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Le projet ACTUAL (1982-1993), un impossible « Palais idéal » pour le surréalisme

Anne FOUCAULT

Laboratoire HAR (Histoire de l’art et des représentations) – Université Paris Nanterre

a.foucault84@gmail.com

Nous tenons à remercier André Derval, directeur des collections de l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine, pour l’aide précieuse apportée à la réalisation de cet article.

« À retourner et à disséquer le concept d’archives surréalistes – dans cette fonction de moine copiste ou de magasinier qui est la nôtre – on retrouve la caricature de toutes les tentatives de récupération auxquelles le surréalisme, lorsqu’il vivait dans l’histoire, avait dû résister ou succomber »1.

Aussi contradictoire que cela puisse paraître pour un mouvement de subversion culturelle et intellectuelle essentiellement tourné vers l’imagination d’un avenir meilleur, le surréalisme a été très rapidement confronté à la question de sa propre historisation. Celle-ci fut à la fois exogène et endogène au mouvement.

Exogène tout d’abord : rapidement confronté à l’annonce répétée de sa mort prochaine par la presse, le mouvement réuni autour d’André Breton assiste dès les années 1930 à l’écriture d’une histoire de l’art surréaliste depuis les États-Unis, pays où il a alors assez peu d’attaches. Fantastic Art, Dada, Surrealism, vaste exposition organisée dès 1936 par Alfred H. Barr au Museum of Modern Art inscrit le surréalisme dans une histoire de l’art déterminée, trouvant son origine dans une veine « fantastique » apparue dès le XVe siècle2. Au sortir immédiat de la Seconde Guerre mondiale, Maurice Nadeau publie la première Histoire du surréalisme, qui, malgré ses multiples rééditions, ne connaîtra jamais de corrections et ajouts conséquents de son auteur, lequel avait conclu en 1945 que le surréalisme n’avait pas survécu au conflit3. Par ailleurs, dès le milieu des années 1960, la recherche universitaire française commence à se pencher sur le cas du surréalisme – non sans être d’abord passée par l’étude de Dada4. En France, l’Association internationale pour l’étude de Dada et du surréalisme est fondée en 1966 et réunit de jeunes universitaires qui marqueront l’historiographie des deux mouvements5.

Mais il y eut également une historiographie du surréalisme menée par ses propres acteurs. Faut-il voir dans la participation active des surréalistes à l’écriture de leur histoire une réponse à ces entreprises historiographiques qui leur échappent ? Les raisons en sont certainement plus complexes et varient selon les périodes.

Le surréalisme s’est depuis l’origine préoccupé de se désigner des ancêtres. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il multiplie les anthologies (dont l’Anthologie de l’humour noir de Breton en 1940 ou l’Anthologie de l’amour sublime de Péret en 1956) qui sont autant de pièces apportées à la vaste généalogie qu’il se dessine6. Mais il faut aussi noter qu’en 1936, le modèle anthologique est d’abord appliqué au surréalisme lui-même par Georges Hugnet, qui publie cette année-là une Petite anthologie poétique du surréalisme7. Par ailleurs, à différentes reprises, André Breton entreprendra de situer historiquement le mouvement afin de souligner sa spécificité (Conférences d’Haïti en 1946, L’Art magique en 1957, entre autres). Les Entretiens qu’il accorde à André Parinaud en 1952 peuvent être considérés comme une histoire du surréalisme par et à travers son principal animateur8. Enfin, à l’orée des années 1960, un jeune surréaliste, Jean-Louis Bédouin, se chargera pour contrer l’initiative de Maurice Nadeau de fixer une histoire du groupe surréaliste de 1940 à 1959 – livre que l’ensemble de la communauté surréaliste s’accorde à considérer comme un échec9. Il faut enfin signaler la participation de plusieurs membres du surréalisme – avec l’accord de Breton, qui, affaibli, ne suivra l’événement qu’à distance – à la Décade de Cerisy en 1966, entièrement consacrée au mouvement, qui confronta les membres du groupe à différents universitaires10. Autant d’éléments qui confirment que le surréalisme tenta d’avoir une emprise sur sa propre historiographie, et que cette question fondamentale était déjà centrale au cours de son existence – et ce d’une façon de plus en plus prégnante durant l’après-guerre. C’est justement du groupe surréaliste de cette période que sont issus les principaux initiateurs du projet ACTUAL, association qui tentera, une quinzaine d’années après la fin du mouvement, d’apporter une réponse institutionnelle de grande ampleur à cet impératif historiographique. C’est également pendant les années 1980 que seront lancées ou menées à bien, souvent avec la participation de ces mêmes anciens surréalistes, plusieurs publications fondamentales pour la connaissance et l’étude du surréalisme11.

1. À l’origine d’ACTUAL, le testament d’André Breton

Le groupe surréaliste parisien ne survivra que difficilement à la mort d’André Breton, durant trois années traversées de tensions multiples, notamment d’ordre politique, et par l’événement 68. C’est justement sur les jours qui suivirent la mort de Breton le 28 septembre 1966 qu’il faut revenir pour comprendre l’origine de l’association ACTUAL. Breton affirme dans son testament, rédigé deux mois avant son décès :

Je désire que toute la correspondance privée, tant les lettres d’intérêt littéraire que d’intérêt sentimental ou autre (en dehors de celles que j’ai pu adresser à ma femme et ma fille, dont elles disposent librement) soit déposée au fonds Doucet de la Bibliothèque Sainte Geneviève. Elles ne pourront être livrées à la publicité qu’au plus tôt cinquante ans après mon décès. En ce qui concerne la gestion des archives surréalistes en ma possession je demande à mes héritières de consulter M. Jean Schuster12.

Si, au cours des trois années qui suivirent, Schuster put tirer de ce testament – ainsi que du rôle de « second » qu’il joua auprès de Breton à partir des années 1950 – une autorité certaine auprès du reste du groupe surréaliste, on s’intéressera ici aux conséquences de ce testament en ce qui concerne les archives du surréalisme – et les projets que Jean Schuster et certains de ses amis purent concevoir à leur égard13.

La fondation de l’association ACTUAL en mars 1982 provient de la situation dans laquelle se trouvent les archives d’André Breton à cette époque. Si, selon le souhait du poète, la correspondance a bien été donnée en 1978 à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, le reste de ses archives, dont Élisa Breton entreprend avec Marguerite Bonnet un premier classement, demeure toujours dans l’appartement-atelier de la rue Fontaine. Les deux héritières de Breton sont alors régulièrement sollicitées par l’archiviste américain Carlton Lake qui souhaite acquérir – visiblement à n’importe quel prix – les archives de Breton pour le Harry Ransom Resarch Center de l’Université d’Austin, proposition qu’en accord avec Schuster elles repoussent de façon systématique14. Tous trois désirent en effet que les archives restent en France et qu’elles puissent rejoindre in fine la correspondance déjà confiée à la Bibliothèque Doucet.

Les archives d’ACTUAL, quant à elles, sont aujourd’hui conservées à l’Institut Mémoires de l’édition contemporaine sur le site de l’abbaye d’Ardenne, réparties entre différents fonds rassemblant les archives de plusieurs membres du groupe surréaliste de l’après-guerre (fonds Jean Schuster, Gérard Legrand, Philippe Audoin). Tout en constituant une ressource indispensable pour l’étude de cette période encore méconnue du surréalisme parisien, les archives surréalistes de l’IMEC permettent donc également d’envisager cette dernière action collective en faveur du surréalisme – le temps n’étant plus, pour certains, dans les années 1980, à l’activité surréaliste mais à la préservation de sa mémoire – et de comprendre, à travers les correspondances, les comptes rendus d’assemblée générale, et autres projets laissés sans suite, les raisons de son inaccomplissement15.

