La collection de livres de Tacite réunie par C.-L.-F. Panckoucke de ses débuts à sa dispersion (1826-1926)
Fils du célèbre libraire Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), qui doit l’essentiel de sa notoriété à l’aventure de l’Encyclopédie méthodique, Charles-Louis-Fleury Panckoucke (1780-1844)1 reçoit une éducation soignée dans laquelle se manifeste déjà un certain intérêt pour les lettres anciennes. Il se spécialise progressivement dans l’étude de l’historien romain Tacite : dès l’an XII de la République (1803), il publie ainsi la traduction d’extraits de la Vie d’Agricola, biographie que Tacite avait consacrée à son beau-père2. L’ouvrage est en réalité un centon à la gloire de Bonaparte, alors premier Consul : Panckoucke est à l’époque lié à la machine étatique puisqu’il est secrétaire des séances du Sénat.
Toutefois, il quitte bientôt ses fonctions pour reprendre la firme familiale, qu’il fait prospérer grâce à diverses entreprises de grande ampleur lancées par souscription, dont les plus notables sont le Dictionnaire des sciences médicales, les Victoires et conquêtes des Français et la Description de l’Égypte. Parallèlement à ses activités commerciales, il continue de travailler à Tacite et fait paraître en 1824 La Germanie, traduite de Tacite par C. L. F. Panckoucke, avec un nouveau commentaire extrait de Montesquieu et des principaux publicistes (Paris, C. L. F. Panckoucke). À cette époque, Panckoucke s’est déjà lancé dans la traduction des œuvres complètes de l’historien, projet de vaste ampleur qui sera finalement imprimé entre 1830 et 18383 et qu’il complètera par différentes études en 18424.
Avant d’en venir à sa collection d’ouvrages autour de Tacite, soulignons que Panckoucke n’achète pas que des livres : il se procure meubles et tableaux de prix et hante les salles des ventes quand des antiquités sont dispersées. À cet égard, les fleurons de sa collection sont peut-être un ensemble de vases grecs, aujourd’hui conservés au musée de Boulogne-sur-Mer. Ceux-ci ont déjà donné lieu à une étude exhaustive5 ; ce n’est pas le cas de la collection autour de Tacite, dont nous allons désormais traiter.
1. Le catalogue domestique (1826)
Nous avons eu la bonne fortune de découvrir, chez un libraire d’ancien, un document ayant appartenu à C.-L.-F. Panckoucke. Ce carnet de quarante-trois feuillets manuscrits (certaines pages étant laissées blanches) au format in-8° (124 × 203 mm), relié en demi-chagrin brun (dos muet), porte le titre suivant : Collection | Faite par C. L. F. Panckoucke, | d’Éditions | des œuvres de Tacite, | de commentaires, | de traductions françaises et étrangères, | Et d’ouvrages qui ont rapport | à ce célèbre historien. | 1826. [Fig. 1]. Les pages sont numé-rotées ; on compte quatre-vingt-trois notices bibliographiques, une table des matières et un index.
Ce fascicule d’apparence modeste entre pour partie dans la catégorie des « catalogues domestiques », que Yann Sordet définit ainsi6 :
Il s’agit du catalogue d’une bibliothèque particulière d’usage avant tout privé et individuel, rédigé par le possesseur ou à sa demande, mis à jour au fil des évolutions de la collection dont il est à la fois l’état et l’instrument principal, et dont il sert la gestion, la préservation et la promotion.
La pratique est ancienne et peut prendre des formes assez variées7. À l’inverse d’autres collectionneurs, Panckoucke ne propose pas ici de dresser l’inventaire complet de sa bibliothèque, mais se concentre sur un seul sujet : Tacite.
Ce catalogue comporte quelques particularités qui contribuent à mieux cerner la figure d’un amateur éclairé se piquant de philologie et de bibliographie.
Le titre. Le titre même de ce petit catalogue contient deux éléments qui, pris isolément, seraient bien sûr insuffisants pour brosser un tableau psychologique de C.-L.-F. Panckoucke, mais qui, dans la mesure où ils corroborent des traits de notre homme par ailleurs connus, sont peut-être révélateurs.
a. Le nom de C.-L.-F. Panckoucke apparaît dès la deuxième ligne du titre, avant même la désignation de la nature et de l’objet de la collection : or on reprochera souvent à Panckoucke de se mettre obstinément en avant dans ses publications, soit en se livrant à un complaisant étalage de ses titres, soit même en s’appropriant le travail d’autres savants8.
b. En second lieu, il est fait mention de Panckoucke à la troisième personne ; la première personne aurait aussi pu être envisagée9. Le choix ici opéré a-t-il un sens ? On pourrait mettre à nouveau en avant une forme de mégalomanie du personnage, qui parlerait de lui à la troisième personne, ou bien encore une influence des auteurs antiques chez lesquels ce type d’énallage se trouve parfois. Mais il s’agit là de suppositions assez gratuites. Il nous paraît au moins aussi probable – et nous y reviendrons – que Panckoucke songe déjà à une éventuelle publication, qui lui permettra de mettre en avant non seulement son goût pour la collection mais aussi une certaine érudition ; peut-être même a-t-il confié à un tiers le soin de rédiger ce carnet et de publier ensuite un ouvrage plus complet. Dans tous les cas de figures il semble dissocier le collectionneur et le bibliographe qui sont en lui.
