L’imprimé, vecteur de diffusion du jardin paysager vers l’est de l’Europe
Modèles, traductions, médiatisations
Le goût pour les jardins pittoresques ou paysagers, qui se répand en Europe à partir de la Grande-Bretagne dès les années 1760, n’épargne pas l’Europe centrale et les pays de la monarchie des Habsbourg. Les aristocrates cultivés, de retour sur leurs propriétés après avoir parcouru l’Europe, cèdent à l’ambition de créer des parcs boisés rompant avec les jardins clos et les systèmes de parterres décoratifs français et italiens que leurs pères avaient imités. La question de ces transmissions de modèles et de leurs médiations a déjà fait l’objet d’un grand nombre de travaux qui ont mis en lumière les intermédiaires, mais aussi les décalages induits par les contextes de leur réception1. Peu d’études ont, jusque-là, associé l’histoire de ces transferts à celle de la diffusion du livre. L’existence de très riches bibliothèques chez les propriétaires de la plupart de ces jardins interpelle néanmoins l’historien et sert de base à notre étude2. À partir de cinq bibliothèques de Bohême ayant appartenu aux commanditaires de cinq jardins d’esprit romantique entamés vers 1780, nous avons rassemblé un échantillon de quelque 233 titres d’ouvrages publiés avant 1820 et consacrés aux jardins3. Une centaine de ces titres se trouvent dans la bibliothèque la plus importante de notre échantillon, celle du château de Kačina ayant appartenu à la famille Chotek4. Les propriétaires de ces collections font partie de familles de la noblesse de Bohême, liée avec celle des pays des Habsbourg et au-delà, mais de rangs et de fortunes diverses.
L’imprimé a, bien sûr, toujours servi à rendre publiques et faire circuler des représentations de jardins et des préceptes pour les bâtir, ainsi qu’à préparer ou prolonger l’expérience des voyageurs qui les visitent5. Il existe une bibliographie fournie sur ce sujet, qui montre à quel point le texte se prêtait à la transmission des principes et de l’expérience des jardins, en particulier du jardin paysager, qui se surajoutent aux contextes locaux de réception6. Les imprimés confèrent néanmoins des biais particuliers à la transmission du modèle du jardin paysager. Je voudrais analyser ici trois d’entre eux, qui eurent un impact sur sa réception en Europe centrale. Tout d’abord, l’examen des bibliothèques révèle que, du point de vue des commanditaires de parcs anglais, les livres de jardins s’insèrent dans des domaines d’intérêt divers et que ce sont les logiques commerciales des libraires qui, très tôt, les présentent comme un champ de connaissance en tant que tel. Je caractériserai ensuite les grandes lignes de ce corpus européen, et montrerai le poids des logiques commerciales sur l’apparition des nœuds de distribution qui permirent aux livres de trouver leurs lecteurs en Europe centrale. J’ébaucherai, enfin, quelques transformations des usages sociaux du jardin que les imprimés reflètent et induisent.
1. Délimitation d’un champ du savoir
Dans les bibliothèques, un rayon aux contours imprécis
Si la littérature secondaire mobilise un véritable corpus de textes pour définir un modèle réputé anglais et étudier l’affirmation du jardin comme art autonome, la réalité des rayonnages des bibliothèques anciennes est tout autre. Dans les fonds étudiés ici, on ne trouve pas vraiment de rayon indépendant consacré aux jardins.
Les ouvrages eux-mêmes associent, pour les plus anciens d’entre eux, le jardin aux questions d’économie domestique et rurale (Husbandry). Cette association se revendique d’ailleurs d’une tradition classique, héritée de l’Antiquité7. D’après Marcus Köhler, en milieu allemand, ce sont des recueils d’économie domestique regroupés sous le genre du Hausvater qui traitèrent en premier lieu de la pratique jardinière8. Ensuite, de nombreux auteurs de manuels de jardinage furent des botanistes appartenant à des milieux scientifiques. Le plus célèbre et le plus représenté dans nos bibliothèques est Philip Miller, botaniste du jardin de la Compagnie d’apothicaire de Chelsea9. Mais l’art, la science, l’économie pratique, les loisirs – avec la littérature sur la chasse et sur les jeux – sont tout autant associés aux jardins10.
Si l’on observe les rayonnages des bibliothèques dont le classement nous est connu, les ouvrages se trouvent, certes, le plus souvent regroupés, mais ils le sont sous différentes rubriques, selon les sensibilités de leurs lecteurs, la taille des collections et la période de leur agencement. Ainsi, Johann Rudolph Czernin (1757-1845) semble avoir déposé les rares ouvrages sur les jardins qu’on lui connaisse, selon la langue dans laquelle ils sont écrits, suivant en cela le principe général de classement de sa bibliothèque personnelle de Krásný Dvůr (Schönhof) de 179611. L’École du jardinier fleuriste de Fréard du Castel12 ou les Promenades ou itinéraire des jardins d’Ermenonville13 sont rangés avec la littérature française. Les planches d’ouvrages sur les plantes exotiques14 se trouvent, quant à elles, avec les imprimés de grands formats, dans le placard fermé situé sous les ouvrages d’histoire et de voyage, avec des planches d’architecture ou les vues illustrant des récits de voyage15. Au contraire, dans la bibliothèque d’un amateur de jardins contemporain de Czernin, Franz Anton Hartig (1758-1797), les ouvrages sont rassemblés avec « l’économie rurale et domestique », comme l’indique son catalogue réalisé vers 179016.
Dans les bibliothèques où les rayons de botanique et d’histoire naturelle sont développés, c’est ce rayon qui offre le plus d’attraction pour les ouvrages concernant les jardins. Chez le comte Kaspar Maria Sternberg (1761-1838), botaniste à l’activité scientifique publique, on les trouve dans la partie de la bibliothèque consacrée principalement à la botanique, en deux sous-classes, parmi les « flores particulières »17. Un premier rayon « Art des jardins » est individualisé au même niveau hiérarchique que les livres sur « la forêt et la chasse » ou les atlas botaniques. Un second rayon « Jardins botaniques » est une sous-classe de ces flores des différentes régions : « Hors de l’Europe / Europe / Allemagne / Régions particulières et villes / Jardins botaniques ».
Peu de bibliothèques, en somme, prennent acte dès le XVIIIe siècle de l’affirmation de la nature artistique de la pratique des jardins. Dans les années 1820, il semble en revanche que les bibliothécaires des comtes de Chotek installèrent les titres concernant les jardins aux côtés des arts et de l’architecture, et non avec la botanique ou l’agriculture18.
Chez les libraires, un rayon autonome ?
Les endroits où l’on trouve les ouvrages rassemblés sous une rubrique indépendante intitulée « Jardinage », dès les années 1770, sont les catalogues de libraires. Il semble, en effet, que la diffusion du modèle des jardins anglais ait déclenché une labellisation d’un ensemble de livres, faisant d’eux un produit de librairie dans un premier temps repérable sous le terme générique de « livres de jardins » (« Gartenbücher »), puis, sous le nom d’un domaine de savoir : « Gartenbau ». Dans les catalogues hiérarchisés antérieurs à 1800, cette étiquette se trouve tantôt classée avec l’économie, tantôt avec la botanique, jamais avec les beaux-arts19.
Cette labellisation témoigne de l’existence d’une demande forte pour ces ouvrages. Elle est d’autant plus remarquable qu’elle semble précoce, au vu du très petit nombre de livres que les libraires pragois distinguent ainsi – deux titres seulement, parfois. On trouve, dans les ouvrages même, des témoignages sur les conditions concurrentielles de ce marché. Des éditeurs joignent, en effet, aux ouvrages sur les jardins, de courtes listes de leurs publications consacrées au même sujet, se positionnant ainsi sur ce marché20. Pour atteindre cet objectif, ni les auteurs ni les éditeurs ne recherchent forcément l’originalité ; les compilations, les emprunts avoués ou implicites21 témoignent de la circulation des textes au sein d’un domaine du savoir. La singularisation de ce domaine est, enfin, consacrée par la naissance de revues, ou de publications en série uniquement consacrées aux jardins. Ces dernières incluent souvent une rubrique de comptes rendus de nouveautés, qui jouent le rôle de canal publicitaire22. Dans les pays de la monarchie des Habsbourg, nous ne trouvons pas de véritable revue avant la fin du XVIIIe siècle23. En 1822, lorsqu’est fondée à Berlin l’association pour l’encouragement des jardins dans les États du roi de Prusse, une de ses missions sera justement de rassembler la littérature disponible. Vers cette date naît effectivement un nouveau style de publications, systématiques, institutionnelles, encore absentes de notre échantillon24.
