Revue française d'histoire du livre

La vie intellectuelle en Aquitaine à l’époque de Montaigne : le Collège de Guyenne & la culture des juristes et des médecins

DOSSIER_145

Avant-propos

Evelien CHAYES

Ingénieure de recherche, Institut de recherche et d’histoire des textes, CNRS (UPR 841), Paris

Violaine GIACOMOTTO-CHARRA

Professeur des Universités, Centre Montaigne, UR 24142 Plurielles, Université Bordeaux Montaigne

Xavier PRÉVOST

Professeur d’histoire du droit, membre junior de l’Institut universitaire de France, UR 7434 Institut de recherche Montesquieu, Université de Bordeaux

Les articles qui constituent ce dossier sont le fruit des journées d’étude qui se sont tenues à Bordeaux les 31 mars et 1er avril 2022, dans le cadre du projet régional HumanA, soutenu par la région Nouvelle-Aquitaine. Ils font suite au premier dossier paru dans le numéro 142 de la Revue Française d’Histoire du Livre, en 20211, et seront complétés par la publication d’au moins deux autres journées d’étude, dont l’une, consacrée à l’Aquitaine néo-latine de la Renaissance, a eu lieu en mai 2023 et vient de paraître dans la revue en ligne Camenæ2, et l’autre, a eu lieu en mai 2024, sur le thème « Sciences et savoirs en Aquitaine à l’époque de Montaigne3 », avec un regard tout particulier sur le monde médical, que ces journées de 2022 ont laissé de côté, faute de combattants4.

Ces rencontres ont réuni des travaux portant sur deux thèmes, qui, avant que la pandémie de covid ne perturbe durablement l’organisation des travaux universitaires, auraient dû donner lieu à deux journées séparées mais qu’il a été possible de réunir, car ils touchent en réalité à un même sujet : la culture des élites bourgeoises et de noblesse de robe en Aquitaine – médecins pour les premières et magistrats pour les secondes – ainsi que la nature et les modalités de leur formation, assurée dans le Bordeaux de la seconde moitié du xvie siècle par le fameux « meilleur college de France » selon Montaigne, le Collège de Guyenne.

Soit formés par ce dernier, soit passés par le moule plus ou moins identique d’un autre collège humaniste, poursuivant bien souvent leurs études à Montpellier – pour la médecine – et à Toulouse – pour le droit –, les élites aquitaines ont en partage la formation commune aux élites françaises, mais aussi quelque chose de singulier, qui tient à la spécificité de la culture humaniste qui se construit tardivement à Bordeaux dans la deuxième moitié du xvie siècle (si l’on songe à Lyon, au regard de laquelle Bordeaux semble plus que terriblement en retard). Sous l’impulsion de la jurade, le Collège de Guyenne d’abord (dont la création est étudiée dans ce dossier par Marie-Bénédicte Le Hir), puis, à partir de 1572, l’atelier et la boutique d’imprimeur-libraire de Simon Millanges (v. 1540-1623), voulus par la jurade, contribuèrent à doter la ville des outils nécessaires au développement et à la production d’une culture humaniste digne de ce nom. La présence de pédagogues venus de loin, apportant avec eux la pensée humaniste et ses innovations pédagogiques, tel George Buchanan (1506-1582) – étudié pour ses tragédies par Charles Mazouer, aux côtés de celles de Marc-Antoine Muret (1526-1585) – ou au contraire, d’érudits du cru, attachés à leur « pays », comme Élie Vinet (1509-1587) – étudié par Hannelore Pierre dans ses pratiques pédagogiques, et par Sabine Rommevaux-Tani pour son œuvre mathématique – est également déterminante. Elle contribue à insérer Bordeaux, et au-delà, des villes comme Agen ou Limoges qui regardent vers elle – alors que Poitiers est plus nettement autonome – dans le mouvement humaniste européen et à favoriser la construction d’une identité spécifique, par la recherche d’illustres prédécesseurs, comme les professeurs bordelais chantés par Ausone (v. 310-v. 395), et par le recueil des inscriptions et des vestiges divers de l’antique Burdigala. La fierté d’être les habitants éminents d’une ville à l’antiquité aussi illustre que Bordeaux se lit partout : dans la publication d’une édition spécifiquement bordelaise des œuvres d’Ausone, parues à Lyon avant que Bordeaux ne s’empare de son patrimoine ; dans les premières collections antiquaires, comme celle de Florimond de Ræmond5 ou dans l’exhibition des collections antiques par la municipalité6 et dans le plan même de la ville [Fig.] sur lequel la taille des monuments antiques – Piliers de Tutelle et Palais Gallien – ne sont pas à l’échelle, témoignant de la puissance de l’Antiquité bordelaise face aux symboles modernes du pouvoir qu’étaient la cathédrale Saint-André et surtout le fort du Hâ, où siégeait le représentant du roi de France en Guyenne7.

