Fuir les mauvais livres : sur une bibliophobie de l’Église au Siècle des Lumières
Joël FOUILLERON
Université de Montpellier III
À Daniel Roche
Le face à face de l’Église et du livre n’a rien d’un long fleuve tranquille1. Depuis le XVIe siècle, l’Église hésite entre le oui et le non. Elle formule, le plus souvent dans un même discours, deux réponses contradictoires, d’approbation et de condamnation. Quand apparaît le nouveau moyen technique de l’imprimerie, utile en lui-même, se pose pour elle la question d’arrêter une attitude claire sur le nouveau venu : lui faire bon accueil et en favoriser l’usage en le faisant tourner au service du bien ; ou le contrôler et même l’interdire quand, vecteur anxiogène du mal, il déverse dans le monde entier des torrents d’écrits hérétiques, impies, séditieux, malfaisants ? D’autant que, dans ses commencements, l’invention de Gutenberg sert plus l’expansion des hérésies de Luther et de Calvin qu’elle ne concourt à la défense de l’orthodoxie romaine. Ce péché originel continue à peser au XVIIIe siècle dans l’embarras du clergé catholique qui, depuis deux cents ans certes, utilise le livre, mais cherche toujours à en canaliser et à en restreindre l’usage, voire à le condamner.
Le missionnaire Pierre Humbert2, orateur au talent peu commun3, habitué au grand air et aux auditoires variés, ruraux et urbains, âges, sexes et rangs mêlés4, apôtre zélé et infatigable du diocèse de Besançon, « lumière et exemple » de l’orthodoxie, convertisseur de calvinistes des montagnes du Doubs et adversaire déclaré du jansénisme5, relaie les réponses anciennes – même discours ambigu, même verrouillage – que l’Église apporte au défi du livre, possible ennemi du salut, dans les Instructions chrétiennes pour les jeunes gens qu’il publie en 17406. L’essor de l’alphabétisation qui soumet un nombre de plus en plus grand d’esprits immatures, voraces et fragiles à un flot toujours croissant d’imprimés, oblige à répéter l’enseignement de l’Église sur le livre et la lecture, déjà maintes et maintes fois formulé par les prédicateurs, les confesseurs, les catéchistes. Nouveau ne signifie en rien original : « L’Ouvrage qu’on présente ici à la Jeunesse n’est point nouveau par la matière », avertit d’emblée Humbert7. Et ses propos sur le livre le sont moins que tout autre puisqu’il emprunte à un pédagogue éprouvé du siècle précédent, Charles Gobinet8, et à son Instruction de la jeunesse9, l’essentiel du chapitre XXIX qu’il consacre à l’imprimé et à la lecture. Le public visé par Humbert est à la fois le même que celui de son devancier, « les jeunes gens », mais bien au-delà de la seule jeunesse ; il ambitionne, comme le souhaite son préfacier, l’illustrissime et révérendissime archevêque de Besançon, Antoine-Pierre II de Grammont, dans une lettre pastorale du 2 août 1740, que son manuel soit lu et pratiqué, « pour leur édification », par « les grandes personnes et les Chefs de famille »10.
BIEN LIRE DE BONS LIVRES
Au texte de son devancier, un peu trop marqué par le contexte scolaire de sa genèse et de son lectorat, au style qu’en aval un confrère de Humbert juge « quelquefois suranné »11, le prédicateur franc-comtois apporte quelques retouches formelles afin de séduire un plus large public (« toutes sortes de personnes »). Les citations latines et l’interlocuteur privilégié, le collégien Théotime, disparaissent pour assurer une meilleure appropriation populaire du livre. La rédaction est resserrée, plus économe ; le style « mis à la portée » de son nouveau lectorat. Les premiers paragraphes du chapitre XVI de la seconde partie de l’ouvrage primitif, « De la lecture des bons livres » (soixante-trois lignes12), qui énoncent le versant positif du livre et de la lecture, n’en font plus que vingt-neuf dans la version donnée par Humbert au chapitre XXIX de ses Instructions chrétiennes13.
Pour que le jeune lecteur échappe à toute lecture nomade, asservissant les corps et les âmes à Baal et à Éros, Humbert, recopiant Gobinet, prescrit une orthopraxie, formulée en règles courtes et simples qui guident, encadrent, jugulent l’acte de lire, car seule une lecture réglée, lente, méditative et parcimonieuse, permet une réelle appropriation, évite les fausses routes et profite à la morale et à la piété du lecteur14. Les sept commandements (ou « conditions ») édictés par le principal du Plessis pour une lecture formatrice sont réduits à six, par le report de la liste des livres prescrits dans un paragraphe indépendant rejeté en fin du développement sur les bons livres15.
Faute de pouvoir interdire l’accès des laïcs au livre, Humbert fait, comme les évêques eux-mêmes, le pari d’étancher la soif de lecture des jeunes et du peuple par un choix de quelques bons livres, seuls opératoires, seuls recommandés, seuls autorisés. Il fait donc un tri, un tri impitoyable à l’exemple de Gobinet. La liste est courte, un peu moins courte toutefois que celle prescrite à Théotime, passant de quatre à dix titres, mais dérisoire par rapport à la bibliothèque d’un prêtre, telle celle de Pierre Humbert, qui ne compte pas moins de sept cents volumes, « les meilleurs sur chaque branche de la science ecclésiastique » et, pour les théologiens, des œuvres « de diverses nuances »16. Demeurent dans la bibliothèque idéale du laïc préconisée par Humbert, trois des instruments de salut « les plus utiles » qui figurent dans la palmarès originel et qui, dans la plupart des statuts synodaux, président à la formation du bon prêtre : l’Imitation de Notre-Seigneur, le Guide des pécheurs de Louis de Grenade, l’Introduction à la vie dévote de François de Sales17. Par contre, la dilection personnelle de Gobinet, les Confessions d’Augustin, dont les citations affluaient sous sa plume, disparaît. La lecture du docteur de la grâce, happé par la querelle janséniste, paraît devoir être évitée par qui souhaite échapper au soupçon de déviance. Humbert corrige l’absence, quelque peu surprenante, de l’Écriture, l’introduisant en partie, réduite au seul Nouveau Testament et à des histoires utiles et instructives tirées de la Bible. Il ajoute à la liste des « livres les plus utiles » aux jeunes gens18, trois classiques de la littérature spirituelle tridentine : le Combat spirituel du théatin Lorenzo Scupoli19, « cher livre (…), livre favori » de François de Sales ; la Pratique de la perfection et des vertus chrétiennes du jésuite Alonso Rodriguez20 ; les Considérations de Segneri21. Pour saluer l’ouvrage qu’il démarque, tout en taisant son emprunt, Humbert recommande la lecture de l’Instruction pour la Jeunesse22, mais sans en mentionner l’auteur, Gobinet.
