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Witold Kazimierz Czartoryski 
et sa bibliothèque à Honfleur

Katarzyna SEROKA

Université de Varsovie

kseroka@uw.edu.pl

Les différentes sources historiques abondent en références aux exilés dont l’activité professionnelle était liée aux livres polonais. À travers les siècles, un nombre considérable de bibliothèques, librairies, imprimeries, maisons d’éditions et ateliers de reliure polonais furent créés à l’étranger. Leurs fondateurs et leur personnel se recrutaient parmi les représentants de couches sociales différentes1. L’essor du livre polonais au-delà du pays eut lieu au xixe siècle, car dans cette période où l’État polonais avait disparu, où des répressions suivaient l’insurrection de Novembre2 et où les autorités locales menaient une politique antipolonaise, les collections ne pouvaient être rassemblées et mises en sûreté qu’à l’étranger.

Ce fut donc en France hospitalière que trouvèrent asile les immigrés polonais, représentants de la « Grande Émigration »3. L’absence d’État polonais et l’activité des cercles politiques polonais en France ravivèrent en exil la création littéraire et l’activité publicitaire. La culture polonaise y fleurissait aussi. L’édition était bien organisée : on publiait de la presse en polonais et en français, différents types de manifestes, polémiques et textes de propagande4, mais aussi de la littérature et des textes scientifiques.

En 1838, après l’insurrection de Novembre, les premiers émigrés fondè-rent la Bibliothèque polonaise à Paris5 qui demeure jusqu’à nos jours la plus grande bibliothèque polonaise à l’étranger. Il y avait aussi d’autres bibliothèques, dont celle de l’École polonaise des Batignolles6 (aujourd’hui dans le xviie arrondissement) et des salles de lecture et librairies polonaises.

La plupart des Polonais étaient convaincus que l’émigration ne serait que temporaire. Pourtant, il n’en fut pas ainsi et les représentants de la Grande Émigration ne revirent jamais ni leur patrie, ni la souveraineté de la Pologne. Les générations suivantes naquirent donc dans cette nouvelle réalité, en s’intégrant souvent à leur nouvelle patrie et en s’éloignant de la langue et des traditions polonaises.

Witold Kazimierz Czartoryski, dont traite notre article, appartenait à la troisième génération de l’émigration polonaise en France au xixe siècle ; il avait des origines à la fois polonaises et françaises.

L’analyse ici présentée est fondée principalement sur des manuscrits des archives privées de Witold Kazimierz Czartoryski, provenant des collections de la Bibliothèque polonaise à Paris et de la bibliothèque des princes Czartoryski de Cracovie.

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1. La famille

Le prince Witold Kazimierz Czartoryski, né le 10 mars 1876 à Paris, est le fils de Władysław Czartoryski (1828-1894) et de sa deuxième femme, la princesse française Marguerite Adélaïde Marie Bórbon-d’Orléans (1846-1893).

La mère de Witold était petite-fille du roi de France Louis-Philippe Ier et fille de Louis Charles Philippe Raphaël d’Orléans, duc de Nemours. Parmi les membres de sa famille se trouvaient aussi prince Ferdinand Ier, le futur tsar de Bulgarie, ainsi qu’Isabelle du Brésil ou Ferdinand Philippe Marie d’Orléans, duc d’Alençon7. Le père de Witold, Władysław Czartoryski, venait d’une grande famille aristocratique polonaise. Né le 3 juillet 1828, il était le second fils de Adam Jerzy Czartoryski, grand homme politique et patriote, figure de la Grande Émigration vivant à Paris et fondateur de la Bibliothèque polonaise à Paris.

Fig 1. La princesse Marguerite d’Orléans et ses enfants Adam et Witold (à gauche).

Witold Kazimierz était le plus jeune des trois enfants de Władysław Czartoryski. Son frère aîné, August Franciszek, était le fruit du mariage de Władysław Czartoryski avec sa première femme, la princesse María Amparo Muñoz, fille de la reine régente Marie-Christine de Bourbon-Siciles (1806-1878). Leur fils August choisit finalement d’entrer dans les ordres. Après avoir renoncé à son titre d’héritier de Sieniawa8 ainsi qu’à tous ses droits aux biens de familles et à ses droits de fils aîné du prince Władysław, il fut admis dans la congrégation des Salésiens à San Benigno Canavese. August Czartoryski mourut de la tuberculose en avril de 1893, à l’âge de trente-cinq ans. En 2004, il fut béatifié, devenant ainsi la seule personne béatifiée originaire de l’île Saint-Louis à Paris.

Le frère cadet, Adam Louis, fils de Marguerite d’Orléans, portait les noms de Czartoryski et d’Orléans. Comme ses deux frères, il reçut une formation solide – à Karlsbourg, Cracovie et Fribourg9, ce qui le préparait à ses futures fonctions. À l’âge de vingt-quatre ans, conformément au testament de son père, il devint gouverneur de Sieniawa. Il s’engagea politiquement et soutint financièrement plusieurs institutions menées par des émigrés polonais en France, ainsi que sur le territoire de la Pologne10.

Witold Kazimierz perdit sa mère à l’âge de dix-sept ans, malheur suivi par le décès de son père à peine une année plus tard. Bien que le jeune Witold et son héritage se trouvassent officiellement sous la garde de son oncle, Jerzy Czartoryski, ce fut en réalité la sœur de son père, Izabella Czartoryska Działyńska11, qui devint responsable de l’éducation du garçon.

