Revue Italique

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Jean et André Hurault : deux frères ambassadeurs à Venise et acquéreurs de livres du cardinal Grimani

Isabelle Conihout

La collection de littérature italienne que Jean-Paul Barbier-Mueller a donnée à l’Université de Genève vient de s’enrichir d’un magnifique volume, qui prouve que bibliophilie et littérature peuvent faire bon ménage. Il s’agit de l’exemplaire de dédicace à l’ambassadeur de France à Venise, Jean Hurault de Boistaillé, de l’édition par Lodovico Dolce du commentaire d’Erizzo sur Pétrarque, parue à Venise en 1562 chez Andrea Arrivabene: Espositione di M. Sebastiano Erizzo nelle tre canzoni di M. Francesco Petrarca chiamate le Tre sorelle, nuovamente mandata in luce da M. Lodovico Dolce (fig. 1). Le volume a été relié en maroquin rouge, à décor doré d’arabesques (fig. 2) , par l’un des meilleurs ateliers vénitiens de la période, actif dans les années 1560, baptisé par Ilse Schunke le «Leermauresken-Meister», sur l’activité duquel le point a été fait en 1991 par Anthony Hobson1. Un cartouche doré occupe le centre des plats, orné au plat supérieur des armoiries peintes en or de l’ambassadeur, les quatre soleils des Hurault («d’or à la croix d’azur cantonnée de quatre ombres de soleil de gueules»). Le plat inférieur porte symétriquement une peinture légèrement effacée, deux personnages dans lesquels on peut reconnaître Pétrarque et Mercure, double allusion au texte recouvert et au dédicataire, messager du roi de France. Sur la page de titre, de la main de l’ambassadeur: «Ex Bibliotheca Jo. Huraultii Boistallerii». La dédicace de trois pages, «All’illustrissim. S. il S. Giovanni Hurault, Signor di Boistaillé, consigliere della Cristianiss. Maesta et Maestro delle richieste della casa Reale, Ambasciadore del Cristianiss. Carlo Nono Re di Francia appresso la sereniss. Reipublica Vinitiana» est datée de Venise, 21 septembre 1561. Soulignant l’intérêt du commentaire d’Erizzo, Dolce y rend un hommage appuyé au jeune ambassadeur, qui «nelflore del sua giovenile età fu giudicata degna di carichi importantissimi»: parmi ces tâches la délicate restitution de la Corse à Gênes. Dolce souligne ensuite l’intérêt du diplomate pour la poésie et l’étude, les rapportant à un idéal de «gentilhuomo» commun à Erizzo, au sénateur Venier à qui avait été destiné son commentaire, et au jeune Hurault.2

Fig. 1 – Page de titre avec l’ex-libris de Jean Hurault de Boistaillé

Exemplaire de dédicace à Jean Hurault de Boistaillé de l’édition par Lodovico Dolce du commentaire d’Erizzo sur Pétrarque, Venise, 1562. Coll. J. P Barbier-Mueller.

Fig. 2. – Reliure

Exemplaire de dédicace à Jean Hurault de Boistaillé de l’édition par Lodovico Dolce du commentaire d’Erizzo sur Pétrarque, Venise, 1562. Coll. J. P Barbier-Mueller.

1. Jean Hurault de Boistaillé

Quelque attendues que soient les louanges de ce type de dédicace, elles n’avaient cette fois rien d’immérité. Jean Hurault de Boistaillé (=JHB), le dédicataire du Pétrarque, reste, avec son frère André Hurault de Maisse (dont je montrerai plus loin que ses livres les plus précieux sont conservés à la Bibliothèque Mazarine) une figure encore méconnue. Si les achats de livres grecs des ambassadeurs français en poste à Venise pendant la première moitié du XVIe siècle, pour eux-mêmes ou afin de contribuer au développement de la Bibliothèque royale, sont bien connus,3 l’activité «bibliophilique» de leurs successeurs a fait l’objet de moins d’attention. JHB, pendant sa relativement brève ambassade (mai 1561 – mars 1564, réunit une collection de plus de cent manuscrits grecs et orientaux aujourd’hui principalement conservée à la Bibliothèque nationale, où elle entra en 1622 avec la collection de son cousin le chancelier Philippe Hurault de Cheverny, ainsi qu’à la bibliothèque de Leyde dans les collections Scaliger et Vossianus. Certes les mentions d’achat, de copie, de reliure ou de possession portées par JHB sur ses manuscrits ont depuis longtemps frappé l attention. Léopold Delisle4 citait à son sujet son lointain prédécesseur l’helléniste Jean Boivin, mort en 1726: «la passion pour cette sorte de livres etoit alors si grande chez luy5 que ses deux fils, Jean et André, se faisoient un plaisir de collationner eux-mêmes les copies avec les originaux. J’ay remarqué dans la bibliothèque royale plus d’une centaine de volumes qui paroissent luy avoir appartenu, ayant son nom au commencement, souvent même le prix du livre, les frais de l’écriture et de la reliure et autres notes semblables. Ils sont presque tous couverts de peaux vertes». Mais JHB n’a pas encore suscité l’étude qu’il mériterait.

2. Famille et carrière

Sur la famille Hurault, une famille du Blaisois qui prospère au service des Orléans à la fin du XVe siècle, et sur son ascension, on dispose de l’étude consacrée par Yves Durand au membre le plus éminent de cette famille, le chancelier Philippe Hurault de Cheverny, cousin issu de germains de notre ambassadeur.6 L’arrière-grand père commun à Cheverny et à Boistaillé, Raoul de La Grange, eut notamment deux fils, fondateurs des deux principales branches de la famille. Jacques, mort en 1519, est l’auteur de la branche des Cheverny, tournée vers la finance. Il est le grand-père du chancelier, né posthume en 1528 après la déconfiture de son père Raoul, entraîné dans la faillite de son beau-père, le principal des généraux de finance, Jacques de Beaune de Semblançay. Cette branche Cheverny, fort diminuée à la suite de la faillite Semblançay — la veuve et les héritiers de Raoul furent condamnés à une amende de 100.000 livres — souffrit aussi de la participation d’un frère de Raoul, Jacques, aux entreprises du connétable de Bourbon dont il était le conseiller. Après cet effondrement pendant le second quart du XVIe siècle, ce n’est que progressivement que Philippe Hurault de Cheverny reconquit le prestige perdu. Destiné à l’Église, il se tourna vers la magistrature, devint conseiller au Parlement en 1554, maître des requêtes en 1562, puis chancelier du duc d’Anjou, futur Henri III, et épousa en 1566 la fille du Président de Thou. On connaît la suite de son extraordinaire ascension.

Le fils cadet de Raoul de La Grange, Jean, grand-père de notre ambassadeur, est l’auteur de la branche Boistaillé, plus ‘parlementaire ’. Il quitta le Blaisois pour Paris, acquit des terres dans la région d’Étampes (Boistaillé, Belesbat, Juvisy, Maisse). Conseiller au Parlement de Paris en 1490, président en la Cour des aides le 18 novembre 1500, maître des requêtes le 18 mars 1513, puis président de la Cour des aides, il se maria dans la robe parisienne, épousant Guillemette de Guetteville qui lui donna trois fils. Deux d’entre eux, Robert et Jean, eurent des carrières ecclésiastiques. On ne dispose à ma connaissance d’aucune étude sur ces deux savants abbés, auxquels Oronce Fine dédicaça en 1516-1517 son édition en deux volumes des œuvres de Johannes de Bassolis7, qui s’ouvre sur une copie du célèbre titre gravé de Bade.8 Le livre comporte une dédicace à chacun des deux frères Hurault, avec une lettre orenée à leurs armes: Jean [mort en août 1559), qui devient le 37ème abbé de la Trinité de Morigny (Essonne, abbaye bénédictine fondée en 1095) et Robert (1483-1367), chanoine puis abbé de Saint-Martin d’Autun et futur chancelier de Marguerite de Navarre, «utriusque philosophie ac mathematices exploratori». Une troisième dédicace à un allié des Hurault, Michel Boudet, évêque de Langres, insiste sur la munificence avec laquelle Robert Hurault a contribué à alimenter la bibliothèque d’Oronce Fine. Hasards de la République des lettres, le premier volume s’ouvre sur une épître liminaire adressée à un grand seigneur de l’Église, le patriarche d’Aquilée Domenico Grimani, qui fit don de sa célèbre bibliothèque, héritière de la bibliothèque de Pic de la Mirandole, riche en manuscrits grecs et hébreux, au monastère vénitien de Sant’Antonio di Castello et que nous retrouverons un peu plus loin dans cet article.

On ne sait pas grand-chose non plus du frère des deux abbés, le père de notre ambassadeur, Nicolas, conseiller-clerc au Parlement en 1521.9 Mort en 1560, il fut inhumé à Morigny. L’abbaye, qui avait déjà été gouvernée par un premier abbé de la famille Hurault entre 1504 et 1524, devint un fief Hurault, et les abbés de la famille s’y succèdèrent tandis que le choeur de l’abbatiale devenait la nécropole de la famille, dont la seigneurie principale, le château de Bélesbat, acquis en 1498, était toute proche.10 En dépit des nombreuses transformations qu’a subies l’église de Morigny, la chapelle axiale porte toujours l’écu des Hurault à la croisée des voûtes. Il figure également sur la poterne d’entrée du château de Bélesbat, en grande partie reconstruit à la fin du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, célèbre pour ses jardins en bordure de l Essonne.11

Nicolas Hurault, que nous voyons s’activer aux côtés de Jean Grolier en 1549 à la reconstruction du Palais,12 était, comme son cousin Cheverny, dans la clientèle des Guises.13 Il était également proche du chancelier de L’Hôpital, lui-aussi grandi sous la protection des princes lorrains. Sans enfants de sa première femme Claude Allegrin, Nicolas Hurault en eut six d’Anne Maillard, sa seconde épouse, également issue de la robe parisienne. Leur fils aîné, Robert (conseiller au Grand Conseil en 1554, mort en 1592)14 épousa en 1556 la fille unique de Michel de L’Hospital, Madeleine, s’engageant à ce que les enfants issus du mariage accolassent les deux noms.15 Les terres du chancelier étaient voisines de celles des Hurault: il se retira après sa disgrâce de 1568dans sa terre de Vignay, distante de Bélesbat d’une douzaine de kilomètres, et c’est à Bélesbat, chez sa fille, qu’il mourut en 1573.

Les maîtres des requêtes, petit corps d’officiers proches de la personne royale, constituaient l’élite du Parlement. Robert, le gendre du chancelier, fut nommé maître des requêtes dès 1560, ses deux frères puinés, Jean et André, les héros de cet article, le furent respectivement en 1565 et 1573.16

Commençons par Jean, le dédicataire du Pétrarque de Jean Paul Barbier-Mueller. En l’absence de toute biographie le concernant,17 voici quelques repères sur sa carrière. Primitivement destiné à l’Église, il bénéficia peut-être de l’influence et de l’érudition de ses oncles les protecteurs d’Oronce Fine. Reçu conseiller clerc au Parlement par création le 5 juillet 1555 (il était alors abbé du Breuil-Benoît, en Normandie),18 il obtint l’abbaye familiale de Morigny à la mort de l’oncle homonyme auquel il succèda.19 Il entra à la suite de son père dans la clientèle des Guises. C’est ainsi que le cardinal de Lorraine le recommandait à l’ambassadeur à Venise, François de Noailles, et au résident à Constantinople, Jean de la Vigne, car il «est de ma nourriture».20 Il était aussi protégé par le cardinal de Tournon, qui le recommandait également car «ce n’est point de ces brouillons ny affamez qui ne servent qu’à nourrir et entretenir la division entre les ministres du Roy»21. Enfin le chancelier de L’Hospital, devenu un allié proche, facilita sa carrière.