2. Le Centre de documentation sur le surréalisme, projet majeur d’ACTUAL

Fondée à l’initiative de Michel Leiris, de Dionys Mascolo et de Jean Schuster, l’association ACTUAL (Association pour la technologie l’urbanisme les arts et les lettres16) se donne au départ pour but principal l’ouverture d’un Centre de Documentation sur le surréalisme ayant pour vocation de

réunir le maximum de traces du surréalisme sous forme de livres et de reprographies (mais non d’ouvrages de bibliophilie et de manuscrits), de diapositives (mais non de tableaux ou d’estampes) de films […] ; de documents télévisés […], de documents sonores […], de tracts, documents intérieurs, photos (à l’exclusion des tirages originaux d’artistes qui ont aujourd’hui une place de choix sur le marché de l’art), coupures de presse, etc.17

Ce projet de centre de documentation est en effet prévu pour s’associer « dialectiquement » – selon le mot du président de l’association, Jean Schuster – avec la collection de la Bibliothèque Doucet,

celle-ci montrant discrètement l’aspect ésotérique et précieux du surréalisme, préservant contre la dispersion et les atteintes du temps, le patrimoine, celui-là offrant aux chercheurs et aux passionnés du surréalisme son aspect ouvert, exotérique, qui appartient désormais à l’histoire des idées et de la sensibilité, à l’histoire tout court18.

En effet, au regard du surréalisme, la Bibliothèque Jacques Doucet n’est pas une bibliothèque comme les autres. Au début des années 1980, elle rassemble déjà les archives de Picabia, de Tzara, et de Desnos19. Mais surtout, Breton et Aragon (puis, dans une moindre mesure, Desnos et Leiris) ont eux-mêmes largement participé à l’élaboration de cette bibliothèque puisqu’ils ont travaillé pour Jacques Doucet en tant que bibliothécaires avant le démarrage officiel de l’activité surréaliste20. Yves Peyré, l’un des directeurs de cette bibliothèque, a relevé avec justesse que Breton « a[vait] souhaité faire de la Bibliothèque littéraire un laboratoire destiné à enregistrer les expériences du surréalisme »21. Les membres de l’association ACTUAL ont conscience que le surréalisme n’y serait pas noyé dans la « culture universelle » comme il pourrait l’être dans les vastes collections de la Bibliothèque nationale de France et n’y serait pas assimilé à une avant-garde de plus, comme il risquerait de l’être au milieu des collections du Musée national d’art moderne.

Ce premier projet de Centre de documentation aurait comporté un hall dans lequel un ordinateur aurait permis au visiteur de se repérer dans les collections, ainsi qu’une bibliothèque qui, sans faire doublon avec la collection patrimoniale de la Bibliothèque Doucet, aurait rassemblé de façon systématique tous les auteurs surréalistes et les études parues sur le mouvement. On avait ensuite envisagé une salle des arts plastiques dans laquelle le public aurait eu accès à des reproductions d’œuvres d’art au moyen de diapositives. Le projet visait à intégrer la production plastique surréaliste dans une tradition « non-rétinienne », de Moreau à Duchamp, en faisant également la part belle aux productions d’art brut. Enfin, une salle audio-visuelle aurait consigné les émissions de radio et de télévision en lien avec le surréalisme ainsi qu’une collection de films surréalistes22.

Mais l’ouverture du Centre de documentation se voit de ce fait inextricablement liée à la promesse faite par le Rectorat de Paris, dont dépend la Bibliothèque Doucet, de trouver des locaux plus grands à cette dernière, à l’étroit dans les murs de la Bibliothèque Sainte-Geneviève : si l’on a d’abord évoqué le Collège des Bernardins, on a ensuite envisagé des locaux dans le VIIe arrondissement, laissés vides par le déménagement alors projeté de plusieurs ministères vers la Villette23. Mais les membres de l’association d’ACTUAL apprennent de façon officieuse en 1985 que le rectorat annule et reporte sine die le déménagement de la Bibliothèque Doucet24.

3. L’archive surréaliste, produit d’une expérience collective

Dès sa fondation et alors qu’elle se trouve dans l’attente de locaux pour mener son projet à bien, ACTUAL commence à localiser et inventorier les archives surréalistes. Les membres de l’association poursuivent l’inventaire des archives Breton aussi bien dans l’atelier qu’à la Bibliothèque Doucet, ainsi que celles de Benjamin Péret également conservées rue Fontaine25. Les papiers de l’association mentionnent également des missions effectuées ou projetées à Marseille ou à Austin au Texas. Les membres entament également l’inventaire des archives Éluard conservées à Saint-Denis, en accord avec ses héritiers, ainsi que des négociations avec les héritiers d’Aragon. ACTUAL réalise aussi l’inventaire des documents surréalistes conservés dans les archives des Cahiers du Sud à Marseille, accomplit une mission de repérage à Londres pour les archives de John Banting et Conroy Maddox, à Bruxelles pour celles d’Achille Chavée, etc. Enfin, les membres de l’association préparent pour la Bibliothèque Doucet le don des archives Péret, effectué en 1985, et négocient la vente à cette même bibliothèque des lettres de Georges Sadoul à André Thirion qu’ils ont préalablement inventoriées et décrites26. En parallèle, le fonds André Breton à la Bibliothèque Doucet est enrichi par divers dons et acquisitions27.

Face à l’ampleur de leur tâche, les membres d’ACTUAL vont être amenés à définir leur conception des archives surréalistes, afin de déterminer aussi bien les limites de leurs investigations qu’un cadre de classement. Ils sont rapidement confrontés à une difficulté propre à la nature plurielle du surréalisme : qu’est-ce qui, dans la documentation rassemblée, tient de l’archive, et intéresse donc directement le premier projet ACTUAL, et que faut-il au contraire considérer comme une œuvre d’art, statut impliquant que la pièce en question risque, du fait de sa valeur propre, de dépasser le statut de document historique ? Ils constatent ainsi que

s’agissant du surréalisme, une des difficultés majeures vient de ce que non seulement il a produit très vite des œuvres d’art qui sont entrées dans le circuit commercial mais que ce circuit s’est agrandi au point de faire passer du côté de l’œuvre d’art (ou de l’objet de culte) la moindre coupure de presse ou la plus vague photo d’amateur28.

Cela concerne plus particulièrement les photographies, très souvent publiées de façon anonyme dans les pages d’une revue comme La Révolution Surréaliste, et devenues depuis lors des pièces avidement recherchées par les collectionneurs privés ou les institutions muséales.

S’impose également un phénomène d’inflation du capital symbolique de plusieurs figures marquantes de l’histoire du surréalisme, qui bouleverse là encore le statut et la valeur des documents : ainsi les griffonnages de Desnos pendant les « Sommeils » tendent-ils à être considérés non plus seulement comme les traces d’une expérience partagée par la communauté surréaliste mais comme une œuvre individuelle.

