Revue Italique

Titre de section

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Hommages à Jean Paul Barbier-Mueller

Michel Jeanneret

Massimo Danzi

Chiara Lastraioli

Jean Paul Barbier-Mueller (17 mai 1930 – 22 décembre 2016)

Jean Paul Barbier-Mueller, le fondateur et, depuis vingt ans, le bienfaiteur de la Fondation Barbier-Mueller pour l’étude de la poésie italienne de la Renaissance est mort à Genève, la ville où il a toujours vécu, le 22 décembre 2016, à l’âge de 86 ans. Cette revue ainsi que la collection de livres rares qui l’accompagne lui doivent l’existence. Il n’a cessé d’enrichir le fonds et de veiller à son rayonnement. Avec lui, la Fondation et la direction d’Italique, en deuil, perdent un inspirateur et un moteur, un patron et un ami.

JP BM, comme nous l’appelions, était un esprit étincelant, une intelligence brillante, animé par une curiosité toujours aux aguets. Lecteur avide, il avait une culture très large ; grand voyageur, il sortait volontiers des sentiers battus et toujours, il surprenait. Il aimait la solitude, qui lui permettait d’abattre un travail énorme, mais il était aussi un animal social, il aimait partager son savoir et son expérience. Meublée de souvenirs pittoresques, animée par son talent de conteur, sa conversation évoquait des mondes lointains, que ce soit les populations exotiques qu’il avait visitées ou les salons du gotha européen qu’il avait fréquentés. Il était chargé des plus hautes décorations, il avait connu quantité de princes et de présidents, mais, trop malin pour être dupe, trop indépendant, il regardait ce théâtre avec un mélange de tendresse et d’humour. Après des études de droit, il dirige une société financière puis fonde une entreprise de promotion immobilière qui lui permet d’acquérir, en virtuose des affaires, une ample fortune. Mais l’argent, qui lui file entre les doigts, n’est pour lui qu’un moyen : le ressort grâce auquel il va devenir l’un des plus grands collectionneurs privés du XXe siècle. Car il a deux passions, auxquelles il a consacré, pendant une cinquantaine d’années, les amples ressources, financières mais aussi intellectuelles, qui sont les siennes.

Il doit sa notoriété à l’immense collection d’arts premiers (ou primitifs, comme on dit encore trop souvent) qu’avec un flair admirable il a réunie lui-même : quelque sept mille œuvres d’Afrique, d’Indonésie, d’Océanie, mais aussi des steppes et d’Extrême-Orient, auxquelles s’ajoutent un remarquable ensemble précolombien et une superbe série de statuaire antique – les Cyclades notamment et la Grèce archaïque. Il doit sa ferveur pour les arts « exotiques » à la rencontre, dans les années cinquante, avec Josef Müller, le père de Monique Müller, qui allait devenir son épouse. Celui-là, venu de Soleure à Paris dans les années 1910, se passionne pour les peintres d’avant-garde, alors à des prix abordables, et pour la sculpture, les masques, les textiles africains qui, encore méconnus, allaient bientôt exercer une influence majeure sur l’art occidental. Auprès de cet amateur visionnaire, ce précurseur entouré d’une fabuleuse collection d’art tribal, JP BM acquiert l’œil du connaisseur, le regard de l’esthète qui, dans une boutique parisienne, dans la savane ou sur un marché des antipodes, distingue immédiatement le chef-d’œuvre. Car il ne se contente pas d’admirer à distance. Il entreprend de fréquents voyages, parfois aventureux, en Afrique subsaharienne et en Indonésie, pour comprendre mieux les mœurs et les mythes, les pratiques magiques et les cérémonies sacrées des ethnies avec lesquelles il se familiarise jusqu’à en devenir un spécialiste. Il avait un attachement particulier pour les Batak de Sumatra, chez lesquels il est souvent retourné, pour leur consacrer par la suite plusieurs études.

Sa demeure genevoise, peuplée d’objets dont il connaît l’origine et comprend la fonction, devient ainsi une caverne d’Ali baba, un trésor dont il découvre en virtuose les mystères à ses visiteurs. Mais il n’est pas homme à se réserver jalousement par e il plaisir. Sa vocation est le partage. En 1977, il ouvre à Genève un musée d’arts premiers, qui depuis se renouvelle constamment en exposant quelques-uns des fleurons de la collection, de l’Afrique noire aux Mers du sud, des ustensiles aux boucliers, de la préhistoire à nos jours, dans un défilé inépuisable de formes, de styles et de matériaux étonnants. Animé par une conservatrice infatigable, Laurence Mattet, le musée genevois déborde largement ses murs. Par des prêts ou des dons – quelque cinq cents objets ont été offerts au Musée du quai Branly à Paris – , par des expositions itinérantes, la collection a acquis une réputation mondiale. Elle se fait connaître aussi par une foison de publications prestigieuses : une revue d’anthropologie, Arts et culture, des dizaines de catalogues et d’ouvrages savants, confiés à des spécialistes et généreusement illustrés. Une initiative récente, la Fondation Culturelle Musée Barbier-Mueller, encourage, par des bourses et des publications, l’étude d’ethnies en voie de disparition. Tout aura été fait par JP BM pour contribuer à la défense et illustration de cultures qui, excentrées et mal connues, appartiennent pourtant, par leurs arts et leurs savoirs, au patrimoine de l’humanité.

