Book Title

L’humanisme italien et les Lumières pétroviennes : le cas de Polydore Virgile d’Urbino

Ekaterina DOMNINA

Université d’État de Moscou Lomonossov, Russie

ekaterina.domnina@gmail.com

Le présent article a été traduit du russe par Mme Olga Konkka.

En septembre 1718, le comte Ivan A. Moussine-Pouchkine (c. 1660-1730), qui dirigeait le Prikaz des Monastères, informa le chef de l’Imprimerie, Fedor P. Polikarpov (c. 1670-1731), des délais trop longs de la traduction en russe d’un « lexique », de traités de géographie, ainsi que d’un « petit livre » de « Virgile d’Urbino »1. Il s’agissait d’une œuvre en huit parties, consacrée à l’histoire du savoir : le De inventoribus rerum, écrit par l’humaniste Polydore Virgile au tournant du XVIe siècle2. Manifestement, le fait que l’ouvrage soit ancien ne troublait guère le tsar russe : il estimait que, par sa valeur et son actualité, il pouvait contribuer à instruire ses compatriotes. Consciemment ou non – nous aurons l’occasion d’évoquer cette question – Pierre Ier avait brillamment choisi l’un des livres les plus remarquables dans l’histoire de l’humanisme ouest-européen3.

Polydore Virgile, également connu sous le nom de Polydorus Vergilius Urbinatis et de Polydorus Castellensis (c. 1470-1555) provenait de la famille d’un pharmacien, proche de la cour des ducs d’Urbino, les Montefeltro4. Federico da Montefeltro (1422-1482) et son fils Guidobaldo (1472-1508) étaient réputés pour l’intérêt qu’ils portaient à la science et aux arts, ainsi que pour leur activité de mécénat. Ils avaient créé, dans leur duché, une cour exemplaire de la Renaissance. Le duc Federico était un grand collectionneur de livres, et il n’hésitait pas à faire appel aux humanistes comme Vespasiano da Bisticci (1421-1498), Federico Veterani (c. 1450-post 1526) et Ludovico Odasio (1455-1509). La famille de Virgile fut très probablement remarquée par le duc Federico grâce à son grand-père, Antoine Virgile, médecin et astrologue, qui enseignait la philosophie à la Sorbonne. Quant à Polydore, il étudia la littérature, l’histoire, la philosophie et la théologie à l’université de Padoue et à celle de Bologne. En 1496, il reçut l’ordination sacerdotale. Benjamin de quatre frères, il se destinait certainement à une carrière ecclésiastique. De cette période datent ses deux premières œuvres. D’abord, un dictionnaire de latin classique, Cornu Copiae (1496), fondé sur la lecture commentée des Épigrammes de Martial par l’humaniste Niccolo Perotti, que Virgile a éditée et préfacée. Ensuite, un recueil de proverbes latins, Proverbiorum Libellus (1498). Cet ouvrage était dédié au duc Guidobaldo, celui-là même qui commanda à Virgile son œuvre la plus célèbre, le De inventoribus rerum (1499).

La tutelle du cardinal et collecteur du Denier de Saint-Pierre en Angleterre, Adriano Castellesi (c. 1461-c. 1521), a déterminé le lien unissant Virgile à ce pays. Il y obtint des bénéfices ecclésiastiques et jouit de la protection du roi Henri VII Tudor (1485-1509). En 1505, il commença à rédiger son Historia Anglica, à laquelle il consacra presque trente ans. L’Historia Anglica de Virgile constitue le premier traité académique consacré à l’histoire de l’Angleterre. Il couvre la période depuis l’Antiquité jusqu’en 1537. En Angleterre, Polydore entretint des relations amicales avec les humanistes, comme John Colet (1467-1519), Thomas More (1478-1535) et William Lily (c. 1468-1522). Il correspondit avec Érasme (1469 [1466 ?]-1536), Guillaume Budé (1467-1540) et Jérôme Aléandre (1480-1542). Les réformes religieuses et politiques de Henri VIII Tudor (1509-1547), ainsi que les relations compliquées que Polydore entretenait avec le favori du roi, le cardinal Thomas Wolsey (1473-1530), l’incitèrent à s’éloigner de la cour pour se consacrer à la littérature. La collection des dialogues De patientia, De vita perfecta, De veritate et mendatio (1545) représente l’un de ses derniers ouvrages majeurs.

Jusqu’au début du XIXe siècle, le traité de Polydore De inventoribus rerum resta un livre d’histoire des sciences naturelles parmi les plus lus. Il a été traduit en français, en italien, en allemand, en espagnol, en polonais, en hollandais et en russe5. Du vivant même de l’auteur, il fut réédité trente fois. Le nombre de rééditions ultérieures et de copies conservées reste inconnu6. La version complète de l’ouvrage de Virgile est composée de huit livres qui racontent l’apparition du monde, de l’homme, de la société et de ses institutions, des religions, des sciences et des arts. Les trois premiers livres exposent l’histoire des découvertes et des inventions faites avant l’ère chrétienne. Les cinq autres sont consacrés à la période de la propagation du christianisme. Le livre contient plusieurs remarques critiques à l’égard de l’Église catholique. Pour cette raison, le texte de Virgile fut à plusieurs reprises censuré par celle-ci dans la seconde moitié du XVIe et au XVIIe siècles7.

