La Librairie Champion, correspondante de l’Institut d’Estudis Catalans pour la France (1909-1936)
1. L’Institut d’Estudis Catalans et la Biblioteca de Catalunya1
L’Institut d’Estudis Catalans (Institut d’Études Catalanes ou IEC) fut fondé en 1907 par la Diputació de Barcelone pour contribuer à la normalisation de la culture catalane et la mettre au rang des autres cultures européennes2. Il s’agissait de créer un centre qui favoriserait la recherche dans une perspective catalane et qui en diffuserait largement les résultats. Pour atteindre ce dernier objectif les publications allaient jouer, dès le démarrage de l’Institut, un rôle essentiel et constitueraient la base même de son activité. Dès le départ aussi, l’IEC se proposait de bâtir une Bibliothèque qui faciliterait l’accès des chercheurs à la bibliographie. Initialement celle-ci fut connue sous le nom de Biblioteca de l’Institut puis, à partir de 1914, elle commença à fonctionner de façon autonome en tant que Biblioteca de Catalunya.
De nombreuses études se sont intéressées à l’importance de l’activité de l’institution dans le cadre de l’édition3. On y voit que les publications furent considérées comme un outil essentiel pour se faire une place dans le monde scientifique et ce principalement par deux voies : a) d’une part par le biais de l’échange de publications avec d’autres sociétés savantes, de sorte que se crée ainsi peu à peu un réseau de relations personnelles et institutionnelles qui s’alimenteraient mutuellement au moment même où, parallèlement, l’institution ferait connaître sa propre production au public érudit que regroupaient ces sociétés ; b) et d’autre part, grâce à la présence de « représentants » de l’Institut dans les villes qui abritaient les principaux centres d’activité intellectuelle de l’Europe ; ce serait donc par leur intermédiaire que les publications de l’IEC parviendraient à un public potentiellement intéressé.
La relation IEC-Champion qui constitue l’objet de notre étude commencera par la première de ces voies, c’est-à-dire par l’échange de publications. Le contact établi, Champion deviendra immédiatement un grand fournisseur de livres et de revues pour la Biblioteca de l’Institut qui allait devenir plus tard la Biblioteca de Catalunya. Mais l’aspect le plus notable, nous le verrons, c’est qu’à travers le lien ainsi créé la maison Champion sera pendant vingt-cinq ans correspondante, collaboratrice et antenne active de la diffusion de la culture catalane en France.
Le premier contact dont nous ayons connaissance se produisit à travers le musicologue Pierre Aubry (1874-1910) qui proposa un échange entre les revues érudites Romania et Le Moyen Âge, éditées par Champion, et les publications de l’IEC. Mais, déjà dans la lettre qu’Honoré Champion envoya le 16 décembre 1908 à l’IEC pour accepter cet échange, il offrait de plus de trouver tout autre ouvrage dont l’Institut pourrait avoir besoin et se montrait intéressé par ce qui se passait en Catalogne : « Je suis heureux de cet échange, car j’ai beaucoup de sympathie pour les travailleurs catalans et je me mets tout à votre disposition »4. C’est ainsi que débuta une relation commerciale et culturelle qui allait se poursuivre pendant un quart de siècle.
2. Honoré Champion et son entreprise
Honoré Champion est l’un des libraires-éditeurs types du xixe siècle parisien5. Fils d’un marchand de vins bourguignon, il s’initia aux affaires en travaillant comme aide de Dumoulin, libraire spécialisé dans les thèmes historiques, généalogiques, archéologiques et linguistiques. La manipulation quotidienne des livres et la rédaction des notices destinées aux catalogues lui permirent d’acquérir une vaste culture. Il rencontra aussi dans cette librairie des intellectuels comme Sainte-Beuve (dont il classait la bibliothèque particulière le dimanche) ou le philologue Paul Meyer. En 1874 il franchit le pas et ouvrit sa propre librairie, principalement consacrée à l’histoire de France. Elle se trouvait quai Malaquais, dans les anciens locaux d’une librairie elle aussi historique, celle de Noël Thibault-France, père d’Anatole France. Il commença par faire le commerce de livres d’occasion et se spécialisa peu à peu dans la recherche et l’érudition.
Cela faisait déjà bien une décade qu’un certain nombre d’intellectuels et d’académiciens luttaient pour introduire dans la recherche des Humanités de nouvelles méthodes plus rigoureuses, inspirées par le développement de la science allemande. C’est à cette même époque aussi que fut créée l’École Pratique des Hautes Études (1868) ; des chercheurs comme Paul Meyer, Charles Morel, Gaston Paris, etc., commençaient à lancer de nouvelles revues et publications par le biais desquelles ils faisaient connaître leurs recherches6. La librairie de Champion, qui avait débuté en revendant des livres provenant de grandes bibliothèques de l’Ancien Régime, se fit tout de suite l’écho de ce mouvement et prêta son concours à ces nouvelles publications, tout comme le faisaient aussi d’autres libraires parisiens tels que Picard ou Leroux.
La Librairie Champion était donc une librairie à l’« esprit de cé-nacle », une « librairie à chaises » où se réunissait habituellement un groupe de personnes cultivées fortement lié au monde intellectuel. Le libraire Champion ajouta à son activité commerciale une intense activité éditoriale fondée sur l’édition d’ouvrages érudits et particulièrement sur la publication de grandes collections et de revues créées en collaboration avec des sociétés savantes, parisiennes et provinciales, et vendues sous forme de souscription7.
Jean-Yves Mollier considère qu’Honoré Champion fut l’« éditeur des sociétés littéraires les plus prestigieuses au tournant du xxe siècle »8 et Frédéric Barbier décrit ce type d’établissement en des termes qui pourraient faire penser à d’embryonnaires centres de recherche ; il insiste précisément sur la librairie de Champion :
La Librairie « traditionnelle » devient ainsi un espace choisi, un lieu de reconnaissance, où se retrouve avec une certaine régularité une petite société d’élus aux préoccupations érudites ou artistiques semblables. On connaît le rôle d’un Honoré Champion dans le développement de l’édition historique et philologique en France sous la Troisième République9.
C’est l’esprit de collaboration de ces libraires avec les institutions de haute culture qui caractérise de la façon la plus évidente ces nouveaux établissements. Et c’est aussi ce que les intellectuels catalans apprécient le plus lorsqu’ils se réfèrent à la relation entre Champion et l’Institut d’Estudis Catalans. La première visite d’un membre de l’IEC à la librairie se produisit tout juste trois mois après le début de cette relation. Josep Puig i Cadafalch y passa et, quelques jours plus tard (07/04/1909) il écrivait à Josep Pijoan :
He passat per casa en Champion i crec que he escollit bé. És la llibreria al costat de l’Institut de France, ahont los immortals de l’Acadèmia d’Inscripcions i Belles Lletres se reuneixen abans de la sessió. En Champion és un home vell, rodanxó, amb la [testa] casi pelada, uns cabells llarchs i un petit bigotet; res de la joventut (en quant los anys) que feia pensar les seves cartes. S’interessa per nosaltres i ens enviarà la « Revue Bénédictine » que li vaig demanar10.
(Je suis passé chez Champion et je crois avoir bien choisi. C’est la librairie qui se trouve à côté de l’Institut de France, là où les immortels de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres se réunissent avant leur séance. Champion est un homme âgé, rondelet, presque chauve, quelques cheveux longs et une petite moustache ; rien de la jeunesse [du point de vue des années] que laissaient présager ses lettres. Il s’intéresse à nous et nous enverra la « Revue Bénédictine » que je lui ai demandée.)
Dès 1905 Honoré Champion avait associé son fils Édouard à la gestion de son commerce et, en fait, ce fut le fils qui, la plupart du temps, s’occupa des relations avec l’Institut d’Estudis Catalans11.
