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Pour une histoire intellectuelle de Bordeaux « au temps de Montaigne »

Jean BALSAMO

Université de Reims

jean.balsamo@univ-reims.fr

L’histoire des villes dites « de province », en particulier leur histoire intellectuelle, a longtemps été négligée. Cette négligence révèle les formes et les enjeux généraux du grand récit national français, dans lequel tout ce qui semblait ressortir à une dimension provinciale a été écarté ou minoré au profit de la célébration de l’État et de ceux qui l’ont dirigé1. Une telle situation tient à trois séries de raisons complémentaires. D’une part, à la différence de l’Italie, de l’Allemagne et des Pays-Bas, des pays de forte et longue tradition identitaire urbaine, l’histoire politique de la France a été marquée dans la longue durée par un processus de centralisation du pouvoir autour du monarque, de la cour, d’une capitale, en une dynamique conflictuelle qui conduisit à la subordination et à la dévalorisation des instances locales. La politique des rois a été systématiquement hostile non pas aux provinces en tant que possessions soumises à leur souveraineté, mais aux villes, à leurs privilèges et à leurs libertés. L’épisode de la Ligue a toujours été présenté dans un sens négatif, en faveur de Henri IV et dans la perspective téléologique de la victoire de la monarchie ; il peut aussi être interprété comme une manifestation de résistance urbaine, au même titre que l’aura été plus tard la Commune. Ce processus de subordination a occulté la mémoire locale, quand celle-ci n’a pas été faussée pour servir à la constitution de l’identité nationale2.

D’autre part, dès le xvie siècle, loin d’être seulement un lieu de pouvoir, la cour et la capitale, qui elles-mêmes ne se recoupaient pas, ont été les lieux de concentration de l’activité intellectuelle et artistique la plus brillante et la plus novatrice. Faire l’histoire de celle-ci, en France, revenait à la rattacher à ces lieux, la cour et son siège, Fontainebleau, Paris et, ponctuellement, quelques cités que des circonstances particulières avaient fait le siège provisoire d’une cour (Tours, sous Henri III3, Agen, lors du séjour de Marguerite de Valois4). Mais dans ces cas particuliers, les villes restaient considérées dans leur rôle de capitales administratives ou intellectuelles, et non pas en tant que municipalité. Les études littéraires, centrées autour des œuvres des grand auteurs, des écrivains de cour ou venus faire carrière à la cour, le plus souvent sans attaches avec une ville particulière, réservaient peu de place à l’histoire littéraire des villes, considérées comme le lieu d’activité de minores qui n’avaient pas réussi, et occasion, au mieux, de l’évocation condescendante d’un contexte « provincial »5.

Enfin, cette situation, et le partage qu’elle a imposé selon un mode de plus en plus tranché, a marqué l’activité savante elle-même. Elle a conduit à un autre partage, entre la recherche universitaire et l’érudition locale, à qui était comme concédée une histoire que la première ne prenait pas en charge. Pendant longtemps, l’histoire des villes, diluée dans une histoire régionale plus vaste qui en faisait disparaître la spécificité sous le voile du folklore et du particularisme régional, a été ainsi réservée aux historiens et aux érudits locaux. Ses résultats sont publiés le plus souvent dans des revues difficiles d’accès ou des brochures confidentielles. Pourtant, même si ces travaux ont été souvent inégaux et fragmentaires, leur apport a été considérable. Mais le savoir accumulé par des générations de chercheurs a connu une énorme déperdition, faute d’une institution capable de lui donner sens, d’en assurer la continuité et de le mettre en valeur. L’université, de ce point de vue, n’a pas joué son rôle. Or l’institution universitaire en tant qu’institution urbaine a elle-même été un des lieux où se sont opposés le pouvoir central et les institutions municipales. Détruite par la Révolution, l’ancienne Université n’a pas été restaurée dans ses formes et ses privilèges, mais réorganisée suivant un modèle uniforme et centralisé, sans autonomie et sans mémoire de ses origines, à l’exception parfois d’une identité corporatiste, celles des écoles de droit ou de médecine. Ce n’est pas un hasard s’il n’y a pas de tradition française d’histoire des universités, en tant qu’objet d’étude institutionnel. Les quelques ouvrages consacrés à cette histoire restent lacunaires et peu détaillés, quand ils ne reposent pas sur des partis pris idéologiques nés d’anciennes représentations polémiques, conduisant à ne considérer les universités que comme des bastions conservateurs. Or l’histoire intellectuelle des villes et l’histoire de leurs universités et des collèges qui leur étaient liés se recouvrent en grande partie, à Poitiers, à Orléans, à Montpellier, à Caen, à Reims, à Toulouse, à Bordeaux en particulier, où l’université avait été fondée en 1441 et où l’activité intellectuelle trouvait un lieu d’excellence au sein du Collège de Guyenne6.

En dépit de cet héritage défavorable, depuis cinquante ans, cette histoire urbaine a progressé, dans le cadre des transformations du champ et des méthodes historiques, mais aussi en lien aux enjeux politiques de la régionalisation et aux transferts de compétence qu’elle implique. Les historiens, français et surtout étrangers, ont consacré de nombreux travaux à l’histoire des villes sous l’Ancien Régime. L’histoire des arts a fait l’objet de recherches spécifiques, dont les résultats font l’objet d’une diffusion et d’une valorisation patrimoniale, sous forme d’inventaires systématiques et d’expositions pluridisciplinaires. C’est probablement par ce biais que l’histoire des villes a connu récemment ses progrès les plus significatifs, qu’illustre l’exemple lyonnais7. On ajoutera l’histoire du livre. Dans ce domaine, le rapport très inégal en chiffres entre la production de Paris, capitale de l’édition française, et la production en province, a même pu faire d’une situation marginale un avantage. Pendant longtemps, la production provinciale a été connue des seuls bibliophiles, qui valorisaient sa rareté. Or c’est précisément celle-ci qui en a fait un objet d’étude maîtrisable et somme toute bien connu aujourd’hui. Là encore, l’exemple de Lyon a pu servir de modèle. Au contraire du livre parisien dont le catalogue, établi sur la base des travaux de Philippe Renouard, reste inachevé, la production provinciale a été recensée et décrite dans son ensemble. On connaît tout ou presque tout ce qui a été imprimé en France, hors de Paris, au xve, au xvie et au xviie siècle : à Lyon, mais aussi à Poitiers, à Reims, et à Bordeaux en particulier, où Simon Millanges a exercé un véritable monopole régional pendant près d’un demi-siècle8.

Sur ces bases, on pourra concevoir une histoire intellectuelle, fondée à la fois sur l’inventaire et le recensement de la production éditoriale, sur l’analyse détaillée des œuvres, sur la prosopographie de ses acteurs, écrivains, lettrés, professeurs, étudiants, érudits, mais aussi mécènes et protecteurs, sur la description des cadres institutionnels dans lesquels s’est déployée leur activité, parmi lesquels les collèges, les parlements, les couvents jouèrent un rôle déterminant. Tous ces éléments permettent de reconstituer une activité, dont la périodisation peut et doit être précisée, pour une interprétation élargie, qui conduira à la fois à inscrire les œuvres littéraires, scientifiques et artistiques dans l’ensemble des formes de la vie intellectuelle de l’époque et de son mouvement, pour en souligner les apports, les réserves ou les retards, mais aussi à s’interroger sur leur singularité et leur spécificité, porteuses d’une éventuelle identité culturelle locale, identifiable, à l’intérieur de modèles communs et de cadres généraux. Cette approche permettra en particulier d’évaluer et d’apprécier des formes originales de réception9.

1. Bordeaux « à l’époque de Montaigne »

C’est dans cette perspective d’histoire urbaine que l’on pourra examiner le cas de Bordeaux. Celui-ci demande, pour être compris dans ses aspects singuliers, à ne pas être élargi à une histoire régionale, celle de la Guyenne ou l’Aquitaine, voire à un anachronique « grand Sud-Ouest ». Célébrée dès l’Antiquité par un de ses fils, Ausone, fière de son histoire10, de sa richesse et de ses institutions municipales11, Bordeaux était à la fois un port ouvert sur un horizon maritime et anglais, et une capitale économique et administrative, centre d’attraction attirant les élites venues de plus loin, du Massif central et du Périgord. La cité, tardivement rattachée au royaume (1453), avait une forte identité municipale. La mémoire de celle-ci fut entretenue et recomposée au cours du xvie siècle par deux initiatives, d’une part, l’édition des œuvres d’Ausone commandée par les autorités municipales à Élie Vinet, et d’autre part l’écriture d’une chronique urbaine régulièrement réactualisée, dans laquelle l’histoire intellectuelle avait déjà sa place. En 1591, Gabriel de Lurbe publia chez Simon Millanges un De illustribus Aquitanis viris libellus12. Cette histoire, dont l’éclat allait être renforcé par le prestige de deux grands écrivains, Montaigne et plus tard Montesquieu, fut prolongée et mise en valeur au xixe siècle, éclairée par une activité locale d’érudition et de bibliophilie13, relayée par une Académie, des sociétés savantes, des revues. L’histoire intellectuelle de Bordeaux a fait l’objet d’études nombreuses mais dispersées. Une des premières tâches de l’historien sera d’en faire l’inventaire.

À Bordeaux plus qu’ailleurs, et au Parlement en particulier14, s’est exercée la dynamique conflictuelle entre cette identité municipale et le pouvoir central, dont les événements de 1548 ont été un des points culminants15, à l’origine d’un long traumatisme, que renouvelèrent les guerres de religion et plus tard l’épisode girondin. Ce traumatisme a eu pour conséquence un double mouvement de déculturation et de ressentiment16. On pourra en lire une lointaine expression dans le cadre même des études consacrées à Montaigne, qui se sont développées comme le lieu d’une affirmation identitaire bordelaise. Ces études ont été préparées par plus d’un siècle de débats autour de l’exemplaire de l’édition des Essais (Paris, L’Angelier, 1588) annoté par l’écrivain, conservé à Bordeaux, d’abord connu comme « manuscrit de Montaigne » puis appelé de façon significative « Exemplaire de Bordeaux »17. Elles ont connu leur premier couronnement en 1906, avec le grand projet d’une « édition municipale » des Essais, destinée à célébrer un auteur bordelais, qui lui-même avait été maire de la cité, en mettant en valeur un objet spécifiquement bordelais, à qui l’on accordait à cette occasion son appellation définitive. Cette nouvelle édition prenait le contre-pied d’une tradition éditoriale longue de trois siècles, fondée sur le texte de l’édition posthume (Paris, L’Angelier, 1595), édité par la scrupuleuse Marie de Gournay, qu’avait portée à son terme la rigoureuse édition savante procurée par Ernest Courbet et Charles Royer, publiée à Paris entre 1872 et 190018. On lira dans ce sens l’épître adressée par Henri de La Ville de Mirmont au maire de Bordeaux Alfred Daney, qui ouvre le premier tome de l’édition et qui associe l’Université à la Municipalité sous une même devise prise d’Ausone : « diligo Burdigalam »19. Dans ce contexte, la personnalité et l’œuvre de Montaigne ont pris une portée emblématique. La carrière municipale de Montaigne, son nom et le prestige intellectuel entourant son œuvre pouvaient servir de catalyseur à certaines initiatives publiques.