Un dernier titre échappe à ces choix convenus23, le Manuel du Chrétien. Incombe-t-il à Humbert, ou à l’une des mains serves et anonymes qui procèdent à des retouches plus ou moins irrespectueuses du texte d’origine pour la plus grande postérité de l’œuvre24 ? Qu’il s’agisse du Manuel publié à Cologne en 1740 et attribué à l’abbé Nicolas Le Gros25, voire du Manuel chrétien pour toutes sortes de personnes de l’oratorien François Cordier26, les deux publications, sans nom d’auteur, appartiennent à la mouvance janséniste. L’un et l’autre titre, pour les jésuites Colonia et Patouillet, présentent « plus d’une chose répréhensible » et, loin d’être dignes d’attention et « les plus utiles » pour les jeunes gens et à toutes sortes de personnes, doivent être retirés « avec soin des mains des fidèles », surtout « des simples et des ignorans »27. La liste des bons livres varie peu dans les nombreuses rééditions d’Humbert, à l’exception du Manuel du chrétien qui, trop marqué par ses origines jansénistes, s’il faut retenir la paternité de Le Gros ou de Cordier, disparaît dans la plupart des réimpressions postérieures à 180028. De même, dans une édition sortie des presses de Hovius à Saint-Malo en 180129, des Vérités de la religion, attribuées au père jésuite Joseph de Galliffet, orthographié Galifet30, remplacent l’Introduction à la vie dévote, et une Instruction pour la messe31 est préférée à l’Instruction de la jeunesse dans une réimpression lyonnaise de 185132.
À l’exhortation pour une bonne et profitable lecture (soixante-six lignes), succède une vigoureuse mise en garde contre les mauvais livres (cent cinquante-six lignes) qui ne forment pas un chapitre particulier, mais gagnent en surface et en importance avec un développement, au total, près de trois fois plus long33. Le missionnaire voit et dénonce, dans cette littérature de séduction des âmes, la main du « démon » (quatre occurrences34) et compare le mauvais livre au serpent de la Genèse qui, tentateur, séducteur, imprévisible, « vous fera une blessure mortelle lorsque vous y penserez le moins »35.
HARO SUR LE MAUVAIS LIVRE
Toujours dans un but de simplification et d’efficacité, Humbert ne retient que deux catégories de mauvais livres. Sous l’épithète d’« hérétiques », il regroupe tous les livres qui travaillent contre la religion et contre l’Église, et il appelle « lascifs » tous les écrits impudiques qui « traitent de l’amour profane, et d’histoires galantes »36. Mais la nouveauté essentielle du propos, introduite par un homme rompu à la prédication par exempla, réside dans un apologue « édifiant » de plus de deux pages qui, par un contre-paradigme, entend convaincre les jeunes gens, et plus encore peut-être les jeunes filles, avec plus d’efficace qu’une démonstration théorique, de la malfaisance des mauvais livres et alerter les parents sur la responsabilité qui leur incombe d’encadrer leurs enfants et de surveiller leurs lectures37. Instructions d’autant plus prenantes et souveraines qu’elles puisent dans l’expérience vécue du prêtre. Le missionnaire insiste sur l’authenticité et l’actualité de cette histoire et d’une « multitude » de récits qui, à la fin des différents chapitres, viennent à l’appui des vérités qui y sont affirmées ; il assure tirer leur substance, non d’auteurs de l’Antiquité, mais de « faits presque tous arrivés de notre temps », et pour la plupart en Franche-Comté38 ; « témoin d’une partie, [il] en a pris d’autres sur les lieux de personnes dignes de foi » et, pour sauvegarder l’anonymat des protagonistes et interdire toute localisation, à la façon du romancier, il « déguise et change les noms propres ». Dans une hypothétique querelle des anciens et des modernes circonscrite aux sermons et aux sermonnaires, il se range d’entrée dans le camp des modernes en raison de la particulière efficacité pastorale des faits contemporains :
il n’y a rien que de naturel dans tous ces exemples ; et tous les jours nous voyons dans les Villes et à la campagne des évènemens aussi remarquables que ceux qu’on rapporte ici, dont on feroit des volumes entiers, s’ils étoient réduits en corps d’histoire (…). Pourquoi trouveroit-on mauvais d’édifier et d’instruire les Fidelles par des exemples arrivés de nos jours ?39
Les temps changent et les mauvais livres prolifèrent, toujours plus nocifs par les pensées impies qu’ils font naître dans les esprit et par les passions qu’ils éveillent dans les cœurs. À une confiance limitée certes, mais résolue, de l’amont dans le livre et ses pouvoirs, succède, au Siècle des Lumières, une inquiétude, une défaveur, une suspicion, une indignation, une peur. La vieille ambiguïté du livre, ni tout à fait bon, ni tout à fait mauvais, fait place à un accablement, à une hantise de lectures trop souvent séductrices, libertines et funestes, à une condamnation sans appel des artifices et des charmes subversifs du roman, principal vecteur du vice. L’histoire « véritable », narrée par le missionnaire Humbert40, met en scène une famille honnête composée de trois enfants (un aîné entré en religion, une fille « sage » de dix-sept ans, Euphrosine, et un frère cadet de quatorze ans) avec, pour seule autorité parentale, la mère, une « Dame de qualité » qui se veut gardienne des principes chrétiens. Amie d’Euphrosine, une « jeune Demoiselle » innommée, « à qui on laissoit lire toute sorte de mauvais Livres », les communique à l’héroïne et la contamine :
Ces Livres étoient contre la pudeur et contre la Religion, remplis d’impostures, d’impiétés, d’obscénités, mais d’un style agréable41.
Car le mauvais livre, rappelle Humbert à l’unisson de ses devanciers, agit par cautèle sous le couvert d’une écriture séduisante. La perversion par le livre passe d’une jeune fille à l’autre. Voilà Euphrosine prise au piège du malin et, à son tour, dépendante, aliénée. L’innocence de ses mœurs, la candeur de son âme, la retenue de son sexe ne résistent pas aux effets pernicieux des mauvaises lectures, qui ne tardent pas à se manifester par l’adoption d’un nouveau mode de vie, déserté par les valeurs chrétiennes, et résolument mondain :
À peine les eut-elle lus, qu’elle devint d’une arrogance insupportable, et perdit tout sentiment de pudeur et de crainte de Dieu42.
La découverte fortuite par le plus jeune des fils, sur la table de la chambre ouverte de sa sœur, d’un livre « où il lit des choses si étranges, que tout de suite il [le] porte à sa mere », donne la clef de l’inexplicable métamorphose. La lecture d’une seule page suffit à la mère pour voir dans ce livre le corrupteur avéré de sa fille, et demain peut-être, s’il n’y prend garde, de son fils :
Pour vous, mon fils, détestez ce que vous avez lu dans ce livre abominable et gardez-vous bien de jamais en lire de semblables, le démon parle dans ces Livres, il vaudroit mieux pour vous de prendre du poison, que de vous souiller l’esprit par de telles ordures.
Stupéfaite par la rouerie de sa fille qui donne le change d’une lecture pieuse, alors qu’elle dévore, « en secret, et dans la solitude », un livre « abominable », la mère lui en fait grief : « Ma fille, (…) est-ce là le Livre de dévotion que vous lisez ? ». Pour le motif, réel ou feint, de le rendre à l’amie prêteuse, Euphrosine supplie sa mère de lui restituer le roman confisqué ; elle s’attire un refus formel, assorti d’un apophtegme :
Vous le rendre (…), j’aimerois mieux voir le feu dans ma maison. Il n’est point permis ni à vous, ni à moi de remettre et de rendre un mauvais Livre : ce livre vous a perdu, malheureuse, et il en perdroit bien d’autres43.
