Le livre parisien en Hongrie et en Europe centrale (XVe-XVIIe siècles)
István MONOK
Professeur à l’université de Szeged, chaire d’histoire du livre et de bibliothéconomie
De premier abord on pourrait penser que l’expansion des produits d’un centre d’édition comme Paris est avant tout déterminée par les procédés utilisés par les commerçants du livre y résidant. Pourtant, cette hypothèse ne se vérifie pas, notamment à l’époque de la librairie d’Ancien Régime, et l’influence exercée par le livre parisien varie aussi en fonction de facteurs géographiques et politiques.
Entre deux pays que de longues guerres opposent l’un à l’autre, l’intensité des contacts culturels devrait être assez faible, y compris s’agissant de la communication entre les grandes figures de l’enseignement et de la vie scientifique, ecclésiastique et culturelle. La concurrence entre l’Angleterre et la France illustre le fait : elle est renforcée, s’agissant d’économie du livre, par la politique anglaise de fermeture du marché engagée au XVIe siècle, et par la mise en place du monopole de la Stationers Company1. Par suite, l’entrée de livres imprimés sur le continent s’est trouvée ralentie, tandis que la « librairie » anglaise conservait un caractère relativement traditionnel (du point de vue technique, aussi bien que s’agissant du contenu des ouvrages publiés).
C’est sur une voie diamétralement opposée que s’engagea la ville de Bâle, qui rejoint l’alliance des cantons suisses en 1501. Le Magistrat, dans le souci d’éviter toute intervention politique extérieure, instaure en effet une régulation de l’industrie du livre censée empêcher que les éditeurs ne participent aux controverses politiques et religieuses. La ville s’opposait à l’édition d’ouvrages non scientifiques donnés par des polémistes, et exigeait que les titres de théologie soient imprimés en latin, et non pas en langue vernaculaire. Cette politique a conduit à un essor spectaculaire d’entreprises comme celle des Amerbach, Froben, Oporin, Perna, Petri et autres, qui se sont spécialisé dans l’édition d’auteurs de l’Antiquité, de textes patristiques et d’œuvres des humanistes2.
La politique bâloise constituait une sorte de déclaration de guerre adressée à Paris, où les ateliers des dynasties de Bade, Estienne, Colines, Petit, etc., s’efforçaient aussi de réunir des cercles de savants permettant de donner les textes de références dans des versions de meilleure qualité. À Bâle comme à Paris, on était à la recherche des savants les plus familiers avec la tradition antique et médiévale, mais qui seraient aussi en mesure de produire une réflexion originale. A priori, la position de Paris était plus favorable, notamment grâce à l’université, mais Bâle bénéficiait de la proximité des territoires allemands et italiens où se trouvaient les meilleures bibliothèques (fournissant les manuscrits indispensables pour l’édition des textes). Par ailleurs, ces mêmes territoires étaient souvent engagés, par suite du durcissement des contraintes pesant sur la vie intellectuelle à cause de la Réforme, dans des politique poussant certains intellectuels à partir : en les accueillant, Bâle profitait évidemment de la montée des tensions.
Dans la seconde moitié du XVIe siècle, la concurrence entre les ateliers des différentes villes, dont Paris et Bâle, se manifeste le plus évidemment à l’occasion des foires de la librairie, à Francfort d’abord, puis à Leipzig3. Le livre parisien bénéficiait de perspectives tout autres d’expansion dans les territoires et dans les cours francophones, comme aux Pays-Bas à l’époque bourguignonne, puis espagnole, ou encore à Genève, et à l’époque où la langue française s’est imposée comme la koiné de la culture européenne, donc à partir des dernières décennies du XVIIe siècle.
Mais nous ne voulons pas nous borner ici à des considérations trop générales, mais illustrer par des exemples concrets l’idée selon laquelle l’expansion du livre parisien a à l’origine été conditionnée par le fait que l’université de Paris constituait l’un des centres majeurs de formation de l’intelligentsia européenne. Par la suite, le déclin de l’exclusivité du latin comme langue des échanges scientifiques a joué un rôle, de même que la situation confessionnelle contrastée entre Paris et le royaume de France, et un certain nombre de terres d’accueil. L’organisation du réseau des places de transmission, comme Bâle, Neuchâtel ou Heidelberg4, est un élément à prendre en considération, tandis que l’influence des courants intellectuels d’origine française (le jansénisme, le cartésianisme, les Lumières, etc.) s’articule avec l’élargissement du marché de livre. Enfin, le fait de privilégier ici les pays de l’Europe centrale permet d’illustrer le cas particulier d’une géographie que son éloignement isole davantage des courants de librairie venant d’Europe occidentale.
LE TEMPS DES TROUBLES
La géographie des marges orientales de la chrétienté traverse, à l’époque moderne (XVe-XVIIIe siècles) une période particulièrement difficile. À la fin du Moyen Âge, la Pologne et la Hongrie comptaient parmi les puissances européennes. On sait que leur déclin, dans la première moitié du XVIe siècle, s’explique d’abord par l’invasion turque. La Pologne y échappe pourtant, mais elle aura du mal à se relever après la guerre de Trente ans et, au XVIIIe siècle, son système politique la fera la proie des puissances voisines au cours de trois partages successifs. Les pays baltes sont d’abord soumis aux influences danoises, puis allemandes, et se tournent vers la Réforme au XVIe siècle. Mais ils passent au XVIIe siècle sous domination suédoise, avant d’être intégrés dans l’Empire russe. Pourtant, l’influence allemande y reste vive, aussi par la présence de nombreuses communautés germanophones, et l’allemand y conserve son rôle comme langue savante et comme langue écrite.
La Bohême conserve au XVIe siècle de très fortes traditions culturelles, et la culture de la langue nationale y a été renforcée grâce à l’action de Jan Hus. Au tournant des XVIe-XVIIe siècles, Prague fonctionne comme le centre politique de l’empire des Habsbourg : la présence du souverain et de son entourage est à l’origine de l’essor culturel de la ville, avec la multiplication d’établissements politiques, administratifs et culturels. La tentative de rompre avec les Habsbourg, avec la proclamation comme souverain de l’électeur palatin Frédéric V (1618), s’est avérée être une catastrophe : après la défaite, toutes les structures ecclésiastiques, mais aussi le système d’enseignement et les bibliothèques, sont le cadre d’une vaste politique associant le pouvoir impérial et la reconquête catholique. Pourtant, dans la seconde moitié du XVIIe et au XVIIIe siècle, la nouvelle aristocratie austro-tchèque joue à nouveau un rôle important dans la vie intellectuelle et artistique de l’Europe.
