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Le voyage immobile. L’Europe centrale et orientale dans les bibliothèques des élites françaises au XVIIIe siècle

Éric SUIRE

Université Bordeaux Montaigne

eric.suire@u-bordeaux-montaigne.fr

Grâce à leurs livres rares, les élites d’Ancien Régime pouvaient s’offrir un luxe inaccessible à leurs contemporains : celui de voyager à travers le monde, sans avoir à quitter le confort de leurs appartements. Les relations d’ambassade et les lettres édifiantes des missionnaires fascinaient les curieux, même si la réalité décrite s’éloignait parfois de la vérité : traducteurs et éditeurs s’attachaient à fournir au public la dose d’exotisme qu’il attendait1. Quel intérêt l’Europe centrale et orientale a-t-elle revêtu pour les lecteurs français du XVIIIe siècle ? L’ancienneté des relations entre la France et la Pologne, le soutien apporté par Louis XIV aux Mécontents de Hongrie, la modernisation de la Russie sous Pierre le Grand eurent-ils une traduction dans les cabinets de lecture ?

Pour répondre à ces questions, nous avons exploré les catalogues de vente de bibliothèques, qui se multiplient au XVIIIe siècle. Eux-mêmes vendus à bon prix2, ils permettaient aux bibliophiles de repérer les titres qui manquaient à leurs collections. Dressés par des libraires spécialisés, ils étaient recherchés par les grands collectionneurs, comme Pierre Adamoli, qui s’efforçaient d’acquérir les exemplaires comportant, en notes manuscrites, les prix d’acquisition3. La Bibliothèque de Lyon conserve 193 catalogues rédigés entre 1700 et 1800. Nous en avons consulté vingt-huit, soit un peu moins de 15 %, ce qui représente approximativement 100 000 entrées4. Notre échantillon se répartit en deux séries égales de quatorze catalogues. La première porte sur les années 1701 à 1749 (47 379 entrées), la seconde sur les années 1754 à 1799 (49 966 entrées). L’ensemble est relativement homogène : un tiers de bibliothèques compte plus de 5 000 entrées, un second tiers rassemble entre 1 500 et 5 000 entrées, un dernier tiers réunit des collections inférieures à 1 500 titres.

Ventilation des catalogues1701-17491754-1799
Moins de 1 500 entrées26
Entre 1 500 et 5 00045
Plus de 5 00063

Tableau n° 1. Importance des collections5.

Les propriétaires, généralement décédés lors du catalogage des fonds6, sont représentatifs des élites laïques de la fin de l’Ancien Régime, dominées par la noblesse et la bourgeoisie officière. Sur 23 fonctions identifiées, nous rencontrons dix professions juridiques (4 magistrats, 4 avocats, 2 officiers de chancellerie), cinq métiers de santé (3 médecins, 2 apothicaires), trois militaires, deux académiciens, deux marchands7, un financier. Quelques collections reflètent avant tout l’activité de leurs détenteurs. Les « devoirs de sa profession » n’ont pas permis à l’avocat lyonnais Benoît Goy de se constituer « une Bibliothèque tout à la fois nombreuse et bien choisie »8 : le Droit y éclipse les autres matières. Même orientation chez François Magueux, ancien avocat devenu inspecteur général du Domaine. Les ouvrages de « Jurisprudence » forment 40 % du fonds9. Certains catalogues trahissent toutefois les goûts personnels de leurs propriétaires. L’histoire de France est prisée de l’académicien Lancelot10, tandis que Jean-Baptiste Denis Guyon de Sardière apprécie, outre l’histoire, la poésie ancienne et moderne, et les romans de chevalerie11.

Pris au hasard, les inventaires étudiés ne sont pas centrés sur les marges orientales de l’Europe, et trois collections délaissent même totalement cet espace géographique. Aucun titre n’a été relevé parmi les 4 414 entrées de la célèbre Bibliotheca Fayana12, inventaire des livres du capitaine des gardes françaises Charles Jérôme de Cisternay du Fay, propriétaire d’ouvrages précieux, mis en vente à Paris le 25 juin 1725. Même absence dans le modeste Catalogue des livres de M. Deschamps13, et dans le Catalogue des livres provenans de la bibliothèque de feu M. de Boze. Dans ce dernier cas, cependant, nous savons que plusieurs ouvrages de l’académicien Claude Gros de Boze avaient été distraits – par ses héritiers ? – avant la mise en adjudication des « livres rares, bonnes éditions, et belles reliures »14.