En 1864, Reinhold Dezeimeris avait commencé sa carrière savante par un ouvrage pionnier qui reste une référence pour l’étude de la vie intellectuelle à Bordeaux. Il plaçait celle-ci, de façon générale, dans le cadre de la « Renaissance des lettres », une renaissance tardive liée à la fondation d’un collège, en 1533, dans une ville de négociants, sans véritable tradition lettrée, devenue siège d’un parlement20. Cette étude précédait le développement des études montaignistes, dont Dezeimeris fut lui-même un des promoteurs, en publiant des Recherches sur la recension du texte posthume des Essais de Montaigne (1866). La question principale que pose l’étude de la vie intellectuelle à Bordeaux est ainsi précisément celle de ce que l’on pourrait appeler la « centralité » de Montaigne qui conduit à évoquer cette vie intellectuelle en la définissant par rapport à lui. Il s’agit d’une question de méthode, qui porte aussi sur l’objet même de cette recherche.

Si la référence à Montaigne peut paraître arbitraire, elle a pour elle une longue tradition. La première prosopographie des lettrés bordelais faisait déjà de l’auteur des Essais la figure centrale de la vie intellectuelle à Bordeaux. En 1584, dans sa Bibliothèque, François de La Croix du Maine citait les noms d’une vingtaine d’entre eux, de Guillaume Vincent et Jean du Bois, actifs vers 1480, à ses contemporains, Pierre de Brach et Du Bartas. Dans cet ensemble, Montaigne occupait une place privilégiée, que confirmait la longueur de la notice qui lui était dédiée21. En mentionnant avec éloge les membres de la famille La Chassaigne, cette même notice renvoyait à celle, également développée, de Pressac, le beau-frère de Montaigne, qui avait probablement été à l’origine de l’information du bibliographe. Dès lors, le prestige de l’auteur des Essais donna son éclat rétrospectif à la vie intellectuelle bordelaise. La référence à Montaigne et à son œuvre a permis de rendre cette évocation plus concrète que lorsqu’elle était formulée en relation à la Renaissance, une notion encore utilisée par Dezeimeris, mais aujourd’hui discutée, et plus évocatrice qu’une simple datation. Celle-ci serait du reste difficile à délimiter : le xvie siècle de façon générale, les années 1532-1592, 1550-1600, 1500-1650 ? Le « temps de Montaigne » correspond à la génération des Bordelais nés vers 1530, morts vers 1600, il peut s’élargir en amont aux maîtres qui les ont formés, actifs vers 1550, et en aval, à leurs héritiers immédiats jusque vers 1620. Ce cadre chronologique lié aux hommes, est aussi plus pertinent qu’une périodisation politique, celle des règnes, ceux des derniers Valois ou celui de Henri IV, qui conduirait à minorer la nature conflictuelle de ces règnes, à Bordeaux même, révoltée contre le pouvoir royal sous Henri II, hostile au protestant Henri de Navarre, gouverneur de Guyenne22. Au contraire d’autres cités, Bordeaux n’a pas été le siège d’une cour princière et n’a pas vu son activité intellectuelle se développer en relation à celle-ci. Même si l’on évoque parfois de façon impropre une « cour de Guyenne »23, Bordeaux n’était pas la résidence du roi de Navarre, qui se trouvait à Nérac et à Pau24. En revanche, la cité a accueilli des souverains, Charles IX, Marguerite de Valois et des grands personnages ; elle fut aussi le siège d’une chambre de justice qui réunit à Bordeaux pendant quelques mois en 1582 l’élite de la Grande robe parisienne. Certains de ces événements publics suscitèrent une production littéraire et artistique. L’entrée de Charles IX fut ainsi l’occasion d’une brève efflorescence poétique, qu’illustrèrent Étienne de Cruseau25, auteur d’une Chronique de la cité26, Maurice Marcis, Martin Thomas27. En revanche, la chambre de justice, active dans son domaine de compétence, et dont il reste le discours de l’avocat du roi Antoine Loisel dédié à Montaigne28, un hommage assez important pour que Vinet en indique la bonne réception par le dédicataire29, ne suscita pas la même activité sociale et lettrée que la réunion des Grand jours à Poitiers quelques années plus tôt, faute peut-être d’un cadre social féminin et bourgeois, capable de l’accueillir et de jouer un rôle analogue au salon des dames des Roches.

La question liminaire devrait ainsi nous conduire à nous demander si le fait d’invoquer le nom de Montaigne pour déterminer une période de l’histoire intellectuelle a une efficacité heuristique pour comprendre une spécificité bordelaise, dans sa culture lettrée, ses pratiques savantes, son interprétation et sa réception de la culture de son temps, et dans quelle mesure Montaigne peut être considéré comme son représentant autorisé30. Or la relation de Montaigne avec Bordeaux demande elle-même à être précisée, aussi bien sa relation effective que sa relation intellectuelle et symbolique31. Bien que fils d’un notable, descendant d’une longue lignée de négociants et de bourgeois de Bordeaux, Montaigne est né en Périgord, un « pays sauvage »32, il exerça en qualité de magistrat à la Cour des Aides de Périgueux33, et, en 1584, il acquit la bourgeoisie de Libourne. Dans les Essais, il consacra un chapitre bien connu à sa nomination à la mairie de Bordeaux, mais il fit aussi des allusions, non dépourvues d’ironie, à son identité et à sa carrière périgourdines :

Nous sommes Chrestiens à mesme tiltre que nous sommes ou Perigordins ou Allemans34.

Et toute à l’opposite de l’autre, m’aymerois à l’avanture mieux, deuxiesme ou troisiesme à Perigueux, que premier à Paris35.

La page de titre de la deuxième édition des Essais, publiée en 1582 par Simon Millanges, précise qu’il était « Maire et Gouverneur de Bourdeaus ». Pourtant lui-même ne se qualifiait pas de « Bordelais » ou de « gentilhomme Bordelais » sur le titre de ses ouvrages, au contraire d’un Pierre de Brach, d’un François de Chantelouve ou d’un Jean de Castaigne, « Bourdelois », auteur d’un sonnet encomiastique adressé à Olivier de Magny36. Dans le même temps, Pierre de Brach désignait François Moncaut comme « Poëte Bourdelois »37. En ce qui concerne Montaigne, parmi les livres de sa bibliothèque, on ne trouve la mention « Michael Eyquemius Montanus Burdigalensis » ou « Michael Montanus Burdigalensis 1551 » que sur deux volumes achetés durant sa jeunesse, un exemplaire des œuvres de Térence (1537), où elle est complétée par la mention « huius possessor 1549 ætatis anno prope 16. »38, ainsi que sur un exemplaire de l’Histoire de Denys d’Halicarnasse39. Montaigne n’apposait pas systématiquement cette mention sur les autres livres de cette période, et il n’en fit plus usage sur ceux qu’il acquit plus tard, tout comme il abandonna le patronyme Eyquem, trop lié à son milieu municipal, pour ne garder que son nom noble, celui de la seigneurie. Ce choix dépassait probablement le cas personnel de Montaigne, en révélant, à l’origine de son projet littéraire, une série de conflits plus généraux : une tension sociale entre une assise bourgeoise et une ambition nobiliaire, une tension politique entre un contexte local et les promesses d’une carrière plus ambitieuse, une tension culturelle entre l’érudition humaniste, en latin, celle du collège et du Parlement, et une expression mondaine et de cour, en langue vernaculaire, valorisant l’histoire et la poésie, combinant la fiction narrative à la philosophie morale. Les Essais, dont l’édition complète (1588) ne portait plus que le nom du seigneur de Montaigne, sans mention à une identité bordelaise, assumaient l’ensemble de cette culture complexe et de ses contradictions.

La référence à Montaigne apparaît ainsi moins comme une justification et comme un cadre a priori que comme une problématique, dans son histoire et ses implications. Si on l’accepte, elle conduira à examiner de façon plus précise, en premier lieu, l’œuvre même et la personnalité de celui-ci, pour les comprendre selon les enjeux lettrés, mais aussi politiques auxquels elles ont été confrontées, pour les inscrire dans les réseaux qui leur donnent sens. L’étude de la vie intellectuelle à Bordeaux devrait d’abord nous permettre de mieux comprendre Montaigne et les Essais. Inversement, leur lumière conduit aussi à éclairer plus ou moins distinctement d’autres personnages bordelais et d’autres œuvres élaborées à Bordeaux, en relation à lui : Étienne de La Boétie ; Élie Vinet, avec en arrière plan le Collège de Guyenne, ses élèves, ses régents, ses principaux, parmi lesquels son successeur Jacques Peletier du Mans, ainsi que d’autres personnages de son entourage immédiat, le président Jacques Benoît de Lagebaston son protecteur, ou le médecin Martial Deschamps, son intermédiaire malhonnête auprès des libraires parisiens40 ; l’imprimeur Millanges, à qui Montaigne confia les deux premières éditions de ses Essais ; Geoffroy de La Chassaigne, souldan de Pressac, porteur de la riche tradition savante de la belle-famille de Montaigne41 ; Pierre de Brach42 ; le médecin Pierre Pichot43 ; Florimond de Ræmond44 ; Gabriel de Lurbe45 ; Pierre de Lancre46 ; Geoffroy Malvyn. À la liste de ces personnages, on ajoutera le président d’Espagnet, qui facilita l’accès de Marie de Gournay auprès des Dames de Montaigne et qui, plus tard, acquit une partie des livres de l’écrivain, et Pierre Charron, qui n’était pas bordelais47. On conserve un livre portant mention d’un ex-dono de Montaigne à Charron48, ainsi qu’un exemplaire du traité des Trois vérités (1595), véritable association copy, qui réunit un auteur, le « Parisien » Charron, l’imprimeur Millanges, et un lecteur, Florimond de Ræmond, qui y avait apposé sa marque d’appartenance49. Mais, liés à Montaigne, tous ces personnages demandent aussi à être libérés de la tutelle de Montaigne et à être étudiés pour eux-mêmes. La Boétie, lié par des attaches familiales à d’autres membres du Parlement, était une personnalité reconnue avant sa rencontre avec son illustre ami. Son Discours de la servitude volontaire, qui exprimait l’idéologie sénatoriale des milieux de Robe, circulait déjà au sein de ceux-ci avant que Montaigne en eût pris connaissance, et sa diffusion posthume auprès des « Malcontens » a échappé à Montaigne50. Sa réputation s’est prolongée indépendamment de lui : Florimond de Ræmond cite encore des vers de La Boétie dans l’épître adressée à Malvyn de Cessac, qui ouvre sa traduction de La Couronne du soldat de Tertullien, publiée à la suite de L’Anti-Christ (Millanges, 1594) ; ils confirment la portée de son nom, un mot de passe ou un symbole d’amitié, liant certains membres du Parlement. De son côté, habituellement considérée comme un sous-produit des Essais, une simple mise en forme systématique du scepticisme de Montaigne, La Sagesse de Charron était en réalité un ouvrage philosophique original, composé par un clerc, dans une perspective de théologie morale.