Outre la constitution d’un champ de savoir et le contexte de sa réception, les livres permettent ensuite d’appréhender précisément les voies géographiques et linguistiques de la diffusion des modèles du jardin anglais.
2. Un phénomène européen en voie de nationalisation
Un plaisir universel adaptable aux conditions locales
Un des lieux communs exprimés dans les préfaces des ouvrages sur les jardins est de présenter cet art comme un plaisir universel, le plus communément partagé, puisque tout le monde prend plaisir à faire pousser des plantes, et que le spectacle de la négligence est attristant pour chacun25. Toutefois, ces mêmes parties liminaires imposent immanquablement des cadres culturels « nationaux » à ce qu’elles considèrent comme des « types » de jardins. Stephen Bending et John Dixon Hunt ont montré comment les théoriciens anglais du jardin ont, dès le XVIIIe siècle, oblitéré les influences étrangères et mis en récit l’affirmation du jardin anglais contre les modèles français et italiens26. Ce travail de déconstruction, ainsi que la différenciation opérée par les spécialistes entre jardin anglo-chinois, sentimental et pittoresque ou paysager, ne correspondent pas aux représentations véhiculées par les ouvrages qui font, au contraire, grand usage des qualifications nationales homogénéisatrices.
Dans les traductions allemandes, le « jardin paysager » n’est que peu de temps traduit sans connotation nationale par Waldungen27. Par la suite, Hirschfeld entre dans la discussion sur l’origine, dénonce la supercherie du jardin soi-disant imité de la Chine, et souhaite promouvoir une version « allemande » du jardin anglais, et une appropriation créatrice qui se fonde sur l’histoire de l’Allemagne28. En effet, le principe du jardin anglais étant l’adaptation au paysage, il est vain, selon Hirschfeld, de vouloir « imiter » un modèle ; c’est le principe qui doit être adopté pour construire un type propre : le jardin allemand. À la suite de Hirschfeld, ce principe d’adaptation est mobilisé par les premiers auteurs de traités consacrés à l’art des jardins dans la monarchie des Habsbourg29. Cette généalogie explicite trace une ligne directe depuis les auteurs anglais jusqu’aux régions de la monarchie des Habsbourg et gomme les intermédiaires.
Les livres britanniques du jardin anglais
Agent de transmission, d’imitation et d’adaptation, le livre a la particularité d’être traçable grâce à la normalisation, bien avancée au XVIIIe siècle, de la mention d’un auteur, d’un éditeur, d’un traducteur éventuel ; il nous renseigne alors sur les voies des transferts qu’il met en œuvre. Nous n’avons pu trouver en Bohême que de rares exemplaires en anglais des textes fondateurs de William Chambers, Thomas Whately, Horace Walpole, Joseph Heely, du dictionnaire de Philip Miller, ni même des revues anglaises. En 1771, François de Paule Latapie jugeait les textes de Chambers « assez rares » pour en introduire un dans sa traduction française de Whately30. Quant à ce texte même, Latapie indique qu’il l’a connu indirectement, grâce au Journal encyclopédique31. Or celui-ci, publié à Liège puis à Bouillon, était très répandu parmi l’aristocratie des pays des Habsbourg32.
La seule bibliothèque où nous trouvons certains textes fondateurs en édition individuelle est celle du comte de Chotek, qui acquit une édition anglaise et une allemande de la dissertation sur le jardin oriental de Chambers33, ou encore le poème de William Mason The English Garden34, et, enfin, des descriptions de jardins et un essai de Joseph Heely regroupés dans leur traduction allemande35. Ces acquisitions relèvent sans doute de l’intérêt d’un collectionneur de grande envergure et de l’activité de son bibliothécaire, plus que de la volonté de se tenir systématiquement informé des parutions anglaises, par ailleurs absentes de la bibliothèque dans des domaines auxquels Johann Rudolph Chotek portait un grand intérêt comme l’agriculture36. Même les propriétaires de bibliothèques ayant visité l’Angleterre dans les années 1780, comme J. R. Czernin et F. A. Harting pour notre échantillon, ne possèdent pas ces textes. Les descriptions des jardins britanniques, que nos lecteurs ont pu tenir en main lors de leurs visites en Angleterre, sont absentes des bibliothèques malgré leurs nombreuses éditions37.
Le poids de la librairie allemande
Les historiens ont insisté sur l’importance de l’introduction du jardin anglais par l’intermédiaire d’architectes et jardiniers, actifs dans le Hanovre, le duché de Brunswick ou du Holstein38. Si ces réalisations étaient connues, ce n’est pas par des publications originaires de ces régions qu’elles ont été transmises, mais par les éditeurs saxons, dont la force s’impose justement à l’époque de la pénétration du goût pour le jardin anglais. C’est, en effet, dans les années 1760 que Leipzig s’affirme comme la capitale de l’édition et du commerce de librairie, étendant sa force de diffusion jusqu’à l’Europe centrale et orientale. Parmi les livres sur les jardins, on trouve ainsi plus de la moitié des titres imprimés dans les pays de la Saxe et de la Thuringe. Ce n’est pas dans les États d’Allemagne du Nord, lieu des réalisations pionnières, mais à Leipzig que sont publiés les ouvrages nécessitant un investissement lourd. Christian Cay Lorenz Hirschfeld, professeur à Kiel, ne publie pas sa Theorie der Gartenkunst à Altona, comme certains de ses ouvrages, mais à Leipzig39. La Thuringe est aussi extrêmement active dans ce domaine, grâce à des éditeurs puissants. Ainsi, le périodique in-folio très richement illustré, édité par Johann Gottfried Grohmann, Ideenmagazin für Liebhaber von Gärten, est-il publié à Leipzig, puis diffusé avec une association de libraires qui s’accroît avec le temps, de Weimar, à Paris et Strasbourg40. La production scientifique des jardiniers de Herrenhausen ou de Göttingen est, en revanche, très peu représentée41. La Prusse elle-même, pourtant très visible dans les librairies en pays tchèques, grâce au dynamisme de Berlin et à la proximité de Wrocław (Breslau), participe peu à ce mouvement.
Enfin, si les textes anglais « fondateurs » du jardin paysager sont absents, la transmission de la littérature de jardin se distingue parce qu’elle est nettement associée à un phénomène connexe : l’intérêt pour l’Angleterre en général. Les bibliothèques témoignent de cette ouverture sans doute accentuée lorsque leurs propriétaires sont allés en Angleterre. On trouve nombre d’ouvrages témoignant de cet intérêt chez Johann Rudolph Czernin : des vues de propriétés anglaises par Watts42, les textes de Palladio en anglais43, et même des écrits épars sur l’Amérique44 – l’intérêt pour les récits et vues des voyages étant un des traits forts de la bibliothèque.
Autre témoin de cet intérêt, les Annalen der Brittischen Geschichte, où l’un des éditorialistes les plus lus du siècle, Johann Wilhelm Archenholz (1743-1812), avait fait paraître une nouvelle traduction de Chambers, se trouvent aujourd’hui dans plusieurs bibliothèques, dont celle de Červený Hrádek pour notre échantillon. Mais, sur les jardins proprement dit, rien qui ne soit en anglais.
Dans les domaines associés à l’art des jardins, la poésie anglaise est elle aussi présente partout avec, en tête, les textes de John Milton et Alexander Pope, ou encore les Nuits d’Edward Young. Ces auteurs sont, néanmoins, rarement détenus en anglais – sauf chez les Hartig et Czernin, qui tinrent, à l’évidence, à posséder de la poésie en langue originale. Pour la transmission des textes poétiques, cependant, les traductions françaises sont tout aussi incontournables que les traductions allemandes45.
Un corpus français incontournable
Si, dans les représentations partagées par les lecteurs, le jardin « à la française » est définitivement un objet du passé, la littérature en français, et française, sur les jardins, est deux fois mieux représentée dans les bibliothèques que celle d’Angleterre (plus de 10 % de notre corpus). Contrairement aux livres allemands, ces livres français représentent peu de titres, issus des décennies 1770 et 1780 seulement, mais ils sont régulièrement présents dans la plupart des bibliothèques.