L’une des plus profondes contradictions internes du surréalisme rejaillit donc des années après l’auto-dissolution du mouvement : tout en désirant parvenir à l’élaboration d’une « parole plurielle » pour reprendre une expression de Maurice Blanchot, le surréalisme reste surtout connu pour ses productions matérielles, auxquelles on accorde à présent une haute valeur culturelle et symbolique29. Ainsi, pour ACTUAL,

la recherche constante […] de la mise en commun de la pensée […] est allée de pair avec une prolifération d’écrits individuels signés, deux fois signés : du nom de l’auteur et par la spécificité de son style30.

Autant de constats qui amènent les archivistes d’un genre particulier que sont les membres d’ACTUAL à opérer un certain nombre de restrictions dans leur acception de ce qu’est une archive surréaliste :

Par archives du surréalisme, nous entendons : les documents non publiés : textes refusés, communications intérieures, procès-verbaux et délibérations, jeux, correspondances, réponses à des enquêtes, éléments d’iconographie (par exemple épreuves de photogravures...) / les enregistrements d’émissions radiophoniques surréalistes ou sur le surréalisme / les films ou extraits de films surréalistes ou sur le surréalisme, de cinéma et de télévision / les extraits de presse tirés de publications non surréalistes, œuvres de surréalistes ou appréciations extérieures portées sur le surréalisme (ou sur tel ou tel surréaliste). Sont exclues des archives du surréalisme : les collections particulières (arts sauvages, minéraux, cartes postales, etc…) / les œuvres d’art caractérisées ; pièces uniques ou estampes à tirage limités / la correspondance privée dans la mesure où elle ne concerne en aucune manière le surréalisme31.

Pour inventorier ces archives, l’unité de classement retenue est la revue, moyen d’expression le plus représentatif de la collectivité surréaliste. Cette unité de classement est particulièrement significative de la façon dont les membres d’ACTUAL envisagent d’archiver le surréalisme, en déjouant la focalisation sur les parcours individuels et en privilégiant l’« esprit » du surréalisme – la fameuse « mise en commun de la pensée » – sur les réalisations matérielles auxquelles il a pu aboutir.

Les bornes chronologiques et géographiques données à cet inventaire général, destiné à rejoindre le futur Centre de documentation, montrent également l’acception de l’aventure surréaliste propre aux membres d’ACTUAL : celle-ci est limitée à son foyer parisien, entre 1919 et 1969. Les documents produits à l’étranger pris en considération par le cadre de classement auront donc toujours un lien avec l’activité parisienne. C’est un surréalisme très bretonnien qui est envisagé, ce dont les membres de l’association ne se cachent d’ailleurs pas. Ainsi les archives de la période de l’exil new-yorkais sont-elles logiquement intégrées à l’inventaire. À quelques rares exceptions près, les revues choisies comme autant d’unités de l’inventaire ont été publiées sous le contrôle direct de Breton, qu’il en ait été directeur ou non.

L’inventaire organisé selon ce principe aurait dû comporter dix tomes, chacun correspondant à une revue et étant divisé en trois parties. Si chaque tome est donc constitué selon un principe diachronique (les revues sont envisagées selon un ordre chronologique de parution), sa division en trois parties, est, quant à elle, synchronique. La première partie répertorie les « documents ayant servi à l’impression des textes et illustrations publiés », la deuxième les « documents relatifs à la revue de référence, mais non publiés dans cette revue » et la troisième les « documents surréalistes ou relatifs au surréalisme contemporain mais sans rapport direct avec le texte de référence »32.

Le seul inventaire jamais réalisé à notre connaissance, daté de 1984, détaille, en suivant page à page les douze numéros de La Révolution Surréaliste (1924-1929), les documents d’archives correspondant aux articles, photographies, reproductions publiés [fig. 1-2]33. Seule la première partie de l’inventaire consacré à la première revue officielle du surréalisme, et qui répertorie les documents directement relatifs à la revue, semble avoir été mené à bien. La plupart des archives inventoriées proviennent de la rue Fontaine et de la Bibliothèque Doucet (collection de Jacques Doucet), quelques-unes d’entre elles étant conservées à Houston au Texas dans la collection du couple De Menil34. Chaque document est codé selon un critère matériel (document papier, photo, film etc.) et selon un critère de contenu (correspondance, texte publié, entretien…).

Fig. 1. ACTUAL, Inventaire général des archives surréalistes, tome II, première partie, Paris, ACTUAL, 1984, couverture. [© Bibliothèque Kandinsky, MNAM/CCI, Centre Pompidou ; Inventaire général des archives surréalistes, Actual, 1984, exemplaire de Dominique Bozo].

Fig. 2. ACTUAL, Inventaire général des archives surréalistes, tome II, première partie, Paris, ACTUAL, 1984, tableau n° 3. [© Bibliothèque Kandinsky, MNAM/CCI, Centre Pompidou ; Inventaire général des archives surréalistes, Actual, 1984, exemplaire de Dominique Bozo].

Bien qu’unique, cet exemple d’inventaire permet de comprendre l’ampleur et l’originalité du recensement envisagé par Schuster et ses proches collaborateurs. Au rebours de la façon dont le surréalisme est habituellement archivé, l’individu se dissout ici dans le collectif et les productions matérielles évoquées ne le sont qu’au titre de leur implication dans l’activité et la représentation collective du surréalisme35. Cet inventaire porte donc indéniablement la marque de ceux qui l’ont réalisé : d’anciens membres du surréalisme de l’après-guerre, ayant une conscience, peut-être plus aiguë encore que les acteurs de l’entre-deux guerres, de l’importance du collectif surréaliste. Ils furent en effet témoins du morcellement du champ surréaliste par la critique et les premières études universitaires, qui portèrent sur des parcours individuels ou des périodes limitées de l’existence du mouvement.

C’est ce que réaffirme Jean Schuster lorsqu’il évoque la place que prendrait tel tableau de Max Ernst dans la « visiothèque » envisagée pour le Centre :

L’appartenance d’un tableau surréaliste est double. L’Europe après la pluie36 a une place bien précise dans l’histoire de la peinture et nous n’entendons pas discuter cette place. Aux écrivains d’art de situer ce tableau selon leur spécialité, par rapport à la peinture du milieu du XXe siècle […]. Pour le surréalisme, il s’agit de tout autre chose : L’Europe après la pluie, c’est le résultat d’un procédé, la décalcomanie, mis au point par un seul, Dominguez, mais donné à tous et notamment à Ernst qui en a fait la splendide série de tableaux de la période américaine. […] J’ai voulu montrer, par cet exemple, comment toute classification et présentation dans un centre de documentation sur le surréalisme sera radicalement différente des classifications et présentations des spécialistes de l’art et de la littérature37.

4. La participation d’ACTUAL à l’historiographie du surréalisme

Parallèlement, et toujours dans l’attente de locaux susceptibles d’accueillir le centre de documentation, ACTUAL multiplie les activités afin de faire connaître son action mais aussi sa vision du surréalisme. Le projet le plus important fut indéniablement la publication d’archives collectives inédites au sein d’« Archives du surréalisme », collection envisagée en co-édition par ACTUAL et Gallimard. Elle donne accès à des documents fondamentaux des premiers temps de la collectivité surréaliste : le cahier de permanence du Bureau de recherches surréalistes, des documents de la période de collaboration avec la revue communiste Clarté et d’autres autour de l’adhésion au Parti communiste, ainsi que les fameuses « Recherches sur la sexualité »38. Le volume concernant les « Jeux surréalistes », le seul incluant des documents du surréalisme d’après-guerre, et dont la direction devait à l’origine être confiée à Jean-Louis Bédouin, Jean-Michel Goutier ou Gérard Legrand, ne parut qu’en 1995 sous la direction d’Emmanuel Garrigues, après la dissolution de l’association39. Si elle se limita donc à cinq ouvrages, la collection était prévue pour en compter seize et publier un grand nombre de documents datant de l’après-guerre40. Ce fut hélas cette période du surréalisme qui pâtit de l’arrêt de la collection.