2. Éducation et formation

Élevé dans ce milieu, le prince Witold grandit parmi des élites polonaises et françaises. Il observait l’ambiance et les traditions polonaises de l’hôtel Lambert12, mais fut aussi inspiré par ses relations constantes avec la famille de sa mère, et surtout avec le prince Louis d’Orléans dont l’érudition avait certainement influencé l’épanouissement et les inté-rêts scientifiques de son petit-fils. Witold Kazimierz reçut donc un héritage considérable et une solide éducation.

Il fut instruit principalement à domicile, par des précepteurs polonais, mais eut aussi une expérience scolaire plus conventionnelle. Dans les années 1885-1887, il fré-quenta l’école Massillon à Paris. L’établissement avait été créé en 1877 par le père Nouvelle, de l’Oratoire, qui acheta à ces fins l’édifice de l’hôtel Fieubet sis sur le quai des Célestins, à trois cents mètres de l’hôtel Lambert où logeait le jeune Witold. Les professeurs de l’établissement venaient du milieu universitaire. On insistait surtout sur l’instruction morale et religieuse des élèves13. Après avoir interrompu son éducation à l’école Massillon, Witold suivit les leçons de précepteurs, ce qui résultait probablement du fait que ses problèmes de santé l’amenaient à effectuer plusieurs séjours de soins médicaux au-delà de Paris14. Ayant réussi son baccalauréat à Cobourg, le jeune prince devint étudiant à l’Université Jagellonne de Cracovie. Les cours qu’il choisit lui permettaient d’approfondir ses connaissances de l’histoire de la Pologne, ainsi que de la littérature et la philosophie européennes. Ses choix témoignent aussi de son intérêt pour les langues orientales15.

Fig 2. Witold Kazimierz Czartoryski.

2. Activités caritatives

À l’âge adulte, Witold Czartoryski s’engagea dans des activités caritatives, perpétuant ainsi la tradition familiale. Il offrait son soutien à différentes institutions, finançait des bourses et participait à d’autres œuvres de charité, en France aussi bien que sur le territoire de la Pologne. Il soutenait des grandes initiatives (liées surtout à l’Église catholique), mais aussi des personnes privées – souvent celles qui, dans son entourage, étaient liées à ses parents et à l’hôtel Lambert.

Rappelons, à titre d’exemple, l’initiative de Witold Kazimierz qui fit venir en France des mineurs polonais. Cette « expérience » commença dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais. Au départ, quelques dizaines de mineurs, originaires pour la plupart de la région de Poznań et travaillant dans les mines de Westphalie, résolurent de venir16. Ils trouvèrent du travail dans la Compagnie des mines de Vicoigne, Noeux et Drocourt, la Compagnie des mines d’Anzin, la Compagnie des mines d’Aniche et d’autres. En 1912, les deux départements comptaient environ deux mille émigrés polonais, dont six cents mineurs actifs17. Ils furent recrutés individuellement par des agents du prince ; ceux qui se décidaient à venir en France depuis l’Allemagne ne signaient aucun contrat et furent embauchés de la même manière que les Français. On les tentait par des promesses des salaires plus élevés, en soulignant aussi qu’ils se trouveraient dans un pays plus ouvert aux immigrés polonais. Le prince ne les laissait pas sans soutien après leur arrivée en France, en finançant des écoles polonaises et des précepteurs polonais et en fondant des bibliothèques.

En outre, Witold s’apprêta à coopérer avec des missionnaires polonais pour soutenir leurs compatriotes habitant dans la ville belge d’Anvers. Avant la Première Guerre mondiale, la ville et son port attiraient de nombreux Polonais qui partaient ensuite pour les États-Unis ou le Canada. Avec le soutien du prince, on devait établir une maison centrale pour les ouvriers polonais qui pourraient y participer aux retraites spirituelles quotidiennes divisées en trois parties (catéchisme, lecture sainte et conversations sur le quotidien) avant de s’embarquer sur le bateau. Les prêtres devaient aussi célébrer la messe chaque matin et les vêpres avec des chants en polonais dans l’après-midi. Le prince avait l’intention de financer ces activités pendant trois ans (ce qui coûterait cinq à six cents francs par mois pour couvrir les frais de vie, d’hébergement, etc. des prêtres). Passé ce délai, les missionnaires deviendraient indépendants et devraient au moyen des offrandes des paysans. Cependant, les prêtres ne profitèrent pas jusqu’au bout de l’offre gé-néreuse du prince et renoncèrent à cette mission auprès de Polonais habitant en France et à Anvers18. Finalement, le projet ne fut pas mené à bien.

Le prince Witold joua aussi un rôle important dans la Société littéraire et artistique polonaise de Paris, fondée en 1910. Contrairement aux autres entreprises qui intéressaient le prince, cette organisation n’avait pas d’activités caritatives. Son objectif était de réunir les Polonais venus en France. Il s’agissait surtout descientifiques, médecins, juristes, ingénieurs, écrivains ou artistes. Le club voulait donc intégrer les émigrés, inspirer un sentiment d’appartenance à la nation polonaise, en estompant les conflits et en palliant le manque de confiance qui s’aggravaient depuis des années19. Devenu président du club, Witold Kazimierz Czartoryski le soutenait par son nom et son aide financière.

3. La bibliothèque

Ainsi, grâce à son éducation et son entourage, Witold Kazimierz devint un grand esthète, un passionné de savoir qui voulait connaître la richesse culturelle de ce monde. Czartoryski était aussi polyglotte : il aurait connu une vingtaine de langues20, dont le polonais, le français, l’allemand, l’arabe, le persan ou le sanscrit. Le prince n’était guère sociable ; il préférait la solitude, mais assouvissait ses passions et élargissait ses connaissances en voyageant et en collectionnant des livres. Ses voyages intenses commencèrent à l’âge de vingt ans21.