Pour cet IEC naissant – et aussi pour la Biblioteca de Catalunya – cette connexion avec Champion était fort intéressante. Non seulement elle leur permettait d’être en contact avec un des centres de production en humanités les plus connus de France mais encore elle les pourvoyait en livres scientifiques de grande valeur et en bibliographie aussi bien fondamentale que novatrice. Et, de plus, Champion était disposé à représenter l’Institut auprès des sociétés savantes françaises et à distribuer ses publications. Il s’agissait donc, pour les Catalans, d’une collaboration d’une extraordinaire valeur stratégique.
3. Les débuts de la relation
Nous avons déjà dit que la relation débuta à l’occasion d’une demande d’échange que la Librairie Champion, par une lettre d’Édouard, accepta avec grand plaisir. À ce moment-là, le secrétaire de l’Institut était Josep Pijoan, personnalité essentielle dans la gestation et le démarrage de l’institution, très conscient du rôle moteur que l’IEC désirait jouer dans la culture catalane.
Pijoan dut répondre très rapidement car, deux semaines plus tard, une autre lettre – cette fois-ci écrite par Honoré Champion en personne – offre à l’IEC, outre un certain nombre d’ouvrages, d’établir des relations plus larges : « J’ai reçu votre lettre. Je serais très heureux d’être en rapport avec vous. Si vous le désirez je pourrais être votre correspondant à Paris. […] Je crois que, si vous vous adressiez à moi, nous pourrions mettre en honneur à Paris les Études catalanes »12.
Le ton de ces lettres ne permet pas d’en douter : au-delà des aspects commerciaux, le désir de collaboration est réel. Le secrétaire de l’IEC présenta cette proposition à la séance plénière du 11 janvier 1909 et les membres acceptèrent que Champion soit leur correspondant ; pour preuve d’un lien plus étroit, ils décidèrent de lui aménager des conditions économiques légèrement plus avantageuses que celles établies pour les librairies barcelonaises. De plus, Champion figurerait comme librairie de référence sur les couvertures des livres et les prospectus qu’ils diffuseraient13.
Lorsque, le 19 janvier 1909, Pijoan écrit à Champion pour lui préciser les conditions de la représentation délibérées en séance plénière, il s’excuse de ne pas pouvoir offrir une remise de plus de 30 % sur le prix des publications et, pour ce faire, il lui commente l’une des servitudes que comporte la mission normalisatrice qu’accomplit l’Institut : le prix des publications doit être accessible, de sorte à pouvoir atteindre aussi un public moyen dont l’Institut désire qu’il s’habitue à consommer la science et la culture catalanes ; leur rédaction doit aussi être rigoureuse et rédigée en catalan. C’est pourquoi les prix sont très serrés et les marges que l’on peut offrir à des intermédiaires comme Champion, réduites. Suivant les termes mêmes de Pijoan :
Nous voyons bien que ce 30 % est bien peu de chose, mais il nous est impossible d’accorder davantage parce que nos livres sont imprimés avec l’aide des Corporations Officielles et sous leur contrôle, et nous les vendons presque au prix de revient, et vous comprenez que nous ne pouvons vous accorder des prix inférieurs, c’est-à-dire, en perte. La raison pour laquelle nous les donnons à si bas prix c’est pour voir si nous entraînons le public catalan, et nous voyons que c’est là une difficulté pour les libraires de l’étranger14.
Champion répond sur le champ par une lettre d’Édouard ; il accepte les conditions et demande de préciser le mode de règlement des ports. Il y ajoute une offre supplémentaire :
Envoyez-moi une épreuve du prospectus à mon nom. Je la relirai et vous donnerai des indications pour des envois aux imprimeurs de mes revues, qui en feront l’insertion dans les plus prochains numéros. C’est une bonne et spéciale publicité que je vous accorderai volontiers gratis15.
Josep Pijoan accepte immédiatement et, de plus, lui fait une autre demande très importante : que le contact avec la librairie permette à l’IEC d’être informé en permanence des progrès de la recherche, une recherche à laquelle eux n’ont pas facilement accès.
De notre côté, vous pouvez nous rendre grandement service en nous16 informant des publications qui nous inté-ressent, parce qu’une de nos peines c’est de n’être pas [sic] au courant de ce qui est publié. En faisant la liquidation annuelle, nous encaisserons sûrement en livres que nous vous demanderons. Nous espérons que vous nous accorderez un tant % comme à un libraire17.
Et il pronostique dans cette même lettre : « Je suis sûr que vous n’aurez pas à regretter d’avoir accepté notre représentation ; nous allons publier beaucoup et nous avons pour cela un budget assez appréciable. »
C’est dans ces buts et avec de telles expectatives que s’établit la relation. Contrairement à ce que pensaient alors les deux parties, par la suite la collaboration réelle ne se fonda pas tant sur les publications de l’IEC que Champion vendit en France mais bien plutôt sur le grand nombre de livres que l’IEC tout d’abord, puis ensuite la Biblioteca de Catalunya, allaient acheter à Champion. Et le fruit le plus appréciable de cette alliance fut le soin que déploya le libraire pour faire connaître l’IEC en France.
4. La Librairie Champion et les publications de l’IEC
Édouard Champion exprime plusieurs fois son opinion d’expert sur les publications de l’IEC et presque toujours pour les louer. Par exemple, la première fois qu’il reçoit des exemplaires de l’Anuari, il en admire la facture, qu’il considère luxueuse, et les belles reproductions ; mais il avertit que le prix, qu’il trouve assez serré pour une publication aussi luxueuse, est un petit peu trop élevé pour les spécialistes18. Quelques mois plus tard, il loue aussi L’Arquitectura Romànica a Catalunya dont il dit : « Quand vous aurez ainsi des distributions de volumes à faire, je serai très honoré de présenter d’aussi beaux volumes. » ou encore « […] il fait grand honneur aux auteurs et à votre Institut », encore qu’il ne s’empêchât point d’en critiquer certaines caractéristiques : « Pourquoi l’avoir imprimé sur ce papier couché qui, dans dix à 15 ans, ne sera qu’une boue informe ? Les clichés commandaient un peu ce papier, je le sais, mais c’est quand même un noble ouvrage »19. Il en apprécie aussi les contenus. En 1920, il écrit à Ferran Soldevila : « Vous êtes évidemment la société savante étrangère qui publie le plus de choses intéressantes. […] Et je suis très fier d’être ici votre correspondant »20.
Au cours de ces années de relation, Champion proposa plusieurs fois des coéditions à l’IEC. La première fois, le 12 mars 1920, il lui offrit de publier la thèse de Pierre Fouché, tout comme l’IEC l’avait déjà fait pour celle d’Amédée Pagès.
J’ai eu hier la visite de Mr. Fouché, Professeur au Collège de Bonneville (Haute Savoie) qui vient de terminer un gros livre sur le dialecte perpignanais. Le tome Ier comprendra la Phonétique et la Morphologie, et le tome II la Syntaxe. Le tout sera accompagné de nombreux exemples choisis dans les documents d’archives. Ces deux volumes constitueront les thèses que Mr. Fouché présente à la Faculté de Lettres de l’Université de Paris. Vous le connaissez, je crois. C’est un élève de Mr. Anglade. J’examine avec lui la possibilité d’imprimer actuellement ses deux volumes. Il en coûtera beaucoup d’argent à Mr. Fouché. J’ai pensé à l’Institut d’Estudis Catalans, qui avait bien voulu s’intéresser autrefois aux thèses de Mr. Pages. Une combinaison ne serait-elle pas possible pour celles-ci de Mr. Fouché ? Cela ferait le plus grand honneur à l’Institut Catalan, j’en suis sûr, et l’auteur mérite vivement d’être encouragé. Il est connu de plusieurs de ces Messieurs, de Mr. Massó Torrens particulièrement.