Le système de classement retenu. Le système de classement retenu par Panckoucke se conforme dans l’ensemble à celui qu’on trouve dans le Manuel de Brunet, lequel s’était imposé comme la référence privilégiée des collectionneurs10, à travers une répartition en cinq rubriques ainsi conçue : éditions intégrales – éditions partielles – traductions complètes – traductions partielles – études.
La première rubrique, de loin la plus importante du catalogue (30 notices sur 83, soit 36 %, contre 7 % pour les éditions partielles, 21,7 % pour les traductions complètes, 19,3 % pour les traductions partielles et 16 % pour les ouvrages en rapport avec Tacite) est subdivisée en huit aetates (c’est-à-dire en huit époques) qui marquent les grandes étapes de l’établissement du texte. Ici le modèle retenu n’est plus Brunet mais Croll, auteur de la bibliographie de Tacite placée en tête de la deuxième édition des œuvres du Romain dans la collection bipontine (1792)11, que Panckoucke possède et à laquelle il se réfère dès la p. 3 du catalogue (puis encore à de nombreuses reprises).
À l’intérieur de chaque rubrique, c’est un classement strictement chronologique qui est retenu, et ce même lorsqu’une édition n’est qu’une réimpression, à quelques années d’intervalle, d’un travail antérieur ; ce critère est encore mis en valeur par une marge laissée à gauche de chaque page, dans laquelle seule la date est inscrite. En cela, Panckoucke semble à nouveau avoir le modèle des bibliographies savantes en tête, et singulièrement celui de l’édition bipontine déjà cité [Fig. 2 et 3].
Tout catalogue domestique se heurte à un problème que Y. Sordet a déjà soulevé : comment concilier la double exigence de répertorier le fonds existant à un moment déterminé et de ménager la possibilité d’un accroissement de la collection12 ? Dans la mesure où Panckoucke avait décidé de procéder à un classement ordonné, le pisaller consistant à faire entrer les livres dans le catalogue au fur et à mesure des achats était inenvisageable. Aussi l’auteur du catalogue a-t-il choisi de laisser des blancs, qui occupent parfois plusieurs pages, pour les ouvrages qui seront achetés par la suite. Ceux-ci laissent supposer que Panckoucke entend accroître sa collection en se procurant, dans l’idéal, tous les travaux répertoriés dans la bibliographie de l’édition bipontine. L’ouvrage semble dès lors manifester l’ambition d’être moins un cabinet de livres choisis que le conservatoire de tout ce qui a été publié concernant Tacite. Panckoucke conçoit sa recherche comme une quête ordonnée. Il se rattache en cela à l’une des deux grandes catégories de bibliophiles qu’a distinguées Christian Galantaris : au rebours des amateurs achetant au gré de leurs envies, les collectionneurs de la trempe de Panckoucke déterminent un thème précis, élaborent une forme de liste couvrant le programme d’achat et s’y tiennent scrupuleusement13.
Une question se pose toutefois. Comme nous l’avons signalé, la page de titre comporte une date : 1826. Cela ne signifie pas nécessairement qu’une liste nouvelle fût composée annuellement : même si l’hypothèse ne peut être écartée, nous ne disposons d’aucun élément qui puisse l’étayer. Dans tous les cas il semble y avoir une contradiction entre la volonté de dater le catalogue d’une année précise et la place laissée à des achats ultérieurs – sauf à considérer que le catalogue était rédigé au début de l’année 1826 et que les blancs étaient destinés à être comblés dans l’année à venir. Mais cette hypothèse ne règle pas tout : la question se pose d’autant plus que la constitution d’un index suppose que l’ouvrage est, d’une façon ou d’une autre, clos. Comment intégrer par exemple l’achat d’une édition variorum supplémentaire dans un index qui ne laisse guère de place pour ce faire [Fig. 4] ?
La table des matières et l’index. Le volume, en dépit de sa minceur, contient dans ses dernières pages deux éléments permettant de se repérer, mis en place dès 1826, mais qui étaient sans doute destinés à devenir pleinement utiles au fur et à mesure de l’enrichissement de la collection :
– une table des matières reprenant le système de classement ;
– un index, citant des ouvrages notables à plusieurs titres : y figure d’abord un trait de vanité, à travers une entrée particulière pour les volumes signés par Panckoucke lui-même ; pour le reste, sont mis en valeur, d’une part, les ouvrages ayant une valeur scientifique particulière, c’est-à-dire les éditions variorum (contenant les notes des principaux savants antérieurs) ; d’autre part, les éditions elzéviriennes, passionnément collectionnées à l’époque pour l’exactitude de leur texte et surtout pour leur perfection typographique14. Se rattachent à l’une et l’autre catégories l’editio princeps et l’édition enrichie des notes de Naigeon.
