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Choses banales, imprimés ordinaires, « travaux de ville » : l’économie et le monde de l’imprimerie que nous avons perdus

James RAVEN

NdlR : Texte traduit par l’auteur, et revu par Dominique Varry.

Pour Daniel Roche

Peu de gens ont fait plus que Daniel Roche pour reconstituer l’histoire de la vie ordinaire ; il retrouve le tissu du changement et de la continuité dans les aspects cachés de la vie quotidienne et de leurs traces ténues dans les archives parvenues jusqu’à nous, et il élargit notre compréhension de la condition humaine passée. Une grande partie de cette entreprise est d’offrir un correctif : la vision corrigée depuis le bas est – ou était (si efficace a été sa contribution) – de contester l’interprétation ordinaire d’en haut. Quelque chose d’essentiel a été négligé ; quelque chose de fondamental a été occulté.

Ce qui suit s’applique à cette quête pour révéler la face cachée d’un sujet particulier de la recherche historique que Roche a également fait beaucoup pour éclairer : l’histoire sociale de l’édition et l’imprimerie. Mon argument est simple. Il concerne deux importantes histoires liées et négligées : celle des travaux de ville1 dans l’atelier d’imprimerie, et celle de leur place dans la révolution économique du XVIe au XVIIIe siècle. Aucune de ces histoires n’a reçu l’attention qu’elle mérite.

À quelques exceptions près, courageuses mais marginales, presque tous les récits de l’évolution de l’imprimerie en caractères mobiles depuis le milieu du XVe siècle, éclairent, d’une manière ou d’une autre, la production de livres, de périodiques et de journaux2. Ceci est particulièrement vrai pour le siècle des Lumières, à l’époque des « illuminés » et des « philosophes ». L’histoire des Lumières est l’histoire du livre, du livre imprimé relié en volumes de cuir, d’impressions en parties distinctes destinées à être rassemblées en collections, d’impressions alliant texte et illustrations d’une manière novatrice, d’impressions instructives et distrayantes, bref, de « livres ». Ce qui est presque entièrement ignoré c’est la production par l’imprimeur de « travaux de ville » (jobbing work) – la myriade d’impressions à la va-vite, pas romantiques mais bien réelles, qui ont été l’activité principale du commerce de l’imprimerie : sans cette production de travaux de ville, la grande majorité des ateliers aurait fait faillite. Pratiquement tous les imprimeurs du XVe au XIXe siècle ont dépendu de façon vitale du revenu régulier des travaux de ville. Cet aspect de la réalité historique a été occulté.

Mais le fait d’avoir négligé le second aspect occulté de l’histoire de l’imprimerie est tout aussi significatif. Nous avons des centaines d’informations sur la révolution industrielle et commerciale européenne depuis Carlo Cippola (et même avant lui), mais nulle part on n’évoque la véritable signification pour l’imprimeur de l’abaissement des coûts des transactions par le recours aux bibelots ou bilboquets qui vont de la publicité aux recettes en passant par une multiplicité de formulaires légaux ou commerciaux vierges. La transformation économique à laquelle la production et les services des imprimeurs ont contribué a été l’une des plus étonnantes dans sa variété et sa complexité. James Green a habilement fait valoir que l’imprimeur produisait des feuilles, pas des livres, et d’autres auteurs ont commencé à souligner le rôle des travaux de ville dans l’équilibre des affaires de l’imprimerie. Cependant, la plupart des cas étudiés concerne seulement la période de la première modernité, et se focalise davantage sur les indulgences, et la production de type religieux ou de ballades que sur les imprimés ayant trait aux activités civiques ou commerciales3.

L’imprimeur a promu et entretenu l’expansion commerciale, financière et industrielle. Depuis la fin du XVIIe siècle, en particulier, le volume, la qualité et la localisation des travaux de ville se sont transformés. L’ampleur de l’activité des presses a été sans précédent. On n’avait rien vu d’aussi puissant depuis l’arrivée de l’imprimerie en Europe entre le milieu et la fin du XVe siècle. Ce qui fut encore plus remarquable, c’est l’accélération des affaires des maisons d’imprimerie en dépit d’un quasi statu quo technologique4. Pour le marchand, le détaillant, le fabricant et l’investisseur, les changements ont été rien moins qu’une révolution dans l’impression. Nous pouvons diviser l’activité d’assistance commerciale de l’imprimeur en trois catégories générales :

En premier lieu les traités généraux d’économie des ouvrages philosophiques aux petits essais moraux qu’on désignera plus tard sous l’appellation d’économie politique.

En second lieu les guides pratiques, par exemple les livres et les brochures préconisant de nouvelles techniques de comptabilité et de gestion des entreprises. Beaucoup d’ateliers secondèrent le commerce en vendant des marchandises et des services de publicité. Dans les entreprises petites ou grandes, l’efficacité et la précision ont été aidées et mesurées par des barèmes tout prêts, des tableaux de calcul, des calendriers, et des guides de voyage par la route et par l’eau.

En troisième lieu, et contrairement aux deux cas précédents qui impliquaient le recours à un libraire, l’impression des travaux de ville proprement dits couplée à des ventes de papeterie. Librairies et papeteries ont fourni un volume sans précédent de registres et de livres de compte. Les imprimeurs ont entrepris une nouvelle et vaste gamme d’impressions commerciales comprenant des factures, des billets, des reçus, des documents pré-imprimés commerciaux et financiers, des billets à ordre, des bons de garantie, des contrats, des billets et des formules d’autorisation.

Il y a aussi bien sûr un certain chevauchement entre ces catégories – la fusion de petits travaux en quelque chose de plus large. Ainsi, des imprimés ont permis de lever des souscriptions pour des causes publiques et ont contribué à organiser des institutions commerciales. Des imprimés ont favorisé de nouveaux modes de transport, de nouveaux modes de gestion et de classement, et ont même permis la diffusion de protestations contre ces nouveautés. Nombre d’ateliers d’imprimerie et de boutiques de libraires sont devenus partie intégrante du développement commercial local, en proposant une large éventail de services : transport, stockage, information du public, et même services bancaires. L’imprimerie, comme le montrent les inventaires et les registres d’affaires conservés, devait être d’une importance cruciale pour le développement des structures financières et commerciales.

