Revue française d'histoire du livre

Avis de recherche

AVIS

Manuscrits soumis à la censure royale au XVIIIe siècle

Laurence MACÉ

Université de Rouen Normandie/CÉRÉdI

Ce message s’adresse autant aux bibliothécaires et archivistes qu’à toute personne ayant rencontré des manuscrits soumis à la censure royale du xviiie siècle dans les fonds dépositaires, en France ou même à l’étranger car ces manuscrits ont pu être dispersés.

Les registres de la Librairie du fonds d’Anisson, inventoriés par Coyecque sont bien connus et désormais numérisés6. Il n’existe cependant pas de répertoire des manuscrits soumis à la censure royale au xviiie siècle. Si ces manuscrits n’ont pas toujours été conservés, il en reste à découvrir. Dans le cadre d’une Habilitation à diriger des recherches en Littérature française que je termine, j’ai entrepris de faire réémerger ces objets peu voire pas connus. Une quarantaine de manuscrits a été repérée par des interrogations informatiques systématiques, auxquels s’ajoutent les manuscrits dits du souffleur de la Comédie-Française dont 40 % portent le visa du censeur de la police et du lieutenant de police. La plupart de ces manuscrits sont consultables sur le site ECuMe (Edition Censure Manuscrit https://eman-archives.org/Ecume/), site compagnon de ma recherche. Malgré tout, le nombre de manuscrits repéré reste dérisoire et statistiquement bas, même en considérant le peu d’intérêt que l’on portait à ces objets une fois l’édition approuvée déclarée conforme au manuscrit. Il est donc vraisemblable qu’il existe des manuscrits soumis à la censure royale non identifiés comme tels dans les fonds des bibliothèques et archives en France et à l’étranger (ainsi, sur la quarantaine repérée, l’un est à Munich, trois autres à la Bibliothèque Royale de Belgique).

Un manuscrit soumis à la censure est identifiable par l’approbation du censeur apposée en dernière page du manuscrit (ou par l’approbation du censeur et du lieutenant de police dans le cas des manuscrits de théâtre). Le censeur atteste très souvent, en bas de page, qu’il a bien examiné la page, et appose parfois son paraphe en marge quand il apporte une modification au texte. Certains censeurs ont aussi pour usage de numéroter en toutes lettres les pages impaires du manuscrit, en haut à droite, de manière à éviter les inserts tardifs qu’ils n’auraient pas lus [Fig.].

Manuscrit portant en bas de page le paraphe du censeur et la numérotation du folio de sa main, en haut à droite. Recueil de lettres de Voltaire, de Mme du Châtelet et de Jean-Jacques Rousseau préparé pour une édition en 1782 (Avignon, Médiathèque Ceccano, ms. 2702).

Enfin des espaces blancs signalés comme tels (rayés d’un trait oblique ou par une croix de saint André) relèvent aussi de pratiques communes. Tout manuscrit présentant ces caractéristiques est susceptible d’être un manuscrit ayant été soumis à la censure royale du xviiie siècle. En vue d’un repérage plus exhaustif de ces objets, je vous serais très reconnaissante de bien vouloir me signaler tout manuscrit qui présenterait ces caractéristiques, ou pour lequel vous auriez des doutes.

Écrire à laurence.mace-delvento@univ-rouen.fr.

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6 Ernest Coyecque, Inventaire de la Collection Anisson sur l’histoire de l’imprimerie et la librairie principalement à Paris (manuscrits français 22061-22193), Paris, E. Leroux, 1900.