Dites-moi très franchement ce que vous pensez de ma proposition21.
Il n’y a pas trace de la réponse à la proposition, si réponse il y eut, mais en tout cas cette proposition n’aboutit pas car les travaux de Pierre Fouché furent publiés à Toulouse, chez Privat, en 1924.
En 1925, Édouard Champion proposa à l’IEC l’élaboration et l’édition conjointes des volumes catalans du Corpus Vasorum Antiquorum, une grande série sur l’archéologie, parrainée par l’Union Académique Internationale. Après une visite de Puig i Cadafalch à la librairie, visite au cours de laquelle ils parlèrent de cette collaboration, Champion envoya une proposition de contrat pour éditer deux fascicules de cette œuvre. Il n’y a ici pas lieu de l’expliquer dans le détail, mais il est intéressant de voir comment l’IEC corrigea cette première proposition en en éliminant toutes les clauses qui établissaient le traitement « commercial » de la publication et toutes celles qui supposaient une avance d’argent de la part de l’Institut22. En fait, l’IEC traversait une passe fort difficile sous la dictature de Primo de Rivera et n’était pas en état de financer quelque publication que ce fût. Champion persévéra dans ce projet jusqu’en 193023 mais malgré toute son insistance l’opération ne se fit pas puisque les matériaux catalans du Corpus Vasorum Antiquorum ne furent publiés qu’après la Guerre Civile espagnole, et non par Champion.
5. Les relations entre l’IEC et d’autres institutions par le biais de la Librairie Champion
La seconde livraison de livres qui partit de l’IEC vers Champion contenait déjà la demande expresse que la librairie distribue les exemplaires échangés à certaines socié-tés parisiennes. Le secrétaire de l’institution, Josep Pijoan, y disait :
Je vous ai envoyé deux caisses de livres : la première contenait les 4 premiers ouvrages publiés par l’Institut, 3 exemplaires comme vous me l’aviez demandé. Le 2d envoi contenant dans divers colis 12 exemplaires du dernier ouvrage de l’Institut, que vous ne connaissiez pas encore, « L’Arquitectura Romànica a Catalunya ». Ces 12 exemplaires sont à distribuer comme suit : 1 pour vous, pour l’échange avec vos Revues ; 8 pour la vente, ainsi que vous avez jusqu’à présent reçu 8 exemplaires des autres ouvrages ; 1 pour l’Académie des Inscriptions ; 1 pour la Société des Antiquaires de France ; 1 pour M. Salomon Reinach, pour l’échange avec la Revue Archéologique. Ces 3 derniers livres que nous nous sommes pris la liberté de vous inclure pour être distribués, ont été envoyés pour compléter le poids d’un colis postal qui permettait d’expédier les volumes 4 par 4 et nous avons tenu compte pour ce choix de la proximité respective des 3 destinataires à votre domicile. Il reste bien entendu que ce sont 3 exemplaires d’échange que vous voudrez bien distribuer gratis24.
Quelques mois plus tard, Pijoan expliquait à Édouard Champion que l’Académie des Inscriptions lui réclamait le volume de L’Arquitectura Romànica a Catalunya en disant qu’il ne leur était pas parvenu : il lui demandait de leur en fournir un autre que l’IEC lui règlerait ensuite25. Champion accepta de le faire puisque Barcelone en avait pris l’engagement mais il se plaignit de l’organisation de cette Académie et demanda aux Catalans de ne plus faire de telles promesses :
Je reçois votre lettre du 21 courant. Je suis bien en retard pour répondre à celle du 7 janvier, mais j’étais très ennuyé de ce que vous m’aviez dit pour l’exemplaire arquitectura qui ne serait pas parvenu à l’Académie des Inscriptions où vous m’aviez chargé de le faire remettre. C’est extraordinaire ce qui se perd de volumes dans cette maison, ceci entre nous, et je voulais faire une recherche sérieuse ; force m’est d’envoyer un second exemplaire dès demain à monsieur Dieulafoy lui-même. Espérons qu’il n’y aura plus de quiproquo à ce sujet26.
Il faut, de plus, dire que l’Académie des Inscriptions avait tendance à ne pas respecter les accords d’échanges passés avec l’IEC. Et Champion s’occupa souvent d’aller en personne les relancer au sujet des ouvrages qui étaient attendus à Barcelone. En pleine Première Guerre mondiale Jordi Rubió i Balaguer, directeur de la Biblioteca de Catalunya, écrivait :
Une demande encore. L’Académie des Inscriptions nous envoie ses publications historiques en échange, mais il nous faut aller chercher les ouvrages au Palais de l’Institut. Jusqu’à présent s’en étaient chargés nos collègues, lorsque quelqu’un d’entre eux allait à Paris. Auriez-vous la bonté de vouloir le faire cette fois ? Il s’agit de recueillir les volumes parus depuis que M. Miret y Sans y est allé personnellement en 1912, je pense. Il y a parmi ces volumes les livres de Delaborde, Delisle, Lauer, Longon, etc. Vous trouverez ci-jointe [sic] une lettre de notre Président en vous conférant les pouvoirs de notre Institut.
Veuillez excuser l’ennui que cette affaire puisse vous donner ; nous vous en serons bien reconnaissants27.
Marie Champion, qui gérait alors le commerce, s’en occupa immédiatement et répondit à la demande28. La chose traîna cependant tellement en longueur que, une fois la guerre achevée, c’est Édouard en personne qui dut les relancer. À cette occasion, il précisa à son correspondant que la décision devrait être immédiate :
[…] Je n’ai pas perdu de vue votre lettre relative à l’Académie des Inscriptions et j’ai été déjà plusieurs fois chez notre voisine pour savoir où cela en était, mais ils m’ont prié d’attendre. Votre lettre doit faire l’objet d’une communication spéciale au prochain conseil, qui en décidera. Je serai prévenu aussitôt29.
Parfois, Barcelone demandait à Champion d’effectuer quelques règlements au nom de l’IEC ; ce fut le cas par exemple lorsque, en 1913, Ramon d’Alòs-Moner lui envoya de l’argent destiné à un graveur parisien, J. de Masin, qui passa le retirer à la librairie30.
Et en de nombreuses occasions, la Librairie Champion diffusa les publications catalanes. Par exemple, en 1923, à la suite de la parution de l’Atlas lingüístic de Catalunya, Champion écrivait :
Je viens de recevoir les volumes de l’atlas linguistique catalan. C’est un splendide ouvrage dont je suis heureux de vous féliciter. C’est très beau de voir la Catalogne suivre ainsi la France et je m’en réjouis de tout cœur.
P.S. – Suivant les instructions de l’Abbé Griera, j’ai envoyé un exemplaire de l’Atlas à MM. Roques, Dauzat et Gillieron31.
Champion se préoccupa aussi de faire connaître le travail de l’Institut à travers certaines des revues qu’il publiait. C’est ainsi, par exemple, qu’en 1912 il obtint que la Revue Internationale de l’Enseignement publie un article expliquant l’activité de l’IEC. Il proposa alors à l’Institut d’y encarter un feuillet de ses publications. Assez élégamment, il lui suggérait d’y souscrire puisque la revue parlait de lui et qu’elle offrait des articles fort intéressants, manière délicate de capter des abonnés. Jordi Rubió évita de répondre à cette offre de souscription et l’IEC n’acheta qu’un exemplaire du numéro où paraissait le reportage qui lui était consacré.
Plus tard, en 1919, Champion demanda des renseignements sur l’activité de l’IEC pour rédiger une note à insérer dans la Revue des Bibliothèques qu’il éditait et dont Louis Barrau-Dihigo était secrétaire. Cette information ne parvint jamais à Paris32.