Vingt-cinq catalogues, sur vingt-huit, nous parlent donc de l’Europe centrale et orientale. Mais en quels termes ? Les libraires qui ont inventorié les collections ont adopté, pour la plupart15, la classification des libraires de Paris, en cinq grandes rubriques : Religion, Jurisprudence, Sciences & Arts, Belles-Lettres, Histoire. Les ouvrages portant sur l’est de l’Europe figurent, pour l’essentiel, dans la dernière catégorie, qui réunit à la fois la géographie, la littérature de voyage et la production historique au sens strict. Cependant, on découvre quelques autres titres dans les Sciences & Arts et les Belles-Lettres, relevant de l’histoire naturelle ou de la production romanesque. L’auditeur des comptes Jean-Louis Barré16 possédait ainsi la Relation curieuse d’une fontaine découverte en Pologne, laquelle entre autres propriétés, a celle de suivre le mouvement de la lune (Paris, 1687)17, les Particularités des Sauterelles venues en Russie (Paris, 1690), et, tout aussi intrigante, la Meditatio de Insectis quibusdam Hungaricis prodigiosis… ex aere delapsis… anno 1673, du savant Daniel Guillaume Mollerus, de Presbourg (Francfort, s.d.). Sur un mode plus récréatif, le trésorier des états de Languedoc, Joseph II Bonnier de La Mosson, pouvait revivre les aventures du fils du comte Waliski avec Le Beau Polonois, nouvelle galante, par Préchac (Paris, rééd. 1734)18. Du même ordre, Casimir, Roy de Pologne (Paris, 1679), figure dans la rubrique « Romans par ordre alphabétique » du catalogue du sénéchal de Rouergue, Louis-Victor Dufaure19.

Les professionnels du livre tâtonnent lorsqu’il s’agit de situer sur une carte les pays auxquels se réfèrent les titres inventoriés. Le Catalogue des livres de feu M. Lancelot range les Rerum Ungaricarum Decades quatuor d’Antonio Bonfini et l’Orbis Polonus de Szymon Okolski dans l’Histoire d’Allemagne et du Nord20. Pologne, Hongrie et Russie restent longtemps associées aux Pays Septentrionaux21, en compagnie du Danemark et de la Suède. Cette géographie approximative correspond à celle que les alliances de la première guerre du Nord (1655-1660) ont dessinée. Elle s’affine, néanmoins, dans le courant du XVIIIe siècle. Le prêtre Louis-Gabriel Guéret, qui inventorie, en 1742, la bibliothèque du chevalier de Malte Louis-Basile de Charost, distingue l’Histoire septentrionale dédiée aux pays scandinaves, de l’Histoire de Moscovie (6 titres), l’Histoire de Pologne (20 titres) et l’Histoire de Hongrie (5 titres)22. Procédant par grands ensembles géopolitiques, le catalogue du médecin normand Adrien Larchevesque sépare l’Historia Moscoviae ; l’Historia Poloniae, Lituanae et Prussiae Regiae ; de l’Historia Hungariae23. Ces trois États sont réunis au sein d’une même rubrique dans l’inventaire des livres de l’apothicaire du roi, François Imbert de Chastres24. Toutefois, le dernier catalogue étudié, celui de l’avocat Pierre-Antoine de Milly, reprend le découpage traditionnel. Les ouvrages concernant la Hongrie y sont placés dans l’Histoire d’Allemagne, tandis que ceux portant sur la Pologne et la Russie relèvent de l’Histoire des pays septentrionaux25.

La connaissance imparfaite de l’Europe centrale suscite quelques classements hasardeux. Le rayon « Histoire » du second tome du Catalogue de la bibliothèque de feu M. Falconet, qui restitue la plus belle collection de notre corpus, se subdivise entre l’Histoire de Pologne (p. 342), l’Histoire de Moscovie et de Russie (p. 344), et l’Histoire de Hongrie (p. 345). Cependant, l’Histoire de Pologne contient deux ouvrages qui regardent en réalité la Hongrie : l’Histoire du ministère du cardinal Martinusius (Paris, 1715), par le chanoine d’Uzès Antoine Béchet, et la Relation du siège et de la prise de Strigonie ou Gran (Besançon, s.d.), actuelle Esztergom26. Dans le Catalogue des livres de feu M. Dufaure, l’Histoire du prince Rakoczi est mentionnée avec « Cracovie » pour lieu d’édition27, lue pour « Cassovie », c’est-à-dire Kassa, en Hongrie. Ces maladresses incitent à penser que les libraires français étaient plus familiers de la culture polonaise que de l’onomastique hongroise… Des erreurs sont également commises dans l’identification des ouvrages, mais elles s’avèrent assez rares, compte tenu de l’ampleur du travail fourni dans des délais rapides. La plus courante consiste à confondre le nom de l’auteur avec celui de l’éditeur. Le rédacteur du Catalogue des livres de la bibliothèque de M.***[Benacé] mentionne ainsi une Description de la Livonie « par Poolsum » qui doit être restituée à Karl Johann von Blomberg, l’éditeur, Willem van Poolsum, n’en étant que le traducteur en français28.

