Francis M. Higman (1935-2015)
Notre collègue Francis M. Higman, Professeur honoraire de l’Université de Genève, est décédé le 10 juin 2015, à près de quatre-vingt ans.
Francis Higman soutint au St John’s College d’Oxford une thèse, publiée en 1967 : The Style of John Calvin in his polemical Treatises : elle annonçait les études de stylistique et de philologie au terme desquelles il identifia Calvin comme l’un des créateurs de la langue française moderne. Directeur du Département des Études françaises à Dublin – au Trinity College – de 1970 à 1980, puis à Nottingham, de 1980 à 1988, F. Higman fut ensuite, de 1988 à 1998, le directeur de l’Institut d’Histoire de la Réformation (Université de Genève), devenu un pôle de renom international. Après Genève, il choisit avec son épouse de s’installer dans le piémont cévenol, où ils se sont enracinés.
Le titre d’un recueil de ses articles dit l’orientation de ses travaux : Lire et découvrir. La circulation des idées au temps de la Réformes (Genève, 1998). Il écrivit en français et en anglais, ceci par fidélité et pour expliquer à un large public la diffusion de la Réforme en France, titre d’un livre paru en 1992. Dans toutes les bibliothèques d’Europe, il dénicha les livres interdits dans le royaume de France (voir Censorship and the Sorbonne… 1520-1551, Genève, 1979), et les petits livres « évangéliques » en langue vulgaire (voir Piety and the People, Aldershot, 1996). Bibliographe et historien du livre, expert en stylistique et en rhétorique, attentif à la théologie, F. Higman, souvent aux côtés de J.-F. Gilmont et d’O. Millet, renouvela les études calviniennes auxquelles s’initièrent de nombreux « seiziémistes », ce qu’atteste un « cahier des présences » de l’École Pratique des Hautes Études où notre ami fut, en 1986-87, Directeur associé. Dès lors, bien que très sollicité, F. Higman garda d’étroites relations avec Paris. Ainsi y modéra-t-il avec autorité et humour de vifs débats surgis au cours de Journées d’études que nous avons organisées huit années durant. Après 1998, associé au Comité de la Société de l’Histoire du Protestantisme français, il collabora à l’édition de son Bulletin. La parution, en 2009, d’Œuvres de J. Calvin dans la « Bibliothèque de la Pléiade » lui doit beaucoup. Il consentit, après des hésitations partagées, à voir modernisée l’orthographe originelle car, avec la rigueur et l’érudition du savant qu’il était, F. Higman tint aussi à écrire pour « tous » : d’où par exemple, en 2002, La Réforme : pourquoi ? En cela, il retrouvait l’intention des diffuseurs du Psautier au xvie siècle, Psautier dont il présenta les harmonisations dans le t. 158/2 (2012) du Bulletin. F. Higman était en effet également connu et aimé comme musicien, chanteur, chef de chœur – dernièrement à Conqueyrac – et organiste. Le 15 juin 2015, au temple de Saint-Hippolyte-du-Fort, fut jouée en hommage et après qu’il l’eut souvent offerte à d’autres, la Toccata et fugue en ré mineur (BMW 565) de J.-S. Bach.
Bernard Roussel