Dans son Histoire des choses banales, Daniel Roche offre un commentaire sur le rôle de l’imprimeur dans l’ensemble de l’économie – mais sans s’étendre :

On n’en a pas encore totalement mesuré la portée et l’impact dans la vie économique française, qui bénéficie moins qu’en Angleterre du support d’un enseignement spécial, animé par les besoins du milieu des négociants avides de manuels techniques5.

Roche a aimablement attribué ce point à mes premiers travaux6, et peut-être une comparaison entre les manuels d’affaires anglais et français du XVIIIe siècle suggère-t-elle une plus grande productivité à Londres qu’à Paris, mais une vision plus large fait défaut – à savoir que c’est l’impression de travaux de ville, et pas l’impression de livres, qui a soutenu beaucoup d’imprimeurs et a grandement contribué à la croissance économique. Les imprimeurs firent des affaires par « expérience de l’urbanité ».

Les imprimeries ont été soutenues par un volume croissant de travaux de ville, y compris des textes disciplinaires émanant des autorités ecclésiastiques. La grande majorité de ce matériau et ses traces archivistiques sont cependant perdues du point de vue historique. Tessa Watt a noté que le taux de survie des ballades en langue anglaise du XVIe siècle est peut-être de 1 sur 10 000 exemplaires et d’une édition sur dix. Watt cite l’estimation faite par Folke Dahl d’un taux de survie de 0,013 % (soit 1 exemplaire sur 10 000) des « livres de nouvelles » (newsbooks) anglais imprimés entre 1620 et 1642. Les quatre exemplaires de l’indulgence imprimée par Caxton et retrouvés par Paul Needham, coupés en lanières et cousus dans un recueil, ne représentent que l’une des milliers d’impressions perdues de l’un des premiers ateliers7. Mais ce n’est rien comparé aux grandes maisons d’impression d’Europe continentale. Comme l’a montré Needham, en 1500, l’évêque de Céfalù, dans la province de Palerme, sur la côte nord de la Sicile, a acheté plus de 130 000 exemplaires d’indulgences : aucun n’est parvenu jusqu’à nous8. Et nous n’avons trace que par des documents notariés des 20 000 indulgences en espagnol que Jacopo Cromberger imprima en 1514, et des 16 000 qu’il imprima deux ans plus tard. De nouveau, aucun exemplaire n’a survécu9. Ces problèmes de conservation ne doivent pas décourager. Comme Elizabeth Eisenstein l’a écrit il y a une quarantaine d’années,

the printed calendars and indulgences that were first issued from the Mainz workshops of Gutenberg and Fust (…) warrant at least as much attention as the more celebrated Bible10.

L’importance fondamentale des travaux de ville, est d’avoir aidé à surmonter les obstacles et les limites de la croissance qui ont été des aspects cruciaux de l’histoire du commerce du livre du XVIe siècle aux Lumières – mais ces aspects ont trop souvent été négligés par des évocations triomphalistes, y compris dans les travaux d’Henri-Jean Martin lui-même. Au centre de toute analyse de libraires des premiers libraires modernes se situent les contraintes imposées par des limitations de ressources plus larges de l’expansion commerciale et très certainement du progrès technique. Dans tous les métiers, l’essentiel du capital fixe a été investi de manière à ne produire que des gains indirects. La propriété de la boutique et de la maison d’habitation, où presque tous les libraires étaient locataires (et beaucoup sous-locataires) n’a produit aucun investissement à long terme (même si le manque de restrictions légales ou coutumières a permis à la plupart des locataires de réparer, de reconstruire ou d’agrandir facilement les bâtiments). Le capital en circulation, constitué des matières premières et de marchandises (dont les livres eux-mêmes comme objets d’échange), comprenait des investissements commerciaux à plus ou moins long terme.

Selon les critères modernes le résultat global fut une très faible productivité, pour un effort au travail important et un vaste réservoir de main d’œuvre sous-employée. Cela a été très peu incitatif aux innovations dans tous les secteurs économiques visant à la réduction des coûts. Les métiers du livre n’ont manifestement pas fait exception à cette règle et ont été dans l’obligation de mobiliser beaucoup de capitaux pour un certain produit – une édition par exemple – avant même qu’une partie puisse être vendue pour réaliser des retours sur investissement : le secteur de l’édition a été particulièrement handicapé par ce fait.

La centralisation a été beaucoup plus importante dans certains États que dans d’autres. En France, la domination de la librairie parisienne n’a été compensée que par Lyon, qui offrait une indépendance à court terme comme centre ancien d’édition et de diffusion. Indépendamment des fournisseurs européens en position dominante (Venise, Francfort et Anvers), les états allemands, les Pays-Bas et l’Italie revendiquaient un nombre important de centres de distribution bien reliés entre eux, tandis que l’Angleterre et, plus tard, l’Irlande (mais pas l’Écosse) ressemblaient davantage au modèle métropolitain français. En Angleterre la position dominante de Londres comme centre de publication et de diffusion empêchait toute autre concurrence. Londres devint une sorte d’aimant, attirant de toute l’Angleterre tous ceux qui ambitionnaient de devenir libraires et éditeurs. Au-delà de la source centrale de distribution, il y avait une pression des réseaux de desserte locale promouvant la production londonienne à laquelle ils ajoutaient la leur (habituellement à façon). En outre, la librairie d’occasion et d’antiquariat se développa grandement tant en volume qu’en complexité.

