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Libri in vendita. Cataloghi librari nelle biblioteche padovane (1647-1850), dir. Stefania Bergamo, Marco Callegari

Milano, FrancoAngeli, 2009, 158 p.

Emmanuelle Chapron

Aix-en-Provence

Les catalogues de libraires et, dans une moindre mesure, ceux des ventes de bibliothèques particulières font partie des produits typographiques les plus mal conservés, et ils sont pourtant des plus précieux pour l’histoire de la librairie d’Ancien Régime. D’où l’importance de leur repérage, de leur description et de leur étude, objet de plusieurs travaux récents2. Marco Callegari et Stefania Bergamo présentent ici les catalogues antérieurs à 1850 conservés dans deux fonds padovans, ceux de la Bibliothèque universitaire – la plus ancienne d’Italie, fondée en 1629 – et du Séminaire épiscopal, soit 809 titres le plus souvent introuvables ailleurs : 70 % des 727 catalogues de libraires et imprimeurs, 25 % des 81 catalogues de vente ne figurent dans aucune autre grande bibliothèque européenne3. L’inventaire est une contribution importante à l’histoire de la librairie péninsulaire, puisque la grande majorité des catalogues de libraires et imprimeurs (77,5 %) provient d’Italie, ainsi que 38 % des catalogues de vente.

Marco Callegari retrace en introduction l’histoire du genre et l’évolution de ses formes : le passage du feuillet volant au cahier de quelques pages dans les années 1530-1540, la généralisation de la pratique et l’inflation des contenus au XVIIe siècle, sa fonction commerciale dans la librairie d’Ancien Régime, les stratégies marchandes et professionnelles liées aux différentes formes de présentation (par ordre alphabétique ou par matières), la faible diffusion en Italie des catalogues de vente de bibliothèques privées, le plus souvent rachetées et mêlées au fonds général du libraire. Il présente en second lieu les deux institutions et la manière dont les catalogues ont été rassemblés, avant leur intégration dans les classifications bibliothéconomiques de la première moitié du XXe siècle. Si la distribution chronologique des catalogues conservés à la bibliothèque universitaire reflète la lente mise en place d’une véritable politique d’acquisition à partir surtout du dernier quart du XVIIIe siècle, ceux du séminaire semblent plutôt illustrer l’activité du système culturel multipolaire (imprimerie, séminaire, bibliothèque) dans laquelle est intégrée l’institution.

Les notices des catalogues de libraires (1647-1850) et de ventes (1709-1848) sont présentées successivement, selon l’ordre alphabétique du nom des libraires, puis des collectionneurs. Elles incluent une description typographique et physique de l’exemplaire ainsi qu’une brève analyse de l’organisation du contenu, avec la liste des principales subdivisions dans le cas des catalogues par matières et par langues. Le repérage est facilité par plusieurs index et tables chronologiques. La mise en place de ces instruments, précieux fait d’autant plus regretter l’absence d’une analyse chronologique et géographique précise des matériaux présentés. Un index typologique permet de retrouver les catégories d’ouvrages les plus précieux figurant dans les catalogues (manuscrits, éditions aldines, incunables, etc.), mais néglige malheureusement les autres matières, au contraire du richissime inventaire des catalogues de la Bibliothèque nationale de France.

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2 Pour en rester aux catalogues de libraires, citons simplement C. Lesage, E. Netchine, V. Sarrazin, Catalogues de libraires, 1473-1810, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2006.

3 D’après la confrontation, faite par les auteurs, de l’inventaire avec le Karlsruher Virtueller Katalog.