Nous avons recherché tous les livres impliquant la Hongrie, la Pologne et la Russie dans les 25 collections dont un titre, au moins, se rattachait à l’Europe centrale et orientale. Nous en avons dénombré 364. L’intérêt des lecteurs français semble croître, mais faiblement, au cours de la période, avec une moyenne de 11 entrées par catalogue entre 1701 et 1749 (157 titres), proche de 15 entrées entre 1754 et 1799 (207 titres). Certes, en pourcentage des collections, les chiffres demeurent dérisoires : à peine 0,37 % des fonds sur l’ensemble du XVIIIe siècle ! La « percée » de l’Europe centrale et orientale doit être nuancée, passant de 0,33 % des fonds au cours de la première moitié du siècle, à 0,41 % dans la seconde moitié29.

À première vue, les similitudes entre les trois pays considérés semblent fortes. La Hongrie est présente dans 19 catalogues, contre 20 dans les cas de la Pologne et de la Russie. Toutefois, des différences ressortent si l’on raisonne à partir des exemplaires. Avec 76 mentions, la Hongrie ne rassemble que 22,40 % des occurrences (36) sur la période 1701-1749, et 19,20 % (40) sur la période 1754-1799. Avec 171 mentions, la Pologne est, de loin, le pays le plus représenté. Toutefois, les livres qui la concernent passent de 52,20 % du total entre 1701 et 1749 (84 occurrences dans 12 catalogues), à 41,80 % entre 1754 et 1799 (87 occurrences dans 8 catalogues). Sur les six catalogues postérieurs au premier partage de 1772, la Pologne n’apparaît plus qu’à deux reprises, comme si les bibliophiles français s’étaient alors éloignés de la république nobiliaire30. En contrepartie, l’émergence de la Russie sur la scène internationale, au moment de la Succession d’Autriche31, se traduit par sa présence accrue dans les cabinets de lecture des élites françaises. L’ancienne Moscovie, devenue l’Empire russe, passe de 41 mentions (25,40 %) entre 1701 et 1749 à 81 mentions (39 %) entre 1754 et 1799.

Cette évolution s’accompagne d’un rajeunissement des collections. Entre le début et la fin de la période étudiée, la part des livres édités au XVIe siècle reste identique, autour de 7 % des fonds. Il s’agit, pour l’essentiel, d’ouvrages remontant au règne polonais de Henri III, comme les Chroniques et annales de Pologne (Paris, 1573), de Blaise de Vigenère (2 occurrences) ou l’Histoire des rois et princes de Pologne (Paris, 1573), de Jean Herburt de Fulstin (4 occurrences). Leur intérêt historique et patrimonial ne se dément pas. Les livres publiés au XVIIe siècle constituent le socle des bibliothèques des années 1701-1749, avec près de 60 % des exemplaires identifiés. Toutefois, leur domination s’effrite au cours de la période suivante, cette proportion s’abaissant à 48 %. Les ouvrages récents, parus au XVIIIe siècle, voient leur poids croître dans le même rapport, passant d’un tiers à 45 % des collections. Ce phénomène traduit le renouvellement de l’offre de livres sur l’Europe centrale et orientale, avec l’apparition de nouveaux titres marquants, comme l’Histoire de l’Empire de Russie sous Pierre le Grand (Genève, 1759) de Voltaire32 (3 occurrences), ou l’Histoire de Jean Sobieski, roi de Pologne (Paris, 1761) de l’abbé Coyer (5 occurrences).

En revanche, la provenance des livres se caractérise par une stabilité remarquable sur l’ensemble du siècle. Certes, la multiplication des fausses adresses typographiques incite à relativiser les statistiques que l’on peut déduire des catalogues, et incite à corriger, à la hausse, la part des livres édités en France (44 %). La majorité des ouvrages concernant l’Europe centrale et orientale provient néanmoins de l’étranger, principalement des Provinces-Unies (Amsterdam) et d’Allemagne, et de quelques autres pays d’Europe occidentale, à hauteur de 48 % des fonds. Ajoutons que 8 % des exemplaires mentionnés dans les catalogues ont été publiés en Pologne (à Cracovie, Varsovie, Gdansk, Dubromil…), en Russie (Saint-Pétersbourg) et, dans une moindre mesure, en Hongrie. Ils sont surtout repérables dans les cabinets de cinq grands bibliophiles : Antoine Lancelot, Louis-Basile de Charost, Camille Falconet, Victor-Louis Dufaure et Pierre-Antoine de Milly33.