Ainsi, l’index est conçu sous l’angle double de la bibliophilie et de la philologie, ce dont témoigne aussi la notice consacrée à chaque article. Les notices constituant le cœur même du catalogue, elles méritent que nous nous y arrêtions quelque peu.
Les notices bibliographiques. Les notices bibliographiques [Fig. 2] ne sont pas numérotées, ce qui se comprend puisque de la place est laissée à des acquisitions à venir et que le système des bis et des ter atteint vite ses limites.
Du point de vue matériel, la description consacrée à chaque exemplaire est plutôt laconique : l’état n’est à peu près jamais précisé (on indique simplement un feuillet manquant à la p. 29) ; la condition est fournie de façon lapidaire (p. 5 : « vél. » ; p. 9 : « veau brun ») et non systématique, puisqu’on trouve tout à coup un peu plus de détails, sans que l’exemplaire soit particulièrement onéreux ou beau (p. 24 : « veau porphyre, doré sur tranches, filets »). Cette description a du moins le mérite d’exister et renferme parfois quelques surprises : ainsi les six volumes du Tacite de la « Bibliotheca classica Latina » (aussi connue sous l’appellation « collection Lemaire », du nom de son promoteur), publiés plusieurs années auparavant (1819-1820) ont été laissés brochés, ce qui les expose à une rapide dé-gradation en cas d’usage régulier : le fait est assez inattendu s’agissant d’ouvrages destinés à être consultés plutôt que contemplés.
À un moment ou à un autre, tout collectionneur est confronté à un problème aussi vulgaire qu’aigu : l’argent. De fait, la description mentionne aussi généralement le prix d’achat. Certains ouvrages en sont dépourvus : peut-être ont-ils été hérités de la bibliothèque paternelle ou bien acquis de longue date, à un moment où Panckoucke tenait un compte moins précis de ses dépenses. Postérieurement a souvent été ajouté, entre deux lignes ou au bout d’une ligne, le prix indicatif figurant dans la troisième édition du Manuel de Brunet15. À une exception près, le prix payé par Panckoucke est inférieur à celui de Brunet ou, à tout le moins, compris dans la fourchette établie par celui-ci16.
La cote des ouvrages en question a-t-elle varié à la hausse entre le moment de l’achat des ouvrages et celui de la parution du manuel ? C’est possible, mais ce fait traduit surtout la modération de Panckoucke dans ses acquisitions, lesquelles ne devaient être effectuées que grâce aux intérêts produits par son capital, sans éroder celui-ci : trois à quatre mille francs par an tout au plus pour ses objets de collection, indique-t-il dans son testament17. On notera du reste que peu d’exemplaires paraissent particulièrement somptueux : la grande majorité sont en vélin ou en veau, même si l’on rencontre certains exemplaires en maroquin rouge et une reliure du célèbre Vogel (p. 28 : « maroquin violet, à compartim. tranche dorée. riche reliure antiquée de Vogel »)18. À une reprise, ce qui donne son prix à l’exemplaire est souligné d’un trait : ce sont les notes marginales de Naigeon, dont nous avons déjà parlé (p. 22). Quoi qu’il en soit, en 1826, Panckoucke aurait dépensé pour l’acquisition de ses ouvrages au moins 704,85 francs ; ce calcul reste nécessairement parcellaire puisque outre les exemplaires dont le prix reste inconnu, il faudrait aussi prendre en compte les frais de restauration, de reliure, de lavage, etc. nécessaires à la conservation ou à l’ornement de certains exemplaires.
Du point de vue scientifique, le catalogue se contente généralement de reprendre le titre, en lui adjoignant parfois quelques indications littéralement recopiées de la notice de la bipontine (p. 5, à propos de l’édition de Béroalde, Rome, 1515), jusque dans la typographie (p. 9, un mot en caractères italiques dans l’édition bipontine est souligné dans le catalogue) ou de la résumer ; il ne comprend que peu d’appréciations portées sur les volumes eux-mêmes. Les remarques les plus personnelles sont annoncées par l’abréviation « N.a » (Nota), mais leur portée se révèle limitée, comme à propos de l’édition parue chez Ory en 1606 : « C’est la dernière de 19 éditions de cet âge, mentionnées dans Deux-Ponts » (p. 13).
Parfois il s’agit d’ailleurs d’un simple calque de l’appréciation de Brunet, comme à propos de l’édition des Foulis parue à Glasgow en 1753 :
Brunet 1820. Cette édition est fort jolie et se trouve moins fréquemment que les autres productions des mêmes presses.