En Hongrie, la défaite de 1526 aboutit à la dislocation du royaume : la principauté de Transylvanie, d’abord vassale des Ottomans, puis principauté autonome au sein des territoires des Habsbourg, réorganise peu à peu sa structure étatique, et développe sa vie économique et culturelle. La Croatie reste un royaume associé à la couronne hongroise, mais est en guerre permanente contre les Turcs, qui tiennent l’ensemble des Balkans. La Hongrie royale ne représente plus qu’une barre de territoires gouvernés depuis Presbourg, et étroitement soumis aux Habsbourg. La reconquête sur les Turcs à partir des dernières décennies du XVIIe siècle s’accompagne partout de la montée en puissance de la dynastie impériale.
INSTITUTIONS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET GÉOGRAPHIE CONFESSIONNELLE
L’Europe centrale est sous-équipée en établissements d’enseignement supérieur : au XIVe siècle sont créées les universités de Cracovie, Prague, Vienne et Pécs (avec la seule faculté de droit), avant que les rois de Hongrie, de Pologne et de Bohême ne signent, à Visegràd (1435), plusieurs accords politiques et économiques et qu’ils ne décident du développement coordonné de leurs institutions culturelles. Si l’université de Pécs disparaît rapidement, les trois autres s’imposent comme de véritables centres de formation de l’élite intellectuelle de la région. Mais de nombreux étudiants choisissent toujours l’Italie, espace privilégié et quasi naturel des études humanistes5, et la peregrinatio Italica reçoit au XVe siècle sa formulation théorique. Quant à l’université de Paris, elle regagne en popularité dans le dernier tiers du XVe siècle, ce qui s’explique peut-être par le fait qu’en 1478 la censure est établie à Cologne : Paris accueille alors des étudiants polonais, tchèques et hongrois, en nombre cependant toujours limité.
Au XVIe siècle, la Bohême, la Moravie et la Hongrie passent majoritairement au protestantisme, lequel apparaît aussi dans les régions méridionales de la Pologne, sans pourtant s’y maintenir : c’est surtout l’église unitarienne qui fonde à Rakow un pôle intellectuel d’importance. À parti de cette date, et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, l’université de Paris, où le catholicisme se maintient constamment, perd logiquement de son influence, d’autant que la ville est considérée par les étudiants à la fois comme trop lointaine et trop chère6. Les protestants fréquentent le plus généralement Wittenberg, Heidelberg, et Bâle, puis les établissements des Pays-Bas, Leyde, Utrecht, Franeker, Groningen et Harderwijk. Quant aux catholiques, on les retrouve surtout à Cracovie et à Vienne, ainsi qu’à Padoue, Bologne et Rome. Des patronymes hongrois, polonais ou tchèques figurent dans les matricules de soixante-dix studia generalia et universités de toute la période moderne.
Pourtant, les étudiants ayant fréquenté des institutions où l’influence française se faisait sentir ont nécessairement rencontré les produits de la librairie parisienne, dont on trouve alors des exemples dans les bibliothèques de l’élite intellectuelle et aristocratique de la région. Cette influence était surtout propagée soit par un professeur ou savant de réputation internationale (comme Descartes à Leyde), soit par des huguenots réfugiés. Avant la promulgation de l’Édit de Nantes (1598) et après sa révocation (1685), de nombreux intellectuels français quittent leur pays, emportant leurs livres, mais contribuant aussi au transfert de réseaux entiers de la sociabilité savante. Ce n’est donc pas par hasard si, au tournant des XVIIe-XVIIIe siècles, l’université de Heidelberg a joué un grand rôle dans la transmission des idées et des livres français : c’est en effet à Heidelberg que se retrouvèrent les huguenots français, mais aussi les libres-penseurs italiens et anglais, ainsi que les luthériens hétérodoxes renvoyés de Wittenberg, avec leurs disciples, parfois originaires d’Europe centrale. Le « creuset spirituel de Heidelberg » a alors représenté l’idéal d’unité de l’Europe des intellectuels, où l’on prônait en philosophie le néo-stoïcisme chrétien, l’unio christiana en politique et un irénisme susceptible de rétablir la paix interconfessionnelle en théologie. Malheureusement, l’université de Heidelberg fut détruite au début de la Guerre de trente ans (en 1620), et la plupart des professeurs et des étudiants gagnèrent alors Franeker, où une nouvelle université venait être fondée. La deuxième vague des réfugiés huguenots ne s’orienta plus de manière privilégiée vers la Suisse et l’Allemagne moyenne, mais vers le nord, le Brandenbourg et la région de Berlin. Ils joueront un rôle majeur dans la propagation des idées des Lumières7.
Tandis que Paris ne s’écartait pas de la religion catholique, les rapports de force entre les diverses confessions restent très complexes dans toute la région de l’Europe centrale. Les pays baltes sont restés attachés d’abord au luthéranisme, même s’il se maintenait aussi une présence minoritaire de l’orthodoxie et du catholicisme. Pologne et Lituanie sont en revanche toujours des bastions du catholicisme, tandis que la Bohême et la Moravie subirent la reconquête violente de la Contre-Réforme après la bataille de la Montagne Blanche (1618). Ailleurs dans les possessions héréditaires de la maison d’Autriche, la question du protestantisme avait été réglée dès les années 1560-1570 : au Tyrol par exemple, les livres catholiques remplacent partout les livres protestants dans les bibliothèques familiales privées, tandis que les prédicateurs (et tous ceux qui avaient abjuré la foi catholique) sont chassés de Carinthie et de Styrie. Vienne chasse ses protestants dans le premier tiers du XVIIe siècle, une partie importante des réfugiés s’établissant alors en Hongrie occidentale. Si la Croatie ne s’écarta jamais du catholicisme, la majorité de la Hongrie et de la Transylvanie passe au protestantisme au XVIe siècle. La reconquête catholique s’y développe dans la seconde moitié du XVIIe siècle, avec des méthodes de conversion forcée, et en Transylvanie au XVIIIe siècle. Dans le même temps, les populations roumaines jusque là exclusivement orthodoxes se tournent aussi parfois vers l’Église catholique8. Enfin, bien entendu, les territoires balkaniques occupés par les ottomans sont la terre du christianisme oriental.