Par sa stature, Montaigne risque d’être l’arbre qui cache la forêt. Dans cette histoire intellectuelle, ce qui est antérieur à Montaigne ou ce qui semble être moins directement lié à lui n’a été souvent qu’esquissé : la tradition romaine redécouverte par les antiquaires bordelais, l’activité lettrée du Parlement, la production littéraire publique, liée à l’entrée de Charles IX, dont Philippe Desan a montré les implications politiques et littéraires qu’en tira Montaigne lui-même51, et surtout l’importante production religieuse de toute nature, qui concentra une grande partie des initiatives éditoriales et qui constitua l’aspect le plus marquant et le plus durable de la vie intellectuelle bordelaise de l’époque. L’éclairage porté sur Montaigne et sur son œuvre ne devrait pas conduire à laisser dans l’obscurité d’autres aspects de cette vie intellectuelle, chaque fois qu’elle ne le concerne pas directement, ou qu’elle risque de remettre en question les interprétations habituelles de son rôle et de sa prééminence. Les formes théâtrales à Bordeaux ont été étudiées52 ; elles ne se limitent pas à l’évocation par Montaigne des représentations données dans le cadre du Collège de Guyenne et auxquelles il avait pris part : « J’ai soustenu les premiers personnages, ès tragedies latines de Bucanan, de Guerente, et de Muret, qui se representoient en nostre college de Guienne avec dignité »53. Les tragédies de François de Chantelouve, « Gentilhomme bourdelois », ont fait l’objet d’une édition moderne54. On ignore si Montaigne et le chevalier de Malte lié aux Guises se sont rencontrés. L’avis au lecteur qui ouvre le recueil de celui-ci célèbre lui aussi, comme Montaigne dans ses Essais, une culture noble, qui trouve le lieu de son épanouissement au sein d’une bibliothèque. Cet argument rhétorique exprime une conception des lettres partagée par les deux auteurs, comme par les autres gentilshommes lettrés bordelais.

2. La leçon des livres

Montaigne lui-même suggère d’examiner les choses de biais pour mieux les comprendre : « chaque choses a plusieurs biais et plusieurs lustres »55. L’histoire du livre, en tant que forme privilégiée de l’activité lettrée, offrira un de ces biais pour comprendre la vie intellectuelle à Bordeaux, en y intégrant l’œuvre de Montaigne sans faire de celle-ci le point de référence. L’activité typographique a été lente à se développer à Bordeaux. Le premier livre, Nenia de passione dominica, n’y fut imprimé que vers 1513-1516, par Gaspard Philippe, un artisan venu de Paris56. Jusqu’à l’installation de Simon Millanges, en 1572, seuls quelques imprimeurs modestes y exercèrent leur activité : François Morpain et sa veuve (1542-1570), Guillaume Boulanger, Pierre de Ladime, chez qui Vinet fit paraître son Antiquité de Saintes en 1571. La plus grande partie de la production lettrée bordelaise n’était pas publiée sur place. L’édition originale des Antiquités de Bordeaux, manifeste fondateur de l’identité culturelle bordelaise, avait elle-même été imprimée à Poitiers, par Enguilbert de Marnef, en 1565, dans le cadre d’un projet plus ambitieux qui prévoyait une description des antiquités de Poitiers57. Ce n’est qu’en 1574, alors que Millanges avait commencé son activité, que Vinet put faire imprimer à Bordeaux la seconde édition de son ouvrage58. C’est à Paris, chez Fédéric Morel, l’imprimeur-libraire au servie de la Grande robe, que Montaigne publia, en 1571, le recueil des œuvres françaises et latines de La Boétie59. C’est aussi à Paris, l’année suivante, qu’Étienne de La Maisonneuve fit paraître son roman Gériléon d’Angleterre, plusieurs fois réédité, et que furent publiées les tragédies de Chantelouve, en 1576, par un religieux de Libourne, qui proposait au lecteur d’y retrouver « les joyeux devis des Muses, les gaillards assauts du mascaret sur les rivières bordelaises »60.

L’activité typographique de Millanges avait été inaugurée en 1572, par un ouvrage de Vinet, le Narbonensium votum. Dans un avis au lecteur souvent cité, l’imprimeur justifiait l’installation de son officine à Bordeaux dans le but d’y imprimer les livres « praesertim, qui viderentur esse omnibus hujus urbis et regionis pueris magis utiles »61. Millanges laissa plus de six cents ouvrages, parmi lesquels, si les Essais, publiés en 1580 et en 1582, sont les plus connus, la perle rare qui a fait rêver des générations d’érudits et de bibliophiles depuis la fin du xviiie siècle est un ouvrage de La Boétie, l’Historique description du solitaire et sauvage pays de Medoc, qui n’a pas été retrouvé62. Millanges s’imposa pendant plus de quarante ans comme le grand imprimeur bordelais, apprécié pour la qualité de son travail, que les Essais n’illustrent qu’imparfaitement, au contraire d’autres ouvrages plus soignés. Dans sa notice consacrée au médecin Laurent Joubert, un auteur que Montaigne avait lu et qu’il utilisa dans ses Essais, La Croix du Maine célèbre les « for[t] beaux caractères » des impressions de Millanges. Le travail du typographe bordelais répondait à un standard de qualité assez élevé pour que François de Foix-Candale fît imprimer par lui sa traduction et son commentaire du Pimandre, et que Jacques-Auguste de Thou, présent à Bordeaux à l’occasion de la Chambre de justice, eût recours à lui, à la suggestion de Vinet, pour l’impression d’un traité de fauconnerie, le Ieracosophion.

La plus grande partie de la production de Millanges était constituée de pièces officielles et d’ouvrages scolaires, à l’usage du collège de Guyenne puis du collège des jésuites. L’imprimeur, allant au-delà des besoins scolaires, concentra aussi la plus grande partie de l’activité lettrée bordelaise originale. Il imprima en particulier les éditions d’Ausone, auxquelles Vinet avait consacré un travail de trente ans et qui connurent une diffusion européenne. Il publia aussi de la poésie, à deux moments distincts, entre 1573 et 1584, autour de Pierre de Brach, dont les Poemes, publiés en 1576 auraient dû faire l’objet d’une seconde édition63, puis au début du siècle suivant, dans un nouveau contexte spirituel marqué par la réforme catholique. On doit encore à ses presses la Mariade (1605) d’Antoine de La Pujade, alors que La Muse catholique (1614) du sieur de La Croix-Maron, ancien militaire au service du duc d’Épernon puis conseiller au Parlement, était publiée chez Jacques Marcan64. Millanges fut également le maître d’œuvre d’une longue suite d’ouvrages religieux, de la littérature de spiritualité et surtout des ouvrages de controverse et d’apologétique, ainsi le traité polémique de Florimond de Ræmond, l’Erreur populaire de la papesse Jane, dont l’édition originale fut publiée en 1587, en un volume in-4° orné de la rare marque au tombeau65. Dix ans plus tôt, la traduction des Opuscules d’Athenagoras (1577) par Arnaud du Ferrier, ambassadeur à Venise, que Montaigne allait retrouver lors de son voyage en Italie66, avait donné à Millanges l’occasion d’un argument publicitaire. Dans l’avis au lecteur, il pouvait se réclamer de l’« autorité de trèsdoctes personnes », qui lui faisaient l’honneur de lui adresser, de pays éloignés, « leurs beaux escrits pour les imprimer »67. Il produisit aussi une importante série de publications des jésuites, parmi lesquels, la Vita Ignatii Loiolæ qui Societatem Iesu fundavit (1589) du P. Maffei. Entre 1608 et 1614, il fit paraître, la grande collection des Histoires des choses plus memorables, un recueil de lettres des missions jésuites édité par le P. du Jarric68. En revanche, l’« Imprimeur de M. le cardinal de Sourdis » était le modeste Arnaud du Brel, chez qui le P. Henri Castella, un religieux toulousain, établi à Bordeaux en qualité de « confesseur des Dames religieuses », fit paraître son Sainct voyage de Hierusalem et Mont Sinay (1603), dédié au président Henri de Nesmond69.

En dépit de leur variété et de leur intérêt, il n’est pas sûr toutefois que toutes les publications de Millanges aient été régies par une véritable « politique éditoriale » cohérente, à son initiative. Le choix des ouvrages les plus importants qu’il imprimait, le Pimandre, les Essais, les Commentaires, ne lui incombait pas. Les livres de Foix-Candale et de Monluc portent sur le titre non pas la marque de l’imprimeur mais l’emblème ou les armoiries de l’auteur, de même que les œuvres de Ræmond qui, à l’exception de l’édition originale de La Papesse Jane, portent une sphère armillaire. Dans la plupart des cas, Millanges a joué le rôle d’un intermédiaire technique, capable d’assurer la publication d’un ouvrage sur lequel il n’avait aucune autorité. Dans plusieurs cas, les ouvrages imprimés par lui servirent de point d’appui pour des carrières éditoriales parisiennes, celle de Montaigne en premier, suivi de Brach et de Ræmond, tous les trois publiés par le libraire parisien Abel L’Angelier70. La Sagesse de Charron, dont l’édition originale fut imprimée par Millanges, fut rééditée à Paris sur la base de conventions qui sont bien documentées ; elles sont toutes à l’avantage de l’auteur71.

Tous les livres imprimés par Millanges n’étaient pas pour autant destinés à répondre aux seuls besoins locaux et voués à une circulation limitée. Certains d’entre eux connaissaient une diffusion élargie, dans le cadre d’accords et de partenariats commerciaux. Des cent cinquante exemplaires imprimés du Pimandre, le contrat passé avec François de Foix prévoyait que cent quarante seraient vendus à Lyon et à Paris72. C’est sans doute par ce biais que le poète de la cour, Desportes, acquit son exemplaire73. Le volume des Imitations de Pierre de Brach, imprimé par Millanges en 1584-1585, fut mis en vente la même année chez L’Angelier, sous un titre renouvelé mais qui précisait son origine74. Une partie du tirage de l’édition in-folio des Commentaires de Monluc, publiée en 1592, fit l’objet d’une remise en vente en 1596 à l’adresse de Robert Fouet à Paris.

