Le livre italien dans l’édition lorraine du premier XVIIe siècle
L’art bibliographique appliqué aux œuvres imprimées ou manuscrites de la première modernité constitue sans aucun doute un des plus importants outils de l’historien de la spiritualité ou de la littérature, en ce qu’il permet de dresser « le catalogue d’une bibliothèque introuvable, et qui n’a sans doute pas existé », puisque les livres « ne seront jamais tous réunis sur un même rayon. Ceux qui nous demeurent aujourd’hui sont fort dispersés. Certaines éditions ne sont plus attestées que par un exemplaire. Leur recensement présente donc un intérêt bibliographique à une époque comme la nôtre, où la recherche des livres anciens prend de plus en plus un caractère exhaustif et rigoureux », comme le soulignait Alain Cullière en 19851. La littérature exogène publiée dans la Lorraine de la première modernité se prête particulièrement bien à ce genre d’exercice et s’avère riche d’enseignements. L’enquête, menée pour l’Espagne2 et pour les Pays-Bas méridionaux3, a montré combien la Lorraine du temps de Charles III et d’Henri II a été soumise à des influences culturelles diverses, qui ont eu des conséquences sur la spiritualité, l’art, la philosophie politique et les relations diplomatiques.
C’est dans la seconde moitié du xvie siècle que l’art typographique, après quelques décennies d’hésitations, de tentatives non pérennes et de difficultés économiques – sauf à Metz – s’installe durablement en Lorraine, à Verdun (1545), à Toul (1551), à Saint-Nicolas-de-Port (1559), à Nancy (1572), à Pont-à-Mousson (1580), enfin à Saint-Mihiel (1611) et à Épinal (1616). Les commandes des institutions municipales, épiscopales, scolaires et judiciaires, ainsi qu’une demande grandissante des élites urbaines, permettent aux ateliers de se multiplier et de prospérer. La guerre de Trente Ans met un coup d’arrêt à cette prospérité, qui ne reprendra qu’au xviiie siècle4. Les décennies 1580-1630 peuvent donc à bon droit être considérées comme les belles années de l’édition régionale de la première modernité lorraine.
Une exploration des œuvres italiennes, ou relatives à l’Italie, publiées en Lorraine à cette période est intéressante à plus d’un titre. Au-delà du charme du recensement bibliographique, elle permet de replacer à leur juste proportion le jeu des influences parisienne, méditerranéenne et septentrionale, supposées concurrentes en Lorraine. Elle permet en second lieu de verser de nouveaux éléments au dossier de la diffusion du livre italien dans l’aire francophone, déjà très fourni5, mais auquel il manque la Lorraine. Or, ce territoire présente des caractères particuliers par rapport à Paris, à Lyon, à la Normandie ou aux Pays-Bas méridionaux. Il appartient d’abord à ce semis de petits États tout au long de l’Europe médiane, entre la mer du Nord et la Lombardie, qui ont noué entre eux des liens politiques et culturels forts ; sa vie littéraire est largement occupée par les auteurs autochtones6, l’influence française y est longtemps prédominante, et l’équipement typographique est tardif. Dans ce contexte, l’étude de la présence du livre italien dans la Lorraine ducale et évêchoise avant la guerre de Trente Ans et la recomposition géopolitique et diplomatique qui a accouché d’une nouvelle Europe en Westphalie en 1648 permet de saisir comment le livre, marchandise inscrite dans une économie à la fois locale et internationale et ferment culturel instrumentalisé par les pouvoirs civils et ecclésiastiques, fait l’objet d’explorations complexes. L’examen de l’offre éditoriale locale permet de déterminer, dans l’offre gigantesque née de l’humanisme chrétien et de la Réforme catholique7, les titres susceptibles de trouver un public en Lorraine et sur les marchés économiques où la Lorraine est active, dans les Pays-Bas et en France notamment. C’est le rayonnement de l’Italie qui peut être ainsi mesuré, moyennant toutes les adaptations que permet la traduction, qui procède parfois davantage de la réécriture que d’un esprit de fidélité au texte original8, en présupposant que la production typographique est plus à même de rendre compte des influences culturelles dans leur dimension économique que les indices concernant la lecture, du reste rares pour cette période. Il paraît par ailleurs évident que les Lorrains ont eu accès à un bien plus grand nombre de livres, dans les boutiques de libraires, que ce qui se publiait dans les officines locales.
Les sources sont nombreuses. Outre les exemplaires subsistants, recensés par d’utiles bibliographies9, il est pertinent de se tourner vers les catalogues des anciennes bibliothèques de Lorraine dressés antérieurement à la destruction massive des petits volumes bon marché du début du xviie siècle. Parmi ces catalogues, nous avons principalement dépouillé ceux des couvents mendiants10 en considérant que les frères dominicains, franciscains, carmes, minimes et augustins constituaient, avec les laïcs dévots, le public privilégié de ces ouvrages au moment de leur parution. Le travail en vaut la peine, car un quart des textes en provenance d’Italie imprimés en Lorraine nous ont été signalés par ces catalogues anciens, et pour la quasi-totalité d’entre eux, il ne subsiste plus d’exemplaire.
1. État des lieux
Deux critères ont permis de délimiter l’ensemble éditorial à caractère italianisant. En premier lieu, celui de la langue qui a servi de support à la traduction, et non pas la nationalité de l’auteur même si dans la majorité des cas, ces deux notions se confondent. Gaspar Loarte (†1578), ainsi, est un Espagnol entré dans la Compagnie de Jésus en 1552. Il a vécu la majorité de son apostolat en Italie, comme recteur de Gênes et de Messine11 et c’est en italien ou en latin qu’il a écrit ses principaux ouvrages théologiques. Son Traité des saincts pèlerinages (Nancy, J. Savine, 1614) est traduit de l’italien par le dominicain toulois Eliphe Poirel. La vie du bienheureux Père Ignace de Loyola, fondateur de la religion de la Compagnie de Jésus de Pedro de Ribadeneyra (Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1608) a été traduite de la version italienne, et non pas de la première édition espagnole et nous l’avons donc retenue12, alors que les Fleurs des vies des saincts (Saint-Mihiel, F. Du Bois, 1613) du même auteur ont été traduites de l’espagnol par René Gaultier. Du reste, la carrière internationale de Ribadeneyra (1527‑1611), qui séjourna de nombreuses années en Sicile et en Italie, où il fut provincial d’Étrurie, Commissaire en Sicile, supérieur des maisons de Rome puis envoyé en Belgique pour y introduire la Compagnie, invite à prendre en compte le long versant italien de sa vie13. Le second critère, quantitativement moins opérant, est celui du sujet du livre et de son rapport à l’Italie. Nous avons conservé les vies que le même Ribadeneyra a consacrées à Louis de Gonzague14 et à François de Borgia15 car elles font la promotion de deux figures italiennes majeures de la Compagnie de Jésus au xvie siècle.
En se fondant sur ces critères, on compte quarante-huit livres sortis des presses lorraines entre 1596 et 1631. Le choix de la guerre de Trente Ans comme césure paraît pertinent car au-delà de l’entrée en guerre des duchés dans le conflit européen, on ne trouve plus que deux textes en provenance d’Italie16. Si l’on considère que les presses lorraines ont accouché à la même période de trois cents livres, le livre italien représente 16 % de cette production. C’est très supérieur à ce que l’on constate pour le livre flamand (5 %) et espagnol (9 %). À l’échelle des deux principales villes où s’édite et s’imprime le livre italien, Toul et Pont-à-Mousson, ces chiffres sont plus éloquents encore. Dans la cité épiscopale, il représente 25 % de la production sur la même période, et 36 % de la production de livres religieux. À Pont-à-Mousson, ces deux proportions sont respectivement de 8,5 % et 18 %. Ces chiffres, rapportés à ce que Renaud Adam et Nicole Bingen ont observé dans les pays wallons à la même période, sont considérables, puisque dans cette partie septentrionale de l’Europe francophone, le livre italien représente 4 % de la production éditoriale globale et 20 % de la production de livres religieux17, principale raison d’être des presses dans l’Europe catholique avec les travaux de ville.