À la fin du XVIIe siècle, les Turcs sont éloignés de la frontière orientale de la Pologne et peu à peu expulsés du territoire hongrois, et la nouvelle situation géopolitique renforce généralement les positions catholiques. De nouveaux centres de formation destinés aux ecclésiastiques d’Europe centrale sont alors fondés à Vienne, à Bologne et à Rome, ce qui explique que l’élite intellectuelle ne pouvait rencontrer le courant théologique majeur, le jansénisme et les idées des Lumières françaises que de manière indirecte, par le biais notamment de certains auteurs de la philosophie allemande (Pufendorf, Wolff) ou des nouveaux courants de la théologie italienne (Muratori). La réception du cartésianisme illustre un phénomène analogue : les étudiants protestants venus d’Europe centrale sont en effet introduits aux idées de Descartes par les ouvrages des adversaires néerlandais du philosophe français, ou par les remarques acerbes de certains professeurs à son sujet. Ceci ne veut pas dire que certains étudiants ne se sont pas procuré les éditions parisiennes de Descartes, que l’on pouvait trouver dans les villes universitaires, même si le prix et la langue pouvaient constituer de sérieux obstacles.
La formation juridique et médicale se déroulait, tout comme l’enseignement théologique, dans les centres universitaires déjà cités. Quoique nous connaissions quelques étudiants polonais, tchèques et hongrois ayant obtenu leur doctorat en médecine à Montpellier, et quoique les matricules des universités de Paris et d’Orléans citent des noms d’Europe centrale, ces rares exemples n’autorisent pas à parler d’une présence importante d’étudiants venus de ces régions. En revanche, les ouvrages juridiques et médicaux publiés à Paris seront effectivement considérés par le public d’Europe centrale comme indispensables : la première, l’université de Selmecbánya (auj. Banska Stiavnica, Slovaquie), fondée en 1735, dispense une formation d’ingénieur pour les industries des mines et du bois, mais aussi un enseignement scientifique général de très haut niveau, et les responsables de sa bibliothèque sont attentifs à se procurer les travaux spécialisés publiés à Paris.
LES RÉSEAUX DU LIVRE
L’altérité confessionnelle et la question de la langue dominante, mais aussi l’absence de réseaux de professionnels du livre, constituent de fait des obstacles à la diffusion du livre parisien dans la région9. Jusque dans la première moitié du XIXe siècle, la langue de transmission de la culture en Europe centrale est toujours le latin, même s’il est de plus en plus concurrencé par l’allemand. Le latin reste par ailleurs la langue de l’administration en Pologne jusqu’au partage, et en Hongrie jusqu’en 1844. Malgré un succès croissant à partir de la fin du XVIIe siècle, le français touche d’abord les milieux de l’aristocratie et de la bourgeoisie, et il ne concurrencera jamais réellement l’allemand.
Se convertissant aux manières occidentales, le jeune aristocrate d’Europe centrale abandonne au XVIIe siècle le modèle de la peregrinatio academica, auquel la nouvelle génération préfère le Cavalier-tour, qui permet d’apprendre plusieurs langues étrangères (dont le français), de construire un réseaux de contacts personnels, et d’étudier la géographie, l’histoire, les sciences politiques et militaires, etc. Nous sommes bien devant un processus global d’acculturation, dont les frères Christophe et Paul Batthyány donnent un exemple dès les années 1650. Ils seront successivement imités par les jeunes Nádasdy, Esterházy et Széchenyi10. Dès lors, les éditions parisiennes se rencontrent en plus grand nombre dans les bibliothèques de la noblesse, où les textes français se présentent pourtant aussi en traduction allemande. La conjoncture favorable au français s’accélère au XVIIIe siècle, surtout dans la seconde moitié du siècle et sous Joseph II.
Mais la voie de transmission la plus efficace des transferts d’un pays à l’autre demeure celle de la librairie. Les contacts directs entre professionnels sont rares entre l’Europe centrale et la France à l’époque moderne : s’agissant de cette question, Frédéric Barbier décrivait la période antérieure aux années 1750 comme celle de « l’intermédiaire allemand », tandis que le siècle qui suit est introduit sous le titre de « Autour du livre : l’Allemagne des transferts », ce qui pose explicitement le problème des rétrostransferts et souligne la tendance à une intégration croissante11. Mais bien d’autres intermédiaires que les intermédiaires allemands jouent aussi un rôle : le premier pôle est, comme nous l’avons dit, celui de Bâle, que suivront Strasbourg et Heidelberg, puis Genève, Francfort-s/Main, Leyde et les autres villes des Pays-Bas. Enfin, il ne faut pas négliger Venise, Leipzig et Vienne.
LES HUNGARICA À PARIS
Passons maintenant à une série d’exemples plus ponctuels et d’éléments statistiques qui seront susceptibles d’étayer et de développer nos premières observations. Une partie importante de l’argumentation s’appuie sur l’exemple de la Hongrie historique, parce que la bibliographie nationale hongroise est peut-être la seule en Europe à rendre systématiquement compte de la parution à l’étranger des ouvrages des auteurs de Hongrie. La qualité de la documentation disponible12 facilite la tâche consistant à examiner le rôle de Paris comme lieu d’édition par rapport à cette géographie.
Jusqu’à la fin du XVIe siècle, nous avons recensé 1 811 publications données par des Hongrois à l’étranger, dont 51 seulement à Paris : 40 jusqu’en 1530, 4 de 1531 à 1550 et 7 dans la seconde moitié du siècle. Ce résultat semble très remarquable, si l’on considère que nous sommes dans une période de guerre ininterrompue entre les Hongrois et les Turcs. Le XVIIe siècle s’inscrit dans une conjoncture bien plus médiocre s’agissant de Paris : sur 5 367 titres d’auteurs hongrois publiés à l’étranger, 16 seulement viennent de Paris (dont 12 après 1670). Le XVIIIe siècle voit s’ouvrir de nouvelles perspectives, soutenues par la fondation des universités de Nagyszombat (1643) et de Selmecbánya (1735), et par l’existence de plusieurs studia generalia. Mais les effectifs des étudiants inscrits à l’étranger sont en baisse, tout comme celui des publications d’auteurs hongrois : 4 673 titres sortent en effet à l’étranger, dont seulement 46 à Paris. Cette conjoncture se retrouve pour les titres non plus d’auteurs hongrois, mais concernant la Hongrie : 2 643 titres sortent jusqu’en 1700, dont 56 à Paris. En règle générale, on peut dire que ces éditions ont vu le jour lorsque les intérêts politiques du roi l’exigeait (qu’il s’agisse de son combat contre l’Empereur ou de ses rapports avec les Turcs). La fréquence de parution des livres s’accroît lorsque les Hongrois en guerre contre les Habsbourg demandent l’aide de la France, ou lorsqu’il existe une alliance chrétienne contre les Turcs (comme dans les années 1660-1690).