Si ACTUAL organisa plusieurs petites expositions d’artistes liés au surréalisme dans ses locaux parisiens, il faut surtout retenir, en ce qui concerne sa participation à l’historiographie de l’art surréaliste, son implication dans la première grande exposition que le Musée national d’art moderne, alors sous la direction de Dominique Bozo, consacra en 1991 au surréalisme : André Breton, la beauté convulsive41. Trois membres du comité scientifique de cette exposition, qui connut un grand succès public, étaient membres d’ACTUAL : Marguerite Bonnet, Jean-Michel Goutier, secrétaire de l’association, et José Pierre, qui en était alors président. ACTUAL entretint dès sa fondation de bonnes relations avec la direction du Musée national d’art moderne, et il est évident qu’une telle exposition, dont l’idée date du précédent directeur, Pontus Hulten (sur une suggestion d’Élisa Breton), permit de rappeler aux pouvoirs publics l’importance patrimoniale de la collection conservée au 42, rue Fontaine42.

5. Le Palais idéal du surréalisme

Des discussions engagées avec Daniel Filipacchi à partir de 1988 vont relancer le projet, mis en veille depuis la décision du Rectorat de Paris concernant la Bibliothèque Doucet, et le rendre plus ambitieux. Le patron de presse, grand collectionneur d’art surréaliste et en possession d’importantes archives43, se propose de financer l’association et l’achat de locaux susceptibles de pouvoir accueillir sa collection de manuscrits, la collection d’André Breton demeurée rue Fontaine ainsi que d’autres collections privées entrées par dation ou par don :

Le projet initial d’ACTUAL de création, à Paris d’un Centre de Documentation sur le surréalisme, a été modifié dans le sens d’une extension à un espace qui recevrait en dation ou en don les collections privées et notamment la collection André Breton (œuvres d’art, objets sauvages…). Daniel Filipacchi, grand collectionneur de manuscrits surréalistes, a indiqué qu’il était disposé à léguer cette collection à une telle fondation et à participer à l’achat des locaux nécessaires. Une réunion a eu lieu au début de l’année entre Élisa Breton, Aube Elléouët, Filipacchi et Schuster, après la visite d’un local estimé trop exigu. Sans que le projet ait avancé depuis, les participants étaient d’accord sur le principe d’une participation mixte entre le secteur privé et le secteur public, ce dernier étant majoritaire dans les organes décisionnaires et gestionnaires44.

Un plan daté de 1989 de ce « Palais idéal du surréalisme »45 [fig. 3] selon l’expression de José Pierre, montre les modifications apportées au projet initial : le Centre de documentation s’intègre désormais dans un ensemble muséal comprenant des espaces d’expositions dédiés à la présentation de différentes collections surréalistes, dont celle de Breton. Autre fait nouveau, l’association, ambitionnant toujours de « dresser l’inventaire des archives [surréalistes] réparties dans le monde, tant dans les collections privées […] que dans les collections publiques » précise désormais que « sans appartenir à proprement parler aux archives, il va de soi que les œuvres plastiques entrent dans le champ de ces investigations »46 [fig. 4-5]. La possibilité d’une association avec la Bibliothèque Jacques Doucet ayant échoué, le projet majeur d’ACTUAL prend désormais une valeur plus muséale qu’archivistique et s’engage dès lors dans une démarche à plus forte valeur patrimoniale. Mais faute d’intervention des pouvoirs publics, ce nouveau projet, qui bénéficiait pourtant d’un soutien financier inattendu, restera également lettre morte.

Fig. 3. ACTUAL, Le Palais idéal du surréa1isme. Esquisse-programme, 1989. Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, Institut Mémoires de l’édition contemporaine, Fonds Jean Schuster, SCR48 ACTUAL. [Fonds Jean Schuster – Institut Mémoires de l’édition contemporaine].

Fig. 4 et 5. Carton d’invitation à l’exposition-vente Lumière du jour au profit d’Actual, Paris, Galerie Marcel Fleiss, 1988. [Fonds Gérard Legrand – Institut Mémoires de l’édition contemporaine].

6. ACTUAL, une trahison de l’éthique surréaliste ?

Si le « noyau dur » d’ACTUAL était composé d’anciens membres du groupe surréaliste parisien, l’association réunissait en réalité un réseau plus varié, marqué par l’union d’anciens membres du surréalisme (et pas seulement de la deuxième période, puisque Jacques Baron, Michel Leiris, André Masson ou Philippe Soupault furent membres d’ACTUAL) et d’anciens compagnons de route (Dionys Mascolo, René Alleau, Julien Gracq...) à de nombreux universitaires dont les recherches se concentrent sur le surréalisme (Henri Béhar, Marguerite Bonnet, qui participa aux dernières années d’activité du groupe parisien, Jacqueline Chénieux). Dès la naissance d’ACTUAL, plusieurs personnalités politiques, comme Gaston Defferre, Jack Lang ou Roland Dumas lui assurèrent leur soutien – sans forcément en devenir membres47 [fig. 6-7]. Et c’est bien cette alliance entre anciens acteurs historiques (certains étant investis d’un très fort capital symbolique), milieu universitaire (une équipe de recherche au CNRS était dévolue depuis 1975 à l’étude du surréalisme et animée par José Pierre, Marguerite Bonnet et Jacqueline Chénieux) et milieu politique qui permettaient de placer de grands espoirs de réussite dans l’ambitieux projet d’ACTUAL48. On peut d’ailleurs supposer qu’un tel projet ne fut pas sans lien avec l’accession au pouvoir des socialistes en 1981, que les anciens surréalistes purent espérer être favorables à leur projet49.

Fig. 6

Fig. 6 et 7. Jean Schuster, Lettre à Gaston Defferre, Antibes, 29 juillet 1985. Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, Institut Mémoires de l’édition contemporaine, Fonds Philippe Audoin, ADI 15.[Fonds Philippe Audoin – Institut Mémoires de l’édition contemporaine].

Il était prévisible que la volonté des membres d’ACTUAL de faire reconnaître et donc préserver les archives du surréalisme par les plus hautes institutions étatiques françaises suscitent des polémiques, qui n’éclateront cependant que tardivement, peu de temps avant la dissolution de l’association.

En novembre 1992, Maurice Nadeau publie dans La Quinzaine Littéraire la pétition que José Pierre, Jean Schuster et Jean-Claude Silbermann projettent d’envoyer au président de la République pour l’inciter à mener une action permettant de « drainer les œuvres, les documents et les archives [surréalistes] et de réduire leur éparpillement dans les collections publiques ou privées », pétition préalablement transmise à une série de personnalités susceptibles de soutenir cette initiative, dont Maurice Nadeau qui prit le parti, au contraire, de la dénoncer50. La même Quinzaine Littéraire publie dans son numéro suivant une réponse du Groupe de Paris, qui réunit d’anciens membres du groupe de Breton (Vincent Bounoure, Michel Zimbacca) et de nouvelles recrues :

À leur volonté de centralisation, de rétention, de réification, nous répondons : dispersez les documents surréalistes, jetez-les par la fenêtre […] et surtout arrachez-les à la capitalisation et aux espoirs de plus-value que caressent à leur égard ceux qui spéculent sur l’imaginaire51.