Les deux tiers de ces livres sont en français, et l’autre tiers en latin, à quoi il faut ajouter une édition en italien, quelque peu douteuse18. On a donc affaire à une opération de diffusion de la littérature italienne auprès d’un public cultivé mais pas nécessairement savant. Du reste, la maîtrise de la langue italienne, dans le premier tiers du xviie siècle en Lorraine, reste confinée à quelques personnages de la cour, et à quelques réguliers appelés à se déplacer entre provinces italiennes et provinces francophones. L’emploi du français et du latin a toutefois permis de disséminer à travers toute l’Europe une bonne part de ce qui s’écrivait dans la péninsule et partant, d’imposer dans le panthéon des penseurs et auteurs de la Réforme catholique quelques écrivains et genres nouveaux venus d’Italie.
2. Auteurs et thèmes
La quasi-totalité des ouvrages (46 sur 48) relèvent en effet du genre théologique ou spirituel, si l’on excepte deux ouvrages utiles aux études littéraires19. Trois groupes peuvent être distingués. En premier lieu, les livres de spiritualité et la littérature de formation pour les laïcs (24 titres), qui forment la moitié des textes en provenance d’Italie. C’est le cas, par exemple, d’une traduction française, inconnue à ce jour dans les fonds des bibliothèques publiques, des Stimuli virtutum adolescentiae christianae dicati libri de Guglielmo Baldesano (1545-1611), chanoine turinois, et mise au goût jésuite par Bernardino Rossignolo pour s’adapter aux exigences de formation spirituelle des jeunes gens des sodalités à proximité des collèges de la Compagnie20. Cet ouvrage, imprimé à Pont-à-Mousson, vient compléter toute une littérature du même genre, en provenance des Flandres ou de Paris, et fortement diffusée dans toute la Lorraine. En second lieu, une douzaine de titres concerne la vie cléricale, avec des manuels pour le cloître et des textes pratiques pour les curés, comme le traité en latin que le capucin François de Coriolan a consacré aux cas réservés pour répondre aux nouvelles règlementations romaines et épiscopales quant à l’accord d’absolution selon la gravité des péchés confessés21. Au même moment, en effet, les statuts synodaux publiés périodiquement par les évêques lorrains, à Metz et à Toul surtout, n’oublient jamais de repréciser aux curés la teneur exacte de ces cas réservés. Enfin, neuf titres sont consacrés à l’ancrage historique du catholicisme rénové, avec des récits hagiographiques, des récits de mission ou l’évocation de lieux sacrés. C’est ce qu’entreprend Melchior Bernard à Pont-à-Mousson en 1614 avec la publication de l’histoire du sanctuaire de Lorette écrite par Orazio Torsellini22, et publiée pour la première fois à Rome en 1597.
Par rapport aux autres régions, et notamment ce que décrit le précieux répertoire des livres italiens publiés dans les pays wallons, le tableau éditorial lorrain n’est guère original ; la plupart des auteurs publiés en Lorraine connaissent le même succès ailleurs, tels Vincenzo Bruno ou Alexis de Salo. C’est plutôt du côté des absents que l’on décèle une singularité lorraine : des textes qui se vendent bien ailleurs et qui auraient pu attirer l’attention des typographes lorrains. C’est particulièrement sensible dans le domaine de la prédication franciscaine, qui connaît un renouvellement spectaculaire dans l’Italie du dernier tiers du xvie siècle, avec Cornelius Musso et Francesco Panigarole23. Ces deux auteurs sont abondamment publiés à Lyon ou en Flandres, ainsi qu’à Paris, mais non en Lorraine, où on ne trouve en la matière que le traité pratique de François de Borgia24 et les sermons de Gabriele Inchino, chanoine de Latran25. De même, sur la question du sacerdoce pourtant bien revalorisé en Lorraine sous les épiscopats de Nicolas Psaume à Verdun, du cardinal de Lorraine ou d’Anne d’Escars de Givry à Metz et de Jean des Porcelets à Toul, le modèle borroméen n’est guère utilisé, alors que bien des auteurs italiens forgent sur la mémoire du cardinal de Milan d’innombrables textes ensuite diffusés, après traduction, dans l’espace francophone26. Dans le domaine de la piété, on ne trouve nulle trace de certains auteurs phares, imprimés dans toutes les grandes villes catholiques du début du xviie siècle, tel Lorenzo Scupoli, dont le Combat spirituel est recommandé partout, chez les clercs comme chez les laïcs. Matteo Bellintani, abondamment publié – et lu, d’après les témoignages hagiographiques – dans les Flandres au début du xviie siècle, véritable fondateur d’une école de méditation capucine, n’est pas publié en Lorraine27.
Bien sûr, ces ouvrages ont été importés en Lorraine ; mais les typographes lorrains, dans le vaste réservoir de textes spirituels venus d’Italie, sont obligés de faire des choix, pour ne pas fragiliser leur activité. Ils doivent donc chercher des textes qui soient à la fois des valeurs sûres, pour s’écouler rapidement, et assez rares pour que leur publication ne soit pas immédiatement concurrencée par les livres imprimés en France et dans les Pays-Bas méridionaux qui envahissent les officines des libraires. Il faut tenir compte, enfin, de l’incitation des institutions politiques et ecclésiastiques. C’est peu de dire qu’entre la fin du xvie siècle et la guerre de Trente Ans, jésuites et capucins ont l’oreille des pouvoirs politiques et épiscopaux et partant, leur bienveillance. Les typographes prennent donc peu de risques en publiant de préférence les textes d’auteurs issus de ces deux ordres religieux. On doit aux jésuites l’écriture de 29 titres sur les 48 de ce corpus. La spiritualité jésuite est extrêmement bien reçue dans la Lorraine du premier xviie siècle, dépassant largement les espérances des élites cléricales qui ont tout fait pour favoriser cette école de spiritualité et de formation intérieure. Grâce aux typographes lorrains, le public a accès aux récits de missions et d’exploration des terres lointaines comme celui d’Antonio de Andrade (1580-1634) pour le Tibet en 162828 ; les prêtres peuvent compter sur les manuels de confesseurs écrits par Francesco Toledo (1532-1596)29 ou Martino Fornari (1547-1612)30, éminent spécialiste de la question puisqu’il enseigna la théologie morale à Padoue, Naples et Rome pendant vingt-quatre ans ; les fidèles peuvent méditer à partir des textes de Vincenzo Bruno (1532-1594) sur la Passion ou la Vierge Marie31.
Les franciscains constituent l’autre cohorte d’auteurs sollicitée par les typographes lorrains. Outre le capucin Alexis de Salo (1558-1628)32, diffusé dans tout l’espace francophone au départ des presses flamandes, parisiennes, rouennaises et lorraines, il faut citer Giacinto de Casale (1575-1627), personnage dont les liens avec la Lorraine mériteraient d’être explicités. Signalé parfois comme l’un des premiers gardiens du couvent de Ligny-en-Barrois fondé en 158333, ce qui est invraisemblable compte tenu du très jeune âge (seize ans) qu’aurait eu alors le capucin, il pourrait tout de même avoir un lien avec les premières fondations de l’ordre en Lorraine. Entré chez les capucins en 1601, prédicateur réputé en Italie comme à la cour de Bruxelles, juriste éminent, diplomate chargé de missions en Espagne, en France, puis dans l’Empire au début de la guerre de Trente Ans, il est proche du Père Joseph et dévoué à la monarchie française34. Or, c’est bien à une colonie de religieux italiens que l’on doit la fondation des premiers couvents lorrains dans le dernier quart du xvie siècle. Parmi eux se trouve Julien de Camerino, influent auprès des élites lorraines, et actif au couvent de Verdun où il mourra. Honoré de Paris, premier provincial de Lorraine, est passé par l’Italie avant son ordination. C’est dire si les liens entre Lorraine et Italie, sous la surveillance de Paris, sont alors importants. Simon Saint-Martel, typographe toulois, y est sensible, qui publie de Giacinto de Casale ses sermons prononcés à Milan en 1613 à l’occasion des Quarante-Heures, et son traité sur les devoirs d’états, peut-être à la demande des religieux de la ville35.