Parmi les principales sources sur lesquelles s’appuyait Virgile, on trouve la Bible, les Pères de l’Église, et les écrits d’une centaine d’auteurs de l’Antiquité. À travers son livre, Virgile cherchait à prouver que la plupart des découvertes et des inventions attribuées aux Grecs et aux Romains appartenaient en réalité aux Hébreux et aux peuples d’Asie. Le traité n’évoque presque pas de découvertes de l’époque de Virgile, ce qui s’explique par sa vision ambivalente du progrès et de l’évolution du savoir. D’un côté, le fait que l’humanité s’était écartée de son état naturel et de la sagesse des anciens avait, selon lui, des conséquences négatives. De l’autre, il exposait avec admiration les fruits du progrès technique, tels que l’imprimerie. Virgile concevait le travail comme le principal moteur du progrès du savoir. Il fut l’un des premiers savants du début des temps modernes à avoir introduit dans son traité des éléments de l’analyse critique des sources, et tenté d’établir leur expertise philologique et historique8.

Ainsi, compte tenu du succès du livre, on peut considérer que l’intérêt de Pierre Ier pour l’œuvre de Virgile était tout à fait légitime. En même temps, on ignore comment le tsar russe en a eu connaissance. Nous ne disposons pas de témoignages directs à ce sujet. Cependant, nous pouvons avancer quelques hypothèses.

Avant même l’époque de Pierre Ier, le texte de Virgile était connu dans certains milieux en Russie. Nous trouvons des références au texte et des extraits dans les chroniques russes du début et du milieu du XVIIe siècle. Cependant, la question des auteurs et des circonstances de ces ajouts, ainsi que des éditions ayant servi de source, n’a pas encore été étudiée9. On sait également qu’en 1684, l’œuvre de Virgile est citée parmi les livres étrangers confiés au Prikaz de Ambassades après la fermeture de l’imprimerie de Siméon de Polotsk (1629-1680). Ce dernier était un grand représentant du baroque slave de l’Est, et précepteur des aînés du tsar Alexis Ier Mikhaïlovitch (1645-1676). Dans l’inventaire, l’intitulé du livre apparaît en russe : Kniga Polidora Vergilija o obretateleh veščej i o čudeseh, v os'mušku [Le livre de Polydore Virgile sur les inventeurs des choses et des miracles, in-8o]. Cependant, on ne sait pas s’il s’agit d’une édition en latin, ou bien d’une traduction10. Il faut dire qu’à cette époque, Virgile était bien connu en Europe de l’Est, au sein de la République des Deux Nations. C’est là qu’avait paru la version du livre en polonais, mise en vers par l’écrivain Jan Protasowicz († c. 1608)11.

Parmi les livres de la collection personnelle de Pierre Ier, on ne trouve que l’édition traduite en russe, et le sort de cet exemplaire reste inconnu12. L’œuvre de Virgile n’est pas mentionnée parmi les livres du Prikaz des pharmacies, qui comportait une partie de la bibliothèque familiale des tsars avant Pierre Ier. De même, elle n’apparaît pas dans les bibliothèques dites « des ducs de Holstein-Gottorp et des ducs de Courlande », qui ont été transférées à Saint-Pétersbourg dans les années 1710, sur l’ordre du tsar, et qui ont, par la suite, constitué la base de la Bibliothèque de l’Académie des sciences de Russie13. Cependant, une copie du texte de Virgile traduit en hollandais se trouvait dans la bibliothèque d’un homme d’État et traducteur du tsar, Andreas Winius, ou Andrei Vinius (1641-1716). Il s’agit d’une édition des trois premiers livres, publiée en 1612 à Amsterdam par l’imprimeur Jan Evertsen Cloppenburgh14. En 1703, lorsque Winius tomba en disgrâce, ses biens, y compris sa riche bibliothèque, furent confisqués par le trésor. En 1708, Winius fut gracié, et une partie de ses livres lui fut restituée. Toutefois, après sa mort, sa bibliothèque a été définitivement récupérée par l’État, pour ensuite intégrer la bibliothèque de l’Académie des sciences de Russie. Pierre Ier aurait-il pu consulter l’édition en question dans la bibliothèque de Winius ? À ce jour, il est impossible de répondre à cette question, mais il est certain qu’une trace « hollandaise » est présente dans la traduction du livre en russe. En effet, celle-ci est l’œuvre de Feofilakt Lopatinskij (c. 1680-1741), évêque de Tver’ et Kachira, traducteur et écrivain. Dans sa bibliothèque, il possédait la version complète du De inventoribus rerum, composée des huit livres. Cette édition en latin a été conçue en 1671 à Nimègue, dans les imprimeries de Reiner Smetius15. La gravure qui orne la page de titre a été réalisée par le célèbre peintre hollandais Romeyn de Hooghe (1645-1708). Il est intéressant de remarquer que la publication chez Smetius eut lieu la même année que la publication du même texte chez Daniel Elzevir. Il s’agit des deux dernières rééditions de cette œuvre de Virgile en latin16.