Les différentes lettres indignées reçues par la revue de Nadeau montrent que les principaux opposants à ce projet (Alain Joubert, Annie Le Brun, Jorge Camacho, Jean Benoît...) sont ceux qui s’étaient le plus fermement opposés à Jean Schuster et ses soutiens lors de l’auto-dissolution du mouvement. Au printemps 1969, les oppositions latentes au sein du groupe depuis la mort d’André Breton, devenues insurmontables, entraînèrent la suspension de l’activité collective. En octobre, Jean Schuster, soutenu par Philippe Audoin, Claude Courtot, Gérard Legrand, José Pierre et Jean-Claude Silbermann (qui seront tous membres d’ACTUAL) publia dans Le Monde « Le Quatrième Chant », dans lequel il annonça publiquement la fin de l’activité collective et l’abandon du vocable « surréalisme », ce qui achèvera de l’opposer à une partie de ses anciens camarades52. Pour justifier son action, Schuster opérait dans ce texte une distinction entre un « surréalisme historique » dont il était temps de déclarer la fin et un « surréalisme éternel », dont nul, au contraire, ne saurait déterminer une inscription limitée dans la temporalité historique :

Surréalisme est un mot ambigu. Il désigne à la fois une composante ontologique de l’esprit humain, son contre-courant éternel échappant à l’histoire dans sa continuité latente pour s’y inscrire dans sa discontinuité manifeste et le mouvement, historiquement déterminé, qui a reconnu le contre-courant et s’est donné pour mission de l’exalter, de l’enrichir et de l’armer afin de préparer son triomphe53.

Ainsi les dissensions qui mirent fin au surréalisme en tant qu’activité collective rejaillirent-elles plus de vingt ans après, montrant deux appréhensions différentes du phénomène surréaliste. Est-il possible, comme le pense Schuster, d’archiver sans contradiction le surréalisme historique, en considérant que l’esprit du surréalisme – considéré comme éternel – y survivrait sans dommage ? Faut-il intervenir dans les processus historiographiques et patrimoniaux qui ont cours à son égard, pour tenter d’en infléchir les modalités ? Faut-il au contraire considérer avec Annie Le Brun que « toute commémoration cache un cadavre […] alors que tout est à ébranler et que c’est ce qu’il y eut d’inactuel dans le surréalisme qui peut encore seul lui donner une actualité »54 ?

7. L’échec d’ACTUAL face au désintérêt étatique

Une dizaine d’années après la fondation de l’association, les membres d’ACTUAL doivent se rendre à l’évidence : le soutien des pouvoirs publics, déjà faible, ne fait que s’amenuiser. L’association fonctionnait financièrement sur les cotisations de ses adhérents et les subventions accordées par le ministère de la culture, le seul ministère, sous l’autorité de Jack Lang, ayant véritablement financé ACTUAL55. Le CNRS, au sein duquel le surréalisme était pourtant étudié, n’aidera que peu l’association, à l’instar de la Mairie de Paris56. Quelques subventions privées, notamment celles obtenues auprès de la compagnie d’assurance UAP par l’intermédiaire de Gaston Defferre, venaient compléter ces apports financiers57.

Mais c’est surtout l’absence de locaux et d’un financement important accordé par les instances étatiques pour l’ouverture d’un espace dédié à la mémoire du surréalisme qui condamnera ACTUAL à la dissolution en décembre 1993, son projet principal ne parvenant pas à mobiliser l’intérêt des pouvoirs publics58. Ce désintérêt de l’État français n’est pas sans lien avec la regrettable dispersion de la collection de Breton en 2003, seulement conjurée par l’acquisition par Doucet d’un important ensemble d’archives, et l’entrée par dation au Musée national d’art moderne du fameux « mur » de l’atelier du poète, aujourd’hui présenté accompagné du bureau sur lequel celui-ci travaillait, don d’Aube Breton-Elléouët à la Bibliothèque Doucet59.

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Les archives de l’association ACTUAL sont donc les traces d’une vision historiographique du surréalisme qui a certainement peu prévalu dans l’ensemble des études qui lui ont été consacrées, tant selon une approche littéraire qu’artistique, ainsi que dans la façon dont le surréalisme est aujourd’hui archivé. Vision centralisatrice et unifiante, elle privilégiait la synthèse sur l’éparpillement et envisageait l’objet « surréalisme » bien plus comme un esprit qui se voulut à toute force collectif que comme un ensemble de réalisations matérielles éparses dont la dispersion rend parfois difficile l’appréhension globale. Aujourd’hui, seul le site de l’Atelier André Breton, lancé dans la foulée de la vente de 2003, expose virtuellement au regard la richesse de la collection du poète, la mise à disposition de documents allant croissant60. Il s’agit pourtant, là encore, des archives d’un seul homme et non du mouvement dont il fut le pivot central et le principal pôle magnétique. Bien que très bretonnien dans son approche, le « Palais idéal du surréalisme » envisagé par les derniers compagnons du poète se montrait donc plus ambitieux encore, gardant peut-être en lui une part de l’énergie utopique qui anima le surréalisme. Par ailleurs, la complexité du principe d’« archives surréalistes » (due à la pression spéculative autour des « produits » surréalistes, de quelque nature qu’ils soient) que déplorent les membres d’ACTUAL n’est pas sans trouver un écho dans l’attitude ambiguë des surréalistes eux-mêmes à cet égard. Il semble en effet, que d’André Breton constituant dès les années 1920 auprès de Jacques Doucet « une certaine réception mondaine du surréalisme »61, à Jean Schuster, envisageant une protection patrimoniale de l’héritage surréaliste dans les années 1980, les surréalistes aient eux-mêmes participé à la valorisation et la reconnaissance institutionnelle des productions de leur mouvement.

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1 ACTUAL, « Introduction à l’inventaire général des archives du surréalisme », dans Inventaire général des archives surréalistes, tome II, première partie, Paris, Actual, 1984, p. 1.

2 Cf. Fantastic Art, Dada, Surrealism, Fantastic Art, Dada, Surrealism, catalogue de l’exposition du 7 décembre au 17 janvier, Museum of Modern Art, New York, 1936. Étaient ainsi rassemblées, en prélude aux salles consacrées à Dada et au surréalisme, des œuvres de Giuseppe Arcimboldo, Albrecht Dürer, Jérôme Bosch, William Hogarth, Heinrich Füssli, Odilon Redon, etc. André Breton et Paul Éluard critiqueront l’inclusion du surréalisme dans une telle lecture de l’Histoire de l’art, et regretteront de n’avoir pas été consultés pour l’organisation de l’exposition. Cf. Sandra ZALMAN, Consuming surrealism in American Culture. Dissident Modernism, Farnham, Ashgate, 2015, p. 11-26 et Lewis KACHUR, Displaying the Marvelous. Marcel Duchamp, Salvador Dalí and surrealist exhibition installations, Cambridge [MA]-Londres, MIT Press, 2003, p. 10-19.

3 « Il y eut […] un mouvement surréaliste, dont la naissance coïncide, en gros, avec la fin de la première guerre mondiale, la mort avec le déclenchement de la deuxième » (Maurice NADEAU, Histoire du surréalisme, Paris, Éditions du Seuil, 1945, p. 11).

