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Marie-France de Palacio, Blanche Gamond, Résister à l’intolérance religieuse, Lyon : Olivetan, 2015, 158 p.

Il y a un peu de la Légende dorée dans l’histoire de Blanche Gamond, dans la façon dont, telle une jeune chrétienne elle résiste à ses bourreaux romains, ou comme Jeanne d’Arc face à Cauchon, elle a réponse à tout. Blanche Gamond est née en 1664 à Saint-Paul-Trois-Châteaux, dans une famille protestante. Elle a 19 ans quand la région subit une dragonnade. À la violence ou à la corruption utilisées pour qu’elle se convertisse, elle oppose sa résistance et surtout les versets bibliques adéquats.

Avec ses parents d’abord, puis seule, elle essaie de fuir, à Orange, à Grenoble, pour gagner la Suisse, mais elle est arrêtée et enfermée à la prison de Grenoble. Toujours inflexible, elle s’appuie pour expliquer sa conduite sur de bonnes citations bibliques qui rendent furieux ses bourreaux. Elle est condamnée à la prison à perpétuité et transférée à l’Hôpital de Valence où le directeur a pour surnom « La Rapine ». Mauvais, arbitraire, il s’appuie sur un bataillon de femmes qui ont toute latitude pour faire « expier à son corps la témérité de son âme ». Ce ne sont donc que coups, injures, brimades, manque de soins. Comme ses compagnes de malheur, elle est tondue, ce qui représente l’humiliation suprême. Mais convaincue d’être dans la main de Dieu et que c’est lui qui veut mettre sa foi à l’épreuve, Blanche prie et lui demande de lui donner la force nécessaire. Plusieurs de ces prières sont consignées dans le livre. La présence obligatoire à la messe deux fois par jour est à ses yeux le pire des fléaux.

À l’été 1687, avec trois autres compagnes, elle tente une évasion. Mais trop affaiblie, elle fait une chute et se brise en plusieurs endroits. Ramenée à l’hôpital, elle est plus ou moins soignée, mais ces soins donnent lieu à des descriptions horrifiantes. Enfin, différents amis ayant pu réunir une rançon, elle est libérée le 26 novembre 1687 et dès que ce lui est physiquement possible, elle gagne Genève. En Suisse, elle entreprend de rédiger ses mémoires qui ont servi de trame à ce livre et elle fait des collectes pour acheter la libération des galériens. Restée partiellement infirme, elle meurt le 9 mai 1718.

Gabrielle Cadier-Rey