Il fut donc chargé d’une première et importante mission au Levant fin 1557-début 1558.22En route vers Constantinople, il fut bien accueilli à Venise par l’ambassadeur en poste: «Depuis trois jours arriva en ça Mr de Boistaillé, abbé du Breuil et conseiller du roy en sa court et parlement de Paris, lequel est de qualité et de la maison des Hurault, bien cogneue et respectée des princes et des seigneurs de la court. Vous lui ferez tout le bon accueil et traitement que vous pourrez estant personnage si docte et honneste que vous le cognoistrez, et d’ailleurs serviteur favorisé de Mgr le cardinal de Lorraine».23

Qu’allait donc faire ce jeune abbé à Constantinople? On sait que la ‘scandaleuse’ alliance du roi très chrétien et du sultan avait été établie par François Ier. La redoutable armée navale turque aidait la France à garder le contrôle de la Méditerranée, point de passage obligé entre les deux possessions du seul véritable ennemi, l’Empereur. En 1553, la prodigieuse flotte du célèbre Draghut avait ainsi aidé les Français à s’emparer de la Corse, possession génoise. Les Français, avec l’aide du héros corse Sampiero Corso, avaient été bien accueillis. La Corse, passée sous domination française à l’exception de la citadelle de Calvi, fut réunie à la Couronne de France en septembre 1557.24

Mais une guerre larvée se poursuivait cependant dans l’île entre Gênes et la France. C’est afin d’en finir grâce à l’aide turque, que Boistaillé fut envoyé à Constantinople. Officiellement porteur d’une dépêche du roi de France au Sultan, il était en fait chargé d’obtenir une aide financière et le départ de la flotte turque en direction de la Méditerranée occidentale, afin de venir appuyer les armées françaises dans la défense de la Corse contre les entreprises génoises. Arrivé à Constantinople en mars 58, il s’acquitta de la seconde partie de sa mission avec succès et, après «s’est montré aussi diligent que saige negociateur»,25 il quitta la Turquie en avril, ayant obtenu que la flotte turque appareillerait en direction de Bonifacio.26

Las! les choses ne se passèrent pas exactement comme prévu: en juillet 1558, une flotte turque de plus de cent galères, commandée par Piali-Pacha, arriva effectivement à Toulon, non sans avoir ravagé Sorrente et incendié Minorque. Elle fit sa jonction avec les représentants de la France. Mais, après plusieurs jours de festivités et de promenades entre Porquerolles et Toulon, Boistaillé tentant en vain d’obtenir l’accord du Turc sur un plan de campagne, Piali-Pacha trahit le 24 juillet au profit des gênois. Un Discours et rapport du voyage de l’armée de mer turquesque [...] jusqu’au jour qu’elle est partie d’avec les gallaires du roy pour s’en retourner sans rien faire pour le service de S.M., probablement rédigé par JHB,27 constitue la chronique très pittoresque de cet été nautique et mouvementé, qui voit notre jeune abbé se transformer en loup de mer, navigant entre différents ports de Corse et le littoral compris entre Toulon et Antibes, à la poursuite de la flotte de son terrible et récalcitrant allié. À la suite du désastre de Saint-Quentin, des conférences de paix s’engagèrent en octobre 1558. Le traité du Cateau-Cambrésis, signé le 2 avril 1559, marquait la fin de l’aventure italienne. La France renonçait à la Corse. JHB fut envoyé à Gênes pendant l’été 1559 pour négocier la restitution de la Corse.28 L’un des deux députés génois avec lesquels il traita n’était autre que Giovanni Battista Grimaldi, le célèbre commanditaire identifié par Anthony Hobson des reliures au médaillon d Apollon et Pégase.29 On aimerait beaucoup avoir assisté à cette rencontre... On ne sait à quoi JHB occupa l’année 1560, probablement à régler diverses affaires à la suite des décès de son oncle Jean, abbé de Morigny, et de son père. Il fut l’année suivante choisi comme ambassadeur à Venise, où il arriva en mai 1561. Sa correspondance diplomatique originale est aujourd’hui à la Bibliothèque de l’Arsenal.30 Elle a conservé sa reliure d’origine, trois grands volumes en forme de portefeuilles. En tête de ces trois registres, JHB a inscrit un titre à la manière des ex-libris qu’il appose sur les manuscrits de sa collection: «Johannis Huraltii Boistallerii Caroli Noni Gallorum regis ad Venetos legati Commentariorum legationis suae liber primus, 1561». Cette correspondance a été largement publiée pour ce qui concerne les relations avec la Turquie par Charrière, qui ne cache pas son admiration pour notre jeune ambassadeur: «Les lettres que M. de Boistaillé écrit sous l’impression de la guerre civile de 1562, et qui se prolongent sur les deux années suivantes [...] peignent admirablement la situation de l’Europe pendant cette crise terrible, et contiennent les révélations les plus neuves sur la politique de la France dans cet intervalle. Quelques traits d’une éloquence pathétique y rendent communicative l’émotion de l’écrivain; et la douleur patriotique qu’il exprime en présence des événements donne encore plus de prix à un commentaire déjà si intéressant pour la curiosité comme pour l’expérience de notre âge».31

Cet ensemble de lettres adressées à la cour de France, mais aussi à d’autres diplomates et à divers correspondants italiens mériterait une édition complète. Notons quelques lettres à caractère plus personnel, comme une lettre à son frère Robert de Belesbat, ou cette autre à Marc Antonio Barbaro, ambassadeur de Venise en France, à qui il propose de le recommander au chancelier de L’Hospital comme il l’a déjà fait pour son prédecesseur Michele Suriano qu’il a servi auprès de son frère, «genero di detto Cancellario».32

Si elle favorisait sa carrière, sa proximité du chancelier de L’Hospital le rendait en revanche suspect du point de vue de l’orthodoxie: c’est ainsi que le 19 septembre 1562, l’ambassadeur vénitien à Rome rapportait au Conseil des Dix que le pape lui avait dit «essere avvisata per buonissima via, che l’ambasciatore del re christianissimo residente presso la Serenita Vostra è un grande Ughenotto, e che come tale faceva predicar nella sua casa secondo l’uso e dottrina d Ughenotti».33 Catherine de Medicis le rassurait: «Quant a ce que vous me mandez vous avoir esté dict de quelque mauvaise impression qu’on m’a voullu donner en vous du coté de Romme, asseurez-vous que je n’en oys jamais parler et que j’ay trop bonne opinion de vous pour en prendre auculne mauvaise impression légèrement».34 Il avait encore un an et demi à passer à Venise, qu’il quitta au printemps 1564: en mars 1564, il attendait l’arrivée de son successeur, Arnauld du Ferrier, et son congé.

Après le retour de JHB en France, on n’a plus que des traces sporadiques de son activité. Il rejoignit Catherine de Médicis et Charles IX dans leur ‘grand tour’. C’est de Lyon que, le 26 juin 1564, il écrivait à Saint-Sulpice, ambassadeur de France à Madrid, lui recommandant un de ses parents qui se rend en Espagne «avec le fils de Mr de l’Aubespine».35 Comme avec Grimaldi, il s’agit encore d’une rencontre entre amateurs de livres, le «fils de Mr de Laubespine» étant ce jeune prodige pour lequel ont été exécutées quelques unes des plus belles reliures françaises du XVIe siècle, auquel j’ai consacré un article dans Italique VII.

Il refusa l’ambassade de Madrid, et rentra à Paris pour assister Montmorency dans son gouvernement en l absence du roi et de sa mère.36 C’est ainsi qu il fut chargé en janvier 1565d’une mission délicate, signifier à ses anciens protecteursles Guises l’interdiction qui leur était faite d’entrer en Île de France.37 Il épousa en mai 1565Antoinette Le Clerc-Cottier, également issue d’une famille de parlementaires.38 Il fut officiellement nommé maître des requêtes le 3 décembre 1565(mais il en portait le titre dès son ambassade à Venise). Ses lettres de provision témoignent de l’estime que lui portait la reine mère: «pour la parfaite et entiere confiance que nous avons de ses sens, suffisances, loyautes, preud’hommie, literature, experience au faict de judicature et bonne diligence [...] tant en l’exercice de l’office de conseiller en nostre cour de Parlement [...]qu’en l execution de plusieurs charges, commissions, voyages et ambassades».39Les renseignements se font encore plus rares pour les sept dernières années de sa vie. En octobre 1568, il était malade (une maladie diplomatique?) et ne put prêter le serment d’observer la foi catholique imposé aux maîtres des requêtes. Il était «de quartier» en octobre 1569.40 Il mourut prématurément en 1572 en allant en Angleterre, choisi pour accompagner le duc de Montmorency et Paul de Foix chargés de «fere ouverture et proposer à la dicte dame Reyne le mariage de monseigneur le duc d’Allençon», avec les moyens financiers (12.000 écus) nécessaires pour «reduire à leur devotion les personnes qui se sont cy devant monstrez contraires au mariage».41 Il est enterré à Morigny, où je n ai pas retrouvé sa tombe.42 Cette carrière exemplaire, qui ne devait rien à son célèbre cousin Cheverny puisque JHB mourut trop tôt pour bénéficier de la faveur du futur chancelier de Henri III, n’a pas jusqu’à présent retenu l’attention des historiens, Charrière excepté, mais il faut dire que la diploma-tie française du XVIe siècle est encore insuffisamment étudiée.43

3. L’amateur de livres

Même silence depuis Léopold Delisle à propos de l’amateur de livres, à l’exception de quelques mentions dans des catalogues de manuscrits grecs et hébreux, et de Jean Irigoin qui a étudié à partir des inscriptions relevées sur les manuscrits de JHB les tarifs en usage dans la Venise du XVIe siècle et les prix demandés par les copistes et vendeurs de manuscrits. Ce n’est que tout récemment qu’un chercheur américain, Donald F. Jackson, a publié la liste des manuscrits grecs ayant appartenu à JHB,44 à partir de l’inventaire dressé au XVIe siècle par son agent le crétois Zacharie Scordylis45 et des inventaires établis à la Bibliothèque royale lors de l’entrée de la collection Hurault de Cheverny au XVIIe siècle. Il fournit dans cet article un très précieux relevé des inscriptions et ex-libris que comportent les manuscrits et de leurs provenances. Au même moment, Marie-Pierre Laffitte, attirant l’attention sur le caractère composite de la collection Cheverny,46 indiquait qu’elle comportait 136 manuscrits grecs, trois manuscrits arabes et huit manuscrits hébreux fig.3)47 ayant appartenu à Hurault de Boistaillé et annonçait une étude plus détaillée à venir. Jackson a pour sa part recensé 107 manuscrits grecs conservés à la BNF, tous entrés, sauf six, en 1622. Plus de la moitié, 64 au moins, ont reçu la reliure orientalisante qui avait déjà frappé Boivin.48 Mais la Bibliothèque royale n’est pas la seule héritière des livres de JHB. Aux six manuscrits grecs entrés tardivement dans les collections royales, après un détour dans différentes collections privées (Colbert, Baluze, Le Tellier, Tabourot) s’ajoutent au moins 17manuscrits grecs conservés ailleurs dans le monde. Parmi ceux-ci, un seul, le Ms 120 de Montpellier, est passé de la Bibliothèque royale dans la célèbre collection Bouhier.49 Les autres, à l’Arsenal et dans plusieurs collections étrangères, à l’Ambrosiana, à la Vaticane, à Berne et surtout à Leyde dans les fonds Scaliger et Vossianus (9 manuscrits grecs recensés par Jackson) ont eu des circuits différents sur lesquels je reviendrai plus loin.

Fig. 3. – Pentateuque, Allemagne, vers 1330, ex-libris de Jean Hurault de Boistaillé. BNF, Ms hébreu 48-49.

Cliché BNF

La bibliothèque de JHB comportait aussi des manuscrits orientaux, notamment hébreux. Ils sont partagés entre la BNF et le fonds Scaliger de la Bibliothèque de Leyde. On sait que le philologue et historien français Joseph Juste Scaliger avait accepté en 1593 le poste que lui offrait la nouvelle Université de Leyde.50 À sa mort en 1609, il lègua à l’Université qui l’avait accueilli «omnes libros Hebraicos, Syriacos, Arabicos et aliarum orientalium lingua-rum», soit 170 volumes, auxquels s’ajoutaient une quarantaine de manuscrits grecs et latins.51 Parmi ces livres, trésors de la Bibliothèque de Leyde, sont identifiés comme venant de JHB trois manuscrits grecs (Scaliger 51,52 et 58) et huit manuscrits hébreux (Scaliger 3, 5, 9, 11, 12, 14, 15, et Hébreu 96).52

Les inscriptions manuscrites variées apposées par JHB, déjà étudiées par Jean Irigoin pour leurs mentions de prix, constituent comme un journal de ses acquisitions. Ces inscriptions montrent un amateur exigeant, connaissant assez bien le grec pour collationner lui-même les manuscrits, faisant restaurer et compléter les manuscrits achetés («Opera et impensis J. Huraulti Boistallerii liber hic lacer et mutilus huicformae est restitutus. Venetiis, Anno 1562» sur le BNF Grec 3015, «Hic liber prius concisus et lacer restitutus et huic formae redditus est a me Johanne Huraultio Boistallerio regis apud Venetos legato. Venetiis, A. 1561» sur le Scaliger 14). Elles fournissent d’utiles précisions sur l’établissement des textes dans le cas de manuscrits neufs, commandés à l’un ou l’autre des scribes qu’il faisait travailler, au premier rang desquels Zacharie Scordylis et Nicolas della Torre, qui lui servaient aussi de fournisseurs pour les manuscrits anciens. Les manuscrits hébreux ont parfois été achetés à des particuliers, comme le Scaliger 9: «Habui ab heredibus R. Zalman D. hebraei dum essem Venetiis legatus regius A. 1362». Plusieurs proviennent d’un membre non identifié de la famille de l’éditeur Bomberg («Emi a Bombergo S V 1563» sur le Scaliger 5). Deux ou trois manuscrits seulement ont été acquis lors de la mission de JHB à Constantinople, parmi eux le manuscrit arabe 384 de la BNF et un célèbre manuscrit enluminé à Constantinople au Xe siècle, le Psautier de Paris, BNF Grec 139. Les acquisitions ont été faites pour l’essentiel à Venise au cours de l’année 1562, certaines proviennent des principales collections padouanes (Sainte-Justine de Padoue) et vénitiennes: le couvent des dominicains de SS. Giovanni e Paolo (Zanipolo), Santa Maria ab Orto et surtout Sant’ Antonio di Castello, qui abritait la collection Grimani.

En effet, comme le banquier Jean-Jacques Fugger (1516-1575),JHB a réussi à se procurer, en dépit des sévères prescriptions qui en interdisaient l’aliénation, des manuscrits de la célèbre bibliothèque Grimani. Le cardinal Domenico Grimani (1461-1523), tout occupé, selon l’heureuse formule de M. Lowry, à convertir «the commercial wealth of one generation into the ecclesiastical respectability of the next»,53 fut un des amateurs de livres les plus actifs à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. Il réunit une énorme bibliothèque de 15.000 volumes, dont près de 400 manuscrits grecs. Son acquisition la plus importante fut celle des 1190 volumes de la bibliothèque de Pic de la Mirandole, riche en manuscrits grecs (157) et hébreux (124), achetée en 1498, l’année même de la publication du dernier volume de l’édition d’Aristote en grec procurée par Alde. En 1520, par disposition testamentaire, Grimani léguait tous ses livres grecs et hébreux et la moitié de ses livres en latin, 8000 volumes, au couvent vénitien de Sant’ Antonio di Castello (et non à San Marco, craignant que sa bibliothèque ne connaisse le sort de l’autre grande collection vénitienne, celle du cardinal Bessarion, léguée en 1468 mais qui resta inaccessible jusqu’au milieu du XVIe siècle). Un bâtiment spécial fut construit pour abriter la collection, déménagée de Rome à Venise en 1522. L’autre moitié de la bibliothèque revenait au neveu du cardinal, Marino Grimani.