Comme pour les livres d’architecture, les auteurs et éditeurs anglais des textes sur les jardins ont eux-mêmes reconnu le poids de la langue française pour la communication des élites européennes, en faisant paraître les plus grandes œuvres dans des éditions parallèles anglaises et françaises46. C’est le cas des textes clefs de Chambers (1772) et de Walpole (1784, 1785). Ces deux auteurs avaient, d’ailleurs, résidé en France, et restaient en contact avec des correspondants français. Le fameux traité d’architecture du maître de Chambers, Jacques François Blondel, est plus présent en Bohême que les écrits de son élève47. Bien que l’intérêt pour la langue anglaise et celui pour les jardins soient concomitants48, le premier public des livres de jardin étant la noblesse, et celle-ci employant communément le français, il était judicieux de publier en français. Ce modèle éditorial est reproduit par les éditeurs allemands. La Théorie de Hirschfeld et l’Ideenmagazin de Grohmann font l’objet d’une publication bilingue. De même, le magnifique manuel de botanique édité à Leipzig dans les années 1790, où chaque notice trilingue (allemand, anglais, français) est agrémentée en regard d’une gravure colorée, ne pouvait s’adresser qu’à une clientèle fortunée, polyglotte et cosmopolite49.
Certains historiens considèrent que le jardin anglo-chinois de Chambers eut une postérité plus grande en France qu’en Angleterre, où les concepteurs des jardins paysagers des générations postérieures s’affirmèrent contre ce style50. Si, en Europe centrale, le jardin sentimental et anglo-chinois eut aussi, dans un premier temps, un net succès, la noblesse possède inégalement les ouvrages des Français qui se sont faits les intermédiaires de la littérature anglaise51. Celui de Georges Louis Le Rouge, qui fit la publicité du style des jardins anglo-chinois et du texte de Chambers, se trouve dans peu de bibliothèques en Bohême52. La traduction par François de Paule Latapie du texte de Whately est, elle aussi, assez rare53.
Au-delà de ces travaux ponctuels de traduction, quelques ouvrages pointus pénètrent depuis la France en Europe centrale, comme le dictionnaire du médecin et botaniste Pierre Joseph Buc’hoz54. Au-delà de ces ouvrages spécialisés, assez isolés, toute une littérature française nourrit l’intérêt pour les jardins en général et les jardins modernes en particulier. Parmi les ouvrages français qui constituèrent une matrice à l’expérience individuelle des jardins paysagers, on trouve tout d’abord, dans « toutes » les bibliothèques, La Nouvelle Héloïse, qui présente un jardin idéal, épousant la nature sans la dompter, l’imitant par de fausses friches et des chemins sinueux55. Les voyageurs d’Europe centrale visitent les jardins d’Europe et les paysages alpins avec le roman de Jean-Jacques Rousseau, en mémoire ou à la main56. De même, la description du parc d’Ermenonville, bien connue, démultiplie le culte de Rousseau57. Le traité de son propriétaire, René Louis de Girardin, est répandu lui aussi58. L’île au peuplier d’Ermenonville, avec son monument à la mémoire de Rousseau, est représentée dans l’Itinéraire et constitue un de ces « modèles » prêts à l’imitation. Elle fut reproduite, par exemple, en Bohême, à Vlašim, et en Autriche, près de Vienne, dans le jardin du comte de Lacy à Neuwaldegg59. Joseph II avait, lui aussi, visité Ermenonville en 1777. Un membre de sa suite, Philipp Cobenzl, avait alors rencontré Claude Henri Watelet, dont le court traité se trouve à Kačina60. Il faut encore mentionner la célébrité du texte de l’abbé Delille, Des Jardins, présent dans toutes les bibliothèques. La réception de l’ouvrage du prince Charles Joseph de Ligne, Coup d’œil sur Bel-Œil, est enfin à la mesure de la notoriété de son auteur dans la monarchie des Habsbourg61.
Plus largement, les traités français d’esthétique du classicisme, tels celui de Charles Batteux62 ou, pour l’architecture, de l’abbé Marc Antoine Laugier63, sont connus. Ils constituent des cadres d’appréhension des réalisations architecturales que l’on trouve dans les jardins64. Les ouvrages fondamentaux, tels les traités de Vitruve, de Vignola ou d’Alberti, figurent dans les bibliothèques des grands collectionneurs65. Lorsque la comtesse de Czernin fit réaliser son portrait par Élisabeth Vigée Le Brun, elle se fit représenter en train de feuilleter l’ouvrage d’initiation à la culture grecque le plus lu de son temps, le Voyage en Grèce du jeune Anacharsis, dans une très belle édition in-4o66.
Au bout du compte, la production la plus présente dans les bibliothèques provient des centres les plus productifs des pays allemands : la Saxe et la Thuringe, qui représentent 40 % de notre échantillon, et dont la part augmente dans les années 1780 et 1790. C’est sans doute le phénomène de massification de cette diffusion qui est la particularité des transferts opérés par le livre, par rapport à ceux réalisés par les représentations graphiques et à l’exclusivisme des voyages et des réalisations effectives. Elle induit des phénomènes d’appropriation et de traduction ou de décalages qui ne sont pas seulement géographiques, mais aussi sociaux.
3. Les usages sociaux des jardins et de leurs livres
L’analyse des jardins a montré que l’imitation des jardins paysagers anglais ne s’est pas faite sans écarts, glissements et décalages par rapport à ce qu’elle considérait comme ses modèles. Les parcs implantés à partir des années 1760 dans les pays allemands sont d’un type déjà obsolète sur le sol britannique, celui du jardin sentimental, empli de fabriques d’inspiration palladienne ou néo-classique, de stations marquées d’obélisques, d’urnes, de vases et de ponts arqués. Le dépouillement du jardin paysager, s’il pénètre lui aussi, est rarement exclusif, et s’opère au gré d’agrandissements, par exemple. L’absence du message politique anti-absolutiste « whig » a, elle aussi, été soulignée, comme le sentiment d’étrangeté, voire l’incompréhension qui saisit certains observateurs étrangers face aux réalisations britanniques67. L’analyse des livres de jardin permet, quant à elle, de mettre en lumière plusieurs transformations des pratiques sociales liées aux jardins.
Les livres de jardins, objets de luxe et outils de renommée
Le premier est l’utilisation du jardin paysager et de sa représentation livresque dans des stratégies de renommée, telles qu’elles apparaissent à l’époque des lumières, et que l’on peut concevoir comme transitionnelles entre celles propres à l’Ancien Régime et celles des sociétés civiles à venir. En effet, certaines de ces publications participent d’une économie du prestige des propriétaires de jardin68.
Certes, en Angleterre, les ouvrages théoriques ou polémiques tels celui de Chambers69, l’élégie critique composée à son encontre70, ou la description de Whately71, sont de belles réalisations d’imprimerie, sobres, mais réalisées sur beau papier, à la mise en page généreuse, souvent en in-4o. Ornés de dédicaces, ces traités et ces descriptions accroissent la renommée des propriétaires de jardins72. Devant les jardins eux-mêmes, les observateurs allemands étaient particulièrement sensibles au caractère imposant, majestueux, qui force au respect du commanditaire. Les nobles ne voient aucune contradiction entre l’adoption d’un modèle de jardin réputé matérialiser l’anti-absolutisme, et son utilisation à des fins de représentation aristocratique73. Des observateurs évoquent les fêtes somptueuses organisées dans les jardins, dont l’utilisation à des fins d’ostentation est bien éloignée de la promenade sensible, individuelle ou en société restreinte74.
Nous avons dit que s’adressant à une élite, la Théorie de l’art des jardins de Hirschfeld est éditée en français et en allemand, de même que l’Ideen-Magazin de Grohmann, dont l’impression en lettres latines souligne le caractère « monumental ». Plus généralement, nous avons souvent affaire, avec le fonds des jardins, à des livres illustrés dont les gravures sont colorées chez l’éditeur, dès avant la généralisation de la lithographie. Les recueils botaniques peuvent être magnifiques, et les auteurs des gravures sont mentionnés avec soin, jaloux de leurs droits d’auteurs75.
Les livres et revues publient des descriptions de jardins existants, ou proposent à l’imitation des éléments qui en sont extraits et y sont reproduits. C’est l’objectif de la revue de Johann Gottfried Grohmann, explicité par son titre : Ideen-Magazin. Cette publicité étend la renommée des propriétaires des jardins qui ouvrent, en parallèle, leurs parcs à des visiteurs, ceux-ci inscrivant, en retour, leur estime dans des livres d’or76. Des détails des jardins de la monarchie des Habsbourg sont publiés dans l’Ideen-Magazin77, mais aussi dans des publications plus modestes, comme l’Almanach und Taschenbuch für Garten Freunde de Wilhelm Gottlieb Becker78. Comme les vers de société et les récits de voyage, les livres de jardins mettent en réseau les propriétaires. Ils travaillent à leur renommée auprès de lecteurs qui peuvent s’attendre à leur tour à figurer, un jour, dans l’un d’entre eux.