Ces ouvrages étaient difficiles à trouver en France, et d’ailleurs, lors du décès de Falconet, survenu le 8 février 1762, 26 titres portant sur l’Europe orientale furent transférés à la Bibliothèque du roi. En décembre 1742, le médecin avait promis à Louis XV de lui léguer ses livres qui ne se trouveraient pas dans sa bibliothèque. Les onze mille volumes cédés au souverain sont indiqués entre crochets dans le catalogue de 1763, n’ayant pas été proposés à la vente. Ils atteignent 22 % du fonds, évalué à 50 000 volumes. Les ouvrages relatifs à la Hongrie, la Pologne et la Russie donnés au roi représentent 36 % des 72 exemplaires détenus par le doyen de la Faculté de médecine de Paris sur cet espace géographique. L’écart entre ces pourcentages suggère que les collections royales de la rue de Richelieu étaient médiocrement fournies dans ce domaine, mais il souligne également l’intérêt de ce proche de la famille de Lorraine pour la Mitteleuropa.

La présence de livres édités en Pologne et en Hongrie explique en partie le poids des ouvrages latins : ces derniers cumulent près de 30 % des titres sur la période 1701-1749, et encore plus de 19 % entre 1754 et 1799. L’italien n’ayant qu’une présence anecdotique34, le français renforce sa position majoritaire au sein des collections, avec plus de 80 % des titres inventoriés sur la période 1754-1799. Reflet de cette « Europe française », vantée notamment par Louis-Antoine Caraccioli35, cette hégémonie linguistique soulève des interrogations sur le contenu des livres. Ne signifie-t-elle pas que la vulgarisation l’emportait désormais, dans les cabinets des élites françaises, sur l’érudition ? Les Avertissements qui ouvrent certains catalogues sont ambigus sur la question. Les cabinets de nos bibliophiles reflèteraient les lectures de l’« homme du monde », amateur de beaux livres, « qui veut se délasser et s’instruire »36.

Formats1701-1749 : 153 exemplaires1754-1799 : 200 exemplaires
In-folio21 (13,72 %)11 (5,5 %)
In-quarto41 (26,80 %)45 (22,5 %)
In-8°, in-12° , in-16°91 (59,48 %)144 (72 %)

Tableau n° 2. Les formats des ouvrages dédiés à l’Europe centrale et orientale.

L’étude des formats fournit un premier élément de réponse. Les formats académiques, in-folio et in-quarto, qui servent aux livres illustrés, aux dictionnaires et aux ouvrages savants, pèsent d’un grand poids dans la première moitié du XVIIIe siècle. Avec près de 41 % des exemplaires, ils rivalisent avec les formats de poche. Nos collectionneurs, sont, il est vrai, des amateurs fortunés, adeptes des reliures précieuses et des gravures coloriées. Paul Girardot de Préfond possédait par exemple un exemplaire des Voyages d’Olearius dans la réédition d’Amsterdam de 1727, en deux volumes in-folio, dont les figures étaient « enluminées ». Ce bel ouvrage fut vendu 16 l.t. 1 sol lors des enchères publiques ouvertes, en avril 1757, dans une salle du couvent des Grands Augustins de Paris37. Toutefois, dans la seconde moitié du siècle, les grands formats s’effacent devant la montée des livres de poche, in-octavo, in-douze et in-seize, qui regroupent 72 % des exemplaires catalogués. Indice que le lecteur se détournait des livres savants et des riches iconographies, pour privilégier des contenus plus frivoles et accessibles ?

GenresVOYAGEPOLITIQUEHISTOIRECURIOSITE
Sous-genresInstitutions DiplomatieAnnales Chroniques Vies des grands hommesHistoire naturelle Romans Religion
1701-174927 (18 %)45 (30 %)57 (38 %)20 (14 %)
1754-179932 (15,50 %)44 (21,40 %)87 (42,20 %)43 (20,90 %)
Total59 (16,60 %)89 (25,10 %)144 (40,60 %)63 (17,70 %)

Tableau n° 3. La distribution thématique des livres sur l’Europe centrale et orientale.

Malheureusement, le contenu thématique des collections ne peut être cerné avec toute la précision souhaitée. Nous sommes tributaires des catalogues, surtout soucieux de l’état des ouvrages et de la qualité de leurs reliures. La bibliothèque de Pierre-Nicolas Couvray contient ainsi un in-folio manuscrit, intitulé Affaires de Pologne, Suède et Danemark38, qui a probablement trait aux guerres du Nord, ou à d’autres questions diplomatiques. En l’absence de datation, il est impossible d’en savoir davantage.

À partir des informations disponibles, nous avons ventilé les 364 entrées recensées en quatre genres principaux : Voyage, Politique, Histoire, Curiosité. La littérature produite par les voyageurs forme la matrice des fonds consacrés à l’est de l’Europe. Les relations de voyage rassemblent près de 17 % des titres sur la période. Elles comprennent, par ailleurs, les principaux best-sellers du temps. La Relation du Voyage de Moscovie (Paris, 1656) d’Adam Olearius39, traduite en français par le résident de Brandebourg Abraham de Wicquefort, est le livre le plus courant dans nos fonds, avec douze occurrences, dans différentes éditions. La Relation du voyage de la reine de Pologne, par Jean le Laboureur (Paris, 1647), gentilhomme de la cour qui accompagna en Pologne la maréchale de Guébriant et Louise-Marie de Gonzague, est citée à neuf reprises. Les Voyages de Jean Struys40 en Moscovie, en Tartarie, en Perse… (Amsterdam, 1681) sont mentionnés dans sept catalogues. Si la Hongrie apparaît un peu en retrait, la Relation de plusieurs voyages faits en Hongrie. Servie. Bulgarie… (Paris, 1674) du docteur Édouard Brown, tirée d’un périple accompli en 1668, figure, malgré tout, dans cinq bibliothèques.