La correspondance de Claude Dupuy avec l’érudit padouan Gian Vincenzo Pinelli permet d’établir une liste des livres de Millanges dont la notoriété avait dépassé les limites locales. Dès 1573, Dupuy mentionne l’envoi de quelques volumes accompagnés de l’indication de leur prix, parmi lesquels figure le Narbonensium votum et aræ dedicatio, de Vinet. Il précise que l’exemplaire porte une « inscription pour le Sr Alde Manuce »75. Six ans plus tard, en 1579, il évoque à la fois les livres qu’il avait envoyés à son correspondant, ceux qu’il avait fait acheter pour lui à la foire de Francfort et ceux dont la parution est récente. La plupart de ces ouvrages sont d’origine parisienne, mais il mentionne aussi La première et la seconde partie des Erreurs populaires de Joubert, sans préciser le lieu d’impression, et parmi les autres, les commentaires sur le Pimandre par François de Foix ainsi que l’édition d’Ausone par Vinet et le commentaire de celui-ci sur le Songe de Scipion76. Dans une autre lettre, datée du 15 septembre 1584, l’érudit annonce un envoi de livres par l’intermédiaire du libraire parisien Nivelle et le correspondant de celui-ci à Venise, Francesco Ziletti. Parmi ceux-ci figurent les Essais de Montaigne imprimés à Bordeaux, ainsi que le Pimandre77. Il indique aussi, parmi les livres envoyés à Francfort, plusieurs ouvrages de Vinet, l’Antiquité de la ville de Saintes et l’édition du De architectura de Palladius78. Cet ouvrage, dont les exemplaires sont aujourd’hui rarissimes, est encore souvent attribué à l’architecte padouan Andrea Palladio, dont les Quattro libri di architectura avaient été publiés à Venise à partir de 1570. Cette attribution pourrait faire croire à un intérêt de Vinet et de ses protecteurs bordelais pour la modernité architecturale d’origine italienne. Elle est inexacte. Il s’agit en réalité d’un résumé du De architectura de Vitruve Pollion par M. Cetius Faventinus, publié sous le nom de Palladius Rutilius Taurius Æmilianus, lui-même connu pour être l’auteur du De rustica. À tous ces ouvrages, Dupuy ajoutait un exemplaire de la Schola Aquitania, qu’il accompagnait d’un éloge du collège de Guyenne : « De ce college de Guienne sont issus des tresgrands personnages, entre autres Govean, Buchanan, Gruchius, Gelida, Vinet »79. Tous les livres mentionnés par Dupuy ont bien été enregistrés dans la bibliothèque de Pinelli. Si l’activité de Millanges restait pour sa plus grande part dans une sphère régionale, quelques uns de ses ouvrages bénéficiant du prestige de certains auteurs, Vinet, François de Foix, Montaigne, contribuaient à sa réputation européenne d’imprimeur savant, à l’instar des meilleurs de ses confrères parisiens.

3. La vie intellectuelle à Bordeaux et ses acteurs

Les livres permettent d’identifier les objets de la vie intellectuelle bordelaise, ses productions et ses auteurs. Un dépouillement systématique des ouvrages composés par des auteurs bordelais et imprimés à Bordeaux permettra d’élargir la prosopographie des lettrés bordelais dont la liste des noms mentionnés par La Croix du Maine en 1584 constituait l’esquisse. Les recueils poétiques sont particulièrement intéressants pour la constitution d’un tel répertoire. Ils contiennent un grand nombre de noms, outre ceux des auteurs, ceux d’auteurs de pièces encomiastiques ou « en réponse », et parfois ceux de dédicataires et de destinataires. Les Epigrammata (Bordeaux, Morpain, 1563) de Maurice Marcis80, centrées autour d’une pièce « Ad urbem Burdigalam », nomment ainsi l’archevêque Antoine Prévost de Sansac, Christophe de Roffignac, à qui le volume était dédié, le président Nicolas Bohier, les conseillers Joseph de La Chassaigne, Joseph de Valier, Étienne de La Boétie, destinataire d’une épigramme « Sur une Vénus de marbre du même Michel-Ange », Jean de Rignac, Antoine Gouvéa, Rodolphe Dubert, Élie Vinet. En 1576, les Poemes de Pierre de Brach révèlent une cinquantaine de personnages, réunis autour de la famille de Foix et du Parlement81. Les Tombeaux collectifs ne sont moins riches. Publié à Lyon en 1565, alors que Bordeaux ne disposait pas encore des ressources typographiques suffisantes, le Tumulus élevé par Joseph de La Chassaigne en l’honneur du président Arnoul de Ferron, joint aux Consuetudinum Burdigalensium Commentarii, contient des pièces d’Étienne et Pierre de Cruseau, Maurice et Charles de Marcis, Pierre Paschal, maître des requêtes du roi de Navarre et homonyme de l’historiographe de Henri II, Emmanuel du Mirail, Gabriel de Lurbe, Étienne de La Maisonneuve, Martial de Thibault, Joseph de Lauvergnac, Simon de Lanfranque, Pierre de Métivier, Geoffroy de La Chassaigne l’aîné, Jean Deniset, professeur au collège de Guyenne, François Moncaud, Jean du Chemin, Geoffroy de Malvyn. Montaigne, alors conseiller au Parlement, n’avait pas participé à cette célébration collective. Un autre Tumulus, qui suit la Vita Eliæ Vineti publiée en 1590 dans l’édition des Opera d’Ausone, recueille des pièces de Martial Monier, Étienne Maniald, Jean de Saint-Martin, un avocat au Parlement, originaire de Dax, Jean Daurat, Étienne de Cruseau, Jean de Tallet, Pierre Paschal, Le Clerc, Antoine de Vaulx, Pierre Guyonnet82. Imprimés par Millanges, le Tombeau de Monluc (1592) et celui de Sponde, publié à la suite de la Response au traicté des marques de l’Église (1595) du même auteur, édité par Florimond de Ræmond, contiennent en particulier des pièces de Laugier de Porchères et Malvyn de Cessac, ainsi que d’une Bordelaise « d’alliance », Marie de Gournay.

Certains exemplaires de ces livres révèlent les noms de leurs lecteurs, connus par des envois, des ex-dono ou des mentions de provenance. Certains sont Bordelais et doivent, en tant que tels, figurer dans la prosopographie. Un exemplaire de la première édition des Essais porte un envoi de Millanges à Antoine Talet, « Antonio Taletio Millangius ipse Compater et amicus intimus D.M. »83. On trouvera aussi les noms de lecteurs bordelais sur des livres d’autre origine. L’unique exemplaire connu de la traduction de l’Enfantement de la Vierge de Sannazar (Paris, L’Angelier, 1582) a appartenu à M. Bertin, chanoine et official de Saint-André, connu pour être l’auteur d’un Traicté de la liberté de conscience, publié chez Millanges en 1586. Outre celle de Vinet84, les bibliothèques bordelaises sont assez bien connues, par des études particulières ou dans une approche collective85. À défaut d’un inventaire de la bibliothèque de Montaigne, on conserve une centaine de volumes portant la marque d’appartenance de l’écrivain. S’il n’y a parmi ceux-ci qu’une seule édition bordelaise86, leur histoire n’est pas moins intéressante pour la reconstitution des dynamiques des échanges et des transmissions. La provenance de ces volumes ne s’établit pas seulement à partir de Montaigne, mais aussi jusqu’à lui, en amont, et elle peut parfois révéler les noms d’autres lettrés bordelais, ainsi Étienne de La Maisonneuve, dont l’ex-libris figure sur l’exemplaire du De Usu astrolabi (Paris, 1546) de Poblacion, que Montaigne avait acquis par la suite87. Dans cette transmission, le rôle des libraires bordelais demanderait à être mis en lumière. Jean Laurens dans les années 1540, et au cours de la décennie suivante Étienne Thoulouze, lié aux libraires lyonnais88, ont pu être les intermédiaires auprès desquels se fournissait le jeune Eyquem, élève du collège de Guyenne.

La bibliophilie contribue pour sa part à la connaissance de ces lecteurs et de leurs goûts. Une collection quasi inconnue, celle des Martin de La Rocque, une famille liée au Parlement, vient de réapparaître sur le marché89. Constituée de livres d’histoire et de poésie, elle confirme la généralisation d’une culture que Montaigne revendiquait pour lui-même. Elle témoigne aussi, par l’homogénéité et la qualité des reliures armoriées, dues à un atelier local qui reste à identifier, d’un souci de distinction bibliophilique auquel Montaigne en revanche était indifférent, mais qui commençait à s’imposer sur le modèle de la Grande robe parisienne, celui d’un De Thou, qu’imitait au même moment le président de Rignac à Montpellier.

L’élargissement de la prosopographie aux lecteurs permet de cerner au plus près les acteurs de la vie intellectuelle bordelaise. Il n’est pas sûr qu’il faille la grossir du nom de tous les lettrés d’origine bordelaise dont la carrière et les publications ne se rattachaient pas à Bordeaux : René Bertault de La Grise, secrétaire du cardinal de Grammont, traducteur de Guevara en 1531, Lancelot de Carle90, Jérôme L’Huillier de Maisonfleur, des amis de Ronsard. On retiendra ceux qui avaient gardé des liens avec les milieux lettrés de la cité : l’historiographe Bernard Girard du Haillan (1535-1610), un parent de Pierre de Brach, le jésuite Fronton du Duc (1559-1624), correspondant de Juste-Lipse comme De Brach, établi à Pont-à-Mouson, mais qui publia plusieurs ouvrages chez Millanges, de même que son confrère Jean de Bordes « Bourdelois ». Bordes avait fait paraître chez Millanges, en 1598, un ouvrage de controverse, Les vrais abus. Il enseignait au collège d’Agen, où il traduisit les Nouveaux avis de la Chine qu’il publia à Paris en 1602, « sur la copie imprimée à Agen », ainsi qu’une longue relation du Japon due au P. Froes, publiée en 1604. Bordes était lié à Du Jarric, et il avait peut-être été aux origines de la publication à Bordeaux des Histoires des choses plus mémorables.

