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La Bibliothèque Załuski – témoin d’échanges, victime de dévastations (XVIIIe-XXe siècles)

Maciej FORYCKI

Université Adam Mickiewicz de Poznań Pologne

Aleksander MALECKI

forycki@amu.edu.pl

Aleksander MALECKI

Université Adam Mickiewicz de Poznań Pologne

forycki@amu.edu.pl

« Dites-nous quelles sont vos bibliothèques, nous vous dirons si vous êtes civilisés » – en travestissant ainsi la formule célèbre, on peut interroger l’appréciation émise par les Encyclopédistes sur le niveau intellectuel, et plus généralement culturel, des peuples slaves. Les auteurs du Dictionnaire raisonné1 ne se sont pas prononcés sur les régions slaves dominées par les Turcs et les États germaniques. Ils ont commenté, en revanche, la situation de la République nobiliaire et de l’Empire des tsars. Toutefois, la Pologne et la Russie ne figurent presque jamais ensemble dans les pages de l’Encyclopédie, exception faite des articles liés aux problématiques géographiques et historiques. C’est pourquoi notre étude sur la grande collection de livres que rassemblèrent les frères Załuski, au XVIIIe siècle, prend pour point de départ un des rares exemples où les deux pays se côtoient : l’article anonyme « Bibliothèque »2.

Cette entrée contient une brève comparaison de l’état des cultures polonaise et russe. Selon l’auteur, il ne manquait pas de bibliothèques dans la République, celles de Vilnius et de Cracovie se distinguant par leur richesse, et le soutien que les rois de Pologne leur apportaient depuis des siècles. Le commentaire sur l’Empire des tsars s’ouvre, quant à lui, sur le constat sévère qu’avant le règne de Pierre Ier, la Russie ne possédait aucun ouvrage scientifique, ni de tradition littéraire, hormis les textes religieux en ancien slave3. Le ton de l’article est donc sans équivoque : aux yeux de l’encyclopédiste, c’était le fondateur de Saint-Pétersbourg qui avait fait pénétrer la civilisation en Russie.

Malgré l’opinion positive émise sur les bibliothèques polonaises, les rédacteurs du Dictionnaire raisonné n’étaient pas très enclins à faire l’éloge de la culture sarmate. Au sujet de Cracovie, outre la remarque concernant sa fameuse bibliothèque, on mentionnait que Nicolas Copernic y commença son éducation et sa carrière scientifique, et que Jan Crell (1590-1633), le théologien de l’arianisme, y mourut, alors qu’il décéda en réalité à Raków4. Il faut tout de même souligner que l’article « Rava »5 évoque le rôle primordial des frères Józef Andrzej et Andrzej Stanisław Załuski joué dans la fondation de la célèbre bibliothèque de Varsovie.

À la fin du XVIIIe siècle, la situation avait beaucoup changé. L’État polono-lituanien avait disparu de la carte de l’Europe, et ses bibliothèques étaient pillées par les armées des puissances qui s’étaient partagées le pays. La plus importante d’entre elles, la collection des frères Załuski, avait été saisie par les Russes, à Varsovie, après l’échec de l’insurrection de Kościuszko (1794). Elle avait été expédiée à Saint-Pétersbourg et servit, avec deux autres collections (les fonds de livres de Denis Diderot et de Voltaire), à créer la Bibliothèque publique impériale en 1795.

1. Ériger un phare aux confins de l’Europe des Lumières

La fondation, l’essor et le déclin de la Bibliothèque Załuski s’inscrivent dans le processus dramatique de la « renaissance dans le déclin » qui caractérise les dernières années de l’État polono-lituanien, avant sa chute définitive en 1795.

Les fondateurs de la bibliothèque étaient les frères Załuski : Andrzej Stanisław (1695-1758), évêque de Cracovie, ancien grand chancelier de la Couronne, grand mécène, et Józef Andrzej (1702-1774), évêque du diocèse catholique de Kiev, bibliophile et bibliographe célèbre6. Les deux frères Załuski poursuivirent et développèrent les activités de leurs oncles-évêques bibliophiles : Andrzej Chryzostom (1650-1711) et Ludwik Bartłomiej (1661-1721). C’est grâce à leur soutien qu’ils acquirent une formation approfondie et une connaissance de la culture occidentale. Ils firent ensemble le Grand Tour à travers l’Empire, les Pays-Bas, la France et l’Italie, pour étudier, ensuite, dans les universités les plus renommées : La Sapienza pour le plus âgé, qui y obtint son diplôme en droit ; le collège jésuite de Rome, puis la Sorbonne pour le second, où il devint docteur en théologie, et enfin l’université Jagellonne de Cracovie, cette fois-ci pour le doctorat en droit. Grands érudits européens de l’époque, les frères Załuski gardèrent tout au long de leurs vies, passées du côté de Varsovie, Vilnius ou Kiev, d’excellentes relations avec l’Occident. Pour en donner une illustration, rappelons que Buffon installa sa bibliothèque au Petit Fontenet, ancienne résidence des abbés de Fontenay à Montbard, précisément grâce à Józef Andrzej, qui avalisa la vente du domaine au célèbre naturaliste.