Quand l’exotisme du voyage en des terres enneigées ne suffit plus, le lecteur mis en appétit cherche à connaître les institutions et les vicissitudes politiques d’États qui apparaissent, parfois, dans le cercle des alliances du roi de France. Ce désir fait le succès des Anecdotes de Pologne (Amsterdam, 1699) de François-Paulin Dalairac, présentes dans dix catalogues, également auteur des Mémoires du chevalier de Beaujeu (Paris, 1698), où il emprunte l’identité de Paul-Antoine Quiqueran de Beaujeu (5 occurrences), ou des Mémoires sur les Dernières Révolutions de la Pologne (Rotterdam, 1710) de Piotr Henryk Przebendowski (6 occurrences). Ces livres, publiés à la charnière des XVIIe et XVIIIe siècle, attestent « que des informations relativement fiables sont disponibles en France au sujet de la Pologne, ainsi qu’un véritable intérêt pour le sujet »41.

Le goût pour l’histoire des élites françaises est connu. Le siècle des Lumières est le dernier où cette discipline est demeurée l’apanage d’amateurs éclairés : magistrats, officiers en retraite, rentiers aux longs loisirs42… Déjà dominante avant 1749, l’histoire accroît encore son emprise dans les catalogues de 1754 à 1799. Vulgarisée et distrayante, elle s’incarne dans les Mémoires du règne de Pierre-le-Grand, Empereur de Russie (La Haye, 1725-1726), de Jean Rousset de Missy (8 occurrences), qui « relate essentiellement les hauts faits guerriers du tsar »43, l’Histoire des Rois de Pologne, & du gouvernement de ce Royaume (Amsterdam, 1733), de Pierre Massuet (6 occurrences), ou l’Histoire des Troubles de Hongrie (Paris, 1685) du conseiller à la Chambre des comptes de Montpellier Claude Vanel (5 occurrences). Ces historiens à la mode sont au mieux des compilateurs, tel l’abbé Desfontaines, qui, à l’instar de ses devanciers du XVIe siècle, Vigenère et Herburt de Fulstin, réutilise les travaux du chanoine de Cracovie Jan Dlugosz, « le premier historien moderne polonais »44, dans son Histoire des Révolutions de Pologne (Amsterdam, 1735), mentionnée à cinq reprises. Les récits de sièges de ville (Buda, Thorn, autrement dit Toruń…), ou les biographies d’hommes d’État sont également appréciés, comme la Vie du cardinal Jean-François Commendon (Paris, 1671), nonce en Pologne et ambassadeur auprès des cours de Vienne et de Varsovie, traduite du latin d’Antonio Maria Graziani par Esprit Fléchier (6 occurrences).

À mesure qu’on s’avance dans le siècle, les centres d’intérêt des lecteurs se diversifient. La curiosité s’aiguise, et l’on ne se contente plus des descriptions romancées des anciens voyageurs. Le Voyage de Moscou (Paris, 1727) de Pierre Deschizeaux (2 occurrences), et les Mémoires qu’il publie en 1725 pour la création du jardin botanique de Saint-Pétersbourg, figurent dans la collection d’Antoine Lancelot en 1741. L’approche comparée des religions amène à la relecture de la Religion ancienne et moderne des Moscovites (Cologne et Amsterdam, 1698), condamnée en raison des tendances protestantes de son auteur, Georg Adam Schleissing45 (3 occurrences). Les livres sur le climat et la formation des paysages font leur apparition dans la seconde moitié du siècle. La Description […] de la maison de glace édifiée dans la capitale du tsar en janvier 1740, « avec des remarques sur le froid qu’on a senti cette année dans toute l’Europe » (Saint-Pétersbourg, 1741), trouve place dans la rubrique Sciences & Arts du catalogue de Girardot de Préfond en 1757. La monumentale Description du Danube (La Haye, 1744) du comte Marsigli, naturaliste italien, en six volumes in-folio, intègre le cabinet de François Imbert de Chastres (1763) et celui de M. Mariette (1775)46. Ce dernier exemplaire est vendu aux enchères 108 l.t., somme fabuleuse au regard de la valeur moyenne des prix d’acquisition constatés, qui, dans plus de 75 % des cas, ne dépasse pas 1 à 2 l.t. sur l’ensemble du XVIIIe siècle47.

