (Théol. & Hist. ecclés.), (G) / V, 505-506 ; extr.

ÉPOQUE, (Histoire.), (O) / V, 834 ; allus.

ESPRIT PARTICULIER, spiritus privatus, (G) / V, 972-973 ; extr.

EUCHARISTIE, (Théol.) (G) / VI, 131-136 ; extr. : 132 et 135

ÉVêCHéS ALTERNATIFS, (A) / VI, 137

FELDKIRCH ou VELDKIRCH, Velcurium, (Géogr.) (C. D.J.) / VI, 465 ; extr. notice biogr. « Bernhardi, (Barthélemi) »

FORMULAIRE, (Théol. & Hist. ecclés.) (O) / VII, 183 ; extr.

FRANCONIE, (Géog) (D. J.) / VII, 287 ; allus. in notice biogr. « Æcolampade »

FRERES BOHéMIENS, ou FRERES DE BOHèME, (G) / VII, 301-302 ; extr.

GENÈVE, (Hist. &Politiq.) (O) / VII, [574]-578 ; allus. [575]

GOMARISTES, (Théologie. ) (h) / VII, 733-735 ; extr.

GRÂCE, en termes de Theologie [ns] / VII, 800-803 ; extraits : 802

GRONINGUE, (Géog.) (D. J.) / VII, 952 ; extr. notice biogr. « Vesselus, (Jean) »

GUNTZENHAUSEN, (Géog.) (D. J.) / VII, 1014 ; extr. notice biogr. « André Osiander »

HAILBRON, ou HEILBRON, (Géog.), (D. J) / VIII, 24-25 ; extr. notice biogr. « Faber, (Jean) »

HÉRÉSIARQUE, (Théolog.), [ns] / VIII, 158 ; allus.

HESSE la, (Géog.), (D. J.) / VIII, 189-190 ; allus.

HUTITES, (Théolog), (G) / VIII, 357 ; extr.

♦JANSÉNISME, (Hist. ecclés.), / VIII, 448-450 ; extr.

IMAGE, (Hist. anc. & mod.), [ns] / VIII, 559 ; extr.

IMPANATEURS, (Théologie.), [ns] / VIII, 583

IMPANATION, (Théol.), [ns] / VIII, 583

IMPUTATION, (Théologie), [ns] / VIII, 640 ; extr.

INQUISITION, (Hist. ecclésiast.), (D.J) [VIII, 773-776 ; allus. 775

INTERIM, (Hist. Mod.), [ns] / VIII, 829-830

INTERIMISTES, (Hist. ec.), [ns] / VIII, 830

JOB, (Théolog), [ns] / VIII, 866 ; extr.

ISLANDE, (Géog.) Islandia, (—) / VIII, 915-919 ; EXTR. 915

ISLEB, (Géog.), (D. J.) / VIII, 925 ; notice biogr. sur Luther

ISLEBIENS, (Théol.), [ns] / VIII, 925-926

KAUFFBEUREN, (D.J.) / IX, 115 ; allus.

KEMPTEN, (Géog.), (D. J.) / IX, 117-118 ; allus.

LÉIBNITZIANISME ou PHILOSOPHIE DE LÉIBNITZ, (Hist. de la Philosoph.), [ns] / IX, 369-379 ; allusions : 370 ; 372

LEUTKIRCH, (Géog), (D.J.) / IX, 450 ; extr. notice biogr. « Jean Faber »

LINDAU, en latin Landivia & Lindavium, (Géog), [ns] / IX, 554 ; extr.

LITURGIE, (Théolog.), [ns] / IX, 596-599 ; extr. : 597

LIVRE, (Littér), [ns] / IX, 601-611 ; extr. : 610

LUTHÉRANISME, (Théol.), [ns] / IX, 756-757

LUTHÉRIEN, (Théol.), [ns] / IX, 757

MAJORITES, (Hist. eccl.), [ns] / IX, 885

MAîTRES éCRIVAINS, (Art. méch), Cet article est de M. Paillasson / IX, 906-910 ; allus. : 910

MEISSEN, (Géog. ), [ns] / X, 307 ; allus.

MEMMINGEN, (Géog ) Drusomagus, (D.J. ) / X, 325-326 ; allus.

MENNONITE, (Hist. eccl. mod.), (D. J.) / X, 335 ; extr.

MÉTAMORPHISTES, (Hist. ecclés.), [ns] / X, 435-436 ; extr.

MITIGÉ, MITIGER, (Gram. ), [ns] / X, 582 ; allus.

NORDLINGEN, (Géog.), (D.J.) / XI, 227 ; extr.