Ces auteurs concourent à diffuser en Lorraine une spiritualité proprement franciscaine. C’est particulièrement vrai pour Alexis de Salo, prédicateur et auteur de manuels de piété promouvant la dévotion à la Passion et à la Vierge. Sa Méthode […] pour aymer la Vierge insiste sur le parallèle entre François et la Vierge et accorde aux deux saints le culte le plus grand auquel ils puissent prétendre ; la Vierge a droit aux plus grands honneurs en raison de la maternité divine qui lui donne aussi le privilège d’éprouver la Passion aux côtés de son Fils ; François, associé également à la Passion dans sa propre chair par les stigmates, a droit à des honneurs similaires, quoique moindres. Dans le même ouvrage, Alexis de Salo défend l’indulgence de la Portioncule36, c’est-à-dire la remise des péchés à tous ceux qui font le pèlerinage à l’église d’Assise du même nom, ou dans quelque couvent franciscain le 2 août, jour de cette fête, ce qui pouvait être très profitable aux nouveaux couvents capucins fondés en nombre dans la Lorraine du premier xviie siècle. D’une manière générale, les auteurs franciscains installent en Lorraine l’idée selon laquelle une élévation mystique est possible pour toutes les âmes de bonne volonté et entraîne l’union à Dieu. On le voit avec Barthélemy Cambi de Saluzzo (1558-1617), franciscain toscan, prédicateur et mystique. Ses Sept trompettes spirituelles pour réveiller les pécheurs constituent un important succès de librairie avec 18 éditions italiennes à partir de 1612 ; la première traduction française paraît à Bruxelles en 1616 et Pierre Houion, à Épinal37, publie une autre traduction française commanditée par le Commissaire général des récollets de la province de France, Bernard du Verger, à Charles Jouye, religieux du même ordre. L’ouvrage enseigne aux fidèles à faire une confession parfaite. C’est la voix franciscaine qui s’exprime dans un chœur qui invite à l’examen de conscience à la fois comme démarche spirituelle d’introspection, et comme manière formalisée de se présenter à Dieu ; l’on publie en effet au même moment en Lorraine les Motifs signalez et grandement efficaces à la réduction de l’âme pécheresse du jésuite Jean Gontéry (Pont-à-Mousson, 1607) ; ou encore Les misères de l’homme (Pont-à-Mousson, 1616) du dominicain espagnol Thomas de Truxelio.
Il serait artificiel d’opposer jésuites et franciscains sur les thèmes qu’ils privilégient, et sur la manière de les traiter. On trouve d’ailleurs des textes jésuites italiens mis à la disposition du public francophone par des franciscains. C’est le cas du Médecin spirituel de Claudio Aquaviva (1543-1615), général des jésuites et par ailleurs auteur de traités de spiritualité. Cet ouvrage fait partie des « livres à tout faire » de la Réforme catholique même s’il est loin d’être le plus connu. Il s’adresse aussi bien aux curés, « médecins » de leurs paroissiens, qu’aux fidèles eux-mêmes lorsqu’ils seraient dépourvus de secours spirituels. Le spectre thérapeutique de l’ouvrage est presque illimité : encouragement des vertus, méditation, perfectionnement spirituel, prière quotidienne, difficultés morales… Marquant une grande connaissance du cœur humain, il est réimprimé à plusieurs reprises dans des recueils regroupant les Exercices d’Ignace de Loyola et les constitutions de la Compagnie38. D’abord paru en latin en 1600 sous le titre Industriae pro superioribus ejusdem Societatis, ad curandos animae morbos, il connaît deux traductions en français, toutes deux à Paris en 162539, mais sous deux titres différents : Industries et moyens pour remédier aux maladies spirituelles de l’ame chez Jean de Hucqueville, par un traducteur inconnu, puis Le Médecin spirituel, Livre fort utile à tous ceux qui ont charge d’ames : et autres, qui seront demandez pour exhorter toute personne détenue tant en infirmeté de maladie, que ceux qui seront condamnez par la Justice de perdre la vie, de quel genre de mort que ce soit : où le Lecteur pourra voir plusieurs beaux exemples de similitudes, tirées de la Saincte Ecriture, pour servir aux Curez, Vicaires et Confesseurs, de quelque ordre que ce soit. À format équivalent, cette deuxième traduction compte près de deux cents pages de plus que l’autre. Elle est cette fois signée de Pierre Parcelly, cordelier sans doute parisien. C’est la traduction qu’a retenue le typographe toulois qui l’imprime en 163140. La comparaison des deux textes montrerait probablement des divergences considérables, preuve que le traducteur et l’éditeur accouchent véritablement d’un nouveau texte, dont le texte original n’est qu’un prétexte à évoquer autre chose41.
Au-delà du croisement des spiritualités, cet exemple du Médecin spirituel montre que les typographes lorrains sont à l’affût des publications étrangères, en France, en Italie et ailleurs, pour les reprendre à leur compte et en tirer profit. Cette opération de récupération de textes spirituels italiens croise des enjeux autant économiques que culturels, décelables dans l’activité de quelques ateliers particulièrement actifs.
3. Une économie culturelle ?
La chronologie de l’édition de ces livres correspond très exactement à celle de l’édition lorraine en général, avec une augmentation de la production dans les années 1610 puis un tassement à partir de 1630, encore que la diffusion de textes italiens ait commencé son recul un peu plus tôt, dès 1620. Cette évolution quantitative ne tient pas à un changement dans les goûts et les modes littéraires (au contraire, l’Italie étant largement et durablement mise à l’honneur à partir de 1606 et l’arrivée à la cour de Marguerite de Gonzague, épouse d’Henri II42), mais plutôt à la forte dépendance de cette production à des centres d’impression bien déterminés, voire des ateliers spécifiques ; ainsi liée à un nombre très limité d’imprimeurs, cette production s’est interrompue avec la disparition de leurs officines.
En effet, deux villes ont particulièrement contribué à répandre cette littérature italienne dans l’espace lorrain et sans doute au-delà [Document 1] : Toul (18 titres) et Pont-à-Mousson (21). Cette indication est déjà révélatrice d’une logique commerciale qui s’est construite en dehors des grands centres éditoriaux lorrains que sont alors Nancy et Metz, et qui privilégie le lectorat ecclésiastique, celui des cures, des monastères et des couvents.
Pour des raisons différentes, ces deux villes pouvaient trouver un intérêt certain à la mise en circulation d’opuscules venus d’Italie et traduits en français. Toul est en effet alors une étape pour les marchands italiens se rendant aux Pays-Bas et pour les pèlerins venus de Flandre, de Belgique et se dirigeant vers Rome, ce qu’attestent deux recueils à l’usage des pèlerins publiés à Toul en 161643, rescapés d’une probable littérature italophile autrement plus abondante au début du xviie siècle. En outre, depuis le traité de 1406 liant économiquement la cité et le duché de Lorraine, Toul a accès aux marchés sammiellois, nancéien, mussipontain et portois, le commerce de la ville est florissant et les marchandises produites à Toul ou dans le pays toulois profitent à toute la Lorraine, et sont aussi redistribuées dans toute l’Europe. On voit ainsi le libraire et imprimeur Simon Saint-Martel, précisément celui qui produit le plus grand nombre de livres italiens à Toul, fréquenter la foire de Francfort dès 1591 et jusqu’à la fin des années 161044.