Passons à une analyse plus précise de ces volumes. Notons d’abord que ce ne sont pas les spécialistes de premier ordre de telle ou telle question qui seront publiés à l’étranger, mais bien plutôt des auteurs disposant d’une certaine érudition générale, et qui peuvent présenter leur thèse devant un public médiocrement informé. À la fin du XVe et au début du XVIe siècle, trois d’entre eux jouissent d’un succès international certain, Osvaldus de Lasko, Pelbartus de Temesvar et Michael de Hungaria, dont deux sont publiés à Paris. Les Sermones tredecim du dominicain Michael de Hungaria, après quatorze éditions aux Pays-Bas, à Cologne, à Lyon et à Strasbourg, sortent à Paris chez Pierre Levet en 1497. La version originale et son adaptation (sous le titre de Evagatorium Benemii) ont connu 31 éditions au tournant du siècle : après Levet, nous connaissons plusieurs éditions parisiennes chez Jean Petit (1505, 1510, 1518, 1519), puis chez François Regnaud (1515, et six autres éditions)13. Le souci d’intelligibilité qui était celui de l’auteur explique que ces textes inspirent souvent d’autres ecclésiastiques préparant leurs propres sermons. Le franciscain Pelbartus de Temesvar est lui aussi l’auteur d’un recueil de sermons, le Pomerium sermonum, dont nous connaissons cent éditions à travers l’Europe14, parmi lesquelles cinq chez Jean Petit (toutes en 1517) et quatre chez François Regnaud (en 1521). D’autres auteurs hongrois sont encore publiés à Paris au début du XVIe siècle : Georges d’Esclavonie rédige son traité du « Château de virginité »15, sorti en 1505 chez Antoine Vérard et l’année suivante chez Johann Trepperel. Nous devons aussi citer la parution en 1571 du commentaire sur l’Apocalypse de Jean (Michael Julianus) composé par Gergely Gyöngyösi, alias Georgius Coelius Pannonius, moine paulinien16.
La découverte des Amériques et ses suites jusqu’à la circumnavigation de Magellan eurent rapidement un grand écho dans le monde contemporain de l’imprimé. L’un des commentateurs de cet événement fut un jeune homme d’origine présumée hongroise, qui faisait partie de l’entourage de Charles Quint et que la recherche connaît sous le nom de Maximilianus Transilvanus. Ayant rencontré en Espagne les navigateurs de 1522, il rédige un compte rendu de leurs récits, le De moluccis insulis, publié à Cologne en 1523 et bientôt traduit en italien et en espagnol. Le fait qu’une édition latine du texte a rapidement vu le jour chez Petrus Viart (1523) n’a donc rien d’étonnant17. L’édition par Michel Vascosan, en 1552 d’un discours (Oratio) philosophique composé par un Hongrois étudiant à Paris, Imre Kolozsvári (qui dédie son livre au cardinal Jean du Bellay) ne reflète pas non plus un quelconque intérêt à l’égard de la Hongrie18.
Dans les années 1560, lors de son séjour en Hongrie, Nicasius Ellebodius avait réuni les écrits de l’évêque Nemesius en vue de leur publication (De natura hominis liber unus). Ces textes virent le jour à Paris environ un siècle plus tard, en 1654, dans la Magna bibliotheca veterum patrum et antiquorum scriptorum ecclesiasticorum (Billaine, Pigit, Léonard) préparée par Margarinus de La Bigne19. Melchior Inchofer est quant à lui un jésuite de Graz, et l’auteur de la première histoire ecclésiastique de la Hongrie. L’ouvrage conçu dans un esprit très anti-Habsbourg fut publié grâce à l’intervention efficace des jésuites français20. C’est grâce à ses contacts parisiens qu’Inchofer fut aussi invité à publier le De sorcarticorum epistolis de Leo Allatius, dans le cadre de la grande édition des Socratis Antisthenis et aliorum Sorcarticorum epistolis de Sébastien Cramoisy (1637)21. L’humanisme hongrois du XVIe siècle fut aussi représenté dans l’édition parisienne par des érudits de renom international. Si Berzeviczi Márton ne se fit remarquer que par son oraison funèbre prononcée à la mort de Ferdinand Ier (1564)22, il convient de citer les traités de médecine composés par Joannes Manardus et édités en 1528 chez Chrétien Wechel23. Mais les deux éditions les plus importantes, dans ce cadre, sont celle des Œuvres de Sénèque par Matthaeus Fortunatus (Michel Vascosan, 1539)24, et celle de Dioscorides par Johannes Sambucus (veuve d’Arnold Birkmann, 1549, puis Claude Baal, 1585)25.
Un traité de l’imitation cicéronienne est aussi donné par Sambucus, le De imitatione Ciceroniani dialogi tres, sort encore en 1561 (Aegidius Gorbinus)26, et connaît un certain succès. Sambucus (Janos Zsámboky), historiographe officiel de l’empereur, disposait pour son travail à Paris d’une des plus riches collections de manuscrits de son temps, et la bibliothèque du Musée Condé à Chantilly conserve un exemplaire d’une édition vénitienne d’Hippocrate (1526) qu’il a lui-même corrigé sur la base d’un manuscrit qu’il avait consulté à Fontainebleau27. Pendant vingt-deux ans, Zsámboky a parcouru l’Europe à la recherche de nouveaux manuscrits, et il est venu trois fois à Paris, en 1551-1552, puis en 1559 et en 1561-1562 – il était notamment un familier des Estienne. Sa bibliothèque est bien connue grâce au catalogue de 1586, et nous savons que, lors de son premier séjour à Paris, Zsámboky acheta 138 ouvrages, soit textes d’auteurs classiques, soit écrits patristiques. Sur les 3 163 volumes constituant cette collection, on compte 403 éditions parisiennes, dont 99 en français28.