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Cette analyse superficielle mériterait d’être approfondie, une véritable archéologie des bibliothèques, s’attachant à l’origine des collections, étant désormais facilitée par la numérisation et la constitution de banques de données sur les ex-libris. Quelques éléments ressortent des prestigieuses collections des élites laïques du XVIIIe siècle : la moindre connaissance de la Hongrie, le primat accordé aux affaires polonaises, et l’intérêt croissant porté à la Russie. Naturellement, les bibliothèques consultées sont le produit d’une sédimentation qui les éloigne de l’actualité. Les ouvrages traitant de la Russie, dans les catalogues des années 1754 à 1799, renvoient au règne de Pierre le Grand, pas à celui de Catherine II, que nous n’avons jamais rencontrée. Malgré ces réserves, ces livres ne permettent-ils pas de délimiter les contours d’une « opinion publique » encore balbutiante, confinée aux cercles éclairés, dont les attentes interagissent avec les enjeux de la politique française ?

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1 La sœur Marie Fiat TRAN THI TUYET MAI a récemment montré comment Jacques de Bourges avait déformé le manuscrit du voyage de Mgr Lambert de La Motte au Siam pour le transformer en récit exotique dans sa Relation du Voyage de Monseigneur l’Évêque de Beryte, éditée à Paris en 1666, La Mission continue de Jésus selon Mgr Lambert de la Motte (1624-1679) et le renouveau de l’évangélisation en Asie, Paris, Cerf, 2016, p. 115.

2 Le Catalogue des livres de la bibliothèque de M.***, Paris, Piget, 1744, 514 p. [BM Lyon 371 198] est vendu trois livres ; le Catalogue des livres rares et singuliers du cabinet de M. Filheul [= nom de l’épouse de Charles Chardin], Paris, Dessain junior, 1779, 503 p. [BM Lyon 371 165], dressé par le vendeur, le libraire Charles Chardin (1742-1826) valait, simplement broché, 3 l.t. 12 sous.

3 Gabriel Martin rédigea 148 catalogues de cet ordre entre 1705 et 1761 (Yann SORDET, L’Amour des livres au siècle des Lumières : Pierre Adamoli et ses collections, Paris, École des chartes, 2001, p. 207).

4 Nous comptons exactement 97 345 entrées à partir de 26 catalogues. Deux catalogues sont dépourvus de numérotation : le Catalogue de la bibliothèque de deffunt M. Du Pont de Carles ancien avocat, Paris, Thomas Moette, 1701, 100 p. [BM Lyon 368 355] et le Catalogue de la bibliothèque de M. Couvray, Paris, s.n., 1728, 176 p. [BM Lyon 24 504]. Une entrée peut correspondre à plusieurs titres regroupés par affinité, ce qui nuit à un comptage précis des exemplaires.

5 Pas d’informations pour deux catalogues de la période 1701-1749 (voir note précédente).

6 Trois exceptions, dont la vente Chardin de 1779, évoquée supra [n. 2]. Le Catalogue des livres du cabinet de M.*** [Jean-Pierre Imbert Châtre de Cangé], Paris, Jacques Guérin, 1733, 450 p. [BM Lyon 371 169] fut dressé au cours de l’été 1733, à l’occasion du transfert des livres à la Bibliothèque du roi, qui les avait achetés pour la somme de 40 000 l.t., montant jugé modique au regard de l’attrait de la collection. L’ancien possesseur, apothicaire-adjoint puis secrétaire du Régent, mourut en 1746. Voir Jean-Marc CHATELAIN, « Une collection pour mémoire : le cabinet des livres de Châtre de Cangé », dans La Bibliothèque de l’honnête homme. Livres, lectures et collections en France à l’âge classique, Paris, Éd. de la BnF, 2003, p. 161-197. Le Catalogue des livres du cabinet de Mr G… D… P… [Girardot de Préfond], Paris, Guillaume François De Bure le jeune, 1757, 207 p. [BM Lyon 390 449] fut établi par G.-F. De Bure à l’occasion de la vente publique, en avril 1757, de la bibliothèque. Son propriétaire, Paul Girardot de Préfond (1722-1785), souhaitait se dessaisir d’une collection jugée trop hétérogène. http ://bibale.irht.cnrs.fr/28297

7 Paul Girardot de Préfond est issu d’une famille protestante de marchands de bois du Nivernais, mais ses activités précises sont inconnues. Charles Chardin, dont le catalogue fut publié sous le nom de son épouse, Mme Filheul, était l’un des principaux marchands libraires français.

8 Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. Goy, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats, Lyon, imprimerie de la ville, 1785, VIII-99-1 p., « Avertissement », p. IV [BM Lyon 371 371].

9 Catalogue des livres de la bibliothèque de M. Magueux, Paris, J. Barrois, 1741, 179 p. [BM Lyon 371 227].

10 Catalogue des livres de feu M. Lancelot, de l’Académie royale des Belles-Lettres, Paris, G. Martin, 1741, « Avertissement », n.p. [BM Lyon 341 454].