Catalogue 1826. Édition fort jolie et plus rare que les éditions d’autres productions des mêmes presses.
Par sa spécialisation, par son ambition à l’exhaustivité, par ses signes exté-rieurs d’érudition, Panckoucke semble aspirer à faire de ce catalogue domestique un répertoire bibliographique, c’est-à-dire une liste19. Voilà qui annonce en partie la publication de 1838 à laquelle nous allons maintenant nous intéresser.
2. La Bibliographie de C. C. Tacite (1838)
En 1826, la collection est encore modeste : les quatre-vingt-trois notices couvrent en effet cent soixante-dix-huit volumes seulement, ce qui est bien peu si l’on considère les répertoires dressés par Brunet ou plus tard par Graesse et par Schweiger, ou même le volume que fera paraître Panckoucke lui-même quelques années plus tard. Ce catalogue manuscrit semble en effet être le prototype d’un travail de plus grande ampleur : la Bibliographie de C. C. Tacite, longue de 95 pages imprimées en petits caractères, qui constitue une partie du tome septième et dernier des Œuvres complètes de Tacite traduites par C.-L.-F. Panckoucke (1838)20. Contrairement à une pratique parfois adoptée combinant description des ouvrages eux-mêmes et des exemplaires personnels du proprié-taire21, les mentions de la condition et de l’état sont complètement abandonnées au profit d’une approche du seul contenu [Fig. 5]. Dans cette Bibliographie, les cinq subdivisions du catalogue de 1826 sont supplantées par un ordre strictement chronologique. Le recopiage des notices de Brunet ou de Croll n’est plus de mise : à sa place vient une description précise du contenu de chaque ouvrage (compte des feuillets, etc.) ; même des articles de journaux savants parus dans telle ou telle ville allemande et de minces plaquettes au tirage confidentiel sont inclus dans la liste. Que C.-L.-F. Panckoucke soit ou non l’auteur de ce travail22, il est d’une envergure tout autre que le petit carnet manuscrit de 1826 : ce sont en effet 1055 ouvrages qui y sont répertoriés. À la suite de cette liste vient un tableau récapitulant les travaux personnels de C.-L.-F. Panckoucke consacrés à Tacite, accompagné d’extraits élogieux de comptes rendus parus dans divers journaux. Les dix-huit items ici rassemblés sont une marque de la fierté de Panckoucke d’avoir mené sa tâche à bien ; ces écrits, signalés seulement par un renvoi propre dans l’index du catalogue manuscrit (voir ci-dessus) revêtent ici, dans un volume destiné au public, une visibilité bien plus grande.
3. La salle Tacite, matérialisation du catalogue ?
En 1841, Charles-Louis-Fleury Panckoucke fait paraître un curieux opuscule qui dresse le bilan de ses acquisitions d’art et de livres. Il a visiblement mis à profit les quinze dernières années pour étoffer sa collection, qui dépasse désormais les mille unités et qui est entreposée dans une salle spécialement dédiée du second étage de son hôtel particulier de la rue des Poitevins :
Plus loin est la salle de Tacite, du prince des historiens, qui a eu mon culte toute ma vie, et la collection de 1055 éditions, que j’ai réunies avec tant de persévérance pendant plus de trente années. J’ai aussi déposé là mes manuscrits, raturés, biffés, corrigés, recorrigés sans cesse de ma main avec patience et sévérité ; manuscrits dont les premiers cahiers ont été publiés en 1803 et les derniers en 1840. Trente-sept années n’ont pas été trop longues pour ce consciencieux travail, qui m’a mérité de nobles encouragements et le grade d’officier de la Légion d’honneur23.
À en croire Panckoucke toutes les éditions décrites au septième tome des Œuvres complètes sont en sa possession. En 1830 déjà, dans la préface du tome 4 de sa traduction (p. 8), il évoquait cette salle qu’il avait consacrée chez lui au grand historien :
Ce culte pour le prince des historiens m’a engagé à réunir toutes les éditions qui ont été faites de ses ouvrages, et j’en ai formé une collection que je visite souvent, comme un homme pieux se rend à son oratoire. Là, sont classées par ordre chronologique les éditions et les traductions de Tacite, de toutes les époques et de tous les pays.