Pont-à-Mousson, d’autre part, connaît depuis 1572 et la fondation de l’université jésuite une prospérité sans pareille. Libraires et imprimeurs font connaître dans les duchés la production spirituelle et théologique jésuite en provenance de toute l’Europe. Dans le domaine du commerce du livre, les liens entre les deux cités sont étroits : Simon Saint-Martel tient aussi boutique à Pont-à-Mousson, au voisinage du collège, jusqu’en 159745. L’influence jésuite, à l’inverse, se fait sentir jusqu’à Toul, avec l’encouragement de l’évêque Jean des Porcelets de Maillane (1607-1624), élève des jésuites de Pont-à-Mousson, Ingolstadt et Rome, et resté proche de la Compagnie jusqu’à la fin de sa vie46. Or, Saint-Martel est imprimeur de l’évêque et il se spécialise dans la production de livres de piété, en plus des indispensables instruments de codification liturgique et manuels pour les prêtres du diocèse. Il paraît donc bien naturel que les deux hommes soient tombés d’accord sur la production de ce type de livrets.
À Pont-à-Mousson, c’est Melchior Bernard qui participe à la diffusion du livre italien dans les duchés. Installé dans la ville en 1599 grâce à son mariage avec la veuve d’Étienne Marchand, l’imprimeur et libraire-juré du duc de Lorraine et de l’université jésuite, il est devenu propriétaire de l’officine. Sa carrière correspond à la période la plus faste de l’université jésuite47. Son établissement est situé à proximité des bâtiments universitaires et du collège des jésuites. Avec l’apparition d’une officine concurrente à partir de 1605, dirigée par Claudet et François Du Bois, Melchior Bernard ne conserve son privilège que pour les livres scolaires commandités par l’université48 ; aussi doit-il se diversifier pour conforter sa place commerciale et c’est sans doute ce qui le pousse à exploiter, entre autres, le gisement italien pour renouveler son catalogue. L’importance de l’université jésuite dans le lancement de la production de livres en provenance d’Italie se vérifie aussi dans la Flandre française, autour de l’établissement de Douai49.
Ville | Nombre de livres |
Pont-à-Mousson | 21 |
Toul | 18 |
Verdun | 2 |
Nancy | 2 |
Saint-Mihiel | 2 |
Épinal | 2 |
Metz | 1 |
La participation des officines des autres villes lorraines est négligeable. Les deux livres portant l’adresse de Saint-Mihiel sont en réalité dus aux presses itinérantes des Du Bois et correspondent sans doute à une commande mussipontaine, où leur atelier est signalé à plusieurs reprises. À Metz, Nancy et Verdun, ces travaux typographiques, insérés dans l’ensemble imposant de l’édition urbaine, ne semblent pas revêtir de sens commercial ou culturel particulier, alors même que la duchesse Marguerite aurait pu faire travailler les typographes du duc, dans la capitale, pour faire connaître les œuvres de ses compatriotes. Mais elle se tourne plutôt vers Pont-à-Mousson : elle confie ainsi à Charles Marchant, imprimeur de Son Altesse et de l’université entre 1616 et 1622, probablement descendant des Marchand qui furent les premiers imprimeurs de l’Université au xvie siècle, la publication d’une Vie de Louis de Gonzague, son parent béatifié en 160450. Le typographe a dédié son travail à Marguerite, en soulignant le rôle joué par la princesse dans l’introduction de la fête du bienheureux Louis dans le calendrier liturgique.
Là encore apparaît une double réalité : la possibilité pour les typographes – et les commanditaires quand il y en a – de choisir au sein d’un vaste ensemble de textes ceux qui répondent le mieux aux enjeux spirituels, politiques et commerciaux des publications ; et d’autre part, le rôle variable des ateliers lorrains au long d’une voie de circulation des textes qui, reliant l’Italie et les Flandres, irrigue aussi la Lorraine, le sud-ouest du Royaume, Paris, la Normandie principalement. Mais cette circulation n’est pas à sens unique et aucune généralisation n’est possible quant aux chemins qu’empruntent les textes entre les ateliers et au-delà, les publics. Toutefois, deux cas sont fréquemment repérables [Documents 2, 4 et 5].
Il y a d’abord les textes mis en circulation dans l’espace francophone au départ d’un atelier lorrain. C’est le cas le plus rare, mais il est symptomatique à la fois de la bonne santé de l’artisanat typographique dans les duchés et les Évêchés, et du rôle central de la Lorraine dans la mise en œuvre de la Réforme catholique au tournant des xvie et xviie siècles. Une personnalité lorraine peut être à l’origine de ce processus, du moment que la publication permet aussi la célébration de sa personne. On le voit avec la biographie du frère capucin Félix de Cantalice, béatifié le 1er octobre 1625 par Urbain VIII. La princesse Catherine de Lorraine (1573-1648), fille de Charles III, a beaucoup œuvré pour cette cause et y aurait consacré 60 000 francs, au nom d’une guérison qu’elle aurait obtenue par son intercession, et d’une fascination personnelle pour la branche capucine de la famille franciscaine. Elle obtient du pape la permission de faire célébrer l’office du saint dans les couvents des capucins de Nancy et de Remiremont dès 1625, puis une relique, qu’elle dépose au couvent de Nancy51. Simon Saint-Martel publie à Toul dès 1626 la vie du nouveau béatifié, à partir d’un texte italien, vraisemblablement celui de Jean-Baptiste de Péruse, qui était déjà dédié à Catherine. L’épître dédicatoire, à nouveau adressée à la princesse, rappelle que l’ouvrage n’est pas une traduction du livre italien, mais « un habit à la façon du pays, s’il est mal tyssu, l’estoffe n’en vaut pas moins »52. Il s’agit donc plutôt d’une adaptation à l’usage du public francophone. C’est la même traduction qui sert de base, la même année, à l’édition parisienne par Nicolas Buon et à celle de Lille et de Tournai, diffusée conjointement par Adrien Quinqué et Pierre de Rache, et peut-être à l’édition lyonnaise de François Muguet, que nous n’avons pas pu examiner. D’après la date de l’épître, l’édition touloise serait la première en terre francophone. L’identité du traducteur n’est pas déductible de ses initiales « I.M.A.D.T. » ; parmi de multiples hypothèses possibles, il pourrait s’agir d’un capucin lorrain, ou d’un capucin italien maîtrisant le français, comme tous ceux qui circulèrent, pendant une trentaine d’années, dans les couvents lorrains : on trouve ainsi, dans le nécrologe des capucins de la province de Lorraine, outre des têtes d’affiche comme Julien de Camerino, mort à Verdun en 1611, un François de Naples mort à Remiremont en 1611, que Catherine a sans doute fréquenté ; un « Julien d’Italie » mort à Saint-Mihiel en 1590 et bien d’autres53.
Le Gerson de la perfection religieuse constitue un autre exemple significatif, compte tenu de la popularité de ce texte [Document 2]. L’auteur en est Luca Pinelli (1542-1607), jésuite napolitain qui enseigna un temps à l’université de Pont-à-Mousson et l’ouvrage, imprimé pour la première fois à Naples en 1601, aurait connu sa première édition en français à Verdun la même année, sous les presses de Jean Wapy, imprimeur de l’évêque depuis 159254. On mesure ici la rapidité de la diffusion du texte. L’ouvrage est traduit par un certain « P.C.L. » et est dédié à l’évêque de Verdun Erric de Lorraine. Il sert d’édition de référence à l’imprimeur liégeois Léonard Streel en 1603, qui l’imprime en le dédiant à l’abbé bénédictin de Saint-Laurent de Liège, et en confessant sa dette à l’égard de l’exemplaire verdunois, emprunté au « cabinet de très-vertueux Prince & Prélat Monseigneur Erric de Lorraine Illustrissime et Révérendissime Evesque de Verdun ; & réputés d’iceluy comme une très riche parure, & des plus précieux ioyaux de sa maison & Evesché ». D’autres copies de la même édition sont imprimées concomitamment, à Lyon (1602, 1604), à Bordeaux (1603), et plus tardivement dans les Flandres (1624).