L’innovation tient à l’ouverture de la publicité opérée par l’imprimé. Les objets de l’économie de prestige traditionnelle circulaient dans les cercles restreints des cours ou des sociétés, sans être soumis à l’échange monétaire. Les livres étaient remis en main propre. La publication a longtemps paru faire déchoir celui qui en faisait l’objet, ou, pire, qui l’initiait79. Or, la figure du propriétaire est souvent mise en valeur dans les descriptions de jardins. Celle du jardin d’Ermenonville attribue au marquis de Girardin une grande initiative, plus qu’à son jardinier écossais80. De même que les jardins proposent une individuation de l’expérience émotionnelle, les descriptions publiées des jardins mettent en valeur la figure de leur auteur, la première personne qui ait été touchée par ce paysage.
À l’époque de l’ébranlement des fondements de la société d’ordres, les jardins paysagers apparaissent comme une opportunité offerte à leurs détenteurs pour affirmer la légitimité de leur position sociale, et se présenter en tant que propriétaires fonciers cultivés. Les commanditaires de ces jardins sont souvent imprégnés de physiocratie et y souscrivent, tout au moins lorsqu’elle soutient que l’agriculture est la base de la richesse. Nous avons dit que les livres de jardins étaient souvent rangés sur le rayon de l’économie rurale et domestique ; il est frappant de voir que les aristocrates, dont nous savons qu’ils ont fait faire un jardin pittoresque, se voulaient souvent à la pointe en matière d’économie rurale81. Ils sont auteurs d’instructions qui ont, parfois, été elles-mêmes publiées ; ils fondent des institutions philanthropiques, en particulier en matière d’éducation technique agricole ; ils mettent en place des mesures réputées progressistes comme la reluition de la corvée82. Le jardin est, au total, un mode d’affirmation de leur ancrage sur leur propriété et de leur aptitude à la gestion de ce bien, plus en propriétaire foncier qu’en seigneur suzerain.
Le jardin est le signe qui doit être rendu public du niveau de connaissances non héritées de son propriétaire. Cette démarche emporte facilement l’adhésion des érudits ou intellectuels des Lumières finissantes, qui se font volontiers les porte-parole de cette renommée dans leurs écrits. En Hongrie, l’écrivain et esthète Ferenc Kazinczy est un défenseur des parcs anglais83, et le jardin de Krásný Dvůr voit sa description publiée dans une revue littéraire et esthétique, éditée par un professeur de l’université de Prague84.
Livres de jardin et professionnalisation du jardin
Le second phénomène frappant, au vu de la littérature sur les jardins qu’on trouve dans les bibliothèques et chez les libraires, est la rapide croissance du nombre de titres. Le contexte concurrentiel du marché et l’enjeu économique des publications sont régulièrement mentionnés par les auteurs qui écrivent sur les jardins. C’est le cas de William Mason dans l’Épitre héroïque85 ou de William Curtis, l’auteur du fameux magazine botanique, qui s’assura que la revue lui survive afin de fournir un revenu à sa veuve86.
La multiplication des ouvrages accroît progressivement la visibilité de leurs auteurs, qui apparaissent ainsi comme un groupe professionnel, dont les contours demeurent toutefois incertains. C’est souvent au titre d’une autre fonction qu’ils sont connus. Ils sont architectes ou « maîtres d’œuvre » (Baudirektor), voire simplement régisseurs des domaines. En Europe centrale comme ailleurs, les noms de certains concepteurs ou réalisateurs de jardins sont parvenus jusqu’à nous, de même que leurs écrits. Bernhard Petri circule entre la Moravie et la Hongrie, et publie dans le Taschenbuch de Becker dans les années 179087, Johann Philip Jöndl travaille à Kačina pour Johann Rudolph Chotek, puis pour les Dietrichstein, et publie un long traité d’agriculture en 182888 ; Georg Stumpf travaille à la conception du parc de Lány pour Karl Egon Fürstenberg, et publie un traité sur l’agriculture en Bohême89. En l’absence d’établissement de formation spécialisé, les auteurs adjoignent volontiers à leur nom le jardin prestigieux dont ils ont la charge : celui d’un aristocrate, d’un souverain ou d’une société savante. Le lectorat, lui aussi, se professionnalise. Multiples sont les témoignages épars qui montrent que les régisseurs, architectes, administrateurs sont les utilisateurs réguliers des bibliothèques de leurs employeurs. Aussi les nombreux ouvrages pratiques qu’on y trouve peuvent-ils bien leur avoir été destinés90. Enfin, la multiplication des écoles de sylviculture (Forstschule) soutient la professionnalisation des concepteurs de parcs paysagers91. Elles emploient de nombreux pédagogues qui forment un nouveau public et une nouvelle communauté de lecteurs et d’auteurs.
Diversification des genres et du lectorat
L’accroissement du nombre de livres publiés s’accompagne enfin d’une diversification et d’une différenciation de leurs lecteurs grâce à l’imprimé. Les livres reflètent, tout d’abord, la fin de l’exclusivisme des jardins pittoresques. Au fil des rééditions, les formats des livres décroissent, ainsi que le nombre d’illustrations92. Les ouvrages deviennent plus succincts. Entre le premier et le dernier volume des séries ambitieuses, les frontispices disparaissent, les index viennent à manquer93. Les petits formats se multiplient ; ils permettent d’être emportés en promenade, au potager ou au jardin des fleurs. Les éditeurs ont recours, de plus en plus souvent, aux publications sérielles plus abordables ; les dictionnaires se vendent par cahier. Les ouvrages scientifiques deviennent soit pratiques, soit pédagogiques. La réduction des notices et la numérotation hiérarchisée des paragraphes en font des manuels accessibles et structurés94. Certains livres visent enfin, a priori, un lectorat élargi, comme le précise un « manuel de jardinage » de Styrie : « Notre objectif était uniquement de travailler pour la plus grande partie du peuple et non pour quelques personnes particulières »95. La culture des plantes exotiques devenues « à la mode », est expliquée pour ceux qui ne disposent pas de serre96. Le jardin fait l’objet de livres pour enfants afin qu’ils apprennent la botanique appliquée97. Certains ouvrages sont spécialement destinés aux femmes98.
Les introductions rappellent, de plus en plus souvent, l’utilité scientifique des jardins, grâce à l’innovation en matière d’essences qu’ils permettent, mais aussi par leur portée économique. Leur ouverture au public est, enfin, invoquée. Jan Quirin Jahn fait de cette ouverture l’un des objectifs de la description de Krásný Dvůr qu’il publie99. Nous disposons, d’ailleurs, des catalogues imprimés de plantes et de semences mises en vente publique et issues des pépinières associées aux jardins d’aristocrates, comme celui des Vratislav aux portes de Prague, et des Auersperg à Vlašim100.
À partir des années 1790, c’est finalement à un lectorat assez large que s’adressent des ouvrages de plus en plus nombreux : l’aristocrate ou le bourgeois, aussi bien que leur jardinier, qu’il soit apprenti ou confirmé, la ménagère aisée, le maître d’école ou le précepteur qui herborise avec ses élèves.
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Grâce à sa matérialité et aux logiques marchandes que celle-ci induit, le livre apparaît comme un média souple, propre à transmettre aussi bien le prestige aristocratique que l’idéal d’utilité publique dont est investi le jardin à la fin des Lumières. La représentation par l’imprimé participe ainsi de la construction du jardin comme cadre des utopies sociales. Le lien entre le jardin pittoresque et les Lumières peut se faire à travers une histoire des pratiques et des façons de vivre, auxquelles invitent les livres sur les jardins. Ces derniers incitent les propriétaires à s’engager sur leurs terres, à accorder leur faveur à des sociétés restreintes, à développer leur curiosité scientifique et leurs émotions face aux paysages.
Le propre des jardins anglais, de quelque style qu’ils soient, est sans doute d’avoir pu faire l’objet d’une appropriation individuelle. Le livre pouvait sembler l’instrument idéal d’une telle appropriation, à l’époque du triomphe de la lecture individuelle, et alors qu’il devenait communément accepté que ces lectures pouvaient être une source d’inspiration pour l’action. Derrière le formalisme des imitations se cache ainsi, parfois, une relation personnelle envers un espace, à laquelle le texte peut nous donner accès, et qui attend notre décryptage.