Peut-on supposer que ce livre appartint d’abord au tsar, avant d’être confié à Lopatinskij pour la traduction ? C’est tout à fait possible, et cette hypothèse est indirectement confirmée par la correspondance de 1718 entre Moussine-Pouchkine et Polikarpov. Dans l’une des lettres, le premier demande au second que Lopatinskij et ses collaborateurs achèvent au plus vite la traduction du « lexique » et des autres livres. Le tsar a même menacé de suspendre leurs salaires, tant que la traduction n’était pas terminée17. Compte tenu de la présence d’un exemplaire de Virgile dans la bibliothèque de Lopatinskij, le De inventoribus rerum pourrait parfaitement faire partie de ces livres inconnus, dont la traduction était tant attendue par le tsar.

La présente recherche n’a pas pour objectif de fournir une comparaison textologique de l’édition en latin publiée en 1671 par Reiner Smetius avec la traduction russe faite par Lopatinskij, afin d’établir si la première a servi de source à la seconde. Cela exigerait une étude complémentaire. Cependant, même l’aspect extérieur de cette édition permet de l’associer à la traduction de Lopatinskij. L’exemplaire de Virgile provenant de la collection de Lopatinskij porte des annotations en latin et en grec de la main de la même personne, mais on ignore si elles ont été faites par Lopatinskij lui-même, lorsqu’il travaillait sur la traduction18. On sait toutefois qu’il maîtrisait parfaitement ces deux langues19. Lopatinskij appartenait à une lignée de la noblesse ukrainienne. Après avoir étudié à l’Académie de théologie de Kiev, et probablement dans une université polonaise, il enseigna la théologie et la philosophie à l’Académie slavo-gréco-latine de Moscou, dont il fut le recteur à partir de 1706. Dans les années 1710-1720, Lopatinskij fut maintes fois sollicité pour la traduction des livres étrangers, ainsi que pour la correction des traductions russes de la littérature religieuse, dont la nouvelle traduction de la Bible. Ce dernier projet ne fut achevé qu’après sa mort, sous Élisabeth Petrovna (1740-1765). Au début des années 1730, Lopatinskij tomba en disgrâce et fut emprisonné, notamment à cause de sa polémique avec l’archevêque de Novgorod et second vice-président du Saint-Synode, Feofan Prokopovič (1681-1736). Ce dernier était un réformateur de l’Église, et un écrivain dont le talent était égal à celui de Lopatinskij, qui ne partageait pas son engagement politique. En effet, l’archevêque de Novgorod soutenait la politique de « l’absolutisme éclairé » de Pierre Ier, et prônait le rapprochement de l’orthodoxie et du protestantisme, encouragé par le renforcement de l’influence étrangère en Russie et par le règne d’Anna Ivanovna (1730-1740)20.

Il est d’autant plus intéressant de considérer la façon dont Lopatinskij percevait l’œuvre de Virgile, qu’il a été chargé de le traduire, sans que son nom apparaisse dans l’édition. Dans sa traduction, il omet l’avant-propos de Virgile adressé à l’humaniste Lodovico Odassio (1455-1509), précepteur de Guidobaldo da Montefeltro, probablement parce que ni Odassio, ni le duc d’Urbino n’étaient connus en Russie au début du XVIIIe siècle. Le contenu du message n’intéressait pas le traducteur. Lopatinskij choisit de remplacer ce texte par la lettre de Virgile à son frère Jean Matthieu, écrite le 5 décembre 1517. Dans d’autres éditions, cette « seconde » lettre de Polydore à Jean Matthieu est placée avant la quatrième partie, introduisant les livres cinq à huit. C’est à cet endroit qu’elle apparaît dans l’édition de Reiner Smetius (1671). De même, la « première lettre » à Jean Matthieu, avec la même date, suit habituellement le mot adressé à Odassio au début du livre. Or, on ne la trouve pas dans l’édition de Reiner Smetius, et par conséquent, elle est également absente de la traduction de Lopatinskij.

Lopatinskij a inséré sa propre préface, adressée aux lecteurs orthodoxes, à la suite de la « seconde » lettre de Polydore à son frère [fig. 1]. Dans ce texte, il exhorte les lecteurs à ne pas s’offusquer de la description des croyances religieuses, des coutumes et des traditions des autres peuples. Il souligne que cela n’a pas pour objectif d’inciter les lecteurs à les adopter. Au contraire, cela doit permettre de mieux connaître ces peuples et de s’appuyer sur ces connaissances, ainsi que sur le bon sens, afin de préserver sa propre identité : « Nous lisons bien des livres différents : non seulement ceux écrits par des chrétiens, mais aussi des histoires des Grecs, des Égyptiens, des Persans et d’autres.

Fig. 1. La préface du traducteur Feofilakt Lopatinskij et le début de la table des matières de l’édition du De inventoribus rerum de Polydore Virgile, 1720 [Bibliothèque d’État de Russie].

Nous le faisons non pour adopter leur foi, mais pour savoir ce qui se passe chez eux, et pour apprendre à communiquer avec eux… Ainsi tu seras capable d’agir avec raison, droiture et sagesse »21. Cet avant-propos écrit par Lopatinskij permet de conclure que non seulement il partageait la foi de Virgile en l’importance de l’instruction de tout homme, mais qu’il considérait également que l’instruction faisait partie intégrante de la prise de conscience de sa propre identité, et de la valeur de la culture à laquelle on appartient.

