Titre de section
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In memoriam Thierry Barbier-Mueller (1960-2023)
Thierry Barbier-Mueller (1960-2023)
© Pierre Albouy
À l’âge de soixante-deux ans, Thierry Barbier-Mueller s’en est allé, soudainement, dans la nuit du 24 janvier, à la suite d’un arrêt cardiaque. Il est difficile d’accepter, ou simplement d’imaginer, la disparition d’un homme tellement à l’aise avec soi-même et avec les autres, discret sur sa vie privée autant que généreux pour ce qui est du temps qu’il accordait à la Fondation. En plus de la société immobilière familiale, comptant plus de deux cents employés, qu’il gérait avec passion depuis plusieurs décennies, et d’une importante collection d’art contemporain, Thierry réservait encore de son temps pour la Fondation créée en 1998 par ses parents, Jean Paul et Monique Barbier-Mueller. Et il leur avait succédé, après leur disparition, en même temps que sa nièce Diane, fille de son frère Stéphane, entrait à la Fondation. Entre les deux représentants de la famille l’échange était d’ailleurs non seulement complet mais harmonieux. Ce legs familial n’aurait été facile à gérer pour personne. La personnalité différente mais complémentaire de ses parents, la passion et la détermination que Jean-Paul mettait dans sa relation à la Fondation sur bien de plans, de l’achat des livres, aux rapports avec les membres, dans le respect de la stratégie qu’il avait dictée jusqu’au bout, semblait rendre sa succession en ce domaine presqu’autant complexe que dans les affaires. Et pourtant, avec son style décontracté, sa capacité d’écoute et ses interventions mesurées nourries d’une gentillesse qu’on aurait dit innée, Thierry Barbier-Mueller avait marqué en profondeur les réunions du Conseil, ainsi que la vie de la Fondation. Fils de grands collectionneurs, collectionneur passionné à son tour (il venait d’inaugurer, au Mudac de Lausanne, une grande exposition dans le domaine de l’art contemporain, en présentant sa collection de ‘chaises d’auteurs’), Thierry avait fait profiter la Fondation de sa longue expérience dans le domaine. Un souvenir personnel vaut peut-être mieux que trop de mots. Régulièrement, nous avions des réunions restreintes du bureau de la Fondation. Il fallait fixer la date du Conseil au milieu de mille autres engagements et l’endroit du rendez-vous était le bureau de la Régie familiale, un bureau bien connu de nous tous. Mais, le moment venu, Thierry pouvait nous envoyer un mail de ce style : « Je vous propose de nous retrouver 36 Route de Chêne, dans les locaux de la Société Privée de Gérance. Je ne sais quel est votre moyen de transport usuel, mais sachez que le tram 12 s’arrête quasiment devant la porte (arrêt « Amandolier »). Il arrivait d’ailleurs, lui-même, en tram au travail.
Nous regretterons cet homme, aux manières décontractées et affables, qui savait penser en grand sans négliger les détails.