La bibliothèque physique semble en quelque sorte matérialiser le catalogue imprimé, dans la mesure où elle adopte le même système de classement : éditions et traductions sont rangées suivant l’ordre chronologique. Il est certes possible que des considérations pratiques (il est peu fréquent de faire voisiner un in-folio et un in-16) aient entraîné quelques entorses au principe ici énoncé, mais c’est ce critère que Panckoucke entend mettre en avant. Toutefois, la bibliothèque n’est pas un temple de papier. Ces éditions sont renfermées, nous dit Panckoucke, dans un meuble en marbre blanc richement orné et devant lequel se trouvent divers vestiges de l’Antiquité recueillis par l’éditeur lui-même sur l’île de Capri et dans les pays allemands : fragment de mosaïque, insectes pris dans de l’ambre évoquant ceux que Tacite décrit dans la Germanie. Ainsi la bibliothèque se fait cabinet de curiosité ou plutôt Panckoucke, qui eut pendant des années maille à partir avec d’autres traducteurs plus érudits, tel Burnouf, professeur au Collège de France24, donne l’impression de conférer ici une valeur symbolique à l’expérience sensible qui offre un avantage inattendu au grand voyageur, à l’homme d’affaires, sur le pur savant25. La traduction de Tacite par Panckoucke à l’état manuscrit occupe aussi probablement une place non négligeable dans l’arrangement de la pièce26. Un exemplaire de la traduction imprimée des Œuvres complètes par Panckoucke était en outre placé en évidence dans un petit meuble surplombant la bibliothèque de son cabinet et ainsi sans doute plus visible pour ses visiteurs27.
Curieusement, si Panckoucke a voué une véritable passion à Tacite en tant qu’auteur, il ne signale pas ostensiblement les joyaux bibliophiliques qu’il pourrait posséder. Ainsi aucune des éditions de Tacite ne figure parmi les livres précieux dont Panckoucke dresse la liste dans le guide de ses collections28. Toutefois, le dernier avatar imprimé de cette collection, au moment de sa vente, engage à reconsidérer certains aspects de notre enquête.
4. Des ouvrages réunis pour une dernière fois : le catalogue de vente de la collection (1926)
La bibliothèque de C.-L.-F. Panckoucke, ou du moins une partie de celle-ci, a été dispersée en 192629. Comme l’indique le titre du catalogue (Vente des livres, albums et papiers d’une famille de lettrés, auteurs et éditeurs [1700-1868]), ce sont des ouvrages acquis sur plusieurs générations qui sont en vente. Les livres forment soixante-treize lots30 : notre exemplaire, qui est vraisemblablement celui du commissaire-priseur31, contient ce qui paraît être à gauche une estimation manuscrite de la valeur de chaque lot ; à droite, le montant, lui aussi manuscrit, de l’adjudication (ainsi pour le lot n° 1 : à gauche, « 20+ » ; à droite : « 12 »)32. Certaines des plus belles enchères concernent les œuvres de C.-L.-F. Panckoucke et traduisent la magnificence avec laquelle il prenait soin de ses productions. Ainsi pour nous limiter à l’exemple du lot n° 44 :
44. Panckoucke (C.L.F.) Bibliothèque latine française publiée par C. L. F. Panckoucke […] ens. 212 vol. dont 1 pour l’iconographie (reproductions hors texte, en couleur), demi-chagr. rouge, dos ornés en long. (Rel. de l’époque).
Exemplaire de l’éditeur, dans une superbe reliure de grand caractère exécutée sur ses indications.
Le prix de gauche (l’estimation) est de 2000 fr. ; le prix de droite (à l’issue des enchères) de 3420 fr. Les exemplaires courants étaient habillés d’un cartonnage rouge : Panckoucke offre aux volumes de sa collection un habit nettement plus somptueux.
Dix lots (nos 55 à 63, dont un bis) concernent Tacite. Les trois premiers sont des éditions anciennes :
– 55. Édition milanaise de 1517, ne figurant pas dans le catalogue de 1826. Comme nous le suggérions plus haut, Panckoucke a poursuivi et peut-être intensifié ses recherches après 1826.
– 56. Édition aldine de 1534 : elle figurait dans le catalogue de 1826, mais sans que soit précisé que Bozerian exécuta une belle reliure pour l’accueillir, reliure qui explique le prix final de 400 francs33.
– 57. L’édition bipontine en quatre volumes : 60 francs.
Les sept suivants sont dus à Panckoucke :
– 58. La Germanie traduite par C.-L.-F. Panckoucke (1824) : in-8° accompagné d’un in-4°, les deux volumes sur peau de vélin et reliés par Thouvenin : 3410 francs.
– 59. Même ouvrage en grand papier : 220 francs.
– 59 bis. Lot supplémentaire non décrit. Quelques mots manuscrits indiquent qu’il est relié par Thouvenin et que la tête est détachée (il s’agit probablement d’un troisième exemplaire du même ouvrage) : 100 francs.
– 60. Édition postérieure (1825) de l’ouvrage précédent : 6 francs.
– 61. Opera, 1826, quatre volumes in-folio : impression de prestige34 reliée en plein maroquin par Thouvenin : 6000 francs [il s’agit là de la plus belle enchère de tout le catalogue pour les livres].
– 62. Même ouvrage en demi-reliure : 130 francs.
– 63. Œuvres traduites par Panckoucke en demi-chagrin : 50 francs.