Ce qui intéressait vraiment le public français s’agissant de la Hongrie, c’est d’une part le problème turc, et d’autre part la question de savoir comment l’hostilité des Hongrois et des Tchèques à l’encontre des Habsbourg pourrait être exploitée par la diplomatie française. Les ouvrages publiés à Paris sur la question turque sont, à côté des éditions des classiques et de la patristique, ceux qui sont le mieux diffusés en Europe centrale : citons le Tractatus de Turcis (Henri Estienne, 1509, puis 1511), d’un auteur que la recherche hongroise connaît sous le nom de l’« Anonyme de Sebes »29 ; un autre traité anonyme intitulé Thurcice spurcitiae et perfidiae suggillatio (Josse Bade, 1514)30 ; et surtout plus de cinquante éditions du De Turcarum moribus epitome, de Bartholomaeus Georgievics. Ce dernier titre sort en latin et en français chez Charles Langelier en 1545, puis en latin à deux reprises (1567 et 1568) chez Jérôme Mornef 31. Il sera traduit en français après l’expulsion des Turcs (Pierre Hérissant, 1695)32, et illustre ainsi l’intérêt de la diplomatie française à l’égard de la situation militaire en Europe centrale. Le danger turc fut clairement perçu très tôt par l’élite intellectuelle française, ce qui explique qu’en dehors des traités déjà mentionnés, les parisiens avaient aussi publié, en 1521, la lettre du roi Louis II de Hongrie au pape, dans laquelle le monarque soulignait la gravité de la situation politique de son pays : nous en connaissons au total huit éditions (sept en latin et une en traduction française) entre 1521 et 1525. Après la mort du roi à la bataille de Mohács (1526), trois autres éditions sortent en 1527, et une en 152833.
Si les produits de l’édition humaniste parisienne parvinrent en nombre partout en Europe, une rupture se fait pourtant progressivement sentir : alors que les parisiens donnaient les textes préparés par les uns et par les autres, la majorité des auteurs publiés à Paris au XVIIe siècle est liée d’une manière ou d’une autre à la Sorbonne, et très peu d’auteurs y apparaissent, qui viennent d’Europe centrale. Les sujets susceptibles d’intéresser le public français étaient traités par les auteurs français, qui le cas échéant publiaient des documents provenant d’Europe centrale : Jean Le Laboureur édita ainsi des lettres amoureuses hongroises (« Histoire des Amours du comte et de la comtesse Vesselenyi ») pour « colorer » sa Relation du voyage de la reyne de Pologne, en 164734. En revanche, les événements majeurs survenus dans la seconde moitié du XVIIe siècle trouvèrent un écho relativement important dans l’édition parisienne : en 1671, l’empereur Léopold Ier fit exécuter les comtes croates Péter Zrínyi et Kristóf Frangepán, et le comte magyar Ferenc Nádasdy et, en 1673, commença le combat d’Imre Thököly contre l’empereur. Des lettres en connexion avec ces deux événements furent intégrés dans l’Histoire des troubles en Hongrie de Claude Vanel, rééditée en 1685, 1686 et 169035. Au tournant du siècle, toute l’Europe s’intéressait à l’insurrection de Ferenc Rákóczi contre le pouvoir des Habsbourg : la reconstruction la plus connue de cet épisode est donnée par Eustache Le Noble dans son Histoire du prince Ragotzi. L’œuvre, qui inclut une documentation originale importante, sort en 1707 et est aussitôt rééditée à trois reprises, dont une fois par Claude Cellier à la fausse adresse de Cassovie36.
ÉDITIONS PARISIENNES EN EUROPE CENTRALE
En Pologne, en dehors de la question turque, les lecteurs s’intéressaient surtout aux titres parisiens narrant l’aventure de Henri III à Varsovie et son retour non moins rocambolesque en France. Sur le marché du livre de Bohême, la demande en éditions parisiennes concerne surtout les travaux scientifiques, mais aussi les titres traitant des problèmes majeurs de l’époque, les Guerres de religion en France et l’expulsion définitive des Turcs.
L’exemple du comte hongrois Boldizsár (Balthasar) Batthyány peut être regardé comme idéaltypique des intérêts dominant pour la philologie biblique et pour les auteurs de l’Antiquité classique, mais aussi du rôle des liens personnels37 : cet aristocrate hongrois a en effet passé plusieurs années à la cour de France, il connaissait le français et il fut le premier hongrois à disposer dans sa bibliothèque des éditions de Rabelais et de Bodin dans cette langue. Batthyány avait rencontré André Wechel, imprimeur libraire huguenot réfugié à Francfort-s/Main. Ce dernier apparaît comme un personnage-clé dans le processus de transmission entre Paris et l’Europe centrale : c’est grâce à lui et à ses réseaux que le premier ensemble important d’ouvrages français est parvenu jusqu’aux lecteurs hongrois. Les contacts ont été maintenus à la génération suivante des Batthyány, la dernière génération protestante de cette famille : les gendres de Wechel, Jean Aubry et Jean Marne, fournissent en effet aux Batthyány les titres historiques de Martin du Bellay, Jean du Tillet, Vincent de la Loup ou August Ghislain de Bousbecq. Par contre, c’est en latin que les ouvrages historiques et philosophiques de Charles du Moulin et de Jean Jacques Boissard furent connus en Hongrie, toujours par Francfort, tandis que les écrits politiques, pédagogiques et militaires de François de la Noue étaient diffusés en latin, mais aussi en allemand.
Les titres de théorie politique, diffusés en langue et en édition françaises (parfois en traduction latine ou italienne donnée à Paris, mais plus souvent à Venise et à Rome), se rencontrent aussi dans les bibliothèques des aristocrates du bassin des Carpates. La politique européenne par rapport à l’Empire turc était liée aux projets d’unio christiana, ce qui explique qu’une attention particulière était donnée aux ouvrages historiques, historico-philosophiques et politiques écrits en France dans la première moitié du XVIIe siècle. Certes, seule une minorité suivait ces publications, mais c’était la minorité des responsables les plus importants de l’époque : ils lisaient non seulement les titres de Sully et de son frère Philippe de Béthune, mais connaissaient parfois aussi la correspondance de ce dernier, entre autres avec Gábor Bethlen, prince de Transylvanie. Les titres politiques de Jean de Silhon, de Nicolas Faret, d’Antoine Aubery, de Pierre Mathieu et de Gabriel-Barthélémy de Gramond étaient importants pour la pensée politique moderne, et nous les retrouvons non seulement dans la bibliothèque de Peter Pázmány, mais aussi chez la jeune génération d’hommes politiques qui l’entourait, notamment Miklós Zrínyi38 et Miklós Pázmány39.