Le prince commença à rassembler sa collection privée vers 1900 (la date exacte n’est pas connue). En une dizaine d’années, Witold Kazimierz réussit à former une collec-tion de livres extraordinaire par son intérêt intellectuel et sa diversité. La bibliothèque comptait environ 25 000 volumes, dont plusieurs venaient de ses voyages (le prince faisait souvent venir des livres par coffres entiers des pays bien éloignés), et d’autres furent commandés en France ou sur le territoire de l’ancienne Pologne.

La collection était gérée par Victor d’Harlingue, fils d’une servante à la cour de Louis-Philippe22, qui fut, avant tout, un archiviste et un dessinateur doué. Les livres furent classés par des bibliothécaires venant réguliè-rement de la Bibliothèque polonaise à Paris, Władysław Strzembosz et Józef Ślaski qui travaillait à l’Institut international de bibliographie à Bruxelles. Ils visitaient souvent Honfleur pendant leurs jours de congé et d’autres jours fé-riés. La bibliothèque embauchait aussi occasionnellement d’autres personnes pour exécuter certains travaux, telle la calligraphie.

Nous n’avons pas d’idée exacte sur la forme de la collection, car le catalogue complet ne fut jamais retrouvé (il est d’ailleurs possible qu’il ne se soit pas préservé). Les ouvrages et sources existants nous fournissent pourtant certaines informations. Nous savons que la bibliothèque du prince comptait plus de 25 000 volumes et était divisée en treize rayons (sections).

SectionRayonNombre 
de volumes
AHistoire (histoire politique, généalogie, biographies)4973
BGéographie (voyages, atlas, cartes)1732
CÉtudes religieuses6611
DSciences exactes, naturelles et techniques. Industrie. Médecine738
EFiction1357
FLangues. Littérature. Critique et histoire litté-raire2250
GPhilosophie. Éthique. Psychologie 424
HFranc-maçonnerie et occultisme836
KMarine707
LSociologie. Politique. Droit. Administration. Éducation. Ethnologie538
MBeaux arts638
OManuscrits. Encyclopédies. Bibliographie. Revues. Annales2587
SOrientalia1689

Fig. 3. Rayons dans la bibliothèque de Witold Kazimierz Czartoryski
(d’après : St. Mękarski, Kr. Remerowa, 
Księgozbiór z Honfleur…, op. cit. [n. 21], p. 27-28).

Ces ouvrages étaient écrits dans plusieurs langues, dont l’anglais, le français, l’espagnol, l’italien, le polonais, l’allemand, le latin, le lituanien, le letton, l’estonien et le hongrois. La collection comprenait aussi des ouvrages arabes, hébraïques, syriens, turcs et persans, ainsi que des textes en sanscrit ou en chinois. La bibliothèque était donc très précieuse pour les chercheurs de l’époque.

Le rayon le plus large contenait des éditions des ouvrages religieux (surtout catholiques) dans les différentes langues du monde. Le rayon d’études religieuses comptait 6611 volumes, dont plusieurs textes imprimés aux xvie et xviie siècles. Witold Kazimierz rassembla, entre autres, des éditions de la Bible en plus de cent langues. L’ouvrage le plus ancien de sa collection était l’Évangile de saint Matthieu écrit en hébreu et publié par Martin Juven (1551)23. Parmi d’autres livres se trouvaient, par exemple, le livre de Baruch en langue copte, le Nouveau Testament publié en Inde en gujarati datant de 186724, le Nouveau Testament en malayalam publié en 1843 et le Nouveau Testament en arabe publié à Londres en 1837. Cette liste ne contient que quelques exemples de ce rayon énorme qui incluait aussi des éditions des livres saints des religions orientales et plusieurs ouvrages spécialisés d’une grande valeur. Parmi les ouvrages se trouvait également un manuscrit du Coran datant du xiiie siècle25.

La division historique rassemblait un nombre d’ouvrages portant sur l’histoire de l’Antiquité et du Moyen-Âge, ainsi que plusieurs livres provenant de la bibliothèque de l’historien français Albert Sorel26, qui concernaient la Révolution française. Le château acheté par Witold Kazimierz avait appartenu à Sorel, et ce fut ainsi que le prince prit possession de cette collection.

Quant aux ouvrages des historiens et chercheurs européens portant sur la Pologne, la collection comprenait des travaux tels que l’ouvrage du marquis de Noailles consacré à Henri de Valois27 ou An Account of Poland de Gaspard de Tende, trésorier de la reine Louise-Marie de Gonzague28. On y trouvait aussi de nombreuses éditions du xviiie siècle abordant la problématique polonaise.

En outre, Witold Kazimierz Czartoryski collectionnait des ouvrages polonais d’émigration, tels que Żywoty narodowe z ostatnich lat stu ozdobione portretami, rękorysami i pomnikami… de Szymon Konarski, publié à Paris en 1859. Pourtant, il n’y en avait pas beaucoup. Contrairement à la Bibliothèque polonaise à Paris, celle-ci n’avait pas de caractère patriotique ou politique, même si le prince achetait aussi des ouvrages des auteurs polonais de son époque, dont ceux de Jan Kasprowicz, Leopold Staff, Tadeusz Miciński, Stanisław Wyspiański ou Stefan Żeromski.