Là, il semble que le livre ait été « sans frontières », et de fait durant les quatre siècles postérieurs à Gutenberg le nombre et les modalités des ventes de livres ont été freinés par deux types d’obstacles : les règlements imposés par l’Église, l’état, les villes, leurs autorités politiques et leurs corporations, mais aussi par les contraintes des infrastructures des transports. L’accent mis sur le développement du commerce des livres doit être contrebalancé par des rappels relatifs aux limites de la croissance. Tout d’abord, et bien évidemment, la réglementation imposée a été présentée par les autorités ecclésiastiques, étatiques et par les règlements commerciaux et corporatifs comme émanant de l’industrie. La censure et le contrôle, et dans une certaine mesure l’autorité des guildes commerçantes, suivaient un schéma non pas économique, mais politique, qui a eu une efficacité variable selon les temps et les lieux. La France, l’Espagne et les États italiens, en particulier Venise, ont adopté divers systèmes de contrôle direct de la censure et de la police des presses, et ont été soumis à l’attention constante de l’Église. Les livres de contrebande et la littérature souterraine ont fait l’objet de nombreuses études précieuses, et leurs circuits ont été, de fait, décrits bien davantage que les effets beaucoup plus larges des contraintes légales et religieuses11. Il y a, par exemple, eu relativement peu d’intérêt pour les contrôles et les obstacles dans la constitution des modèles individuels et institutionnels.

Le poids de l’Index librorum prohibitorum est un élément incontournable de toute étude de la librairie et de la diffusion du livre dans les royaumes catholiques, et son influence a largement contribué à la disparition de la foire du livre de Francfort. Le Bücherkommisar envoyé par l’empereur et le « Livre de la Commission » rejetant les publications protestantes ont également sapé la foire de Francfort. Au XVIe siècle, Francfort a traité environ deux fois le volume des livres échangé à Leipzig ; en 1700 les proportions étaient inversées. Fait révélateur toutefois, Leipzig n’a jamais eu un caractère aussi international que Francfort, ses années les plus fastes ayant été celles de la consolidation du commerce de la librairie dans les régions allemandes12.

En outre, beaucoup de corps de ville des débuts de l’époque moderne se sont opposés au commerce. La distinction entre commerce de gros et de détail a souvent été renforcée par des règlements municipaux qui interdisaient à ceux qui n’étaient pas bourgeois d’une ville de pratiquer la vente au détail. Les étrangers étaient en général en mesure de vendre des marchandises en gros aux bourgeois d’une cité, et certains marchands jouissaient de droits commerciaux au niveau national par tradition ou par privilège. Pour de nombreux marchands des XVIe et XVIIe siècles, indigènes et horsains, la tournée des foires et marchés organisés en dehors de la juridiction des villes, même en cas de succès croissant, a été la seule source d’affaires. En Europe centrale et orientale, de telles contraintes ont été supportées avec de nombreux changements et des interruptions lors d’une période d’histoire politique souvent instable – durant un siècle, voire plus13.

En Angleterre, aux Pays-Bas et en Europe du Nord, le contrôle des presses a été largement, bien que jamais totalement, dévolu aux corporations ou aux monopoles des compagnies commerciales, qui réglementaient aussi les conditions d’emploi et d’accès au commerce. Dans ce modèle plus plus corporatiste, différents métiers ont adopté des règlements et des fonctions commerciales différents. En Angleterre, la suprématie de la Stationers’ Company à la fin du XVIe et au XVIIe siècle peut la faire comparer à la puissante corporation des relieurs en Scandinavie, où le commerce des livres reposait largement sur des ouvrages importés en feuilles. Les relieurs ont pris la responsabilité des importations et de la réglementation de l’imprimerie et de l’édition à partir de 1620, à l’époque des hautes eaux de la puissance internationale suédoise, et ce jusque dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Une autorité similaire a été exercée par les relieurs de Lithuanie et d’Ukraine, qui s’étaient aussi spécialisés dans le commerce stratégique du livre étranger14.

La deuxième cause générale de limite à la croissance est interne, allant des limitations du transport aux complications structurelles, en passant par les goulets d’étranglement des marchés. Tandis que la diffusion a permis le développement de l’imprimerie durant son premier siècle d’existence, elle est demeurée le critère de contrôle crucial pour l’établissement des imprimeurs et libraires éditeurs. Cela préfigure l’image de la diffusion du XVIIIe siècle de Robert Darnton, où les déclarations en douane, les lettres de change, et les autres vagues de papier émergeant en Europe menacèrent à certains moments de submerger les entrepreneurs qui essayaient de les contenir dans les canaux du commerce15. Dans le premier âge de l’imprimerie, c’est l’étroitesse et la géographie du marché qui a restreint les ventes de livres. C’est précisément parce que la diffusion était si difficile, chère et risquée, que les marchands libraires en pointe, davantage que les imprimeurs, ont pris le contrôle effectif de la publication dans le premier siècle de l’imprimerie.

De plus, la technologie de la presse à bras était toujours la même au début du XIXe siècle. Pour ceux qui publiaient, les procédés techniques avaient peu changé. Dans un marché concurrentiel et de plus en plus imprévisible, le capital continuait à être immobilisé sur une longue période. La diffusion, le mécanisme de l’approvisionnement demeuraient l’élément crucial du développement de l’édition. Seule l’évolution des moyens de réponse à la demande du marché a permis une augmentation du nombre des entreprises opérant sous des contraintes technologiques, les lourdes exigences du capital, le prix du papier, et les frais généraux. Les moyens de transport étaient de toute évidence une variable cruciale. Les frais de transport et d’hébergement étaient un fardeau écrasant pour le commerce pratiqué dans les foires internationales, et qui a encouragé, malgré le protectionnisme de certains états, la vente de feuilles non reliées à des détaillants, ainsi que la circulation à longue distance des catalogues. Les problèmes de distribution n’ont pas seulement donné leur suprématie aux libraires-éditeurs et aux principaux financiers, mais ont également entravé le développement d’autres branches du commerce du livre. Nous pouvons établir des comparaisons utiles avec les progrès de l’imprimerie au XVIIIe siècle en Russie, où des estimations optimistes du volume de publication ont été récemment corrigées par la prise en compte brute des réseaux de distribution qui ont limité l’impact de l’imprimerie et de la croissance des métiers du livre16.