Dans cette construction, juristes et médecins jouent un rôle essentiel. Ils ont pu être formés au Collège de Guyenne, comme Michel de Montaigne (1533-1592) lui-même, puis siègent au parlement et/ou sont membres de la jurade, s’occupant à leur tour de favoriser – et de contrôler – le collège et la production des presses de Millanges. Comme partout ailleurs, ils constituent des réseaux, fortifiés par des intérêts communs, par les liens du mariage mais aussi par une réelle culture humaniste partagée. Outre Montaigne, Étienne de La Boétie (1530-1563), Guillaume Du Bartas (1544-1590, dont le réseau est étudié par Denis Bjaï, qui donne un bon exemple de la complexité de ce type de liens professionnels, sociaux, familiaux et culturels), Pierre de Brach (1547-1605), Gabriel de Lurbe (1538-1613), Scipion Dupleix (1569-1661), pour ne citer que les plus célèbres, sont tous soit des juristes en exercice, soit au moins des juristes de formation. Ils écrivent, et pas seulement des œuvres de droit, bien au contraire8. L’intense échange des pièces d’escorte et les tombeaux littéraires – comme celui de Blaise de Montluc (v. 1502-1577) – témoignent des liens qui unissent ces juristes entre eux, mais aussi les juristes et les médecins et enfin ce milieu de robins et de bourgeois avec les pédagogues et les lettrés du Collège de Guyenne.

Civitatis Burdegalensis in Aquitanea genuina descrip[tio], gravure en taille douce rehaussée de couleurs, détachée de Braun et Hogenberg, Civitates orbis terrarum [1580 ?] (Bordeaux, Bibliothèque municipale – Delpit 1/34).

Ces journées, et le dossier qui en est issu, ont donc voulu mettre plus particulièrement en lumière le milieu du Collège de Guyenne, ce qu’on y enseignait, ce qu’on y lisait (Marie-Luce Demonet essaie ainsi de reconstituer les lectures de Montaigne au collège), les textes produits par ce petit milieu, ce que l’on peut savoir également des réseaux qui le constituaient. Les travaux sur le Collège de Guyenne sont anciens9 et l’historiographie du xixe et du début du xxe siècle ne s’intéressait pas nécessairement aux mêmes choses que la recherche actuelle, davantage curieuse des conditions intellectuelles de la formation des élites, des réseaux et de la construction d’une culture sentie comme collective : les articles ici réunis entendent donc à la fois revivifier et renouveler la tradition érudite dont les apports restent importants et dormaient depuis des années.