En dépit des précautions qu’avait sagement prises le cardinal Grimani (interdiction de sortie, apposition de son ex-libris, obligation annuelle d’un récolement), le sort de sa bibliothèque fut tragique. Un incendie la ravagea en 1687, et seuls survécurent les manuscrits qui en étaient sortis au mépris des prescriptions du fondateur. Dans une étude parue après l’article de Donald Jackson, Henri Saffrey recense 43 manuscrits grecs de la collection Grimani conservés dans le monde, dont deux provenant de JHB.54 L’examen minutieux des manuscrits permet de revoir ce chiffre à la hausse: Jackson montre ainsi que l’ambassadeur a acquis au moins 18 manuscrits grecs Grimani, dont 11 provenant de Pic de la Mirandole.55

Les manuscrits orientaux, en particulier hébreux, étaient à la suite de l’acquisition de la collection Pic de la Mirandole un des points forts de la bibliothèque Grimani. Parmi les manuscrits hébreux de JHB, deux au moins proviennent également de la bibliothèque Grimani, les manuscrits Scaliger 11 et 12.56

4. La dispersion

Aucune des études citées ci-dessus n’a montré ni pour quelle raison ni à quelle date les livres de JHB ont rejoint la collection des cousins Cheverny, alors qu’il avait des enfants qui auraient dû en hériter. On ignore également pourquoi la bibliothèque JHB n’est pas entrée tout entière dans la collection Cheverny. En mourant, JHB laissait une veuve, Antoinette Le Clerc-Cottier, que des patentes du prévôt de Paris datées du 29 novembre 1572 constituaient tutrice de leurs trois enfants.57 L’inventaire des biens de l’ambassadeur, dressé par les notaires Brigrand et Foucart en décembre 1572, qui devrait contenir l’inventaire de sa bibliothèque, ne semble hélas pas avoir été conservé. Celui de sa femme, morte en avril 1583, qui décrit les biens de leur hôtel de la rue Pastourelle et ceux qu’elle possède dans l’hôtel de sa sœur Anne, veuve de Jean-Robert de Hellin, avec laquelle elle vit rue du Temple, «révèle une situation de fortune très appréciable»,58 mais ne décrit aucun livre. À cette date, l’aîné des enfants, prénommé Jean comme son père (1566-1631), conseiller en Parlement depuis 1582,59 est tuteur de son frère François60 et de sa sœur Anne.61 Ils partageront en 1592 la succession de leurs père et mère devant un notaire chartrain dont les minutes ne sont hélas pas conservées.62

Est-ce à ce moment que le chancelier Cheverny, profitant d’un manque d’intérêt des héritiers de JHB, a mis la main sur les livres de l’ambassadeur? A-t-il obtenu l’accord des frères survivants de Jean, Robert de Belesbat et André de Maisse, ou au contraire a-t-il profité de l’absence de ce dernier, retenu à l’étranger par ses fonctions d’ambassadeur, qui aurait eu, nous le verrons, toutes les raisons de garder pour lui ce trésor?

Marie-Pierre Laffitte annonçant une étude plus détaillée à paraître dans le «Bulletin du Bibliophile», j’y renvoie pour l’histoire de la bibliothèque Hurault entrée à la BNF, essayant pour ma part de deviner ce qui a pu se produire pour les livres ayant suivi un autre circuit. C’est sans doute avant son départ de France en 1593 que Scaliger a obtenu les manuscrits grecs et orientaux aujourd’hui conservés à Leyde.63 Ils ne portent aucune indication sur la manière dont Scaliger se les est procurés, mais leur examen montre qu’aucun n’a reçu la luxueuse reliure orientalisante commandée par JHB. Il est donc probable que Scaliger a obtenu ces volumes, peut-être considérés comme moins précieux, en toute légalité (l’ex-libris de JHB n’est pas gratté), grâce à ses relations avec les parlementaires érudits parisiens, contemporains et amis des Hurault, Claude Dupuy et Henri de Mesmes chez qui JHB rencontrait Denis Lambin64 et Pierre Daniel, l’humaniste orléanais. Scaliger avait eu accès à la bibliothèque du chancelier Cheverny65, et il resta très lié avec la génération suivante, qui a également pu l’aider à obtenir les manuscrits,66 qu’ils soient restés chez les Boistaillé ou passés chez les Cheverny: Jacques-Auguste de Thou, beau-frère de Cheverny, les fils Dupuy, Gosselin et Isaac Casaubon, auquel il lègua «une couppe d’argent doré avec son étui, que les Messieurs des estatz de Holande m’ont donnée».67 Nous verrons plus loin que Casaubon et André Hurault de Maisse étaient en relation étroite, puis que ce dernier confia à Casaubon l’un des manuscrits d’Athénée qui lui servit à établir son édition critique.

Tous les livres de Scaliger ne sont pas restés à Leyde: dans son testament, il laissait ses amis et élèves Mylius, Baudius et Daniel Heinsius choisir librement parmi ses livres grecs et latins.68 On ignore sur quels manuscrits et imprimés, et en quelle quantité, se porta le choix des amis,69 mais il est possible qu’aient figuré parmi eux des livres de JHB. Enfin, tout le reste de l’importante bibliothèque de Scaliger, environ 1700 volumes, fut selon sa volonté vendu aux enchères le 11 mars 1609. Le rarissime catalogue de vente ne signale aucun livre provenant de JHB, mais seuls les livres annotés par Scaliger y font l’objet d une mention particulière.70 Il est également possible que des livres de JHB aient été dispersés à cette occasion.

Scaliger n’est pas le seul à avoir obtenu des livres de JHB. Pierre Daniel (1531-1604), l’humaniste orléanais déjà cité, lié aux Hurault,71 a de son côté possédé au moins un manuscrit grec et surtout le seul inventaire subsistant de la bibliothèque grecque de JHB, passés ensuite dans la bibliothèque de Jacques Bongars et aujourd hui conservés à Berne.72

Les amis de Scaliger connaissaient l’intérêt des livres de JHB. Il n’est pas étonnant de voir entre les mains de leurs fils, à la génération suivante, la plupart des membra disjecta actuellement repérés de cette bibliothèque. Un et peut-être deux manuscrits grecs de JHB passèrent chez Christine de Suède par l’intermédiaire de son agent Nicolas Heinsius.73 Les tenait-il de son père Daniel, le légataire de Scaliger, ou les avait-il obtenus d’autre source?

En 1690, la bibliothèque de Leyde racheta en Angleterre la bibliothèque d’Isaac Vossius (Leyde 1618-Windsor 1688).74 Elle contenait au moins quatre manuscrits grecs75 et quatre manuscrits latins ayant appartenu à JHB76, qui ont donc rejoint sur les rayons de Leyde les livres passés par Scaliger. Ces manuscrits, Isaac Vossius les tenait non de son père, mais de Melchisedech Thévenot (1621-1692).77Ils portent tous son ex-libris et ont pour la plupart reçu au XVIIe siècle une reliure uniforme en peau retournée. À quelle source Thévenot les a-t-il obtenus? Il fut certes garde de la Bibliothèque royale de 1684 à 1691, mais ces manuscrits ne portent aucune des cotes anciennes de cet établissement et ont suivi un autre chemin.

Certains livres en effet étaient restés aux mains des descendants directs de JHB. En 1631, à la mort de son fils Jean de Boistaillé, dernier du nom, qui laissa de son épouse Marguerite Bourdin seulement deux filles, Geneviève, épouse de Blaise Méliand, et Marie, épouse de Louis de Bréhant, on inventoria dans son hôtel du Faubourg Saint-Victor, «au cabinet dudit deffunct, [...] soixante volumes et livres de plusieurs grandeurs et hauteur prisez ensemble 50 livres». Figuraient probablement parmi eux les trois volumes de l’ambassade de Venise, conservés à la Bibliothèque de l’Arsenal dans les collections de Paulmy, descendant de Geneviève Hurault et de Blaise Méliand.78 S’y trouvait aussi certainement un manuscrit grec qui a également rejoint les rayons de l’Arsenal, mais par un canal différent, une bible qui porte l’ex-libris de JHB et un ex-dono de Méliand au couvent parisien des Carmes déchaussés.79

Les manuscrits grecs et orientaux sont évidement ceux qui ont le plus retenu l’attention. Mais JHB possédait des volumes moins ‘exotiques’, comme ce manuscrit de l’entrée de l’empereur Charles IV en France et à Paris en 1377, connu par la «copie de la librairie de Jean Hurault, sieur de Boistaillé, 1571» conservée à la Bibliothèque Méjanes.80

Il avait également des livres imprimés, dont je ne connais pour le moment qu’un très petit nombre. Le legs de Scaliger à l’Université de Leyde comportait, outre les précieux manuscrits déjà cités, des livres imprimés en langue orientale dont l’inventaire reste à faire. J’en connais deux, un exemplaire enluminé de la Bible hébraïque imprimée à Brescia par Soncino en 149481 et le Pentateuque de Bomberg de 1527.82 Le nom de Jean Hurault a été soigneusement masqué dans les deux cas. La collection Vossius, acquise en 1690, contenait 4000 imprimés. Il est possible que d’autres livres de JHB y soient, attendant également d’être retrouvés sur les rayons de Leyde.83

Outre le Pétrarque à l’origine de cet article et les deux imprimés hébraïques de Leyde, j’ai découvert encore deux incunables: le Théocrite d’Alde conservé à la Bibliothèque Municipale de Niort dans un recueil de pièces relié vers 1700,provenant de l’abbaye poitevine de Celles sur Belle;84 et le très bel exemplaire imprimé sur vélin et enluminé, aux armes peintes de la famille vénitienne Barbarigo, de la Naturalis historia de Pline, Venise, Jenson, 1472, magnifiquement relié au XVIIIe siècle, conservé à Vienne. L’ex-libris est le suivant «Ex bibliotheca Jo. Hurault Boistallerii, emi coron. 10 a Lodovico».85L’inscription de son ex-libris sur la page de titre est le plus sûr moyen pour un bibliophile de passer à la postérité, et d’autres découvertes auront certainement lieu. En attendant, le Pétrarque de Jean Paul Barbier-Mueller apparaît donc comme une exception, presque paradoxale. Ce volume est le seul actuellement connu que JHB a reçu en présent et qu’il n’a pas acheté. Alors qu’on a coutume d’attribuer à tort et à travers l’épithète de bibliophile à bien des possesseurs de livres dont le seul mérite est de les avoir reçus en cadeau, Jean Hurault de Boistaillé doit donc figurer au premier rang des amateurs de livres.

5. André Hurault de Maisse

J’en arrive à l’autre bibliophile de la famille, le frère cadet de JHB, André Hurault de Maisse (1539-1607 = AHM). Pas plus que son frère, il n’a trouvé d’historiographe, et sa passion pour les livres rares est restée encore plus discrète.

La Bibliothèque Mazarine conserve une collection de manuscrits grecs, petite mais importante en qualité. En 1998, je venais d’être nommée à la Bibliothèque Mazarine, quand Donald Jackson m’écrivit pour m’annoncer sa venue, annonçant qu’il recherchait les manuscrits grecs ayant appartenu à Pic de la Mirandole et au cardinal Grimani. Un simple contrôle dans le Catalogue général des manuscrits me montra que la Mazarine ne conservait à première vue qu’un seul manuscrit connu pour avoir appartenu au cardinal vénitien, qui n’était pas un manuscrit grec, mais un très célèbre manuscrit du IXe siècle contenant les Lettres du pape Léon le Grand.86 Le manuscrit a perdu sa reliure d’origine, probablement arrachée quand il est sorti clandestinement de la bibliothèque Grimani.87 En revanche ont été conservées les pièces liminaires dues aux auteurs du don de cet antique manuscrit au cardinal: Germano Belloni a écrit cinq distiques sur le feuillet de garde. Un autre Belloni, Antonio, le notaire humaniste d’Udine, secrétaire du cardinal Grimani,88 est l’auteur d une longue adresse écrite au recto du premier feuillet, célébrant la bibliothèque du cardinal. Cette page porte également différentes marques de provenance, la cote ancienne Grimani 1124, l’ex-libris du cardinal, «Liber Dominici Grimani Car.lis S. Marci», et un ex-dono du XVIIe siècle: «Nunc Institutionis Parisiensis Oratorii Domini Jesu Christi, Dono R. P. Andreae de Berziau, eiusdem Oratorii presbiteri, anno Domini MDCLXII» (fig. 4). Le manuscrit a donc été offert en 1662 par un oratorien nommé André de Berziau à la bibliothèque parisienne de l’Institution de l’Oratoire, un noviciat annexe de la maison créée par Bérulle, où il fut confisqué sous la Révolution et d’où il passa à la Mazarine.

Fig. 4. – Saint-Léon le Grand, Epistolae, ixe siècle. Pièce liminaire d’Antonio Belloni, ex-libris du cardinal Grimani et ex-dono d’André de Berziau à l’intitution de l’Oratoire, 1662. Bibliothèque Mazarine, Ms 1645.