La liste des noms qui apparaissent dans les livres publiés par Millanges recoupe en grande partie celle des élites sociales bordelaises, celle des parlementaires et des « gens de parlement »91. Outre les auteurs et leurs lecteurs connus, la prosopographie des acteurs de la vie intellectuelle s’ouvrira naturellement aux médiateurs de la culture lettrée, les enseignants des deux collèges bordelais, même s’ils n’ont rien publié, et à leurs élèves, pour autant que ceux-ci sont connus, sans négliger les maîtres de l’école d’écriture, dirigée par Mathurin Croizet et son neveu Antoine de Bonnemère92. Elle s’élargira aux réseaux de correspondants que les lettrés avaient tissés au cours de leurs années d’étude, en France, souvent à Toulouse et à Orléans, et parfois en Italie. Du Bartas pourra être inscrit dans cette prosopographie, non pas en raison de son origine gasconne, en dépit de l’allégation de La Croix du Maine qui faisait de l’Armagnac la banlieue de Bordeaux, mais en tant qu’auteur publié par Millanges93 et surtout en raison de ses liens d’amitié avec Pierre de Brach, qu’il avait connu au cours de ses études à Toulouse, et avec Florimond de Ræmond. Dans un poème, De Brach le nommait, en l’associant à Ræmond et à Jacques Peletier du Mans94. Ce sont ces mêmes amis qui favorisèrent la publication de la Muse chrestienne chez Millanges en 1574. Et plus tard, en 1577, on retrouve le nom de Du Bartas parmi les auteurs de pièces liminaires, avec Pierre de Brach et Jean de La Fargue dans L’Apologie pour les Chrestiens, dédiée au chancelier Pibrac.

Dans les années 1550, Arnoul de Ferron avait été intimement lié à Jules César Scaliger. Dans ses Poemata, Scaliger célébrait deux autres parlementaires lettrés, Guy Galard de Brassac et surtout La Boétie, à qui il adressa des vers particulièrement élogieux, et il consacra un beau poème à Bordeaux, « Oceani tumidas furioso percita Cauro… », dans le cadre d’une célébration des villes à la manière d’Ausone95. Parmi les correspondants de Vinet figure le fils de Scaliger, Joseph Juste, qui avait été éduqué au collège de Guyenne entre 1552 et 1555 avec ses frères96. Au cours de sa carrière, il fit plusieurs séjours à Bordeaux et y noua les fils d’un réseau lettré, qui associait aussi Pressac, le beau-frère de Montaigne. Dans une lettre adressée à Claude Dupuy, il indiquait que Pressac lui avait écrit pour lui donner des nouvelles du « bon home Vinet […] enserré dans son collège », au moment de la grande peste97. C’est également lui qui informa Dupuy que Pressac avait décliné l’invitation qui lui avait été faite de traduire en français l’Histoire de la Chine de Gonsalez de Mendoza98. Enfin, dans une lettre adressée à Jacques-Auguste de Thou, dans laquelle il demandait à son correspondant de bien vouloir aider Pressac dans une question de succession, il célébrait les liens savants qui les unissaient tous les trois : « Vous estes le patron et Mæcenas des Muses et bonnes lettres, esquelles ledit Sieur de Pressac a très bonne part, comme vous mesmes le savez très bien »99. Joseph Juste Scaliger évoqua également les liens entre Vinet et Juste Lipse. Dans une autre lettre100, il annonçait que ce dernier lui avait envoyé son traité des Amphitheatralia (Leyde, 1584). Montaigne, qui entretenait des relations avec Lipse, fit plusieurs emprunts à ce traité dans les Essais101. Pierre de Brach était lui aussi lié à Juste Lipse, qu’il invita à s’associer au Tombeau pour Aymée, et il correspondait avec Anthony Bacon102.

Les noms des grands officiers royaux, en particulier ceux des lieutenants-généraux, tels Biron ou le maréchal de Matignon, nommé en 1581, ceux des prélats et des supérieurs des maisons religieuses, ceux de certains membres des familles de la haute noblesse apparaissent dans des dédicaces. Montaigne dédia une section des œuvres de La Boétie à Louis de Saint-Gelais, seigneur de Lansac, ancien maire de Bordeaux, en 1556, et ami du défunt. Une génération plus tôt, Vinet avait dédié au même personnage son édition de la Vie de Charlemagne d’Eginhard (Poitiers, 1546). Le pédagogue eut pour élève au collège de Guyenne son fils, Guy de Lansac, qui assuma les fonctions de maire de Bordeaux durant deux mandats, entre 1567 et 1571103. Plus tard, en 1600, c’est au maréchal d’Ornano, lieutenant du roi en Guyenne, que Scipion Dupleix, un autre ancien élève du collège de Guyenne, dédia sa Physique104.

Certaines Dames bordelaises ont joué un rôle dans la vie intellectuelle, à la mesure de leur rang et de l’éducation qu’elles avaient reçue. La sœur de Montaigne, Jeanne de Lestonnac, célébrée par Marie de Gournay comme une Minerve, avait une excellente maîtrise du grec, si l’on en croît les chroniqueurs105. Reste à identifier la mystérieuse Dame de Péguilin, que Marie de Gournay associait au souvenir de Montaigne, et qui, selon elle, incarnait de la façon la plus remarquable la conjonction de la noblesse et des lettres :

Quand tu ne reluirois de science et d’esprit,

Et n’aurois la noblesse aux bonnes mœurs compagne,

Au sommet d’Hélicon ton nom doit estre inscrit,

Pour estre d’alliance unie au grand Montaigne106.

Dans ce contexte, la maison de Foix joua un rôle de premier plan. Diane de Foix (1542-1587) fut la dédicataire du chapitre « De l’institution des enfans » des Essais. Pierre de Brach composa pour elle, à qui il avait dédié son recueil de Poemes, une mascarade, qui fut représentée dans la demeure bordelaise du trésorier de France, Jean de Pontac, et dans laquelle il mentionnait les dames de son entourage107. On connaît moins bien le personnage le plus savant de l’illustre famille : François de Foix-Candale108, l’auteur du Pimandre, dédié à Marguerite de Valois109. Montaigne avait célébré le personnage dans ses Essais, tout en dirigeant contre le Pimandre certains arguments de l’« Apologie de Raymond Sebond »110. Dans son château de Cadillac, François de Foix avait établi un cabinet, décrit par Agrippa d’Aubigné111. Il y poursuivait des travaux de physique, de mécanique et il s’occupait aussi d’alchimie, témoignant d’une curiosité qui semble avoir été plus largement partagée à Bordeaux, en particulier par le président d’Espagnet. Cette tradition lettrée se prolongea sous une forme plus modeste à la génération suivante, chez le fils de Diane de Foix, pour lequel Montaigne avait composé son petit traité d’éducation, dans lequel il récusait toute formation trop livresque112.

Même si Bordeaux, à la différence de Lyon ou de Toulouse, ne semble pas avoir été un grand centre d’innovation et de création, les artistes, musiciens, peintres, architectes trouveront leur place dans une telle prosopographie, ne serait-ce qu’en raison de leurs liens avec les milieux lettrés et leurs protecteurs. Pierre de Brach avait adressé un sonnet à « un excellent Paintre Flamand » :

Puis que ma plume paint comme paint ton pinceau,

Qui represente au vif toute chose mortelle,

Buekler, je veux tirer ta portraiture telle

Qu’elle t’arrachera tout vif hors du tumbeau113.

Le poème développe un paragone, une comparaison entre le poète et le peintre, que Pierre de Brach reprend de Vasari, en relation à un sonnet de Pétrarque : la célébration du peintre permet en réalité de mettre en évidence la supériorité du poète, seul à même de donner l’immortalité à ses œuvres. Mais, outre la connaissance de la trattatistica italienne qu’il révèle, ce poème est intéressant parce qu’il offre une des rares mentions d’un artiste contemporain dans un texte français de l’époque et tout particulièrement bordelais, à l’exception de Michel-Ange, déjà cité par Marcis. Il nomme en l’occurrence Huybrecht Beuckelaer (c. 1535- après 1605), originaire d’Anvers. Ce peintre, qui s’était spécialisé en portraits et en scènes de marché, séjourna à Bordeaux en 1574. Dans une lettre à sa mère, il écrivait qu’il y gagnait mieux sa vie qu’à Anvers114. On pourra supposer qu’il avait fait des portraits des notables bordelais, parmi lesquels celui de De Brach, qui contribua à sa réputation locale. Il y avait peut-être aussi vendu de tableaux d’autres genres, dont il serait intéressant de retrouver les traces dans les inventaires après-décès. De son côté, en 1584, Montaigne était en relation avec le peintre Jacques Gaultier, avec lequel il passa contrat pour la ville115. En revanche, les noms des artistes à qui il avait confié la décoration de son château et celui des sculpteurs qui réalisèrent son tombeau ne sont pas connus. Enfin, c’est avec l’architecte Louis de Foix que Montaigne signa le contrat du phare de Cordouan, associé à Ogier de Gourgues, président au bureau des trésoriers des finances de Guyenne. Et celui-ci fit appel au même architecte pour moderniser son propre château, à Vayre, en de précises références à Serlio116.

* *
*

Élaborée à partir d’une tradition locale, l’histoire de la vie intellectuelle à Bordeaux a pu contribuer aux mythes de la célébration urbaine. Le collège de Guyenne, réuni autour de Vinet, son principal pendant trente ans, et de certains maîtres de stature européenne, André Gouvéa ou George Buchanan, a été érigé au rang de « lieu de mémoire », sur la base de l’évocation qu’en fit Montaigne, le plus célèbre de ses élèves117. Or la réalité, examinée sur un temps plus long, semble avoir été plus nuancée, ainsi que le déplora De Brach dans son Hymne de Bordeaux118. De Thou lui-même notait la décadence de l’établissement :

Vinet, qui avait connu son collège florissant et souffrait de le voir éclipsé par un autre, ouvert grâce à la générosité de Baulon, et dont l’administration avait été confiée aux Jésuites, aimait à dire, non sans indignation, qu’on avait pris un bon établissement pour en fabriquer deux mauvais119.

En constatant un échec qui assombrissait le soir de sa vie, Vinet révélait aussi l’action d’autres personnages qui contribuaient à la vie intellectuelle bordelaise : François de Baulon, un conseiller au Parlement, et derrière lui les jésuites, dont le collège connaissait un grand développement, au point, selon certaines sources, d’atteindre l’effectif de mille élèves en 1603. À travers le ressentiment lié à une rivalité pédagogique, il révélait une ligne de fracture plus profonde, entre l’ancienne tradition humaniste de sympathie réformée, en voie d’épuisement, et une nouvelle instance vouée à la formation des élites, sur la base de la ratio studiorum, dans le cadre de la réforme catholique et d’un nouvel « âge de l’éloquence ». La tradition municipale laïque a longtemps valorisé la première. La seconde, qui n’appartient pas moins à l’époque de Montaigne et qui n’est pas moins inscrite dans les Essais, demande aussi à être prise en considération par l’historien. En son temps, l’imprimeur Millanges avait assumé efficacement la continuité entre les deux âges.