4 La thèse pionnière de Michel Sanouillet sur Dada à Paris est soutenue en Sorbonne en 1965 et paraît la même année aux éditions Jean-Jacques Pauvert.

5 La Revue de l’association pour l’étude du Mouvement Dada (un numéro en octobre 1965) devient ensuite Cahiers Dada Surréalisme (quatre numéros entre 1966 et 1970). Bien que principalement consacrée à Dada, elle recense les travaux de Henri Béhar ou de J. H. Matthews dédiés au surréalisme et publie des études de Roger Shattuck sur Nadja ou de José Vovelle sur René Magritte. Aux États-Unis, l’intérêt des universitaires pour le surréalisme se manifeste dès l’après-guerre, avec les travaux d’Anna Balakian, dont la thèse Literary origins of Surrealism : a new mysticism in French poetry paraît en 1947 (New York, King’s Cross Press).

6 André BRETON, Anthologie de l’humour noir (Paris, Éditions du Sagittaire, 1940), repris dans Œuvres complètes, t. II, Paris, Gallimard, 1992, et Benjamin PÉRET, Anthologie de l’amour sublime (Paris, Albin Michel, 1956).

7 Georges HUGNET, Petite anthologie poétique du surréalisme, Paris, Jeanne Bucher, 1934.

8 Ces entretiens radiophoniques sont dans le même temps publiés chez Gallimard. Ils sont repris dans les Œuvres complètes, t. III, Paris, Gallimard, 1999.

9 Jean-Louis BÉDOUIN, Vingt ans de surréalisme, 1939-1959, Paris, Denoël, 1961. Cf. « Expresses réserves », déclaration collective publiée par les surréalistes à l’occasion de la parution de l’ouvrage dans Bief, jonction surréaliste, no 12, 15 avril 1960, p. 2. Repris dans José PIERRE, Tracts surréalistes et déclarations collectives, Paris, Le Terrain Vague, t. 2, 1982, p. 197.

10 Organisée par le philosophe Ferdinand Alquié, la décade accueille les communications des surréalistes Gérard Legrand, Annie Le Brun, José Pierre, Jean Schuster, Philippe Audoin ainsi que les interventions de Jean Brun, Jean Wahl, Alfred Sauvy, Gaston Ferdière… Cf. les actes de la décade : Ferdinand ALQUIÉ (dir.), Entretiens sur le surréalisme, Paris-La Haye, Mouton, 1968.

11 José Pierre participe, avec Marguerite Bonnet, Philippe Bernier, Marie-Claire Dumas et Étienne-Alain Hubert, à l’édition des Œuvres Complètes d’André Breton dans La Pléiade à partir de 1988. L’édition des Œuvres complètes de Benjamin Péret est menée à bien depuis 1969 par l’Association des amis de Benjamin Péret, dont sont membres de nombreux anciens surréalistes. Sont également parus peu de temps avant la naissance d’ACTUAL les deux tomes des Tracts surréalistes et déclarations collectives), rassemblés et commentés par le même José Pierre dans le cadre de l’équipe de recherche du CNRS Champs des activités surréalistes. Cf. infra, n. 60.

12 Testament d’André Breton, Paris, 12 juillet 1966, photocopie du document conservée dans le Fonds Jean Schuster, Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine, SCR11. La totalité des documents d’archives cités dans cet article sont conservés à l’IMEC.

13 Sur les dernières années du groupe surréaliste et le rôle joué par Jean Schuster, voir aussi bien Jérôme DUWA, Les Batailles de Jean Schuster : défense et illustration du surréalisme, Paris, L’Harmattan, 2015 qu’Alain JOUBERT, Le Mouvement des surréalistes ou le fin mot de l’histoire : mort d’un groupe, naissance d’un mythe, Paris, Maurice Nadeau, 2001, témoignage d’un ancien membre du groupe.

14 Cf. ACTUAL, Rapport de l’association remis au Ministère de la culture en décembre 1984, Fonds Gérard Legrand, LGR16 ACTUAL.

15 En plus des trois fonds cités, l’IMEC conserve également les archives de Sarane Alexandrian, Jean-Louis Bédouin, Claude Courtot, Guy Flandre, Maurice Henry, Gérard Legrand et José Pierre.

16 Assez surprenante, cette appellation dont l’ampleur thématique semble bien éloignée du seul surréalisme se justifie peut-être par la volonté des membres de l’association de séduire les pouvoirs publics.

17 ACTUAL, Compte rendu de l’assemblée générale d’ACTUAL du 21 juin 1984, Paris, Fonds Philippe Audoin, ADI 15.

18 Ibid.

19 Entré en 1933 par don de l’artiste, le fonds Picabia fut complété dans les années 1970. Les premières pièces d’archives de Tristan Tzara sont acquises sous les conseils de Breton et Aragon à Jacques Doucet en 1922, puis par dons en 1967 et 1972. Cf. Henri BÉHAR, « Les hauts fonds du monde intérieur : la collection Tristan Tzara », dans La Bibliothèque littéraire Jacques Doucet : archives de la modernité, dir. M. Collot, Y. Peyré et M. Vassevière, Paris, Presses Sorbonne nouvelle/Les Éditions des Cendres, 2007, p. 113. Quant à Desnos, Jacques Doucet achète en 1922, sous les conseils de Breton, le manuscrit de Nouvelles Hébrides. D’autres suivront jusqu’à la mort du couturier en 1929. À la suite du legs de Youki, compagne de Desnos, morte en 1966, le fonds du poète entre en 1967 à la Bibliothèque Doucet. Cf. Marie-Claire DUMAS, « Présence de Robert Desnos à la Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet », ibid., p. 139-140.

20 Breton et Aragon sont les conseilleurs littéraires de Jacques Doucet entre 1921-1922 et 1924. La rupture complète avec le couturier n’intervient qu’en 1927 lors de l’adhésion des deux jeunes hommes au Parti communiste. Robert Desnos, qui a rédigé en 1923 De l’érotisme à la demande du collectionneur, leur succède, et entreprend une histoire de Dada et du surréalisme (« Dada-Surréalisme-1927 »). Michel Leiris rédige pour Doucet en 1926 des études sur le merveilleux et sur le cinéma comique américain. Cf. François CHAPON, C’était Jacques Doucet, Paris, Fayard, 2006.

21 Yves PEYRÉ, « Portrait de Jacques Doucet et histoire de la bibliothèque littéraire qui porte son nom », dans La Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, op. cit. [n. 19], p. 31.

22 Cf. ACTUAL, Compte rendu de l’assemblée générale du 12 juin 1985, Paris, Fonds Philippe Audoin, ADI 15.

23 Ibid.

24 ACTUAL, Note sur ACTUAL à l’attention de Madame Gendreau-Massaloux, document non daté [1989 ?], Fonds Jean Schuster, SCR 48 ACTUAL. On peut supposer que cette note a été rédigée à l’intention de Michèle Gendreau-Massaloux lorsque celle-ci, après avoir été secrétaire générale adjointe du Président de la République, était recteur de l’Académie de Paris.

25 Les éditions originales, tableaux et dessins en la possession de Benjamin Péret à sa mort avaient été dispersés lors d’une vente en juin 1968. Cf. Éditions originales et livres illustrés avec envois autographes, tableaux et dessins ayant appartenu à Benjamin Péret, catalogue de la vente à l’Hôtel Drouot, Paris, Hôtel Drouot, 1968.