Or la moitié des manuscrits grecs de la Mazarine, une dizaine, ont été confisqués justement dans la bibliothèque de l’Institution de l’Oratoire. Comme les Lettres de saint Léon, ces manuscrits ont été modestement ettardivement reliés (au XVIIIe et au début du XIXe siècle). Ils ne portent aucune autre trace de circulation que l’ex-libris manuscrit de l’Institution dans laquelle ils ont été trouvés à la Révolution. Une seule exception, le manuscrit grec 4461, où l’on devine un ex-libris du cardinal Grimani, très rogné et difficile à lire (fig. 5), qui n’est signalé ni dans le Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Mazarine, ni dans le Catalogue des manuscrits grecs d’Henri Omont. C’est seulement dans la version longue de ce catalogue publiée dans les Mélanges Graux en 1884 que Henri Omont l’a relevé, omettant d’ailleurs de le signaler dans la présentation qu’il fait des manuscrits et de leur provenance en tête de son catalogue.89

Fig. 5. – Michel Apostolis, Recueil de proverbes, manuscrit autographe, xve. Provenance Pic de la Mirandole et cardinal Grimani. Bibliothèque Mazarine, Ms grec 4461.

Aussi, j’accueillis Donald Jackson en lui suggérant que les manuscrits grecs confisqués à l’Institution de l’Oratoire avaient sans doute la même provenanceBerziau que le manuscrit de saint Léon, et que c’était parmi eux qu’il fallait chercher les manuscrits Grimani. La connaissance qu’a Donald Jackson des inventaires Pic de la Mirandole et Grimani lui a permis d’identifier effectivement comme provenant de la bibliothèque du cardinal vénitien huit de nos manuscrits grecs, dont quatre ont appartenu à Pic,90 portant tous, sauf un, l’ex-libris de l’Institution de l’Oratoire. Les prémices de cette découverte et l’identification des quatre manuscrits Pic ont été publiées, avec l’accord de Jackson, à la fin de l’année 2000 dans l’article que Christian Förstel a accepté de consacrer à ma demande, et je l’en remercie, aux manuscrits grecs de la Mazarine.91

6. André de Berziau et l’Institution de l’Oratoire

En attendant la publication de l’étude plus complète de Donald Jackson, je voudrais ici m’attacher à ce qui reste mystérieux, le circuit par lequel ces monuments de la collection Grimani sont parvenus à l’Institution de l’Oratoire, et de là à la Mazarine. La congrégation de l’Oratoire fut, comme on sait, fondée en 1611 par Bérulle. La bibliothèque de la maison-mère, rue Saint-Honoré, prodigieusement enrichie par le legs d’Achille Harlay de Sancy, remarquable en manuscrits et imprimés orientaux,92 comptait près de 40.000 volumes à la Révolution93. Un établissement annexe fut rapidement créé, le Séminaire de l’Oratoire, installé en 1618 dans l’ancienne abbaye Saint-Magloire,94 dont la bibliothèque s enrichit également de précieux legs, dont ceux de La Poterie, l’ancien bibliothécaire de Mazarin, et de l’évêque Louis Fouquet, frère du surintendant. Elle comptait à la Révolution environ 15.000 volumes.95

Les deux maisons ne suffisant plus à cet ordre en pleine expansion, un troisième établissement fut créé en 1650, l’Institution ou noviciat de l’Oratoire, grâce à la libéralité de Nicolas Pinette, trésorier de Gaston d’Orléans, assisté d’une pieuse personne, Françoise Chouberne, qui avait su mener la fille du duc d’Épernon jusqu’au Carmel Bientôt installée dans un bâtiment dû à l’architecte Daniel Gittard, l’Institution, monument à la gloire de l’Enfant Jésus (une sculpture de l enfant au maillot adoré par les anges figure sur la façade)96était destinée à former les prêtres de la congrégation. Mais elle offrait aussi une agréable retraite aux portes de Paris. La bibliothèque, moins importante que celles des deux maisons principales de l’Oratoire, mais «remarquable par l’excellent choix de ses ouvrages et ses précieux manuscrits», comptait 5.000 livres à la Révolution.97

Une étude de Servois98 a montré que le vrai fondateur de l’Institution, autant sinon plus que Pinette, était l’oratorien André de Berziau, curieusement absent des Mémoires pour servir à l’histoire de l’Oratoire de Louis Batterel,99 mais dont le père Léonard de Sainte-Catherine disait qu il avait «donné plus de 300.000 livres tournois à l’Institution sans vouloir paraître». André de Berziau (1620-1696) avait 32 ans lorsqu’il renonça aux agréments de la vie mondaine pour entrer à l’Oratoire. Économe de l’Institution, il y vécut jusqu’à sa mort en novembre 1696, contribuant financièrement à son développement dans des proportions considérables, qu’il s’ingénia si bien à garder secrètes que les historiens ont du mal à les comptabiliser. Cette discrétion faisait enrager Servois, qui vit longtemps en lui l’Arsène des Caractères de La Bruyère,100 et regrettait de ne trouver aucun renseignement «sur la jeunesse de Berziau, son jansénisme, son rôle à l’hôtel de Lesdiguières [...] ses relations avec La Bruyère». En 1922, Servois publiait des extraits d’une notice sur Berziau, tirés d’un nécrologe inédit de l’Oratoire découvert par Léonce Lex, archiviste de Saône-et-Loire.101 Entré au noviciat de l’Oratoire établi à Saint-Magloire, Berziau le quitta pour s’installer, comme nous l’avons vu, dans la nouvelle Institution. Sa mauvaise santé, mais aussi son attachement au jansénisme, l’écartèrent des hauts emplois de la congrégation. Ses grandes qualités «outre la lumière de la piété, un très bon esprit, un jugement solide, un sens admirable, une sagesse et une discrétion extraordinaire» le firent choisir comme «directeur spirituel du prince de Conti et du jeune duc de Lesdiguières». Elles rendent en revanche peu probable son identification avec l’Arsène de La Bruyère, chez qui alternent périodes de pénitence et de dissipation.102 Le nécrologe est muet sur la bibliothèque de Berziau, à l’exception d’une anecdote surprenante, la vente au temps de la Fronde, au profit des pauvres, de son saint Augustin. Comme il est peu probable que la vente d’une édition imprimée ait pu permettre le soulagement des pauvres, il s’agissait forcément d’un manuscrit très précieux, qui reste à retrouver.

Je continuais les recherches et m’aperçus que la Mazarine conservait, outre les manuscrits grecs, plusieurs manuscrits et livres imprimés qui provenaient de l’Institution de l’Oratoire, portant un ex-libris d’André de Berziau ou recouverts d’une reliure du XVIIe siècle avec, répétés dans les entre-nerfs du dos, de gros trèfles correspondant aux armes de cette famille «d’azur à trois trèfles d’or» (fig. 6). Deux de ces documents attestent du passage de livres ayant appartenu à AHM dans la bibliothèque du Père de Berziau. Un manuscrit enluminé vénitien de la première moitié du XV siècle réunissant des œuvres de Sénèque, le Ms 3855 (fig. 7),103 porte un très bel ex-libris d’AHM (fig.8). Il a été relié au XVIIe siècle aux trèfles Berziau. Une édition de Quinte-Curce, Bâle, Froben, 1545, porte l’ex-libris plus simple d’AHM et un ex-dono d’André de Berziau à l’Institution sous une forme abrégée (ses initiales A.B. à la fin de l’ex-libris de l’Institution; fig. 9).

Fig. 6. – Anthologa Graeca Planudea éd. J. Lascaris, Florence, 1494. Reliure aux tréfles de la famille Berziau. Bibliothèque Mazarine, Inc 775.

Fig. 7. – Sénèque, Recueil de différentes œuvres, manuscrit vénitien de la première moitié du xve siècle, prov. André Hurault de Hurault de Maisse-André de Berziau. Bibliothèque Mazarine, Ms 3855.

Fig. 8. – Ex-libris d’André Hurault de Maisse. Bibliothèque Mazarine, Ms 3855.

Fig. 9. – Quinte-Curce, De Rebus Gestis Alexandri Magni, Bâle, 1545.

Ex-libris simple d’André Hurault de Maisse et ex-libris de l’Institution de l’Oratoire et d’André de Berziau (ses initiales A.B.). Bibliothèque Mazarine, 5 5 5 2, A 2 e ex.

Je me lançais donc à la recherche de précisions sur la connection Hurault-Berziau. Le père Batterel cite, à propos de l’édition de saint Léon procuréepar un autre oratorien, le savant père Quesnel, en 1675, le «manuscrit de ces lettres ancien de 900 ans, que nous conservons à la bibliothèque de l’Institution. Il nous vient du père de Berziau. Celui-ci l’avait eu de M. son père, président aux Enquêtes du parlement de Paris. André Hurault, son beau-frère (sic) l’avait acheté à Venise pendant qu’il y était ambassadeur pour le roi, et il avait appartenu au cardinal Dominique Griovani (sic)». Ce texte est une traduction, en partie fautive, de la longue introduction que Quesnel consacre au manuscrit donné par Berziau à l’Institution, dans lequel il avait trouvé 28 lettres inconnues de saint Léon.104 Cette introduction nous apprend ce qui devait être la tradition familiale chez les Berziau: AHM, beau-père (et non beau-frère) du père d’André de Berziau avait mené pendant son ambassade une politique systématique d’acquisition de livres choisis, imprimés et manuscrits, au premier rang desquels le manuscrit de saint Léon provenant du cardinal Grimani.

7. Catherine de Hellin et ses deux maris, Théodore de Berziau l’amateur d’estampes et André Hurault de Maisse l’amateur de manuscrits

AHM mena une carrière assez parallèle à celle de son aîné Jean. Sa pierre tombale105conservée dans l’église de Morigny, nécropole familiale des Hurault comme je l’ai déjà dit, donne un excellent résumé de sa carrière, sur laquelle je passe rapidement, ayant l’intention de revenir ailleurs plus précisément sur le personnage. Conseiller en Parlement en 1565,106 puis maître des requêtes en 1573,107 il se maria une première fois en 1578 avec Renée Boilesve, et partit comme ambassadeur à Venise remplacer Arnauld du Ferrier en 1581. AHM fut à deux reprises et longuement ambassadeur à Venise (de 1581 à 1588, puis de 1589 à 1596, où il défendit avec succès les intérêts de Henri IV).108 Il fut ensuite ambassadeur en Angleterre en 1597-1598. Seul a été édité le journal de son ambassade anglaise, célèbre par la description qu’il y fait de la reine Elisabeth alors âgée de 65 ans.109 En 1599, à la mort de Cheverny qui voulait lui obtenir les sceaux afin qu obligé envers lui, il eût soin de ses enfants,110 Bellièvre lui fut préféré comme chancelier. Mais les deux hommes gardèrent d’excellentes relations, et nous verrons qu’une alliance réunit plus tard les deux maisons.111

La mission en Gaule narbonnaise à laquelle fait allusion l’épitaphe est une délicate mission financière dans le Midi de la France, menée en mars 1599 avec le gendre de Bellièvre, Eustache de Refuge.112 La grande affaire fut le rappel des jésuites, pour lequel AHM fut chargé de traiter avec le père Maggio et le nonce.113 Il n’était pas d’une austérité absolue: en témoignent deux poèmes libres conservée dans les papiers des Dupuy,114 et une fille naturelle née en Italie.115

Il mourut en 1607, après une carrière brillamment menée sous la protection successive de deux chanceliers ses alliés, L’Hospital puis Cheverny.

Son intérêt pour les livres est resté inconnu, sauf pour les lecteurs de la préface du père Quesnel à son édition de saint Léon. Il est attesté par l’inscription qui avait déjà frappé Boivin, montrant les deux frères André et Jean collationnant «à quatre mains» à Venise en 1562 la transcription faite par le scribe Camillus Venetus d’un manuscrit Grimani: «Ex bibliotheca Di Antonii transcriptum et transcriptum recognaverunt Jo. et Andreas Huraultii fratres, anno 1562».116 En effet, chargé d’un message royal pour son frère,117 André s’était rendu en Italie. Fin février 1562 (n. st.), Jean écrivait au grand-duc de Florence, lui recommandant son frère passant à Florence sur la route de Rome, qu’il avait chargé de chercher dans les librairies des livres rares, et il le suppliait de lui permettre d’accéder à «tante excellente e rare cose e antichità che sono nel suo stato».118

Les deux frères semblent être restés très proches. Vers 1597, André, veuf et sans enfants légitimes, se remaria avec la nièce de l’épouse de Jean, Catherine de Hellin, d’une famille de parlementaires et d’ambassadeurs. Elle était veuve de Théodore Berziau, seigneur de Grabbe, mort en 1586. J’ai découvert l’inventaire après-décès de ce dernier, et je compte en donner ailleurs une édition complète car il nous montre dans son hôtel de la rue de Bussy, fait rarissime au XVIe siècle, la collection d’un amateur de dessins et de gravures resté jusqu’ici inconnu. L’orfèvre expert inventorie, après des pièces d’orfèvrerie aux armes (trois trèfles) des Berziau, une trentaine de planches de cuivre. Suit la prisée, effectuée par l’enlumineur Guillaume Richardière, des «pourtraictures», c’est-à-dire des recueils de dessins et de gravures, une cinquantaine, dont certains très luxueusement reliés en maroquin mosaïqué. On note:

Un grand livre en maroquin de piesses raportees de plusieurs couleurs plein de pieces de portraiture en taille douce [...] prisé 13 ecus.
Un livre relie en maroquin en volume carré et rempli d’un ovalle de cuyr jaspé plein de portraictures en taille douce au nombre de 2 cent 66 pièces [...] prisé 9 ecus.
Ung petit livre couvert en veau rouge doré à grands coings plain de plusieurs pieces d’antrelacs et autres [...] prisé 2 ecus.
Ung livre en long couvert de maroquin doré et une ovalle au mittan de maroquin jaspé plein de pieces et pourtraitures en taille douce au nombre de 3cents 53 pieces [...] prisé 12 ecus.
Ung grand livre couzu en gros aiz de pappier [...] plain de pieces faictes à la main de plusieurs bons maistres au nombre de 150 pièces prisé 30 ecus.
Trente plantes de fleurs et fruits faictz d’enluminures au naturel [...] prisé 7 ecus.