L’exemple du traité spirituel de Roberto Bellarmino, Du paradis et bonheur éternel des saincts montre enfin les logiques de quête de textes par les typographes lorrains. La traduction française publiée par Melchior Bernard en 1616, soit l’année même de la première édition latine à Rome, serait la première sur le marché ; le traducteur, probablement le Champenois Pierre Frizon, dédie son travail à Renée de Lorraine, abbesse de Saint-Pierre de Reims, fille du duc de Guise [Document 3]55. Melchior Bernard tourne délibérément le dos aux autres traités, en latin, du même auteur que son concurrent Simon Saint-Martel a mis sur le marché à partir de copies lyonnaises ou flamandes56. Il cherche visiblement un texte nouveau, que le commerce du livre ne permettrait pas d’introduire en Lorraine et dans les espaces voisins. Enfin, la Vie de François de Borgia publiée par Jean Wapy à Verdun en 1596 serait la première édition de la traduction effectuée par François Solier (1558-1638), comme le suggère Sommervogel, alors que paraît simultanément à Douai une autre traduction française, faite par le seigneur de Betencourt sous la surveillance du jésuite Michel Resteau57. Ce choix montre que des logiques territoriales prédominent parfois, mais pas toujours, dans le choix de publier une traduction ou une autre – quand ce choix existe. François Solier, en effet, a séjourné cinq ans à Verdun comme maître des novices et c’est peut-être durant cette période qu’il a travaillé à cette traduction58.
Plus rarement, les imprimeurs mettent sous la presse des textes ou des traductions inédits. Sébastien Philippe, libraire et imprimeur à Toul entre 1608 et 1618, profite du séjour en Lorraine d’Antonio da Menna (1533-1614), ancien capucin italien devenu chartreux, pour publier en 1611 son Thrésor céleste contenant les richesses inestimables des bénéfices de Dieu exhibés aux créatures. Le religieux est alors directeur spirituel de Charles d’Urres de Thessières, châtelain du château-bas à Commercy, et de toute sa famille. Ce recueil est vraisemblablement la mise par écrit des conférences spirituelles prononcées quotidiennement par Antonio da Menna devant les châtelains59. C’est la seule explication du choix d’un typographe toulois, alors que l’auteur avait précédemment publié un livre de piété, l’Exemplaire de la perfection chrestienne, à Paris en 1606. Cette publication relève d’un concours de circonstances que l’auteur et l’imprimeur ont su exploiter. Elle montre aussi la marge d’inventivité et de prise de risque des typographes lorrains lorsqu’ils s’aventurent hors du champ des auteurs déjà édités dans l’espace francophone.
En second lieu, on voit beaucoup plus fréquemment les ateliers lorrains se faire les relais de textes et de traductions mis en circulation depuis d’autres centres éditoriaux très actifs. L’imprimeur lorrain se contente alors de copier une édition faite ailleurs. C’est la pratique de Simon Saint-Martel. Il publie ainsi à trois reprises entre 1616 et 1622 les œuvres du capucin italien Alexis de Salo, à partir de traductions et d’éditions établies par Louis Muguet, homme de lettres et imprimeur lyonnais [Document 4]. Il restitue non seulement le texte établi par Muguet, mais aussi les épîtres dédicatoires à de puissants personnages lyonnais et les approbations délivrées par le clergé de la capitale des Gaules. Il se contente seulement d’ajouter un bois gravé représentant l’ange custode sur la page de titre, toujours le même, et sans rapport direct avec le contenu du livre. Mises sur le marché lyonnais en 1614, les œuvres de Salo sont relayées par l’atelier toulois dès 1615 ; Rouen s’en empare en 1617 (suivront trois autres éditions avant 1630) et le texte gagne alors les Flandres, à Arras (1619) puis Douai (1622). Les typographes parisiens ne publieront Alexis de Salo qu’après 1650.
La publication résulte parfois d’une commande épiscopale qui la finance, la soutient et en fait ensuite la promotion. C’est Jean des Porcelets de Maillane qui commandite à Simon Saint-Martel l’édition en français de la Practique dorée de la charge et office des curés de Giovanni Battista Possevino (1552-1622), qui sort de presse en 1619. Le typographe a beau faire accroire aux futurs lecteurs, « Messieurs les doyens ruraux, curez & autres Ecclesiastiques ayans charge d’ames dans le Dioecese de Toul », que le livre lui est « tombé ez mains »60 et qu’il en a suggéré l’impression à l’évêque, le topos est trop connu pour être crédible. C’est bien sûr l’évêque qui utilise les services de son imprimeur attitré pour doter ses prêtres d’un outillage élémentaire visant à uniformiser les dehors et les missions du sacerdoce61. L’ouvrage est assorti d’un mandement de l’évêque recommandant la lecture de l’ouvrage à tous les curés du diocèse. D’abord paru en latin à Ferrare en 1610 puis à Venise en 1612, l’ouvrage avait été publié, toujours en latin, à Lyon dès 1614. Il aurait fait l’objet d’une traduction française à Toulouse en 1617, avant d’attirer l’attention de l’évêque de Toul. La traduction de Toulouse a vraisemblablement servi de base à la composition effectuée par Saint-Martel.
Lyon, Rome, Toulouse… L’influence est aussi, et surtout, flamande. D’après ce que l’on peut reconstituer des échanges commerciaux entre Lorraine et Pays-Bas au début du xviie siècle, des livres italiens ou évoquant l’Italie se trouvent massivement dans les balles de livres. Ainsi, en 1625, deux Itinerarium italiens sont mentionnés au milieu de 87 volumes de dévotion dans un ballot commandé par Claude Louis, libraire à Nancy à l’office Moretus-Plantin d’Anvers ; dans d’autres cas ce sont des atlas62. Simon Saint-Martel aussi entretient des rapports économiques étroits avec Anvers, grâce aux services de deux voituriers de Toul et de Pont-à-Mousson. Pour les livres publiés en Lorraine, le traducteur est parfois flamand et le typographe lorrain s’est contenté de reprendre le texte français préalablement publié dans les pays wallons. C’est le cas des Méditations sur les sept solennitez principales de Nostre Dame de Vincenzo Bruno, publiées à Pont-à-Mousson par Melchior Bernard en 1603 [Document 5]. La première édition avait eu lieu à Venise en 1585, puis l’ouvrage avait été traduit en français par le jésuite liégeois Jean de Villers et mis sous la presse par Bellère, typographe de Douai, dès 1596. Bernard n’a fait que reproduire ce texte63, de même que de nombreux ateliers à travers le royaume.
Il ne faudrait pas, malgré tout, surévaluer l’importance des Flandres dans cette redistribution des textes ; d’autres cas, certes plus rares, montrent que le point de départ se trouve cette fois dans l’Empire. La vie du jésuite polonais Stanislas Kostka due à la plume de son confrère italien Francesco Sacchini (1570-1625) paraît pour la première fois, en latin, à Ingolstadt en 1609. Dès l’année suivante, Melchior Bernard s’empare du texte64, en prenant quelques libertés avec l’édition allemande (il ne reproduit pas les pièces liminaires, notamment l’épître dédicatoire de Sacchini à Sigismond III de Pologne). Une première édition italienne est donnée à Locarno en 1610, puis à Rome en 1612 et enfin à Cologne et à Lyon en 1616. Ce cas attire notre attention sur le rôle éminent des universités jésuites et de l’équipement typographique que les entourent au début du xviie siècle : à Douai, à Pont-à-Mousson, à Ingolstadt, les imprimeurs composent, à partir des auteurs locaux ou internationaux, un catalogue choisi pour la consolidation du catholicisme, sous le regard averti des jésuites65. Le texte de Sacchini vient aussi relativiser l’influence italienne, rapportée à celle des lieux par où elle se diffuse, laquelle s’avère finalement plus importante. En somme, ce n’est pas l’identité italienne de Sacchini qui compte ici, c’est le fait que l’édition princeps soit bavaroise. Melchior Bernard et d’autres typographes lorrains proches des jésuites s’emploient en effet, au même moment, à produire en Lorraine maints textes en provenance d’Ingolstadt, en particulier ceux de Pierre Canisius (par ailleurs français !) et de Jérémie Drexel, professeur dans plusieurs collèges de l’Empire et prédicateur à la cour de Bavière pendant vingt-trois ans66.