Les livres, notamment ceux venus de l’Occident, occupaient une place essentielle aussi bien dans l’éducation des jeunes gens que dans les activités des élites polono-lituaniennes. Les frères Załuski en offrent un exemple parfait, loin d’être rare dans un pays où la noblesse, dans sa majorité instruite, a pu constituer jusqu’à 10 % de la population. Aux familles du premier rang, la tradition imposait de fonder des collections de livres, qui passaient de génération en génération. Ainsi, les quelque 6 000 volumes en possession des deux oncles-évêques précédemment cités furent transmis à l’aîné de leurs neveux, Andrzej Stanisław. Le cadet, Józef Andrzej, se montra quant à lui, dès son jeune âge, un bibliophile passionné. Dans sa période initiale, sa collection s’élevait à 13 000 volumes. En 1738, les frères Załuski déposèrent leurs fonds privés à Marieville (en polonais Marywil), domaine célèbre à Varsovie, que le cadet venait d’acheter et qui, d’ailleurs, était lié à la France, non seulement par son style parisien, mais surtout par la personnalité de sa fondatrice, la reine Marie Casimire de La Grange d’Arquien (1641-1716).

La Bibliothèque Załuski fut créée en 1747, donc, au tout début des Lumières polonaises. Elle allait devenir leur phare principal au cours du dernier demi-siècle de l’existence de l’État polono-lituanien. Sa création avait été rendue possible par la fusion de plusieurs ensembles de livres de famille. Par la suite, elle s’enrichit systématiquement par des achats et des dons. Enfin, elle devint l’une des premières collections de livres en Europe à se voir accorder le statut de bibliothèque nationale impliquant, entre autres, l’obligation du dépôt légal : un exemplaire devait obligatoirement y être déposé pour tout livre imprimé dans la République des Deux Nations.

2. Splendeurs et ravages. Les traditions des bibliothèques royales polono-lituaniennes

Ériger une bibliothèque publique dans l’espace polono-lituanien revenait à bâtir un phare sur un sol qui méconnaissait encore ce genre d’établissement, mais qui, en revanche, avait une bonne expérience de la culture occidentale du livre. En effet, cherchant à ouvrir leurs collections au grand public et préparant la donation ultérieure de l’établissement à la République, les frères Załuski comblaient le fossé creusé par le manque de soutien royal à la culture nationale dans ce domaine précis. Les fonds de livres appartenant aux monarques polonais étaient inaccessibles au grand public.

Au cours des siècles, les bibliothèques des rois de Pologne avaient gardé le caractère d’un fonds privé. Leur influence se limitait à un cercle très restreint de lecteurs et d’utilisateurs. L’histoire mouvementée de la République des Deux Nations, liée aux fréquents changements dynastiques, aux déplacements de la cour ou encore aux guerres, avec les pillages commis par les troupes étrangères qui les accompagnaient, fit que le sort de la collection royale fut très différent de celui des bibliothèques royales de l’Europe occidentale, qui se transformèrent, au fil des années, en grands établissements d’État7.

Il convient ici de rappeler que, parmi les plus riches collections royales polonaises, se distinguait, avec ses 4 000 volumes environ, la bibliothèque de Sigismond II Auguste (1548-1572), établie au château de Vilnius, et plus tard à celui de Tykocin8. Après la mort sans héritier de ce dernier représentant des Jagellon, plusieurs livres de la bibliothèque royale furent donnés à sa sœur, la reine de Suède Catherine Jagellon (1568-1583). Ces livres furent ensuite transmis à son fils, Sigismond Vasa, qui devint roi de Pologne en 1587. Sigismond III a probablement amené certains volumes avec lui, mais la plupart restèrent sans doute en Suède, où il avait l’intention de retourner pour se faire couronner après la mort de son père.

La collection de livres, apportée de Suède et augmentée, fut ensuite transmise à Ladislas IV Vasa (1632-1648), fils aîné et successeur direct de Sigismond III9. Ce dernier avait d’excellents échanges intellectuels avec l’Occident, étant entré en relation, entre autres, avec Galilée. Son épouse française, Louise-Marie de Gonzague, était venue en Pologne avec toute une cour savante. Son successeur, son frère Jean II Casimir Vasa (1648-1668), reprit son héritage et commença à agrandir la bibliothèque, étant, lui aussi, un grand mécène des sciences et des arts, et ceci à l’échelle européenne10.

Malheureusement, cette bibliothèque royale, augmentée par les représentants des dynasties des Jagellon et des Vasa, fut pillée lors de l’invasion suédoise des terres polonaises et lituaniennes, en 1655. Le « Déluge » suédois se révéla désastreux pour la collection royale, comme, d’ailleurs, pour toute la culture polonaise et lituanienne de l’époque. La bibliothèque du château royal cessa alors, tout simplement, d’exister. Après l’occupation de Varsovie, les Suédois envoyèrent dans leur pays plus de vingt énormes coffres, pleins de livres et de manuscrits. Tout lecteur souhaitant consulter les livres qui furent alors dérobés en Pologne – et, parmi eux, des trésors, tels que les ouvrages appartenant jadis à Nicolas Copernic – doit se tourner, aujourd’hui, vers les salles de lecture suédoises11.