Il n’est d’autre issue à ce surgeon d’enfer que la consomption par le feu. La leçon ne profite pas à l’indocile Euphrosine qui, loin de se séparer des autres livres malfaisants en sa possession, les confie à son frère aîné, le religieux, avec le secret espoir de les reprendre un peu plus tard. Jusque-là bien planté dans la foi, le religieux ne résiste pas à la curiosité d’ouvrir les volumes remis par Euphrosine et, livre corrupteur après livre corrupteur, il absorbe leur venin démoniaque, s’accoutume et glisse dans le doute et l’irréligion. Six mois après les premiers ébranlements, les premières inoculations livresques, nouveau Luther, il se marie ; et, nouveau Calvin, il se retire à Genève. L’apostat fait siennes les extravagances de l’hérésie huguenote et cumule les erreurs et les impiétés des deux réformateurs44. L’emprise du malin sur Euphrosine s’exaspère et la souffrance du corps (« une maladie cruelle ») relaie et manifeste la perte du sens moral : châtiment visible d’un « libertinage si outré »45. À l’agonie, elle conçoit, trop tard, quelques éphémères regrets :
Ah ! (…) je suis effrayée de la vie que j’ai menée ; je me suis moquée toute ma vie de la Religion et des choses de l’autre monde ; mais je vous assure que maintenant je suis dans d’étranges alarmes. Ah ! mon Dieu, que ces choses sont terribles ! Je pense à présent là-dessus bien autrement que par le passé, je voudrois bien avoir tenu une autre conduite.
Un ancien soupirant d’Euphrosine, pourvoyeur de mauvais livres, frappé par le spectacle des atroces douleurs de sa fin, « fait ses réflexions » et prend conscience que le monde où la jeune fille et lui-même se complaisaient, était illusoire et vain. Au prix d’une conversion tardive mais sincère, il se résout à se détourner de l’emprise des mauvais livres et à vivre désormais sous le regard de Dieu46. Double et antithétique leçon de cette tranche de vie pour émouvoir et convertir l’auditeur ou le lecteur : la punition exemplaire et terrifiante d’Euphrosine montre à quel abîme conduisent ces lectures incontrôlées, « pernicieuses » de livres « détestables ». En sens inverse, la soudaine et imprévue conversion du « jeune homme » doit servir d’exemple et armer, contre les mauvais livres, les volontés trébuchantes, les courages défaillants. Pour nommer le mal, paraphrasant Gobinet et les pourfendeurs de lectures lascives et impies, il recourt à une image forte, susceptible de frapper et de dissuader les jeunes esprits : le venin mortel du serpent47. Ce poison funeste, qui « coule dans l’âme », il faut le fuir : « Fuyez ces livres, adjure Humbert, comme des piéges que le démon vous tend pour vous perdre ». Quant aux pièges eux-mêmes, il faut les détruire. Aux flammes du bûcher de faire place nette. À une catharsis publique, tels les autodafés des missions48, à haute vertu festive et démonstrative, de lutter contre une peste effarante et d’enrayer sa propagation. À l’embrasement coupable et contagieux des esprits et des imaginations, doit répondre le brasier des mauvais livres, tant licencieux qu’hérétiques, car, au-delà de leur nécessaire stigmatisation, il appartient au croyant de les brûler en ce monde pour n’être pas brûlé par eux éternellement en l’autre49.
Utilisant une pédagogie de la peur panique du péché, comme dans ses prédications orales et dans les livrets qui les relaient50, Humbert tient les mauvais livres, désormais foisonnants et obsédants, pour seuls responsables de la mort d’Euphrosine et, au-delà de ce naufrage individuel, il les accuse d’être sources de l’athéisme et « du libertinage et des grands désordres de la jeunesse dans les Villes »51. Il le répète avec insistance, dans ses sermons et dans ses Pensées sur les plus importantes vérités de la religion, où il appelle, sur le mauvais livre, le même châtiment radical, la même crémation :
Vous auriez horreur d’entrer en commerce avec le démon ; cependant vous le faites lorsque vous lisez des livres qui sont les organes de satan (…). Plus un mauvais livre vous paroît agréable, rempli de traits delicats et éblouissants, plus il est pernicieux ; plus le poison en est doux, et plus il est dangereux52. Un mauvais livre est le plus cruel ennemi que vous ayez dans votre maison ; condamnez-le au feu ; il ne mérite pas une autre destinée53.
On reconnaît là un des discours récurrents de l’Église des Lumières. Elle répète que les plus sûrs garants contre la contagion de ces vecteurs exogènes du mal résident, comme lors des épidémies les plus implacables, dans la fuite et dans le feu. Une autre façon de dire que c’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau, si toute une France à la dérive ne meurt plus en odeur de sainteté, si toute une littérature libertine, déréglée, captieuse, que goûtent les gens d’esprit et une jeunesse avide de nouveautés, fait le jeu de l’impiété, offense et tourmente un clergé apeuré, comme le prouvent les appels réitérés de ses assemblées générales à l’« inflexible sévérité » de la censure royale (1750, 1755, 1758, 176554). Le prédicateur de Beaupré, loin de s’incliner, tance les fauteurs, volontaires ou involontaires, de cette désolante évolution : auteurs55, imprimeurs, censeurs, libraires, lecteurs. Trop de mauvais livres déjouent et mettent à mal la vigilance de la censure. Il déplore l’inefficacité du dispositif de contrôle et de répression, les défaillances qui, en amont et en aval, permettent la parution et la diffusion d’« une foule de livres contre l’Église, contre la Religion, contre la pureté des mœurs » ; il blâme le manque de zèle des juges royaux qui, loin de soutenir les intérêts de la religion, contreviennent à l’union traditionnelle des deux puissances, la civile et l’ecclésiale, et tolèrent l’inacceptable :
Avec quelle force les Magistrats emploiroient-ils leur autorité pour supprimer un Écrit contre le Prince, et en punir les auteurs ? L’intérêt de Dieu est le seul pour lequel on manque de zele. (…) Les Magistrats s’endorment ; (…) les Pasteurs se récrient et on les méprise56.
Il comprend mal la fascination qu’exercent sur la meilleure société les provocations philosophiques et toutes ces belles plumes qui, peut-être écrivent bien, mais pensent faux :
Si l’on voit aujourd’hui, parmi quelques personnes d’une certaine condition, si peu de Religion et de pudeur, c’est parce qu’ils lisent toutes sortes de mauvais Livres. Il est étonnant que des gens d’esprit puissent goûter les mensonges, les obscénités et les absurdités de tant de Livres impies. Il faut être aveugle pour ajouter foi à des Livres composés par des gens dissolus et passionnés, au mépris de tant d’excellens Livres, composés par les plus grands génies, par les plus grands Saints, et dictés par l’Esprit de Dieu57.
Ne voit-il pas, dans la montée incompréhensible du vice et de l’erreur, quelque entreprise du malin ?
Voilà des propos bien datés, bien accordés à l’esprit d’un temps d’épreuves et de fragilisation de la religion, de mise en cause d’une Église soumise aux feux croisés des philosophes et des trublions jansénistes. Elle paraissait, hier, invulnérable, confiante dans son destin, faisant fonds sur les livres d’autorité. Aujourd’hui assiégée et crispée, elle désigne l’imprimé comme un bouc-émissaire de ses malheurs et serait tentée de qualifier, comme Rousseau, l’invention de Gutenberg, d’« art terrible »58 :
Dans le siecle de Louis XIV, la Religion étoit respectée dans tous les ouvrages de Littérature ; mais dans le nôtre, les Écrivains veulent paroître Philosophes, et croient ne pouvoir mériter ce titre glorieux qu’en insultant à la Religion de leur Peres. Un livre n’est plus de mise, à moins que l’Auteur n’y joigne par quelques traits libertins une profession d’incrédulité59.