La plus importante et dernière limitation à l’expansion du commerce du livre et de l’édition, qui est aussi un élément déterminant à la fois de l’échec et de la sous-capacité des ateliers d’impression, est d’ordre technique. Et, une fois de plus, ce sont les travaux de ville qui offrirent le salut aux imprimeurs du XVIIe siècle et permirent à nombre d’entre eux de prospérer et de s’épanouir au XVIIIe siècle. Ce qui est remarquable, mais rarement souligné, est que (indépendamment des problèmes de capitaux immobilisés dans le papier coûteux de tant d’éditions restées invendues), les caractères mobiles représentaient une entité économique très problématique. Dans les petits ateliers d’impression, les formes coûteuses devaient être démontées et les caractères redistribués pour une nouvelle composition, même si les imprimeurs devaient fréquemment répondre à des demandes de réimpression et à la production de nouvelles éditions. Dans l’ensemble, cela constituait une très inefficace, bien qu’inévitable, utilisation du temps et des matériaux17. Des exceptions furent admises en 1635 (avec l’autorisation de conserver pendant un an les formes uniquement pour le psautier, la grammaire et l’accentuation, les almanachs et livrets de pronostication, les livres scolaires élémentaires et l’abécédaire). Mais là encore nous devons rester prudents – le même décret confirme que les règlements de 1587 et postérieurs à cette date ont souvent été ignorés18. En conséquence de ces limitations et des limitations antérieures, la capacité de production de la plupart des presses européennes, et certainement des presses anglaises, a probablement peu changé avant le milieu du XVIIe siècle (et même, si l’utilisation des presses avait été maximisée, il en aurait résulté une surcapacité)19.

Il est un autre point. Henri-Jean Martin observait que

l’âpreté avec laquelle leur monopole était disputée aux imprimeurs du Roi, ainsi que l’ardeur qu’ils mettaient à le défendre, montrent que le débit public des actes royaux était, lui aussi, d’un profit considérable20.

Le statut et l’économie sont liés. La carrière de libraire aux XVIe-XVIIe siècles et aussi au siècle des Lumières ne peut pas être divisée tout simplement entre la poursuite de l’avantage commercial et le service à un plus vaste réseau de clientélisme et de protecteurs. La librairie, pour autant que nous puissions le dire, a amélioré la situation sociale et économique de ses éminents praticiens, mais pour la grande majorité des libraires détaillants et des libraires éditeurs, les conditions nationales et commerciales sont restées modestes.

Londres, comme cas d’étude de la production et du marché du livre, a été grandement contraint avant le XVIIIe siècle. Toutes les cités européennes ont participé à un vaste trafic de livres dont l’Angleterre fut plutôt un bénéficiaire lointain21. Le Londres du début de l’époque moderne a été manifestement dépassé par Paris22, mais aussi par d’autres places commerciales du continent allant de Bruxelles et Hambourg à Venise, Lyon et Milan, et par beaucoup d’anciennes villes universitaires comme Bologne, Pavie, Padoue, Florence, Prague, Cologne, Nuremberg, Leyde, et Cordoue. Au cours du XVIIe siècle, Londres, cependant, a surpassé certains de ses rivaux continentaux, en particulier dans la production d’affiches et de petites pièces imprimées (mais pas dans les proportions qu’il atteignit dans le siècle miraculeux des années postérieures à 1680). Les imprimeries anglaises et continentales ont produit des ouvrages d’un statut élevé aux côtés des choses plus banales et moins chères, y compris des impressions en une seule feuille telles les indulgences, les chansons et les ballades. L’impression d’articles qui n’étaient pas des livres et de nombreux ouvrages les plus petits ne nécessitait qu’une seule presse – ce qui était la norme dans la grande majorité des maisons d’édition avant 1800.

Depuis la fin du XVe siècle, la demande de livres fut dynamique – une demande croissante venant des commerçants, des clercs (ce qui n’a rien d’exceptionnel) et de la petite noblesse23. Les avantages érudits de l’orbite active de Paris et des Pays-Bas ne devaient pas être sous-estimés. L’enceinte des monastères, des cathédrales et des grandes églises, qui fut longtemps le foyer des scribes, des libraires et des fabricants de manuscrits, abritait aussi quelques uns des premiers producteurs et marchands de livres imprimés. À partir de ces enceintes s’est développé le mouvement d’une industrie qui devait populariser la communication de l’apprentissage, de la littérature et de l’instruction. Mais cela était-il suffisant ? Telle est ma question : quant à ma réponse, elle est négative. La prééminence du premier exemple anglais, William Caxton, témoigne pour des centaines d’imprimeurs qui furent ses successeurs jusqu’en 1800. Caxton, qui travaillait à l’enseigne du Red Pale (« Au rouge pâle ») dans l’enceinte de l’abbaye de Westminster, publia plus d’une centaine de livres imprimés. Caxton ou ses clients ont rassemblé et relié ensemble beaucoup de ces livres en recueils à la manière de tant de textes vernaculaires de la fin du Moyen Âge. Mais la caractéristique de ce commerce n’était pas le livre, mais la rotation rapide de petites pièces de travaux de ville. Bien qu’occultée par le peu d’exemples ayant survécu, l’impression de travaux de ville a constitué un appoint essentiel pour les éditions sur commande de Caxton, puis pour ses édition spéculatives24.

Après la mort de Caxton, le prote hollandais qui l’avait longtemps secondé, Wynkyn de Worde25, a repris la boutique de Westminster, et s’est révèlé être le plus entreprenant et novateur des hommes d’affaires des débuts de l’imprimerie26. De Worde était tout à la fois un imprimeur de « bilboquets » et un producteur de livres exceptionnels. Il fit le succès d’une implantation (qu’il promouvait comme « la maison de Caxton »27) judicieusement placée sur le chemin conduisant au palais royal, à l’abbaye, et aux cours de justice de Westminster Hall. Le déplacement ultérieur de Worde « Au soleil » à Fleet Street en 1500 suggère une certaine migration du commerce et la croissance du marché du livre, mais aussi de l’impression au service des riches commerçants de la cité de Londres et de ses franges occidentales (même si c’était un marché plus mineur que du temps de Caxton28).