Après avoir conclu la paix avec la Suède, Jean II Casimir, dans le cadre des travaux de reconstruction de sa résidence de Varsovie, commença à rassembler des livres à partir de rien, mais sa décision d’abdiquer en 1668 et de se rendre en France entraîna le déplacement de cette nouvelle collection, qui fut, par la suite, partiellement dispersée à Paris. L’inventaire posthume du dernier Vasa ne compte qu’environ 350 volumes. Ainsi, à la fin de l’époque des Vasa, la bibliothèque royale polono-lituanienne était pratiquement anéantie.

Quelques années plus tard, la collection de livres du roi Jean III Sobieski (1674-1696) exerça, à son tour, un rayonnement culturel notable. D’un côté, il érigea dans son domaine de Żółkiew, malheureusement trop éloigné des centres intellectuels, une bibliothèque qui compta environ 800 volumes. De l’autre, il tenta, à deux reprises, de récupérer la bibliothèque des Jagellon et des Vasa, qui avait été emportée par les Suédois. Un petit succès fut obtenu, en 1680, lorsqu’il envoya son ambassadeur en Suède afin de retrouver les livres volés. Ce dernier rapporta en Pologne 150 ouvrages, entre autres issus des collections de Sigismond II Auguste et de Sigismond III, ce qui étoffa les collections royales de Varsovie. En outre, le héros de la bataille de Vienne, suivant l’exemple de ses prédécesseurs, importa de nombreuses œuvres littéraires et scientifiques d’Europe occidentale, notamment de France. Le rôle de son épouse, Marie Casimire de La Grange d’Arquien, n’y est pas étranger, parce qu’elle fut la deuxième Française sur le trône de Pologne. Les troubles politiques qui suivirent la mort de Jean III Sobieski, avec la grande guerre du Nord qui ravagea les terres polono-lituaniennes, allaient se prolonger au cours de plus de deux décennies, et anéantirent l’espoir de voir renaître, en Pologne, une bibliothèque royale.

Ainsi, malgré les efforts déployés par les rois et les reines, l’État polono-lituanien entra dans l’Europe des Lumières sans posséder une collection majeure de livres, rassemblés par les souverains au fil des siècles, qui serait devenue l’une des bibliothèques nationales (Bibliothecae Patriae) tant voulues par les penseurs éclairés. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la République nobiliaire ne disposait pas de fonds importants de livres à la disposition de son souverain, et par conséquent de la noblesse, permettant d’aboutir à la création d’un établissement semblable à ceux qui naquirent alors dans plusieurs pays européens en vue de rassembler des manuscrits et des imprimés nationaux et de les enrichir, bien évidemment, par des acquisitions étrangères. Ce phénomène s’observe, dans la première moitié du XVIIIe siècle, dans les États centralisés voisins de la Pologne-Lituanie : l’Autriche, la Russie ou la Prusse.

Réunie en un seul État, cette partie de l’Europe qui couvre aujourd’hui, en gros, les pays baltes, la Biélorussie, l’Ukraine et la Pologne, et qui, depuis plusieurs siècles, était forte de ses échanges innombrables avec l’Occident, n’était pas parvenue à fonder une bibliothèque centrale, issue, comme ailleurs, des collections royales. Cette absence fut comblée par une initiative venant des élites nobiliaires, ce qui n’a rien d’étonnant dans un État si particulier, où les rois dépendaient des magnats et de la masse des petits nobles.

La Bibliothèque Załuski, ce projet-phare des Lumières polonaises, fut ainsi bâtie dans la période qui fut apparemment la plus obscure de l’histoire de la Première République, à savoir celle du règne des rois de la dynastie des Wettin : Auguste II (1697-1733) et Auguste III (1733-1763), longtemps considérée comme désastreuse en raison des guerres extérieures menées sur son territoire, et comme rétrograde au point de vue de la situation intérieure.

Pourtant, malgré l’absence d’un modèle royal bien établi, il ne fait aucun doute que l’activité extraordinaire des frères Załuski fut fortement influencée par le climat culturel de la cour polonaise, et par le mécénat des deux rois Wettin. En outre, la Saxe devenait, sous le règne de ce collectionneur passionné de livres que fut Auguste II, le centre le plus important du mouvement bibliophile au sein de l’Empire12. La cour saxonne, déplacée ou plutôt imitée, pendant une soixantaine d’années, à Varsovie, ne pouvait peut-être pas influencer fortement les élites polono-lituaniennes de l’époque, mais elle servit certainement de point de repère pour les lignages qui cherchaient à suivre le modèle occidental, transféré par la médiation de la cour de Dresde. En témoigne un personnage-clé, Heinrich von Brühl, favori et premier ministre du roi Auguste II, très influent dans l’État polono-lituanien, et l’un des plus riches collectionneurs de livres à l’est de l’Elbe13.

Vers la fin des années 1730, les fondements d’une bibliothèque publique, rassemblant les manuscrits et imprimés de production locale, régionale, interprovinciale et plurinationale, et dont le rayonnement pouvait atteindre largement plus de 700 000 km2, étaient définitivement posés. Les fonds étaient prêts depuis longtemps, amassés par les familles nobles polonaises pendant des siècles, mais sans déboucher sur un établissement commun. Plusieurs de ces collections allaient être mises à la disposition des deux frères Załuski, qui ne songeaient qu’à en faire le meilleur usage pour propager les sciences, la littérature ou les arts au sein de leur patrie menacée par les puissances voisines, qui ne tarderaient pas à partager ses terres entre 1772 et 1795.