La collection comportait aussi des publications sur l’occultisme, la franc-maçonnerie ou les voyages. La division « franc-maçonnerie » était représentée par des auteurs tels que Claude-Antoine Thory, François-Timoléon Bègue Clavel, Emmanuel Rebold, Matthew Tindal ou Georges Jacques Danton29. Le rayon « géographie » comptait même des ouvrages écrits dans des langues des tribus d’Afrique et d’Océanie que Witold avait visitées pendant ses voyages dans des contrées exotiques.

Witold était un grand connaisseur des revues. Sa collection comptait environ cent séries de périodiques, dont des revues africaines, provenant surtout de l’Afrique du Nord. Parmi les titres se trouvaient, entre autres, L’Avenir social, L’Écho d’Oran, Le Réveil bônois, Le Courrier de Bizerte, La Dépêche tunisienne ou El Hadira30.

Il est intéressant de savoir que, quand le prince dut payer les assurances de la collection en 1908, Victor d’Harlingue lui suggéra de choisir des ouvrages et manuscrits dont la valeur excédait 2000 francs. Parmi ceux choisis par d’Harlingue se trouvaient « Les Bollandistes », « Le Magnifical », « Le Coran » et « Le livre du Dauphin »31. Malheureusement, d’Harlingue ne décrivit pas ces ouvrages d’une manière précise. On peut supposer que la dénomination « Les Bolandistes » désignait Les Petits Bollandistes, une collection de Paul Guérin en quinze volumes décrivant les vies des saints, publiée à Paris en 1865. Le Coran renvoyait probablement au manuscrit du xiiie siècle mentionné plus haut, tandis que Le Magnifical pourrait se référer à l’une des éditions des cantiques dont la description bibliographique reste cependant indéterminée. Remarquons que, d’après Władysław Strzembosz, conservateur de la bibliothèque à Honfleur, aucun de ces ouvrages n’était aussi précieux.

La classification formelle de la collection était excellente. Les ouvrages de la bibliothèque furent ordonnés selon la classification décimale, une méthode universelle qui fut très populaire et connaissait à l’époque des progrès rapides. Le choix de la méthode de classification fut probablement influencé par Józef Ślaski, qui travaillait à l’Institut bibliographique à Bruxelles, établi par Paul Otlet et Henri La Fontaine32, deux juristes belges et créateurs de la Classification décimale universelle (CDU). Comme le remarquait Roman Ślaski, auteur du rapport sur le catalogue par ordre de matières, « on a choisi, pour le catalogue par ordre de matières, la classification décimale. Grâce à cet outil, la première série de fichiers classifiés put déjà être divisée en dix classifications principales comme prévu »33.

Tous les rayons principaux n’étaient pas complets, et le système posait parfois des problèmes. Par exemple, le rayon « marine » (domaine qui constituait d’ailleurs une grande passion du prince) était tellement hétérogène qu’il était impossible de lui attribuer une seule cote. Les ouvrages tombaient ainsi dans plusieurs catégories, dont « Marine militaire » (classifiée dans la CDU comme une sous-classe du rayon 3 – 359. « Marine militaire. Science navale »), « Marine marchande » (387. « Navigation maritime et fluviale. Marine marchande » dans CDU) ou « Astronomie nautique et navigation » (52. Astronomie, 527. « Navigation » dans CDU). Pourtant, les publications concernant la flotte furent classées comme l’art militaire. Sous le nom « locomotion aquatique » se trouvaient d’autres travaux qui ne pouvaient être classifiés ni sous « Marine militaire », ni sous « Marine marchande ». Les ouvrages de météorologie posaient aussi un problème car, comme le remarquait Ślaski, bien que nécessaires pour les marins, ils furent finalement classés sous « Géologie » (cf. 551. « Géologie physique et dynamique. Physique du globe » ; 551.5 « Météorologie. Climatologie » dans la CDU)34. On nota aussi d’autres cas similaires. Il semble, d’ailleurs, que ce type de difficultés est aujourd’hui encore le pain quotidien des bibliothé-caires.

Quant à leur aspect physique, les livres avaient une reliure assez esthé-tique. La plupart des ouvrages étaient reliés en demi-chagrin, avec des dorures et les armoiries en relief de la famille Czartoryski. Ainsi, par exemple, les livres théologiques étaient reliés en demi-chagrin noir, les ouvrages des sciences maritimes portaient des couvertures en bleu marine avec une ancre en relief, et ceux portant sur la franc-maçonnerie avaient des reliures en demi-chagrin noir avec une pièce de titre rouge. Les ouvrages de fiction offraient étaient revêtus de toile dans différents coloris. Les livres portaient deux types d’ex-libris, deux types de tampons en relief et un blason en relief sur le dos, comportant un monogramme composé des lettres W et C entrelacées35.

Wacław Gąsiorowski, auteur polonais, écrivait dans ses mé-moires36 :

« […] Le prince Witold rassembla des reliures ornementées si magnifiques que, quand je vis dans sa collection mes “Histoires des soldats” reliées en veau – valant quelques centaines de francs – mon cœur se serra à l’idée qu’un contenu si pauvre eût une forme si riche ! »37.

Gąsiorowski avait probablement raison : les rapports des mécènes de la collection indiquaient en effet que la reliure des 3000 volumes coûta environ 6000 mille francs38 – un montant énorme, qui montrait bien que le propriétaire prenait soin de sa collection, en y consacrant des sommes considérables.

Fig 4. L’ex-libris de Witold Kazimierz Czartoryski.