Suit un important inventaire des livres, qui commence par la bibliothèque juridique, assez courte, une vingtaine de volumes in-folio. La bibliothèque choisie (livres en grand papier ou reliés en maroquin) se trouve décrite dans une seconde armoire: je renvoie là aussi à l’édition complète, en soulignant que par son contenu (histoire, voyages, architecture, sciences naturelles, littérature en langue italienne) cette bibliothèque est très proche des bibliothèques raffinées des secrétaires du roi que j’ai analysées dans le numéro VII d’Italique.

AHM et Catherine de Hellin n’eurent pas d’enfants. Après la mort d’André, une série d’actes notariés du début de 1608 permet de comprendre qu’il y eut accord entre Catherine de Hellin et les héritiers naturels de son mari, ses neveux Hurault de L’Hospital et Hurault de Boistaillé, enfants de ses frères Robert et Jean, aux termes desquels elle conservait le domicile parisien de son mari, près des Enfants Rouges, et la seigneurie de Maisse.119Elle avait eu deux fils de son premier mariage avec Théodore Berziau, André et Théodore II (âgé de huit mois en décembre 1586), qui s’installèrent dans la succession d’André de Maisse. Le château de Maisse120 appartint dès lors aux Berziau, puis aux Refuge (Claude de Refuge, le petit-fils de Bellièvre, ayant épousé en 1643 Anne-Marie de Berziau, fille de Théodore II).121 Même chose pour l’abbaye de Morigny: Théodore II, conseiller au Parlement en 1609 puis président aux enquêtes le 7 mai 1620,122 avait reçu en provision l’abbaye de Morigny, succédant à Jean Hurault de Boistaillé, le fils de l’ambassadeur. Il se démit pour épouser Jeanne Lottin. Lui succéda à Morigny comme abbé commendataire son frère André de Berziau, oncle homonyme de notre orato-rien, devenu conseiller au Parlement en 1613, mort le 17 août 1642 et enterré à Maisse,123 auquel succèda Henri de Refuge.

Théodore II Berziau, président de Grave, «l’honneur du Parlement», mourut en 1623 «dans son hôtel de Maisse, proche les enfans Rouges»,124 laissant deux fils, Théodore III, tué en 1648 à la bataille de Lens sans avoir eu d’héritier, et André le futur oratorien. C’est donc à leur soeur Anne-Marie, épouse de Claude de Refuge, que passèrent ensuite les restes de la succession Hurault de Maisse.

Je n’ai pas encore trouvé l’inventaire de la bibliothèque d’AHM, ni les inventaires qui ont pu être dressés chez les Berziau et les Refuge, mais les ex-libris rencontrés à la Mazarine et les documents d’archives que j’ai cités sont suffisamment éloquents: c’est chez les Berziau, où elle a probablement rejoint la riche bibliothèque du premier époux de Catherine de Hellin, Théodore I Berziau, qu’est passée, au moins en partie,125 la bibliothèque d’AHM. Cette recherche n’en est qu’à ses débuts, mais je voudrais donner une liste des livres ayant appartenu à AHM que je connais, à la Mazarine et ailleurs. Cette liste provisoire comporte treize manuscrits grecs, dont plusieurs (les Ms 4453, 4456 et 4461) très importants, quatre avec la double provenance Pic-Grimani et quatre Grimani ‘simples’. La provenance AHM est assurée pour deux manuscrits italiens, les lettres de saint Léon dont il a déjà été beaucoup question dans cet article et un Sénèque enluminé à Venise au début du XVe siècle. Elle est plus que probable pour trois autres manuscrits enluminés d’origine italiennne, dont l’un des trésors de la Bibliothèque Mazarine, le célébrissime Bréviaire d’Oderisius, chef d’œuvre de la calligraphie bénéventaine exécuté entre 1099 et 1105, «le plus beau livre, peut-être, qu’ait produit le scriptorium du Mont-Cassin».126

Fig. 10. – Bréviaire du Mont-Cassin, manuscrit enluminé vers 1100. Bibliothèque Mazarine, Ms 364.

Deux incunables italiens ayant appartenu à Berziau également conservés à la Mazarine viennent très probablement aussi d’AHM. Cette provenance est attestée enfin pour quelques éditions du XVIe siècle ayant reçu l’ex-libris de l’ambassadeur, deux à la Mazarine, deux à la Réserve de la BNF (dont un Tacite largement annoté par l’humaniste florentin Giannotti), et la dernière actuellement en circulation.

Il est probable que d’autres manuscrits ou éditions anciennes confisqués sous la Révolution à l’Institution de l’Oratoire, au Séminaire Saint-Magloire ou à l’Oratoire proviennent d’AHM (à la Mazarine les Ms 1564, 1526, 1599, etc). La poursuite de ce travail et l’exploitation des inventaires anciens des différentes bibliothèques de l’Oratoire devraient permettre d’autres découvertes.127 Il reste aussi à tenter de retrouver les albums du premier époux de Catherine de Hellin, Théodore Berziau, l’amateur d’estampes et de dessins que cette première recherche a fait surgir du néant. En attendant, le frère de Jean Hurault de Boistaillé est sorti de l’ombre. Il mérite lui aussi de figurer parmi les amateurs éclairés de son temps.

Je signalerai en conclusion deux volumes Hurault conservés à la Mazarine, dont j’ignore à quel membre de la famille ils ont appartenu:

Annexe

Livres ayant appartenu à André Hurault de Maisse

1. Manuscrits grecs

Bibliothèque Mazarine; Ms 445 3, Synesii Cyrenei Opuscula. «Témoin capital de la renaissance du xive siècle [...] qui contient les œuvres du philosophe néo-platonicien Synesius (v. 370-412), copié par le grand philologue byzantin Demetrios Triclinios (1280-1340)»,128 ce manuscrit a successivement appartenu à Pic de la Mirandole et à Grimani.129 Il ne porte pas l’ex-libris d’AHM, mais dans son introduction à son édition de saint Léon, le P. Quesnel confirme que parmi les achats vénitiens de l’ambassadeur figurait un manuscrit des Opuscula Graeca de Synesius de Cyrène, qui fut utilisé par Frédéric Morel pour son édition, puis donné par Berziau à 1’institution de 1’Oratoire.130

Bibliothèque Mazarine; Ms 4454, Collectif) Epistolarum, manuscrit du xvie siècle. Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4456, Aristotelis De anima libri III. Manuscrit copié à Mistra «en 1450, du vivant de Pléthon, le plus grand intellectuel grec de son époque, professeur de Bessarion, par Charytonyme Hermonyme, son élève»,

Förstel, Les manuscrits grecs dans les collections cité.

provenant également de Pic de la Mirandole et de Grimani

D.Jackson, communication écrite août 2000.

. Confisqué à 1’institution de 1’Oratoire. A. Diller, Three Greek scribes working for Bessarion, in «Italia medioevale e umanistica», 1967, pp. 403-10.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4457, Aphtonii sophistae progymnasmata, manuscrit du xve siècle provenant de Grimani.

D. Jackson, communication écrite août 2000.

Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 445 8, Plutarchi Chaeronensis opuscula moralia, manuscrit du xive siècle provenant de Grimani.

D. Jackson, communication écrite août 2000.

Pas de provenance, mais probablement confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4459, Epicteti manuale, manuscrit du xvie siècle. Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4460, Simplicii commentarius in Epicteti manuale. Le manuscrit provient de Pic de la Mirandole et de Grimani.

D. Jackson, communication écrite août 2000.

Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4461, Michaelis Apostolii proverbiorum centuriae XXI, très important manuscrit autographe de Michel Apostolis, renfermant son «oeuvre maîtresse, un recueil de proverbes grecs»,

Förstel, Les manuscrits grecs dans les collections cité.

provenant de Pic de la Mirandole et de Grimani.

D.Jackson, communication écrite août 2000.

Confisqué à 1’institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4462, Procopii Caesariensis De bello persico, manuscrit provenant de Grimani.

D.Jackson, communication écrite août 2000.

Confisqué à 1’institution de 1’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4463, Athenagorae Atheniensis apologia, manuscrit du xvie siècle. Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 4464, Philonis Judaei vita Moysis, manuscrit du xive siècle provenant de Pic de la Mirandole et de Grimani.

Förstel, Les manuscrits grecs dans les collections cité et D. Jackson, communication écrite août 2000.

Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 8409, Evangelia quatuor, cum Eusebii canonibus, manuscrit du xiie siècle, ex-dono «Oratorii Sammagloriani, ex dono patris de Berziau, O. D. J. 1661».

Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 8410, Acta et Epistolae Apostolorum, manuscrit du xiie siècle, ex-dono «Oratorii Sammagloriani, ex dono patris de Berziau, P. O. D. J.», et ex-lïbris du séminaire de saint-Magloire daté de 1661.

British Library, Ms Royal. 16 C XXTV, Athénée, Deipnosophistae, manuscrit copié par Zacharias Calliergès sur le manuscrit Marcianus 447, prov. Casaubon. Le manuscrit ne porte pas l’ex-libris d’André Hurault, mais les indications que donne Casaubon dans ses Animadversionum in Athenaei Dipnosophistas libri XV, Lyon, 1600, «Ad lectorem»: «item aliud cujus nobis vir amplissimus Régi ab intimis consilii Andréas Huraldus Messaeus copiam fecit». Voir W G. Arnott, A note on the two manuscripts of Athenaeus’ Dipnosophistae in the British Muséum, in «Scriptorium», 1964, pp. 269-70.

2. Manuscrits latins, tous d origine italienne

Bibliothèque Mazarine; Ms 1645, Recueil des lettres du pape saint Léon, manuscrit frioulan du ixe siècle. Provenance Antonio et Germano Belloni, cardinal Grimani, ex-dono d’André de Berziau à l’Institution de l’Oratoire, 1662 (provenance Hurault attestée par Quesnel).

Bibliothèque Mazarine; Ms 364, Bréviaire du Mont-Cassin, manuscrit enluminé de la fin du xie siècle, provenant de l’Institution de l’Oratoire (pas de mention, mais provenance attestée par Mabillon et Dom Martène).

Bibliothèque Mazarine; Ms 3855, Sénèque, Recueil de différentes œuvres, manuscrit d’origine vénitienne de la première moitié du xve siècle, lettres ornées, page de titre enluminée, armoiries italiennes postérieures non identifiées «de gueules au chevron accompagné de trois fioles le tout d’or».

M. Pecqueur, Répertoire des manuscrits de a Bibliothèque Mazarine peints aux armes de leur premier possesseur (XIIIe-XVIIe siècles), in «Bulletin d’information de l’Institut de recherche et d’histoire des textes», t. IX (i960), p. 82. Voir Catalogue des manuscrits en écriture latine [...], éd. Samaran et Marichal, t. I, p. 442.

Ex-libris d’AHM «ex libris A. Huraultii, regii apud venetos legati, anno Salut. 1583». Reliure aux trèfles des Berziau, non signalée par le CGM. Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 15 27, Claudii Ptolemei Cosmographia, traduction de Jacopo Angelo de Florence, manuscrit enluminé à Venise ou à Padoue au milieu ou dans la seconde moitié du xve siècle, lettres ornées. Reliure aux trèfles des Berziau non signalée par le CGM. Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; Ms 3854, Sénèque, Epistole ad Eucilium, manuscrit d’origine lombarde, sans doute milanaise, de la première moitié du xve siècle, lettres ornées, armoiries italiennes non identifiées «d’argent à un chevron d’azur chargé de cinq étoiles d’or, accompagné d’un arbre arraché de sinople, au chef d’or chargé d’une aigle éployée de sable», timbrées d’une crosse et accompagnées d’une mitre et de deux clefs en sautoir.

Pecqueur, Répertoire cit., Catalogue des manuscrits cit., p. 423.

Reliure aux trèfles des Berziau non signalée par le CGM et mention de reliure le 20 février 1644 signée Berziau. Confisqué à l’Institution de l’Oratoire.

3. Livres imprimés

Bibliothèque Mazarine; lnc 775, Anthologia Graeca Planudea, éd. Janus Lascaris, Florence, Laurentius (Francisci) de Alopa, 11 Août 1494, in-4o (Catalogues régionaux des incunables des bibliothèques publiques de France. 6. Bibliothèque Mazarine, [réd.] par Denise Hillard, Bordeaux, Paris, 1989, n°148). Reliure au trèfle et ex-libris «A. de Berziau» sur feuillet de garde. Ex libris Institution de l’Oratoire.

Bibliothèque Mazarine; lnc D*1181, Christophorus Landinus, Disputationes camaldulenses, [Venezia], [Nicolo Brenta], circa 1507], in-fo (Hillard 1190) relié avec P. Giovio, Elogia veris clarorum vivorum imaginibus apposita, Venetiis, apud Michaelem Tramezinum, 1546, in-P. Reliure parchemin rigide, ex-libris commun Institution et Berziau.

Bibliothèque Mazarine; 5552 A 2e ex, Quinte-Curce, De Rebus Gestis Alexandri Magni, éd. Christophorus Bruno, Basileae, in officina Frobeniana, 1545, in-P. Reliure parchemin souple, ex-libris simple «Ex libris A. Hurault» et ex-libris commun Institution et Berziau.

Bibliothèque Mazarine; 10624 B, Publio Fausto Andrelini, Amorum libri quattuor, Venetiis, per Bernardinum Venetum de Vitalibus, mensis Ianua-rii 1501, in-40. Reliure parchemin souple, ex-libris «A.H.De Maisse. Venetiis, 15 84» et ex-libris de l’Institution.

Je remercie ma collègue Jacqueline Labaste, dont le précieux fichier de provenances m’a permis de trouver cet exemplaire.