LES ENSEIGNEMENTS DES COLLECTIONS D’AUJOURD’HUI : CE QUI SUBSISTE
Les villes produisant des ouvrages, ou par lesquelles transitaient les exemplaires exportés en Europe centrale étaient Venise, Vienne, Augsbourg, Nuremberg, puis Leipzig et Berlin. Les produits des ateliers parisiens, ville plus éloignée, ne parvinrent dans la région que lorsqu’il s’agissait des meilleurs livres dans leurs genres ou des livres traitant des sujets en rapport immédiat avec les intérêts spécifiques des lecteurs. Un rapide coup d’œil statistique sur le corpus des incunables nous permettra d’avoir une idée des dimensions du phénomène autour de 1500 : sur les 5 767 incunables recensés en Pologne, on trouve seulement 99 éditions parisiennes40. Les proportions ne sont pas plus favorables en Bohême : Prague, Olmütz, Pilsen et Brno (Brünn) possèdent 5 464 incunables, dont 28 sont édités à Paris41. Dans l’ancien royaume de la Hongrie historique42, nous trouvons 7 135 incunables, dont 76 éditions parisiennes. Précisons que, sur les 3 550 incunables conservés dans la Hongrie actuelle, 42 viennent de Paris, dont 39 publiés entre 1490 et 1500. À côté de huit titres de théologie proprement dite, les autres concernent des textes de patristique, de classiques de l’Antiquité ou d’humanistes contemporains.
Les statistiques portant sur les livres du XVIe siècle complètent ces premières informations : dans la première moitié du siècle, un grand nombre de publications parisiennes et lyonnaises arrive dans le bassin des Carpates. Les intermédiaires les plus probables sont les libraires de Bâle, de Nuremberg et de Venise, mais aussi ceux d’Anvers, de Malines et de Bruxelles. On sait que la reine Marie de Hongrie devient gouverneur des Pays-Bas en 1529, et la cour de Bruxelles s’impose alors comme pôle où se retrouvent nombre de figures originaires d’Europe centrale : leur présence aux Pays-Bas est un facteur important dans les transferts culturels d’une géographie à l’autre43. À Strasbourg, l’école de Johann Sturm jouissait d’une très grande popularité parmi les étudiants, hongrois, tchèques ou polonais, et les livres publiés dans cette ville parvinrent en Europe centrale avec une relative facilité44. À partir des années 1550, les contacts personnels se multiplient, notamment par suite du départ des huguenots après la Saint-Barthélemy (1572) vers la Suisse, le Palatinat et les grandes villes d’Allemagne du Sud. Un second facteur favorable concerne, une génération plus tard, les projets français visant à l’expulsion des Turcs, ainsi que l’essor de la littérature française de théorie politique45.
La collection Széchenyi, en Transylvanie, permet une analyse plus précise : la bibliothèque possède 3 002 imprimés du XVIe siècle, dont 102 sont édités à Paris46 : il y a très peu d’ouvrages de théologie, mais des éditions de la Bible et d’auteurs de l’Antiquité, neuf titres de patristique et dix de textes relatifs à l’histoire de France, le reste étant constitué surtout de droit et de médecine. La plupart des éditions sortent des presses de Josse Bade, Jean Petit, Robert Estienne, Frédéric Morel, Michel Vascovan et Chrétien Wechel. L’analyse du corpus de la Bibliothèque nationale Széchenyi confirme ces tendances : sur les 17 000 titres du XVIe siècle, 644 représentent des éditions parisiennes (dont 277 postérieures à 1550). L’analyse de contenu met en évidence une faible présence de la théologie (68 titres), mais 56 éditions de patristique. La rubrique la plus importante (227 éditions) relève de la philologie, avec les éditions des auteurs antiques et de la Bible. Le droit et les sciences naturelles représentent 25 publications chacun, mais les ouvrages consacrés à l’histoire de France et à l’histoire contemporaine donnent 85 entrées, ce qui est un chiffre remarquable : il s’agit de traités consacrés à la question turque, aussi bien que de philosophie de l’histoire. Les humanistes français contemporains s’inscrivent pour 153 entrées, avec des titres de presque tous les membres de la « grande génération » des humanistes du début du siècle.
Quels enseignements d’ordre général peut-on tirer de ces analyses ? Tout d’abord, le fait que l’apogée européenne de l’édition parisienne concerne la période de 1490 à 1530, c’est-à-dire le temps de l’édition humaniste. Malgré la très forte concurrence des ateliers bâlois et vénitiens, les éditions parisiennes se diffusent alors partout, de l’Angleterre à l’Italie et jusqu’aux pays baltes. Une seconde vague concerne la philologie, et s’impose au milieu du XVIIe siècle, face à la concurrence de Rome et des villes des Pays-Bas. Parallèlement, l’intérêt constant pour l’histoire de France et pour l’histoire contemporaine soutient une diffusion, même limitée, des éditions parisiennes s’y rapportant47. Mais le véritable siècle d’or de l’expansion européenne du livre parisien sera indiscutablement le XVIIIe siècle des Lumières, et cela dans des domaines aussi variés que les controverses religieuses ou la littérature libertine48.
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1 Henry Stenley Bennett, English books and readers 1475 to 1557. Being a study in the history of the book trade from Caxton to the incorporation of the Stationers’ Company, Cambridge, New York, Cambridge Univ. Press, 1989, pp. 30-39.
2 Friedrich Luchsinger, Der Basler Buchdruck als Vermittler italienischen Geistes 1470-1529, Basel, Helbing und Lichtenhahn, 1953 ; Peter Bietenholz, Der Italienische Humanismus und die Blütezeit des Buchdrucks in Basel. Die Basler Drucke italienischer Autoren von 1530 bis zum Ende des 16. Jahrhunderts, Basel, Helbing und Lichtenhahn, 1959 (« Basler Beiträge zur Geschichtswisenschaft », 73) ; Manfred Edwin Welti, Der Basler Buchdruck und Britannien. Die Rezeption britischen Gedankenguts in den Basler Pressen von den Anfängen bis zum Beginn des 17. Jahrhunderts, Basel, Helbing und Lichtenhahn, 1964 ; Peter Bietenholz, Basle and France in the Sixteenth Century. The Basle Humanists and Printer sin Their Contacts with Francophone Culture, Genève, Droz, 1971 (« Travaux d’humanisme et renaissance », 112) ; Carlos Gilly, Spanien und der Basler Buchdruck bis 1600. Ein Querschnitt durch die spanische Geitesgeschichte aus der Sicht einer europäischen Buchdruckerstadt, Basel, Frankfurt am Main, Helbing und Lichtenhahn, 1985 (« Basler Beiträge zur Geschichtswisenschaft », 151)
3 István Monok, « La présence du livre français dans les lectures en Hongrie (XVIe-XVIIIe siècles) », dans Cahiers d’études hongroises, 14 (2007/2008) : Temps, espaces, langages. La Hongrie à la croisée des disciplines. Actes du colloque organisé pour le 21e anniversaire du Centre interuniversitaire d’études hongroises (2006), Paris, L’Harmattan, 2008, t. II, pp. 297-305.