L’argument en faveur de la concentration des travaux de ville dans les ateliers d’imprimerie est à nouveau conforté par des constatations déjà faites : tout d’abord le commerce international de livres qui assurait l’approvisionnement des boutiques de librairie et des ateliers sans production locale ou domestique ; deuxièmement la question du calendrier des impressions, les deux selon des techniques d’impression concurrentes quand plusieurs imprimeurs se partageaient l’impression d’un même livre, et la sous capacité comme l’emploi irrégulier d’un grand nombre (voire de la plupart) des ateliers d’imprimerie. Arrêtons-nous tout d’abord au premier point, le commerce trans-national axé sur des textes latins, alors que la grande majorité des livres latins et érudits de Londres continuaient à provenir du continent. Avant 1700, les grandes collections de livres anglaises (et en particulier les collections royales) témoignent de la prouesse d’exportation de Paris, Venise, Cologne et d’autres centres de l’imprimerie en Europe29. La production nationale de livres était en effet très limitée – ni assez grande ni assez efficace pour soutenir les presses. Deuxièmement, comme l’Angleterre n’a pas été un réel exportateur de livres jusqu’au XVIIIe siècle et a été tributaire de l’importation pour ses livres et pour son approvisionnement, les presses ont fonctionné en sous-capacité. En conséquence des limites du marché mais aussi de la réglementation et la politique gouvernementale et de la corporation, la capacité de production de l’imprimerie anglaise a probablement peu changé avant 1642 (et même, si l’utilisation des presses avait été amplifiée, il en aurait résulté une surcapacité redondante de la production de livre). L’importation explique la fourniture de beaucoup de livres en demande, et un recours d’autant plus grand aux travaux de ville.

L’ampleur et la rapidité de cette production imprimée ont été tout à fait nouvelles. Prenons-en simplement un exemple très ancien : la survie miraculeuse d’un fragment du grand livre de comptes de De Worde pour 1534-1535 révèle vingt et une entrées distinctes pour des « Chansons de Noël » bon marché et six autres pour des « ballades », mais le document fait aussi allusion à un chiffre d’affaires pour les ventes des tracts de et d’impressions d’une feuilles qu’il avait produits vingt ans plus tôt30. La production de De Worde s’élevait à quelque 800 titres à sa mort en 1535, mais sa publication dynamique de manuels scolaires a notamment marqué une transition dans sa maison d’édition entre la prédominance du latin et des livres courtois et celle principalement en langue vernaculaire de livres religieux, de textes éducatifs et des travaux de ville.

Une nouvelle fois, nous devons souligner combien la production de livres a été et est demeurée risquée pendant des siècles. Les libraires et fabricants les plus talentueux ont ouvert des lignes de crédit suffisantes pour soutenir la production de manuscrits par des investissements en parchemin, en vélin, et plus tard en papier. Les promesses d’avance par les clients, gages de sécurité, n’ont que partiellement aidé à couvrir les dépenses engagées par les éditeurs31. Et le commerce précoce du livre « latin », comme on désignait généralement l’importation en Angleterre de livres imprimés à l’étranger, a demandé des arrangements de crédit sécurisé. S’appuyant sur la réputation et le soutien d’une grande communauté, les marchands et les libraires, Frédéric d’Egmont, de Worde, Franz Birckman, John Reynes, et Arnold Harrison ont manipulé de grandes quantités de livres imprimés importés, fixé leur prix et les ont envoyés à d’autres détaillants32. Traditionnellement, le financement d’un livre était très largement assuré par le mécénat direct ou la clientèle captive, mais l’impression de livres a également encouragé la création modeste de stocks, une certaine habitude spéculative différente de celles des livres sur commande. Le risque en était doublé et redoublé.

Au XVIIIe siècle, la vente (et souvent la non-vente) de livres d’occasion, les ventes aux enchères, et certains progrès organisationnels suggèrent également des risques élevés associés à la production du livre – risques qui, reposant sur l’imprimeur (qui pouvait aussi, bien entendu, être libraire), nécessitait le recours régulier, rapide et relativement simple aux travaux de ville. Les premières traces archivistiques de ventes de livres d’occasion montrent que certains ouvrages invendus avaient été imprimés en anticipant sur la clientèle, même si l’édition spéculative n’était en aucune manière organisée ou normalisée33. L’imprimerie a donné une nouvelle impulsion aux décisions de financement fondées sur les perceptions du goût du marché pour développer des formes de publication, qu’il s’agisse d’un livre écrit sur commande ou pas, mais disponible par le biais du marché de détail.

Dans ce contexte à haut risque, les boutiques de libraire se sont révélées essentielles à l’émergence de la publication imprimée. Même les plus grands, comme les Aldes, Birckmanns et Plantin avaient besoin d’une librairie de gros structurée, par le biais de laquelle ils ont vendu à d’autres librairies (et à des commerçants en général) des exemplaires de leurs volumes imprimés, en nombre et à des prix réduits. Sans ces réseaux (et notamment les grandes foires), les imprimeurs et les libraires ne pouvaient pas avoir vendu suffisamment de livres de leurs propres boutiques pour récupérer les coûts de production.