26 Cf. ACTUAL, Note sur ACTUAL à l’attention de Madame Gendreau-Massaloux, op. cit. [n. 24].

27 À la suite de la mort d’André Breton, François Chapon puis Yves Peyré vont compléter ce fonds par de nombreux achats et dons de manuscrits (au moins 76 manuscrits), dont le Manifeste pour un art révolutionnaire indépendant co-écrit avec Trotsky, Crise de l’objet et Constellations, ainsi que plusieurs ensembles de correspondances (lettres d’André Breton à Jacqueline Lamba, lettres à sa fille Aube, à Pierre Molinier).

28 ACTUAL, « Introduction à l’inventaire général des archives du surréalisme », op. cit. [n. 1], p. 1.

29 Maurice BLANCHOT, L’Entretien infini, Paris, Gallimard, 1995, p. 619.

30 ACTUAL, « Introduction à l’inventaire général des archives du surréalisme », op. cit. [n. 1], p. 1.

31 Ibid, p. 2.

32 Ibid., p. 4.

33 L’absence de toute mention d’un autre tome dans les archives ACTUAL semble confirmer cette hypothèse.

34 La collection de Jacques Doucet réunit les archives liées aux six premiers numéros de La Révolution Surréaliste. Bibliothèque Littéraire Jacques Doucet, Paris, 7208 (1-141). La collection personnelle du couple de Menil était appelée à un avenir institutionnel prestigieux avec l’ouverture de la Menil Collection trois ans plus tard, en 1987. Voir la monographie récemment publiée sur le couple de collectionneurs, William MIDDLETON, Double vision : the unerring eye of art world avatars Dominique and John de Menil : Paris, New York, Houston, New York, Alfred A. Knopf, 2018.

35 « Les archives sont l’ensemble des documents reçus ou constitués par une personne physique ou morale, ou par un organisme public ou privé, résultant de leur activité, organisé en conséquence de celle-ci et conservé en vue d’une utilisation éventuelle. […] Aussi comprendra-t-on que le fonds soit considéré comme un élément invariable, dont tout classement et même tout triage doit respecter l’individualité et la composition. » (Jean FAVIER, Les Archives, Paris, Presses universitaires de France, 2001, p. 3-4).

36 Max ERNST, L’Europe après la pluie, 1942, huile sur toile, Wardsworth Atheneum, Hartford, Connecticut.

37 Compte rendu de l’assemblée générale d’ACTUAL du 21 juin 1984, op. cit. [n. 17].

38 Paule THÉVENIN (éd.), Bureau de recherches surréalistes ; cahier de la permanence, octobre 1924-avril 1925, Paris, Gallimard, 1988. Marguerite BONNET (éd.), Vers l’action politique : de « La Révolution d’abord et toujours ! », juillet 1925 au projet de la « Guerre civile », avril 1926, Paris, Gallimard, 1988 ; José PIERRE (éd.), Recherches sur la sexualité : janvier 1928-août 1932, Paris, Gallimard, 1990 ; Marguerite BONNET (éd.), Adhérer au Parti communiste ? : septembre-décembre 1926, Paris, Gallimard, 1992.

39 Emmanuel GARRIGUES (éd.), Les Jeux surréalistes, mars 1921-septembre 1962, Paris, Gallimard, 1995.

40 Lettre de Jean Schuster à Robert Gallimard, 7 novembre 1989. Étaient prévus les volumes suivants, dont on envisageait de confier la direction à d’anciens membres du groupe surréaliste pendant cette période, mais aussi à Gérard DUROZOI et Henri BÉHAR : Face aux fossoyeurs, 1947-1954 ; De l’insurrection algérienne à la Déclaration des 121. 1954-1960, D’Éros à l’Écart absolu : 1960-1966 et Après Breton. Pari perdu. 1966-1969.

41 André Breton, la beauté convulsive, exposition du 25 avril au 26 août Musée National d’Art Moderne, Paris, Centre Georges Pompidou, 1991.

42 En particulier lorsque celle-ci est assurée par Dominique Bozo, jusqu’en 1986, puis entre 1991 et 1992. Ce dernier avait même proposé dès juin 1984 de subventionner l’association et de lui allouer un espace dans le Centre Pompidou, sans toutefois que cela se concrétise. Cf. ACTUAL, Compte rendu de l’assemblée générale du 12 juin 1985, op. cit.

43 Pour mesurer l’ampleur de la collection de peintures, objets, dessins, collages et photographies surréalistes de Daniel Filipacchi, on peut se reporter au catalogue de l’exposition Surrealism : two private eyes. The Nesuhi Ertegun and Daniel Filipacchi collections, New York, Guggenheim Museum, 1999, au cours de laquelle sa collection fut exposée en compagnie de celle de son ami Nesuhi Ertegun qu’il venait d’acquérir. En ce qui concerne les archives et manuscrits en sa possession, voir la trentaine de manuscrits illustrés de René Char mis en vente en 1995 (D’une bibliothèque l’autre, importants livres illustrés modernes... exceptionnels manuscrits de René Char enluminés par des peintres du XXe siècle, appartenant à Monsieur Daniel Filipacchi, catalogue de la vente à l’Hôtel Drouot, Paris, Loudmer commissaires priseurs, 1995), ainsi que les catalogues des ventes de la bibliothèque de Daniel Filipacchi, qui, en plus de centaines d’éditions originales, réunissaient des manuscrits de Breton, Crevel, Dalí, etc. Cf. Le Surréalisme et ses alentours : livres, manuscrits, photographies et œuvres sur papier, collection Daniel Filipacchi, livres, manuscrits, photographies et œuvres sur papier, collection Daniel Filipacchi, Paris, Christie’s France, 2004-2005 (3 volumes).

44 ACTUAL, Relance du projet de Centre de documentation, note d’ACTUAL à l’attention de la Direction du Livre et de la Lecture, document non daté [1988 ?], Fonds Jean Schuster, SCR 45 ACTUAL.

45 Cet intitulé plus poétique place le projet dans le sillage du Palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives dans la Drôme.

46 Carton d’invitation à l’exposition-vente au profit d’Actual Lumière du jour, 21-31 octobre 1988, Galerie 1900-2000.

47 Dès 1983, Jack Lang, ministre de la Culture, se montre – sans en devenir membre – favorable à l’action d’ACTUAL et à l’acquisition par l’État d’archives surréalistes. Cf. ACTUAL, Compte rendu du conseil d’administration du 9 mai 1985, Fonds Gérard Legrand, LGR16. Roland Dumas est membre d’ACTUAL qu’il soutient activement à ses débuts avant de devenir ministre des relations extérieures en 1984. Cf. lettre de Jean Schuster à Gaston Defferre, Antibes, 29 juillet 1985, Fonds Philippe Audoin, ADI 15. Gaston Defferre, maire de Marseille et ministre du Plan à partir de 1984, est également l’un des premiers membres de l’association (cf. lettre de Gaston Defferre à Jean Schuster, Paris, 15 juillet 1985, Fonds Philippe Audoin ADI 15).