Évidemment ce sont les reliures qui font, plus que le nom de C.-L.-F. Panckoucke, le prix élevé des lots 44, 58 et 61. Nous en voulons pour preuve que la quatrième plus belle enchère est un livre-bijou également relié par Thouvenin (n° 9 : Brès, Mythologie des Dames)35. Dans son catalogue domestique Panckoucke ne précisait pas le nom du relieur auquel il avait recouru pour les ouvrages signés de son nom, bien que la description de son hôtel montre qu’il faisait appel à Thouvenin36, ce qui amène à émettre deux hypothèses : ou bien il n’avait pas encore confié ces ouvrages au relieur, ou bien il importait alors surtout pour lui, comme le montre la faible place accordée à décrire la condition, d’avoir un état sommaire de sa collection sous le rapport de l’histoire des éditions.
Que sont devenus les autres ouvrages décrits dans le catalogue de 1826 ? Quelques-uns figuraient peut-être dans le lot n° 79 (« Lot de Classiques latins »), qui a été vendu pour une somme assez importante (740 francs) : cela laisse supposer qu’il comprenait plusieurs belles pièces, mais nous sommes là dans le domaine de la pure spéculation. Il apparaît en tout cas que c’est à ses propres ouvrages que C.-L.-F. Panckoucke a consacré sinon le plus d’attention, du moins le plus d’argent.
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Le modeste catalogue à l’origine du présent article n’est certes pas une de ces trouvailles qui bouleversent la connaissance qu’on a de tel ou tel personnage du monde du livre. Malgré tout, l’étude que nous avons menée nous semble avoir montré l’intérêt de se pencher sur de tels documents pour deux raisons au moins.
Tout d’abord viennent les points de psychologie qu’ils viennent illustrer ou confirmer. Dans le cas de Panckoucke, la mise en avant de sa propre personnalité et de celle de Tacite simultanément : les travaux et la salle qu’il a consacrés à Tacite attestent assez son intérêt pour l’historien mais toute une série de détails (le titre et l’index de son catalogue domestique ; la mise en scène de ses manuscrits et de ses trouvailles dans son hôtel particulier ; les reliures splendides qu’il réserve à ses propres travaux) tendent à faire penser qu’il y a là aussi un moyen de faire valoir sa personne et ses accomplissements individuels.
Ensuite les pratiques d’achat et de description des livres chez un particulier sont quelque peu éclairées. Dans le catalogue domestique, les notices n’ont à peu près rien de personnel, se contentant de reprendre ce que d’autres ont dit auparavant. En revanche dans le répertoire bibliographique imprimé des œuvres de Tacite, qui constitue le tome septième (et dernier) de sa traduction personnelle, les choses ont évolué. Il faut y voir soit la main d’un bibliographe plus aguerri, soit la marque du mûrissement des connaissances de notre éditeur qui semble avoir été authentiquement passionné – ce catalogue en est un exemple parmi d’autres – par la vie et l’œuvre de l’historien romain.
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1 À propos de la carrière de C.-L.-F. Panckoucke, on se reportera surtout à Jean-Yves Mollier, L’Argent et les lettres. Histoire du capitalisme d’édition 1880-1920, Paris, Fayard, 1988, p. 30-47.
2 Sur cet ouvrage, nous renvoyons à Catherine Volpilhac-Auger, Tacite en France de Montesquieu à Chateaubriand, Oxford, Voltaire Foundation, 1993, p. 129-132 et à notre propre étude : « Tacito impendere vitam : C.-L.-F. Panckoucke (1780-1844), un traducteur controversé », Antike und Abendland 59, 2013, p. 201-205.
3 Œuvres de Tacite traduites par C. L. F. Panckoucke, Paris, C.-L.-F. Panckoucke, 7 volumes (dans le cadre de la collection intitulée « Bibliothèque latine française »).
4 Études et dissertations sur C. C. Tacite et les douze Césars, Paris, C.-L.-F. Panckoucke.
5 Voir François Lissarague, « Entre livre et Musée : la collection Panckoucke », dans L’Anticomanie. La collection d’antiquités aux xviiie et xixe siècles, edd. A. F. Laurens et K. Pomian, Paris, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, 1992, p. 227-240. La base de données agorha (hébergée par le site de l’INHA) contient en outre une fiche consacrée à Panckoucke, répertoriant quelques ventes auxquelles il participa entre 1830 et 1843.
6 Yann Sordet, « Une approche des “catalogues domestiques” de bibliothèques privées (xviie-xviiie siècle), instruments et miroirs de collections particulières », Bulletin du bibliophile, 1997/1, p. 92. – Le même auteur propose une analyse succincte de ce type de catalogue : art. « Catalogue domestique », dans Dictionnaire encyclopédique du livre, t. 1, dir. P. Fouché, D. Péchoin et Ph. Schuwer, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2002, p. 472-473.