Les mauvais livres, occultant les bons, déploient leurs séductions et leurs faux prestiges. Si profus, si redoutés qu’une triviale intempérance de lecture suffit pour alarmer les gardiens de la foi60. Désormais plus bibliophobe que bibliophile, l’Église n’est pas prête à relever le double défi de la lecture : comment maîtriser l’élargissement du lectorat et la pléthore des livres, qui, tous deux, l’insupportent, parce que trop accordés aux perversions du siècle ?
HUMBERT APRÈS HUMBERT
Le manuel de Humbert impose à son tour, pour des générations, les leçons de Gobinet sur la lecture chrétienne. Comme son devancier, les Instructions chrétiennes pour les jeunes gens sont vouées à une belle longévité (bien plus de deux cents ans61), mais plus circonscrite dans l’espace que celle, mondiale, du manuel de Gobinet qui, commencée à Paris en 1655, dans la France de Mazarin et de Fouquet, ne s’achève qu’après la Première Guerre mondiale, à Dublin. Malgré quarante demandes de permission simple de 1778 à 1789 pour un tirage total de 63 050 volumes62, inférieur de moitié à celui du « best-seller de la littérature religieuse », L’Ange conducteur du jésuite Jacques Coret63, le nombre conservé d’éditions de Humbert n’atteint qu’une trentaine pour les six dernières décennies du siècle64. La production française se concentre sur la seule province, à l’exception d’une demande de permission parisienne en 1788.
Humbert trouve dans la France de l’Est une première et pérenne assise (près de la moitié des éditions retrouvées). Pour l’auteur, terre de naissance et de prédication ; d’adhésion à ses livres, que recommandent les missionnaires de Beaupré65, les évêques de Besançon et de Toul66. Lyon, mais aussi les ateliers du Nord (Amiens, Arras67, Lille surtout), flairant la bonne affaire dans un titre « utile à toutes sortes de personnes », réalisent une quinzaine d’éditions. Deux France typographiques ne fournissent qu’un faible contingent : l’Ouest (Caen, Dinan) et le Midi (Avignon, avant et après l’annexion ; Toulouse). Les Instructions chrétiennes s’exportent peu au XVIIIe siècle (Louvain, Bruxelles, Fribourg avant 1789 ; Augsbourg et Québec dans la décennie 1789-1799). Comme bien des auteurs de manuels concurrents, le missionnaire de Beaupré enjambe la coupure révolutionnaire et connaît même un prodigieux succès posthume après 1800 : près de trois cents éditions sont publiées au XIXe siècle, soit dix fois plus qu’avant 1789, dont un quart dans la seule décennie 1820-182968. Toujours revêtu des approbations des anciennes autorités épiscopales, le livre de Humbert reste, en France, surtout prisé dans son aire initiale, franc-comtoise et lorraine (30 % des éditions conservées). L’autre citadelle catholique, l’Ouest atlantique, apprécie désormais ce livre, vecteur sûr et éprouvé de religion (18 %), au point de le celtiser en 182869. Ce produit de terroir pénètre la France du Sud (Avignon, Carpentras, Orange, Apt ; Béziers ; Toulouse)70 et du Centre (Limoges ; Clermont-Ferrand, Aurillac). Lyon, surtout, profite du succès persistant de Humbert (23 %).
Le manuel de Humbert, de lecture aisée et agréable, bien adapté aux attentes des campagnes et des bourgs ruraux, aux combats du clergé contre l’indévotion des strates inférieures de la société, ne réussit pas à s’imposer à Paris avant la Révolution et peine à y prendre pied après (sept éditions). Provincialisme à succès, il ne franchit les frontières qu’avec modération. L’Europe, sans en faire un best-seller international, publie, parmi d’autres guides moraux, le manuel de Humbert : la Bavière (Augsbourg, Eichstädt) ; la Belgique en version française (Bruxelles, Liège, Louvain, Tournai) ou flamande (Gand, et surtout Malines) ; l’Angleterre (Londres, trois éditions) ; la Suisse (avec des lieux d’impression proches de l’épicentre bisontin ou du foyer bavarois) ; et, outre Atlantique, un vivace surgeon canadien71. La survie de Humbert ne se borne pas aux deux derniers siècles du millénaire, puisqu’en 2011 la réimpression des Instructions chrétiennes, figure, sous le nom de son préfacier72, au catalogue d’un éditeur provincial spécialisé dans les « grands auteurs anti-libéraux [et] les bons livres pour la jeunesse »73.
En dépit ou à cause de son manque d’originalité, les Instructions chrétiennes de Humbert délivrent un premier enseignement : comme la plupart des auteurs, déclarés ou non, de manuels analogues, le zélé missionnaire n’éprouve aucune gêne à omettre les guillemets à des citations de pages entières à peine toilettées. Seule importe l’efficacité pastorale. Le souci de la plus grande action spirituelle possible justifie les plus larges emprunts, les plagiats, les copies les plus manifestes. Nulle irrévérence, nulle kleptomanie intellectuelle, nulle ambition de faire siens l’identité et les mérites littéraires d’auteurs antérieurs, mais la hantise de l’utilité, qui porte Humbert à mettre à la disposition du public toutes les méthodes, toutes les pratiques qui fonctionnent bien, dans un guide qui est le fruit d’une expérience collective de la mission et le condensé d’un héritage livresque. Car la nouvelle instruction, par retenue et humilité certes, mais aussi avec un sens certain de la réclame, n’avoue d’autre paternité qu’un impersonnel docteur en théologie74. Pour l’édification de ses lecteurs et sous couvert d’anonymat, Humbert relaie, sur l’imprimé et sa judicieuse pratique, l’Instruction de Gobinet qui, lui-même, à l’usage des collégiens, recueillait et résumait toute une tradition antique et médiévale, d’autant plus souveraine que de longue date et de multiples fois répétée. Simplifiant et dramatisant le message du principal du Plessis, il impose à un public plus modeste et plus rural des normes de lecture, inscrites par son devancier dans l’orbite de l’oraison et destinées à corriger l’inclinaison mauvaise des jeunes élites dévotes du royaume, livrées sans défense aux séductions du siècle. Au tirage impressionnant, mais sous-estimé75, du discours normatif de Gobinet sur le livre et la lecture76, s’ajoute celui, à peine moins impressionnant et non moins sous-estimé77, de sa duplication de 174078.
Cette peur de la nouveauté, source fréquente de combien de perditions, sous-tend la démarche répétitive de Humbert. Là réside aussi la raison principale de l’accueil fait au manuel par l’Église de son temps, non moins atteinte que le missionnaire franc-comtois par une fièvre obsidionale. Mais aussi de la survie, improbable et étonnante, d’un ouvrage impersonnel, sans éclat, sans originalité, qui doit à sa rassurante grisaille de ne pas vieillir, d’être de tous les temps79 et de connaître plus d’éditions après 1800 que dans son siècle de naissance. La vogue, au XIXe siècle, des Instructions chrétiennes et l’engouement pour un auteur « traduit dans toutes les langues de l’Europe », un expert en copié collé, promu étendard « immortalisé » de la foi et des valeurs morales80, illustrent la hantise de la nouveauté qu’éprouvent, plus que jamais, devant le déferlement des mauvais livres, les ministres de Dieu, leur crispation sur le bel autrefois, leur enfermement sur le connu, l’éprouvé, l’indémodable, le révéré :
Préférez toujours les bons livres connus, les livres dont la réputation est faite, à ceux qui n’ont souvent pour eux d’autre attrait que celui de la nouveauté et de l’inconnu81.