Malgré cela, les Champion ne cessèrent à aucun moment leurs efforts tendant à présenter les ouvrages catalans à d’éventuels intéressés. Dans une lettre à Puig i Cadafalch, alors président de l’Institut, Édouard Champion lui expliquait les étapes à suivre pour se faire connaître et, au passage, récupérer de nouvelles possibilités d’échanges pour l’IEC :
Je suis un peu embarrassé pour le service de presse de votre ouvrage, ne sachant pas nettement à qui envoyer les tomes I & II ou le tome II seul. Inclus vous trouverez la liste en double exemplaire de ce que je compte faire. Vous complèterez et rectifierez, s’il y a lieu. Ne perdez pas de vue que je n’ai ici que 6 exemplaires du tome II. Il serait bon de m’en faire envoyer d’autres le plus tôt possible ainsi que deux exemplaires de chacune des publications de l’Institut. Je vais faire de la publicité et j’espère bien placer de nouveaux exemplaires. J’écrirai aux revues avec lesquelles l’Institut n’est pas en rapport et je tâcherai que le don de vos magnifiques volumes à vous-même [sic] inaugure de bonnes relations entre ces revues et l’Institut33.
Ou encore, par exemple, il corrigeait les dépliants publicitaires arrivés de Barcelone en apportant des retouches dont il pensait qu’elles faciliteraient la diffusion des volumes34. Et, comme l’explique Joaquim Miret i Sans dans une lettre destinée à Jordi Rubió i Balaguer, il les aidait activement par ses contacts et par son attitude de compréhension et de collaboration :
He anat avui a l’ambaixada d’Espanya. No saben res ni tenen ja cap record d’haver demanat i tramès un lot de llibres per a l’Institut. Els hi he dit que per aclararho aniria directament al Ministeri i els ha semblat molt acertat, sens avergonyirse d’això. En Champion m’ha donat ara mateix una recomanació per a M. Laurent, chef del Bureau de publicacions en lo Ministeri i demà matí hi aniré i veurem si arreplego. […] No puc entendre la calma que pren [Honoré Champion] quan li parlo de fer la liquidació i està entusiasmat amb l’Institut, lo mateix que son fill, que està ben enterat de tot lo nostro35.
(Je me suis rendu aujourd’hui à l’ambassade d’Espagne. Ils ne savent rien et n’ont aucun souvenir d’avoir demandé et transmis un lot de livres pour l’Institut. Je leur ai dit que, pour éclaircir cette affaire, j’irais tout droit au ministère et, sans aucune pudeur, cela leur a paru tout à fait normal. Champion m’a donné maintenant même une recommandation pour M. Laurent, chef du Bureau des publications au ministère et j’irai demain matin voir ce que je peux faire […] Je ne peux pas comprendre le calme avec lequel [Honoré Champion] réagit lorsque je lui parle de liquidation et il est enthousiasmé par l’Institut, tout comme son fils qui est bien au courant de tout ce qui nous concerne.)
Quelques jours plus tard, dans une autre lettre entre les mêmes correspondants, Miret expliquait que l’Académie des Inscriptions appréciait beaucoup les publications de l’IEC :
Respecte del Recueil des Historiens i demés coses de l’Acadèmia d’Inscripcions, vaig parlarne al President, M. Omont, qui amb molta amabilitat i parlant amb grans elogis del nostre Institut dient que érem al davant de tot lo demés que fan a Espanya, me va prometre fer tot lo possible en nostre favor i crec que el tindrem com a verdader amic. Li vaig demanar, al veure’l tan complasent, los volums 22, 23 i 24 del Recueil publicats en la primera sèrie, en 1865, 1876 i 1904, perquè no recordo si els tenim36.
(En ce qui concerne le Recueil des Historiens et autres textes de l’Académie des Inscriptions, j’en ai parlé au président, M. Omont, qui très aimablement et parlant avec de grands éloges de notre Institut, en disant que nous étions au premier rang de tout ce qui se fait en Espagne, m’a promis de faire tout son possible en notre faveur et je crois que nous aurons en lui un véritable ami. Le voyant si complaisant, je lui ai demandé les volumes 22, 23 et 24 du Recueil publiés dans la première série en 1865, 1876 et 1904, car je ne me souviens pas si nous les avons.)
L’attitude de Champion avait plus que certainement contribué à cette connaissance, ce qui montre sa participation active dans la diffusion des travaux de l’Institut en France et prouve qu’il ne craignait pas de s’impliquer à fond pour atteindre cet objectif.
6. Le contexte politique, social et personnel dans leur correspondance
Au milieu de tant de lettres centrées sur la relation commerciale, certaines contiennent des références à des événements importants qui se déroulent à Paris ou à Barcelone. Celles-ci ne constituent pas le sujet principal des missives mais renforcent l’impression que les aspects collatéraux à cette relation commerciale surgissent de façon toute naturelle entre les responsables des deux institutions en contact.
C’est ainsi que, en juin 1909, au tout début de la collaboration, Édouard Champion offre de trouver, par le biais de ses correspondants à Londres, les livres anglais que l’IEC veut acheter. Et il l’exprime sous cette forme : « Pour l’Angleterre, j’y ai des correspondants excellents. Vous me ferez plaisir en me passant vos ordres. Je les exécuterai de mon mieux – et vous contribuerez à la diffusion de l’entente cordiale ! »37, faisant référence aux traités de commerce signés en 1904 entre la France et le Royaume-Uni et connus sous ce nom.
Cette même année se produisent à Barcelone les faits de la Setmana Tràgica [la Semaine Tragique] et, cinq jours plus tard, le 7 août, Honoré Champion écrit en personne à Josep Pijoan :
Je me permets de venir vous demander de vos nouvelles et de l’Institut d’Études Catalans. Les malheureux événements par lesquels vous venez de passer et qui ont tant d’analogie avec la Commune que nous avons subie en 1871 à la suite de la guerre, m’ont rendu bien inquiet. Rassurez-moi, donc, avez-vous bien reçu mon dernier envoi ? Il ne me reste plus à vous fournir maintenant que les deux ouvrages suivants que je n’ai pu encore trouver. […] Rassurez-moi sur votre sort, car l’archéologie et la science ne sont guère respectés par ce temps de trouble, et les savants peuvent en être victimes38.
Dans une lettre datée de Barcelone le même jour et qui dut se croiser avec la précédente, Pijoan lui expliquait qu’ils étaient tous sains et saufs en ces termes : « Cher Monsieur. Nous avons échappé sans malheur à la terrible émeute qui a ensanglanté notre pays. Ce sont des choses naturelles en Espagne, mais auxquelles on n’arrive jamais à se faire tout à fait »39. Après cela, Honoré Champion écrit encore en déplorant les évènements qui ont réveillé en lui de terribles souvenirs et s’inquiète des dommages qui ont pu être causés aux centres de culture : « Les évé-nements de Barcelone sont épouvantables. Ils ont une analogie avec ceux de notre Commune de 1870 [sic], de triste mémoire, et à laquelle j’ai assisté. C’est horrible. Les journaux de Paris ont dit qu’on avait saccagé des livres et brûlé des manuscrits. Dites-moi, donc, si cela est vrai »40. La préoccupation était bien vive à Paris car Édouard écrit fin août qu’« à cause des événements politiques, mon ami M. De Rilly retarde son voyage à Barcelone »41.
Deux mois plus tard, quelques jours après l’exécution du pédagogue libertaire Francesc Ferrer i Guàrdia, accusé d’avoir fomenté la révolte et condamné à mort par un tribunal militaire après une parodie de procès, Édouard Champion écrit à la fin d’une lettre : « Nos compatriotes sont bien aveugles, je crois, sur le cas de Ferrer. Je déplore leur aveuglement »42. Jugement et exécution avaient suscité des manifestations de protestation internationales, dont l’une avait eu lieu à Paris la veille du jour où fut écrite cette lettre. Les bévues du procès et l’exécution furent aussi vivement dé-noncées par Anatole France, avec qui les Champion étaient très liés.