Dès l’adolescence, JP BM a été habité par une autre passion : l’histoire et la poésie du XVIe siècle français, qui furent pour lui des objets de collection, certes, mais aussi l’occasion de recherches savantes et de multiples publications. Implanté au cœur de la Genève calvinienne, dans la ville des théologiens, des polémistes et des imprimeurs de la Réforme, il a étudié la politique et la propagande des guerres de religion à travers des centaines de pamphlets et de satires, de manifestes et de libelles qu’il avait rassemblés. Une documentation de première main, plaquettes et autres feuilles volantes souvent rarissimes, lui a permis de préciser maints détails et d’identifier maints acteurs de cette histoire qu’il faut étudier à la loupe pour en comprendre les infinis rebondissements. Cette collection-là, une mine pour la recherche, a été offerte au Musée international de la Réforme de Genève, qui en expose les pièces saillantes. La guerre des imprimés recourait souvent à la poésie – des vers partisans, violents et furieux, comme ceux d’Agrippa d’Aubigné. Mais si JP BM était sensible à la puissance du verbe militant, il trouvait un plaisir inégalé à la grâce et la sensualité des poètes profanes qui, à l’écart du champ de bataille, parlaient d’amour, célébraient la beauté du monde et exploraient la vie secrète de la nature. Il fut un lecteur amoureux de Ronsard, un connaisseur exceptionnel des satellites, des épigones et des rivaux du Vendômois et, pour les lire dans leur revêtement premier, il s’entoura d’une collection unique au monde d’éditions originales des poètes de la Pléiade, de leurs premiers essais, dans les années 1540, jusqu’à leur déclin, quand le purisme malherbien révolutionne le goût littéraire. De cette efflorescence poétique, il ne fut pas seulement le lecteur émerveillé : il s’en fit aussi le bibliographe et l’historien. Il a lui-même rédigé le savant catalogue de sa collection (Ma Bibliothèque poétique, huit volumes in-folio, 1973-2017) et il laisse, tout juste achevé au moment de disparaître, l’immense Dictionnaire des poètes français de la seconde moitié du xvie siècle (1549-1615), dont trois volumes sont aujourd’hui parus et trois autres, prêts à la publication. Avec la collaboration de Nicolas Ducimetière et de Marine Molins, JP BM y présente plus de cinq cents poètes, dont la grande majorité, ignorés même des spécialistes, sont arrachés à l’oubli. Une somme de connaissances stupéfiante dont nulle bibliothèque sérieuse ne pourra se passer, une contribution à l’histoire littéraire que l’Académie française a couronnée, en 2016, d’un prix prestigieux. Tant Ma Bibliothèque poétique que le Dictionnaire sont publiés par les Editions Droz, dont le directeur, Max Engammare, était un ami intime de JP BM. 

Comme chacun sait, les poètes de la Renaissance française puisent largement aux sources italiennes : Pétrarque et ses imitateurs des Quattrocento et Cinquecento, dont le lyrisme maniéré, codifié, allait faire école et affleurer un peu partout au nord des Alpes, dans la prolifération des vers amoureux des XVIe et XVIIesiècles. Confronté à ces palimpsestes, soucieux de démêler les voix des uns et des autres, JP BM allait donc se tourner vers les modèles de la péninsule, ce qui, pour le collectionneur passionné qu’il était, revenait à traquer et rassembler tout ce qu’il pouvait découvrir d’éditions originales, de livres rares de poésie italienne, des débuts de l’imprimerie jusqu’à l’âge baroque.