La prosopographie des lettrés bordelais s’élargit à la description des milieux dans lesquels ceux-ci ont pu exercer leur activité et au catalogue détaillé des œuvres de toute nature, élaborées à Bordeaux. C’est aussi sur ces bases que peut être abordée à la fois la question d’une définition globale de la vie intellectuelle bordelaise, à travers les lignes de fracture et les oppositions qui s’y lisent, et celle de son originalité éventuelle, à l’intérieur de formes et de savoirs qui constituaient la culture de l’époque dans son ensemble. Les juristes sauront dire s’il y a eu une pratique du droit propre à Bordeaux, les historiens de la littérature, quelle a été la contribution des parlementaires bordelais à la constitution d’une grande éloquence judiciaire, alors que ses monuments ont été publiés tardivement et ailleurs qu’à Bordeaux : les discours d’Antoine Loisel dans le cadre de la Chambre de justice, publiés à Paris, ou les Remonstrances, ouvertures de palais et arrestz prononcés en Robes rouges d’André de Nesmond, président au Parlement de Bordeaux, publié en 1617 à Poitiers. Les historiens de l’art mettront en évidence des formes idiomatiques et les adaptations, en architecture ou pour l’art des jardins120. Le travail reste à faire pour les autres savoirs, la médecine comme les mathématiques.

C’est à travers les réseaux que révèlent dédicaces, envois, correspondance, que pourront être mis en évidence les points d’opposition ou de rencontre des différentes formes de culture, humaniste, savante, mondaine des élites bordelaises. En tout cas, les formes qui, aujourd’hui, peuvent nous apparaître comme les plus codifiées, les disciplines enseignées dans les collèges, la pratique judiciaire, la poésie néolatine, propre à l’ensemble des milieux de Robe en France, la polémique religieuse, se sont développées à Bordeaux, en même temps que les Essais. Loin de faire obstacle à l’élaboration et à la publication d’une œuvre originale, elles ont peut-être été un terreau très fertile, créant les conditions d’une subtile alchimie culturelle :

comme disent aucuns jardiniers, que les roses et violettes naissent plus odoriférantes près des aulx et des oignons, d’autant qu’ils sucent et tirent à eux, ce qu’il y a de mauvaise odeur en la terre121.

Appendice

Liste des lettrés bordelais ou actifs à Bordeaux mentionnés dans la Bibliothèque de La Croix du Maine (Paris, L’Angelier, 1584).

– Barraud (Jean de), « Bourdelois, religieux de l’ordre de l’observance de S. François », p. 203.

– Brach (Pierre de), « natif de Bordeaux en Gascogne », p. 388.

– Carle (Lancelot de), « gentilhomme Bourdeloys », p. 282.

– Chantelouve (François de), « gentilhomme Bourdelois, chevalier de l’ordre de S. Jean de Jerusalem », p. 93.

– Des Bordes (Guillaume), « gentilhomme Bourdelois, docteur ès droits et professeur, de mathematiques », p. 141.

– Du Bois, dit de Bosco (Jean), « prestre et secretain en l’Eglise parochiale de S. Michel à Bordeaux l’an 1478 », p. 206.

– Du Bartas (Guillaume), « gentilhomme natif dudict lieu, près Bordeaux en Gascogne […] il florist cette année. En son pays de Bordeaux », p. 154-155.

– Foix (François de), « Le Pymandre […] imprimé à Bordeaux par Symon de Milanges l’an 1579 », p. 96.

– Girard du Haillan (Bernard de), « gentil-homme natif de Bordeaux en Gascogne », p. 30.

– La Boétie (Étienne), « Conseiller du Roy au Parlement de Bordeaux l’an 1560. ou environ », p. 76.

– La Chassaigne (Geoffroy de), seigneur de Pressac, « natif de la ville de Bordeaux […] son père s’appeloit Isaac de La Chassagne l’un des plus doctes et renommez entre les conseillers dudit Parlement de Bordeaux en Guienne », p. 124.

– La Guillotière (François de), « natif de Bordeaux, comme luy mesme me l’a asseuré […] il florist à Paris ceste année 1584 », p. 98.

– L’Espinay (Pierre de), « bachelier en theologie […] sous-prieur de l’Abbaye de Sainte-Croix de Bordeaux en Gascongne », p. 402.

– Mainald (Étienne), « professeur de medecine à Bordeaux », p. 79.

– Montaigne (Michel Eyquem de), « Maire et gouverneur de Bordeaux […] il florist à Bordeaux cette année 1584. », p. 328-329.

– Pichon (Richard), « natif de Bordeaux, Clerc de ville en ladicte ville de Bordeaux. Il a escrit quelque chose des antiquitez de Bordeaux […]. », p. 441.

– Ranconnet (Emar), « natif de Bordeaux, President au Parlement de Paris », p. 73.

– Roffignac (Christophe), « Chevalier, natif de Lymosin, President à Bordeaux », p. 52.

– Reulin (Dominique), « natif de Bordeaux et medecin en laditte ville », p. 70.

– Trun (Acopart de Trun), « Mathematicien […] estudioit à Bordeaux au college de Buval l’an 1552 », p. 2.

– Vincent (Guillaume), « premier huissier au Parlement de Bordeaux […] il vivoit en l’an 1480 ou environ », p. 158.

– Vinet (Élie), « natif de Barbezieux en Xaintonge […] principal du College d’Aquitaine à Bordeaux […] il florist à Bordeaux ceste année 1584. », p. 72.

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1 Sur le « provincial » comme objet historique, voir Alain Corbin, « Paris – Province », dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, Paris, Gallimard, 1997, t. 2, p. 2851-2888.

2 Voir Myriam Yardéni, « Histoire de villes, histoire de provinces et naissance d’une identité française au xvie siècle », Journal des Savants, janvier-juin 1993, p. 111-134.

3 Voir Laurence Augereau, « Le mécénat royal à Tours, capitale provisoire du Royaume, 1589 », dans Isabelle de Conihout et alii, Henri III mécène des arts, des sciences et des lettres, Paris, PUPS, 2005, p. 213-226.

4 Voir Lucile Bourachot, « Agen et Marguerite de Valois, reine de Navarre », dans Madeleine Lazard et Jean Cubelier de Beynac (dir.), Marguerite de France [sic] reine de Navarre et son temps, Agen, Centre Matteo Bandello, 1994, p. 61-81.

5 Pierre de Nolhac, « Quelques provinciaux amis de la Pléiade », Revue des études historiques 87, 1921, p. 28-36.

6 Ernest Gaullieur, Histoire du Collège de Guyenne, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1874.

7 Voir Ludmila Virassamynaïken (dir.), Arts et humanisme. Lyon Renaissance, Lyon Musée des Beaux-Arts, 2015-2016, Paris, Somogy Éditions d’Art, 2015.

8 Louis Desgraves, Bibliographie bordelaise : bibliographie des ouvrages imprimés à Bordeaux au xvi e siècle et par Simon Millanges, 1572-1623, Baden Baden, Koerner, 1971 ; Paul Roudié, « L’imprimerie et la librairie Millanges en 1624 », Revue française d’histoire du livre 39, 1983, p. 73-88.

9 Cette question a été bien problématisée par Régine Reynolds-Cornell, dans son compte rendu de Nathalie Dauvois (dir.), L’Humanisme à Toulouse (1489-1596), Paris, Champion, 2004 (Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 70, 2008, p. 246-253).

10 Camille Jullian, Inscriptions romaines de Bordeaux, Bordeaux, Gounouilhou, 1887.

11 Laurent Coste, Messieurs de Bordeaux. Pouvoirs et hommes de pouvoir à l’hôtel de ville (1548-1789), Bordeaux, 2006 ; Id., Élites municipales françaises. Dictionnaire prosopographique. Les jurats de Bordeaux de 1550 à 1798, Bordeaux, 2008.

12 Chicago, Newberry Library (Case E 43937-528). L’ouvrage est accompagné de pièces liminaires de Pierre de Lurbe et Étienne Maniald. Il est aussi à Bordeaux, numérisé sur le site de la Bibliothèque virtuelle Séléné de Mériadeck.

13 Voir en particulier le Catalogue de la bibliothèque de feu M. Ernest Labadie, Bordeaux, Mounastre-Picamilh, 1918, décrivant 4.154 lots, ainsi que les collections de Reinhold Dezeimeris (1914), Meaudre de Lapouyade (1922), Ph.-L. Bordes de Fortage (1924-1927).

14 Outre l’ouvrage classique de G.B.F. Boscheron des Portes, Le Parlement de Bordeaux depuis sa création jusqu’à sa suppression (1451-1790), Bordeaux, Ch. Lefebvre, 1877, voir Grégory Champeaud, Le Parlement de Bordeaux et les paix de religion (1563-1600), Bouloc, Éditions d’Albret, 2008 ; Bertrand Favreau (dir.), Le Parlement de Bordeaux, 1462-2012. 550 ans d’histoire du Parlement et du Barreau de Bordeaux, Bordeaux, Chawan, 2014.

15 Stéphane Claude Gigon, La Révolte de la Gabelle en Guyenne (1548-1549), Paris, Champion, 1905.

16 Voir Laurent Coste, « La révolte de 1548 et la naissance de l’image d’une ville rebelle », dans Émilie Champion et alii (dir), L’Aquitaine révoltée, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest, 2014, p. 69-81.

17 Voir Paul Courteault, « L’exemplaire de Bordeaux au xviiie siècle », Bulletin de la Société des amis de Montaigne 9, 1940, p. 54-56.

18 Sur le débat critique et ses enjeux, voir Jean Balsamo, « EB vs 95 : un débat bien français pour une question mal posée », Bulletin de la Société internationale des amis de Montaigne 56, 2012-2, p. 269-286.

19 Les Essais de Montaigne publiés d’après l’exemplaire de Bordeaux sous les auspices de la commission des Archives municipales, Bordeaux, Imprimerie nouvelle F. Pech, 1906, p. vii.

20 Reinhold Dezeimeris, De la Renaissance des lettres à Bordeaux au xvi e siècle, discours de réception prononcé à l’Académie de Bordeaux le 17 décembre 1863, Bordeaux, Gounouilhou, 1864.

21 François de La Croix du Maine, Premier volume de la Bibliothèque, Paris, L’Angelier, 1584, p. 328-329.

22 François Gebelin, Le Gouvernement du Maréchal de Matignon en Guyenne pendant les premières années du règne de Henri IV (1589-1594), Bordeaux, Mounastre-Picamilh, 1912.

23 Voir Richard Cooper, « Marguerite de Valois en Gascogne », dans M. Lazard et J. Cubelier de Beynac (dir.), Marguerite de France, op. cit. [n. 4], p. 108-132, ici, p. 110.