Le Collège de Guyenne fut en effet à la fois un lieu de vie, pour les élèves et les professeurs, un lieu de bouillonnement pédagogique, philosophique et littéraire, et un lieu où s’échangeaient des connaissances, se prenaient des habitudes et se créaient des liens10. Il s’inscrit dans la vie culturelle de la ville et de la région en contribuant à la circulation des savoirs et des savants, permettant le séjour – plus ou moins long – à Bordeaux de nombreuses figures intellectuelles venues de l’Europe entière. La culture bordelaise dans son ensemble est le fruit d’un double mouvement, la mobilité européenne des personnes et des savoirs autant que l’innovation et le bouillonnement locaux. Plusieurs familles de descendance ibérique intégrèrent par exemple la société grâce à l’obtention du statut de bourgeois et du baptême et certains de leurs membres s’illustrèrent en tant que jurats et gens du parlement : à l’image de la ville, le Collège de Guyenne fut dès ses débuts un creuset caractéristique des échanges européens de l’époque, de la péninsule ibérique – par exemple les liens avec Coimbra – aux pays du Nord (présence de Buchanan ou de Roger Balfour). C’est donc en toute logique par des études sur ce collège et sur la figure centrale d’Élie Vinet que s’ouvre le dossier. La production écrite de celui-ci reste encore étonnamment peu étudiée, qu’il s’agisse de son travail d’éditeur et de philologue, ou de son travail de pédagogue et d’auteur, un peu contraint, de manuels scolaires.

Le milieu des juristes et des médecins aquitains, par ailleurs, n’est véritablement connu qu’à travers quelques figures, comme Montaigne, La Boétie ou dans une moindre mesure Pierre de Brach, qui ont laissé de surcroît une œuvre ayant effacé leur identité de juriste plutôt que ne l’ayant confortée. Or le milieu des médecins, par exemple, mérite à la fois des études individuelles et une étude collective. Latinistes, parfois hellénistes, les médecins bordelais participent à la vie humaniste en éditant les anciens, comme le fait Étienne Maniald (v. 1535-v. 1599) avec la Chirurgie d’Hippocrate11, mais aussi en assurant la circulation des textes en prise avec l’actualité médicale contemporaine, qu’il s’agisse de l’épidémie de peste, qui donne naissance à une abondante littérature, importée12 ou locale13, ou de celle de syphilis. Ainsi Maniald traduit-il le traité sur la vérole de Guillaume Rondelet (1507-1566)14, signalant outre son intérêt pour l’actualité, des liens probables avec Montpellier, dont atteste aussi l’édition des Erreurs populaires de Joubert (1529-1583) par Millanges15. Ils jouent leur rôle auprès de la jurade par des conseils de santé publique : ainsi Pierre Pichot (v. 1520-1580), dont Montaigne possède un traité sur l’âme16, adresse-t-il ses recommandations aux magistrats bordelais pour les temps d’épidémie17. Ils témoignent de la vie quotidienne médicale, ordinaire ou extraordinaire à laquelle se mêle, comme il se doit, une solide culture humaniste18, et mènent aussi parfois une petite activité littéraire. Des figures jusqu’ici oubliées sont apparues grâce à des travaux très récents, tel Ervé Fayard, un périgourdin traducteur de Galien19, qui se fait représenter au seuil de son ouvrage par un portrait où il arbore un magnifique béret et s’intéresse, dans sa préface, aux questions de réformes de l’orthographe20. On entend ainsi retentir les échos locaux des succès de librairie européens, parfois importés par des Aquitains de passage venant de contrées plus fortunées, comme ces Diverses leçons de Loys Guyon, Dolois, sieur de la Nauche conseiller du roy en ses finances en Lymousin suivans celles de Pierre Messie21. Les journées à venir sur la science en Aquitaine permettront de mieux éclairer certaines de ces figures.

Les juristes, quant à eux, occupent une place de choix dans l’Europe de la Renaissance. Les études de droit constituent une voie privilégiée et souvent indispensable pour accéder aux fonctions les plus importantes, et donc pour côtoyer – voire pour faire partie – de l’élite culturelle22. Outre les institutions administratives et judiciaires, ils peuplent les entourages royaux et seigneuriaux, mais aussi les cénacles où le renouveau des studia humanitatis bouleverse l’ensemble des connaissances23. Le droit ne reste pas à l’écart des transformations qui, dans le cadre d’une circulation européenne des savoirs et du développement de la philologie, remettent en cause les méthodes médiévales d’étude des textes et transforment la culture des juristes, à travers l’Europe24, comme celle des autres disciplines. L’examen d’une figure comme celle du juriste et membre du parlement Jean d’Arrérac (fin xvie-début xviie siècle, étudié par Stéphan Geonget) permet d’éclairer le rôle et la place de l’Aquitaine dans ce bouleversement plus général de l’humanisme juridique, mais aussi de mesurer peut-être la spécificité de l’ancrage aquitain.