Abordons maintenant les informations dont nous disposons sur les lecteurs et les propriétaires du livre de Virgile au XVIIIe siècle. Pour les rassembler, nous avons fait appel à la collection de la Bibliothèque d’État de Russie, qui conserve neuf copies de l’édition de 172022. L’analyse de ces copies révèle que le livre de Virgile traduit par Lopatinskij a été imprimé au format in-folio sur du papier hollandais, ce dont témoigne la présence des filigranes, telles que les Armes d’Amsterdam23. Le livre ne contient pas d’illustrations, mais simplement des vignettes représentant les fruits ouverts d’un grenadier. Notons, par ailleurs, que la traduction de l’œuvre de Virgile était le premier livre en écriture civile qui contenait des errata. Les neuf exemplaires contiennent soit des annotations des lecteurs, soit des mentions relatives à leurs propriétaires. Ces dernières sont particulièrement nombreuses dans le quatrième et le septième exemplaires.

Le quatrième exemplaire de la traduction de Virgile24 provient de la bibliothèque de l’Académie de théologie de Moscou. Sa reliure d’origine, en cuir, a été préservée. Au recto de la dernière page, on trouve deux titres de donation, témoignant que le livre appartenait au prince Ivan Borjatinskij, qui l’avait offert à l’abbé Iona [fig. 2]. Il s’agit très probablement de Jonas, né Joasaph Salnikejev ( ?-après 1733), un noble originaire de Smolensk, abbé du Monastère de la Transfiguration à Kazan (1706-1726) et membre du Saint Synode (1721-1726). Salnikejev est présenté par ses contemporains comme quelqu’un d’intelligent et d’aimable, et qui, tout en étant un homme d’Église, menait grand train. Cela lui attira les accusations de ses ennemis, qui le soupçonnaient de s’être approprié les biens de l’Église, ce qui n’a jamais été prouvé. Malgré cela, en 1729, il fut exclu de la cléricature et mis en prison, où il mourut25. Quant au Prince Ivan Fedorivič Borjatinskij, ou Barjatinskij (1689-1738 ?), il faisait partie des compagnons d’armes de Pierre Ier. Il a excellé dans le service militaire comme dans le service civil, et était favorable à la politique d’absolutisme. Sa biographie détaillée n’a pas été établie, mais sa grande culture est connue26.

Fig. 2. Titres de donation d’Ivan Borjatinskij et de l’abbé Iona [Bibliothèque d’État de Russie].

Il est intéressant de remarquer que la sœur d’Ivan Borjatinskij, Marfa (c. 1686-1720) fut la seconde femme de l’homme politique et diplomate Andrei Artamonovič Matvejev (1666-1728). Marfa a accompagné Matvejev lors de ses missions diplomatiques aux Pays-Bas, en France, en Angleterre et en Autriche (1699-1715), devenant ainsi la première femme russe ayant séjourné à l’étranger avec son mari ambassadeur. Les contemporains notaient la culture intellectuelle des Matvejev, ainsi que la beauté de Marfa, qui lui a valu le surnom de la « belle ambassadrice moscovite »27. Matvejev collectionna les livres pendant toute sa vie, ayant réuni l’une des plus grandes bibliothèques privées de Russie du début du XVIIIe siècle28. Notons cependant que l’œuvre de Virgile n’est pas mentionnée dans le répertoire des livres de Matvejev. On peut également présumer que ce dernier connaissait l’abbé Salnikejev, puisque tous les deux sont mentionnés parmi les auteurs du Règlement du Saint-Synode de 1721. Compte tenu des particularités culturelles des familles Borjatinskij et Matvejev, on peut supposer qu’Ivan Borjatinskij a offert le livre de Virgile à Salnikejev, non seulement pour souligner ses sentiments amicaux, mais aussi pour marquer l’appartenance de Salnikejev à son cercle de personnes cultivées. Toutefois, en dehors du livre de Virgile, nous ne disposons d’aucun autre témoignage sur leurs relations. Parmi les autres propriétaires de cet exemplaire, nous trouvons également un certain Ivan Roztin. L’inscription, informant que ce dernier a acheté le livre le 22 août 1751 dans la ville de Ielets, est découpée en syllabes et en mots placés séparément sur les bords de plusieurs pages29. Nous n’avons malheureusement pas réussi à reconstituer la biographie de cette personne.