24 Voir La Cour de Nérac au temps de Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, Cahiers d’Aubigné 24, 2012.

25 Sur le poète, voir Jean Paul Barbier-Mueller, Dictionnaire des poètes français de la seconde moitié du xvi e siècle, Genève, Droz, 2015-2020, t. III, p. 372-374.

26 Étienne de Cruseau, Chronique, éd. Jules Delpit, Bordeaux, Gounouilhou, 1879.

27 L’Entrée du Roy à Bordeaux, avecques les carmes latins qui luy ont esté presentés et au chancelier, Paris, Th. Richard, 1565 ; voir Paul Courteault, Geoffroy de Malvyn magistrat et humaniste bordelais (1545 ?-1617), Paris, Champion, 1907, p. 63.

28 Antoine Loisel, « Bordeaux II », remontrance du 22 août 1582, dédiée à Montaigne, d’Agen, le 1er novembre 1582, dans De l’œil des rois et de la justice, Paris, L’Angelier, 1595, f. K3v. Le texte avait paru pour la première fois en 1584 (Paris, Le Mangnier).

29 Lettre de Vinet à Pithou, du 26 novembre 1583, citée dans Louis Desgraves, Élie Vinet humaniste de Bordeaux (1509-1587). Vie, bibliographie, correspondance, bibliothèque, Genève, Droz, 1977, p. 148-149.

30 C’est le parti du catalogue Around Montaigne. A Group of Books reflecting the Intellectual Life of Bordeaux in the Time of Montaigne, Londres, Bernard Quaritch, 2005.

31 Voir Bruno Roger-Vasselin (dir.) Montaigne et sa région, Bulletin de la Société internationale des Amis de Montaigne (VIIIe série) 48, 2008/2.

32 Les Essais, III, 5, éd. Jean Balsamo et alii, Bibliothèque de la Pléiade, Paris, Gallimard, 20175 [20071], p. 918.

33 Voir Denise Bège-Seurin, « Michel Eyquem de Montaigne, général-conseiller à la cour des Aides de Périgueux », dans Montaigne et sa région, op. cit. [n. 31], p. 271-283.

34 Les Essais, II, 12, éd. cit., p. 466.

35 Ibid., III, 7, p. 961.

36 Jean de Castaigne, « Des verdz cheveux de la belle Daphnée… », dans Olivier de Magny, Les Amours, Paris, Sertenas, 1553, f. A8 ; le même recueil contient une ode de Magny à Castaigne, « Icy je ne publie pas… », f. 31vo-32, dans laquelle le poète célèbre le « parler riche et facond » de son ami.

37 Pierre de Brach, Les Poemes, Bordeaux, S. Millanges, 1576, f. 174.

38 Voir Barbara Pistilli et Marco Sgattoni, La Biblioteca di Montaigne, Pise, Edizioni della Normale, 2014, p. 88.

39 Ibid., no 26.

40 Henri de La Ville de Mirmont, « L’histoire tragique et miraculeuse de Martial Deschamps », Revue historique de Bordeaux 4, 1911, p. 361-384.

41 Jean Balsamo, « Deux gentilshommes “necessiteux d’honneur” : Montaigne et Pressac », Montaigne Studies 13, 2001, p. 141-175.

42 À l’exception d’une thése non publiée de J. Dawkins, La Fortune et l’œuvre d’un poète bordelais de la seconde moitié du xvi e siècle : P. de Brach (1547 ?-1605), University of Nottingham, 1969, il n’existe pas d’étude d’ensemble de l’œuvre du poète. Celui-ci est connu surtout pour ses relations avec Montaigne, qui demandent à être précisées. Sur l’œuvre poétique, voir les notices de J. P. Barbier-Mueller, Ma Bibliothèque poétique, t. IV, Genève, 2000, vol. 1, p. 312-324, et Dictionnaire des poètes français, op. cit. [n. 25], t. II, p. 786-790. Voir également Grégory Champeaud, « “Des temps si pervers”. Pierre de Brach et Bordeaux au temps des guerres civiles », dans Concetta Cavallini et Véronique Ferrer (dir.), Pierre de Brach, Poésie, théâtre, traduction, Fasano, Schena Editore, 2018, p. 27-47.

43 Voir Alain Legros, « La vie et l’œuvre d’un médecin contemporain de Montaigne : Pierre Pichot », Revue française d’histoire du livre 92-93, 1996, p. 361-374.

44 Raymond Darricaud, « La vie et l’œuvre d’un parlementaire aquitain. Florimond de Ræmond (1540-1601) », Revue française d’histoire du livre 1, 1971, p. 109-128 ; Gérard Morisse, « Sur les traces de Florimond de Ræmond (Agen 1540-Bordeaux 1601) », Revue française d’histoire du livre 122-125, 2004, p. 121-146.

45 Voir Catherine Magnien-Simonin, « Un Bordelais convaincu : le procureur syndic Gabriel de Lurbe (1538-1613) », dans Mélanges offerts à Anne-Marie Cocula, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2009, t. II, p. 857-867.

46 Antoine Arnaud Comunay, Le Conseiller Pierre de Lancre, Agen, Lamy, 1890.

47 Voir Alfred Soman, « Pierre Charron: a reevaluation », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 32, 1970, p. 57-79 ; Michel Adam, Études sur Pierre Charron, Talence, Presses Universitaires de Bordeaux, 1991.

48 Bernardino Ochino, La Disputa, Bâle, 1561 ; voir B. Pistilli & M. Sgattoni, La Biblioteca di Montaigne, op. cit. [n. 38], no 64.

49 Catalogue de la librairie Camille Sourget no 19, Paris, 2016, p. 40-41, no 11 [https://camillesourget.com/wp-content/uploads/2016/03/Catalogue-19-DEF_WEB.pdf, consulté le 31.03.2021]. Un autre exemplaire, présentant un autre état du titre, différant par le fleuron, portant un ex-dono du Président de Massol, a figuré dans le catalogue de la Librairie Sourget, Chartres, XXIV, 2002, no 61. L’édition originale du traité avait été publiée sans nom d’auteur chez Millanges en 1593.

50 Voir John O’Brien (dir.), La Première Circulation de la Servitude volontaire en France et au-delà, Paris, Champion, 2019 ; Jean Balsamo, « La Servitude volontaire à l’usage des “Malcontens” : La Vive description de la tyrannie (Reims, 1577) », ibid., p. 231-252.

51 Philippe Desan, Montaigne. Une biographie politique, Paris, Odile Jacob, 2014, p. 180-187.

52 Voir Charles Mazouer, « Théâtre et société à Bordeaux jusqu’à la fin du xvie siècle », dans Yves Giraud (dir.), La Vie théâtrale dans les provinces du Midi, Tübingen – Paris, G. Narr Verlag, 1980, p. 73-87.

53 Les Essais, éd. cit., I, 25, p. 184.

54 François de Chantelouve, Tragédie de feu Gaspard de Coligny ; Pharaon, éd. Lisa Wolffe et Marian Meijer, La Tragédie à l’époque d’Henri III, « Théâtre français de la Renaissance », IIe série, vol. 1, Florence – Paris, Olschki – Puf, 1999, p. 151-216. Sur le personnage, voir J. P. Barbier-Mueller, Dictionnaire des poètes français, op. cit. [n. 25], t. III, 114-123.

55 Les Essais, éd. cit., I, 37, p. 241.

56 Voir Louis Desgraves, « L’imprimerie bordelaise et les collèges de Bordeaux », dans Henri-Jean Martin et alii (dir.), Le Livre dans l’Europe de la Renaissance, Paris, Promodis, 1988, p. 133-142.

57 Voir Paul Courteault, « Élie Vinet et ses travaux d’antiquités locales », Bulletin du Bibliophile, 1907, p. 335-351 ; Frédérique Lemerle, « Les villes de France à la Renaissance : entre antiquité et modernité », Seizième siècle 9, 2013, p. 37-45, en part. p. 40-41.

58 Un exemplaire réunissant L’Antiquité de Bourdeaux (1565), L’Antiquité de Bourdeaux et de Bourg (1574), L’Antiquité de Saintes et Barbezieus (Bordeaux, Millanges, 1584) et Engoulesme (Poitiers, 1567), ayant appartenu à J.-A. de Thou, a figuré dans la vente Pottiée-Sperry, Michel de Montaigne et son temps, Paris, Sotheby’s, 2003, no 142.

59 Voir Philippe Desan, « La Boétie et ses deux éditeurs : Fédéric Morel et Montaigne », dans Denis Bjaï et François Rouget (dir.), Les Poètes français de la Renaissance et leurs « libraires », Genève, Droz, 2015, p. 485-507.

60 G. Vigerius, épître liminaire, dans Fr. de Chantelouve, Tragédie de Pharaon et autres œuvres poetiques, Paris, N. Bonfons [1577], éd. cit., p. 165-166.

61 Cité par Louis Desgraves, « Avant-propos et autres textes de l’imprimeur Simon Millanges », Bulletin de la Société des Bibliophiles de Guyenne, 1969, p. 165-166.

62 Voir Michel Simonin, « Les papiers de La Boétie, Thomas de Montaigne et l’édition de la chorographie du Médoc », L’Encre et la lumière, Genève, Droz, 2004, p. 457-488.

63 Jasmine Dawkins, « Les manuscrits de Pierre de Brach », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 32, 1970, p. 95-106.

64 Un exemplaire portant deux pièces autographes de l’auteur a figuré dans la vente Moura, 1923, no 315.

65 Florimond de Ræmond, Erreur populaire de la papesse Jane, Bordeaux, Millanges, 1587. Le titre porte dans l’adresse la coquille « bvordeaux » et la marque à la devise « svpera vt convexa revisat », prise de l’Énéide (VI, 750). Sur l’œuvre, voir Claude-Gilbert Dubois, « L’Erreur populaire de la papesse Jeanne (1587). Circonstances de rédaction et évolution éditoriale (1587-1613) », Revue française d’histoire du livre 110-111, 2001, p. 21-47.

66 Sur cette publication, voir Anna Bettoni, « Arnaud du Ferrier et les Français de Venise à l’époque de la peste de 1576 », dans Jean Balsamo et Chiara Lastraioli (dir.), Chemins de l’exil, havres de paix. Migrations d’hommes et d’idées au xvi e siècle, Paris, Champion, 2010, p. 262-288, en part. p. 277-288.

67 « L’imprimeur au lecteur », dans Laurent Joubert, Erreurs populaires au fait de la medecine, Bordeaux, Millanges, 1578, cité par A. Bettoni, art. cit. [n. 66], p. 278.

68 Voir Geoffroy Atkinson, La Littérature géographique française de la Renaissance, Paris, Picard, 1927, p. 394-395, no 501.