NORWEGUE. (Géog.), (D. J.) / XI, 231 ; extr.

NOYON, (Géog.), (D. J.) / XI, 273-274 ; allus. in notice biogr. « Calvin »

NUREMBERG, ou NUREMBERG [sic], (Géograp), (D. J.) / XI, 285 ; allus.

ORDRE TEUTONIQUE, (Hist. mod.), [ns] / XI, 604-605 ; extr.

OSIANDRIENS, (Hist. eccles.), [ns] / XI, 683

OSNABRUCK, évêché d, (Géog), [ns] / XI, 684 ; extr.

PACIFICATION, (Hist. mod.), [ns] / XI, 736-737 ; allus.

PAIX RELIGIEUSE, (Hist. mod. politiq.) pax religiosa, [ns / attribué à d’Holbach] / XI, 770

PARDON, (Discipl. ecclés.), (D. J.) / XI, 933 ; extr.

PARLEMENT DE NORMANDIE, [ns] / XII, 60-61 ; allus. 61

PETERSBOURG, (Géog mod.), (Le Chevalier de Jaucourt.) / XII, 463-464 ; allus.

PHILIPPISTES, (Hist. ecclés.), [ns] / XII, 506

PIÉTISTES, (Hist. ecclés.), [ns] / XII, 603 ; extraits

PIÉTISTES, secte des, (Hist. ecclés.), (Le Chevalier de Jaucourt.) / XII, 603-604 ; extraits

PISE, (Géog mod), [ns] / XII, 656-657 ; extr. 657

PLESS, ou PSEZINA, (Géog mod), [ns] / XII, 759 ; extr.

POLITIQUE, (Philosophie.), [ns] / XII, 917-919 ; extr. in notice biogr. « Jean Bodin » 917

POLOGNE, (Géog. mod), (Le Chevalier de Jaucourt) / XII, 924-934 ; allusions

POLOGNE, sacre des rois de, (Hist. des cérémonies de Pologne.), (D . J.) / XII, 934 ; allus.

POLYGAMIE, (Théolog), [ns] / XII, 937-938 ; extr.

PORTE-GLAIVE, PORTE-ÉPÉE, (Hist. mod.), [ns] / XIII, 140-141 ; allus.

PRÉDESTINATION, (Théolog), (Le Ch. de Jaucourt.) / XIII, 274-278 ; extr. : 275-76, et 277

PRéSENCE RéELLE de Jesus-Christ dans l’Eucharistie, [ns] / XIII, 313-314 ; extr.

PRIMAUTÉ DU PAPE, (Hist. ecclés), [ns] / XIII, 365-367 ; extr.

PROTESTANT, (Hist. ecclés), [ns] / XIII, 506

PRUSSE, (Géog mod), (Le Chevalier de Jaucourt.) / XIII, 532-533 ; allusions

PYTHAGORISME, ou PHILOSOPHIE DE PYTHAGORE, (Histoire de la Philosophie.), [ns] / XIII, 614-630 ; allus. 627

QUEDLINBOURG, (Géogr. mod), (D. J.) / XIII, 697 ; extr. notice biogr. « Quenstedt (Jean-André) »

RACA, (Critique sacrée.), (D. J.) / XIII, 739-740 ; allus.

RATISBONNE, (Géograph. mod), (D. J.) / XIII, 827-828 ; extr.

RAVENSBURG, (Géog. mod.), [ns] / XIII, 831 ; extr.

RéFORMATION, (Théolog.), [ns] / XIII, 890-891 ; extraits

RÉORDINATION, (Théolog), [ns] / XIV, 124 ; extr.

RIGA, (Géogr. mod), (D. J.) / XIV, 289 ; extr.

RIPEN ou RYPPEN, (Géog mod), (Le chevalier de Jaucourt.) / XIV, 297-298 ; allus.

ROSE-CROIX, société des freres de la, (Histoire des impostures humaines), (D. J.) / XIV, 366 ; extr.

ROSENFELD, (Géog. mod.), (d.j) / XIV, 370 ; allus

ROTENBURG, (Géog mod), (Le chevalier de Jaucourt.) / XIV, 379-380 ; extr.

ROTERDAM, (Géog. mod), [ns] / XIV, 380-382 ; extr. in notice biogr. « Erasme », 381

RUFFAC, (Géog mod), (D. J.) / XIV, 432 ; allus. in notice biogr. « Pellican (Conrad) »

RUSSIE, (Géog. mod.), (Le chevalier de Jaucourt.) / XIV, 442-445 ; extr. 444

SACRAMENTAIRES, (Hist. Ecclés.), [ns] / XIV 475

SATISFACTION, (Théolog.), [ns] / XIV, 691 ; extr.