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1 Parmi l’abondante littérature sur la réception des jardins pittoresques, paysagers ou romantiques, certains ouvrages incluent dans leur perspective l’Europe centrale et orientale et les pays de la monarchie des Habsbourg : Thomas WEISS (dir.), Sir William Chambers und der Englisch-chinesische Garten in Europa, Ostfildern-Ruit bei Stuttgart, Hatje, 1997, en particulier le chapitre de Zdeněk NOVÁK, « Einflüsse William Chambers’ auf den Garten von Lednice (Eisgrub) und andere Gartenanlagen in Südmähren », p. 131-135 ; Nikolaus PEVSNER (dir.), The picturesque garden and its influence outside the British Isles, Washington D.C., Dumbarton Oaks trustees for Harvard University, 1974 ; Géza HAJÓS, Romantische Gärten der Aufklärung. Englische Landschaftskultur des 18. Jahrhunderts in und um Wien, Vienne-Cologne, Böhlau, 1989 ; Anna ZÁDOR, « The history of English garden in Hungary », Acta Historiae Artium 33, 1987-1988, p. 290-344 ; Gábor ALFÖLDY, « Lancelot “Capability” Brown’s impact on landscape design in Hungary », Garden History 44. suppl. 1, Capability Brown. Perception and response in a global context, 2016, p. 125-139 ; Marcus KÖHLER, Frühe Landschaftsgärten in Rußland und Deutschland. Johann Busch als Mentor eines neuen Stils, Berlin, Aland-Verlag, 2003 ; Gert GRÖNING et Franz BOSBACH (dir.), Landschaftsgärten des 18. und 19. Jahrhunderts. Beispiele deutsch-britischen Kulturtransfers = Landscape gardens in the 18th and 19th centuries. Examples of British-German cultural transfer, Munich, K. G. Saur, 2008.
2 Cette étude s’efforce de dresser le cadre d’une recherche consacrée au parc de Krásný Dvůr (en allemand Schönhof) et de son commanditaire, Johann Rudolph Czernin (1757-1845) : « Landscape garden and its creator. Krásný Dvůr and Jan Rudolf Černín in the context of the Bohemian and European early landscape parks », un projet financé par l’Agence tchèque pour la recherche (GAČR n° 18-07366S). Sur ce parc, voir Markéta ŠANTRŮČKOVÁ, Krajinařská tvorba Jana Rudolfa Černína. Vznik a vývoj parků v Krásném Dvoře, Jemčině, Petrohradě a Chudenicích [Les créations paysagères de Jan Rudolph Czernin. Naissance et évolution des parcs de Krásný Dvůr, Jemčina, Petrohrad et Chudenice], Prague, Karolinum, 2014.
3 Nous considérons tout d’abord la bibliothèque dont disposait le comte Johann Rudolph Czernin (1757-1845). Sa reconstitution est en cours à partir de trois sources : 1° une collection d’imprimés conservés aux côtés du fonds d’archives de la famille Czernin en République tchèque : Archives de la région de Třeboň (ci-après SOA Třeboň), à Jindřichův Hradec, Imprimés anciens ; 2° un catalogue personnel manuscrit daté de 1796 : SOA Třeboň, Jindřichův Hradec, Archives de la famille Czernin (RA Czernin), cart. 763, ff. 59-92 : « Verzeichnis der in der hochgräfl. Johann Rudolph Cžerninischen Büchersammlung befindlichen Bücher und Manuscripte 1796 », ci-après Verzeichnis 1796 ; 3° l’inventaire après décès de sa bibliothèque personnelle : ibid. cart. 414, ff. 223-232. Nous avons, à ce jour, rassemblé vingt-deux titres de livres sur les jardins.
Nous avons analysé, en outre, les bibliothèques ci-dessous, dont on trouve une description générale dans : Bernhard FABIAN (dir.), Handbuch der historischen Buchbestände in Deutschland. Digitalisiert von Günter Kükenshöner. Hildesheim, Olms Neue Medien, 2003 : http ://fabian.sub.uni-goettingen.de/fabian ?Schlossbibliotheken (vu le 14.2.2020) et dont les catalogues se trouvent au département des bibliothèques de châteaux de la Bibliothèque du Musée national, à Prague. Nous remercions son directeur, M. Mašek, pour son aide. Ci-après, les cotes des livres indiquent le nom du château et le numéro d’inventaire.
– Červený Hrádek (en allemand Rothenhaus) ; ayant appartenu à la famille Rottenhan ; Heinrich (1737-1809) est le commanditaire du jardin ; la bibliothèque compte 4421 vol., dont 1725 édités avant 1800 ;
– Kačina (Kaczin), de la famille Chotek ; Johann Rudolph (1748-1824) ; 36 659 vol., dont 22 000 édités avant 1820 ; voir à ce sujet : Eva STEJSKALOVÁ, « Knihy o anglických zahradách na zámku Kačině » [Les livres sur les jardins anglais de la bibliothèque de Kačina], dans Kamenná knihy. Sborník k romantickému historismu – Novogotice [Livre de pierre. Recueil sur l’historisme romantique – néogothique], dir. M. Mžyková, Sychrov, Zámek Sychrov, 1997, p. 222-236.
– Mimoň (Niemes), de la famille Hartig ; Franz Anton (1758-1797) ; 17 809 vol., dont 10 000 édités avant 1800 ;
– Vlašim, de la famille Auersperg ; Karl Joseph (1720-1800) et sa femme ; 3 504 vol., dont 1185 édités avant 1800.
4 À titre de comparaison, la bibliothèque du jardinier de Herrenhausen, Johann Christoph Wendland, rassemblait à sa mort, en 1828, 400 ouvrages dont un quart est aujourd’hui considéré comme relevant du rayon des jardins : Heike PALM, « Geschichte der Sammlung Königliche Gartenbibliothek Herrenhausen », dans Königliche Gartenbibliothek Herrenhausen. Eine neue Sicht auf Gärten und ihre Bücher, dir. H. Fischer, G. Ruppelt et J. Wolschke-Bulmahn, Francfort, Vittorio Klostermann, 2011, p. 19-64, spécialement p. 24 et 63.
5 Des clefs d’analyse sont livrées par Claudia LAZZARO, « Representing the social and cultural experience of Italian gardens in prints », dans The changing garden. Four centuries of European and American art, dir. B. Geraghty Fryberger, Berkeley, Iris & B. Gerald Cantor Center for Visual Arts at Stanford University, 2003, p. 29-39.
6 Michael JAKOB (dir.), Des jardins et des livres, Genève, Metis Presses-Fondation Martin Bodmer, 2018 ; Irmgard SIEBERT, Carola SPIES et Stefan SCHWEIZER, Gärten, wie sie im Buche stehen. Gartenkunsthistorische Publikationen des 16. bis 20. Jahrhunderts aus dem Bestand der Universitäts- und Landesbibliothek Düsseldorf, Düsseldorf, Universitäts- und Landesbibliothek, 2011 ; Franco GIORGETTA, Hortus librorum liber hortorum. L’idea di giardino dal XV al XX secolo attraverso le fonti a stampa. Vol. 2. Settecento, Crémone, l Polifilo, 2010. Les travaux de John Dixon HUNT sont issus d’une réflexion sur les jardins et les paysages à partir des textes. Sa démarche est explicitée dans le recueil Site, sight, insight. Essays on landscape architecture, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2016, notamment « Afterword. From literature to landscape », p. 166-171.
7 John Dixon HUNT, Garden and Grove. The Italian Renaissance garden in the English imagination : 1600-1750, Londres-Melbourne, J. M. Dent and sons, 1986, p. 186-192, analyse à ce titre les ouvrages de Stephen SWITZER, Practical Husbandman and Planter (1733) et Practical Kitchen Gardener (1727). De cet auteur, on trouve à Červený Hradek une traduction allemande de préceptes pour cultiver des légumes nouveaux : Kurze und bequeme Methode die italiänischen Brocoli […] hervorzubringen, Leipzig, bey Carl Ludwig Jacobi, 1755.
8 Marcus KÖHLER, « Friedrich Karl von Hardenberg’s (1696-1763) journeys to England and his contribution to the introduction of the English landscape garden to Germany », Garden History 25/2, 1997, p. 215, mentionne le Hausvater d’Otto von Münchhausen de 1765, qui ne se trouve pas dans notre échantillon.
9 Des ouvrages de Philip MILLER sont présents dans quatre bibliothèques sur les cinq étudiées ici, le plus souvent en allemand, mais aussi en français chez les Czernin (Dictionnaire des jardiniers, Paris, Guillot, 1785, in-4°), aujourd’hui à SOA Třeboň, Jindřichův Hradec, Imprimés anciens n° inv. 470.
10 I. SIEBERT – C. SPIES – S. SCHWEIZER, Gärten, wie sie im Buche stehen, op. cit. [n. 6], p. 14.
11 Verzeichnis 1796. Les différents rayonnages ne portent pas d’intitulé, mais seuls l’histoire et les récits de voyage, puis le droit sont soustraits à cette logique linguistique.