3. Du privé au public : penser la bibliothèque au XVIIIe siècle en Europe centrale

Le goût pour la bibliophilie des frères Załuski se forma à une époque où la nécessité de mettre les collections à la disposition d’un nombre croissant d’utilisateurs était déjà considérée comme évidente, ce qui impliquait « la nécessité de connaître ses propres ressources, de les développer habilement et de les divulguer dans le catalogue, de préférence sous forme imprimée »14. Les collections privées avaient commencé à s’ouvrir au grand public, à l’instar de la bibliothèque de Wolfenbüttel, l’une des plus grandes de l’Empire, ou encore à Gdańsk (Dantzig), où la bibliothèque du conseil municipal était accessible aux particuliers15.

Dans ce contexte, il convient de rappeler les projets antérieurs de création d’une bibliothèque publique dans la République de Pologne, lorsque, vers le milieu du XVIIe siècle, deux frères, les magnats Krzysztof (1609-1655) et Łukasz Opaliński (1612-1662), envisagèrent de créer une bibliothèque commune, sous le nom de Bibliotheca Opalinsciana, située au château de Sieraków. Celle-ci devait être une collection publique de livres, organisée sur le modèle des bibliothèques privées occidentales, mises à disposition d’un public plus large. L’idée des frères était que la bibliothèque fût élargie par les propriétaires successifs de leur énorme domaine familial, comptant des dizaines de villes et des centaines de villages. Ils donnèrent eux-mêmes l’exemple, en achetant de nouvelles propriétés, toujours avec les collections de livres qu’elles possédaient. Malheureusement, l’idée de placer une bibliothèque publique à Sieraków avorta, une fois de plus, en raison du Déluge suédois de 165516.

Le projet des Załuski n’était pas, lui non plus, à l’abri des troubles qui ébranlaient la République nobiliaire. Les préparatifs pour la création de leur bibliothèque furent interrompus lorsque Józef Andrzej s’engagea activement aux côtés de Stanisłas Leszczyński (1696-1766), choisi pour le trône de Pologne, mais devant, malgré tout, lutter contre son concurrent à la couronne, Auguste III Wettin, soutenu par la Russie, la Prusse et l’Autriche. Quittant la Pologne avec le roi vaincu à l’automne 1733, Załuski dut laisser « chez les Carmélites de Varsovie sa précieuse collection de livres emballés dans des coffres, qui comptait déjà des dizaines de milliers de volumes »17.

Cependant, un autre chapitre des échanges avec l’Occident s’ouvrait, grâce au nouveau statut de Stanisłas, désormais duc de Lorraine et de Bar. Restant dans le service diplomatique de Leszczyński, Załuski établit de nombreux contacts avec des bibliophiles, à Rome et en France, et enrichit ainsi considérablement sa collection. Même lors de son voyage de retour en Pologne, en 1738, il acheta en cours de route, aux enchères et ventes publiques, de nombreux livres, qu’il renvoya par la suite à Lunéville, n’étant pas sûr de son avenir du côté de la Vistule.

Cette « collection lorraine », emballée dans 83 caisses, fut déposée dans de mauvaises conditions dans les caves d’un monastère de Lunéville. Ce n’est qu’en 1745 que ces ouvrages furent envoyés, via Amsterdam, la Mer du Nord et la Baltique, jusqu’au port de Gdańsk, où les caisses furent « arrêtées » par des créanciers. Ce n’est qu’après le paiement des dettes de Józef Andrzej par son frère que les paquets de livres purent être acheminés, en juin 1749, par la Vistule, jusqu’à Varsovie18.

La « collection lorraine » fut déposée dans le palais des Daniłowicz, acheté par Andrzej Stanisław. Ce fut dans ce bâtiment que furent rassemblées définitivement les collections de livres des deux frères, qui, depuis le 8 août 1747, constituaient la Bibliothèque Załuski, fondée sous le nom de la Bibliothèque Publique19. Son organisation et son fonctionnement répondaient à toutes les exigences de l’époque, et l’établissement fut véritablement à l’avant-garde européenne.

Poursuivant la tradition des collections royales, interrompue par des désastres de la seconde moitié du XVIIe siècle, la Bibliothèque Załuski possédait déjà, au milieu du XVIIIe siècle, l’un des plus grands ensembles de livres en Europe : 180 000 estampes, 10 000 manuscrits et des milliers de cartes et de gravures répartis dans les 29 salles du vaste palais. C’est dans la collection apportée par Andrzej Stanisław que se retrouvèrent les restes des bibliothèques royales de Sigismond II Auguste, Étienne Báthory et Ladislas IV Vasa, grâce au fait qu’en 1740, Załuski avait reçu de Marie-Charlotte, duchesse de Bouillon, née Sobieska, sa collection de livres, qui contenait notamment la fameuse Bibliothèque Żółkiewski, composée de 7 000 volumes ayant appartenu à l’hetman Stanisław Żółkiewski et au roi Jean III Sobieski20.