Dans tous les cas, il convient de souligner que Paris, malgré son importante densité d’ateliers, son rôle central dans le commerce du livre et l’importance de sa population cléricale, n’est jamais en position centrale dans ce processus, au contraire. On manque d’éléments de comparaison avec les textes en provenance d’autres aires culturelles, notamment l’Espagne, mais ce positionnement montre que l’édition provinciale ou étrangère – dans le cas de Lorraine et des Flandres – a su s’imposer aussi grâce à l’exploitation de ces textes italiens.
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En 1619, Simon Saint-Martel met sur le marché un anonyme Manuel des religieuses à la demande de Mauléon de La Bastide, vicaire général et official de Toul67. L’ouvrage est prétendûment traduit de l’italien en français à partir d’un texte écrit primitivement pour les religieuses italiennes qui suivent la règle de saint Augustin. Saint-Martel a visiblement travaillé à partir d’une édition languedocienne de 1616. Or, ce texte français ne paraît correspondre à aucun texte italien identifié ; rien dans son contenu ne laisse transparaître d’inspiration italienne ; il est possible que la provenance de la péninsule ait été inventée en vue de rendre l’ouvrage plus attrayant. C’est le signe que dans les années 1610 et 1620, tout ce qui se réclame de l’Italie paraît vendeur et que la péninsule est chargée d’un imaginaire spirituel vivace et foisonnant.
Pour autant, il serait artificiel d’imaginer une Lorraine conquise par la spiritualité italienne dans les trois premières décennies du xviie siècle. D’abord parce que quantitativement, et même si l’on ajoutait les livres imprimés ailleurs mais débités dans des boutiques lorraines, la part des livres écrits par des Italiens reste modeste, même si elle est supérieure à celle des autres aires d’influence comme l’Espagne notamment. Ensuite parce que le caractère italianisant des auteurs reste finalement cantonné à une donnée d’état-civil, mais que dans la réalité, nombre des textes et des auteurs dont il a été question ici ont une portée universelle, tant à cause de la carrière internationale des protagonistes, comme Roberto Bellarmino, Giacinto de Casale ou Pedro de Ribadeneyra, que parce que les textes, à force d’être traduits, retraduits, publiés dans tout l’espace francophone, finissent par acquérir une valeur qui transcende les frontières et qui fait oublier le nom de l’auteur. La plupart de ces textes font partie du corpus théologique et spirituel constitué au lendemain du Concile de Trente et témoignent d’une Réforme catholique qui n’est pas proprement italienne. Les choses auraient été différentes si les typographes lorrains s’étaient attachés à la publication de la littérature italienne, comme l’ont fait les imprimeurs flamands en inscrivant à leurs catalogues Pétrarque, Castiglione ou L’Arioste. Mais dans le domaine de la théologie et de la dévotion, le critère linguistique n’est pas opérant ; il est seulement, parfois, un produit d’appel. Les typographes lorrains ont très certainement perçu cette universalité des textes et les ont sans doute choisis pour cette raison, renonçant à d’autres pour des raisons économiques, faute de disposer de capitaux nécessaires pour mettre sur le marché un plus grand nombre de textes, ou de disposer de la force commerciale permettant d’écouler ensuite les exemplaires en Lorraine et au-delà, pour peu que le marché soit déjà saturé par certains titres. Là où Balthasar Bellere, à Douai, imprime en moyenne trente opuscules par an, le Toulois Saint-Martel, au cours des mêmes années 1600-1630, en imprime moins de un ; les deux typographes ne travaillent pas à la même échelle économique, ni sans doute avec le même matériel. Ces réalités locales conditionnent évidemment l’investissement consacré à la diffusion de ces textes. S’il n’existe pas à proprement parler d’école spirituelle italienne, d’après le témoignage des processus éditoriaux, ces textes ont contribué à faire de la Lorraine du début du xviie siècle un parangon de la Réforme catholique.
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1 Alain Cullière, « Bibliographie de Louis des Masures de 1547 à 1614 », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance 47/3, 1985, p. 637-656, ici p. 637.
2 Virginie Ott-Schneider, Catalogue du fonds hispanique ancien de la Bibliothèque municipale de Nancy (1477-1810), Paris, Honoré Champion, 2000 ; Philippe Martin, « La Lorraine des années 1580-1630, terre de spiritualité espagnole ? », Revue d’histoire de l’Église de France 90, n° 224, janv.-juin 2004, p. 147-159.
3 Fabienne Henryot, « Les Pays-Bas sous le regard des Jésuites lorrains (1580-1630) », dans Claude Bruneel et al. (dir.), Les « Trente Glorieuses ». Pays-Bas méridionaux et France septentrionale, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2010, p. 323-335.
4 Albert Ronsin, Le Livre en Lorraine, 1482-1696, thèse de doctorat, Université de Nancy, 1962 ; Fabienne Henryot, « L’édition religieuse en Lorraine au début du xviie siècle », Annales de l’Est 52/1, 2002, p. 43-65.
5 Alfredo Perifano (dir.), La Réception des écrits italiens en France à la Renaissance : ouvrages philosophiques, scientifiques et techniques, Paris, Université Paris III Sorbonne Nouvelle – Centre Censier, 2000 ; Silvia Fabrizio-Costa (dir.), Autour du livre ancien italien en Normandie, Berne, P. Lang, 2011 ; Jean Balsamo et al., Les Traductions de l’italien en français au xvie siècle, Fasano/Paris, Schena/Hermann, 2009 ; Jean Balsamo, Le Livre italien à Paris au xvie siècle : “l’amorevolezza verso le cose Italiche”, Genève, Droz, 2015 ; Renaud Adam et Nicole Bingen (dir.), Lectures italiennes dans les Pays wallons à la première modernité (1500-1630), Turnhout, Brepols, 2015 ; Silvia D’Amico et Susanna Gambino-Longo (dir.), Le Savoir italien sous les presses lyonnaises à la Renaissance, Genève, Droz, 2017.
6 Alain Cullière, Les Écrivains et le pouvoir en Lorraine au xvie siècle, Paris, Honoré Champion, 1999.
7 Henri Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, Paris, Bloud et Gay, 1916-1933, 12 vol.
8 Voir par exemple Suzanne Guellouz (dir.), La Traduction au xviie siècle, n° thématique de Littératures classiques, 1990, n° 13 ; l’introduction à Giovanni Dotoli et al. (dir.), Les Traductions de l’italien en français au xviie siècle, Fasano/Paris, Schena/Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2001.
9 Albert Ronsin, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au xviie siècle, tome 10, Lorraine – Trois-Évêchés, Baden-Baden, V. Koerner, 1984 ; Collectif, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle. Livraison 4, 118. Pont-à-Mousson, 133. Saint Dié, 161. Verdun, Baden-Baden, V. Koerner, 1970 ; Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle. Livraison 7, 77. Longeville, 88. Metz, 99. Nancy, 136. Saint-Nicolas-de-Port, 150. Toul, Baden-Baden, V. Koerner, 1971.
10 C’est le principal matériau de notre thèse de doctorat : Fabienne Henryot, Livres et lecteurs dans les couvents mendiants (Lorraine, xvie-xviiie siècles), Genève, Droz, 2013.
11 Carlos Sommervogel (dir.), Bibliothèque de la Compagnie de Jésus, Paris, Picard, 1890-1932, 12 vol. Désormais abrégé en « Sommervogel », suivi du tome et de la colonne. Ici, Sommervogel, IV, 1879.
12 Même choix dans R. Adam et N. Bingen, Lectures italiennes…, op. cit. [n. 5], p. 49.
13 Sommervogel, VI, 1724-1758.
14 Pedro de Ribadeneyra, La vie du bienheureux Louis de Gonsague, de la Compagnie de Jésus, Pont-à-Mousson, Charles Marchant, 1620, in-12.