La collection grandissante demandait un siège approprié. Bien que le prince fût formellement le propriétaire de l’hôtel Lambert, il ne s’y rendait pas souvent. Vu son état de santé (le climat humide de Paris ne lui convenait pas), ses voyages et sa relation difficile avec son frère aîné Adam, Witold logeait dans de différents appartements, sans pouvoir y entreposer les nombreux ouvrages qu’il achetait.

Pour pouvoir stocker sa bibliothèque, il acheta le château de la Côte de Grâce, situé près de Honfleur (Calvados), à l’embouchure de la Seine. Le château avait appartenu à Albert Sorel, dont nous avons parlé plus haut et qui y avait d’ailleurs accueilli les ancêtres du jeune prince. Le frère de la mère de Witold, Ferdinand d’Orléans, duc d’Alençon, l’évoque dans une lettre à son neveu :

« J’apprends avec plaisir que tu as acquis près de Honfleur une propriété qui te convient. J’ai visité il y a une trentaine d’années la Côte de Grâce et la maison où mes grands-parents sont demeurés cachés pendant plusieurs jours les février-mars 1848 et qui appartenait, je crois (ca. 1848), à m. se Perthuis, générale du Gal Comte Dumas, aide-de-camp du Roi. Je serai fort aise d’y retourner, sortant pour te faire visite. Je souhaite, en attendant, que la bibliothèque y trouve un asile stable et favorable à sa conservation »39.

Ce lieu s’avéra peu approprié et le jeune prince caressa l’idée de démé-nager sa collection. Il ne semblait pas y avoir de caractère d’urgence, mais le climat de Normandie n’était pas favorable pour les livres (entre autres, en raison de l’humidité qui y régnait). Dans sa lettre du 1908, Józef Skrochowski, secrétaire du jeune prince, lui écrivait : « […] vous avez encore le temps pour vos projets de déménager la Bibliothèque ; on pourrait attendre 1912 où la villa sera plus facile à vendre qu’aujourd’hui »40. Cependant, le prince mourut avant de pouvoir réaliser ses plans.

Quelle était la destination de la bibliothèque ? La réponse exacte nous échappe. La correspondance de Witold avec son personnel administratif tend à suggérer que le prince avait l’intention de créer un centre scientifique à partir de ses collections. Il est probable qu’il voulait transférer sa collection de livres et d’objets d’art à Poznań41. On pourrait présumer que Witold avait en effet de telles ambitions, vu la tradition familiale de bibliophilie et de mécénat scientifique que le jeune prince connaissait depuis l’enfance. La collection était bien construite et abondait en ouvrages scientifiques précieux. Il semble que Witold Kazimierz suivait plutôt des modèles occidentaux, en essayant de rassembler des ouvrages universaux et scientifiques – une collection dont la bibliothèque de Poznań pourrait certainement profiter. Il faut aussi remarquer que la région de Poznań était importante pour le prince qui, après la mort de Izabella Działyńska née Czartoryska, devint héritier de Gołuchów transmis au titre de la substitution héréditaire en 1899, à l’âge de vingt-quatre ans.

Witold Kazimierz Czartoryski mourut soudainement et prématurément en 1911 à Versailles, âgé de trente-cinq ans seulement. Son frère Adam Louis Czartoryski, l’unique héritier42, décida de déménager la bibliothèque sur le territoire de la Pologne. Suivant la suggestion du directeur du Musée des princes Czartoryski à Cracovie, le professeur Józef Kallenbach, il choisit d’offrir la collection à la Bibliothèque universitaire de Lviv. On comptait pouvoir y envoyer la collection en fin d’été de 1914, quand on aurait terminé le comptage et l’inventaire nécessaires43. Pourtant, pour des raisons logistiques et en raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale, cette opération ne put se réaliser comme prévu.

Après la guerre et l’indépendance de la Pologne les négociations reprirent, mais la collection ne fut transférée à la bibliothèque de Lviv qu’en 1923. Il s’agissait d’un dépôt à vue, assorti de certaines clauses de nature légale et politique :

1. Au cas où la faculté de théologie catholique romane de l’Université devrait fermer, toute la section religion-histoire, portant la marque inventaire « C », devra être remise à la bibliothèque du séminaire du diocèse de Gniezno-Poznań.

2. Au cas où la langue officielle et la langue d’instruction de l’Université ne seraient plus le polonais, toute la collection reçue […] devra être remise en possession unique de l’Université Jagiellonne de Cracovie.

3. Au moment de la création de l’École de Marine militaire, toute la section portant la marque inventaire « K » devra être remise à cet établissement.

4. Il faut garder toute la section « Franc-maçonnerie », portant la marque inventaire « H », strictement réservée à la bibliothèque universitaire, de sorte que la consultation soit soumise à une permission spéciale, et que l’emprunt ne soit possible qu’à titre exceptionnel.

5. Enfin, les ouvrages de la bibliothèque de Honfleur qui peuvent être qualifiés de doublets par rapport à la bibliothèque universitaire de Lviv, deviendront la propriété de la bibliothèque des princes Czartoryski de Cracovie. Ils y seront envoyés le plus vite possible, et leur liste officielle sera envoyée à Monsieur Adam Czartoryski44.

Après la déclaration officielle du recteur de l’Université Jean Kazimir à Lviv qui « accueillit cette collection riche et précieuse » aux conditions énumérées plus haut45, la bibliothèque fut transportée de France en Pologne dans 301 coffres. Le dépôt comptait 22 450 volumes et pesait plus de trente-deux tonnes (32 360 kg). Il parvint d’abord à Gdańsk par voie maritime, pour être ensuite livré à Lviv en train. Sur place, les coffres furent transportés de la gare jusqu’à la bibliothèque universitaire de Lviv en camions militaires conduits par des équipages de huit personnes déléguées par la division automobile46. Les frais du transport de Honfleur à Gdańsk furent couverts par le prince Adam Louis Czartoryski, et l’Université de Lviv paya le transfert de Gdańsk à Lviv47. La collection fut tout de suite installée selon les catalogues qui y était joints et ouverte aux enseignants-chercheurs.