Elle était censée être accessible au public, deux jours par semaine, aussi les Załuski comptèrent-ils sur le soutien financier du roi Auguste III Wettin, et sur une subvention extraordinaire de la Diète, le parlement polono-lituanien. Cependant, les députés qui n’étaient pas favorables aux Załuski ne permirent même pas la lecture du projet, prévoyant une aide financière de 200 000 zlotys. Face à l’échec des efforts visant à obtenir un soutien public, la base économique du fonctionnement de la bibliothèque devait rester le revenu obtenu par les frères par l’affermage de bénéfices ecclésiastiques, en particulier des riches évêchés successivement repris par Andrzej Stanisław. Celui-ci, « en tant qu’évêque de Cracovie, versa de son vivant d’énormes sommes d’argent pour entretenir la fondation et acheter des livres »21. Toutefois, sa mort en 1758, et la remise en cause, par ses proches, de ses testaments successifs – dans le premier d’entre eux, daté de 1753, il laissait sa fortune considérable à la Bibliothèque, alors en pleine expansion – conduisirent son frère cadet, Józef Andrzej, à chercher ailleurs les indispensables subsides. La situation devenait d’autant plus critique que l’agrandissement du bâtiment et l’augmentation des dépenses pour l’entretien de la bibliothèque excédaient largement les revenus reçus en 1758 de son évêché de Kiev. C’est pourquoi, Załuski décida en 1761, contre la volonté exprimée dans le testament de son frère, de placer la bibliothèque sous une tutelle extérieure. Il la confia au collège des Jésuites de Varsovie, qui s’engagea lui à assurer un soutien matériel et à destiner des fonds à l’achat de nouveaux livres. Il profita aussi de l’occasion pour étendre l’accès du public aux collections à tous les jours de la semaine.

Après la mort d’Auguste III Wettin, et l’élection du roi Stanisłas-Auguste Poniatowski (1764-1795), figure emblématique des Lumières polonaises22, Załuski souhaita que la Bibliothèque passât sous l’égide de la République. Il présenta ce projet dès la Diète du couronnement, en 1764, mais les députés le rejetèrent. Le roi proposa, un peu plus tard, d’acheter la Bibliothèque et de la confier à l’École des Cadets, l’un des projets-phares de ses réformes, ce que Załuski refusa à son tour.

Ces problèmes s’aggravèrent davantage par le manque de surveillance du fondateur, qui, ennemi acharné de la montée en puissance des influences russes en Pologne, fut enlevé par les agents de Catherine II, et déporté en octobre 1768 à Kalouga, dans la Russie intérieure. Quelques mois après son retour à Varsovie, seulement en 1773, un autre coup fut porté à la Bibliothèque, puisque le pape Clément XIV supprimait, en août de cette année, l’ordre des Jésuites, ce qui remit en question l’existence de la Bibliothèque.

À la mort de l’évêque Józef Andrzej Załuski, dans les premiers jours de l’année 1774, les problèmes s’intensifièrent à tel point que le maréchal de la Diète ordonna de fermer la Bibliothèque, et de sceller ses portes.

4. La Bibliothèque de la République, ou l’éclatement des Lumières polonaises

Après le premier partage de la Pologne (1772) et la mainmise de Catherine II sur le pays, les élites politiques et intellectuelles multiplièrent et accélérèrent les réformes culturelles, dans l’esprit des Lumières, mais visant notamment un sursaut national face au danger venant de la part des puissances voisines : la Russie, la Prusse et l’Autriche. La suppression des Jésuites en Pologne fut ainsi suivie d’un projet des plus audacieux, aboutissant à ce que l’État reprenne leurs biens et les investisse dans l’éducation publique. Pour assurer le succès de cette grande entreprise – le patrimoine jésuite dans la République des Deux Nations étant considérable – la Diète créa Komisja Edukacji Narodowej [la Commission de l’éducation nationale], qui fut le premier ministère de l’instruction publique, moderne et indépendant de l’Église.

C’est justement cette administration qui prit en charge la bibliothèque publique de la famille Załuski en nommant, en janvier 1774, son directeur Ignacy Potocki (1750-1809). La Bibliothèque Załuski était devenue une institution d’État. En 1780, la Diète l’éleva « au rang de collection nationale », lui donnant le nom de la bibliothèque publique de la République (en 1787, son nom officiel a été changé en « Bibliothèque de la République dite Załuski »). C’est également en 1780 que la Diète ordonna aux éditeurs de livrer un exemplaire obligatoire à ses collections nationales de livres, « de sorte que dorénavant les imprimeurs des pays de la République ne soient plus autorisés à vendre des livres imprimés ou qui allaient être publiés jusqu’à ce qu’il y ait un certificat du comité pédagogique attestant que le premier exemplaire a été remis à cette bibliothèque »23.

Il faut souligner qu’à l’époque, la Bibliotèque Załuski possédait déjà une très grande collection d’ouvrages : près d’un demi-million, dont environ 400 000 imprimés, et plusieurs milliers de manuscrits. Outre la collection de livres, plusieurs milliers de gravures, de monnaies et de médailles, ainsi que de nombreux instruments de mesure, y compris astronomiques, y étaient rassemblés.