Le renouveau de la pensée juridique s’inscrit pleinement dans la circulation de l’humanisme à l’échelle européenne depuis la seconde moitié du xve siècle. Celle-ci est notamment le fait des pérégrinations universitaires, qui assurent l’implantation progressive de l’humanisme juridique dans l’ensemble du continent. Le mouvement fleurit particulièrement en France. Bordeaux est ainsi entourée d’universités à partir desquelles l’humanisme juridique rayonne dans toute l’Europe : Bourges25, qui s’impose au cours du xvie siècle comme le principal foyer du renouvellement des études de droit, et Toulouse26, dont la prestigieuse faculté de droit influence, voire forme, les juristes de Languedoc et de Guyenne. Par la mise en œuvre d’une critique philologique, historique ou philosophique et, surtout, par la mobilisation d’une culture encyclopédique, les juristes humanistes éclairent les textes juridiques de sens nouveaux et réforment l’approche traditionnelle en faisant basculer l’étude du droit vers le rationalisme moderne27. Tous ces jurisconsultes humanistes ont eu une influence certaine – bien que parfois indirecte – dans les bouleversements politico-juridiques européens du début de l’époque moderne. L’exemple bordelais montre qu’ils s’intéressent notamment à la question de l’identité culturelle et humaniste de leur ville, en tant que membres à part entière de la République des Lettres28, ou de leur région, bien au-delà du droit, rédigeant, comme Gabriel de Lurbe, des Chroniques bordeloises et des vies de bordelais illustres29. Leur conception des savoirs exclut, par sa définition même, le compartimentage disciplinaire. On trouve par exemple, parmi eux, Arnauld Landric, avocat au parlement de Bordeaux et auteur d’un traité sur la greffe qui était encore cité au xixe siècle dans les ouvrages d’agronomie et d’arboriculture30.

Or on dispose de peu de recherches interdisciplinaires sur les juristes aquitains de la Renaissance31, alors qu’ils constituent des acteurs majeurs de la vie intellectuelle, dans leurs domaines de spécialités, mais aussi de la vie culturelle en général. Il suffit ici d’évoquer la place du parlement de Bordeaux32, de ses membres et des juristes qui gravitent dans son orbite, pour mesurer leur importance dans la culture aquitaine de la Renaissance33. Katherine Almquist a déjà montré que l’étude du parlement de Bordeaux gagnait à prendre en compte le contexte parlementaire et les hommes qui le forment, en reconstituant le réseau de ses membres à partir de ses archives34. Les travaux existants sur le parlement, pour peu qu’ils portent sur des individus tels, outre Montaigne lui-même, Florimond de Ræmond ou Gabriel de Lurbe, ont pu mettre en évidence leur participation active aux débats et aux réflexions de l’humanisme sur les collections antiquaires et la circulation des savoirs qui animent la région bordelaise à l’époque de Montaigne.

Les textes ici présentés ouvrent ainsi de nouvelles pistes en mettant en lumière le fonctionnement du milieu intellectuel local, en relation avec les régions voisines, mais aussi avec Paris comme avec l’étranger, dans le cadre d’un humanisme européen. Ils permettent de reconstituer et par là de mieux comprendre la dynamique de la vie intellectuelle en Aquitaine et l’intégration de cette dernière dans les enjeux politiques et sociaux qui bouleversent alors l’Europe. L’analyse de la composition et de la structuration des milieux intellectuels du droit ou encore celle des réseaux juridiques aquitains permet des avancées qui vont bien au-delà du seul domaine de la pensée juridique. Les résultats de ces journées sont encore incomplets et beaucoup reste à faire ; ils constituent néanmoins un pas significatif dans le décloisonnement de la recherche, ils montrent l’intérêt de l’étude des milieux ou des réseaux, révèlent des pans entiers de champs à explorer, suggèrent des textes et des figures à porter dans la lumière, exposent les difficultés méthodologiques et, nous l’espérons, ouvrent la porte à de nombreux travaux à venir.