Et pourtant le monde a changé depuis le siècle de Humbert : les frontières, les économies, les mœurs, les attentes. Les jeunes de la Restauration ou du Second Empire n’entretiennent qu’un lointain rapport avec Euphrosine, ses amis et ses frères ; et des muses plus gaillardes que l’héroïne de Humbert inspirent les écrivains, pour la plupart avocats du diable, et leurs proses aguicheuses et immorales. Pour relever les défis du monde, répondre aux enjeux primordiaux de la massification et faire barrage à l’omniprésence des mauvais livres qui mettent à mal la religion et ruinent les prestiges et les hiérarchies de la société, le clergé du XIXe siècle continue à faire fond sur Humbert et à répandre ses Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, un manuel utile et honorable dans l’ancienne France mais daté et inadapté, pour être trop adapté, dans sa langue et ses prescriptions, à un lieu et à un public précis.
Pour autant, le plaidoyer-réquisitoire de Humbert sur le livre ne se réduit pas à la réitération de prescriptions et de proscriptions d’Ancien Régime, à quoi s’accroche, parmi d’autres anciennetés, un clergé désemparé, en quête de rempart, de digue, de barrière ; car, contre toute apparence, il marque une inflexion dans le discours clérical. À la fois héritier et précurseur, il introduit, sans le vouloir et sans davantage l’avouer, dans le rapport ambigu de l’Église et de l’imprimé, une novation promise à un bel avenir. L’épisode désolant d’Euphrosine glace d’effroi et, mieux qu’un discours austère et raisonneur, le récit de la descente aux enfers d’une fille « sage », par son sexe plus portée à la consommation des fictions82, prouve l’absolue nocivité de la fréquentation des mauvais livres. Mais, par le recours, à des fins apologétiques, à une narration à l’issue très lisible dès le commencement, Humbert, prêtre d’expérience et de terrain, conscient du pouvoir d’une histoire sur les jeunes, les femmes et un large public, satisfait, chez ses lecteurs, l’appétit de sentiment et d’émotion et ouvre la voie à la fiction édifiante83, auxiliaire de la morale et de la doctrine catholiques, initiée par le clergé dans les années 1830, instrumentalisant le roman pour le retourner contre le roman84. Le livre est-il bon ? Est-il mauvais ? S’interrogeant sur l’efficacité pastorale d’une vision manichéenne de l’imprimé, au versant négatif de plus en plus manifeste, jusqu’à la hantise et à l’obsession, l’Église passe d’une opposition frontale aux mauvais livres et d’une condamnation radicale de la fiction à un aggiornamento, certes limité, auquel le missionnaire de Beaupré, conservateur excédé mais pragmatique, n’est, en fin de compte, pas tout à fait étranger.
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1 Voir les perspectives tracées par Jean-Yves Mollier, « Du bon et du mauvais usage des “bons” et des “mauvais” livres en France, des Lumières à Internet », dans Cahiers de l’Association internationale des études françaises, n° 54, 2002, pp. 347-359, et par Dominique Julia, « La censure catholique des lectures », dans Marc Venard, Dominique Julia, éd., Sacralités, culture et dévotion. Bouquet offert à Marie-Hélène Froeschlé-Chopard, Marseille, La Thune, 2005, pp. 338-344. En dernier lieu, Gisèle Sapiro, La Responsabilité de l’écrivain. Littérature, droit et morale en France (XIXe-XXIe siècle), Paris, Seuil, 2011, pp. 60-67.
2 Pierre-Hubert Humbert (Vanclans, paroisse de Nods, 1686-Beaupré, 1778) : Feller et Pérennès, t. VI, 1834, p. 410. Michaud, t. XX, 1858, p. 147-148 (Charles Weiss). DS, t. VII1, 1969, col. 1116-1118 (Paul Viard). DHGE, t. XXV, 1995, col. 366. Jean-Baptiste Bergier, Histoire de la communauté des prêtres missionnaires de Beaupré et des missions faites en Franche-Comté depuis 1676 jusqu’en 1850, Besançon, Cyprien Monnot, 1853, chap. XIX, pp. 186-252, en part. pp. 219-221 (ci-après Bergier). Michel Vernus, « Pensées sur les plus importantes vérités de la religion et sur les principaux devoirs du christianisme du Père Humbert (1750) », dans Annales de l’Est, janv.-juin 2000, pp. 133-145. Philippe Martin, Une Religion des livres (1640-1850), Paris, Éd. du Cerf, 2003, p. 442-443. En réalité, l’évêque de Toul, Claude Drouas, recommande les Instructions sur les principales vérités de la religion et sur les principaux devoirs du christianisme (À Toul, Chez Joseph Carez, 1768), et non les Instructions chrétiennes pour les jeunes gens. Voir aussi ibid., pp. 111, 160, 200, 460 et 510.
3 Michel Vernus, « La diffusion du petit livre de piété et de la bimbeloterie religieuse dans le Jura (au XVIIIe siècle) », dans Actes du CVe congrès national. des sociétés savantes. Caen, 1980. Section d’histoire moderne et contemporaine, t. I, Paris, CTHS, 1983, p. 139.
4 « Notice sur la vie du P. Humbert », dans Pierre-Hubert Humbert, Instructions sur les plus importantes vérités de la religion et sur les principaux devoirs du christianisme, nouv. éd., Lyon, Librairie eccl. de Rusand, 1835, p. III.
5 Bergier, ouvr. cité, p. 195 (calvinistes : montagnes du Doubs ; Morteau, 1738), 212, 237 (jansénisme).
6 Attribuées à Pierre-Hubert Humbert par Barbier (Dictionnaire des ouvrages anonymes, 3e éd., t. II, Paris, 1874, col. 944) et par Quérard (La France littéraire, t. IV, Paris, Firmin Didot frères, 1830, p. 160). Éd. utilisée : Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, utiles à toutes sortes de personnes ; mêlées de plusieurs traits d’Histoires et d’Exemples très-édifians. Par un Docteur en Théologie, nouv. éd., Avignon, Antoine Aubanel, 1797, XXIV-231 p., 1re éd. des Instructions chrétiennes pour les jeunes gens : 1740 [Lettre pastorale d’Antoine-Pierre de Grammont, archevêque de Besançon, 2 août 1740 ; « Approbation » signée P. Hermain, Paris, 7 sept. 1740, dans Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, nouv. éd., Toulouse, 1804, pp. VI-VIII].
7 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, ouvr. cité, « Avertissement », p. IV.
8 Charles Gobinet (Saint-Quentin, 1614-Paris, 1690) : Michaud, t. XIII, 1816, p. 558. DS, t. VI, 1967, col. 543-545. DBF, t. XVI, 1985, col. 392-393. Ernest Berlemont, « Charles Gobinet, premier principal du Plessis-Sorbonne. Sa vie, ses ouvrages pédagogiques (1614-1690) », dans Mémoires de la Société académique (…) de Saint-Quentin, 1890, pp. 293-331. Pierre Feret, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, t. IV, Paris, Picard, 1906, pp. 409-416.