Le septième exemplaire de la traduction de Virgile30 appartenait à un militaire, Fedor Pouchtchine († après 1762). Non seulement il consultait le livre, mais il l’utilisait également pour noter des événements importants de sa vie, et pour faire ses comptes [fig. 3]. Comme Ivan Roztin, Pouchtchine découpait ses notes en syllabes et en mots, les plaçant en bas de pages. L’une de ces inscriptions, doublée sur la page de garde arrière, permet d’apprendre que Pouchtchine a acquis le livre de Virgile à Saint-Pétersbourg, en 1723, pour 130 kopecks [fig. 4]. À cette époque, il avait le grade de sous-officier d’artillerie à pied31. En 1743, il a noté qu’il avait été promu commandant d’artillerie de la garnison de Narva32. Manifestement, à un moment de sa vie, Pouchtchine avait étudié la navigation, ce qui expliquerait la présence d’une sorte de limbe gradué sur la page de garde avant [fig. 5]. La dernière inscription faite par l’officier date de 176233. Il est possible de reconstituer la vie de cet homme en s’appuyant sur les archives. C’est de lui qu’il est question dans la gazette Sanktpetersbourgskije Vedomosty du 4 décembre 1758 : le périodique annonce sa promotion au poste de commandant en second au Bataillon de Moscou du Régiment de la Garde de Préobrajensky34. Ce bataillon, qui a existé entre 1726 et 1763, était composé des officiers-invalides du régiment. Le Régiment de la Garde de Préobrajensky jouissait de la protection spéciale de la dynastie Romanov. Il a pris une part active dans le coup d’État de 1740, ayant placé Élisabeth Petrovna sur le trône. On peut conclure que les mérites militaires de Pouchtchine ont été reconnus et appréciés, et, qu’à la fin de sa vie, il n’a pas été laissé sans moyens de subsistance.

Fig. 3. Page de titre de l’édition du De inventoribus rerum de Polydore Virgile, 1720, avec les annotations des propriétaires [Bibliothèque d’État de Russie].

Fig. 4. Signature de Fedor Pouchtchine au verso de la page d’errata du De inventoribus rerum de Polydore Virgile, 1720 [Bibliothèque d’État de Russie].

Fig. 5. Limbe gradué de Fedor Pouchtchine dans le De inventoribus rerum de Polydore Virgile, 1720 [Bibliothèque d’État de Russie].

Le succès du livre de Virgile dans la Russie pétrovienne explique l’intérêt qu’il continua à susciter par la suite, et sa réédition à la fin du XVIIIe siècle à l’initiative de Nikolaj Novikov (1744-1818), philanthrope et éditeur [fig. 6]. La nouvelle traduction, qui témoigne de l’évolution de la langue russe littéraire de l’époque, a été effectuée par les soins d’Ivan Trediakovskij (1747-après 1800). Trediakovskij était le fils d’un sacristain de la région (gouvernement) de Toula. Après ses études à l’Académie slavo-gréco-latine de Moscou, il commença à faire des traductions, tout en travaillant à l’imprimerie de l’Université de Moscou, que Novikov cherchait à développer. Plus tard, Trediakovskij a créé sa propre imprimerie, devenue une entreprise à succès. Cependant, par la suite, elle causa sa ruine en raison des restrictions de la censure et de l’annulation des commandes du gouvernement. Tout comme Lopatinskij, Trediakovskij mourut dans la misère35.

Fig. 6. Page de titre de l’édition du De inventoribus rerum de Polydore Virgile, 1782, traduit par Ivan Trediakovskij [Bibliothèque de l’Université d’État de Moscou Lomonossov].

La traduction du livre de Virgile par Trediakovskij, tout comme la traduction de Lopatinskij, a été publiée sans indication du nom du traducteur36. Cette édition a été imprimée au format in-8o, en deux parties, et ornée de vignettes en forme de fleurs [fig. 7]. La question de l’original latin ayant servi de base à cette traduction n’a pas été élucidée, tout comme la question de la réception des lecteurs, car personne n’a établi le nombre d’exemplaires préservés, ni répertorié ses citations. Ce problème peut être partiellement résolu grâce à la collection de la Bibliothèque de l’Université d’État de Moscou Lomonossov, qui a conservé deux exemplaires complets de la traduction de Tredijkovskij, et un exemplaire incomplet. Seule l’une de ces copies garde les traces de l’attention que lui a portée son lecteur, ainsi qu’une mention indiquant ses propriétaires. L’exemplaire appartint d’abord à un certain Vasilij Denisov, puis à Ivan Aničkov, étudiant de l’Académie de théologie de Moscou37. Il s’agit très probablement d’Ivan Nikolajevič Aničkov-Platonov (†1864), théologien et professeur de cette académie, réputé pour son érudition38. Ses travaux n’ont jamais fait l’objet d’une analyse, et, par conséquent, on ignore s’il citait Virgile dans ses œuvres.

Fig. 7. Première page de l’édition du De inventoribus rerum de Polydore Virgile, 1782 [Bibliothèque de l’Université d’État de Moscou Lomonossov].

*

On peut conclure qu’en Russie, l’ouvrage encyclopédique de Polydore Virgile De inventoribus rerum, traduit en russe sur l’ordre de Pierre Ier, a rencontré le succès auprès de lecteurs dont l’éducation et le statut social pouvaient être très différents. Les exemplaires des éditions de 1720 et de 1782 qui sont parvenus jusqu’à nous montrent que, parmi les lecteurs du livre, figurent non seulement des grands dignitaires et des membres du clergé très éduqués, mais aussi des « hommes de terrain », tels que l’officier Fedor Pouchtchine. Cela répondait aux objectifs de la modernisation de la Russie, et de l’élévation du niveau de l’éducation de tous les groupes sociaux, fixés par le tsar. À côté des informations sur les découvertes des époques précédentes, le lecteur russe se familiarisait avec les idées de la valeur de la personne humaine et de la diversité culturelle, qui distinguent l’humanisme italien. Ce n’est pas un hasard si le titre du livre parle des « inventeurs des choses », dans lesquels Virgile inclut non seulement les dieux et les peuples, mais aussi les personnes. Notons également que le triste sort des traducteurs du livre de Virgile en russe, Feofilakt Lopatinskij et Ivan Trediakovskij, témoigne d’une autre caractéristique de l’époque : la lutte du pouvoir contre la dissidence, qui résultait, pourtant, de sa propre politique en faveur de l’éducation.