4 Olga Granasztói, « Lecteurs hongrois de livres français. Diffusion et réception de la littérature française en Hongrie vers la fin du XVIIIe siècle », dans Frédéric Barbier, éd., Est-ouest : Transferts et réceptions dans le monde du livre en Europe (XVIIe-XXe siècle), Leipzig, Universitätsverlag, 2005 (« L’Europe en réseaux. Contributions à l’histoire de la culture écrite 1650-1918 – Vernetztes Europa. Beiträge zur Kulturgeschichte des Buchwesens 1650-1918 », vol. II), p. 247-262.
5 Márta Font, éd., Die Ungarische Universitätsbildung und Europa, Pécs, [s. n.], 2001.
6 Gabriel Astrik, The University of Paris and its Hungarian Students and Masters during the Reign of Louis XII and François Ier, Notre Dame (Indiana), Frankfurt a/Main, [s. n.], 1986.
7 Bálint Keserű, éd., Művelődési törekvések a század második felében. Herepei János cikkei [Ambitions culturelles dans la deuxième moitié du siècle. Articles de János Herepei], Budapest, Szeged, 1971 (« Adattár XVI-XVIII. századi szellemi mozgalmaink történetéhez » [Documents sur l’histoire des mouvements intellectuels aux XVIe-XVIIIe s.], 35), pp. 441-451 : sur les étudiants hongrois inscrits dans les universités étrangères.
8 Tibor Klaniczay, « Les intellectuels dans un pays sans universités (Hongrie, XVIe siècle) », dans Béla Köpeczi, Jacques Le Goff, éd., Intellectuels français, intellectuels hongrois, Budapest, Akadémiai Kiadó ; Paris, CNRS, 1985, pp. 99-109. Id., « Die soziale und institutionelle Infrastruktur der ungarischen Renaissance », dans Georg Kaufmann, éd., Die Renaissance im Blick der Nationen Europas, Wiesbaden, Harrassowitz, 1991 (« Wolfenbütteler Abhandlungen zur Renaissanceforschung », 9), pp. 319-338.
9 István Monok, « Les langues de la lecture dans la Hongrie moderne (1526–milieu du XVIIIe siècle) », dans Histoire et civilisation du livre. Revue internationale, 4, 2008, pp. 137-148.
10 Kálmán Benda, « La réunification de la Hongrie dans l’empire des Habsbourg », dans Péter Hanák, dir., Millénaire de l’histoire de Hongrie, Budapest, 1986, pp. 64-88. Katalin Péter, « L’âge d’or de la principauté de Transylvanie, 1606-1660 », dans Béla Köpeczi, dir., Histoire de la Transylvanie, Budapest, 1992, pp. 293-345. Ágnes Várkonyi, « Les dernières décennies de la principauté autonome, 1660-1711 », ibid., pp. 346-394. István Nemeskürty, Nous, les Hongrois. Histoire de Hongrie, Budapest, 1994, pp. 130-200.
11 Frédéric Barbier, « Histoire et civilisation du livre », dans Conférence d’ouverture de M. Jacques Le Rider. L’Europe et le monde germanique. 4 décembre 2000, Paris, École pratique des hautes études, 2001, pp. 21-32.
12 La bibliographie nationale rétrospective en Hongrie utilise les abréviations suivantes : RMK I : Károly Szabó, Régi Magyar Könyvtár I. kötet. Az 1531-től 1711-ig megjelent magyar nyelvű hazai nyomtatványok könyvészeti kézikönyve [Bibliothèque hongroise ancienne I. Bibliographie des livres publiés en Hongrie en langue hongroise entre 1531 et 1700], Budapest, 1879 ; RMK II : Károly Szabó, Régi Magyar Könyvtár II-dik kötet. Az 1473-tól 1711-ig megjelent nem magyar nyelvű hazai nyomtatványok könyvészeti kézikönyve [Bibliothèque hongroise ancienne II. Bibliographie des livres publiés en Hongrie en langue non hongroise entre 1473 et 1700], Budapest, 1885 ; RMNy : Régi Magyarországi Nyomtatványok, 1473-1600 [Imprimés anciens de Hongrie, 1473-1600], éd. Gedeon Borsa [et al.], Budapest, 1971 ; Régi Magyarországi Nyomtatványok, 1601-1635 [idem, 1601-1635], éd. Gedeon Borsa [et al.], Budapest, 1983 ; Régi Magyarországi Nyomtatványok, 1636-1655 [id., 1636-1655], éd. János Heltai [et al.], Budapest, 2000 ; PETRIK : Géza Petrik, Magyarország bibliographiája, 1712-1860 [Bibliographie de la Hongrie, 1712-1860], Budapest, 1888-1892, 6 vol. ; PETRIK pótlás VII. [Supplementa] : Magyarország bibliographiája 1712-1860. VII. kötet. Pótlások Petrik Géza “Magyarország bibliographiája 1712-1860.” című művéhez. 1701-1800 között megjelent magyarországi (és külföldi magyar nyelvű) nyomtatványok [Bibliographie de la Hongrie, 1712-1860, vol. VII. Supplément aux travaux de G. Petrik. Imprimés en hongrois publiés entre 1701 et 1800, en Hongrie et à l’extérieur de la Hongrie], éd. Lászlóné Bayer, [et al.], Budapest, 1989 ; PETRIK pótlás VIII. [Supplementa] : Magyarország bibliographiája 1712-1860. VIII. kötet. Függelék. Hazai 18. századi színlapok, gyászjelentések és szentképek bibliográfiája. Nyomda- és kiadástörténeti mutató az 1701-1800 között megjelent magyarországi (és külföldi magyar nyelvű) nyomtatványokhoz [Bibliographie de la Hongrie, 1712-1860, vol. VIII. Annexes. Bibliographie des affiches de théâtre, des faire-part et des images de dévotion. Index sur l’histoire de l’imprimerie et de l’édition pour les imprimés hongrois publiés entre 1701 et 1800, en Hongrie et à l’extérieur de la Hongrie], éd. Gedeon Borsa [et al.], Budapest, 1989.
13 Gedeon Borsa, Michael de Hungaria élete és művének nyomtatott kiadásai [La vie de Michael de Hungaria, et ses œuvres imprimés], Budapest, Borda, 1997.
14 Bibliographie complète dans RMK III.
15 RMK III, 5051 (Vérard) ; RMK III, 5055 (Trepperel).
16 RMK III, 609.
17 RMK III, 5123. Voir aussi A. Roesch, « Maximilien Transylvanus, humaniste et secrétaire de Charles Quint », dans Bulletin de la Classe des Lettres [de l’Académie royale de Belgique], 1928, t. XIV, pp. 94-112. Id., « Nouvelles indications concernant Maximilien Transylvanus », dans Revue belge de philologie et d’histoire, 1928, pp. 871-879.