SCHÉLESTAT, (Géog. mod), (D. J.) / XIV, 761 ; extr. in notice biogr. « Bucer (Martin) »

SCHISME, (Théologie), [ns] / XIV, 765-766 ; extr.

SECTE, (Gram. & Théol), [ns] / XIV, 876 ; allus.

SéCULARISATION, (Hist. mod. polit.), [ns] / XIV, 883 ; extr.

SEGEDIN, ou SEGEDI, (Géog mod), (D. J.) / XIV, 888 ; extr. notice biogr. « Kis, (Etienne) »

SERVETISTES, (Hist. ecclés), [ns] / XV, 120-121 ; allus.

SIENNE, (Géog. mod.), (Le Chevalier de Jaucourt.) / XV, 177-180 ; extr. in notice biogr. « Ochino (Bernardino) », 178

STOCKHOLM, (Géogr. mod.), (Le Chevalier de Jaucourt.) / XV, 522-524 ; allus. in notice biogr. sur la « célebre reine Christine », 523

STOICISME, ou SECTE STOïCIENNE, ou ZéNONISME, (Hist. de la Philosophie.), [ns] / XV, 525-533, attribué à Diderot ; extr. dans la section consacrée à « Juste-Lipse », 533

STRASBOURG, (Gég. mod.) [sic], (Le Chevalier de Jaucourt.) / XV, 539-540 ; allus.

STUTGARD, (Géog. mod), (D. J.) / XV, 551 ; extr. notice biogr. «Jæger (Jean-Wolfgang) »

SUBSTANTIAIRES, (Hist. ecclésiastique.), [ns] / XV, 587

SUEDE, (Géog. mod.), (Le Chevalier de Jaucourt.) / XV, 623-625 ; extr. 624-625

SUEUR ANGLOISE, (Médecinepratiq), (m) / XV, 631-633 ; allus. 631

SUFFISANTE GRACE, (Théol), [ns] / XV, 634 ; extr.

SURINTENDANT, (Hist. ecclés.), [ns] / XV, 690

TERMINISTES, (Hist. ecclés), [ns] / XVI, 160 ; extr.

THÉOLOGIE, Theologia, [ns] / XVI, 249-251 ; extr. 249

THÉOSOPHES, LES, (Hist. de la Philosophie.), [ns] / XVI, 253-261 ; extr. 255

THOMASIUS, PHILOSOPHIE DE, (Hist. de la Philosophe), [ns] / XVI, 284-294, attribué à Diderot ; extr. 285

THORN, (Géog. mod) ou Toorn, en latin moderne Taurunium, (D. J.) / XVI, 298 ; extr.

TOLÉRANCE, (Ordre encyclop. Théolog. Morale, Politiq), Cet article est de M. Romilli le fils. / XVI, 390-395 ; allus. : 393

TRANSSUBSTANTIATION, [ns], / XV, 561-563 ; extr. 561

UBIQUISTES, ou UBIQUITAIRES, (Hist. Ecclés.), [ns] / XVI, 865-866

VERSIONS de l’Ecriture, (Critiq. sacrée.), (D. J.) / XVII, 165 ; extr.

ULM, (Géog. mod. ), (Le chevalier de Jaucourt) / XVII, 374-375 ; allus.

UNITAIRES, (Théol. &Métaph.), Article de M. Naigeon. / XVII, 387-401 ; allus. in notice biogr. « Lélie Socin », 400

UPSAL, (Géog. mod. ), (Le chev. de Jaucourt. ) / XVII, 481 ; extr.

WARTENBERG, (Géog. mod.), (D. J.) / XVII, 590 ; allus.

WEIL, (Géog. mod.), [ns] / XVII, 595 ; extr. notice biogr. « Brentius ou Brentzen, (Jean) »

WETTER ou STAD-WETTER, (Géogr. mod.), (D. J.) / XVII, 607 ; extr. in notice biogr. « Pincier (Jean) »

WILDENHAUS, (Géog mod. ), (Le Chevalier de Jaucourt. ) / XVII, 615-616 ; allus. in notice biogr. « Huldric Zwingle »

WIMSBERG, (Géog. mod.), (D. J.) / XVII, 622 ; extr. in notice biogr. « Œcolampade (Jean) »

WINEDEN, (Géog. mod), (D. J.) / XVII, 626 ; extr. notice biogr. « Lyserus (Polycarpe) »

WITTENBERG, (Géog. mod.), (D. J.) / XVII, 628 ; extr.