Dans un autre ordre de choses, début 1910, il profitait d’une lettre pour répondre à la question qui lui avait été posée sur les inondations qui eurent lieu cette année-là : « De notre côté, la Seine se retire lentement et cependant on annonce qu’elle va remonter. Nous sommes bien inquiets. Vous voyez… nous avons aussi notre émeute, mais elle est toute naturelle et non moins pénible »43.
Quelques questions personnelles apparaissent aussi dans la correspondance. Au moment du décès d’Honoré Champion, son fils Édouard écrivit en réponse à Ferran Valls i Taberner :
Le grand malheur qui m’a frappé et dont je vous ai de suite fait part : la mort subite de mon cher et pauvre père, vous expliquera mon silence de ces jours derniers. Je m’occupais précisément de remplir les caisses à vous destinées quand il est mort et j’ai tenu, vu l’intérêt qu’il vous portait avec raison, à ce qu’elles soient expédiées à votre adresse ; lui-même a pris le dernier tournant de la vie. […] Vous m’excuserez si en ce moment je n’ai pas tout à fait la tête à moi. M. Puig y Cadafalch a connu mon père. Il vous dira quel homme c’était et tout ce que je puis ressentir actuellement. Il me laisse une entre-prise énorme et pour laquelle j’ai besoin de bien des concours ; j’espère que celui de l’Institut d’Estudis Catalans de Barcelone me restera et je vous en remercie mille fois à l’avance44.
En 1922 Édouard fait savoir à l’IEC que le gouvernement français lui concéde la Croix de la Légion d’honneur pour sa contribution à l’expansion de la littérature française à l’étranger et il s’excuse de ce que le décret de concession ne cite pas explicitement sa relation avec l’Institut45. Au cours des années, il leur annonce le décès de sa mère, dont l’IEC conserve le faire-part et la carte souvenir, ainsi que son mariage, dont l’IEC a aussi le faire-part.
7. Visites de membres de l’IEC et échanges
Au cours des années de relation, plusieurs membres de l’Institut passèrent par le salon de la Librairie Champion sous le prétexte de résoudre certaines commandes mais surtout bien conscients qu’ils visitaient l’un des cénacles les plus importants de la recherche en France. Ces visites, quelques-unes de plus de poids et d’autres simplement logistiques, pour apporter ou recueillir des livres, peuvent être suivies à travers les lettres échangées. La liste de ceux qui y passèrent inclut Josep Puig i Cadafalch, Jaume Massó i Torrents, Josep Pijoan, Ferran Valls i Taberner, Agustí Calvet, Francesc Martorell, Jordi Rubió, Eudald Duran i Reynals, et surtout Joaquim Miret i Sans. C’est ce dernier qui y fut le plus assidu car il effectuait de longs séjours à Paris pour ses recherches et il en vint à vivre dans l’ambiance intellectuelle créée autour de la librairie. Nous en voulons pour preuve une délicieuse lettre de Miret i Sans à Antoni Rubió i Lluch :
Benvolgut amic,
Tinc gust en comunicarli haver fet ja la comanda de l’Institut, referent a preguntar al llibreter Champion l’import dels llibres demanats per nosaltres i no inclosos en la remesa de les nou caixes. Després de molt mirar, regirar i anades i vingudes dels dependents, me manifestà resoltament que no tenim cap altre llibre demanat i no enviat, i que una volta haguem satisfet les factures ja presentades abans de sortir jo de Barcelona i que munten a dos mil pessetes poc més o menys, no deurem res. Lo que encara té és una llista curta d’obres de les quals se li demanà preus, però no [ho] entén com a comanda ferma de compra. Cal, doncs, que li aclareixi això i, si fos així com en Champion assegura, tindríem encara diners per invertir en llibres46.
(Cher ami,
J’ai le plaisir de vous faire savoir que j’ai déjà fait ce dont me chargeait l’Institut et demandé au libraire Champion le montant des livres que nous avons commandés et qui ne se trouvent pas dans la livraison des neuf caisses. Après avoir cherché et recherché, tourné et viré, après des allées et venues des employés, il m’a résolument déclaré que nous n’avons commandé aucun livre qu’il n’ait déjà envoyé et que, une fois que nous aurons réglé les factures déjà présentées avant mon départ de Barcelone et qui se montent plus ou moins à deux mille pesetas, nous ne devrons plus rien. Ce dont il dispose encore, c’est d’une courte liste d’ouvrages dont nous lui avons demandé le prix, mais qu’il ne considère pas comme une commande ferme. Il vous faut donc éclaircir ce point et, s’il en était bien comme le dit Champion, nous aurions encore de quoi investir en livres.)
Champion tirait aussi un certain intérêt de la connaissance des spécialistes catalans : en 1910, ayant eu connaissance de son ouvrage sur L’Arquitectura Romànica a Catalunya et après une conversation qui eut lieu à Paris, Édouard fit entrer Josep Puig i Cadafalch comme membre correspondant à la Revue d’Art Chrétien qu’il publiait. En 1914 et en 1917 Miret i Sans publia aussi des articles dans la revue Moyen Âge que dirigeait Pierre Champion et qui était publiée par la maison d’édition de son père47. Ainsi donc cette relation ouvrait aussi la porte à l’intervention des chercheurs catalans dans des publications à forte diffusion en France : un aspect supplémentaire de la fonction que remplit Champion auprès de l’IEC : faire connaître cette institution et ses publications.
En certaines occasions, Champion aussi en appela à la collaboration de l’IEC. C’est ainsi qu’en octobre 1927 il demanda, par le biais de Georges Nicole, d’accueillir un chercheur américain qui poursuivait la Paleographia Iberica, que publiait la maison Champion.
Cher Monsieur,
J’ai le plaisir de présenter à votre bienveillant accueil notre ami, Monsieur Rodney P. Robinson, professeur de langue latine à l’Université de Cincinnati, qui se propose de poursuivre des recherches paléographiques dans les bibliothèques espagnoles en vue de sa continuation de l’ouvrage de Burnam Paleographia Iberica dont nous sommes les éditeurs.
Je suis convaincu que M. D’Olwer sera lui aussi très heureux de faire connaissance de M. Robinson, son collègue48.
On n’a aucune réaction avant la fin du mois d’avril 1929, moment où Robinson est à Barcelone. Georges Nicole écrit alors cette ligne dans une lettre : « Je vous suis très reconnaissant de l’aimable accueil fait à M. Robinson »49 et quelques jours plus tard Rubió lui répond : « Il m’a été très agréable de faire la connaissance de M. Robinson. Hier il est revenu avant son départ pour la France. Il a fait des découvertes très remarquables en Espagne »50. Une fois aussi Pierre Champion, le frère, demande à l’IEC des renseignements concrets sur une bibliographie nécessaire à ses études51.
Tout ce que nous avons vu jusqu’ici nous suffit pour comprendre qu’aucun autre fournisseur ni aucun autre correspondant n’a jamais établi de relation aussi intense, aussi suivie et aussi confiante avec la Biblioteca de Catalunya et l’IEC. Il apparaît évident que ceci n’aurait pas été possible sans une prédisposition de la Librairie Champion à favoriser, dans son commerce, cette familiarité avec ses clients. Mais les institutions catalanes jouirent ainsi à Paris d’un point de connexion qui était très appréciable pour elles.