La variété et la souplesse sont restées les mots d’ordre de l’industrie du livre des Lumières, et quels que fussent les intérêts rédactionnels et littéraires des libraires les plus savants, c’était leur prévision d’un revenu sûr, de bénéfices et le potentiel du marché qui les ont encouragés à développer la gamme de leurs productions. Comme Geoffrey Elton en a conclu depuis longtemps, dans une étude de la première impression des lois statutaires, l’innovation réside aussi bien dans le bas coût, la rapidité, la distribution et la fiabilité du produit que dans l’impression elle-même34. Ces caractéristiques de l’histoire du commerce du livre sont demeurées essentielles à la réussite de carrières dans la librairie durant plus de quatre siècles : d’abord, la condition préalable d’avoir des actifs financiers disponibles plutôt que des compétences dans l’impression ou une connaissance effective des préoccupations littéraires ; d’autre part, une polyvalence de production qui jonglait entre les grandes et coûteuses entreprises et les travaux de labeur ou la publication de petits livres relativement simples à la clientèle assurée ; et troisièmement, l’évaluation du marché et la promotion des livres imprimés aussi bien pour être de merveilleux objets et des produits de luxe que pour leur contenu intellectuel35.

Le changement essentiel intervenu au cours du XVIIIe siècle a été la séparation entre l’imprimeur et le libraire-éditeur, entre l’artisan du métier et les libraires financiers qui pouvaient n’avoir aucune formation préalable à l’imprimerie, mais qui s’emparaient de la publication et de la vente de livres comme d’une autre activité. Comme John Murray en Angleterre – qui a d’abord failli entrer dans le commerce de la porcelaine puis a quitté la marine avant d’établir la firme familiale consacrée au livre –, de nombreux et importants libraires du XVIIIe siècle n’avaient pas été formés par la corporation. Et ils employaient désormais les imprimeurs sur une base contractuelle. Les imprimeurs se considérèrent de plus en plus comme de simples « mécaniciens ». Par contraste avec leurs prédécesseurs du XVIe et du début du XVIIe siècle, dont beaucoup avaient agi en éditeurs et en arbitres de leur production imprimée selon leurs propres règles, la plupart des imprimeurs du XVIIIe siècle travaillèrent comme les employés virtuels des libraires36.

L’économie de l’atelier d’imprimerie du XVIIIe siècle reposa en partie sur la réutilisation des caractères (des fontes), ce qui influença inévitablement la présentation des livres et autres imprimés, mais aida aussi à déterminer la division du travail et la conception comme l’agencement de cet espace clos que constituait l’atelier d’imprimerie. Pour tous les principaux imprimeurs, libraires-éditeurs et libraires détaillants (bien que nous pourrions discuter des différences entre eux), les difficultés dans la collecte et la gestion du crédit accrurent l’importance des flux de trésorerie et d’une rotation régulière. C’est pourquoi l’impression des travaux de ville a été si importante. Dans la publication spéculative, la force de vente restait évidemment le facteur principal et déterminant du développement du commerce, tandis que la spéculation sur le marché était par nature porteuse de risques. Jusqu’à ce qu’une édition ait été entièrement imprimée, elle ne pouvait, bien entendu, être vendue, et avec un nouveau livre, l’éditeur ne pouvait jamais être certain du nombre d’exemplaires qui seraient vendus. Tous les éditeurs ont été confrontés à un investissement important, unique, fait à l’avance, doublé d’un rendement potentiellement très lent. La situation délicate des liquidités accrut l’importance d’opérations à la réussite assurée et financièrement prévisibles, notamment les catégories de titres privilégiés, reproduits avec succès maintes et maintes fois, mais aussi une production de travaux de ville beaucoup plus ample, plus variée et plus volumineuse.

Cette histoire cachée en éclaire une autre : un monde perdu de l’imprimerie qui, si éphémère et obscurci soit-il aujourd’hui, a contribué de manière significative à élargir l’évolution économique et sociale. Le point primordial est que, en termes généraux, l’économie de l’Europe occidentale a été transformée entre le milieu du XVe et le milieu du XVIIIe siècle. Ce n’était certainement pas une histoire d’amélioration progressive et linéaire, une histoire caractérisée par des contrôles des différentes composantes du facteur de croissance et par plusieurs revirements, en particulier au début du XVIIIe siècle. L’imprimerie et les métiers du livre ont contribué à cette vaste transformation et ont été les principaux bénéficiaires de l’augmentation de la richesse de l’État. Il est très difficile, toutefois, de donner des précisions à propos de nombre de ces changements structuraux. On n’a pas collecté de statistiques commerciales régulières avant la fin du XVIIe siècle ; le taux de conservation de beaucoup de ce qui a été collecté est très faible, et des considérations essentielles telles que la structure de la population, le niveau des salaires, et des indices de prix précis demeurent, malgré toutes les avancées méthodologiques des années récentes, au-delà des calculs historiques exacts.

Dans les grands changements des XVIIe et XVIIIe siècles, l’histoire économique des métiers du livre peut être envisagée sous quatre aspects principaux et liés : d’abord le développement général du marché et l’évolution du profil de la demande ; ensuite, la nouvelle initiative dans la diffusion et le transport ; en troisième lieu, le développement de services financiers et le rôle des intermédiaires ; et, quatrièmement, les changements souvent instables dans les mesures réglementaires préventives et répressives, tant du gouvernement que de l’Église (également beaucoup encouragées par les intérêts matériels des libraires de premier plan, des imprimeurs et des détaillants). Et derrière les demandes et les réponses, les idées ont alimenté le désir de dépenser de l’argent et de lire les nouveaux objets. Le commerce du livre a progressé comme un commerce de la controverse, de la croyance, des idées, de diversion et de divertissement – et il a apporté à ses promoteurs et aux artisans des fortunes ainsi que des catastrophes financières et personnelles. Et les travaux de ville ont soutenu l’activité de l’imprimerie, plus que tout autre type de fabrication.