____________

1 Ivan GOLIKOV, Dopolnenie k Dejanijam Petra Velikago [Supplément aux Actes de Pierre le Grand], Moscou, Imprimerie de l’Université, par V. Okorokov, 1790-1797, t. 1-18 (ici t. 12, 1794, p. 105).

2 Il n’en existe que deux éditions critiques contemporaines : Beginnings and Discoveries : Polydore Vergil’s De inventoribus rerum. An unabridged translation and edition with introduction, notes and glossary, edd. B. Weiss et L. C. Pérez, Leyde, Brill, 1997 ; Polydore VERGIL, On Discovery, ed. Br. P. Copenhaver, Cambridge [Mass.]-Londres, Harvard University Press, 2002.

3 Pour un aperçu des recherches, voir Aron Ja. ČERNJAK, « Pervaja kniga po istorii nauki i tehniki v Rossii » [Le premier livre sur l’histoire de la science et de la technologie en Russie], Voprosy istorii, estestvoznanija i tehniki 4, 1981, p. 74-79 ; Polidoro Virgili e la cultura umanistica europea, atti del convegno internazionale di studi e celebrazioni, Urbino, 28 settembre-1° ottobre 2000, dir. R. Bacchielli, Urbino, l’Accademia Raffaello, 2003 ; Catherine ATKINSON, Inventing Inventors in Renaissance Europe : Polydore Vergil’s De Inventoribus Rerum, Tübingen, Mohr Siebeck, 2007.

4 Denis HAY, Polydore Vergil, Renaissance Historian and man of letters, Oxford, Oxford University Press, 1952 ; Romano RUGGERI, Un amico di Erasmo : Polidoro Virgili, Urbino, Quattro Venti, 1992, p. 11-24 ; Ekaterina DOMNINA, « Vergilij, Polidor (1470-1555) » [Virgile et Polydore (1470-1555)], v Kul'tura Vozroždenija. Enciklopedija, dir. N. V. Revjakina et al., Moscou, Rosspen, t. 1-2, 2007-2011, ici t. 1, 2007, p. 317-319.

5 Un aperçu de quelques éditions des XVIe et XVIIe siècles est disponible sur le site : Helmut ZEDELMAIER, Polydorus Vergilius, De inventoribus rerum, ed. U. J. Schneider, consulté le 13 janvier 2020. URL : http ://dbs.hab.de/Polydorusvergilius/portal-texte/text_11_e.htm

6 C. ATKINSON, op. cit. [n. 3], p. 118-119.

7 Cf. Viktor V. DANILEVSKIJ, Russkaja tehničeskaja literatura pervoj četverti XVIII veka [La Littérature technique russe du premier quart du XVIIIe siècle], Moscou-Leningrad, Éd. de l’Académie des sciences de l’URSS, 1954, p. 137-142 ; Michele LODONE, « Traduzioni, censure, riscritture : sul “De inventoribus” di Polidoro Virgilio », Annali della Scuola Normale Superiore di Pisa. Classe di Lettere e Filosofia, Serie 5, 2, 1, 2010, p. 143-177 ; C. ATKINSON, op. cit. [n. 3], p. 119-120 ; Jonathan ARNOLD, « Polydore Vergil and Ecclesiastical Historiography in his De Inventoribus Rerum IV-VIII », Studies in church history 49, 2013, p. 144-155.

8 Polydore VIRGILE, op. cit. [n. 2], p. viii-xxix.

9 Arsenij N. NASONOV, Istorija russkogo letopisanija XI-načala XVIII veka : Očerki i issledovanija [Histoire des chroniques russes du XIe-début du XVIIIe siècle : essais et études], Moscou, Nauka, 1969, p. 420, 426-435, 474-475.

10 Sergej A. BELOKUROV, O biblioteke moskovskih gosudarej v XVI stoletii [Sur la bibliothèque des souverains de Moscou au XVIe siècle], Moscou, Imprimerie de G. Lissner et A. Gechel, 1899, p. 77. Sur Siméon de Polotsk, voir Aleksandr M. PANČENKO, « Simeon Polockij », dans Slovar’ knižnikov i knižnosti Drevnej Rusi, ed. D. M. Bulanin, t. 3/3, Saint-Pétersbourg, Dmitrij Bulanin, 1998, p. 362-379 ; Max J. OKENFUSS, The Rise and Fall of Latin humanism in Early-Modern Russia. Pagan authors, Ukrainians, and the resiliency of Muscovy, Leyde, Brill, 1995, p. 58-62.