8. Dissensions entre Champion et l’IEC faute de diligence dans la relation
Cependant, les années passant, les relations entre la librairie Champion et l’IEC ou la Biblioteca de Catalunya ne vont plus être aussi fluides ni se caractériser par d’aussi bonnes dispositions. L’un des motifs qui créèrent des difficultés de relation était que l’Institut d’Estudis Catalans ne répondait pas aux demandes réitérées de Champion qui désirait améliorer la publicité des ouvrages qu’il tentait de vendre en France. Comme preuve de ce dernier élément nous pourrions citer le fait que, pendant deux ans, 1909 et 1910, il réclama avec insistance que lui soient envoyés des dépliants publicitaires des travaux édités et Barcelone lui répondit être sur le point de le faire alors même qu’ils étaient en train de les préparer. Finalement les dépliants promis en janvier 1909 parvinrent à Paris en avril 1910… et incomplets ! Et dans la lettre qui les annonçait, le rédacteur – fort probablement Josep Pijoan – glisse la phrase suivante : « Entre parenthèses… cette question des prospectus me donne beaucoup de mal ; il faut que j’écoute tout le monde et jamais on ne finit par se mettre d’accord. Une autre fois, ne pourriez pas vous charger de leur confection ? Je vous en serais reconnaissant »52.
Après la Première Guerre mondiale, lorsque Édouard reprit les relations avec l’IEC et la Biblioteca de Catalunya, il se rendit compte que la vente des publications catalanes à travers sa librairie avait été très négligée pendant toute la guerre, non par incapacité de la librairie mais bien plutôt à cause de l’indolence des Catalans. En un premier message, il s’étonne de ne pas avoir de nouvelles d’une publication de l’IEC qui lui a été commandée et demande donc en urgence une liste des dernières publications53. Lorsqu’il la reçoit il se rend compte qu’il n’a pas « été tenu au courant des derniers volumes ». Il leur demande alors un exemplaire de chacun des ouvrages parus entre 1915 et 1919 pour les examiner et décider de ceux dont il aura le plus besoin54. Des mois plus tard, il ne les a toujours pas reçus, procède à un nouveau rappel et, au passage, leur fait remarquer que ce sont les collections qui sont les plus demandées à l’extérieur :
J’ai reçu tout récemment de l’Institut d’Estudis Catalans différents ouvrages parmi les derniers parus : El Gènesi, Mireia, Butlletí de Dialectologia catalana, Diccionari Aguiló, etc. Ce qui m’eût intéressé surtout c’est la suite des grandes publications de votre Institut, comme : Les pintures murals catalanes, L’Arquitectura romànica a Catalunya, les Obres d’Auzias March, etc. Là, je ne crois pas avoir été tenu au courant et, vous le savez, c’est surtout ces gros ouvrages si honorables que j’annonce à mon catalogue. […] Vous voyez par mon catalogue ce que je possède de vos grandes publications. Je ne suis pas du tout au courant et il serait intéressant pour tous, je crois, de me compléter55.
Quelques années plus tard, entre septembre 1922 et janvier 1923, Édouard Champion fait parvenir plusieurs demandes concernant des publications de l’Institut pour pouvoir en faire le compte-rendu dans la revue Romania et on ne les lui envoie pas. Une lettre datée de décembre 1922 marque son insistance :
Cher Monsieur,
Je vous avais demandé pour M. Pagès les dernières publications de l’Institut d’Estudis Catalans dont il voudrait faire un compte-rendu dans romania, et l’autorité de l’auteur est suffisante, je crois, pour que vous lui accordiez ce service direct. Je me permets d’insister pour que cet envoi lui soit fait le plus tôt possible, car j’estime infiniment M. Pagès et je ne sais que répondre à ses réclamations. Je vous confie cette affaire et vous remercie à l’avance de ce que vous pourrez faire pour nous donner satisfaction56.
Il semble bien que l’IEC de cette époque ne se caractérisait pas particulièrement par sa rapidité à commercialiser ses publications, par ailleurs très prisées à l’extérieur.
9. Fin de la relation
La lecture de la correspondance qui s’échangera à partir de juin 1927 donne la sensation que Champion commet de nombreuses erreurs dans les abonnements, n’envoie pas les factures à temps ou envoie les livraisons en double et en réclame deux fois les recouvrements, etc., comme si l’administration de la maison ne fonctionnait plus sérieusement et ne pouvait faire face à tout le travail. Presque toujours, c’est Georges Nicole qui signe la correspondance.
Or à cette époque et pendant les années 30, la maison Champion passe par une très forte crise. En fait, pendant toute la période de l’entre-deux-guerres le monde éditorial français subit une suite de crises qui le secouent fortement et les nouvelles formes de commerce portent des coups de plus en plus dommageables aux petites librairies érudites héritières du xixe siècle. C’est pourquoi, après la guerre, les grandes maisons d’édition littéraires pénètrent dans le domaine de l’édition universitaire et lui appliquent les exigences d’une édition destinée à un grand public ; à partir de ce moment, le livre érudit devient marginal.
La maison Champion est lourdement affectée par de tels changements et, dès 1919, Édouard va chercher des portes de sortie. En premier lieu, il oriente nettement la partie éditoriale vers l’édition de livres d’art et la publication de quelques hommes de lettres contemporains tout en maintenant, pour survivre, les grandes collections de souscription et les revues qui existaient déjà. En second lieu, à partir de 1927 il tente une réorganisation générale du commerce et envoie une circulaire à ses clients : il s’engage à respecter des délais maximum de livraison des commandes tout en leur offrant un service spécial de livraison directe pour les souscriptions à des publications périodiques. Le texte qui annonce cette réforme, reçu à la Biblioteca de Catalunya dans sa version anglaise, commence par expliquer qu’il revient des États-Unis où il a pu étudier les méthodes qui sont appliquées au commerce et que les améliorations qu’il propose en sont le reflet. Il indique aussi aux clients qu’il a publié les réflexions auxquelles l’a amené son sé-jour américain dans deux articles de la Revue des deux mondes, parus le 15 mai et le 1er juin 192757.
Cependant, en 1932, lorsque la crise économique affecte encore plus fortement les petites maisons d’édition, Édouard se retire et laisse la direction du commerce à Georges Nicole58.
Les circonstances vont affaiblir la capacité de la librairie et cela se traduit, par exemple, dans l’affaiblissement progressif de l’attitude de collaboration à la diffusion des travaux de l’Institut et par des prises de position plus « commerciales ». C’est ainsi qu’en avril 1931, Nicole écrit à l’IEC en lui demandant de ne plus envoyer d’exemplaires des œuvres éditées sans qu’il leur en ait passé commande et leur expose directement les difficultés qu’il rencontre à vendre les exemplaires59.
Au bout de deux ans, en février 1933, ce même Nicole avise l’IEC qu’il a sous-traité la gestion du service de souscriptions à Hachette60 et, en décembre de cette même année, il envoie une circulaire précisant que les Messageries Hachette demandent que les souscriptions soient réglées par avance. Sans aller jusqu’à s’excuser explicitement de ce changement, la maison Champion se montre très consciente des difficultés que cela peut comporter et annonce qu’elle sera compréhensive et tentera de trouver des solutions pour les souscripteurs qui ne pourront pas avancer ces sommes61.
Cette étape de difficultés et de changements que vit la maison Champion entraînera le refroidissement et le rythme des communications et la relation avec l’IEC s’en ressentira. D’autre part, la Biblioteca cessera peu à peu de renouveler ses souscriptions. En 1936, l’activité commerciale entre Champion et l’IEC est devenue presque nulle. L’éclatement de la Guerre Civile en Espagne marquera alors la fin de tout contact.
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C’est ainsi que prirent fin vingt-cinq années de relation entre les personnalités les plus marquantes de la recherche catalane et la famille Champion, particulièrement avec Édouard et sa sœur Marie, deux personnages dont le profil se dessine à travers la correspondance qui est parvenue jusqu’à nous, et qu’il serait extrêmement intéressant de pouvoir étudier de façon plus approfondie.