WOLLIN, (Géog. mod.), (D. J.) / XVII, 629-630 ; extr. notice biogr. « Bugenhagen (Jean) »

WORMS, (Géog. mod. ), (Le chevalier de Jaucourt. ) / XVII, 642 ; extr.

WURTEMBERG, WURTENBERG ou WIRTENBERG, (Géog. mod.), (Le chevalier de Jaucourt. ) / XVII, 645-646 ; extr. notices biogr. « André (Jacques) » et « Hunnius (Ægidius) »

ZUINGLIENS, (Hist. ecclésiast.), [ns] / XVII, 745-746 ; extr.

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1. Nous suivons la graphie adoptée dans les Œuvres complètes de D’Alembert en cours de parution chez CNRS-éditions.

2. Articles ANABAPTISTES (I, 392) et ARISTOTéLISME (I, 665). Nos citations de l’Encyclopédie sont tirées d’ENCCRE, Edition numérique collaborative et critique de l’Encyclopédie actuellement en préparation (mise en ligne : octobre 2017), et contrôlées sur l’exemplaire qui lui sert de référence, une édition de Paris 1er tirage de la Bibliothèque Mazarine (cote 2° 3442-1), dont la numérisation est déjà accessible sur le site Mazarinum, http://mazarinum.bibliotheque-mazarine.fr. Pour les références, nous indiquons en chiffres romains le volume de l’Encyclopédie, suivi de l’indication de page.

3. Article ISLEB (VIII, 925).

4. « Discours préliminaire » (I, xlj).

5. ARISTOTéLISME, attribué à l’abbé Claude Yvon, qui défend une « bonne Philosophie » en matière de théologie, celle que « l’université de Paris a été la premiere à dicter » (I, 663).

6. ECLECTISME, de Diderot (V, 271).

7. La liste en annexe précise les notices biographiques concernées.

8. Ainsi, par exemple, l’article TOLéRANCE, par ailleurs si intéressant, figure ici pour une seule occurrence du mot « luthériens » dans ce passage évoquant les conséquences de l’intolérance : « on ne verra donc de toutes parts que des buchers, des échaffauds, des proscriptions, des supplices. Calvinistes, romains, luthériens, juifs & grecs, tous se dévoreront comme des bêtes féroces ; les lieux où regne l’Evangile seront marqués par le carnage & la désolation ; des inquisiteurs seront nos maîtres ; la croix de Jesus deviendra l’étendart du crime, & ses disciples s’enivreront du sang de leurs freres ; la plume tombe à ces horreurs, cependant elles découlent directement de l’intolérance » (XVI, 393).

9. L’indication figure sur toutes les pages de titres de 1751 à 1757.

10. Imprimés en France avec une permission tacite, ces volumes paraîtront en une fois en 1765 avec l’adresse fictive « A Neufchastel, chez Samuel Faulche ».

11. Et pour certains d’entre eux, la règle implicite qui veut qu’une série d’entrées de même intitulé et relatives au même domaine ne soit signée qu’à la fin permet d’attribuer à Mallet avec une certaine vraisemblance les articles COMMUNION, CONSUBSTANTIATEURS et ÉGLISE.

12. Voir la notice de Sylviane ALBERTAN-COPPOLA pour ENCCRE, « Edme-François Mallet (1713-1755) », actuellement consultable sur le site du projet, onglet Les collaborateurs de l’Encyclopédie, http://enccre.academie.sciences.fr (consulté le 27.07.2016).

13. V, 644-645. On rappellera que le projet initial de l’Encyclopédie, dès janvier 1745, était celui d une traduction de l’œuvre de Chambers. Si l’entreprise change de dimension en changeant d’éditeurs (Diderot et D’Alembert prennent les rênes en 1747), le travail de traduction, accompli durant ces premières années, en est resté la base. Sur les relations entre l’Encyclopédie et la Cyclopædia, voir le riche chapitre que leur consacre Marie LECA-TSIOMIS dans Écrire l’Encyclopédie, Oxford : Voltaire Foundation, 1999, p. 184-229.

14. Chambers, Cyclopædia, 5e éd., Londres, 1741, vol. I (non paginé). Pour le choix de cette édition, voir Yoichi SUMI, « De la Cyclopædia à l’Encyclopédie : traduire et réécrire », dans : Ulla KOLVING — Irène PASSERON (éd.), Sciences, musiques, Lumières. Mélanges offerts à Anne-Marie Chouillet, Ferney-Voltaire : Centre international d’étude du xviiie siècle, 2002, p. 409-419.