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1 Voir, pour la présentation générale du dossier, l’avant-propos d’Evelien Chayes et de Violaine Giacomotto-Charra, Revue française d’histoire du livre 142 (2021), p. 9-16, et le long article introductif de Jean Balsamo, « Pour une histoire intellectuelle de Bordeaux “au temps de Montaigne” », ibid., p. 17-48.

2 Camenæ 30, 2024 : https://www.saprat.fr/instrumenta/revues/revue-en-ligne-camenae/camenae-n30-mars-2024/ dir. Anne Bouscharain et Violaine Giacomotto-Charra.

3 À paraître dans Camenæ, printemps 2025.

4 Voir le descriptif complet du projet HumanA sur le site du Centre Montaigne (qui comporte également une bibliographie complète des travaux antérieurs déjà réalisés sur la vie intellectuelle en Aquitaine mais aussi sur les différentes figures qui l’ont illustrées, onglet Projets/HumanA/État de l’art) : https://centre-montaigne.huma-num.fr/projets-du-crmt/humana.html. Nous ne redonnons ici que les travaux directement liés au propos.

5 Aurélie Plaut, « L’hôtel particulier et la collection d’antiques de Florimond de Ræmond (1540 ?-1601) : un exemple du paraître bordelais à la fin du xvie siècle », Apparence(s) 3, 2009, http://apparences.revues.org/1122 ; Jean-François Fournier, « L’hôtel de Raymond, rue du Temple à Bordeaux : une représentation inédite », Revue archéologique de Bordeaux CV, 2014, p. 237-240.

6 Voir dans le précédent dossier l’article de Delphine Trebosc, « “En veuë de tout le monde” : le caractère public des collections d’antiques dans les villes méridionales, des derniers Valois à Henri IV », RFHL 142 (2021), p. 49-65.

7 Comme l’avait montré la conférence d’Ézéchiel Jean-Courret, « L’éloge de Bordeaux dans les cosmographies humanistes », donnée au musée d’Aquitaine durant le Moi(s) Montaigne 2022 (9.11.2022).

8 Voir le catalogue établi par la librairie Bernard Quaritch Ltd (livres anciens et précieux) : Around Montaigne. A Group of Books reflecting the Intellectual Life of Bordeaux in the Time of Montaigne, Londres, Bernard Quaritch, 2005.

9 Ernest Gaullieur, Histoire du Collège de Guyenne, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1874 ; Roger Trinquet, « Nouveaux aperçus sur le collège de Guyenne : de Jean de Tartas à André de Gouvéa (1533-1535) », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 26 (3), 1964, p. 510-558.

10 Carine Ferradou et Nathalie Catellani, « La sodalité bordelaise de George Buchanan », dans Sodalitas litteratorum, Études à la mémoire de Philip Ford, dir. Ingrid A. R. De Smet et Paul White, Genève, Droz, 2019.

11 Hippocratis Coi Chirurgia nunc primum graece restituta latinitate donata, et commentariis illustrata a Steph. Manialdo M. Doct., Paris, Jean Libert, 1619.

12 L’Explication de deux questions politiques touchant la peste, l’une si elle est contagieuse : l’autre si le devoir du chrestien permet de se retirer du lieu où elle est et comme on s’y doit comporter de Guillaume Briet (Bordeaux, Simon Millanges, 1599) est en réalité une traduction passée inaperçue du De peste quæstiones duæ explicatæ : una sitne contagiosa, altera an et quatenus sit Christianis per secessionem vitanda de Théodore de Bèze.