9 Charles Gobinet, Instruction de la jeunesse en la piété chrétienne, tirée de l’Écriture Sainte et des Saints Pères, Paris, François Le Cointe, 1655. Édition utilisée : Instruction de la jeunesse sur la piété chrétienne, Rheims, Bigot, 1809, XII-468 p. Joël Fouilleron, « Le jeune chrétien et le livre. La leçon à succès d’un pédagogue (XVIIe-XXIe siècle) », dans J. Fouilleron, Henri Michel, éd., Mélanges à la mémoire de Michel Péronnet, t. I, L’Église, Montpellier, Pr. universitaires de la Méditerranée, 2007, pp. 413-459.
10 A. P., « Lettre pastorale de Monseigneur l’illustrissime et révérendissime archevêque de Besançon à son clergé », 2 août 1740, dans [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, ouvr. cité, nouv. éd., Toulouse, 1806, pp. VI-VII.
11 F. X. D. P. [François-Xavier de Feller], Dictionnaire historique, t. III, Augsbourg, Matthieu Rieger fils, 1782, p. 259.
12 Charles Gobinet, Instruction de la jeunesse, 2e partie, chap. XVI, « De la lecture des bons Livres », pp. 142-143.
13 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, ouvr. cité, chap. XXIX, « De la lecture des bons Livres », pp. 198-199.
14 Rien d’original dans ces conseils, répétés en amont (Joël Fouilleron, « Le jeune chrétien et le livre », art. cité) et en aval (Nicolas Jamin, Traité de la lecture chrétienne, Paris, 1774. Voir l’analyse de Dominique Varry, dans Sacralités, culture et dévotion, Marseille, [s. n.], 2005, pp. 299-308). Une approche d’ensemble dans Philippe Martin, Une Religion des livres, Paris, [s. n.], 2003, chap. X, « Lire pieusement », pp. 489-521.
15 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, ouvr. cité, chap. XXIX, pp. 199-200. Voir Anne-Marie Chartier, Jean Hébrard, dir., Discours sur la lecture (1880-1980), Paris, Centre Georges Pompidou. Bibliothèque publique d’information, 1989, pp. 15-16 et n. 3.
16 Bergier, ouvr. cité, pp. 235-236.
17 Voir Dominique Julia, « Lectures et Contre-Réforme », dans Guglielmo Cavallo, Roger Chartier, dir., Histoire de la lecture dans le monde occidental, Paris, Seuil, 1997, pp. 294-295 ; Yves Krumenacker, « Du prêtre “tridentin” au “bon prêtre” », dans Danielle Pister, éd., L’Image du prêtre dans la littérature classique (XVIIe et XVIIIe siècles), Bern, Peter Lang, pp. 129-131.
18 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, ouvr. cité, chap. XXIX, pp. 199-200.
19 [Lorenzo Scupoli], Combattimento spirituale ordinato da un Servo di Dio, Venezia, 1589 ; nouv. éd., Napoli, 1599.
20 Alonso Rodriguez S. J., Ejercicio de perfección y virtudes cristianas, Sevilla, [s. n.], 1609.
21 La vera sapienza, ovvero Considerazioni utilissime all’acquisto del timor santo di Dio, 1re éd. antérieure à 1677. Œuvre de Giampetro Pinamonti, publiée sous l’anonyme ; attribuée, dans ses traductions françaises, à Segneri (« Seignery » dans la liste de Humbert).
22 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, ouvr. cité, chap. XXIX, p. 200.
23 Le choix des huit « meilleurs livres pour les peuples » de Jean-Urbain Grisot, directeur au séminaire de Besançon (Instructions sur les fonctions du ministere pastoral, t. III, Avignon, Chambeau et Aubanel, 1803, p. 38 ; 1re éd. : Neufchateau, Monnoyer Père et Fils ; Toul, Carez, 1772) reprend cinq des titres conseillés par Humbert (l’Imitation, l’Introduction à la vie dévote, le Combat spirituel, le Guide des pécheurs et l’Instruction pour la jeunesse de « Gobiné ») ; l’abbé Grisot ajoute des vies du Christ et de la Vierge et complète sa liste par un petit livre sans nom d’auteur, œuvre collective de Humbert et des missionnaires comtois : Exercices de la vie chrétienne, où l’on donne des instructions abrégées pour remplir tous les devoirs de la religion, Besançon, Jean-Baptiste Charmet, 1750, VII-501 p. ; 1re éd., 1747 (approbation d’Antoine-Pierre II de Grammont, archevêque de Besançon, du 12 mai 1745), d’apr. Bergier, ouvr. cité, p. 211. Rééditions à Besançon en 1752, 1767 et 1839.
24 En un siècle, entre 1750 et 1850, les Pensées sur les vérités de la religion du même Humbert passent, grâce à de successifs réviseurs anonymes, de cent trente huit à cent quarante-sept chapitres (Bergier, ouvr. cité, p. 216). Une éd. lyonnaise des Pensées ou Instructions sur les plus importantes vérités de la religion (Lyon, Librairie ecclésiastique de Rusand, 1835) ajoute au chapitre LIII (devenu LV) écrit par Humbert, « Des mauvais livres », un chapitre LVI, « Des bons livres », absent des éditions publiées du vivant de Humbert.
25 [Nicolas Le Gros], Manuel du Chretien contenant le livre des Pseaumes, le Nouveau Testament et l’Imitation de Jesus-Christ, avec l’Ordinaire de la messe, Cologne [Utrecht ? ], Aux dépens de la Compagnie, 1740, [4]-96-336-118 p.
26 [François Cordier], Manuel chrétien pour toutes sortes de personnes, ou Heures nouvelles à l’usage de Rome et de Paris, nouv. éd., Paris, Ph[ilippe] Nic[olas] Lottin, 1721 (1re éd., Paris, Lambert-Roulland, 1690).
27 [Dominique de Colonia, S. J., Louis Patouillet, S. J.], Dictionnaire des livres jansénistes, ou qui favorisent le jansénisme, t. III, Anvers, Jean-Baptiste Verdussen, 1755, pp. 32, 36 et 37.
28 À l’exception de la réédition d’Avignon de 1837 : Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, nouv. éd. rev. et augm. par l’abbé J. S., Ancien Directeur du petit Séminaire d’Avignon, Avignon, Chez Laurent Aubanel, 1837, p. 164.
29 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, Saint-Malo, L.-H. Hovius, fils, 1801, chap. XXIX, p. 243.
30 S’agit-il du livre du père Joseph de Galliffet (1663-1749), Vérités importantes sur la fin de l’homme, publié à Lyon en 1734 ?
31 À moins d’être guidé par son confesseur, quelle instruction précise choisir ? Assez improbable, l’exigeante De la meilleure maniere d’entendre la Sainte Messe (Paris, Lambert Roulland, Hélie Josset, 1680, IX-308-[3] p.), du janséniste Nicolas Le Tourneux (1640-1686) ? L’Explication litérale, historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la Messe, suivant les anciens auteurs et les monuments de la plupart des Églises du monde chrétien (Paris, Florentin Delaulne, 1716, LVI-706-[26] p.), de l’oratorien Pierre Lebrun (1661-1729) ? Ou plutôt l’Instruction sur le S. Sacrifice de la Messe, avec des Exercices pour la bien entendre (Paris, H. L. Guérin, L. F. Delatour, 1763, VIII-383 p.), de l’abbé Denis-Xavier Clément (1706-1771) ? En l’une ou l’autre de leurs diverses rééditions. Sur les diverses instructions publiées pour bien suivre la messe, voir Philippe Martin, Le Théâtre divin. Une histoire de la messe, XVIe-XXe siècles, Paris, CNRS éd., 2010, pp. 337-340, et France Marchal-Ninosque, Images du sacrifice, 1670-1740, Paris, Champion, 2005, p. 198.