12 [Raoul-Adrien FRÉARD DU CASTEL], L’École du jardinier fleuriste. Verzeichnis 1796 (cote 6.6) ne donne pas d’autre indication ; peut-être s’agit-il de l’édition in-12, éditée à Paris par Panckoucke en 1764 ? Pour les ouvrages mentionnés dans ce catalogue manuscrit, les éditions sont données à titre indicatif.
13 Promenade ou itinéraire des jardins d’Ermenonville (Paris, J. Mérigot fils, 1788), Verzeichnis 1796 cote 6.5.
14 Martin HOUTTUYN, Abbildung in- und ausländischer Höltzer, so wohl von Bäumen (Amsterdam 1773 ou 1775), Verzeichnis 1796, cote 3. U[nten] 1.
15 Mentionnons, parmi d’autres, Jean-François de NEUFFORGE, Recueil élémentaire d’architecture (1re éd. in-folio 1757) ou Batty LANGLEY, Ancient masonry both in the theory and practice (London, 1736) cote 3. U[nten] 1.
16 Mimoň, cote R 67/IV intitulé « Landwirtschaft, Gartenbau und Haushaltung ».
17 Archives du Musée national, Prague, Fonds Sternberg-Manderscheid, cart. 178 (non classé) « Systematische Uebersicht der Bibliotheks-Ordnung ».
18 Nous ne disposons pas de catalogue ancien mais les livres concernant les jardins (même un ouvrage de botanique de Philip Miller par exemple) sont placés près des livres d’architecture sous la cote II.6, ou encore II.3.
19 Nous avons trouvé cette catégorie dans les catalogues de libraires pragois suivants :
– Continuatio I. universalis catalogi deutsch- und lateinischer Bücher […] in Franz. Aug. Höchenbergs Handlung, Franz Augunstin, Prag, Höchenberger, 1772, p. 14 : « Gartenbücher ».
– Allgemeines Verzeichniß der gangbaresten, ältern und neuern, lateinisch- und deutschen Bücher […], Leipzig und Prag, [Wolfgang Christian Gerle], 1779 ; le tableau de la classification non paginé place les livres de jardins (« Gartenbücher ») sous la botanique avec les sciences naturelles.
– Verzeichniß derjenigen Bücher, welche aus der Frankfurter und Leipziger Michaelismesse vom Jahr 1784 […], Prag, [Johann Nepomuk Ferdinand Schönfeld], 1785, p. 17 : « Gartenbücher ».
– Von Schönfeldsche Lesebibliothek. von Nr. 1-687. Prag im Jänner 1787 in der von Schönfeldschen Leseanstalt, [Prag, Johann Nepomuk Ferdinand Schönfeld, 1787], « Eintheilung der Bücher » p. V : la rubrique « Garten-Bau und technologische Bücher » se trouve avec l’économie.
– Verzeichniß neuer Bücher von der Leipziger Ostermesse 1799 […], Prag, Caspar Widtmann, 1799 et Verzeichniß neuer Bücher von dem Jahren 1805, 1806 und 1807 […], Nr. 17, Prag, Caspar Widtmann [1807] ; les livres de jardin (« Gartenbau ») sont placés avec l’économie domestique (« Haushaltung »), l’agriculture (« Landwirthschaft ») et la sylviculture (« Forstwesen »).
20 Ces listes apparaissent plus tôt dans les ouvrages anglais, comme Philip MILLER, The Gardeners dictionary, Londres, Printed for the author, and sold by John and James Rivington, 1748, (3 vol.), liste en fin du 1er vol. ; mais aussi Christian REICHART, Land- und Garten-Schatz, Erfurt, Heron. Ludw. Wilhelm Völker et Keysersche Buchhdlung, 1819, outre des recensions, une publicité est reliée en fin de volume.
21 Ganz vollständiges, gemeinnütziges und lehrreiches für alle Stände anpassendes, Natur- und Kunst- Gartenbuch, Grätz, Franz Xaver Miller, 1793 (Vlašim 388), « Vorerinnerungen », p. [2-3].
22 Certains sont très connus comme le Gartenkalender de Christian Cay Lorenz HIRSCHFELD édité à Altona dans les années 1780, qui se trouve dans quatre bibliothèques de notre échantillon, le Taschenbuch für Gartenfreunde de Wilhelm Gottlieb BECKER édité à Leipzig dans les années 1790 (à présent à Kačina et Mimoň), puis de Johann Gottlieb GROHMANN, Ideenmagazin für Liebhaber von Gärten, englischen Anlagen und für Besitzer von Landgütern, tomes 1-48, in-f° Leipzig, Friedrich Gotthelf Baumgärtner, 1796-1802 ; le titre français est Recueil d’idées nouvelles pour la décoration des jardins et des parcs dans le goût anglais, gothique, chinois etc. ; à partir de 1806, publié sous le titre : Neues Ideenmagazin (…). Il est le plus répandu en Bohême (mais, dans notre échantillon, à Mimoň et Kačina seulement) ; d’autres moins célèbres : Franz Adolf HEYNE, Pflanzen- Kalender oder Versuch einer Anweisung welche Pflanzen man in jedem Monat in ihrer Blüthe finden könne, Stuttgart, bey Friedrich Uebel, 1809 (Vlašim 1118).
23 G. HAJÓS, Romantische Gärten, op. cit. [n. 1], p. 63, observe que le premier compte rendu critique d’un jardin paraît en 1782 dans la revue Der Weltmann éditée par Otto von GEMMINGEN. Elle se trouve chez Czernin : Verzeichnis 1796 (cote 6. U[nten]1).
24 Sophie von SCHWERIN, « “Die Wurzel ist dick, hellgrün, gekniet fast Knollig”. Die Publikationen aus dem Berggarten als Medien der Wissensvermittlung », dans Königliche Gartenbibliothek Herrenhausen, op. cit. [n. 4], p. 181-202.
25 Par exemple, William CHAMBERS, A dissertation on oriental gardening [2e éd.], Londres, W. Griffin, T. Davies, J. Dodsley, Wilson and Nicoll, J. Walter, P. Elmsley, 1773, Préface, p. II.
26 Stephen BENDING, « Horace Walpole et l’histoire des jardins au XVIIIe siècle », dans Horace WALPOLE, Essai sur l’art des jardins modernes, Paris, Gérard Monfort éditeur, 2000, p. 1-39 ; J. D. HUNT, Garden and Grove, op. cit. [n. 7], p. 180.
27 M. KÖHLER, « Friedrich Karl von Hardenberg’s », art. cit. [n. 8], p. 215, cite la traduction allemande (1750) du dictionnaire de Philip Miller.
28 J. DEUTER, « Die Rezeption von Sir William Chambers in Dänemark und Nordwestdeutschland », dans Th. WEISS, Sir William Chambers, op. cit. [n. 1], p. 103-119, p. 109.
29 Parmi d’autres exemples, mentionnons Wilhelm BEYER, Die neue Muse oder der Nationalgarten den akademischen Gesellschaften vorgelegt, Wien, Trattner, 1784 ; Ganz vollständiges, op. cit. [n. 21], « Vorerinnerung », p. [2]. « Entwurf zu einem Nationalgarten », dans Wilhelm Gottlieb BECKER, Almanach und Taschenbuch für Garten Freunde, Leipzig, Voß, 1798, p. 183-199.
30 Thomas WHATELY – François de Paule LATAPIE (trad.), L’Art de former les jardins modernes ou l’art des jardins anglais, Saint Pierre de Salerne, Gérard Monfort éditeur, 2005, p. 4 (d’après l’édition de 1771). Le texte de Whately ne se trouve pas dans notre échantillon, seulement en allemand dans deux bibliothèques hors de notre corpus : Betrachtungen über das heutige Gartenwesen, Leipzig, Johann Friedrich Junius, 1771.
31 T. WHATELY – F. LATAPIE (trad.), L’Art de former, op. cit. [n. 30], p. 21.
32 25 occurrences, environ, dans les fonds des bibliothèques de château des pays tchèques d’après le catalogue collectif de la République tchèque www.caslin.cz. Pierre ROUSSEAU (dir.), Journal encyclopédique, Liège, 1756-1760, puis Bouillon, 1760-1793.
33 A dissertation on oriental Gardening to which is annexed an explanatory discourse, Londres, William Griffin, 1773 (Kačina 1772) et en allemand : Über die orientalische Gartenkulutur. Eine Abhandlung aus dem Englischen, Gotha, 1775 (Kačina 8602).
34 William MASON, The English Garden, in four books, York, printed by A. Ward, 1783 (Kačina 649).
35 Joseph HEELY, Briefe über die Schönheiten von Hagley, Envil, und den Leasowes, Leipzig, Schwikert, 1779 (Kačina 7889).