Bibliothèque Mazarine; A 10537, Volumen statutorum, legum, ac iurium d. Venetorum [...] summo studio, labore, ac diligentia. d. lac. Nouello iur. doct. nuperin lucem data, Venetiis, [al segno della Fontana], 1586, in-4o. Reliure parchemin souple, relié avec une autre pièce que je n’ai pas relevée. Pas d’ex-libris AHM (mais l’édition date de son séjour à Venise) et ex-libris commun Institution-Berziau.

BNF; Rés m. J 2, Plutarchi Chaeronei Moralia opuscula, multis mendarum milibus [sic] expurgata, Basileae, per H. Frobenium et N. Episcopium, 1542, in-o. Exemplaire très largement annoté par l’humaniste florentin Donato Giannotti (1492-1573). Provenance D. Giannotti -Jean? Hurault (ex-libris) - André Hurault de Maisse (ex-libris sur la page de titre) -Thiroux de Gerseuil.

M. Cuvigny, Giannotti, Turnèbe, Amyot résultats d’une enquête sur quelques éditions annotées des Moralia de Plutarque, in «Revue d’histoire des textes», 1973, pp. 57-77.

BNF; Rés J 301, Tacite, Annalium... sive Historiae Augustae... libri sedecim qui supersunt, éd. Beatus Rhenanus, Basileae, Froben, 1544. Reliure en parchemin souple, exemplaire annoté, ex-libris «Ex bibliothecae A. Hurault».

Ximenes Rare Book, Varro, Marcus Terentius, M. Terentii Varronis pars librorum quattuor et viginti de lingua Latina, Lyon, apud haeredes Seb. Gryphii, 1563. Relié avec A. Turnèbe, Commentarii et emendationes in libros M. Varronis de lingua Latina, Paris, A. Wechel, 1566, in-8o. Reliure veau xviie siècle, ex-libris d’André de Maisse sur les deux pages de titre («Andr. Huraultii» sur le premier, «Hurault» sur le second).

Bibliothèque Mazarine; 30387, Vitruvii de architectura libri decem, [Lyon: Guillaume Huyon pour les héritiers de Balthazard Gabiano], 1523, in-8o (Baudrier, VII, 167 Gabiano; Fowler no 397 Huyon). C’est sans doute à un oncle de nos deux ambassadeurs qu’a appartenu le petit Vitruve lyonnais de 1523, premier traité illustré sur l’architecture imprimé en France, relié en veau aux soleils des Hurault, avec l’ex-libris simple «J? Hurault». Il appartient au fonds primitif de la Bibliothèque Mazarine, soit provenant de Mazarine, soit entré à la Mazarine en 1668 à la suite de l’échange avec la Bibliothèque royale.

Bibliothèque Mazarine; Rés A 14225, St Basile, De Vita ac miraculis D. Theclae, Antverpiae, ex off. Plantiniana, apud J. Moretum, 1608, in-4o. Reliure en veau exécutée vers 1630, encadrement à semé de flammes, chiffre «H C» et armes Hurault, prov. Séminaire des Missions étrangères.

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1 A. R. A. Hobson et P. Culot, Italian and French 16th-century bookbindings, Bruxelles, 1991, no 16, p. 47.

2 Voir les notices consacrées à ce volume par P. Allegretti et J. Balsamo dans le catalogue de l’exposition La Renaissance italienne. Peintres et poètes dans les collections genevoises, Genève, 2006, pp. 67-71, et J. Balsamo, De Dante à Chiabrera. Poètes italiens de la Renaissance rassemblés par Jean Paul Barbier Mueller, Genève, 2007, no 162, pp. 300-32.

3 J. Irigoin, Les ambassadeurs à Venise et le commerce des manuscrits grecs dans les années 1540-1550, dans Venezia, centro di mediazione tra Oriente e Occidente (secoli XV-XVI), aspetti e problemi. Atti del secondo Convegno internazionale di storia della civiltà veneziana, Florence, 1977, t. II, pp. 399-415. A. R. A. Hobson, Humanists and bookbinders, the origins and diffusion of the humanistic bookbinding, 1459-1559, Cambridge, 1989. C. Förstel, Les manuscrits grecs dans les collections royales sous François Ier, in «Revue française d’histoire du livre», 98-99 (1998), pp. 71-88. M. P. Laffitte et F. Le Bars, Reliures royales de la Renaissance, la Librairie de Fontainebleau, 1544-1570, Paris, Bibliothèque nationale de France, 1999. Voir aussi, pour l’amateur espagnol Mendoza, A. R. A. Hobson, Renaissance book collecting, Jean Grolier and Diego Hurtado de Mendoza, Cambridge, 1999.

4 L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits à la Bibliothèque impériale, Paris, 1868, p. 213 et seq. Voir aussi la courte notice de H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque Nationale, Paris, 1886, p. XIX.

5 Jean Boivin, cité par Delisle, Le Cabinet cit., confond divers membres de la famille, comme nous le verrons plus loin.

6 Y. Durand, Philippe Hurault de Cheverny, chancelier de France (1528-1599), dans Le Conseil du roi, éd. R. Mousnier, 1970, pp. 69-86. Voir aussi A. Lapeyre et R. Scheurer, Les notaires et secrétaires du roi sous les règnes de Louis XI, Charles VIII et Louis XII, Paris, 1978, p. 166 et seq. Et le Dictionnaire de biographie française, t. 18, 1989, où la branche Boistaillé-Belesbat fait l’objet d’une brève notice, pp. 58-59. H. de Vibraye, Histoire de la Maison Hurault, Blois, 1928, et deuxième édition corrigée, Paris, 1972.

7 Johannes de Bassolis, Œuvres, Paris, François Regnault et Jehan Frellon, 1516-1517, in-fo, 4 tomes en deux volumes. B. Moreau, Inventaire chronologique des éditions parisiennes du XVIe siècle d’après les manuscrits de Philippe Renouard, t. 2, 1977, 1516,n° 1264 et 1517, n1532.

8 P. Renouard, Bibliographie des impressions et des oeuvres de Josse Badius Ascensius, Paris, 1908, pp. 47-54. R. Mortimer, Harvard College Library Department of Printing and Graphic Arts catalogue of books and manuscripts I. French 16th century books, Cambridge (Mass.), 1964, no s. 511 et 522. R. Brun, Le livre français illustré de la Renaissance, Paris, 1969, p. 44, signale la possible intervention de Finé dans ce titre. A. F. Johnson, Oronce Fine as an illustrator of books, in «Gutenberg Jahrbuch», 1926, pp. 108-109 et R. Brun, Maquettes d’éditions d’Oronce Finé, dans Studia bibliographica in honorem Herman de la Fontaine Verwey, Amsterdam, 1966, ne parlent pas de l’édition de Bassolis.

9 E. Maugis, Histoire du Parlement de Paris de l’avènement des rois Valois à la mort d’Henri IV, Paris, 1913, t. 1, p. 164, année 1522 et M. Popoff, Prosopographie des gens du Parlement de Paris, Saint-Nazaire-le-Désert, 1996, p. 619 et seq.

10 Dom Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec l’histoire de l’abbaye de Morigny, Paris, 1683 (reprint 1997); E. Menault, Essais historiques sur les villages de la Beauce. Morigny (village monacal), son abbaye, sa chronique et son cartulaire, Paris, 1867; L. Gui-bourgé, L’abbaye de Morigny, dans Bulletin de la société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix, 1963, pp. 77-89; R. de Saint-Périer, L’écu des Hurault à Morigny, dans Bulletin des Amis d’Étampes et de sa région, 7 (janvier 1951), pp. 123-25. Sur les acquisitions des familles parlementaires dans la région et notamment celles des Hurault, voir J. Jacquart, La crise rurale en Île de France, 1550-1670, Paris, 1974, p. 74, 228, 245-46.

11 Le château de Bélesbat (commune de Boutigny, Essonne) est aujourd’hui un hôtel qui s’attache à faire revivre les fastes du domaine, notamment la ‘Fête de Bélesbat’ qui y fut donnée par Voltaire en 1725.

12 A. Leroux de Lincy, Recherches sur Jean Grolier, Paris, 1866, p. 13.

13 1552, 11 avril, lettre de Louis de Lorraine, évêque d’Albi, à Antoine Duprat, lui demandant de remettre à M. de Boistaillé, auquel ils ont donné charge de le solliciter, une copie d’un accord sur les réparations à faire en l’évêché d’Albi (D. Cuisat, Lettres du cardinal Charles de Lorraine, Genève, 1998, no 131, p. 157). Voir aussi un acte signalé au fichier du Minutier central, une procuration du 8 avril 1552 du cardinal de Lorraine à Nicolas, Sr de Boistaillé et de Bélesbat.

14 Sur Robert, voir C. Trani, Les Magistrats du Grand Conseil au 16e siècle, 1547-1610, Paris, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l’Île de France, 1991, p. 156 et M. Etchechoury, Les maîtres des requêtes de l’Hôtel du roi sous les derniers Valois, 1553-1589, Paris, 1991, no 69, p. 231.

15 Les Hurault de L’Hospital sont les seuls membres de la branche Hurault de Boistaillé à faire l’objet de notices dans le Dictionnaire de biographie française, article Hurault no s. 20 à 23, pp. 70-71.

16 Etchechoury, Les maîtres des requêtes cit., passim et notices 71 pour Jean et 74 pour André.

17 Les sources classiques divergent même de dix ans sur la date de sa mort. La généalogie ‘officielle’ de la famille Hurault, publiée en 1636 (Les Mémoires d’Estat de messire Philippes Hurault, comte de Chiverny, chancelier de France [...] ensemble la généalogie de la maison des Hurauts, Paris, 1636) et à sa suite Fleury-Vindry (Les ambassadeurs français permanents au XVIe siècle, Paris, 1903, p. 52) le fait mourir en l’an 1582, «allant ambassadeur en Angleterre pour le roi Henri III». Cette erreur est déjà corrigée par Maugis, Histoire du Parlement cit., qui donne la date exacte, 1572, mais se trompe en le faisant apparaître sous deux noms différents, Jean II (p. 207) et Jean III (p. 219). Etchechoury, Les maîtres des requêtes cit., notice 71, p. 233, le donne comme mort en 1571 (au lieu de 1572), sa veuve mourant en avril 1583. Le Ms 4917 de la Bibliothèque l’Arsenal, une généalogie manuscrite familiale du xviie siècle et l’édition originale de H. de Vibraye, Histoire de la Maison Hurault cit., ne donnent aucune date pour sa mort. C’est la bonne date, 1572, qui est donnée dans l’édition corrigée de 1972.

18 Aucun renseignement dans B. de Xivrey, Recherches historiques sur l’abbaye du Breuil-Benoît, Paris, 1847, ni dans Abbaye du Breuil-Benoît (Marcilly-sur-Eure). Collection des monographies de l’année des abbayes normandes, Rouen, CRDP, 1979, qui signale l’abbatiat de son cousin Denis Hurault, avec une reproduction de la chasse-reliquaire de saint Eutrope aux armes des Hurault.

19 Menault, Essais historiques sur les villages de la Beauce cit., pp. 160-63.

20 Cuisat, Lettres du cardinal Charles de Lorraine cit., no. 421 et 422, 30 décembre 1557, p. 297, et lettre du 10 février 1558 à François de Noailles, évêque de Dax: «Il a fait grand plaisir au cardinal de si bien adresser et instruire M. du Breuil [...] en considération de ce qu’il est à moi», no 448, p. 307.

21 Lettre du cardinal de Tournon à Jean de La Vigne, 1558, 15 janvier, datée de Venise, et le post-scriptum daté du 20 janvier: M. François éd., Correspondance du cardinal François de Tournon 1521-1562, Paris, 1946, lettre no 562, p. 346.

22 Sur cette mission, voir essentiellement E. Charrière, Négociations de la France dans le Levant (1515-1589), T. II, Paris, 1850.

23 Lettre de Noailles à Jean de La Vigne, ambassadeur à Constantinople, Venise 1558, 1er février: Charrière, Négociations de la France cit., p. 431.

24 H. Joly, La Corse française au XVIe siècle: la première occupation (1553-1559), Lyon, 1942.

25 Lettre de la Vigne à Henri II, 1558, 27 mars: Charrière, Négociations de la France cit., p. 455.

26 Lettre du 14 avril 1558: «Sire, le G. S., après vous avoir envoyé Mr de Boistaillé, estant de retour en cette ville, a si diligemment fait solliciter la sortie de son armée que aujourd’huy, contre l’espérance de tout le monde, elle part de ce port pour s’en aller droit à Boniface en Corse», Charrière, Négociations de la France cit., p. 457.

27 Charrière, Négociations de la France cit., pp. 508-23.

28 Lettres closes, St. Germain 1559, 29 juillet, enjoignant au parlement de Paris de tenir pour excusé «Me Hurault de Boistaillé, que le roy envoie pour affaires urgentes vers la seigneurie de Gênes»: M.-T. de Martel, éd., Catalogue des actes de François II, Paris, 1991, n° 28, p. 8. Voir aussi Joly, La Corse française cit., p. 185 et seq.

29 A. R. A. Hobson, Apollo and Pegasus, an enquiry into the formation and dispersal of a Renaissance library, Amsterdam, 1975, p. 59. Pendant cette mission à Gênes, JHB semble s’être lié avec le génois Giuseppe Albera, dont le nom figure dans la dédicace du commentaire de Pétrarque par Dolce comme témoin des mérites du jeune diplomate: «délie quali tutte cose ne fa fede in générale la publica fama, e in particolare tra molti che ne ragionano pienamente, è il Magnifico S. Gioseppe Albera, gentilhuomo Genovese».

30 Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 4536 à 4538.

31 Charrière, Négociations de la France cit., p. xxix.

32 Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 4536, fo 92-93.