32 Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, Lyon, J.-B. Pélagaud et Cie ; Paris, Ve Poussielgue-Rusand, 1851, p. 195.
33 Développement pour les bons livres : 120 lignes chez Gobinet, Instruction de la jeunesse, 2e partie, chap. XVI, « De la lecture des bons livres », pp. 142-145 (53 %) ; 66 lignes chez Humbert, Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, chap. XXIX, « De la lecture des bons Livres », pp. 198-200 (30 %). Développement contre les mauvais livres : 108 lignes chez Gobinet, ouvr. cité, 2e partie, chap. XVII, « Avertissement contre les mauvais livres », pp. 146-148 (47 %) ; 156 lignes chez Humbert, ouvr. cité, chap. XXIX, « De la lecture des bons Livres », pp. 200-204 (70 %).
34 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, chap. XXIX, pp. 200 (deux), 201 (une) ; plus une dans l’« Exemple », p. 202.
35 Ibid., p. 201.
36 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, chap. XXIX, p. 200. Voir Véronique Costa, Le Livre romanesque au XVIIIe siècle et ses dangers : le péché de lecteur, thèse de doctorat, Université de Grenoble III, 1994.
37 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, chap. XXIX, « Exemple », pp. 201-204.
38 À l’appui de cette affirmation, le châtiment par la foudre des deux libertins insulteurs de leur curé, narré à l’appui du chapitre XLI, « Du respect qu’on doit aux prêtres », serait arrivé en 1800 à Gonsans, paroisse située à deux lieues de Nods, paroisse natale de Humbert (Bergier, ouvr. cité, pp. 219-220).
39 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, « Avertissement », p. V-VI.
40 « Exemple » de nocivité du mauvais livre reproduit, sans mention d’origine et à l’exception de l’épilogue, par Henri Lemaire, qui préfère conclure sur les regrets d’Euphrosine moribonde plutôt que sur son impénitence et la conversion de son ancien soupirant (Conseils d’un père à ses enfans, 2e éd., Paris, Belin-Le Prieur, 1833, pp. 224-226. 1re éd., Paris, Le Prieur, 1812). Par contre la réédition par l’abbé J. S. des Instructions chrétiennes pour les jeunes gens (Avignon, 1837), substitue à l’« exemple » d’Euphrosine, deux « exemples » jugés « plus convenables, vû la susceptibilité de ce siècle pervers » (« Avertissement », p. III ; pp. 163-165).
41 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, chap. XXIX, « Exemple », p. 202.
42 Ibid.
43 Ibid., pp. 202-203.
44 Ibid., p. 203.
45 Ibid., p. 203.
46 Ibid., pp. 203-204.
47 Charles Gobinet, Instruction de la jeunesse, ouvr. cité, 2e partie, chap. VII, p. 114 et chap. XVII, pp. 146, 147 et 148 ; 3e partie, chap. VIII, art. 4, pp. 230-231. Joël Fouilleron, « Le jeune chrétien et le livre », art. cité, pp. 438, 449. Gisèle Sapiro, La Responsabilité de l’écrivain, Paris, 2011, pp. 129-131. Humbert ne reprend pas la métaphore, souvent utilisée, de la peste (par exemple par Nicolas Thibaut, Prieres et instructions chretiennes, avec un abregé de l’Hisoire Sainte, nouv. éd., Sedan, Nicolas Renault, 1737, 1re partie, p. 329), mais son fugite implique, comme mode de propagation des mauvais livres, la contagion et son ordinaire thérapie : la fuite.
48 À Valogne en 1643 ; à Dijon en 1679 ; en Bohême aux XVIIe et XVIIIe siècles ; en Franche-Comté, à Poligny en 1748 (Bergier, ouvr. cité, p. 175) ; à Bourges et à Nevers en 1817. Voir Martyn Lyons, « Fire of expiation : book-burnings and catholic missions in Restoration France », dans French History, vol. X, n° 2, june 1996, pp. 240-266.
49 [Abbé Simon Cernay], Le Pedagogue des familles chrestiennes. Contenant un Recueil de plusieurs Instructions sur diverses Matieres (…). Recueilly par un Prestre du Seminaire de S. Nicolas du Chardonnet, Paris, Pierre de Bresche, 1662, p. 526.
50 Sur le recours des missionnaires au livre, voir Bernard Dompnier, « Les missionnaires des XVIIe et XVIIIe siècles, agents de la “fréquentation de l’écrit” », dans Alain Croix, André Lespagnol, Georges Provost, éd., Église, éducation, Lumières (…). Histoires culturelles de la France (1500-1830) en l’honneur de Jean Quéniart, Rennes, Pr. univ. de Rennes, 1999, pp. 99-105.
51 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions chrétiennes pour les jeunes gens, chap. XXIX, « Exemple », p. 204.
52 Vincent Houdry S. J., La Bibliotheque des prédicateurs, qui contient les principaux sujets de la morale chrétienne, mis en ordre alphabétique, 3e éd. rev., corr. et augm., t. V, Lyon, Freres Bruyset, 1733, pp. 541, 573 : « poison d’autant plus dangereux, qu’il est plus subtil, plus deguisé, composé avec plus d’art. »
53 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions sur les principales vérités de la religion et les principaux devoirs du christianisme, Castres, [s. n., 1789], chap. LIII, pp. 147 et 148.
54 Georges Minois, Censure et culture sous l’Ancien Régime, Paris, Fayard, 1995, pp. 186-188. « Mémoire au Roi, sur l’impression des mauvais Livres », 1765, dans Collection des procès-verbaux des Assemblées-Générales du clergé de France, t. VIII2, Paris, Guillaume Desprez, 1778, col. 463-466.
55 De même Vincent Houdry, La Bibliotheque des prédicateurs, t. V, Lyon, [s. n.], 1733, pp. 573-574.
56 [Pierre-Hubert Humbert], Instructions sur les principales vérités de la religion et les principaux devoirs du christianisme, Castres, [s. n., 1789], chap. LIII, p. 149 ; voir aussi p. 147.
57 Ibid., p. 204.
58 Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les sciences et les arts, 2e partie, dans Œuvres complètes, éd. Bernard Gagnebin, Marcel Raymond, t. III, Paris, Gallimard, 1964, p. 28 (« Bibliothèque de la Pléiade », 169).
59 Nicolas Jamin O. S. B., Traité de la lecture chrétienne dans lequel on expose des regles propres à guider les Fideles dans le choix des Livres, et à les leur rendre utiles, Paris, J.-Fr. Bastien, 1774, chap. II, « De la maniere de former une Bibliotheque », art. XV, p. 61.
60 De part et d’autre de la barrière confessionnelle, le livre est pointé, la main dans la main, par les catholiques et par les protestants : voir la dénonciation, dès 1707, de toute forme d’écrit par le pasteur calviniste Jean Frédéric Ostervald (Traité contre l’impureté, Amsterdam, [s. n.], 1707). Jean-Christophe Abramovici, Le Livre interdit. De Théophile de Viau à Sade, Paris, Payot, 1996, pp. 141-153, et « Le repérage du livre interdit au temps des Lumières », dans Censures et interdits, Rennes, Pr. univ. de Rennes, 1997, pp. 224-227.