Dans les années 1783-1794, le Piariste érudit Onufry Kopczyński (1735-1817), en tant que préfet de la bibliothèque, conserva les livres et manuscrits, mit de l’ordre dans les fonds, et commença à les cataloguer selon le système de classification de Bacon. La normalisation du fonctionnement de la bibliothèque fut renforcée en 1787 par la décision de la Commission de l’éducation nationale d’établir des salaires fixes pour les bibliothécaires qui y travaillaient. En revanche, le manque d’argent causa l’abandon des travaux courants, de sorte que les bâtiments subirent les outrages du temps.

Depuis que la Bibliothèque avait été reprise par l’État, et gérée par la Commission de l’éducation nationale, elle commençait à remplir les tâches qui lui étaient confiées en tant qu’institut à caractère national. Ainsi, elle mit son fonds non seulement à la disposition des étudiants et des lecteurs curieux, mais elle devint aussi un atelier de travail scientifique, où se côtoyaient les historiens, les philologues et les adeptes des sciences exactes, dont les ouvrages allaient changer la perception du monde. Bien évidemment, les activistes politiques, les économistes et les publicistes s’en inspiraient pour leurs discours ou articles. Bref, « même si elle n’était pas une maison d’édition au sens strict du terme, elle fut certainement une institution autour de laquelle se développait un mouvement intellectuel, qui initia des actions culturelles et rayonnait à l’extérieur »24.

Parmi les milliers de lecteurs qui profitèrent des livres amassés par les frères Załuski, le nom de Pierre Joseph de La Pimpie de Solignac (1687-1773) mérite une mention spéciale. Son exemple montre que le livre n’a pas seulement servi, à l’époque moderne, à propager les idées de l’Occident vers l’Est, mais parfois, aussi, dans le sens inverse. Cet historien français, secrétaire de Stanisłas Leszczyński, profita largement de la « collection lorraine » de Załuski, pour publier en 1750, à Paris, en s’appuyant sur ces sources, l’Histoire générale de Pologne en cinq volumes, traduite en allemand entre 1746-1765, et en polonais entre 1763-176725.

De nombreux témoignages reconnaissant la qualité des collections de la Bibliothèque Załuski émanent de visiteurs étrangers. Rappelons que, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, il était à la mode, chez les savants et les bibliophiles européens, d’entreprendre le tour des grandes bibliothèques. La visite des établissements en formait bien évidemment le principal objectif, mais celle-ci donnait lieu à des rapports sur les collections, aboutissant à leur évaluation critique. Ces textes s’adressaient « à une catégorie de destinataires scientifiquement formés, attendant des informations précises de nature bibliothécaire et bibliographique »26. Une fois passés par Varsovie, les auteurs de ces rapports laissèrent des descriptions en majorité admiratives sur la Bibliothèque Załuski. Parmi plusieurs témoignages de ce genre, mentionnons ceux du mathématicien et astronome suisse Jean Bernoulli (1710-1790), de l’historien anglais William Coxe (1748-1828), ou du directeur de la Bibliothèque royale de Berlin, Johann Erich Biester (1749-1816), cofondateur de la revue Berlinische Monatsschrift, dans laquelle parut le texte-phare, signé Emmanuel Kant, Was ist Aufklärung ? [Qu’est-ce que les Lumières ?].

Cependant, l’histoire de la Bibliothèque Załuski était condamnée à tomber dans l’oubli, par suite de l’intervention de l’Impératrice de toutes les Russies.

5. Victime de dévastations

En effet, la Bibliothèque de la République, dite Załuski, cessa de servir à l’élite de la culture polonaise renaissante, consécutivement aux décisions surprenantes de l’Impératrice Catherine II. Dans la première moitié des années 1790, la République des Deux Nations entreprit une dernière lutte afin d’arracher son indépendance à ses voisins russe, prussien et autrichien. En vain… Son ultime espoir fut incarné par Tadeusz Kościuszko (1746-1817), héros de la guerre d’indépendance des États-Unis, qui prit la tête du soulèvement national de 1794, dite « Insurrection de Kościuszko ». Il sut provoquer une mobilisation nationale considérable, mais qui se termina par la défaite des Polonais. L’une des conséquences directes de l’échec du soulèvement de Kościuszko fut le pillage des collections de la Bibliothèque de la République par l’Empire russe, effectué en violation de la loi, et qui se produisit avant même la liquidation complète de l’État polonais.

Dès le 21 novembre 1794, juste après avoir reçu la nouvelle de la capitulation de Varsovie, l’Impératrice, autocrate de toutes les Russies, ordonna que la Bibliothèque de la République de Pologne fût emportée à Saint-Pétersbourg. En raison de l’état des voies, l’ordre de la tsarine ne put être exécuté immédiatement, alors que tombait la neige et que le gel rendait impossible de prendre la route. Ce fut le célèbre général Alexandre Vassilievitch Souvorov (1730-1800) qui organisa l’exportation du butin vers la Russie. La Bibliothèque des Załuski fut emballée dans des caisses en bois et montée sur environ 600 traîneaux. Son transport à Saint-Pétersbourg dura environ soixante jours. Au cours de ce périple, les traîneaux restèrent coincés à cause du dégel entre les villes des pays baltes, Kaunas et Riga. Les boîtes contenant les livres furent alors rechargées sur des chariots, mais « de nombreux ouvrages furent détruits ou endommagés à cause de paquets mal préparés, tandis que d’autres furent vendus ou volés »27.