Pour cela le monde dans lequel les imprimés en blanc, remplis à la main tels que les certificats, ont régulé les « compagnonnages » décrits par Daniel Roche37. Les travaux de ville ont accéléré l’emploi, le mouvement, le contrôle, toutes sortes de services, et l’enregistrement des informations d’état civil dans l’Europe des Lumières. C’était le monde dans lequel Jacques-Louis Ménétra, avant son mariage en 1765, exigeait « un billet de confession et cela était indispensable »38. C’était vraisemblablement un imprimé en blanc à remplir par le prêtre, et d’autres impressions éphémères apparaissent dans le récit de Ménétra, notamment les billets de loterie qu’il ne pouvait s’empêcher d’acheter, et les reçus donnés après inspection par les officiers de la corporation39. La conservation miraculeuse de ce mémoire, reflète toutefois le hasard de la survie des travaux de ville [jobbing print]. La grande majorité de cette tâche des imprimeurs du XVIIIe siècle européen n’a pas seulement disparu des archives, mais aussi du témoignage des contemporains du XVIIIe siècle. Le « bilboquet » était tellement banal qu’il n’a pas été jugé digne de mention par un Ménétra, par un Rétif ou même (en Angleterre), par un libraire comme James Lackington, qui a rédigé son autobiographie. Mais l’impression de travaux de ville (bibelots, bilboquets) – humble et pourtant si diverse – ne devrait pas être celée tant dans les histoires de l’imprimerie que dans celles de l’économie du siècle des Lumières.

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1 Note de Dominique Varry : les termes anglais, sur lesquels il n’y a pas consensus, sont jobbing ou job work. Leurs équivalents français sont : « travaux de ville », « ouvrages de ville », « travaux de labeur », « bibelots », et « bilboquets ». Nous utiliserons principalement « travaux de ville ».

2 Ma première réflexion sur cette question est encore inédite : J. R. Raven, « Print and Trade in Eighteenth-Century Britain », Thirlwall Prize Dissertation 1986 (université de Cambridge), en cours de révision pour publication ; voir aussi James Raven, « Imprimé et transactions économiques : représentation et interaction en Angleterre aux XVIIe et XVIIIe siècles », dans Revue d’histoire moderne et contemporaine, 43, 1996, p. 234-265.

3 Essentiel, Peter Stallybrass, « “Little Jobs” : Broadsides and the Printing Revolution », dans, Agents of Change: Print Culture Studies after Elizabeth Eisenstein, éd. Sabrina Alcorn Baron, Eric N. Lindquist, Eleanor F. Shevlin, Amherst, MA), 2007, p. 315-341.

4 Pour de plus amples développements, voir James Raven, The Business of Books : Booksellers and the English Book Trade 1450-1850, London, New Haven, Yale University Press, 2007.

5 Daniel Roche, Histoire des choses banales. Naissance de la consommation des les sociétés tradionnelles (XVIIe-XIXe siècles), Paris, Fayard, 1997, p. 63 [ci-après : Histoire des choses banales].

6 Histoire des choses banales, p. 63, n. 45, citant Raven, « Imprimé et transactions économiques », art. cité.

7 Paul Needham, The Printer and the Pardoner: An Unrecorded Indulgence Printed by William Caxton for the Hospital of St Mary Rounceval, Charing Cross, Washington, 1986 [ci-après The Printer and the Pardoner].

8 The Printer and the Pardoner, p. 31.

9 Clive Griffin, The Crombergers of Seville: The History of a Printing and Merchant Dynasty, Oxford, 1988, p. 51.

10 « Les calendriers imprimés et les indulgences qui ont d’abord été publiés dans les ateliers mayençais de Gutenberg et de Fust (…) méritent au moins autant d’attention que la Bible la plus célébrée ». Elizabeth L. Eisenstein, The Printing Press as an Agent of Change: Communications and Cultural Transformations in Early-Modern Europe, Cambridge, Cambridge University Press, 1980, p. 60.

11 En particulier, Robert Darnton, The Business of Enlightenment: A Publishing History of the “Encyclopédie”, 1775-1800, Cambridge (MA), London, 1979 [ci-après Darnton] (Trad. fr. : L’Aventure de l’ Encyclopédie, 1775-1800. Un best-seller au siècle des Lumières, Paris, 1982 ; Nicole Hermann-Mascard, La Censure des Livres à la Fin de l’Ancien Régime (1750-1789), Paris, 1968 ; Censorship and the Control of Print in Britain and France, éd. Michael Harris, Robin Myers, Winchester Detroit, 1992 ; et Anne Goldgar, Impolite Learning: Conduct and Community in the Republic of Letters, 1680-1750, New Haven, London, Yale University Press, 1995.

12 Hans Widmann, Geschichte des Buchhandels vom Altertum bis zur Gegenwart, Wiesbaden, 1975 ; A. H. Laeven, « The Frankfurt and Leipzig Book Fairs and the History of the Dutch Book Trade in the Seventeenth and Eighteenth Centuries », dans Le Magasin de l’Univers: The Dutch Republic as the Centre of the European Book Trade, éd. C. Berkvens-Stevelinck et al ., Leiden, 1992, p. 185-197 ; Friedrich Kapp, Johann Goldfriedrich, Geschichte des deutschen Buchhandels, Leipzig, 1886-1913, 4 vol.

13 Renata Żurkowa, « Stosunki zawadowe księgarzy Krakowskich w pierwszej Potowie XVII w. », dans Roczniki Biblioteczne Polskiej Akademii Nauk w Krakowie, 31, 1987, 49-92 ; Iaroslav Isaievych, Bratstva i ikh rol’v rozvyktu Ukraïnskoï kultury XVI-XVIIst, Kiev, 1966.

14 Iaroslav Isaievych, « The Book Trade in Eastern Europe in the Seventeenth and Early Eighteenth Centuries », dans Consumption and the World of Goods, éd. John Brewer, Roy Porter, London, New York, 1993, p. 381-392.

15 Darnton, Business of Enlightement, ouvr. cité, p. 246.

16 Livre et lecture en Russie, éd. Alexandre Stroev, Clamecy, Paris, IMEC Éd, 1996.

17 Philip Gaskell, A New Introduction to Bibliography, Oxford, 1972, p. 116-7.

18 Ordres du 4 déc. 1587, et du 16 nov. 1635 (National Archives, Londres, State Papers, Dom CI 301 : 103, 105), reproduit dans W. W. Greg, A Companion to Arber, Oxford, 1967, p. 43, 94-95.