15 Pedro de Ribadeneyra, La vie du Révérend Père François de Borgia, jadis duc de Gandie, depuis religieux, & troisième général de la Compagnie de Jésus, avec un beau petit traicté de la manière de bien prescher, composé par ledict P. de Borgia, Verdun, Jean Wapy, 1596.
16 La Pauvreté contente décrite et dédiée aux riches qui ne sont jamais contents, par le P. Daniel Bartoli, tournée de l’Italien par Thomas Leblanc, Pont-à-Mousson, s.n. [Jean Guilleré ?], 1655 ; Instructions de St Charles Borromée, Cardinal Archevêque de Milan, aux confesseurs de sa ville et de son diocèse. Trad. d’italien en français... imprimées par l’ordre de Mgr l’Evêque de Metz, prince du saint empire, Metz, Brice Antoine, 1699.
17 N. Bingen et R. Adam, Lectures italiennes…, op. cit. [n. 5], p. 45-46.
18 Lorenzo da Perugia, Preconio gloriosissimo della vita solitaria del Vescovo san Basilio, Épinal, Pierre Houion, 1616. Cette référence n’est connue que par les travaux de Jean-Nicolas Beaupré, qui en a trouvé la trace dans la bibliothèque de Reboucher, conseiller à la Cour souveraine de Nancy et le cite dans ses Recherches historiques et bibliographiques sur les commencements de l’imprimerie en Lorraine et sur ses progrès jusqu’à la fin du xviie siècle, Saint-Nicolas-de-Port, Impr. P. Trenel, 1845, p. 519. L’auteur reste non-identifié à ce jour et aucun autre exemplaire n’est apparu depuis le milieu du xixe siècle.
19 Orazio Torsellini, De particulis latinae orationis, Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1615 ; Francesco Sacchini, De ratione libros eum profectu legendi libellus, deque vitanda moribus noxia lectione, oratio. Editio nova, Saint-Mihiel, François Du Bois, 1615.
20 Bernardino Rossignolo, Aiguillons de la vertu à l’usage de la jeunesse chrétienne, Pont-à-Mousson, s.n., 1621 ; signalé par les catalogues des bibliothèques des capucins de Blâmont en 1791 et des carmes déchaux de Pont-à-Mousson en 1791 (A.D. Meurthe-et-Moselle, 1 Q 699).
21 Francesco a Coriolano, Tractatus de casibus reservatis juxta regulam decreti a ... papa Clementi VIII, regularibus praescriptam, Toul, Simon Saint-Martel, 1618.
22 Orazio Torsellini, Lauretanae historiae, libri quinque, Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1614.
23 Utzima Benzi, Francesco Panigarola (1548-1594). L’éloquence sacrée au service de la Contre-Réforme, Genève, Droz, 2015.
24 Francisci Borgiae de ratione concionandi liber, Toul, Sébastien Philippe, 1609.
25 Gabriele Inchino, Sermons sur les quatre fins dernières de l’homme, Metz, J. Fabry, 1601.
26 Par exemple : Francesco Penia, La vie, saincteté, miracles et actes de la canonization de sainct Charles Borromée…, Saint-Omer, Charles Boscard, 1614.
27 Sa Practique de l’oraison mentale ou contemplative connaît sept éditions à Arras et deux à Douai ; sur l’influence de l’ouvrage, notamment dans le lectorat féminin, voir Fabienne Henryot, « Capucines et capucins à Bourbourg et Saint-Omer au début du xviie siècle », dans Femmes dans une Église d’hommes, dir. M.-É. Henneau et J. Piront, Paris, Classiques Garnier, à paraître.
28 Antonio de Andrade, Relation de la nouvelle descouverte du grand Catay ou bien du royaume de Tibet. Faicte par le P. Antoine d’Andrade... l’an 1624. Tirée d’une lettre du mesme P. escrite au R. P. Provincial de Goa... et traduite de l’italien en françois, Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1628. L’auteur est portugais mais l’ouvrage a été écrit en italien.
29 Francesco Toledo, Compendium summae cardinalis Toleti, auctore R.P. Genesio Minucio florentino a Rada ordinis vallisumbrosae in septem libros, Pont-à-Mousson, Jacob Garnich et François Du Bois, 1606. L’auteur est un Espagnol qui a fait l’essentiel de sa carrière à Rome, comme professeur de philosophie et de théologie d’abord, avant d’être élevé au Cardinalat par Clément VIII (Sommervogel, VIII, 63).
30 Martino Fornari, Institutio confessariorum, ea continens quae ad praxim audiendi confessiones pertinent, Saint-Mihiel, François Du Bois, 1614. Sur le cursus de l’auteur, Sommervogel, III, 889.
31 Vincenzo Bruno, Abrégé des méditations de la vie, passion, mort et résurrection de Jésus Christ, Pont-à-Mousson, 1606 (d’après le catalogue de la bibliothèque des capucins de Saint-Nicolas-de-Port, 1791 : B.M. Nancy, ms. 1064(743)) ; Méditations sur les sept solennitez principales de Nostre Dame. Avec quatre excellens discours pour toutes les festes des Saincts, le tout distingué par figures de l’Ancien Testament, prophètes, considérations et instructions morales, Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1603.
32 Alexis de Salo, Practique singulière et très utile pour conduire avec une grande facilité l’homme à la vraye perfection. Laquelle enseigne le vray moyen d’arracher de nos âmes les habitudes vicieuses et y planter celles des sainctes vertus, Toul, Simon Saint-Martel, 1616 ; Méthode admirable pour aymer, servir et honorer la glorieuse Vierge Marie nostre advocate. Avec les exercices praticables, confirmez par les apparitions faictes à ses dévots, le tout enrichi de plusieurs beaux et mémorables exemples, Toul, Simon Saint-Martel, 1616 ; Le triomphe des âmes du Purgatoire, Toul, 1622 (notice sans plus de précisions dans le catalogue de la bibliothèque des capucins de Blâmont, 1791, A.D. Meurthe-et-Moselle, 1Q 617-2).
33 Camille-Paul Joignon, En plein cœur du Barrois : le comté et la ville de Ligny-en-Barrois, Verdun, Impr. Saint-Paul, 1951, p. 273.
34 Sur le personnage, voir Christian Mouchel, Rome franciscaine. Essai sur l’histoire de l’éloquence dans l’ordre des frères mineurs au xvie siècle, Paris, Honoré Champion, 2001, p. 396-398 ; Jean Mauzaize, Le Rôle et l’action des Capucins de la Province de Paris dans la France religieuse du xviie siècle, Lille, ANRT, 1978, t. 1.
35 Giacinto de Casale, Le merveilleux profit spirituel de la très sainte oraison des quarante heures. Faicte au Dosme de la noble cité de Milan, le dimanche des Rameaux de l’an 1613, Toul, Simon Saint-Martel, 1616 ; Le censeur chrestien, Toul, Simon Saint-Martel, 1629.
36 Chr. Mouchel, Rome franciscaine, op. cit. [n. 34], p. 397.
37 Bartolomeo Cambi de Saluzzo, Les sept trompettes spirituelles pour réveiller les pécheurs et les induire à faire pénitence, Épinal, Pierre Houion, 1620.
38 Sommervogel, I, 480-482.
39 L’approbation du Médecin spirituel, en date du 5 avril 1625, est un peu antérieure à celle des Industries et moyens pour remédier aux maladies spirituelles (15 mai 1625). Les deux projets semblent avoir été menés sans rapport l’un avec l’autre.
40 Claudio Aquaviva, « Le médecin spirituel, trad. par Pierre Parcelly OFM », Toul, 1631 (sans nom d’éditeur) selon les mentions concordantes du catalogue des capucins de Dieuze en 1761 (B.M. Nancy, ms. 1073(660), Catalogus librorum bibliothecae RR PP Capucinorum conventus Dieusensis anno Domini 1751) et des minimes de Lunéville en 1740 (A.D. Meurthe-et-Moselle, H 1028).