On estime aujourd’hui que la collection de livres volés par la Russie à la chute de la République polono-lituanienne s’élevait à près de 400 000 volumes, dont 11 000 manuscrits et plus de 24 000 gravures. La collection fut dispersée : une partie resta à Saint-Pétersbourg, une autre passa aux mains des bibliothécaires, notamment ceux des séminaires orthodoxes, et une autre encore aux institutions publiques russes. À l’arrivée dans le pays des tsars, la collection de livres volés, déposés dans les pavillons de jardin du palais impérial à Saint-Pétersbourg, ne comptait probablement plus que 260 000 volumes de livres et manuscrits, et environ 14 000 gravures, soit un peu plus de la moitié du fonds initial28.

Dès le XIXe siècle, les Polonais tentèrent de récupérer les collections Załuski. Une partie des livres revint en Pologne dans les années 1842-1863, et encore une autre dans les années 1922-1935. Il est extrêmement difficile d’estimer le nombre d’exemplaires qui retourna alors au pays, car aucun registre détaillé n’en fut tenu. Il s’agit peut-être de 50 000 ouvrages, ce qui veut dire que seulement un dixième de la collection a pu revenir en Pologne, dont environ 60 % au XIXe siècle et environ 40 % au XXe siècle29.

Cependant, le sort ne favorisa pas la collection de livres et de manuscrits récupérés dans le cadre du traité de Riga de 1920, car ils brûlèrent au cours d’un incendie survenu en octobre 1944 dans un bâtiment de la rue Okólnik, où ils se retrouvèrent après la fermeture de la Bibliothèque nationale polonaise de l’époque. La destruction eut lieu en dépit de l’accord de capitulation passé entre l’Armée de l’Intérieur polonaise et les troupes allemandes nazies, lorsque le Brandkommando mit délibérément le feu au bâtiment de la Bibliothèque Krasiński, qui comprenait la collection Załuski.

Bien que la grande majorité des livres ait alors brûlé, quelques centaines de manuscrits survécurent (1 800 environ). Ils se trouvent, aujourd’hui, à la Bibliothèque nationale et aux Archives nationales polonaises, tandis que quelques dizaines de ces pièces sont consultables dans les bibliothèques Czartoryski, Jagellonne et Ossolineum. Chaque année, la Bibliothèque nationale polonaise achète quelques exemplaires de livres portant les marques de propriété des Załuski. Le programme de travaux communs polono-russes, ayant pour objectif la publication d’un catalogue des collections manuscrites de la Bibliothèque Załuski, mis en œuvre en 2009, a donné quelques résultats encourageants. En 2013, il a abouti à la publication de l’inventaire des manuscrits de la Bibliothèque Załuski, conservés à la Bibliothèque publique impériale30.

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En conclusion, il convient de souligner que l’activité de la Bibliothèque Załuski a correspondu aux besoins et aux vœux de l’élite polono-lituanienne, et qu’elle s’inscrivit parfaitement dans les courants d’idées de l’Europe des Lumières. En outre, cet établissement, non seulement mettait ses collections à la disposition des lecteurs, mais servait de lieu où se cristallisait un large mouvement intellectuel à l’époque saxonne, et notamment à l’âge stanislavien, très étroitement lié à l’Occident. L’intérêt des hommes de sciences et de lettres, venus de Pologne et de l’étranger, pour la Bibliothèque Załuski, a constitué un facteur majeur, grâce auquel les collections ont pu s’accroître rapidement. En somme, dans son histoire, la Pologne a réussi, à quatre reprises, à organiser sa bibliothèque centrale. La première, la collection royale, fut emportée par les Suédois au milieu du XVIIe siècle ; la seconde, celle des Załuski, fut volée par les Russes en 1794 ; la troisième, celle des Krasiński, fut brûlée par les nazis. Il en émergea, néanmoins, après la Seconde guerre mondiale, une quatrième : la Bibliothèque nationale, qui réussit à réunir neuf millions de livres et manuscrits, dont quelques 200 000 datent d’avant 1800.

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1 Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une société de gens de lettres. Mis en ordre & publié par M. Diderot, de l’Académie Royale des Sciences & des Belles-Lettres de Prusse ; & quant à la Partie Mathématique, par M. D’Alembert, de l’Académie Royale des Sciences de Paris, de celle de Prusse, & de la Société Royale de Londres, Paris, Le Breton, Durand, Briasson & David, 1751-1772, t. I-XVII. Dans la suite, nous citons l’Encyclopédie en indiquant le titre intégral de l’article, suivi de la catégorie encyclopédique, le numéro de volume et la page.

2 Ibid., « Bibliothèque » dans s. f., t. II, p. 234.

3 Ibid.

4 Ibid., « Astronomie », Astronomia, t. I, p. 788 ; ibid., « Lune », s. f. (Astr.), t. IX, p. 730 ; ibid., « Nuremberg », (Géograp.), t. XI, p. 285.