La collaboration que nous avons relatée tout au long de ces pages constitue un exemple de la façon dont se créèrent puis fonctionnèrent les réseaux de contacts entre chercheurs à une époque tout aussi bouleversée à Barcelone qu’à Paris. Ce qui se passa entre Champion et les institutions catalanes n’est qu’un cas, important et caractéristique certes, mais un cas parmi tant d’autres à cette époque, ce qui nous incite à poursuivre notre recherche sur l’action des librairies « érudites » qui, partant d’une force motrice évidemment commerciale, agirent en fait comme les moteurs de la recherche et du progrès intellectuel.
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1 Cette étude s’inscrit dans les travaux du Groupe de Recherche Textos Literaris Contemporanis (TEXLICO) de l’Université de Vic – Université Centrale de Catalogne. Pour faciliter la lecture des textes nous avons cru bon de corriger les quelques fautes d’ortographe, la ponctuation et, éventuellement, quelques hispanismes qu’on rencontre dans les textes écrits en français par les Catalans. Ces corrections ne modifient ni ne dénaturent en rien le sens des textes originaux. Par ailleurs, je voudrais remercier vivement Mme Bernadette Potez Pichot pour la version française de cet article et les nombreuses améliorations qu’elle y a apportées.
2 Cette action, promue par Enric Prat de la Riba, prend sa place dans un processus plus général de récupération graduelle des institutions politiques et culturelles catalanes, processus qui trouva son origine dans la Renaixença littéraire et culturelle (1833), se poursuivit avec la création de la Mancomunitat de Catalunya (1914) et allait culminer avec le rétablissement de la Generalitat de Catalunya (1931) sous la IIe République espagnole.
3 L’Institut lui-même a publié un catalogue qui réunit les publications de ses cent premières années d’existence : Catàleg de publicacions (1907-2006) [archive électronique], Barcelone, IEC, 2011 (ISBN 978-84-7283-932-8). Ce catalogue contient une « Presentació » de J.M. Camarasa dans laquelle celui-ci se livre à un bilan quantitatif de la production tout au long de cette période. Très importante aussi pour connaître l’activité générale de l’institution, l’œuvre étendue d’Albert Balcells et Enric Pujol, Història de l’Institut d’Estudis Catalans, Barcelone, IEC, Afers, 2002 (2 vol.). En ce qui nous concerne, nous avons étudié spécifiquement les publications de la première période : Pere Quer, Les publicacions de l’Institut d’Estudis Catalans de 1907 a 1939, Barcelone, IEC, 2013.
4 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General. 16/12/1908.
5 L’étude la plus complète consacrée à la Librairie Champion est celle de Jacques Monfrin, Honoré Champion et sa Librairie (1874-1978), Paris, Honoré Champion, 1978. Il existe aussi un travail de Catherine Loizeau, Honoré Champion, libraire et éditeur parisien : perpétuation d’une tradition, 1880-1900, mé-moire de maîtrise dirigé par Jacques Marseille (Université de Panthéon-Sorbonne Paris 1, 1990) ; cependant la période chronologique sur laquelle se centre ce travail ne coïncide pas avec la période que nous étudions dans cet article. On peut trouver de nombreuses informations intéressantes dans la notice de Jean-Paul Fontaine, « L’ami de Silvestre Bonnard : Honoré Champion (1846-1913) » [en ligne] sur le site Histoire de la bibliophilie (http://histoire-bibliophilie.blogspot.com). Nous n’avons pas connaissance d’autres monographies consacrées à cette maison d’édition qui est toutefois citée plusieurs fois dans l’œuvre monumentale de Roger Chartier et Henri-Jean Martin (dir.), Histoire de l’édition française, Paris, Promodis, 1985 (4 vol.). Une autre source d’information, partielle mais très intéressante (et reprise presque entièrement par J. Monfrin dans son étude), est le livre de mémoires publié par Pierre Champion, fils d’Honoré Champion, sous le titre Mon vieux quartier, Paris, Grasset, 1932. Après le décès d’Honoré Champion ont été publiés les Discours prononcés aux obsèques d’Honoré Champion et articles nécrologiques, Paris, Faillart, 1913.
6 Nous en voulons pour exemple Romania (1872) ; la Revue des questions histo-riques (1866) et, en réaction contre cette dernière la Revue historique (1876) ; la Revue critique d’histoire et de littérature (1865) ; etc.
7 Par exemple l’Atlas Linguistique de la France, la Bibliothèque de l’École Pratique des Hautes Études, les Archives Diplomatiques, les œuvres de la Société de Linguistique de Paris, et de nombreuses revues spécialisées comme la Revue Bénédictine, la Revue de l’Art Chré-tien ou la Revue de philologie française et de littérature, outre Romania ou Le Moyen Âge, déjà mentionnés. J’extrais cette synthèse d’Odile et Henri-Jean Martin, « Le monde des éditeurs », dans Histoire de l’édition française, op. cit. [n. 5], t. 3, p. 159-215 et de Valérie Tesnière, « L’édition universitaire », ibid., p. 217-227.
8 Jean-Yves Mollier, Une autre histoire de l’édition française, Paris, La Fabrique, 2015, p. 41-42.
9 Frédéric Barbier, « Libraires et colporteurs », dans Histoire de l’édition française, op. cit. [n. 5], t. 3, p. 229-259.
10 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General. 07/04/1909. Au sujet du commentaire sur la jeunesse de Champion, il se pourrait que, au tout début de la relation, Puig i Cadafalch n’ait pas encore réalisé que la correspondance était échangée tout aussi bien avec le père qu’avec le fils. Dans une autre lettre, Pijoan se réfère à la jeunesse de son interlocuteur – « vous, si jeune et si entreprenant » – et dans ce cas il s’adressait certainement au fils, Édouard.
11 Édouard (1882-1938) était le troisième fils d’Honoré. Pierre Champion (1880-1942), le deuxième, choisit de se consacrer au monde intellectuel en tant qu’historien du Moyen Âge et de la Renaissance. Ils avaient une sœur aînée, Marie (1875-1925).
12 Nous ne savons pas à quel moment Aubry a établi le contact ni s’il l’a fait à la demande de l’Institut. La première lettre de Champion est du 16/12/1908 et la seconde du 04/01/1909. Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC.
13 Arxiu IEC, Actes Ple, 11/01/1909.
14 Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC. 19/01/1909.
15 Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC, 22/01/1909.
16 La lettre dit nettement « vous », pronom qui a été corrigé par un « nous », plus logique.
17 Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC, 29/01/1909.
18 « J’ai reçu (en bon état) les 6 exemplaires de l’Anuari (dont 5 pour la vente). Il est très luxueux et le contenu paraît digne de l’extérieur. Le prix est peut-être un peu élevé pour des travailleurs juristes, archéologues ou historiens, qu’une seule partie intéressera ; mais le luxe de la publication demandait peut-être un prix plus élevé encore. Les reproductions sont très bonnes. Enfin, c’est un ouvrage qui fait honneur à l’Institut et je suis très heureux que mon nom figure comme répresentant pour la France. » Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC, 25/04/1909.
19 Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC, 11/06/1909.
20 Arxiu IEC. Corresp. SHA. 13/03/1920.
21 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 12/03/1920. Joseph Anglade alternait des études linguistiques sur le provençal et, dans une perspective plus littéraire, d’autres études sur les trouvères.
22 P. Quer, Les publicacions…, op. cit. [n. 3], p. 66-67.
23 Et non sans arguments. Par exemple, en un Post Scriptum, Georges Nicole, directeur éditorial de Champion, écrivait : « P.S. J’ai souvent l’occasion de parler avec Monsieur Pottier, Directeur Général du Corpus Vasorum Antiquorum, des collections du musée de Barcelone et de la publication projetée par M. Bosch y Gimpera. Nous serions bien heureux de voir paraître le premier fascicule de Catalogne. Je sais que M. Bosch y Gimpera rencontre des difficultés à Barcelone même. Si votre diplomatie pouvait aplanir ces obstacles, soyez convaincu que vous rendriez un grand service à la science archéologique. Il serait à l’honneur de votre pays de prendre le rang qu’il mérite, par ses collections et par ses savants, dans cette publication internationale. » (Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 20/03/1930). Et deux mois plus tard : « Monsieur Pottier m’a montré à son retour de Bruxelles les belles planches que Monsieur Melida de Madrid a présentées pour le fascicule de Corpus Vasorum. Il serait bien désirable que la Catalogne ne restât pas en arrière et que nous puissions bientôt mettre en train le fascicule consacré à vos belles collections » (Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 20/05/1930).