48 En 1974, se met en place au CNRS et à l’Université de Tours un programme de recherche autour des revues et des tracts surréalistes. On y retrouve, sous la direction de Marguerite Bonnet, Jacqueline Chénieux, Marie-Claire Dumas, Étienne-Alain Hubert, José Vovelle et l’ancien surréaliste José Pierre (cf. le bulletin Revues et tracts surréalistes, Paris, CNRS, Tours, Université François-Rabelais, 13 numéros entre 1975 et 1980). En 1981, le programme de recherche prend le nom de Champs des activités surréalistes (cf. les cahiers Champs des activités surréalistes, Paris, CNRS – Université Paris VII, 6 numéros entre 1981 et 1984). Il édite aussi une lettre d’information annuelle, Signes, dont les trois premiers numéros, entre 1983 et 1984, sont publiés en collaboration avec ACTUAL.

49 Gérard Legrand, membre fondateur d’ACTUAL, a également participé à la création aux côtés de Benoîte Groult ou de Bernard Pingaud de la Section des écrivains du Parti socialiste français. Cf. Yves TENRET, « L’imaginaire socialiste », Le Monde diplomatique 371, février 1985, p. 32. C’est par son intermédiaire qu’ACTUAL entretient des rapports étroits avec Gaston Defferre. Cf. lettre de Jean Schuster à Philippe Audoin, 1er août 1985, Fonds Philippe Audoin, ADI 15.

50 Cf. la pétition reprise dans Maurice NADEAU, « Surréalisme pas mort », La Quinzaine Littéraire 611, 1er-15 novembre 1992, p. 31. La pétition avait été préalablement envoyée, entre autres, à Maurice Blanchot, Élisa et Aube Breton, Gilles Deleuze, Claude Lévi-Strauss, Dionys Mascolo, Bertrand Tavernier, etc.

51 « Affaire déclassée », La Quinzaine littéraire, no 613, 1-15 décembre 1992, p. 23. Dès novembre 1970, paraît un premier numéro du Bulletin de Liaison Surréaliste, dirigé par Jean-Louis Bédouin, qui prolonge une activité surréaliste collective avec une partie du groupe dissout l’année précédente. Le groupe surréaliste de Tchécoslovaquie participe activement à cette publication parisienne qui connaît dix livraisons entre 1970 et 1976. Après une série de reconstitutions, le groupe prend dans les années 1990 le nom de « Groupe de Paris du mouvement surréaliste » et publie entre 1996 et 2005 la revue S.U.R.R. Toujours actif aujourd’hui, le Groupe de Paris a publié en janvier 2019 le premier numéro d’une nouvelle revue, Alcheringa. Cf. Guy GIRARD (éd.), Tracts, affiches et déclarations du groupe de Paris du mouvement surréaliste 1970-2010, Paris, Le Temps des Cerises, 2011.

52 En ce qui concerne la fin du surréalisme parisien, cf. Anne FOUCAULT, Reconsidération du surréalisme 1945-1969 : du Déshonneur des poètes au « surréalisme éternel », thèse de doctorat en histoire de l’art, sous la direction de Fabrice Flahutez, Université Paris Nanterre, 2019, p. 561-576.

53 Jean SCHUSTER, « Le Quatrième Chant », Le Monde, no 7690, daté le 4 octobre 1969, repris dans J. PIERRE, Tracts surréalistes…, op. cit. [n. 9], p. 294.

54 Annie LE BRUN, Qui Vive. Considérations actuelles sur l’inactualité du surréalisme, Paris, Ramsay/Jean-Jacques Pauvert, 1991, p. 9.

55 Jean Schuster fait part de ce soutien dans une lettre à Gaston Defferre : « Il m’importe avant tout de vous assurer que nous recevons un appui appréciable du Ministère de la Culture ; nous n’avons qu’à nous louer de la compréhension que nous y rencontrons à tous les niveaux. Nos adhérents mesurent l’intérêt que Jack Lang porte personnellement à notre projet. » Lettre de Jean Schuster à Gaston Defferre, Antibes, 29 juillet 1985, Fonds Philippe Audoin, ADI 15. Fin 1983, Jean Gattégno, directeur du Livre et de la lecture à la Culture reçoit Michel Leiris, Dionys Mascolo et Jean Schuster et accorde à l’association « une subvention annuelle qui permettra jusqu’en 1991 à Actual de développer ses activités culturelles. » Mais de 1984 à 1991, la subvention passe de 300 000 à 160 000 francs. Cf. ACTUAL, Note sur ACTUAL, document non daté [1991 ?], Fonds Jean Schuster, SCR 48 ACTUAL.

56 Ce n’est qu’à partir de 1988 que le CNRS met à disposition de l’association un crédit de 50 000 francs, mais « assorti de telles conditions d’utilisation qu’il est presque inutilisable […]. En 1990, la ville de Paris accorde le même montant aux mêmes conditions ». Cf. ibid.

57 À partir de 1986 Gaston Defferre obtient pour ACTUAL une aide de l’UAP (Union des Assurances de Paris, alors dirigée par Yvette Chassagne, première femme préfète de France et membre du Parti socialiste) « à raison de 50 000 fr pour 1985 et de 100 000 pour 1986 », mais les subventions cessent après le départ de cette dernière en 1988. Toujours grâce à l’intervention de Gaston Defferre, ACTUAL bénéficia en 1986 d’un don de 30 000 francs d’Anne Schlumberger, mécène et collectionneuse s’intéressant particulièrement à l’œuvre de Max Ernst et de Victor Brauner. Cf. ibid.

58 Marcel Fleiss, collectionneur et galeriste proche d’Aube Breton, se souvient de la visite peu concluante de François Mitterrand en 1989 dans l’atelier du poète. Cf. Marcel FLEISS, « Vente André Breton : dix ans déjà », dans La Règle du jeu du 9 avril 2013 [disponible en ligne].

59 Grâce à un budget exceptionnel débloqué par le ministère de la culture, la Bibliothèque Doucet préempte 148 lots de manuscrits, livres, objets et œuvres d’art, photographies. Plusieurs de ses ensembles d’archives furent finalement donnés à l’institution par Aube Elléouët-Breton, comme le manuscrit d’Arcane 17 ou le dossier des sommeils hypnotiques. Aube Breton a également fait don à la BLJD à l’occasion de la vente d’un important ensemble de correspondance, d’archives personnelles et concernant le mouvement surréaliste. Par ailleurs, plusieurs œuvres de la collection d’André Breton avaient été acquises depuis 1966 par des musées nationaux, dont la Boule suspendue d’Alberto Giacometti (1930-1931, achat par le MNAM en 1996), le Guillaume Tell de Salvador Dalí (1930, achat par le MNAM en 2002), ou L’Objet du couchant de Joan Miró (1935, achat par le MNAM en 1975). Avaient également été acquises pour le Pavillon des Sessions au Louvre une effigie malanggan de Nouvelle-Irlande, deux masques yup’ik ainsi qu’un masque de Teotihuacán. Ces pièces sont aujourd’hui conservées au quai Branly. Cf. Germain VIATTE, Tu fais peur tu émerveilles, Musée du Quai-Branly, acquisitions 1998/2005, Paris, Musée du Quai-Branly/Réunion des musées nationaux, 2006, p. 43-45.

60 Ouvert en 2005 et géré par Constance Krebs, le site andrebreton.fr est une émanation de l’Association Atelier André Breton, dont le conseil scientifique est composé de Henri Béhar, Jacqueline Chénieux-Gendron, Isabelle Diu, Anne Egger, David et Marcel Fleiss, Jean-Michel Goutier, Marie Mauzé, Anthony JP Meyer, Gilles Mioni, Camille Morando et Didier Schulmann.

61 Emmanuel RUBIO, « André Breton, de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet à la Maison de verre », dans La Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, op. cit. [n. 19], p. 125.