5 Ibid., « Rava », (Géog. mod.), t. XIII, p. 830.

6 Stéphane GABER, « Un bibliophile polonais à la cour de Stanislas – Joseph-André Załuski », Le Pays lorrain 2, 1974, p. 65-82.

7 Teresa MICHAŁOWSKA (dir.), Słownik literatury staropolskiej (Średniowiecze. Renesans. Barok), Wrocław, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1990, p. 91.

8 Cf. Alodia KAWECKA-GRYCZOWA, Biblioteka ostatniego Jagiellona. Pomnik kultury renesansowej, Wrocław, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1988. Le catalogue contenu dans cet ouvrage, concernant la bibliothèque du dernier Jagellon, est constitué de 958 imprimés identifiés par l’auteur, et de 12 manuscrits appartenant à l’origine à la bibliothèque royale, ibid., p. 115-301.

9 Voir notamment Irena KOMASARA, Książka na dworach Wazów w Polsce, Wrocław, Ossolineum, 1994. L’auteur a retrouvé 154 titres de ces collections dans différentes archives et bibliothèques.

10 Karolina TARGOSZ, La Cour savante de Louise-Marie de Gonzague et ses liens scientifiques avec la France 1646-1667, Varsovie-Wrocław-Cracovie-Gdańsk, Zakład Narodowy imienia Ossolińskich, 1992.

11 Marcin JAMKOWSKI et Hubert KOWALSKI, Uratowane z Potopu, Varsovie, Agora, 2018.

12 Jacek STASZEWSKI, August III Sas, Varsovie-Wrocław-Cracovie-Gdańsk, Ossolineum, 1989, p. 156.

13 Selon J. STASZEWSKI, Brühl disposait d’une bibliothèque scientifique comptant plus de 42 000 ouvrages, ibid., p. 7.

14 Anna ŻBIKOWSKA-MIGOŃ, Historia książki w XVIII wieku. Początki bibliologii, Varsovie, Padstwowe Wydawnictwo Naukowe, 1989, p. 17.

15 Ibid., p. 8.

16 P. ZAJDER et N. ZBOROWSKA, Biblioteki XVII wieku w Polsce : Biblioteki szlacheckie i magnackie, Kraków, 2009 ; Alojzy SAJKOWSKI, « Krzysztof Opaliński » et « Łukasz Opaliński », dans Wielkopolski Słownik Biograficzny, Varsovie-Poznań, Państw. Wydaw. Naukowe, 1981, p. 530-532.

17 Bartłomiej SZYNDLER, Biblioteka Załuskich, Wrocław, Ossolineum, 1983, p. 21.

18 Ibid., p. 24.

19 Les circonstances concernant l’ouverture de la bibliothèque sont examinées en détail par Jan KOZŁOWSKI, Szkice o dziejach Biblioteki Załuskich, Wrocław, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1986, p. 137-156.

20 B. SZYNDLER, Biblioteka Załuskich, op. cit. [n. 17], p. 25.

21 Ibid., p. 43.

22 Jean FABRE, Stanislas-Auguste Poniatowski et l’Europe des Lumières, Paris, Institut d’Études slaves, 1952.

23 Cité d’après Janina ZECH, Biblioteka Załuskich w świetle najnowszych publikacji, https ://szkolnictwo.pl (consultation : 05/12/2019).

24 Zdzisław LIBERA, Narodziny idei Biblioteki Narodowej w kulturze polskiego Oświecenia, Varsovie, Publikacje Biblioteki Narodowej w Warszawie, 2003, p. 13.

25 Cf. Jan KOZŁOWSKI, Szkice o dziejach Biblioteki Załuskich, op. cit. [n. 19], p. 177 : « les livres mis à disposition par Załuski restèrent en Lorraine et se trouvent actuellement à la Bibliothèque publique de Nancy » ; Stéphane GABER, « Le fonds Załuski de la bibliothèque publique de Nancy », Annales de l’Est 2, 1975, p. 157-165.

26 A. ŻBIKOWSKA-MIGOŃ, Historia książki w XVIII wieku. Początki bibliologii, op. cit. [n. 14], 1989, p. 206.

27 Jerzy KALISZUK, ‘Codices deperditi’. Średniowieczne rękopisy łacińskie Biblioteki Narodowej utracone w czasie II wojny światowej, t. 1, Wrocław, Wrocławskie Towarzystwo Miłośników Historii, 2016, p. 51. L’auteur cite Alekseï Olenine, qui témoigna que « ce transport s’étant fait par terre et par des chemins que l’arrière-saison avait presque rendus impraticables, plusieurs caisses souffrirent beaucoup des intempéries de l’air, d’autres furent brisées ou endommagées et les livres qu’elles contenaient furent gâtés, égarés ou dépareillés ».

28 Ibid., p. 53.

29 J. KOZŁOWSKI, Szkice o dziejach Biblioteki Załuskich, op. cit. [n. 19], p. 14.

30 Olga N. BLESKINA, Natalia A. ELAGINA et Krzysztof KOSSARZECKI, Inwentarz rękopisów Biblioteki Załuskich w Cesarskiej Bibliotece Publicznej, Varsovie, wyd. Biblioteka Narodowa, 2013.