15. I, 132-133.

16. La comparaison ligne à ligne avec la source qu’il compile (Histoire ecclésiastique, Paris, 1730, t. XXVII, p. 145-150) montre qu’il condense parfois la présentation, mais qu’il peut aussi ajouter une précision ; par exemple, à propos du 13e point, sur le fait que « la foi actuelle [exigée] dans l’usage des sacremens » (formule de l’Histoire ecclésiastique, p. 147) l est pour « tous ceux qui [les] reçoivent, même [pour] les enfans » (I, 890).

17. Pour ce nouveau paragraphe, Mallet réduit notablement les développements de sa source : près de trois pages de l’Histoire ecclésiastique (148-150) sont ramenées à 18 lignes.

18. Cf. I, 890b avec Jacques-Bénigne BOSSUET, Histoire des variations des Églises protestantes, Paris, 1688, vol. I, p. 489-491.

19. IV, 100. L’argumentaire qui suit (IV, 100-101) est tiré de lHistoire ecclésiastique, Paris, 1729, t. XXVI, p. 398-399.

20. Walter E. REX, « “Arche de Noé” and Other Religious Articles by Abbé Mallet in the Encyclopédie », Eighteenth Century Studies 9 (1975-1976), p. 333-352 ; version française dans Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, 30, 2001, p. 127-147. Rex souligne d’ailleurs l’étrange hiatus qu’il y a entre les articles religieux de l’abbé et l’éloge qu’en font les éditeurs à sa mort (à la fin de l’« Avertissement » du tome VI, où ils louent notamment sa « modération » et son « impartialité », VI, v), éloge qui fonctionnerait en fait comme une sorte de paravent.

21. Le dossier relatif à cette affaire figure dans Richard N. SCHWAB et al., Inventory of Diderot’ Encyclopédie, (Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, vol. lxxx), Genève : Institut et Musée Voltaire, 1971, p. 149-183. Catherine Maire prépare actuellement l’annotation de l’article censuré et une présentation renouvelée du dossier pour ENCCRE (v. note 2).

22. Dans la cinquième édition du Dictionnaire, parue à Amsterdam, Leyde, etc. en 1740, l’article se trouve au t. III, p. 13-16 ; Diderot n’exploite que le début de l’article, p. 13.

23. IV, 245 (pour toutes les citations de l’article).

24. Cette dernière proposition correspond à une réécriture propre à Diderot ; dans le Dictionnaire de Bayle on lit : « sans rien prescrire aux Auditeurs par maniere de precepte ou de défense, mais tout au plus par maniere d’avertissement ».

25. VII, 183 (pour toutes les citations de l’article).

26. Sur la vie de Jaucourt, l’étude ancienne de John LOUGH reste une référence : « Louis, chevalier de Jaucourt (1704-1780), a Biographical Sketch », in Essays presented to CM. Girdlestone, Newcastle-on-Tyne, 1960, p. 195-217. Sur Jaucourt encyclopédiste, voir le récent recueil : Gilles BARROUX — François PéPIN (dir.), Le chevalier de Jaucourt. L’homme aux dix-sept mille articles, Paris : Société Diderot, 2015.

27. IX, 115.

28. XII, 463.

29. Article WEIL, XVII, 595.

30. Il se réfère précisément à l’édition de 1756, intitulée Essay sur l’histoire générale, et sur les mœurs et l’esprit des nations, [Genève], t. III, chap. 107, p. 94-101. Sur la façon dont Jaucourt exploite Voltaire dans l’Encyclopédie, on peut désormais se référer à l’étude de fond d’Olivier FERRET, « Jaucourt et Voltaire », partie II de son Voltaire dans l’Encyclopédie, Paris : Société Diderot, 2016, p. 113-218.

31. VIII, 925 (pour toutes les citations de l’article).

32. Essay, éd. cit., p. 94 et 96.

33. XIII, 274.

34. Trévoux ajoutait encore : « & de son prétendu mérite » (Dictionnaire universel françois et latin [dit « de Trévoux »], Paris, 1743, vol. IV, col. 420.

35. IX, 756.

36. On relève en effet de nombreuses erreurs de copie dans les dates et les noms propres.

37. Article LUTHéRIEN, section Luthero-Calviniste (IX, 757), suivant la leçon de Chambers.

38. Dans l’entrée LUTHéRO-CALVINISTE (Dict de Trévoux, 1743, vol. IV, col. 422).

39. Comme dans ANABAPTISTES, BERENGARIENS, CALVINISTES, ECCLéSIASTE, etc. W. E. Rex a montré, dans son étude sur Mallet (v. note 21), que l’article LIBERTé DE PENSER du vol. IX, qui porte le (G) de Mallet, a visiblement été retravaillé par les éditeurs.