Ici encore, il souhaita partager son butin et voulut créer une institution publique et pérenne. C’est ainsi que le fonds privé des livres italiens est devenu une Fondation. Nous l’avons créée, lui et moi, en 1998, pour recevoir ensuite l’appui du professeur Jean Balsamo, vice-président et proche ami de JP BM, de Nicolas Ducimetière, ancien bibliothécaire de JP BM et secrétaire de la Fondation, ainsi que des professeurs Massimo Danzi et Chiara Lastraioli, éditeurs d’Italique. Installée à l’Université de Genève, la Fondation accueille les chercheurs dont elle facilite le travail, car si tout le monde a sous la main le Canzoniere de Pétrarque, il est moins aisé d’accéder à la foule des poètes venus ensuite, dispersés et mal connus. À l’origine la Fondation rassemblait une cinquantaine de volumes. Grâce à la générosité et à la ténacité de JP BM, elle en compte, vingt ans plus tard, quelque six cents. On peut mesurer l’étendue, la cohérence et la valeur exceptionnelle de la collection grâce au catalogue savant établi par Jean Balsamo, Poètes italiens de la Renaissance dans la Bibliothèque de la Fondation Barbier-Mueller. De Dante à Chiabrera, Genève, Droz, 2007, 2 volumes. JP BM a financé également la publication annuelle d’Italique ainsi que les monographies savantes de la série des Textes et Travaux1 de la Fondation. Toujours soucieux d’aller, par-delà le petit milieu des spécialistes, vers des cercles plus larges, il avait souhaité aussi la publication de deux livres qui ouvrent le savoir des initiés au public des amateurs cultivés. Il a pu voir ces deux ouvrages, dans leurs versions italienne et française, sortis de presse quelques semaines avant sa mort : une vie de Pietro Bembo2et une série d’essais confiés à des auteurs de haute volée, écrivains ou universitaires3. L’héritage que nous laisse JP BM implique des privilèges, mais entraîne aussi des devoirs. Il appartient au Conseil de Fondation de poursuivre la politique d’acquisitions et de publications voulue et entretenue par le maître. Des adaptations seront nécessaires, mais la ligne est tracée, la mission est clairement définie, une formidable impulsion a été donnée. À nous de les relancer, pour honorer et perpétuer la mémoire de notre fondateur.

Genève, le 31 décembre 2016

Michel Jeanneret,
Président du Conseil de Fondation.

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Jean Paul Barbier-Mueller è stato, con la moglie Monique, all’origine della «Fondation Barbier-Mueller pour l’Étude de la Poésie italienne de la Renaissance» e di conseguenza il fondatore, nel 1998, di questa nostra «Italique», che oggi giunge al suo XIX volume. Per l’uomo che, nel 1977 a Ginevra, ha dato vita alla più importante collezione privata di arti primitive extra-europee come per il fondatore del «Museu de art precolombí» di Barcellona (1997-2012), la letteratura, e la poesia del Rinascimento in ispecie, sono state fin dall’adolescenza una grande passione. Questa «fedeltà» alla poesia comportava nel collezionista un equilibrio non comune tra intelligenza storica e gusto per il decoro esterno del libro, che gli impediva di cedere alla lusinghe della pura bibliofilia. Jean Paul, come voleva essere chiamato, aveva così dapprima costituito una ricca collezione di poesia francese intorno ai due nuclei essenziali della Pléiade e delle guerre di religione, della quale aveva – con l’ausilio di validi collaboratori – tenuto a scrivere egli stesso le schede del catalogo. Ma aveva poi presto avvertito l’esigenza di accompagnare quel fondo già ricchissimo di testi francesi con la creazione di un fondo ‘cadetto’, in cui trovava spazio quella poesia italiana che era stata alla base della amata Pléiade. Così, alla monumentale Bibliothèque poétique francese (quattro volumi, apparsi tra 1973 e 2005, per un totale di 7 tomi, senza contare altri in preparazione presso il fido Editore Droz) aveva fatto séguito, negli anni, un sempre più ricco fondo di poeti italiani del Rinascimento, il cui catalogo – redatto questa volta da Jean Balsamo e dalla sua équipe e pubblicato presso lo stesso Editore nel 2007descriveva 452 edizioni rare comprese tra Dante e Chiabrera. Jean Paul Barbier-Mueller credeva al rapporto con un pubblico «colto» e potenziale lettore come, più sussidiariamente, alla collaborazione col settore «pubblico» e, nell’un caso e nell’altro, l’ottica era quella di una cultura che il collezionista godeva a condividere: una sorta di illuministico «greatest happiness for the greatest number». D’accordo con la moglie Monique, aveva così affidato il fondo italiano alla ricordata «Fondation pour l’Étude de la Poésie italienne de la Renaissance» rendendone disponibili i libri alla Facoltà di lettere di Ginevra: un’apertura al ‘pubblico’ non poi così ovvia anche oggi ma che ha dalla sua gli esempi di tante storiche biblioteche costituite all’origine da fondi privati (Petrarca stesso, motore primo di questa Fondazione, non aveva, un tempo, sognato di lasciare la sua alla Repubblica veneta, la cui Marciana avrebbe avuto, secoli dopo, tra i suoi bibliotecari quel Bembo, che è un altro grande ispiratore di Jean Paul ?). Fatto sta, comunque, che altre iniziative avevano poi accompagnato la nascita del Fondo e di questa rivista e, all’istituzione di una conferenza internazionale e di un finanziamento (mirato, ma in teoria ripetibile) a un giovane dottorando, ha fatto seguito una collana di testi della Fondazione, di cui dice nel ricordo che precede il suo Presidente Michel Jeanneret. Jean Paul Barbier-Mueller aveva fatto in tempo a vedere i due più recenti volumi, entrambi del 2016, dedicati ad aspetti di un Rinascimento «colto», ma pensati – com’era sempre stata sua ambizione -per un pubblico largo e da conquistare alla poesia.