11 R. RUGGERI, op. cit. [n. 4], p. 125 ; Jan PROTASOWICZ, Inventores rerum albo krótkie opisanie kto co wynalazł i do używania ludziom podał, Wilnie, Druk. Bárcaná, 1608 [repr. : Wyd. Ksawery ŚWIERKOWSKI, Wrocław, Ossolineum, 1973] ; Hendryk LULEWICZ, « Jan Protasowicz h. Jastrzębiec », dans Internetowy Polski Słownik Biograficzny, Internet, consulté le 13 janvier 2020. URL : https://www.ipsb.nina.gov.pl/a/biografia/jan-protasowicz-h-jastrzebiec-1608?print

12 Polidor VERGILIJ, Osm’knig o izobretateleh veščej. Prevedeny s latinskago na slavenorossiiskij jazyk v Moskve, i napečatany poveleniem Velikago Gosudarja Carja, i Velikago Knjazja Petra Pervago Vserossijskago Imperatora [Les huit livres sur les inventeurs des choses. Traduit du latin en langue russe slave à Moscou, et imprimé par l’ordre du grand Τsar Souverain et du Grand Prince Pierre Ier, Empereur de Russie], Moscou, [s. n.], 5 mai 1720, dans Biblioteka Petra I. Ukazatel’-spravočnik, sostavitel’ Elizaveta I. Bobrova, red. Dmitrij S. Lihačev [Bibliothèque de Pierre Ier. Index, compilé par Elizaveta I. Bobrova, éd. Dmitrij S. Lihačev], Leningrad, Bibliothèque de l’Académie des sciences, 1978, p. 61, n. 354.

13 Irina BELJAEVA et Irina LEBEDEVA, « L’histoire de la bibliothèque de Pierre le Grand et de ses catalogues », Cahiers du monde russe [En ligne] 47/3, 2006, mis en ligne le 1er janvier 2007, consulté le 13 janvier 2020. URL : http ://journals.openedition.org/monderusse/8833 ; Sirkka HAVU et Irina LEBEDEVA, Collections donated by the Academy of Sciences of St. Petersburg to the Alexander University of Finland in 1829 : an annotated catalogue, Helsinki, Helsinki University Library, 1997 ; Elena A. SAVEL’JEVA (éd.), Knigi iz biblioteki Aptekarskogo prikaza v sobranii BAN. Katalog, [Les Livres de la bibliothèque du Prikaz des pharmacies de la collection du BAS], Saint-Pétersbourg, Bibliothèque de l’Académie des sciences, Alpharet, 2006 ; Irina V. HMELEVSKIH et Aleksandr E. KARNAČEV (éd.), Biblioteka Petra Velikogo : zapadnoevropejskie pečatnye knigi [Bibliothèque de Pierre le Grand : livres imprimés en Europe occidentale], Saint-Pétersbourg, Bibliothèque de l’Académie des sciences, t. 1-2, 2016 ; Olga MEDVEDKOVA (dir.), Pierre Le Grand et ses livres : les arts et les sciences de l’Europe dans la bibliothèque du tsar, Paris, CNRS – Alain Baudry et Cie, 2016.

14 Polydorus VERGILIUS, Waerachtige Beschryvinghe, Inhoudende wie de eerste Autheuren ende vinders aller verscheyden Consten, Inventien ende Hantwercken zijn gheweest. Door den selven met groorter vijdt ende neersticheydt in drie Boecken begrepen. Ende nu van nieuws uyt de Latijnsche in onse Nederlandtsche tale ghetrouwelijck overgheset, door E. M. G., Amsterdam, by Jan Evertsz Cloppenburch, boeckvercooper, op’t Water, in de vergulden Bybel, Anno 1612, in-8o, dans Knigi iz sobranija Andreja Andreeviča Viniusa : katalog [Les Livres de la collection d’Andrej Andrejevič Winius : catalogue], dir. E. A. Savel’jeva, Saint-Pétersbourg, Bibliothèque de l’Académie des sciences, Alpharet, 2008, p. 208, n. 271 ; Kees BOTERBLOEM, Moderniser of Russia : Andrei Vinius, 1641-1716, Basingstoke, New York, Palgrave Macmillan, 2013.

15 Polydorus VERGILIUS et Alexander SARDUS, De rerum inventoribus in quibus omnium scientiarum, omniumque ; ferè rerum principium quoddam quam brevissime continetur, Noviomagi Batavorum, ex Typographia Reineri Smetii, 1671, in-12o, dans Dmitrij D. GAL’CIN et Galina N. PITUL’KO (éd.), Biblioteka Feofilakta Lopatinskogo (ok. 1680-1741). Katalog [Bibliothèque de Feofilakt Lopatinskij (circa 1680-1741). Catalogue], Saint-Pétersbourg, Maison Pouchkine, 2016, p. 124, n. 160.

16 C. ATKINSON, op. cit. [n. 3], p. 119.

17 I. GOLIKOV, op. cit. [n. 1], p. 105.

18 Biblioteka Feofilakta Lopatinskogo, op. cit. [n. 15], p. 124.

19 Pour d’autres informations sur Lopatinskij, voir Feofilakt LOPATINSKIJ, Izbrannye filosofskie proizvedenija [Œuvres philosophiques, une sélection], éd. Aleksandr V. Panibratcev, Moscou, RAN, Institut de philosophie, 1997, p. 3-18.