24 Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC, 07/06/1909.
25 Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC, 06/01/1910.
26 Arxiu IEC, Corresp. Secretaria General IEC, 25/01/1910.
27 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 04/12/1916.
28 « […] Je n’ai encore eu de réponse de l’Académie des Inscriptions. J’attends. » (Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 02/11/1916).
29 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 21/05/1919.
30 Arxiu IEC. EMNum. Ramon d’Alòs-Moner. 14/11/1913.
31 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 05/10/1923.
32 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 13/08/1919.
33 Arxiu IEC. EMNum. Puig i Cadafalch. 16/11/1912. La lettre dit nettement : « […] le don de vos magnifiques volumes à vous-même inaugure […]. » Nous ne comprenons pas le sens de l’expression « à vous-même » dans cette phrase. S’agirait-il d’une erreur de copie entre le brouillon et la lettre mécanographiée ou encore d’une confusion dans la dictée ? En tout cas, le sens général de ce que veut dire Champion reste très clair.
34 Arxiu IEC. EMNum. Lluís Nicolau d’Olwer. 01/05/1911.
35 Arxiu IEC. EMNum. Miret i Sans. 20/11/1911.
36 Arxiu IEC. EMNum. Miret i Sans. 23/11/1911.
37 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 11/06/1909.
38 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 07/08/1909.
39 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 07/08/1909.
40 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 18/08/1909.
41 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 28/08/1909.
42 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 18/10/1909.
43 Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 09/02/1910.
44 Arxiu IEC. EMNum. Valls i Taberner. 14/04/1913.
45 « Je regrette que nos relations n’aient pas été connues du Ministre ; j’aurais aimé que l’Institut d’Estudis Catalans figure aussi sur cette citation civile et militaire. » (Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 04/04/1922).
46 Arxiu IEC. EMNum. Miret i Sans. 28/06/1913.
47 Joachim Miret y Sans, « Lettres closes de Louis I d’Anjou, roi de Sicile, à Pierre, roi d’Aragon », Moyen Âge, 2e série, tome XVIII, juillet-décembre 1914, p. 295-302 et Id., « Lettres closes des premiers Valois », Moyen Âge, 2e série, tome XX, janvier-juin 1917. Dans les deux cas il met au jour des documents conservés dans les Archives de la Couronne d’Aragon. Nous devons cette information à l’amabilité d’Eulàlia Miret, des Archives de l’IEC.
48 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 18/10/1927.
49 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 04/04/1929.
50 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 27/04/1929.
51 Le 28/09/1928 il demande des renseignements sur un couvent des frères mineurs d’Hostalric, s’il existe une bibliographie sur cette maison et si elle a été brûlée lors d’une insurrection populaire. Il donne la liste des travaux qu’il a pu trouver à Paris et précise qu’il n’a rien découvert sur ce couvent. Deux mois plus tard, Ramon d’Alòs-Moner lui répond qu’il ne connaît que la monographie de Salvador Sampere i Miquel, El castillo de Hostalrich, publiée à Gérone en 1899. Il lui dit : « C’est une étude qui envisage l’histoire de la ville d’un point de vue plutôt militaire. Je ne sais s’il sera de nature à vous intéresser et s’il vous sera possible de le consulter en France. En tout cas, dites-moi, je vous en prie, quelles sont les données que vous désirez. » Arxiu IEC. Corresp. Presidència. 28/09/1928 et Arxiu IEC. Corresp. Secretaria General IEC. 28/11/1928.
52 Arxiu IEC. Corresp. De la SHA. 06/04/1910. Champion accepta de le faire.
53 « Pourriez-vous me donner la liste exacte de tout ce qui a paru dans la Bibliotheca d’Estudis Catalans [sic] ? Je crains de pas être tout à fait au courant pour mes suites et vous pensez bien que je ne veux pas manquer de recommander à ma clientèle d’érudits cette excellente publication. Je prépare aussi un catalogue où j’aimerais qu’elle figure, mais c’est urgent. Excusez-moi, donc, de vous presser. Il vous suffira de passer ma lettre à un de vos secrétaires pour qu’il m’envoie cette liste avec les prix. » (Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 10/05/1919).
54 Il avait déjà réclamé cette liste le 21 mai : « J’espère recevoir bientôt de vos nouvelles et la liste que je vous avais demandée des volumes parus de l’Institut Catalan pour mon prochain catalogue. » Et, une fois la liste reçue, il écrit le 28 mai : « Je viens de recevoir votre catalogue des publications de l’Institut d’Estudis Catalans. Il y en a beaucoup qui me manquent et, comme je le pensais bien, je n’ai pas été tenu au courant des derniers volumes. Il me sera bien difficile de les faire passer de suite dans mon catalogue, car vous n’avez pas mis la date des publications. Vous seriez bien aimable de m’envoyer poste recommandée un exemplaire de tous les derniers volumes parus 1915-1919, y compris le tome III de l’Arquitectura catalunya [sic] dont j’ai précisément une demande urgente. Dès que j’aurai ces volumes, j’examinerai le nombre qu’il me faut pour mes suites et nous aviserons ensemble du moyen de m’en faire parvenir un certain nombre. » (Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 21/05/1919 et 28/05/1919). Mais à Noël l’exemplaire « urgent » ne lui avait toujours pas été envoyé et il le leur réclame une fois encore : « Je vous envoie inclus lettre d’un de mes clients bien désireux d’avoir le tome III de l’Arquitectura Romànica a Catalunya ; je vous l’avais demandé plusieurs fois pour lui. Ne pourrait-on pas en avoir quelques-uns ? Le livre est remarquable. » (Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 22/12/1919).
55 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 24/07/1919.
56 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 16/12/1922.
57 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 03/06/1927. Les deux articles d’Édouard Champion auxquels il est fait référence peuvent être consultés sur le site de la Revue des deux mondes sous le titre général « Le livre aux États-Unis ».
58 Valérie Tesnière, « Traditions et forces neuves dans l’édition universitaire », dans Histoire de l’édition française, op. cit. [n. 5], t. 4, p. 284.
59 « Messieurs, Nous vous remercions de votre lettre du 17 Mars, et vous accusons bonne réception du volume 3 de memories. Nous n’avons malheureusement pas la vente de cet ouvrage écrit en catalan, aussi nous vous le retournons ce jour et vous prions de bien vouloir nous créditer de votre facture du 17 Mars. Si vous voulez nous envoyer des prospectus de vos publications, nous nous ferons un plaisir de les distribuer parmi nos clients, et nous vous passerons nos commandes à compte fermé ; en conséquence, nous vous prions de ne plus nous faire d’envois d’office. » (Arxiu IEC. Corresp. de la Presidència. 07/04/1931).
60 En fait, c’est ce que faisaient presque tous les éditeurs à ce moment-là. Dans un contexte de crise permanent, la nécessité de tirer de nombreux exemplaires à bas prix renforce l’importance des canaux de distribution et la collaboration avec de grands opérateurs comme les Messageries Hachette devient incontournable. Champion s’y décidera en 1932. Voir Pascal Fouché, « L’édition littéraire : 1914-1950 », dans Histoire de l’édition française, op. cit. [n. 5], t. 4, p. 189-241.
61 Arxiu BNC. Fons Biblioteca de Catalunya. Caixa 99/1. 01/12/1933.