Oggi quel fondo italiano (duecento edizioni inventariate nel primo volume della rivista, più di quattrocento nel catalogo del 2007) è quasi raddoppiato grazie a una campagna di acquisti che, per dire solo degli ultimi due anni, ha portato alla Fondazione quasi una cinquantina di nuove rare edizioni. Jean Paul ne stimolava appassionatamente l’acquisto o vagliava le proposte che i collaboratori gli facevano. Come tutti i veri collezionisti, Jean Paul Barbier-Mueller aveva un sogno che era la sua strategia: arricchire il più possibile, documentandolo, il territorio della poesia rinascimentale italiana. E gli acquisti avevano, spesso, tempi strettissimi. Era esperienza comune ricevere richieste o proposte di acquisto anche a notte tarda e magari discuterne con lui qualità e condizioni, da realizzare all’indomani, per tempo. Quando le proposte languivano, le sollecitava appassionatamente ricordandoci che fine della collezione era di riunire il più alto numero di poeti del Rinascimento italiano non necessariamente le edizioni «principes» o le più «belle». Così i libri affluivano a rue Jean Calvin, sostavano nella biblioteca privata del collezionista il tempo utile ad apprezzarne il merito e giungevano alla Fondazione, dove erano posti a disposizione degli studiosi.

Lo «stile» dell’uomo era elegante e peculiare, sobrio ma sempre caloroso e appassionato anche nella corrispondenza più minuta e quotidiana, e almeno una citazione merita estrapolare, che restituisca al lettore di «Italique» il tenore di cui era fatta quella notturna corrispondenza: «Chers amis, – scriveva in una mail di qualche mese fa – j’ai acquis cinq ouvrages faisant partie de la polémique déclenchée contre Guarini par Jason De Nores après la publication du Pastor Fido. Nos spécialistes nous expliqueront de quoi il s’agit exactement. Il semble que les anti-Guarini aient considéré que la tragicomédie pastorale était critiquable, notamment parce qu’elle mélangeait des genres divers... Nous possédons une édition du Pastor fîdo de 1590 (donc contemporaine de l’édition originale, si je ne fais erreur), mais rien sur ce “scandale” ayant engendré passablement de bruit. Bref! Voici ce que nous avons désormais (il nous reste à trouver l’Apologia, première réfutation de De Nores!)». Questo stile ha animato negli anni la Fondazione e ci accompagna ora nel ricordo di un collezionista dotato di una non comune cultura storica e di un gusto sincero per la poesia; uno stile che, ci auguriamo, saprà sopravvivergli nelle iniziative che dalla sua presenza ancora nasceranno a ricordare la passione che, a Ginevra, ha saputo condividere con molti per il Rinascimento e i suoi poeti.

Ginevra, 27 gennaio 2017

Massimo Danzi e Chiara Lastraioli
Direttori di «Italique»

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1 Ont paru jusqu’ici : Les Poètes français de la Renaissance et Pétrarque, édité par Jean Balsamo, Genève, Droz, 2004, 505p. – Il Poeta e il suo pubblico – Lettura e commento dei testi lirici nel Cinquecento. Convegno internazionale di Studi (Ginevra, 15-17 maggio 2008), édité par Massimo Danzi et Roberto Leporatti, Genève, Droz, 2012, 540p. – Alessandro Piccolomini, I cento sonetti, édité par Franco Tomasi, Genève, Droz, 2015.

2 Marco Faini, Les lauriers et la pourpre. La Vie de Pietro Bembo, Fondation Barbier-Mueller et Editions Somogy, Paris, 2016. – L’alloro e la porpora. Vita di Pietro Bembo, Fondation Barbier-Mueller et Edizioni di Storia e Letteratura, Rome, 2016.

3 La Renaissance italienne à pleines dents, édité par Nicolas Ducimetière et Michel Jeanneret, Fondation Barbier-Mueller et Editions Somogy, Paris, 2016. – Il Rinascimento italiano a piene mani, Fondation Barbier-Mueller et Edizioni di Storia e Letteratura, Rome, 2016. – Les essais réunis dans ce volume sont dus à Étienne Barilier, Lina Bolzoni, Yves Bonnefoy, Michel Butor, Dominique Fernandez, Adrien Goetz, Michel Jeanneret, Nadeije Laneyrie-Dagen, Carlo Ossola, Pierre Quignard, Francesco Rico, Cesare Segre, Lionello Sozzi, Edna Stern, Carlo Vecce, Marina Warner.