11 Catalogue des livres de la bibliothèque de feu M. J.B. Denis Guyon, chev. Seigneur de Sardière, Paris, Barrois, 1759, 270 p., « Avertissement », n.p. [BM Lyon 371 321].

12 Bibliotheca Fayana, seu catalogus librorum bibliothecae ill. viri D. C. Hieronymi de Cisternay Du Fay […] digestus et descriptus à Gabriele Martin, bibliopola parisiensi, Paris, Gabriel Martin, 1725 [BM Lyon 808 723] (avec prix) ; [Bnf 8°H25.008] (avec marginalia).

13 Catalogue des livres de M. Deschamps, s.l., s.n., 1745, 40 p. [BM Lyon 358 574] (445 entrées).

14 Catalogue des livres provenans de la bibliothèque de feu M. de Boze, dont la vente se fera par affiches, Paris, Gabriel Martin, 1754, 192 p. [BM Lyon 371 152] (1 319 entrées). « Avis », n.p.

15 Le classement par format se rencontre surtout au début du XVIIIe siècle, par exemple dans le Catalogue de la bibliothèque de deffunt M. Du Pont de Carle, op. cit. [n. 4], en 1701, ou dans le Catalogue de la Bibliothèque de feu Monsieur Leschassier, conseiller au Grand-Conseil, Paris, Charles Moette, 1738, 166 p. [BM Lyon 368350], mais il est encore employé pour le Catalogue d’une bibliothèque de livres choisis… délaissés par le trépas de M. Nicole, Lille, F. J. Van Costenoble, [1767], 112 + 29 p. [BM Lyon SJ AK086/4].

16 Catalogue des livres de feu M. Barré, auditeur des comptes, Paris, Gabriel Martin, 1743, 2 t., 882 p. [BM Lyon 371 075], nos 2379, 2529, 2530.

17 Ouvrage également présent, dans la même catégorie « Sciences & Arts », dans le Catalogue des livres de la bibliothèque de M.*** [Benacé], Paris, Gabriel Martin, 1757, 80 p. [BM Lyon A 493 800], p. 18.

18 Catalogue des livres de M. Bonnier de La Mosson… dont la vente commencera lundi 26 avril 1745, Paris, Jacques Barrois, 1745, 118 p. [BM Lyon 398119] n° 1299.

19 Catalogue des livres de feu M. Dufaure. Gouverneur et sénéchal de Rouergue, Paris, Barrois, 1767, 203 p. [BM Lyon 371 199], n° 2403.

20 Lancelot, op. cit. [n. 10], nos 475 et 556.

21 Par exemple, dans le Catalogue des livres choisis ou Bibliothèque de M.*** [Gaignet] qui se vendra à l’amiable Mardy premier septembre 1739, Paris, Piget, 1739, p. 97 [BM Lyon 368339], ou dans celui de Guyon de Sardière, op. cit. [n. 11], nos 2233 à 2249.

22 Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Monsieur le chevalier de Charost, Paris, J. Barrois, 1742, 450 p. [BM Lyon 344 447], n°4322-4327 ; 4328-4347 ; 4348-4352.

23 Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Monsieur Larchevesque, Rouen, N. Le Boucher, Paris, J. Barrois, 1749, 368 p. + index [BM Lyon 371 079], p. 328.

24 Catalogue des livres de feu M. Imbert, écuyer, et premier apothicaire du corps du roi, Paris, Davidts, 1763, 149 p. [BM Lyon 371158], « Histoire de Pologne, de Moscovie & Hongrie », p. 112.

25 Catalogue des livres rares et curieux, manuscrits et imprimés, composant la bibliothèque de feu le citoyen de Milly, Paris, Jannet, an VII, 512 p. [BM Lyon 371 197], nos 1890-1891, 1960-1968 bis.

26 Catalogue de la bibliothèque de feu M. Falconet, médecin consultant du roi, et doyen des médecins de la faculté de Paris, Paris, Barrois, 1763, tome II [BM Lyon 371 168], nos 17188 et 17196.

27 Dufaure, op. cit. [n. 20], n° 4883.

28 [Benacé], op. cit. [n. 17], p. 54. Description de la Livonie. Avec une relation de l’origine, du progrès et de la décadence de l’ordre teutonique, Utrecht, W. van Poolsum, 1705.

29 La signification de ces statistiques doit être relativisée. Comptabilisant les récits de voyage sur la Pologne publiés au XVIIe siècle, Daniel TOLLET en recense 79, soit moins de 1 % de la production littéraire française du temps… Ce qui n’empêche pas le public français d’être informé des « affaires polonaises » (« Les comptes rendus de voyage et commentaires des Français sur la Pologne, au XVIIe siècle, auteurs et éditions », Revue du Nord 225, 1975, p. 133, 136, 144).