20 Pour des informations plus détaillées sur les débats religieux, voir Simone BLANC, « L’Église russe à l’aube du “siècle des Lumières” », Annales. Économies, sociétés, civilisations 20/3, 1965, p. 442-464 ; Michel MERVAUD, « Jacques Jubé et l’union des Églises », Revue des études slaves 70/2, 1998, p. 377-398 ; Andrej V. PANIBRATCEV, Prosveščenie razuma. Stanovlenie akademičeskoj nauki v Rossii [L’Éveil de l’esprit. La formation de la science académique en Russie], Saint-Pétersbourg, Maison d’édition de l’Institut humanitaire chrétien russe, 2002 ; Robert COLLIS, The Petrine instauration : religion, esotericism and science at the court of Peter the Great, 1689-1725, Leyde, Brill, 2012, p. 271-356.

21 VERGILIJ, op. cit. [n. 12], p. ii.

22 Bibliothèque d’État de Russie, Cote МК Си-2/20-В.

23 Voir ce filigrane sur les exemplaires nos 5 et 7 (nos d’inventaire 1852 et 2890) ; cf. William A. CHURCHILL, Watermarks in paper in Holland, England, France, etc. in the XVII and XVIII centuries and their interconnection, Amsterdam, M. Hertzberger, 1967, n. 69.

24 Numéro d’inventaire : 1428.

25 Illarion A. ČISTOVIČ, « Iona Sal’nikeev », Čtenija v Imperatorskom Obščestve Istorii i Drevnostej Rossijskih pri Moskovskom Universitete, 3, V (1868), p. 1-125.

26 Irina V. BABIČ et Marina V. BABIČ (éd.), Oblastnye praviteli Rossii, 1719-1739 gg. [Les Gouverneurs provinciaux de la Russie, 1719-1739], Moscou, Rosspen, 2008, p. 195-196.

27 Pour une biographie plus détaillée de Marfa Borjatinskij, voir Ekaterina DOMNINA, « Count Andrei Matveev and his wives in Petrine diplomatic practice », dans Gender and diplomacy : women and men in European embassies from the 15th to the 18th century, éd. R. Anderson, L. Olivàn Santaliestra et S. Suner (Vienne, Hollitzer, 2020).

28 Irina A. POLONSKAJA, Sirkka HAVU et al. (éd.), Biblioteka A. A. Matveeva (1666-1728) : katalog, [Bibliothèque de A. A. Matvejev (1666-1728) : catalogue], Moscou, Bibliothèque d’État V.I. Lénine d’URSS, 1985.

29 VERGILIJ, op. cit. [n. 12], p. 1, 5, 7, 13, 19, 25, 30, 37, 43, 49, 55, 59, 65, 71, 77, 83, 89, 97, 103, 109, 115, 121, 127, 133, 135, 141, 147, 153, 169, 177, 183, 191, 195, 203, 209, 215, 225, 229, 241.

30 Numéro d’inventaire 2890.

31 VERGILIJ, op. cit. [n. 12], p. 1, 3, 5, 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25, 27, 29, 30, 33, 35, 37, 39, 41, 43, 45, 47, 49, 52, 53, 55, 57, 59, 61, 63, 65, 67, 69, 71, 73.

32 Ibid., p. 127, 131, 133, 135, 137, 139, 141, 143, 145, 147, 149, 151, 153, 155, 157, 159, 161.

33 Ibid., p. 60v.

34 Sanktpetersbourgskije Vedomosty, 4 décembre 1758, p. 11, consulté le 13 janvier 2020.URL : https://books.google.cz/books?id=_G9lAAAAcAAJ&hl=ru&pg=PT998#v=onepage&q&f=false

35 Ivan F. MARTYNOV, « Zabytyj tipograf XVIII stoletija Ivan Nikitič Trediakovskij » [Typographe oublié du XVIIIe siècle], dans XVIII vek. Problemy istorizma v russkoj literature, konec XVIII – načalo XIX v. [Le XVIIIe siècle. Les problèmes de l’historicisme dans la littérature russe de la fin du XVIIIe au début du XIXe siècle], dir. G. P. Makogonenko, et A. M. Pančenko, Leningrad, Nauka, 1981, p. 262-274.

36 Polidor VIRGILIJ URBINSKIJ, O pervyh izobretateleh vseh veščej [Polydore VIRGILE D’URBINO, Sur les inventeurs des toutes les choses], Moscou, Imprimerie de L’Université, par N. NOVIKOV, p. 1-2, 1782.

37 Bibliothèque de l’Université d’État de Moscou Lomonossov, Cote 5 Qa 509, numéros d’inventaire : t. 1 – 249949, редк. 1962, t. 2 – 4383673, редк. 3725.

38 Sergej K. SMIRNOV, Istorija Moskovskoj duhovnoj akademii do ee preobrazovanija (1814-1870) [Histoire de l’Académie théologique de Moscou avant sa transformation (1814-1870)], Moscou, Imprimerie de L’Université, par M. KATKOV, 1879, p. 37-48.