13 Guillaume Briet, Discours sur les causes de la peste survenue à Bourdeaux, cest an 1599, avec la préservation et curation d’icelle, Bordeaux, Simon Millanges, 1599.

14 Étienne Maniald, Traité de la Verole par M. Guillaume Rondelet, Lecteur ordinaire en medecine à Montpellier. Traduit en François, et remis au net par Estienne Maniald, professeur de medecine, en l’Université de Bourdeaux, Bordeaux, Simon Millanges, 1576.

15 Laurent Joubert, Erreurs populaires et propos vulgaires touchant la medecine et le regime de santé, Bordeaux, Simon Millanges, 1578.

16 De animorum natura morbis, Bordeaux, Simon Millanges, 1574.

17 Pierre Pichot, A messieurs les Maire et Juratz de ceste ville de Bourdeaux, Pierre Pichot medecin, Bordeaux, Veuve Morpain, 1564.

18 Comme le fameux « accouchement prodigieux » rapporté par Étienne Maniald et survenu à Gradignan (De partu prodigioso qui visus est in agro Gradiniano iuxta Burdigalam anno mcxcv mense augusto, Stephani Manialdi medici Burdigalensis in eandem historiam observatio, Bordeaux, Simon Millanges, 1616), dans lequel Maniald mobilise à plein sa culture classique. Voir la traduction en ligne d’Anne Bouscharain (version annotée à paraître) : https://centre-montaigne.huma-num.fr/index.php/les-traductions-de-latelier/traduction- du-de-partu-prodigioso-par-a-bouscharain/.

19 Galen sur la faculté des simples medicamens avec l’addiction de Fucse en son herbier, de Silvius, et de plusieurs autres […]. Le tout mis en langage françoys par studieux home maystre Ervé Fayard natif de Perigueux, Limoges, Guilhaume de la Noalhe, 1548.

20 Pour ce périgourdin à peu près inconnu jusqu’ici, voir Caroline Petit, « Médecine et humanisme en Périgord : L’invention de la langue française selon Ervé Fayard (Galen sur la faculté dez simples medicamans, 1548) », Rhetorica 41/3, 2023, p. 279-296.

21 Lyon, Claude Morillon, 1604.

22 Jean-Louis Thireau, « Le jurisconsulte », Droits, Revue française de théorie juridique 20, 1994, p. 21-30.

23 Géraldine Cazals, « Un “chrestien escrivant à princesse chrestienne” et des “philosophes vollantz”. Guillaume de La Perrière et le réseau de Marguerite de Navarre », dans Le Réseau de Marguerite de Navarre, dir. Anne Boulet, Louise Daubigny, Stéphan Geonget et Marie-Bénédicte Le Hir, Genève, Droz, 2022, p. 359-385.

24 L’Humanisme juridique. Aspects d’un phénomène intellectuel européen, dir. Xavier Prévost et Luigi-Alberto Sanchi, Paris, Classiques Garnier, 2022 (en ligne : https://doi.org/10.48611/isbn.978-2-406-11801-5).

25 Bourges à la Renaissance, hommes de lettres, hommes de lois, dir. Stéphan Geonget, Paris, Klincksieck, 2011.

26 G. Cazals, « Des procès humanistes au procès de Toulouse : Toulouse barbare ? », dans Littérature et droit, du Moyen Âge à la période baroque : le procès exemplaire, dir. S. Geonget et B. Méniel, Paris, Classiques Garnier, 2008, p. 161-189 (en ligne : https://doi.org/10.15122/isbn.978-2-8124-5921-4.p.0161).

27 X. Prévost, « Ius in artem redigere. Ramisme et systématisme chez quelques jurisconsultes humanistes français (Coras, Doneau, Grégoire) », Revue historique de droit français et étranger 97, 2019, p. 463-482 ; idem, « Mos gallicus jura docendi. La réforme humaniste de la formation des juristes », Revue historique de droit français et étranger 89, 2011, p. 491-513.