Conformément aux accords, les doublets furent transférés à la Bibliothèque des princes Czartoryski à Cracovie. Selon les chroniques de l’Université Jean-Kazimir de Lvov pour l’année scolaire 1922-23, la section « Marine » aurait été offerte à la Grande École maritime qui venait d’être créée48. Si les doublets furent effectivement transportés à Cracovie, le destin de la section maritime reste inconnu. Théoriquement, elle devait se trouver à Tczew49, car c’était là que se trouvait l’école maritime. Malheureusement, il est difficile de trouver des informations sur le destin de cette collection, ce qui est aussi dû au fait que la documentation entière sur l’activité de la Grande École maritime de Tczew fut perdue pendant la Deuxième Guerre mondiale.

La collection des livres de Witold Kazimierz Czartoryski fut un cadeau précieux pour l’université polonaise à Lviv qui essayait de se rétablir après la guerre. Ce fut l’un des plus grands et importants centres scientifiques dans ce pays polonais renaissant. Les chercheurs profitaient bien de ces collections de classe mondiale, mais l’histoire du monde affecta encore une fois le destin de la bibliothèque.

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les collections furent conservées à Lviv et furent préservées. Pourtant, après la guerre et le changement des frontières, Lviv cessa d’appartenir à la Pologne pour devenir une partie de la République socialiste soviétique d’Ukraine. À présent, la totalité de la collection se trouve probablement dans le rayon des Manuscrits, textes anciens et livres rares de la Bibliothèque de l’université nationale Ivan-Franko de Lviv. L’une des revendications envoyées à l’Ukraine par la Pologne en 1997 concernait la totalité de la collection de Honfleur. La Pologne demandait le retour de la collection car, comme nous avons mentionné plus haut, le dépôt pouvait être conservé à Lviv sous condition que le polonais demeure langue officielle d’enseignement à l’université, ce qui n’est plus le cas.

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Dans l’histoire de la culture polonaise, la plupart des collections importantes de livres étaient créées par des membres actifs de la société – des familles riches fondant des bibliothèques, ainsi que des grands propriétaires et des représentants de l’intelligentsia et du clergé. L’activité bibliophilique de la famille Czartoryski en France s’inscrit aussi dans cette tradition. Même si la plupart des Polonais associent ce type d’activité à la ville de Paris et à la Bibliothèque polonaise, la collection européenne extraordinaire de Witold Kazimierz, riche en ouvrages précieux, mérite aussi d’être mentionnée.

Les événements tragiques qui frappèrent la Pologne dans son histoire entraînèrent des pertes énormes dans les collections nationales pendant deux siècles. Pendant les partages et les guerres, un nombre considérable d’objets d’art, de livres et des sources historiques disparurent du territoire national50. Même si notre accès à la collection de Witold Kazimierz reste limité, et qu’une bonne partie de la bibliothèque est dispersée, la collection a été préservée, ce qui est extraordinaire par rapport à d’autres collections polonaises de ce type.

Le prince Witold Kazimierz était un grand amateur des livres qu’il collectionnait d’une manière à la fois systématique et passionnée. Sa vie reste éclipsée par son père cé-lèbre, Władysław, et son grand-père, Adam Jerzy. Pourtant, son activité extraordinaire et ses efforts pour joindre la tradition polonaise à celle de la France méritent de n’être jamais oubliés.

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1 Andrzej Kłossowski, Na obczyźnie. Ludzie polskiej książki, Wrocław, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1984.

2 L’insurrection de Novembre (insurrection nationale polonaise contre l’empire russe) commença le 29 novembre 1830 et dura jusqu’au 21 octobre 1831. L’insurrection fut inspirée par d’autres mouvements révolutionnaires en Europe, mais fut surtout provoquée par la situation interne dans le Royaume du Congrès. À la suite de l’échec de la révolte, l’autonomie du Royaume du Congrès fut restreinte et la population polonaise sur tous les territoires du Grand Partage subit des répressions encore plus violentes. Les répressions furent catastrophiques pour les collections de livres. Les collections des institutions telles que l’Université de Varsovie ou la Société des amis des sciences furent envoyées à Saint-Pétersbourg. Les collections des familles aristocratiques, dont celle des Czartoryski, furent confisquées.

3 La Grande Émigration – mouvement d’émigration après l’insurrection de Novembre. À la suite des répressions, environ sept mille Polonais furent forcés à quitter le territoire de la Pologne, dont les deux tiers s’installèrent en France. L’appellation spéciale donnée à ce mouvement reflète non seulement son caractère massif, mais aussi le rôle de ces émigrés dans la vie politique et intellectuelle (voir Sławomir Kalembka, « La Révolution française dans la pensée politique de la “grande émigration” polonaise (1831-1870) », Revue d’histoire du xixe siècle 9, 1993, p. 59-68).

4 Katarzyna Seroka, « Ephemeral Print Publications of the Great Emigration », Studia Bibliographica Posoniensia 1 2018, p. 99-113.

5 Katarzyna Seroka, Biblioteka Polska w Paryżu (1838–1871). Studium bibliologiczne, Varsovie, Grupa Cogito Sp. z o.o., 2017.