61 Voir fig. 2 : « Les éditions françaises et étrangères des Instructions chrétiennes ».
62 Robert L. Dawson, The French booktrade and the “permission simple” of 1777 : copyright and public domain with an edition of the permit registers, Oxford, The Voltaire Foundation, 1992, pp. 514-516 (n° 506), 516-517 (n° 507) (« Studies on Voltaire and the Eighteenth Century », 301).
63 [Jacques Coret, S. J.], L’Ange conducteur dans la devotion chretienne reduite en pratique en faveur des ames devotes, 1re éd., Liège, [s. n.], 1683. Michel Vernus, « Un best-seller de la littérature religieuse : L’Ange conducteur (du XVIIe au XIXe siècle) », dans Transmettre la foi (XVIe-XXe siècle). Actes du CIXe congrès national des sociétés savantes (Dijon, 1984). Section d’histoire moderne et contemporaine, t. I-1, Pastorale et prédication en France, Paris, Éd. du CTHS, 1984, pp. 231-243.
64 Catalogue général des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, t. LXXIV, Paris, 1929, col. 1123-1137. British Museum. General Catalog of Printed Books, vol. XXXVIII, London, 1966, col. 1027 et 1143. The National Union Catalog. Pre-1956 Imprints, vol. CCLX, London, Mansell, 1973, pp. 61-62 ; NUC books, microfiches (États-Unis). Catalogues en ligne : CCFr., Sudoc, BNU Strasbourg, BCIU Clermont-Ferrand, Bibl. mun. Caen, Chambéry, Troyes ; Bibliothèque royale de Belgique, LIBIS, Anet, Universiteitsbibliotheek Gand (B) ; Radboud Universiteit Nijmegen, Universiteitsbibliotheek Utrecht, Stadsbibliotheek Maastrischt (NL) ; COPAC (Royaume-Uni) ; BVB, Dreiländer-Katalog (Allemagne) ; Helveticat (Suisse) ; Amicus (Canada). Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au XVIIIe siècle, t. VI, 1997, pp. 223 et 267 ; t. VII, 1997, pp. 114 et 156 ; t. XIV, 2000, pp. 94 et 206 ; t. XV, 2000, pp. 69 et 346.
65 Michel Vernus, « Pensées sur les plus importantes vérités », art. cité, pp. 133-134.
66 Antoine-Pierre II de Grammont, archevêque de Besançon (1735-1754) et Claude Drouas de Boussey, évêque de Toul (1754-1773), princes du Saint Empire.
67 Frédéric Barbier, Lumières du Nord, Genève, Droz, 2002, p. 398 (« Histoire et civilisation du livre », 25).
68 Même apogée, mais de moindre ampleur, pour l’Instruction de Gobinet. Voir fig. 1 et fig. 2. À comparer avec la fréquence des rééditions de deux best-sellers religieux recommandés par Gobinet et par Humbert : l’Imitation de Jésus-Christ, l’Introduction à la vie dévote de François de Sales (Claude Savart, Les Catholiques en France au XIXe siècle. Le témoignage du livre religieux, Paris, Beauchesne, 1985, pp. 207-209 et 210-212).
69 Instructionou christen evit an dud youanq…, Montroulez [Morlaix], [s. n.], 1828.
70 Parmi les quarante-six titres recommandés à Montpellier, en 1821, par les missionnaires de la Société des missionnaires de France, figurent l’Instruction pour les jeunes gens et les Pensées sur les vérités de la religion de Humbert (Journal historique de la mission donnée à Montpellier, Montpellier, Auguste Virenque, 1821).
71 Deux éditions connues au XVIIIe siècle : Québec, 1798, 1799 ; dix-sept au XIXe : Québec, [1800], 1802, 1807, 1827, 1831, 1843, 1859, 1863, 1887 ; Montréal, 1816, 1818, 1830, 1837, 1844, 1850 ; Trois-Rivières, 1836, 1842). Sur la vogue québécoise des Instructions chrétiennes de Humbert : Les Catéchismes au Québec (1702-1963), éd. Raymond Brodeur, Sainte-Foy, Pr. De l’Univ. de Laval ; Paris, Éd. du CNRS, 1990, pp. 20, 318 et 320.
72 Antoine-Pierre II de Grammont.
73 Instruction chrétienne pour les jeunes gens, Cadillac, Éditions Saint-Rémi, [2005], [14-]399-[7] p. Réimpression anastatique de la 7e éd. (Besançon, 1748).
74 Par exemple dans les réimpressions publiées à Limoges en 1831 (Barbou), à Apt en 1834 (Édouard Cartier), à Carpentras en 1841 (L. Devillario). Sur l’anonymat du livre de piété, Philippe Martin, Une Religion des livres, ouvr. cité, pp. 90-93.
75 Cinq éditions conservées sur onze demandes de permission simple (vingt si l’on rend à Gobinet les neuf demandes d’édition d’Instructions de la jeunesse que Dawson attribue, à tort, à Humbert (The French booktrade, ouvr. cité, pp. 516-517).
76 Sur la base d’un tirage moyen de mille exemplaires par édition, la seule première partie de l’Instruction de Gobinet (abrégés compris) dépasserait avant 1800 les 140 000 exemplaires (dont près de la moitié à l’étranger) et totaliserait environ 180 000 exemplaires (dont moins d’un tiers à l’étranger).
77 Cinq éditions conservées sur trente et une demandes de permission simple (Dawson, The French booktrade, ouvr. cité, pp. 516-517).
78 Sur la même base d’un tirage moyen de mille exemplaires, les Instructions chrétiennes de Humbert seraient tirées, avant 1800, à plus de 40 000 exemplaires (dont un peu plus de 20 % à l’étranger) ; à près de 300 000 (dont 19 % à l’étranger) après 1800.
79 Bergier, ouvr. cité, p. 216.
80 « Notice sur la vie du P. Humbert », dans Pierre-Hubert Humbert, Pensées sur les principaux devoirs des ecclésiastiques, Besançon, Impr. de J. Bonvalot, 1854, p. V.
81 [Adrien Sylvain], Le Livre de piété de la jeune fille au pensionnat et dans sa famille, 758e éd., Avignon, Aubanel ; Turnhout, Brepols, [s. d.], p. 373 (Premières éditions : 1869, 1873, 1891, 1892, 1893, 1894).
82 Le choix par Humbert d’une héroïne vient d’un constat fait par le confesseur : les jeunes filles éprouvent, pour la fiction, un attrait particulier qui fait d’elles des victimes privilégiées des mauvais livres. Voir Gérard Mauger, Claude F. Poliak, Bernard Pudal, « Lectures ordinaires », dans Bernadette Seibel, dir., Lire, faire lire. Des usages de l’écrit aux politiques de lecture, Paris, Le Monde-Éditions, 1995, pp. 34 et 57.
83 Loïc Artiaga, Des torrents de papier. Catholicisme et lectures populaires au XIXe siècle, préf. Jean-Yves Mollier, Limoges, PULIM, 2007, pp. 121-165.
84 Élie-Benjamin-Joseph Brun-Lavainne, sous le titre explicite de Suites funestes de la lecture des mauvais livres, recourt au roman (Lille, L. Lefort, 1829, 210 p. ; autres éd. : 1832, 1839, 1853) pour dresser un réquisitoire contre le roman, devenu l’unique livre dangereux et, par un moyen inauguré par Humbert dès 1740, poursuit une fin analogue : assurer le salut de lectrices et de lecteurs menacés par la perfidie des mauvais livres.