33 P. Paschini, Venezia e l’Inquisizione romana da Giulio III a Pio IV, Padoue, 1959, p. 135, cité par Alain Talion, La France et le concile de Trente, Rome, 1997, p. 618. Lors de son procès par l’Inquisition en 1568, Endimio Calandra reconnaît que JHB lui a proposé de venir s’abriter en France, voir S. Pagano, Il processo di Endimio Calandra e l’inquisizione a Mantova nel 1567-1568, Citta del Vaticano, 1991, p. 256 et 277, n. 100.

34 H. A. de La Ferrière-Percy éd., Lettres de Catherine de Médicis, I (1533-1563), Paris, 1880, p. 444.

35 E. Cabié, Ambassade en Espagne de Jean Ebrard, seigneur de Saint-Sulpice, Albi, 1903, pp. 278-79.

36 Cabié, Ambassade en Espagne cit., pp. 311-12, lettre de Saint-Sulpice à JHB, 1564, 17 octobre: «Quant à ce que vous désirez que je vous succède en cette charge, je la connais telle que certainement elle outrepasse ma force et capacité [...] Je n’ai pas envie de plus voyager».

37 Lettre à Montmorency, 1565, 21 janvier, Lettres de Catherine de Médicis cit., pp. 252-53.

38 Renseignement tiré de l’inventaire après-décès de cette dernière.

39 Etchechoury, Les maîtres des requêtes cit., pp. 289-90.

40 Etchechoury, Les maîtres des requêtes cit., pp. 148-51 et p. 282.

41 Instruction pour le fait de mariage adressée par Charles IX à son ambassadeur en Angleterre, Blois, 25 avril 1572, publiée dans Supplément à la correspondance diplomatique de Bertrand de Salignac de la Mothe Fenelon, t. VII, Paris, 1840, pp. 289-94.

42 Je remercie Monsieur le curé de Morigny pour son accueil.

43 Talion, La France et le concile de Trente cit., chapitre I: Les structures de la vie diplomatique au temps du Concile; D. L. Jensen, French diplomacy and the Wars of religion, in «The Sixteenth century journal», t. 5 (1974), pp. 23-46.

44 D. F. Jackson, The Greek manuscripts of Jean Hurault de Boistaillé, in «Studi Italiani di Filologia Classica», 2004, pp. 209-52.

45 Bibliothèque de Berne, Ms 360, éd. G. G. Mueller, Analecta bernensia, I, 1839 et Serapeion, 19 (1858), p. 161.

46 M. P. Laffitte, Les manuscrits chez les amateurs, fin XVI e-fin XVIIe siècle, dans Mazarin, les Lettres et les arts. Actes du colloque tenu en décembre 2002, éd. I. de Conihout et P. Michel, Paris, 2006, pp. 326-37, notamment pp. 328-30.

47 Voir G. Vajda, Catalogue des manuscrits arabes [...], 2, Paris, Bibliothèque Nationale, 1978, p. xiii, pour les Ms arabes 108 et 202 et F. Déroche, Catalogue des manuscrits arabes, Manuscrits musulmans, Les manuscrits du Coran, t. II, Paris, 1985, pour le Ms arabe 384, p. 53 n° 34 et pl. XVII. Pour les manuscrits hébreux, voir M. Garel, D’une main forte, manuscrits hébreux des collections françaises (Exposition, Bibliothèque nationale), Paris, 1991, n° 103-104 (avec reproduction de l’ex-libris de JHB) et no 128.

48 Voir la reproduction d’une de ces reliures dans l’article de Laffitte, Les manuscrits chez les amateurs cit.

49 H. Omont, Catalogue des manuscrits grecs des départements, Paris, 1886, pp. 44-45. Cote Rigault DXXXVII, pas de cote Dupuy.

50 A. Grafton, Joseph Scaliger, a study in the history of classical scholarship, Oxford, 1983-1993, 2 vol.

51 H. J. Dejonge, The Latin testament of Joseph Scaliger, 1607, in «Lias», 1975, p. 249. La version latine du testament est plus complète que la française, qui ne parle pas des livres non orientaux. Voir le Catalogus bibliothecae publicae Lugduno-Batavae, Leyde, 1640, «Catalogus librorum quos bibliothecae Josephus Scaliger legavit», pp. 159-72.

52 M. Steinschneider, Catalogus codicum hebraeorum bibliothecae academiae Lugduno-Batavae, Leyde, 1858; Bibliotheca Universitatis Leidensis, codices manuscripti II: Codices scaligerani (praeter orientales), Leyde, 1910; A. Van der Heide, Hebrew manuscripts of Leiden University Library, Leyde, 1977.

53 M. Lowry, Two great venetian libraries in the age of Aldus Manutius, in «Bulletin of the John Rylands Library», 57 (1974), no 1, pp. 128-66. Sur la bibliothèque Grimani, voir Th. Freudenberger, Die Bibliothek des Kardinals Domenico Grimani, in «Historisches Jahrbuch», 56 (1936), pp. 15-45; G. Mercati, Codià latini Pico Grimani Pio e di altra biblioteca ignota del secolo XVI, Città del Vaticano, 1938; G. Tamani, I Libri ebraci del cardinal Domenico Grimani, in Annali di Ca’ Foscari, 26 (1995), pp. 5-52.

54 A. Diller, H.D. Saffrey, L. G Westerink, Bibliotheca graeca manuscripta Cardinalis Dominià Grimani (1461-1523), Venise, Ed. della Laguna (Biblioteca Nationale Marciana, Collana di Studi, 1), 2004.

55 BNF, Ms Grec *128, *140, *162, *209, *1771, 1808, *1896, *1902, *1920, 2403, *2481, 2835, 2978, 3002, 3005, *3011, 3015, * Suppl. grec 65, Leyde Voss Q 57. Les manuscrits provenant de Pic sont précédés d’un astérisque.

56 Van der Heide, Hebrew manuscripts cit., p. 63. Les deux manuscrits portent l’ex-libris du cardinal Grimani.

57 Renseignements tirés de l’inventaire après décès de la veuve, 30 avril 1583, Arch. Nat., MC, ét/XXI-52.

58 Etchechoury, Les maîtres des requêtes cit.

59 Maugis, Histoire du Parlement cit., p. 264, le nomme Jean V et se trompe en le donnant comme le frère de son oncle André Hurault de Maisse. Il a peut-être été maître des requêtes en 1586, voir Etchechoury, Les maîtres des requêtes cit, n° 76, p. 235, qui donne les références de son inventaire après décès.

60 François, né en 1572, épouse Isabelle de la Tranchée dont il laissera 3 filles, voir Vibraye, Histoire de la Maison Hurault cit., p. 129.

61 Anne, née en 1567, morte en 1633, épouse Paul de Cugnac dont postérité.

62 Inventaire après décès de Jean de Boistaillé, 6 août 1631, Arch. Nat., MC, ét/LI-215, inventaire des papiers, pièce 1.

63 Les huit Ms hébreux JHB figurent tous dans l’inventaire de Scaliger, probablement antérieur à son départ de France en 1593, conservé dans les papiers des Dupuy (Dupuy 395, fo178-179). Voir Van der Heide, Hebrew manuscripts cit., pp. 10-11 et 20-21.

64 Lambin remercie JHB de l’aide qu’il lui a apportée pour son édition de Cornélius Nepos de 1569. Préface à l’édition, f° aaaa3:. «tamquam formam rudem [...] vidissent Erricus Mem-mius Malassiseus et Io. Huraltus Boëtallerius, supplicum libellorum in regia Magistri [...] et Cl. Puteanus jurisconsultus».

65 «J’ay veu une belle bible hébraïque avec la Massora a Monsieur le chancelier de Chiverny [...] c’estoit une belle bibliothèque, j’ay veu tous les livres», Scaliger, BNF, Fr 2388, p. 311 et Scaligerana, Cologne, 1695, p. 60.

66 Lettre de Scaliger, 1601: «Je suis pouvre de tout, mesmement en livres», P. Tamizey de Larroque éd., Lettres françaises inédites de Joseph Scaliger, Agen, 1879, p. 334.

67 A. Magen, Documents sur Jules-Cesar Scaliger et sa famille, Agen, 1873, p. 78.

68 «Nobilissimo viro Cornelio Mylo, huius academiae curatori, item Heinsio, atque Baudio potestatem facio, quos velint libros de meis Graecis et latinis eligere, ita ut post Mylium, Heinsius, post Heinsium Baudius sequatur».

69 Heinsius semble avoir été particulièrement gourmand, puisqu’on lui connaît 200 livres annotés par Scaliger, voir F. F. Blok, Nicolas Heinsius in dienst van Christina van Zweden, Delft, 1949, p. 125, cité par De Jonge, The Latin testament cit.

70 Le Catalogue de vente le plus intéressant, celui de Kiel, très annoté, qui indique les noms des acquéreurs, a été détruit. On en possède heureusement une reproduction, commentée par H. J. De Jonge, The auction catalogue of the library of J. J. Scaliger, afacsimile édition with an introduction, Utrecht, 1977.

71 L. Jarry, Pierre Daniel, avocat au parlement de Paris et les érudits de son temps d’après les documents inédits de la bibliothèque de Berne, Orléans, 1876, notamment p. 409: «Daniel semble vivre avec les de Mesmes, les Hurault et les L’Hospital sur un certain pied d’intimité». Voir à la Bibliothèque de Berne le Ms 141, f° 18, 19, 190, 214, 214a. Mon collègue M. Martin Germann, conservateur de cette bibliothèque, m’a fait très obligeamment parvenir le texte d’une lettre de Jacques Cappel, sieur duTilloy (1529-1586), adressée en 1571 à JHB, relative à divers projets de lecture et d’écriture (Berne, Burgerbibliothek, Ms 141, f° 151).

72 H. Omont, Catalogue des manuscrits grecs des bibliothèques de Suisse, Leipzig, 1886 (Extrait de Centralblattfür Bibliothekwesen, 3, 1886, pp. 385-453), pp. 423-24, Ms Grec 547, Hymni et Preces, 101 fo, 208x146 mm, «reliure italienne gaufrée» et Ms Grec 360, Catalogus codicum manuscriptorum graecorum bibl HuraltU Boistallerii, xvie s, 12 fo, 240x180 mm., rel. parchemin. Patrick Andrist, qui prépare le catalogue des manuscrits grecs de Berne à paraître en 2007, m’indique qu’il a été possible d’identifier d’autres manuscrits grecs provenant de JHB à Berne, et me précise que le fils de JHB, Jean, était en relation épistolaires avec Daniel et l’appelait son professeur.

73 Bibliothèque Vaticane, Reg. Grec 156, («ex bibliotheca Jo. Huraultii Boistallerii», cf Scriptorium 1964, n° 18, p. 169 et 261) et Reg. Grec 104, acq. par Heinsius pour la reine Christine. Voir Jackson, The Greek manuscripts cit., pp. 241-42, et H. Stevenson, Codices manuscriptigraeci Reginae Svecorum, Rome, 1888.

74 K. A. Meyier, Codices vossiani latini, Leyde, 3 vol., 1973-1977, t. I, p. xi. Voir F. F. Blok, Contributions to the history of Isaac Vossius’s library, Amsterdam-Londres, 1974, et Isaac Vossius and his circle, his life until his farewell to Queen Christina of Sweden 1618-1655, Groningen, 2000. Voir aussi A. Balsem, Tibri omissi italiani del Cinquecento provenienti dalla Biblioteca di Isaac Vossius, ora nella Biblioteca della Pijks universiteit di Teida, Leyde, 1994.

75 Quatre manuscrits ont appartenu à JHB de manière certaine (Vossius GF17, GQ57, GQ66, GF8). La même provenance est envisagée par Jackson pour 5 autres manuscrits grecs, GO1, GF40, GF35, GF65, GF58, voir Jackson, The Greek manuscripts cit., p. 229, p. 234, p. 241.

76 Je remercie le Dr. A. Th. Bouwman, conservateur des manuscrits occidentaux de la Bibliothèque de la Rijksuniversiteit de Leyde, pour son aide et son accueil. Les manuscrits sont décrits par Meyier, Codices vossiani latini cit.: VLF14, VLQ3, VLQ4 et VLQ100, auxquels il faut peut être ajouter le VLQ46.

77 F. Mourlot, Les manuscrits latins de Melchisédec Thévenot à la Bibliothèque de l’Université de Teyde, in «Revue des bibliothèques», 1894, p. 109 et seq. Sur Thévenot voir F. Richard, Catalogue des manuscrits persans / Bibliothèque nationale, Département des manuscrits, Paris, 1989, pp. 11-12.

78 «Ces mémoires me sont venus par la succession de feu M. Meliand [...] mon grand-père maternel», H. Martin, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de l’Arsenal, Paris, 1885-1899, t. IV, 1888, pp. 75-76.

79 Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 8415, voir H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs des bibliothèques de Paris, dans Recueil de travaux d’érudition classique, dédié à la mémoire de Charles Graux, Paris, 1884, pp. 305-20, manuscrit décrit à la p. 312. Cité comme perdu, avec une cote ancienne, par Jackson, The Greek manuscripts cit., p. 223 (ce serait le nolxii de l’inventaire de Scordylis).

80 Bibliothèque Méjanes, Ms 427, reliure en vélin doré.

81 Bibliothèque de l’Université de Leyde, Inc 1368 G 8°: «Ex bibliotheca (la suite caviardeé).Emi 4 coro». Reliure en parchemin blanc, remplaçant la reliure d’origine, tranches dorées et ciselée. A. K. Offenberg, Hebrew incunabula in public collections, a first international census, Nieuwkoop (Netherlands), 1990, pp. vii-viii, souligne au sujet de ce volume la rareté des incunables hébreux enluminés.