6 Iwona Helena Pugacewicz, « Politics, Power, and the Batignolles School Library », dans Book versus Power. Studies in the Relations between Politics and Culture in Polish History, edd. J. Soszyński et A. Chamera-Nowak, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, 2015, p. 177-192.

7 Arbre généalogique du duc de Nemours, « Le Matin. Derniers télégrammes de la nuit » (27 juin 1896), p. 2, [online] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5567260/f2.item.r=withold%20Casimir%20czartoryski.zoom [accès en février 2019].

8 L’entail de Sieniawa des Czartoryski (pl. Ordynacja Sieniawska Czartoryskich) – les biens de famille créés par le testament du prince Władysław Czartoryski, approuvé par le gouvernement austro-hongrois en 1897. Il comportait des biens familiaux des Czartoryski sur le territoire polonais annexé par l’Autriche. La solution de l’entail, équivalant au régime de substitution héréditaire existant en France jusqu’à l’Empire, avait pour but de protéger les biens familiaux contre la perte et le partage. Les biens servaient à financer le musée des princes Czartoryski et la bibliothèque des princes Czartoryski à Cracovie.

9 Bibliothèque des princes Czartoryski à Cracovie (BCzart), ms. cote 7547 II, Adam Ludwik Czartoryski. Papiery szkolne (Cahiers d’école).

10 Marian Kukiel, art. « Czartoryski Adam Ludwik », dans Polski Słownik Biograficzny, vol. 4, Cracovie, Zakład Narodowy im. Ossolińskich, 1938, p. 270.

11 Izabella Działyńska née Czartoryska (1830-1899) – fille d’Adam Jerzy Czartoryski et Anna Zofia Czartoryska née Sapieha ; grandit à Paris. Collectionnaire et mécène des arts qui s’engageait aussi dans des activités caritatives.

12 Hôtel Lambert – groupe monarchiste conservateur-libéral en exil après l’insurrection de Novembre. Le parti regroupait avant tout des représentants de l’aristocratie et la noblesse riche, ainsi que la plupart des dignitaires civils et militaires de l’insurrection, l’intelligentsia et une partie des artistes et écrivains. Son activité consistait à mener des négociations diplomatiques, surtout dans des pays d’Europe occidentale. Après l’indépendance de la Pologne, le groupe opta pour l’introduction d’une monarchie constitutionnelle. Le nom du parti vient du siège parisien des princes Czartoryski, le palais de l’hôtel Lambert sur l’île Saint-Louis à Paris.

13 Patrimoine et Histoire, [online] http://www.ecolemassillon.com/etablissement/patrimoine-et-histoire/ [consulté en janvier 2019].

14 Witold passait d’habitude l’automne et l’hiver avec sa mère dans de différentes lieux de villégiature en Europe, tels que Salies-de-Béarn, Cannes, Mentonie ou Bordighera.

15 Archives de Université Jagellonne de Cracovie (AUJ), ms. cote S II 158, Akta Senatu Akademickiego Uniwersytetu Jagiellońskiego (Actes du Sénat de l’Université Jagellonne) 1849–1939, Katalog główny studentów UJ za rok szkolny (Répertoire central des étudiants de l’UJ) 1895/96, I półrocze (I semestre). AUJ, ms. cote S II 159, Katalog główny studentów UJ za rok szkolny (Répertoire central des étudiants de l’UJ) 1895/96, II półrocze (II semestre).

16 Janine Ponty, Polonais méconnus. Histoire des travailleurs immigrés en France dans l’entre-deux-guerres, Paris, Publications de la Sorbonne, 1988.

17 Ibidem, p. 196.

18 Stanisław Janaczek, « Działalność księży misjonarzy prowincji krakowskiej 1865-1914 », Nasza Przeszłość: studia z dziejów Kościoła i kultury katolickiej w Polsce 77, 1992, p. 196.

19 Rocznik Towarzystwa Polskiego Literacko-Artystycznego w Paryżu z ilustrowanym przewodnikiem po Paryżu 1911–1912, Paris, Towarzystwo Polskie Literacko-Artystyczne w Paryżu, 1911, p. 1.

20 Ossolineum, ms. cote 15084-II, Pamiętniki W. Gąsiorowskiego (Mémoires de W. Gąsiorowski), p. 10.

21 Stanisław Mękarski, Krystyna Remerowa, Księgozbiór z Honfleur ks. Witolda Kazimierza Czartoryskiego w Lwowskiej Bibljotece Uniwersyteckiej, Lviv, L. Wísniewski, 1928, p. 14.

22 Ossolineum, ms. cote 15084-II, Pamiętniki W. Gąsorowskiego (Mémoires de W. Gąsiorowski), p. 20.

23 Sanctum Domini Nostri Iesu Christi Hebraicum Euangelium secundum Matthaeum, Paris, Martin Juven, 1551.

24 The New Testament of Our Lord and Saviour Jesus Christ. Translated out of the original Greek into the Gujarati Language, Surat, Bombay Auxiliary Biblic Society, Mission Press by Wiliam Raymond, 1867.

25 Antonij Demčenko, Zbirka Biblij v biblioteci knjazja V. K. Čartorijs’kogo, dans Zbirnik naukovih prac’ viddilu rukopisnix, starodrukovanix ta ridkisnix knig im. F. P. Maksimenka, ed. N. Švec’, Lviv, Biblioteka im. F. P. Maksimenka, 1997, p. 63-92.

26 Albert Sorel (1842-1906) – historien français, membre d’honneur de la Société du Musée national polonais à Rapperswil à partir de 1898. Son œuvre concerna l’histoire de la Révolution Française (L’Europe et la Révolution française) et la vie de Napoléon Ier.