30 Contre quatre mentions de la Hongrie et de la Russie. Les six catalogues en question sont le Catalogue des livres de M. Mariette, Paris, Pissot, 1775, 64 p. [BM Lyon 344 830], le Catalogue des livres de la bibliothèque de M. Deloynes, Orléans, J.-P. Jacob, 1777, 71 p. [BM Lyon SJ AK 086/8], Filheul, op. cit. [n. 2] ; Goy, op. cit. [n. 8], le Catalogue de la bibliothèque de feu M. Baron, Paris, Née de La Rochelle, 1788, 142 p. [BM Lyon 344 830] et celui de Milly, op. cit. [n. 26].

31 Francine-Dominique LIECHTENHAN, La Russie entre en Europe. Élisabeth Ire et la Succession d’Autriche (1740-1750), Paris, CNRS éditions, 1997. Victorieuse des Suédois, des Polonais et des Turcs, la Russie s’affirme pour la première fois comme une puissance européenne.

32 Cette œuvre de Voltaire a fait l’objet de plusieurs études, alors qu’elle reste relativement discrète dans les catalogues étudiés. Voir, notamment, E. ŠMURLO, Voltaire et son œuvre « Histoire de l’Empire de Russie sous Pierre le Grand », Prague, Orbis, 1929 ; Jean BREUILLARD, « À propos de la culture russe du XVIIIe siècle. Quelques publications », Revue des Études slaves 74/4, 2002, p. 877-883.

33 Tous détiennent entre 37 et 72 titres sur la Hongrie, la Pologne et la Russie, qui représentent entre 0,36 et 0,91 % de leurs collections.

34 Le seul livre en italien retrouvé s’intitule Discorsi di Guerra di Transylvania, del Signor Ascanio Centorio, Venezia, Giolito, 1567, dans le Catalogue des livres de la bibliothèque de M.***, op. cit. [n. 2], 1744, n° 4519.

35 Jacques MARTINE, « Louis-Antoine Caraccioli, une certaine vision de l’Europe française », Revue d’histoire littéraire de la France 114/4, 2014, p. 829-842.

36 Guyon, op. cit. [n. 11], « Avertissement », n.p.

37 Girardot de Préfond, op. cit. [n. 6], n° 1068. Les éditions de Leyde de 1719 et ­d’Amsterdam de 1727, par Michel Charles Le Cène, étaient les plus recherchées en raison de leurs illustrations : 59 figures en taille-douce dans le texte, et 42 planches gravées sur titre, dont 11 cartes et 27 vues de villes.

38 Couvray, op. cit. [n. 4], p. 175.

39 Adam Ölschläger (1603-1671), mathématicien et géographe allemand, secrétaire d’un ambassadeur envoyé par Frédéric III de Holstein-Gottorp au Chah de Perse, qui séjourna quatre mois à Moscou en 1634.

40 Jan Janszoon Struys (1629 ?-1694), marin hollandais, se rend en Russie en 1668 pour servir le tsar Alexis Ier. Il voyage à Riga, Novgorod, et Moscou. Ses Voyages, publiés en néerlandais en 1676, ont eu un énorme succès, la traduction française de 1681 ayant été rééditée au moins à douze reprises, la dernière fois en 1838. Voir Willem FLOOR, « Struys, Jan Janszoon », Encyclopedia Iranica, online edition, 2016, https ://www.iranicaonline.org/articles/struys-jan

41 Damien MALLET, « L’État actuel de la Pologne, par l’abbé Jean-Baptiste de Chévremont (1702) : un regard surprenant sur la Pologne après l’élection d’Auguste II », Klio 35/4, 2015, p. 122.

42 Philippe ARIÈS, Le Temps de l’histoire, Paris, Seuil, rééd. 1986.

43 Ewa BÉRARD, « Saint-Pétersbourg et l’Europe des Lumières », dans Philologiques IV. Transferts culturels triangulaires France-Allemagne-Russie, dir. K. Dimitrieva et M. Espagne, Paris, Éd. MSH, 1996, p. 24.

44 Jerzy KLOCZOWSKI et Muriel WOZNIEWSKI, « Les premières histoires de la Pologne », dans Henri III et son temps, Actes du colloque international du Centre de la Renaissance de Tours, dir. R. Sauzet, Paris, Vrin, 1992, p. 104.

45 Anne SAUVY, Livres saisis à Paris entre 1678 et 1701, La Haye, Martinus Nijhoff, 1972, n° 624.

46 Imbert de Chastres, op. cit. [n. 25], n° 1422 ; Mariette, op. cit. [n. 31], n° 572. Dans ce dernier cas, il s’agit de l’édition latine parue à Amsterdam en 1726.

47 Soit 86 mentions sur 113 prix d’adjudication manuscrits, notés dans les marges des catalogues consultés.