28 Sur ce sujet, voir le dossier Les Juristes dans la République des lettres, coordonné par G. Cazals, S. Geonget, V. Giacomotto-Charra et X. Prévost dans Clio@Themis. Revue électronique d’histoire du droit 24, 2023 (en ligne : https://doi.org/10.4000/cliothemis.3109).

29 Voir Catherine Magnien, « Un Bordelais convaincu : le procureur syndic Gabriel de Lurbe (1538-1613) », dans Mélanges offerts à Anne-Marie Cocula, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2009, t. II, p. 857-867.

30 Advertissement et maniere d’enter asseurément les arbres en toute saison de l’année, la vigne sur son serment, planter sauvageaux et autres. Par M. Arnauld Landric, advocat en la Court de Parlement de Bourdeaux, Bordeaux, Pierre Ladime, 1580.

31 Les dernières recherches sur les juristes aquitains ont été conduites par Gérard Guyon et sont regroupées dans son recueil d’articles Le Droit bordelais dans tous ses états : les anciennes coutumes, les juristes et la justice, les institutions de l’Église locale, Limoges, Presses universitaires de Limoges, 2012 ; mais, comme le montre l’article de Stéphan Geonget dans ce dossier, elles méritent d’être, au moins en partie, revisitées.

32 Le Parlement de Bordeaux (1462-2012). 550 ans d’histoire du parlement et du barreau de Bordeaux, dir. Bertrand Favreau, Bordeaux, Chawan, 2014 ; Élise Frêlon, Le Parlement de Bordeaux et la loi (1451-1547), Paris, De Boccard, 2011 ; Grégory Champeaud, Le Parlement de Bordeaux et les paix de religion (1563-1600). Une genèse de l’Édit de Nantes, Bouloc, Éditions d’Albret, 2008.

33 Pour une vision générale sur la place des membres des parlements dans la France de l’époque moderne, voir Les Parlementaires, acteurs de la vie provinciale (xviie-xviiie siècle), dir. Hervé Leuwers, Serge Dauchy, Sabrina Michel et Véronique Demars-Sion, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013 (en ligne : https://doi.org/10.4000/books.pur.133353) ; Les Parlements et la vie de la cité (xvie-xviiie siècle), dir. Olivier Chaline et Yves Sassier, Rouen, Publications de l’université de Rouen, 2004 ; Les Parlements de Province. Pouvoirs, justice et société du xve au xviiie siècle, dir. Jacques Poumarède et Jack Thomas, Toulouse, FRAMESPA, 1996.

34 Voir en particulier l’exemple de Montaigne : Katherine Almquist, « Writing Pluralist Biography of Montaigne’s Legal Career », dans The New Biographical Criticism, Studies in Early Modern France 9, « The New Biographical Criticism », dir. George Hoffmann, Charlottesville, Rookwood Press, 2004, p. 58-76. Tout en insistant sur le caractère arbitraire de l’institution, elle y observe qu’« [u]ne biographie pluraliste généralisera statistiquement ce qui concerne Montaigne et le représentera comme partie constituante d’une population incomplète au lieu d’un individu unique. Par extension, une biographie pluraliste de Montaigne pourrait s’inscrire dans une histoire institutionnelle du parlement de Bordeaux. Ce modèle est d’autant plus intriguant que le parlement français du xvie siècle est un ensemble hétérogène d’individus qui sont réunis par une série abstraite et déterminante de règles politiques » (« A pluralist biography will generalize statistically about Montaigne, envisioning him as part of an incomplete population instead of a unique individual. By extension, a pluralist biography of Montaigne could inscribe into an institutional history of the Parliament of Bordeaux. This model is all the more intriguing in that the sixteenth-century French Parliament is a heterogeneous collection of individuals who are thrown together by an abstract and defining set of political rules »), p. 61, traduction de l’anglais E. Chayes.