Revue Italique

Titre de section

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In memoriam Monique Barbier-Mueller

Massimo Danzi

Jean Balsamo

Monique Barbier-Mueller (21 novembre 1929-6 août 2019)

© Photo Malick Sidibé - Courtesy A. Magnin

Monique Barbier-Mueller s’est éteinte il y a près d’un an. Associée à son époux, Jean Paul Barbier-Mueller, elle avait été à l’origine de la création de notre Fondation consacrée à l’étude de la poésie italienne de la Renaissance. C’était en 1998. D’une personnalité discrète, moins exposée que son époux, par caractère et par choix, elle ne l’accompagnait pas moins avec enthousiasme dans ses initiatives culturelles, qui devenaient aussi les siennes. Après la disparition de Jean Paul Barbier-Mueller, en décembre 2016, elle continua de suivre l’activité de la Fondation avec une attention bienveillante. Accueillant les réunions du conseil de fondation dans la belle demeure familiale à la Vieille ville, en maîtresse de maison d’une exquise courtoisie, elle savait mettre tous ses invités à leur aise.

Le même amour du beau qui avait porté son époux vers les livres anciens et les arts premiers la menait vers l’art contemporaine. Elle y avait été introduite par son père Joseph Mueller, ami personnel de nombreux artistes et collectionneur raffiné, mais aussi par l’exemple de sa tante Gertrud Dübi-Mueller, intime de Ferdinand Hodler comme son frère l’était de Cuno Amiet. Monique Barbier-Mueller avait retracé le profil de cette tante, à la personnalité libre et forte, en un livre très personnel, paru en 2018.

Originaire de Soleure, Monique Barbier-Mueller passa une partie de son adolescence à Paris, où ses intérêts artistiques furent fortifiés par la fréquentation des milieux artistiques et par l’amitié des Giacometti (Alberto et Diego) entre autres. De retour en Suisse après la guerre, elle s’établit définitivement à Genève, où elle acheva ses études universitaires. Celles-ci la portèrent tout naturellement vers une carrière d’interprète et traductrice. Son mariage en 1953 avec Jean Paul Barbier-Mueller marqua l’union de deux sensibilités et de deux cultures dont la rencontre fut extraordinairement féconde.

Joseph Mueller avait initié sa fille aux arts comme aux voyages. À côté du Japon, qu’elle aimait beaucoup, elle était très attachée à l’Afrique et notamment au Mali et à la Côte d’Ivoire, qu’elle avait visités à maintes reprises. Cet amour pour les pays lointains fut, en 1977, à l’origine d’une initiative commune au couple, la création à Genève, rue Calvin, du Musée Barbier-Mueller, consacré aux arts non-européens, et vingt ans plus tard du « Museo de art precolombí » de Barcelone. L’amour conjugué des civilisations lointaines et de l’art contemporains se prolongea en une dynamique activité de mécène qui savait se mettre au service des autres, à travers de nombreux dons à de grandes institutions, ainsi le Musée du Quai Branly, à Paris.

Monique Barbier-Mueller, si attachée à la tradition familiale, ne cachait pas sa fierté en voyant une même passion se prolonger dans ses trois fils Stéphane, Thierry et Jean-Gabriel, et chez les enfants de ceux-ci, en particulier chez sa petite-fille Diane, éminente bibliophile et trésorière de notre Fondation.

Le souvenir de cette grande dame, de sa présence généreuse, attentive et discrète, dans le cadre du Musée familial et lors des Conseils de Fondation qui se déroulaient au printemps de chaque année, restera pour nous bien présent, et c’est avec beaucoup d’émotion que nous lui rendons cet hommage.