36 Ivo CERMAN, Chotkové. Příběh úřednické šlechty [Les Chotek. Histoire de la noblesse d’offices], Prague, Nakladatelství Lidové noviny, 2008, p. 352-353.
37 Vingt éditions du guide de Stowe par Benton Seeley parues entre 1744 et 1800 ont pu être recensées : Jocelyn ANDERSON, Touring and publicizing England’s country houses in the long eighteenth century, New York-Londres-Oxford [et al.], Bloomsbury Academic, 2018, p. 160.
38 Jörg DEUTER, « Die Rezeption », art. cit. [n. 28].
39 Christian Cay Lorenz HIRSCHFELD, Theorie der Gartenkunst, 5 vol in-4°, Leipzig, les héritiers de M. G. Weidman et Reich, 1779-1785. Le titre français est Théorie de l’art des jardins.
40 J. G. GROHMANN, Ideenmagazin, op. cit. [n. 22].
41 Parmi les ouvrages du botaniste de Hanovre Friedrich Ehrhart (1742-1795) ou de son successeur Johann Cristoph WENDLAND (1755-1828), on trouve seulement de ce dernier, associé au directeur du jardin botanique de l’université de Göttingen, Heinrich Adolf SCHRADER, Sertum Hannoveranum seu plantae rariores quae in hortis regiis Hannoverae vicinis coluntur, Göttingen, Vandenhoek & Ruprecht, 1795-1798, dans la bibliothèque de Kačina. Le caractère scientifique pointu des publications issues de Hanovre pourrait expliquer leur absence : S. von SCHWERIN, « “Die Wurzel ist dick…” », art. cit. [n. 24], p. 181-201.
42 William WATTS, The seats of the nobility and gentry (1779). Le catalogue de 1796 (cote 7.U1) donne pour titre « Views ».
43 Andrea Palladio ; Giacomo Leoni, The architecture of Palladio Revis’d, design’d and publish’d, London, printed by John Darby, for the author, 1721 (1re éd. 1715-1720).
44 Hector SAINT-JOHN CRÈVECOEUR, Lettres d’un cultivateur Américain (Paris, Cuchet, 1787), ou Giovanni Rinaldo CARLI, Lettres américaines (Boston et Paris, Buisson, 1788).
45 Dans la bibliothèque de Mimoň, se trouvent deux fois plus de traductions françaises qu’allemandes (Claire MADL, « Tous les goûts à la fois ». Les engagements d’un aristocrate de Bohême, Genève, Droz, 2013, p. 126-127).
46 C’était le cas de l’édition d’architecture : Olga MEDVEDKOVA, « L’édition des livres d’architectures en français dans l’Angleterre du XVIIIe siècle », dans Nicolas Ledoux et le livre d’architecture français. Étienne-Louis Boullée, l’utopie et la poésie de l’art, Paris, Éditions du Patrimoine, 2006, p. 72-85.
47 Jacques François BLONDEL, De la distribution des maisons de plaisance et de la décoration des édifices en général, Paris, Charles-Antoine Jombert, 1737. Czernin le possède : SOA Třeboň, Jindřichův Hradec, Imprimés anciens, n° inv. 8. Les ouvrages français sur les jardins de cette période plus ancienne sont aussi présents dans les bibliothèques.
48 Pour une chronologie des manifestations de l’anglophilie dans les pays allemands (voyages, importation et traduction de livres, apprentissage de l’anglais), voir Jennifer WILLENBERG, Distribution und Übersetzung englischen Schrifttums im Deutschland des 18. Jahrhunderts, Munich, K. G. Saur, 2008.
49 Johann Friedrich Peter DREVES [et al.], Botanisches Bilderbuch für die Jugend und Freunde der Pflanzenkunde, Leipzig, Voß u. Compagnie, 1794-1803 (Mimoň 3450).
50 Janine BARRIER, William Chambers. Une architecture empreinte de culture française. Suivi de Correspondance avec la France, Paris, Presses de l’université Paris-Sorbonne, 2010, p. 179-184.
51 Monique MOSSER, « William Chambers und der Jardin anglo-chinois in Frankreich », dans Th. WEISS (dir.), Sir William Chambers, op. cit. [n. 1], p. 163-167.
52 Georges Louis LE ROUGE, Jardins anglo-chinois ou détails des nouveaux jardins à la mode, édité à Paris par Le Rouge lui-même. Dans notre échantillon, seul le cahier de 1776 se trouve à Kačina (cote : 10775). Deux autres occurrences seulement ont été repérées en République tchèque.
53 Cf. note 30.
54 Pierre Joseph BUC’HOZ, Dictionnaire universel des plantes, arbres et arbustes de la France, Paris, Lacombe, 1770 (SOA Třeboň, Jindřichův Hradec, Imprimés anciens n° inv. 518).
55 G. HAJÓS, Romantische Gärten, op. cit. [n. 1], p. 39 à 43.
56 Franz HARTIG, Lettres sur la France, l’Angleterre et l’Italie, Genève [i.e. Liège, Desoer], 1785, p. 140, 147-149, Hartig visite le parc de Ripaille.
57 Promenade ou itinéraire des jardins d’Ermenonville, op. cit. [n. 13], Verzeichnis 1796, cote 6.5 ; à Mimoň en anglais (cote 1265) : A tour to Ermenonville, Londres, T. Beckett, 1782.
58 De la composition des paysages ou des moyens d’embellir la nature autour des habitations, en joignant l’agréable à l’utile, (Mimoň 3775, pour l’édition de Paris 1777, et à Kačina 8016, pour l’édition de Genève 1777) ; plusieurs exemplaires en allemand sont conservés hors de notre échantillon.
59 Friedrich NICOLAI, Beschreibung einer Reise durch Deutschland und die Schweiz, im Jahre 1781. Nebst Bemerkungen über Gelehrsamkeit, Industrie, Religion und Sitten, vol. 3, Berlin-Stettin, [Nicolai], 1784, p. 109.
60 Claude Henri WATELET, Essai sur les jardins, Paris, Prault, 1774 (Kačina 7731).
61 Seule l’édition de 1795, réalisée par Walther à Dresde, qui porte l’adresse du jardin de Ligne à cette époque (Leopoldberg, Vienne) se trouve à Kačina (7887) et Mimoň (3243).
62 Une dizaine d’exemplaires de ses écrits se trouvent dans les bibliothèques en pays tchèques, en français et en allemand, entre autres dans les éditions tardives de Trattner à Vienne : Charles BATTEUX, Einleitung in die schönen Wissenschaften, Wien, Trattner, 1770-1771 (Červený Hrádek 252, 259, 2498).
63 Marc Antoine LAUGIER, Essai sur l’architecture, Paris, Duchesne, 1755 (1re éd. 1753), trois occurrences en français (dont Kačina 5350) et une en allemand (Francfort et Leipzig, Fischer, 1758), hors de notre échantillon.
64 Taťána PETRASOVÁ, « “Bez čínsých zpotvořenin” Diskuse o Chambersovi v Čechách ? » [« Sans bizarreries chinoises ». Une discussion sur Chambers en Bohême ?], dans Cizí, jiné, exotické v české kultuře 19. století. Sborník příspěvků z 27. ročníku sympozia k problematice 19. století [L’Étranger, le singulier, l’exotique dans la culture tchèque du XIXe siècle. Actes du 27e colloque sur le XIXe siècle], Prague, Academia-Koniáš Latin Press, 2008, p. 413-422.
65 Chez Czernin, on trouve peut-être cette édition : Jakob BAROZZI VON VIGNOLA, Bürgerliche Baukunst nach den Grundregeln der fünf Säulenordnung, Nürnberg, bei Adam Gottlieb Schneider und C. Weigel, 1793 ; Verzeichnis 1796 sous la cote 6.6. L’archittetura di Leon Battista Alberti 1565 in-4° (la page de titre manque, il pourrait s’agir de l’édition Venise, F. Franceschi), SOA Třeboň, Jindřichův Hradec, Imprimés anciens n° inv. 400.
66 Élisabeth VIGÉE LE BRUN, portrait de Maria Theresa Czernin, 1793, Musée de Brooklyn.
67 Jörg DEUTER, « Die Rezeption von Sir William Chambers in Dänemark und Nordwestdeutschland », dans Th. WEISS, Sir William Chambers, op. cit. [n. 1], p. 103-119, p. 106.
68 Elizabeth S. EUSTIS, « The garden print as propaganda, 1573-1683 », dans The changing garden, op. cit. [n. 5], p. 41-51.