19 Voir Raven, Business of Books, ouvr. cité, ch. 3.

20 Henri-Jean Martin, Livre, pouvoirs et société à Paris au XVIIe siècle (1598-1701), Genève, 1969, 2 vol., p. 260-261.

21 Selon les mots de David McKitterick, « contributing little and depending much » (« contribuant peu et dépendant beaucoup ») : « Histories of the Book », dans The Book Collector, printemps 2000, p. 9-26 (ici p. 14) ; Richard Sharpe estime que les 30 000 livres conservés de l’Angleterre médiévale représentent quelque 4 000 œuvres distinctes : cf. Index des Corpus of British Medieval Library Catalogues, prés. Richard Sharpe (http://www.history.ox.ac.uk/sharpe/index.htm).

22 Voir Richard R. Rouse, Mary A. Rouse, Manuscripts and their Makers: Commercial Book Production in Medieval Paris 1200-1500, Turnhout, 2000.

23 Alexandra Gillespie, « Caxton and After », dans A Companion to Middle English Prose, éd. A. S. G. Edwards, Woodbridge, 2004, p. 307-325 ; Id., « Balliol MS 354: Histories of the Book at the End of the Middle Ages », dans Poetica, 2003, p. 47-63.

24 Voir David R. Carlson, « A Theory of the Early English Printing Firm », dans Caxton’s Trace: Studies in the History of English Printing, éd. William Kuskin, Notre Dame, 2006, p. 35-68.

25 Probablement originaire de Woerden en Hollande : voir Lotte Hellinga, « Wynkyn de Worde’s Native Land », dans New Science out of Old Books: Studies in Manuscripts and Early Printed Books in Honour of A. I. Doyle, éd. Richard Beadle, A. J. Piper, Aldershot, 1995, p. 342-359.

26 Voir l’opinion de A. S. G. Edwards et Carol M. Meale, « The Marketing of Printed Books in Late Medieval England », dans The Library, 1993, 15, p. 95-124 (surtout p. 124).

27 Peter W. M. Blayney, « The Site of the Sign of the Sun », dans The London Book Trade: Topographies of Print in the Metropolis from the Sixteenth Century, éd. Robin Myers, Michael Harris, Giles Mandelbrote, New Castle (DE), London, 2004, p. 1-20 (ici, p. 1-2).

28 Blayney, art. cité, p. 2.

29 Lotte Hellinga, « Importation of Books Printed on the Continent into England and Scotland before c. 1520 », dans Printing the Written Word: The Social History of Books circa 1450-1520, éd. Sandra Hindman, Ithaca, London, 1991, p. 205-224 (échantillon de la propriété continentale de livres possédés en Angleterre, p. 210, 211) ; voir aussi Paul Needham, « The Customs Rolls as Documents for the Printed-Book Trade in England », dans Cambridge History of the Book in Britain, éd. Hellinga, Trapp, III, p. 148-163.

30 William A. Jackson, « A London Bookseller’s Ledger of 1535 », dans Colophon, 1936, p. 498-509. Je suis reconnaissant à John D. Gordan III pour cette référence.

31 C. Paul Christianson, « Evidence for the Study of London’s Late Medieval Manuscript-Book Trade », dans Book Production and Publishing in Britain, 1375-1475, éd. J. Griffiths et D. Pearsall, Cambridge, 1989, p. 87-108 (ici p. 91).

32 C. Paul Christianson, « The Rise of London’s Book-Trade » dans Cambridge History of the Book in Britain, III, p. 128-147 (ici p. 141).

33 Pour le débat, voir Alexandra Gillespie, Print Culture and the Medieval Author, Oxford, 2006 ; Vincent Gillespie, « Vernacular Books of Religion », dans Book Production and Publishing, p. 317-341 ; Linne R. Mooney, « Scribes and Booklets of Trinity College, Cambridge, MSS R.3.19 and R.3.21 », dans Middle English Poetry: Texts and Traditions: Essays in Honour of Derek Pearsall , éd. Alastair Minnis, Woodbridge, 2001, p. 241-266 ; et David R. Carlson, English Humanist Books: Writers and Patrons, Manuscript and Print, 1475-1525, Toronto, Buffalo, London, 1993), p. 131-141.

34 G. R. Elton, « The Sessional Printing of Statutes, 1484-1547 » dans Wealth and Power in Tudor England: Essays Presented to S. T. Bindoff , éd. E. W. Ives et al ., London, 1978, p. 68-86 (ici p. 75).

35 Les manuscrits de luxe avec de nombreuses miniatures étaient aussi, bien sûr, de grands objets d’art : voir C. F. Bûhler, The Fifteenth Century Book: The Scribes, the Printers, the Decorators, Philadelphia, 1960, surtout p. 162, n. 29 ; Lesley Lawton, « The Illustration of Late Medieval Secular Texts, with Special Reference to Lydgate’s “Troy Book” », dans Manuscripts and Readers in Fifteenth-Century England: The Literary Implications of Manuscript Study, éd. Derek Pearsall, Cambridge, 1983, p. 41-69 (ici p. 41-2). Pour les livres de prestige de la place commerciale de Francfort, voir Ian Maclean, « The Market for Scholarly Books and Conceptions of Genre in Northern Europe, 1570-1630 », dans Die Renaissance im Blick der Nationen Europas, éd. Georg Kaufmann, Wiesbaden, 1991, p. 17-31 ( ici p. 28-29, 31).

36 Stephen Botein, « Meer Mechanics and an Open Press: The Business and Political Strategies of Colonial American Printers », dans Perspectives in American History, 9, 1975, p. 127-225.

37 Daniel Roche, La France des Lumières, Paris, Fayard, 1993, ch. 10.

38 Journal de ma vie : Jacques-Louis Ménétra, compagnon vitrier au XVIIIe siècle, présenté par Daniel Roche, Paris, Montalba, 1982, p. 207.

39 Journal de ma vie, p. 279 (« ils me donnent un reçu ») et, pour les billets de loterie, p. 190 et 230.