41 Sur cette vaste question, voir Martine Furno (dir.), Qui écrit ? Figures de l’auteur et des co-élaborateurs du texte, xve-xviiie siècles, Lyon, ÉNS Éditions, 2009 ; Martine Furno et Raphaële Mouren (dir.), Auteur, traducteur, imprimeur… qui écrit ?, Paris, Classiques Garnier, 2013.
42 François-Georges Pariset, « Le mariage d’Henri de Lorraine et de Marguerite de Gonzague-Mantoue (1606) », dans Les Fêtes à la Renaissance, dir. J. Jacquot, t. I, Paris, Éd. du CNRS, 1956, p. 153-189. À cette occasion, les jésuites jouent un drame italien (Sommervogel, VI, 1003 : « drame italien » sans plus de précision). Nicolas Rémy a laissé un récit des festivités : Quae sunt ad XVII Cal. Jul. An. MDCVI honoris ergo acta exhibitaq. adventante primum ad urbem Nanceium sereniss. Margarita sereniss. Principis Henrici Barri ducis conjuge, Clairlieu, Jean Savine, 1608, 16 p. (A. Cullière, Les Écrivains…, op. cit. [n. 6], p. 315-316). Voir aussi Paulette Choné, « L’éphémère, la cour, la ville : notes méthodologiques sur la “vraie grandeur” de Nancy au tournant de 1600 », dans Iconographie et arts du spectacle, dir. J. de La Gorce, Paris, Klincksieck, 1996, p. 113-134.
43 Les Merveilles de la ville de Rome où il est traicté des églises stations et reliques des corps saintz qui y sont. Avec le guide qui enseigne aux estraingers à aysément trouver les choses les plus remarquables de Rome par Pierre Paul Julien, Toul, Saint-Martel, 1616 ; Les Antiquitez de la ville de Rome briefvement recueillies des autheurs tant anciens que modernes, par M. André Palladio… le tout traduict d’italien en françois par Pompée de Launay. Plus y est adiouté le chemin de Toul à Rome, Toul, Saint-Martel, 1616. Le chemin de Toul passe à Nancy, Lunéville, Raon-l’Étape, Saint-Dié, le Bonhomme, Colmar, BasIe, Liestel, Soffinguen, Lucerne, etc.
44 Codex Nundinarius Germaniae literatae bisecularis. [Suivi de] Codex Nundinarius Germaniae literatae continuatus = Mess-Jahrbücher des Deutschen Buchhandels von dem Erscheinen des ersten Mess-Kataloges im Jahre 1564 bis zu der Gründung des ersten Buchhändler-Vereins im Jahre 1765, Nieuwkoop, B. de Graaf, 1963.
45 A. Ronsin, Le Livre en Lorraine…, op. cit. [n. 4], p. 100.
46 Philippe Martin (dir.), Porcelette, un village de la Renaissance, Haroué, G. Louis éditeur, 2011, notamment la partie sur Jean des Porcelets.
47 René Taveneaux (dir.), L’Université de Pont-à-Mousson et les problèmes de son temps, Nancy, s.n., 1974.
48 A. Ronsin, Le Livre en Lorraine…, op. cit. [n. 4], p. 65.
49 R. Adam et N. Bingen, Lectures italiennes…, op. cit. [n. 5], p. 45.
50 Pedro de Ribadeneyra, La vie du bienheureux Louis de Gonsague…, op. cit. [n. 14].
51 Michel Pernot, « Catherine de Lorraine, abbesse de Remiremont. Réflexions sur l’échec d’une réforme », dans Remiremont, l’abbaye et la ville, éd. M. Parisse, Nancy, Service des publications de l’université de Nancy II, 1980, p. 95-127.
52 La vie du bienheureux frère Félix de Cantalice, capucin. Recueilli par un père capucin des informations qui ont été faictes par l’autorité du Saint Siège. Traduite d’italien en François [par I.M.A.D.T.], Toul, Simon Saint-Martel, 1626, épître, datée de Toul, le 17 mars 1626.
53 Bibliothèque franciscaine des Capucins, Paris, ms. 291.
54 Luca Pinelli, Le Gerson de la perfection religieuse et de l’obligation que chaque religieux a de l’acquérir, Verdun, Jean Wapy, 1601. Sommervogel, VI, 802.
55 Robert Bellarmin, Du paradis et bonheur éternel des saints, cinq livres composez en latin par l’illustrissime cardinal Bellarmin de la Compagnie de Jésus, dediez par le traducteur à tres illustre & très devote princesse Renée de Lorraine, abbesse de Sainct Pierre, Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1615. Le seul exemplaire connu est celui de La Société d’histoire de la Lorraine et du Musée Lorrain (Nancy). La même année paraît une édition parisienne chez Sébastien Chappelet.
56 Roberto Bellarmino, De Ascensione mentis in Deum per scalas rerum creatarum, Toul, Simon Saint-Martel, 1615 ; De gemitu columbae sive de bono lacrymarum. Libri tres, Toul, Simon Saint-Martel, 1617 ; De septem verbis a Christo in cruce prolatis. Libri duo, Toul, Simon Saint-Martel, 1618.
57 Sommervogel, VI, 1734. L’édition de Douai signalée ici est omise dans R. Adam et N. Bingen, Lectures italiennes…, op. cit. [n. 5].
58 Sommervogel, VII, 1357-1366.
59 Fabienne Henryot, « Un cénacle spirituel à Commercy au début du xviie siècle », Revue d’histoire et de philosophie religieuses 97/2, 2017, p. 217-237.
60 Giovanni Battista Bernardino Possevino, Practique dorée de la charge et office des curés, notamment èz plus fréquens et principaux cas et difficultez de conscience, comme ils se doibvent comporter en ce saint et sacré exercice, Toul, S. Saint-Martel, 1619, épître.
61 Fabienne Henryot, « L’évêque, l’imprimeur et le contrôle de l’information dans le diocèse de Toul aux xviie et xviiie siècles », dans Religions et information, dir. M. Agostino, Fr. Cadilhon, J.-P. Moisset et É. Suire, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2011, p. 283-302.
62 A. Ronsin, Le Livre en Lorraine…, op. cit. [n. 4], p. 38.
63 Vincenzo Bruno, Méditations sur les sept solennitez principales de Nostre Dame. Avec quatre excellens discours pour toutes les festes des Saincts, le tout distingué par figures de l’Ancien Testament, prophètes, considérations et instructions morales, Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1603. Voir A. Cullière, Les Écrivains…, op. cit. [n. 6], p. 504.
64 Francesco Sacchini, Vita B. Stanislai Kostkae, Pont-à-Mousson, Melchior Bernard, 1610. L’ouvrage est signalé au catalogue des tiercelins de Nancy en 1665 ; le seul exemplaire aujourd’hui localisé est à la BnF, M-33062. Voir Sommervogel, VII, 363-364.
65 Louis Châtellier, « Un lien entre la Lorraine et le Saint-Empire : la Compagnie de Jésus », dans Les Habsbourg et la Lorraine, dir. J.-P. Bled, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1988, p. 81-90 ; voir aussi plus largement Jean-Marie Valentin, « Diffusion et adaptation des écrits politiques des jésuites italiens et espagnols dans le Saint Empire entre 1591 et 1638 », Dix-septième siècle 237/4, 2007, p. 729-738.
66 Pierre Canisius, Petit catéchisme des catholiques latin et françois (1601) ; Jérémie Drexel, Considérations de l’Éternité, preschées devant leurs Altesses Maximilian et Elizabeth de Bavière (1622), Horologium auxiliaris tutelaris Angeli (1623), L’Avant coureur de l’éternité adressé aux sains, aux malades et aux agonisans (1629), Le secret de la Cour Saincte, pour acquérir et se conserver la faveur du souverain monarque (1629), Le tournesol ou la conformité de la volonté de l’homme avec celle de Dieu (1630).
67 Le Manuel des Religieuses contenant des advis très utiles pour faire bien et parfaictement les fonc-tions et exercices de la vie religieuse et spirituelle. Avec les règles et toutes charges et offices qui sont en un monastère, Toul, Simon Saint-Martel, 1619.