7 Pour une illustration de ce phénomène, qui va au-delà des seuls catalogues domestiques, voir Frédéric Barbier, Thierry Dubois et Yann Sordet (dir.), De l’argile au nuage, une archéologie des catalogues : iie millénaire av. J. C. – xxie siècle, Paris-Genève, Éditions des cendres/Bibliothèque Mazarine & Bibliothèque de Genève, 2015. – Concernant les catalogues de bibliothèques particulières, on consultera aussi avec profit les pages pénétrantes de Christian Galantaris, Manuel de bibliophilie. Du goût de la lecture à l’amour du livre (= t. 1), Paris, Éditions des cendres, 1997, p. 159-164.
8 Voir en particulier les lignes vipérines que lui consacre le bibliographe Joseph-Marie Quérard dans sa France littéraire, Paris, Firmin-Didot, t. 6, 1834, p. 576-579 (ainsi un long paragraphe de la p. 577 commence par ces mots : « Quoique M. Panckoucke ait mis beaucoup de soin à persuader le public que [la traduction de Tacite] était bien son œuvre, il est resté un assez grand nombre d’incrédules dont, nous devons bien l’avouer, nous avons le malheur de faire partie. »).
9 À cet égard on consultera les remarques de Y. Sordet, « Une approche… », art. cit. [n. 6], p. 103-105.
10 François Moureau, « De la bibliophilie à l’histoire littéraire », Revue d’histoire littéraire de la France 115/1, 2015, p. 9.
11 Cornelii Taciti opera ex recensione Georg. Christ. Crollii. Editio secunda auctior et emendatior curante Frid. Christ. Exter, Deux-Ponts, Ex typographia Societatis, 1792. Le catalogue se trouve au t. 1, p. xxxvii-lx et comporte quelques ajouts d’Exter au travail de Croll paru pour la première fois en 1779. – Sur cette édition, voir Georg Burkard, Bibliographie der Editiones Bipontinae, Deux-Ponts, Conrad+Bothner, 1990, p. 209-211.
12 Cf. Y. Sordet, « Une approche… », art. cit. [n. 6], p. 114-116.
13 Voir Chr. Galantaris, Manuel de bibliophilie, op. cit. [n. 7], t. 2, p. 57-58 (art. « collection ») : l’exemple retenu est celui du fameux Daniel Sickles (1900-1988), amateur de romantiques illustrés, qui cherchait à rassembler tous les ouvrages du xixe cités dans le Guide du bibliophile français de Marcel Clouzot.
14 Voir par exemple Paul Hoftijzer, art. « Elzevier », dans Dictionnaire encyclopédique du livre, op. cit. [n. 6], t. 2, 2005, p. 44.
15 Il est possible de déterminer qu’il s’agit de la troisième édition d’après les ouvrages dont la cote a changé depuis la deuxième édition de 1814 : c’est bien l’estimation de 1820 que fournit le catalogue (ainsi p. 33, s’agissant de l’édition Barbou). Les notices consacrées aux ouvrages de Tacite se trouvent dans Jacques-Charles Brunet, Manuel du libraire et de l’amateur de livres […] Troisième édition, Paris, chez l’auteur, 1820, t. 3, p. 403-407.
16 Quelques phénomènes curieux sont à signaler : il arrive par exemple que Panckoucke supprime la cote la moins élevée. Ainsi pour l’une des éditions les plus recherchées, celle de Béroalde (Rome, 1515), qu’il a payée 120 francs, une indication stipule que Brunet recense des exemplaires vendus entre 134 et 500 francs : or Brunet mentionne un volume vendu à 53 fr. Comment comprendre que ce prix n’apparaisse pas : simple inattention ? Désir de ne pas tenir compte du prix d’un volume isolé non significatif ? Autre bizarrerie : la cote de Brunet pour l’édition aldine (Venise, 1534 : 20-25 francs) est rapportée à l’ouvrage paru à Bâle chez Froben en 1533 (acheté quatre francs).
17 Ce document étonnant est encore consultable au minutier central des notaires (MCN LXVI 1192) ; voir, sur le point précis que nous évoquons, J.-Y. Mollier, L’Argent et les lettres, op. cit. [n. 1], p. 45.
18 Vogel était l’un des grands relieurs parisiens de la Restauration (il exerça de 1815 environ à 1849) : cf. Julien Fléty, Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours, Paris, Technorama, 1988, p. 176.
19 Concernant la porosité entre ces deux catégories, voir Y. Sordet, « Une approche… », art. cit. [n. 6], p. 102 (pour une définition des notions de « répertoire bibliographique » et de « catalogue domestique », nous renvoyons au même article, p. 93-95).