69 Ibid., p. 343-344, n° 433 ; certains exemplaires portent l’adresse de Laurent Sonnius, à Paris.

70 Voir Jean Balsamo et Michel Simonin (†), Abel L’Angelier et Françoise de Louvain (1574-1620), Genève, Droz, 2002, en particulier p. 57-59.

71 Voir Jean Balsamo, « Un succès éditorial à l’aube de l’Âge classique : La Sagesse de Pierre Charron », Corpus. Revue de philosophie 50, 2008, p. 9-33.

72 Voir Dr A.-A. Chabé, « Le Pimandre de Mercure Trismégiste ; de la philosophie chrestienne par François de Foix, Évêque d’Aire. Un contrat de librairie à Bordeaux au xvie siècle », Bulletin de la Société des Bibliophiles de Guyenne 48, 1948, p. 93-102 ; Balsamo et Simonin, op. cit. [n. 70], p. 223-224, no 175.

73 L’exemplaire est conservé à la Houghton Library de Harvard, voir Isabelle de Conihout, « Du nouveau sur la bibliothèque de Desportes », dans J. Balsamo (dir.), Philippe Desportes (1546-1606). Un poète presque parfait entre Renaissance et Classicisme, Paris, Klincksieck, 2000, p. 149, n° 162. On ne recense aucun autre livre édité par Millanges ayant appartenu au poète.

74 Balsamo et Simonin, op. cit. [n. 70], p. 187, no 100 et p. 203, no 131.

75 Gian Vincenzo Pinelli et Claude Dupuy, Une correspondance entre deux humanistes, éd. Anna Maria Raugei, Florence, L. S. Olschki, 2001, p. 69.

76 Ibid., p. 273-284.

77 Ibid., p. 311.

78 Liber de architectura nunc primis formis editus, Bordeaux, Millanges, 1580. À l’exemplaire de la BnF s’ajoute un exemplaire conservé à la BNC de Florence (Landau Finaly 532 718) ; voir Fernando Marias, « Palladio o Palladius? Mario Cetio Faventino: sobre la supuesta edicion francesa di Andrea Palladio de 1580 », Annali di architettura 21, 2009, p. 91-98.

79 Ibid., p. 312.

80 Voir Paul Courteault, « Poésies latines de Maurice de Marcis, avocat au parlement de Bordeaux », Bulletin de la Société des bibliophiles de Guyenne 69-70, 1959, p. 3-32.

81 Voir J. P. Barbier-Mueller, Ma Bibliothèque poétique, op. cit. [n. 42], t. IV/1, p. 312-324.

82 Ausone, Opera, Bordeaux, Millanges, 1590, f. 3D2-3E3 ; voir L. Desgraves, Louis Vinet, op. cit. [n. 29], p. 29.

83 BnF (Grande Réserve Payen 1) ; l’exemplaire, dans une reliure de la fin du xviie siècle, une porte une mention d’appartenance à « la demoiselle de Montaigne ».

84 L. Desgraves, Louis Vinet, op. cit. [n. 29], p. 153-172.

85 Claude Grenet-Delisle, « Une bibliothèque bordelaise au xviie siècle, la bibliothèque de Pontac », Revue française d’histoire du livre 132, 2011, p. 203-230 ; Evelien Chayes, « Bibliothèques bordelaises à l’époque de Montaigne », Revue française d’histoire du livre 138, 2017, p. 53-77. Les bibliothèques étudiées sont celles des Métivier, de Jean de Laserre, de Jean de Malvyn.

86 Pierre Pichot, De animorum natura, Bordeaux, Millanges, 1575 ; B. Pistilli & M. Sgattoni, La Biblioteca di Montaigne, op. cit. [n. 38], n° 72.

87 Ibid., no 74.

88 Voir Françoise Giteau, « Inventaire du libraire Étienne Thoulouse (1552) », Bulletin et mémoires de la société archéologique de Bordeaux 61, 1957-1959 [1962], p. 49-82.

89 Bibliothèque du château de Marcellus, vente du 14 décembre 2016, Paris, Hôtel Drouot.

90 Voir Lewis C. Hamer, « Lancelot de Carle », Humanisme et Renaissance 6, 1939, p. 443-474, et Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 7, 1945, p. 95-117.

91 Voir Ph. Desan, Montaigne. Une biographie politique, op. cit. [n. 51], p. 92-93, d’après Olivier Loussouarn, Les Milieux parlementaires bordelais 1520-1550, thèse inédite, Université Bordeaux-III, 1996.

92 L. Desgraves, Louis Vinet, op. cit. [n. 29], p. 146.

93 Voir Yvonne Bellenger, « Du Bartas et ses libraires », dans Les Poètes français de la Renaissance et leurs « libraires », op. cit. [n. 59], p. 421-433.

94 P. de Brach, Les Poemes, op. cit. [n. 37], f. 147.

95 J. C. Scaliger, « Urbes », in Poemata, s.l.n.n. [Genève, Stoer], 1574, p. 596.

96 L. Desgraves, Louis Vinet, op. cit. [n. 29], p. 25-31.

97 Juste Joseph Scaliger, Lettre du 9 octobre 1585, dans The Correspondance of Joseph Justus Scaliger, éd. Paul Botley et Dick van Miert, Genève, Droz, 2012, p. 481.

98 Lettre du 25 août 1587, ibid., p. 603.

99 Lettre du 30 avril 1586, ibid., p. 508.

100 Lettre du 13 avril 1585, ibid., p. 461.

101 Voir Michel Magnien, « Montaigne et Juste Lipse, une double méprise ? », dans Christian Mouchel (dir.), Juste Lipse (1547-1606) en son temps, Paris, Champion, 1996, p. 423-452.

102 Voir Warren Boutcher, « Montaigne et Anthony Bacon : la familia et la fonction des lettres », Montaigne Studies 13, 2001, p. 241-276.

103 Sur ce personnage, voir Nicolas Le Roux, « Guerre civile, entreprises maritimes et identité nobiliaire. Les imaginations de Guy de Lanssac (1544-1622) », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 65, 2003, p. 529-569.

104 Voir Violaine Giacomotto-Charra, La Philosophie naturelle en langue française, Genève, Droz, 2020, p. 211.

105 Marie de Gournay, Le Proumenoir de Monsieur de Montaigne, Paris, L’Angelier, 1594, f. R8 ; voir Jean Balsamo, « Marie de Gournay et la famille de Montaigne : les poèmes du Proumenoir et l’édition des Essais (1594-1599) », The Journal of Medieval and Renaissance Studies 25/3, 1995, p. 434-445. La pratique du grec par Jeanne de Montaigne (1536-après 1597) est attestée par le chroniqueur Jean de Gaufreteau, Chronique Bordeloise (1240-1638), éd. Jules Delpit, Bordeaux, Société des bibliophiles de Guyenne, 1876-1878, p. 238.

106 Marie de Gournay, ibid. ; J. Balsamo, « Marie de Gournay… », art. cit. [n. 105], p. 441.

107 P. de Brach, La Masquarade du triomphe de Diane, éd. Concetta Cavallini, Paris, Hermann, 2012. Les dames mentionnées sont la Dame douairière de Candalle, Françoise de La Rochefoucauld, mère de Diane de Foix, Mme de Monlieu [Marie de Rochechouart, épouse de Léonor Chabot de Jarnac, comte de Montlieu, Cavallini, p. 223], Marie de Villeneuve [fille de Jean Louppes de Villeneuve, conseiller au parlement de Bordeaux, et de Marie Potier ; ibid., p. 241], de Camiran [fille probable de François Gautier de Camiran, conseiller au Parlement, et de Bertrande de Gasq, ibid., p. 242], de Puibaran [Catherine de Pins de Puybaran, fille de Jean IV de Pins et de Catherine de Faugas, dame de Vidaillac ; elle épousa François de Morville en 1583 ; Ibid., p. 242] ; Sylvie de Carle [fille de Pierre de Carles, président au Parlement, et d’Isabeau de Ferron ; Ibid., p. 243], Jeanne de Pontac [fille de Jean de Pontac, trésorier de France ; Ibid., p. 243], Catherine de Saint-Salvadour [fille d’Antoine de Saint-Salvadour, de Tulle, lieutenant général en la Sénéchaussée de Guyenne ; Ibid., p. 59].

108 Philippe Tamizey de Larroque, Notes et documents inédits pour servir à la biographie de Christophe et de François de Foix-Candalle, évêques d’Aire, Bordeaux, C. Lefebvre, 1877.

109 Voir V. Giacomotto-Charra, « Le commentaire au Pimandre de François de Foix-Candale : l’image d’une reine-philosophe en question », dans La Cour de Nérac, op. cit. [n. 24], p. 207-224. Un exemplaire du Pimandre ayant appartenu à la nièce de l’auteur, Françoise de Foix-Candale est décrit dans le catalogue de la Librairie Paul Jammes, 132, Presses provinciales, no 109.

110 Les Essais, I, 25, éd. cit., p. 154. Sur la polémique contre le Pimandre, ibid., p. 1559.

111 Agrippa d’Aubigné, Sa Vie à ses enfants, éd. Gilbert Schrenck, Paris, STFM, 2001, p. 121-122.

112 Voir Eugénie Gardeau, « La bibliothèque du marquis de Trans et de son petit-fils Frédéric », Bulletin de la Société des Amis de Montaigne 20, 1970, p. 51-61.

113 P. De Brach, Les Poemes, op. cit. [n. 37], f. 175.

114 Voir Josua Bruyn, « Een portrait van Pieter Artsen en de Amsterdamse portretschild kunst 1550-1600, met een postscriptum over Huybrecht Beuckelaer », Oud Holland 113, 1999, p. 107-136.

115 Archives historiques de la Gironde 22, 1887, no cxlvii, p. 369.

116 Voir Paul Courteault, « Le château de Vayres », Revue philomatique de Bordeaux et du Sud-ouest, juillet 1927, p. 118-134 ; sur le jardin, voir Philippe Maffre, « Mobilier et statuaire de jardins italiens et italianisants en Bordelais », Architecture et jardins, actes du colloque, la Garenne Lemot, 1992, Nantes, Éditions du Conseil général, 1995, p. 20.

117 Voir Rosanna Gorris Camos, « “Toujours il a frayé avec des hommes de cette farine”. André de Gouvéa, principal du Collège de Guyenne et ses “Bordaleses” », Montaigne Studies 13, 2001, p. 13-45.

118 P. De Brach, Les Poemes, op. cit. [n. 37], f. 68-89.

119 Jacques-Auguste de Thou, La Vie, II, iv, éd. Anne Teissier-Ensminger, Paris, Champion, 2007, p. 419.

120 Voir Ph. Maffre, « Mobilier et statuaire… », art. cit. [n. 117], p. 111-117.

121 Les Essais, III, 9, éd. cit., p. 1017.