69 William CHAMBERS, A dissertation on oriental gardening, Londres, W. Griffin, T. Davies, J. Dodsley, Wilson and Nicoll, J. Walter, P. Elmsley, 1772, in-4°.
70 William MASON, An heroic epistle to Sir Willam Chambers […], Londres printed for J. Almon, 1773, in-4°.
71 ID., The English garden. A poem, Londres-York, R. Horsefield, T. Cadell ; G. Riley [et al.], 1772, in-4°.
72 Thomas MAURICE, Hagley a descriptive poem, Oxford, [Maurice], 1776.
73 Wolfgang SCHEPERS, Hirschfelds Theorie der Gartenkunst 1779-1785, Worms, Wernersche Verlagsgesellschaft, 1980, p. 11.
74 Brian KNOX, « The arrival of the English landscape garden in Poland and Bohemia », dans The Picturesque Garden, op. cit. [n. 1], p. 104-105, signale les témoignages sur les fêtes organisées dans les jardins de Kazimierz Poniatowski à Ksążęce.
75 William CURTIS, The botanical magazine, or Flower garden displayed, Londres, Stephen Couchman, 1801. Dans la préface non paginée, il est précisé que l’excellence des dessins leur a valu d’être repris comme décor de porcelaine. Chaque planche indique, outre le nom des dessinateurs et graveurs (S. Edwards del. E. Sansom sculp.), l’éditeur sous forme de « copyright » : « Pub. by W. Curtis St Geo. Crescent », suivi d’une date précise.
76 Charles Joseph de LIGNE a publié dans les Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires, Leopoldsberg Vienne et Dresde, Walther, 1801, les vers composés après sa visite de Krásný Dvůr chez Czernin (t. 21, p. 196-197) et de Veltrusy chez Chotek (t. 22, p. 284-285). Ces textes ont été réédités en 1806. Les informations sont tirées de ID., « Dans le livre de Schönhof où écrivent ceux qui y vont » et « A Sidonienwald, où le comte Chotek a créé tout ce que je dis ici dans ces vers », dans Coup d’œil sur Beloeil. Écrits sur les jardins et l’urbanisme, dir. J. Vercruysse et B. Guy, Paris, Honoré Champion, 2004, p. 88-92, 533-534.
77 J. G. GROHMANN, Ideenmagazin, op. cit. [n. 22], 1802, cahiers 35, pl. VII, 36 pl. VIII et 37 pl. VIII. La liste complète est donnée par M. ŠANTRŮČKOVÁ, Krajinařská tvorba, op. cit. [n. 2], p. 16-17.
78 Leipzig, Voß, 1795-1798. On y trouve non seulement une description du parc des Czernin à Krásný Dvůr dans le volume de 1796, p. 1-28, mais aussi une dédicace à J. R. Czernin en 1799. Le volume de 1798 livre des descriptions de jardins hongrois par l’architecte des jardins Bernhard Petri (1768-1853), celui de Hédérvar du comte Viczay, p. 75-93, puis celui de Ráré, p. 94-101.
79 Caroline CALLARD, « Publier la réputation. La folie d’un Florentin », dans De la Publication. Entre Renaissance et Lumières, dir. Chr. Jouhaud et A. Viala, Paris, Fayard, 2002, p. 177-191.
80 Promenade ou itinéraire des jardins d’Ermenonville, op. cit. [n. 13], par exemple, p. 13.
81 Ce trait est présent en Angleterre : Robert WILLIAMS, « Rural economy and the Antique in the English Landscape Garden », Journal of Garden History 7/1, 1987, p. 73-96. En ce qui concerne notre échantillon, sur l’activité de Johann Rudolph Chotek, voir I. CERMAN, Chotkové, op. cit. [n. 36], p. 354-359 ; et celle de Franz Anton Hartig : Cl. MADL, « Tous les goûts à la fois », op. cit. [n. 45], chapitre VII.
82 Transformation des corvées en redevances.
83 Anna ZÁDOR, « The English garden in Hungary », dans The Picturesque Garden, op. cit. [n. 1], p. 85, cite une lettre de 1806 de Ferenc KAZINCZY, János VÁCZY (éd.), Levelezése. IV [Correspondance], Budapest, Kiadja a magyar Tudományos akadémia, 1893, p. 317 : « It is essential that people in Hungary should know what the English Garden means in taste and theory. It is supposed, here, that it means only coarse irregularity, whereas an English Garden requires more rules and care than the decorative Formal Garden. »
84 Jan Quirin JAHN, « Gefühle bei Besuchung des Schönhofer Gartens », Apollo, (dir. August Gottlieb Meissner), vol. 3 (oct. 1797), p. 173-190 et nov. 1797, p. 193-222.
85 W. MASON, An heroic epistle, op. cit. [n. 70].
86 William CURTIS, The botanical magazine. Or flower-garden displayed, Londres, Printed by Stephen Couchman, 1801, préface n. p.
87 Sur l’activité de B. Petri à Lednice, Z. NOVÁK, « Einflüsse William Chambers’ », art. cit. [n. 1], p. 133 ; en Hongrie : A. ZÁDOR, « The English Garden in Hungary », art. cit. [n. 83], p. 82, livre de nombreux autres noms. Petri publie des descriptions de jardins dans Wilhelm Gottlieb BECKER, Taschenbuch für Garten-Freunde, Leipzig, Voß, 1795, p. 75-101.
88 Johann Philip JÖNDL, Die landwirtschaftliche Baukunst (3 t.), Prag, G. Schönfeld, 1826-1829. Jöndl avait travaillé à Kačina pour J. R. Chotek.
89 Georg STUMPF, Nachrichten und Bemerkungen über die Landwirthschaft Böhmens, Prag, Johann Joseph Diesbach, 1787.
90 Pour l’activité de Stumpf chez Fürstenberg : Cl. MADL, « Tous les goûts à la fois », op. cit. [n. 45], p. 259-260.
91 A. ZÁDOR, « The history of English garden in Hungary », art. cit. [n. 1], p. 293-294.
92 Dans notre échantillon : la cinquième édition de Thomas WHATELY, Observation on modern gardening, London, 1793 est un in-8°, alors que l’originale est un in-4° ; Le dictionnaire de Philip Miller est publié en allemand in-folio par Lochner et Mayer à Nuremberg en 1750, alors qu’à la même date, les éditeurs londoniens passent du folio à l’in-8°. En France, la traduction faite à partir de la huitième édition, paraît, en revanche, en 1785, chez Guillot à Paris dans un très bel in-4°. C’est cette dernière qui est chez Czernin (SOA Třeboň, Jindřichův Hradec, Imprimés anciens n° inv. 470).
93 J. F. P. DREVES [et al.], Botanisches Bilderbuch, op. cit. [n. 50].
94 Ganz vollständiges, op. cit. [n. 21].
95 Ibid., « Vorerinnerung », p. [3] : « […] unsre Absicht eigentlich nur dahin ging, für den größern Theil des Volks, und nicht für einzelne Privatpersonen, zu arbeiten. »
96 Friedrich Gottlieb DIETRICH, Der Wintergärtner oder Anweisung die beliebtesten Modeblumen und mehrere ausländische zur Zierde der Gärten dienende Gewächse, ohne Treib, und Glashäuser, in Zimmern, Kellern und andern Behältern zu überwintern Weimar, Gädicke, 1803 (Vlašim 1105).
97 J. F. P. DREVES [et al.], Botanisches Bilderbuch, op. cit. [n. 50].
98 Le magazine de Curtis a ainsi donné lieu à une traduction dont le titre explicite l’objectif : August J. G. K. BATSCH, Der geöffnete Blumengarten theils nach d. Engl. v. Curtis Botanical Magazine neu bearb., theils mit neuen Originalien bereichert u. f. Frauenzimmer u. Pflanzenliebhaber, die keine Gelehrten sind. Weimar, Industrie-Comptoir, 1796-1798. On en trouve la 2e édition (Weimar 1802) à Vlašim (cote 1385).
99 J. Q. Jahn, « Gefühle », art. cit. [n. 84].
100 Verzeichniß der sämmtlichen Treib- und Glashaus- Pflanzen, exotischen Gehölze, wie auch im Freyen ausdaurenden Staudengewächse und Sämereyen, welche zu haben sind bey dem fürstlichen Hofgärtner Anton Hoborsky zu Wlachim, im Königreiche Böhmen, Prag, Sommer, 1814 ; Adam SCHMID, Obstbäume zu verkaufen. In dem […] gräflich Wratislawschen Garten hier am Smichow (…) [feuille imprimée non datée], Archives de la région de Litoměřice, Fonds de la famille Hartig, n° inv. 138, cart. 13.