20 Ce volume d’annexes contient aussi un index, une étude des manuscrits et des éditions princeps.
21 Songeons, pour ne prendre qu’un seul exemple récent, à Philippe Desan, Bibliotheca Desaniana. Catalogue Montaigne, Paris, Classiques Garnier, 2011. Il ne faut pas se dissimuler cependant, en même temps que les espoirs, les réticences que peut susciter chez le possesseur de la bibliothèque la diffusion d’un catalogue décrivant une collection encore inachevée (voir Yann Sordet, L’Amour des livres au siècle des lumières. Pierre Adamoli et ses collections, Paris, École des chartes, 2001, p. 339-344) : Panckoucke surmonte de telles réticences non seulement en s’abstenant de lier strictement cette bibliographie à sa bibliothèque personnelle, mais aussi en ne laissant aucun manque dans les éditions de Tacite, supposées être toutes réunies ici.
22 Joseph-Marie Quérard, dans Les Supercheries littéraires dévoilées, Paris, chez l’éditeur, t. 3, 1850, p. 404-405, prétend que l’auteur véritable en est Léopold Auguste Constantin Hesse, modeste commis de Panckoucke. Ce dernier lui aurait acquis son travail contre trois cents francs et la promesse de le garder à son service malgré son âge avancé : toute la scène est ici rapportée sur le ton le plus mordant. Quel que soit le fond de vérité de cet épisode, c’est la malveillance qui pousse Quérard à prétendre que si la notice bibliographique n’avait pas été placée en tête du tome premier des œuvres de Tacite, c’était en raison de l’incompétence de Panckoucke dans ce domaine : avec le catalogue manuscrit de 1826, il disposait déjà d’un matériau suffisant pour proposer une notice bibliographique de même valeur que celle des autres volumes de la collection. Il nous paraît plus probable qu’il méditait déjà de proposer un travail de grande ampleur : ses autres publications attestent d’ailleurs son goût pour les suppléments et les annexes de toute sorte.
23 Collection d’Antiquités égyptiennes, grecques et romaines, d’objets d’art du xve siècle […] bibliographie de plus de mille éditions de Tacite […] réunis et classés par ordre de temps et de lieux, avec les décors intérieurs particuliers à chaque pays, par C. L. F. Panckoucke, officier de la légion d’honneur, Paris, imprimerie Panckoucke, 1841, 1re partie, p. 11.
24 Voir à cet égard Frédéric Weinmann, « Ardente querelle autour des œuvres de Tacite en 1830 », dans Traduire en langue française en 1830, dir. Chr. Lombez, Arras, Artois Presses Université, 2012, p. 189-202.
25 Sur cette conception, défendue par Panckoucke dans plusieurs notes accompagnant ses traductions, voir « Tacito impendere vitam… », art. cit. [n. 2], p. 208.
26 Fr. Lissarague, « Entre livre et musée », art. cit. [n. 5], p. 224, suppose que dans cette salle, les manuscrits de Panckoucke occupaient « le centre de cette mise en scène ».
27 Collection d’Antiquités égyptiennes, grecques et romaines…, op. cit. [n. 23], 2e partie, p. 6.
28 Collection d’Antiquités égyptiennes, grecques et romaines…, op. cit. [n. 23], 1re partie, p. 12. On y trouve notamment les éditions aldines de Catulle-Tibulle-Properce (1502) et d’Apulée (1521).
29 Vente des livres, albums et papiers d’une famille de lettrés, auteurs et éditeurs (1700-1868). Collection de M. P*** (22-23 mars 1926), Paris, Andrieux, 1926.
30 Suivent des estampes et de nombreux documents autographes.
31 Il est interfolié et porte au plat antérieur la mention manuscrite : « Me Aulard ».
32 Les résultats de la vente figurent aussi dans le supplément au Bulletin du bibliophile de mai 1926.
33 Jean-Claude Bozerian (l’aîné) cessa d’exercer en 1810 ; François (le jeune) en 1818. Ou bien Panckoucke s’est montré discret en 1826, ou bien il a acquis postérieurement à cette date un plus bel exemplaire que celui alors en sa possession.
34 Réalisé sous les auspices de Corbière, ministre de l’Intérieur ; à l’occasion de cette publication qui vaudra à Panckoucke la médaille d’or de l’exposition des produits de l’industrie (1827), l’éditeur fait à la duchesse d’Angoulême les honneurs de son imprimerie (voir le Journal des débats du 21 mai 1827).
35 Seymour De Ricci, « Les amateurs de livres anciens en France de 1900 à 1925 », Bulletin du bibliophile, 1926, p. 63, souligne d’ailleurs la vogue des reliures de Bozérian ou Thouvenin, désormais recherchées à l’égal des productions d’un Padeloup ou d’un Monnier.
36 Collection d’Antiquités égyptiennes, grecques et romaines…, op. cit. [n. 23], 1re partie, p. 7. Il n’est pas impossible qu’il s’agisse des Tacite du catalogue, puisque Panckoucke avait installé dans son cabinet sa traduction des Œuvres complètes (en demi-chagrin) : voir ci-dessus [p. 229].