27 Emmanuel Henri Victurnien de Noailles, Henri de Valois et la Pologne en 1572, Paris, M. Lévy frères, 1867.

28 Gaspard de Tende (pseudonyme Sieur d’Hauteville), An Account of Poland, Londres, 1698.

29 Jacek Miler, « Księgozbiór z Honfleur », Cenne, Bezcenne 4 1999, p. 23.

30 BPP, ms. cote 902, Skorowidz czasopism z Afryki Północnej przechowywanych w Bibliotece w Honfleur (Répertoire des revues de l’Afrique du Nord disponibles à la Bibliothèque de Honfleur).

31 BCzart, ms. cote 7587 III, Victor Harlingue-Doyen à W.K. Czartoryski (11 novembre 1908).

32 La modification de la classification décimale par les Belges fut publiée systématiquement en français dans les années 1897-1905. Les bibliothécaires travaillant pour le prince Witold préparaient leurs rapports en polonais. La terminologie française se fondait sur les tableaux de la Classification décimale universelle. Manuel abrégé du répertoire bibliographique universel. Organisation, travaux, méthodes, tables abrégées de classification, Bruxelles, Institut international de bibliographie, 1905.

33 BCzart, ms. cote 7583 IV, Sprawozdanie z katalogu rzeczowego Biblioteki Księcia Witolda Czartoryskiego (Rapport sur le catalogue par ordre de matières de la Bibliothèque du prince Witold Czartoryski), p. 1.

34 Ibidem, p. 2.

35 J. Miler, « Księgozbiór z Honfleur », art. cit. [n. 29], p. 23.

36 Wacław Gąsiorowski (1869-1939) – écrivain, journaliste, activiste de l’émigration, créateur de l’hebdomadaire Polonia à Paris.

37 Ossolineum, ms. cote 15084-II, Pamiętniki W. Gąsiorowskiego… (Mémoires de W. Gąsiorowski), p. 11.

38 BPP, ms. cote 900, Adam Ludwik Czartoryski à Józef Skrochowski (29 décembre

39 BCzart, ms. cote 13431, Ferdinand d’Orléans (duc d’Alençon) à W.K. Czartoryski (6 novembre 1905).

40 BPP, ms. cote 895, Józef Skrochowski à Witold Kazimierz Czartoryski (13 novembre 1908).

41 Le choix de Poznań n’était pas arbitraire. Par son testament, la tante de Witold Kazimierz, Izabela Działyńska, qui n’avait pas d’enfants, laissa tous ses biens en France et dans la région de la Grande-Pologne à son neveu le plus jeune. Après sa mort, Witold devint premier gérant des biens de Gołuchów et du château où se trouvait une collection des œuvres d’art rassemblée par Isabelle, qui fonctionnait comme un musée accessible à tous. Witold avait l’intention de transférer les collections de Gołuchów à l’édifice qu’il avait acheté à Poznań. Il comptait peut-être joindre sa bibliothèque privée aux collections de sa tante pour créer un centre scientifique à Poznań.

42 BPP, ms. cote 904, Testament Witolda Kazimierza Czartoryskiego (Testament de Witold Kazimierz Czartoryski), p. 1-2.

43 BCzart, ms. cote 7567 IV, Ludwik Adam Czartoryski au directeur de la Bibliothèque de l’Université de Lviv, Bolesław Mańkowski (2 juillet 1914).

44 BCzart, ms. cote 7567 IV, Oświadczenie Rektora Uniwersytetu Lwowskiego (Déclaration du Recteur de l’Université de Lviv).

45 Idem.

46 Ossolineum, ms. cote 17195, Pismo dowództwa Dywizjonu Samochodowego do Dyrektora Biblioteki Uniwersyteckiej we Lwowie (Lettre du commandement de la Division Automobile au Directeur de la Bibliothèque de l’Université de Lviv) (7 août 1923), p. 63.

47 Idem, ms. cote 17195, Telegram firmy przewozowej Fuller & Kohler do Rudolfa Kotuli, dyrektora Biblioteki Uniwersyteckiej (Télégramme de l’entreprise de transport Fuller & Kohler à Rudolf Kotula), p. 57.

48 Kronika Uniwersytetu Jana Kazimierza we Lwowie za rok szkolny 1922–1923 za rektoratu prof. ks. dra Staisława Narajewskiego, Lviv, Uniwersytet Jana Kazimierza we Lwowie, 1926, p. 18.

49 Après l’indépendance de la Pologne, Tczew perdit son rôle important dans la politique maritime, à la suite de l’ouverture et de la mise en service de la ville et du port de Gdańsk.

50 Czesław Pilichowski, Straty bibliotek i archiwów polskich podczas szwedzkiego « Potopu » 1655–1660, dans Polska w okresie drugiej wojny północnej, 1655–1660. Vol. 2, Warszawa, 1957, p. 451–479. Barbara Bieńkowska, Straty bibliotek w czasie II wojny światowej w granicach Polski z 1945 roku. Wstępny raport o stanie wiedzy, vol. 1–2, Warszawa, Wydawnictwo Reklama, 1994, passim

AnnexeSources manuscrites

Bibliothèque des Princes Czartoryski à Cracovie

cote 7547 II

cote 7567 IV

cote 7587 III

cote 7583 IV

cote 13431

Bibliothèque polonaise à Paris

cote 895

cote 900

cote 902

cote 904

Archives de l’Université Jagellonne de Cracovie

cote S II 158

cote S II 159

Ossolineum

cote 15084-II

cote 17195