82 Bibliothèque de l’Université de Leyde, 854 C 38 8°. Reliure à décor doré italienne en maroquin brun, tranches ciselées. Ex libris de Hurault au titre lavé et effacé.

83 Cette recherche pourrait être inscrite au programme de l’actif Institut Scaliger de Leyde. Je remercie son directeur, le Dr. K. van Ommen, de son accueil.

84 Niort, Bibliothèque Municipale, G10, voir H. Richard, Catalogues régionaux des incunables des bibliothèques publiques de France, vol XIV, région Poitou-Charentes, Paris, 1996, n° 472 p. 147.

85 J. Van Praet, Catalogue des livres imprimés sur vélin de la Bibliothèque du roi, Paris, 1822-1828, t. VI, Supplément, p. 51. Th. Gottlieb, K. K. Hofbibliothek Bucheinbände [...] 100 Tafeln, Wien, [1910], pl. 60. Reliure mosaïquée et doublée du xviiie siècle.

86 Bibliothèque Mazarine, Ms 1645. Voir B. Bischoff, Manuscripts and libraries in the age of Charlemagne, Cambridge, 1995, p. 49; R. Schieffer, Der Brief Papst Leo, dans Antidoron, Hulde aan Dr. Maurits Geerard (Hommage à Maurits Geerard pour célébrer l’achèvement de la «Clavis Patrum graecorum»), I, Wetteren (Belgique), 1984, pp. 81-87.

87 Le manuscrit a été restauré et a reçu une reliure neuve en 1997. Mais le dossier de restauration conserve comme témoin de la reliure antérieure des fragments d’un papier à la colle brunâtre du début du xixe siècle.

88 Saffrey, Bibliotheca graeca manuscripta cit., p. 11. Sur Antonio Beiloni, voir Dizionario Biografico degli Italiani, tome VII. Je n’ai pu consulter la thèse de Michela Maniassi, Antonio Belloni: un umanista tra le carte di un notaio nella Udine del cinquecento. Tesi di laurea. Facoltà di lettere e filosofia. Corso di laurea in conservazione di beni culturali. Università degli studi di Udine, anno accademico 1997-98.

89 Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs cit., p. 310.

90 Communication écrite de Donald Jackson, août 2000.

91 C. Förstel, Les manuscrits grecs, dans Art et métiers du livre, n° 222 (La Bibliothèque Mazarine), décembre 2000, pp. 58-59.

92 F. Richard, Achille de Harlay de Sancy et ses collections de manuscrits hébreux, in «Revue des études juives», CXLIX, 4 (1990), pp. 417-47 et pl.

93 A. Franklin, Les anciennes bibliothèques de Paris, églises, monastères, collèges, etc, tome II, Paris, 1870, pp. 337-43.

94 Actuel Institut des jeunes sourds, 254, rue Saint-Jacques, en face de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas

95 Franklin, Les anciennes bibliothèques cit., pp. 365-68.

96 Façade conservée 70, av Denfert-Rochereau, actuel hôpital Saint-Vincent-de-Paul.

97 Franklin, Les anciennes bibliothèques cit., tome III, Paris, 1873, pp. 35-36.

98 G. Servois, Notes sur les fondateurs de l’Institution de l’Oratoire, au faubourg saint-Michel, Paris, 1915 (extrait du Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île de France, t. XLI, 1914).

99 L. Batterel, Mémoires pour servir à l’histoire de l’Oratoire, Slatkine, 1971, reprint de l’édition de 1902.

100 Jean de La Bruyère, Des Ouvrages de l’Esprit, 24 (IV): «Arsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse; loué, exalté, et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais; occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles; élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent: eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire; il n’y a point d’autre ouvrage d’esprit si bien reçu dans le monde, et si universellement goûté des honnêtes gens, je ne dis pas qu’il veuille approuver, mais qu’il daigne lire: incapable d’être corrigé par cette peinture qu’il ne lira point».

101 Malheureusement la publication in-extenso par Léonce Lex (annoncée dans le Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris et de l’Île de France, 1916, pp. 32-33) de ce document, qui semble aujourd’hui perdu, n’a jamais eu lieu. Merci à ma consoeur Isabelle Vernus, des archives de Saône-et Loire, et à Josette Gonzalves, de la BM de Mâcon, pour leurs recherches.

102 Œuvres de La Bruyère, éd G. Servois, Troisième édition revue et augmentée, tome IV, Paris, 1922, «Additions et corrections», pp. 143-46.

103 Je remercie Jean-Baptiste Lebigue et les chercheurs de la section Iconographie de l’IRHT à qui je dois des précisions sur le lieu et la date d’exécution de ce manuscrit, ainsi que d’un autre, le Ms 3854, qui sera évoqué plus loin.

104 Sancti Leonis Magni papae primi Opera omnia, Paris, 1675, 2 vol. in-4o, Praefatio, fo e4 et seq.: «Huic codex paternae haereditatis pars non ignobilis obvenit a nobilissimo viro, parente suo, Theodoro de Berziau, Classium inquisitoriarium in curia parisiensi praeside, non avita solum nobilitate, sed propria etiam laude propter eximias animi dotes, literarum-que studium singulare clarissimo. Is porro Codicem leoninum cum aliis optimae notae habuit a Vitrico suo illustrissimo Andrea Huralto Messaeo [...] viro in tractandis publicis rebus prudentiae dexteritatisque non vulgaris, quem celeberrimuus Huraltus Chevernius [...] etiam se vivente deligi peroptaverat [...]. Is cum ea occasione Venetiis ageret, ut erat literarum studiosissimus, plurima selectorum librorum volumina, partim excusa, partim manuscripta diligenter conquisivit, pecunia redemit, inque Gallias exportata suae intulit Bibliothecae. [...] Venetiis igitur asportatus in Gallias nostras Codex epistolarum S. Leonis, qui olim fuerat celebris illius Dominici Grimani cardinalis: is enim Codicem notatum num. 1124 propria, ut videtur, manu inscripserat: Liber Dominici Grimani Cardinalis S. Marci». Préface reprise dans la Patrologie latine, t. 54, col. 40-42.

105 «Andreae Huralto, natalibus, pietate, prudentia, animi moderatione, omnique liberali disciplina clarissimo, qui adolescens praeceptis et exemplis magni Galliae Solonis Michaelis Hospitalii, affinis sui, imbutus ubi virtutes maturuerunt, senator parisiensis, deinde libello-rum magister in regia fuit. Quos magistratus summa integritate, industria, solertiaqueque gessit. Legationibus Veneta tertiu et Britannica pro Henrico III et Henrico IV RR. Diffici-limis temporibus paris fide et fortitudine functus. In principis consistorio magna laude n'omit, summis de rébus in consilium adhibitus, nihil rege et Rep. charius unquam habuit . Publici privatique juris peritissimus ob hocque in Gailiam narbonensem ad ordinandum provinciae statum: et Massiliam ut Reginae occurreret missus sapientia, comitate, morum, suavitate, et elegantia omnium gratiam promeritus, sapientissimo Principi dignus visus est qui ad summum togae fastigium eveheretur. Quo judicio suaque conscientia contentus aula se subducere deinceps sibique vivere statuit immortalitatem itaque veraque gaudia cogita-tione identidem prae sumens. Disenteria autumni tempore, paucos dies conflictatus, principis, procerum, omniumque bonorum dolore et desiderio constans, lubensque vita exiit. Catharina Heilinia, conjux conjugi dulcissimo benemerito et omnibus titulis majori quocum decennium felicissimum egit. M. P. Vixit annos LXVIIL Obiit IX. K. Oct. A. M. VICVII. R.I.P.»

106 Maugis, Histoire du Parlement cit., p. 231, avec quelques erreurs.

107 Etchechoury, Les maîtres des requêtes cit., n°74 p. 234.

108 Fleury-Vindry, Les ambassadeurs français permanents cit., notice no 97 erronée, mais chronologie correcte pp. 21-23. Sur l’importance de ces ambassades, voir Jensen, French diplomacy cit., p. 34.

109 L. A. Prévost-Paradol, Elisabeth et Henri IV (1595-1598), ambassade de Hurault de Maisse en Angleterre au sujet de la paix de Vervins, Paris, 1863; R. A. Jones, A journal of all that was accomplished by Monsieur de Maisse, ambassador in England from king Henri IV to queen Elizabeth [...] 1597, Londres, 1931. Résumé de sa mission dans P. Laffleur de Kermaingant, L’Ambassade de France en Angleterre sous Henri IV [...] Mission de Jean de Thumery sieur de Boissise: 1598-1602, Paris, 1886, t. I, pp. 139-48.

110 Durand, Philippe Hurault de Cheverny cit., p. 79 et BNF, Ms Fr 11424, inventaire après décès du chancelier Cheverny: Maisse y est tuteur du dernier fils du chancelier, Louis, baron d’Huriel.

111 O. Poncet, Pomponne de Bellièvre (1529-1607), un homme d’Etat au temps des guerres de religion, Paris, 1998, p. 224.

112 Poncet, Pomponne de Bellièvre cit., p. 335

113 F. T. Perrens, L’Eglise et l’Etat en France sous le règne de Henri IV et la régence de Marie de Médicis, Paris, 1872; B. Barbiche éd., Correspondance du Nonce en France. Innocenzo del Bufalo, évêque de Camerino (1601-1604), Rome-Paris, 1964, p. 67 et 225.

114 BNF, Dupuy 837, f° 9 (L’Amour vainqueur) et f° 150 (Priapée).

115 Cette Marie Hurault de Maisse épousa le 4 février 1598 Charles Benvenuti, auquel son beau-père fit obtenir des lettres de naturalisation et de reconnaissance de noblesse le 14 décembre 1599 (rien à son sujet dans le livre de J.-F. Dubost, La France italienne, XVIe-XVIIe siècle, Paris, 1997). Veuve, Marie se remaria avec Jean de Pradines, gentilhomme de Gaston d’Orléans. Elle-même mourut le 5 février 1650, et fut enterrée aux côtés de son second mari, dans l’église de Maisse (Vibraye, Histoire de la Maison Hurault cit., éd. de 1972, p. 130).

116 BNF, Ms Grec 416, Jackson, The Greek manuscripts cit., p. 236.

117 Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 4537, f° 51: «Sire [...] observant ce qu’il vous a plu me commander par mon frère», dépêche faite en France le 28 août 1562 par Mons. de Messe.

118 Bibliothèque de l’Arsenal, Ms 4537, f° 157.

119 Arch. Nat., MC, VIII/572, f° 61;XXI/73 et CXXII/380.

120 Château rasé en 1877, voir H. Stein, Les archives de Maisse, Paris, 1884.

121 BNF, Ms PO 319.

122 F. Blanchard, Les éloges de tous les premiers-présidents du parlement de Paris, Paris, 1645, p. 116.

123 Menault, Essais historiques sur les villages de la Beauce cit., pp. 164-65.

124 Fleureau, Les Antiquitez de la ville cit., p. 553.

125 Je connais pour le moment deux manuscrits qui n’ont pu appartenir aux Berziau: le registre des dépêches d’AHM pour 1587-1588, resté dans la famille Hurault, parvenu dans les collections de l’Arsenal (Ms 4539) via Jean Hurault de Boistaillé fils, Méliand et Paulmy; et le manuscrit d’Athénée de la British Library (voir liste infra) probablement prêté à Casaubon et jamais rendu par ce dernier.

126 A. Wilmart, Les prières de saint Pierre Damien pour l’Adoration de la Croix, in «Revue des sciences religieuses», IX (1929), pp. 513-23, notamment p. 514. G. de La Batut, Les Principaux Manuscrits à peintures conservés à la bibliothèque Mazarine de Paris, Mâcon, 1933, (Bulletin de la Société française de reproductions de manuscrits à peintures, 16e année), pp. 9-12; H. Toubert, Le bréviaire d’Oderisius [...] et les influences byzantines au Mont-Cassin, dans Mélanges de l’Ecole française de Rome, Moyen Age et Temps modernes, t. 83, 1971, 2, pp. 187-261.

127 Le Ms 4166 de la Mazarine, catalogue partiel de la bibliothèque de l’Institution, est à cet égard décevant. La relation Berziau-Hurault n’a évidemment pas échappé à la sagacité de l’ancien directeur de la Bibliothèque Mazarine, Pierre Gasnault, qui au moment où je rends cet article me signale qu’il connaît un autre catalogue de la bibliothèque de l’Institution de l’Oratoire, plus complet et permettant de nouvelles identifications, qu’il compte publier, donnant ainsi une suite à cet article.

128 Förstel, Les manuscrits grecs dans les collections cité.

129 D. Jackson, communication écrite août 2000.

130 «Ex hujus penu jam a septuaginta et quinque annis aliqua Synesii Opuscula Graeca prodiere studio Federici Morelli Regii tune in Academia professons, ope Ms Codicis Graeci, qui epistolas et Tractatus aliquo continet, quo etiam usus est, mutuante eodem Morello, doctissimus Petavius in sua omnium Synesii operum editione anni 1612. annis 1631 et 1648. repetita. Servatur modo codex iste in Oratoriana eadem Sanmichaelini suburbii bibliotheca». Voir Synésius de Cyrène, Epistolae, graecis cum antiquis codd. mss. accurate collatis, cum interpretatione latina viri eruditissimi et notis, Parisiis, ex officina typogr. C. Morelii, 1605: à la fin du volume, après les notes de l’humaniste genevois Franciscus Portus, note au lecteur de Frédéric Morel: «Scholia quaedam graeca, et pleraque in Graeca editione hacte-nus mendosa maleque interpuncta, ope vet. Cod. Ms quo viri clarissimi D. Huralti Messaei, Sacri consistori comitis benignitate Fred. Morellus Prof. Reg. usus fuerat, restituta perspicax Lector animadvertet».