18 RMK III, 405.
19 RMK III, 6333.
20 En premier lieu Jean Bourgeois (1604-1687).
21 RMK III, 6201.
22 RMK III, 540.
23 RMK III, 5157.
24 RMK III, 328.
25 RMK III, 386 ; seconde édition en 1585 : RMK III, 7434.
26 RMK III, 487.
27 Musée Condé, VI-V-006. Selon un amical renseignement de Madame Emmanuelle Toulet, conservateur en chef de la bibliothèque du musée Condé, le duc d’Aumale porte dans son catalogue la mention : « Les marges de cet exemplaire sont couverte de notules grecques ajoutées par le célèbre médecin hongrois Jean Sambuc, ami de Paul Manuce, ainsi que lui-même l’atteste en quelques lignes écrites en latin sur la feuille de titre et datées de l’année 1561. »
28 A Zsámboky-könyvtár katalógusa (1587) [Catalogue de la bibliothèque de Johannes Sambucus], éd. Pál Gulyás [et al.], Szeged, 1992 (« Adattár XVI-XVIII. századi szellemi mozgalmaink történetéhez » [Documents sur l’histoire des mouvements intellectuels aux XVIe-XVIIIe s.], vol. 12/2).
29 RMK III, 173.
30 RMK III, 194.
31 Langelier : RMK III, 5211, 5212 ; Mornef : RMK III, 562, 576.
32 RMK III, 7038.
33 RMK III, 5111, 5115, 5117, 5118, 5119, 5120, 5122, 5132, 5149, 5150, 5151, 5156.
34 Il est connue en trois éditions : RMK III, 7615, 7616, 7619.
35 RMK III, 6895, 6914, 6915, 6974, 7806.
36 RMK III, 7215, 7216, 7217, 7218.
37 István Monok, Péter Ötvös, éd., Bibliotheken in Güssing im 16. und 17. Jahrhundert, vol. II : István Monok, Péter Ötvös, Edina Zvara, éd., Balthasar Batthyány und seine Bibliothek, Eisenstadt, 2004 (« Burgenländische Forschungen », Sonderband XXVI).
38 Tibor Klaniczay, « Korszerű politikai gondolkodás és nemzetközi látókör Zrínyi műveiben » [La Pensée politique contemporaine et l’ouverture internationale dans les œuvres de Zrínyi], dans Béla Varjas, éd., Irodalom és ideológia a 16-17. századba [Littérature et idéologie aux XVIe-XVIIe siècles], Budapest, Akadémiai Kiadó, 1987, pp. 337-400.
39 Gábor Farkas [et al.], éd., Magyarországi magánkönyvtárak, II, 1580-1721 [Bibliothèques privées en Hongrie, II : 1580-1721], Szeged, 1992 (« Adattár XVI-XVIII. századi szellemi mozgalmaink történetéhez » [Documents sur l’histoire des mouvements intellectuels aux XVIe-XVIIIe s.], 13/2), pp. 43-51. Péter Ötvös, « Pázmány Miklós gróf könyvei » [Les Livres du comte Miklós Pázmány], dans József Jankovics, éd., Klaniczay emlékkönyv. Tanulmányok Klaniczay Tibor emlékezetére [Album Klaniczay], Budapest, 1994, pp. 344-364.
40 Alodia Kawecka-Gryczowa, dir., Incunabula quae in bibliothecis Poloniae asservantur, Wratislaviae, Varsaviae, Cracoviae, 1970-1993, 3 vol.
41 Jiři Louda, éd., Soupis prvotisku Universitní knihovny v Olomouci a její pobočky v Kroměříži, Praha, 1956 ; Vladislav Dokoupil, éd., Soupis prvotisku Universitní knihovny v Brně, Brno, 1970 ; Eva Klausnerová, Prvotisky státní vědecké knohovy v Plzni – Incunabula quae in Bibliotheca Scientiarum Publica Pilsnae asservantur, Plzen, 1990 ; Jitka Šimáková, Jaroslav Vrchotka, éd., Katalog prvotisku Knihovny Národniho Muzea v Praze a zámeckych a hradních knihoven v České Republice, Praha, KLP, 2001.
42 Géza Sajó, Elisabeth Soltész, éd., Catalogus incunabulorum quae in bibliothecis Hungariae asservantur, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1970, 2 vol. Imrich Kotvan, Incunabula quae in bibliothecis Slovaciae asservantur. Inkunábuly na Slovensku, Martin, Matica Slovenská, 1979. Petro Kulcsár, éd., Catalogus incunabulorum Bibliothecae Batthyányanae, Szeged, 1965. Elena Mosora, Doina Hanga, éd., Catalogul incunabulelor. Biblioteca Centrala Universitara Cluj-Napoca, Cluj-Napoca, Editura Dacia, 1979 ; László Fikk, Lajos Balázs, éd., Catalogus incunabulorum Bibliothecae Teleki-Bolyai, Catalogul incunabulelor din Biblioteca Teleki-Bolyai, Tîrgu Mures, 1971 ; Veturia Jugareanu, éd., Catalogul colectiei de incunabule, Sibiu, 1969 (Muzeul Brukenthal) ; Elena-Maria Schatz, éd., Catalogul colectiei de incunabule, Bucuresti, Biblioteca Natională a României, 1995 ; Elena-Maria Schatz, Robertina Stoica, éd., Catalogul collectiv al incunabulelor din România, Bucureşti, CIMEC, 2007 ; Josip Badalić, éd., Incunabula quae in populari re publica Croatia asservantur, Zagreb, 1952. Nous intégrons à la statistique les chiffres relatifs à Bucarest, parce que la capitale roumaine a accueilli en 1920 une grande partie des anciennes collections de Transylvanie.
43 Ghislaine De Boom, Marie de Hongrie, Bruxelles, 1956 ; Chancellerie de Marie de Hongrie. Inventaire analytique, par André Vanrie, Bruxelles, Archives générales du royaume, 1972 ; Laetitia Gorter van Royen, Maria van Hongarije, regentes der Nederlanden. Een politieke analyse op basis van haar regentschapsordonnanties en haar correspondentie met Karel V, Leiden, Rijksuniversiteit, 1995.
44 Sándor Eckhardt, Magyar szónokképzés a XVI. századi Strasszburgba [Formation des orateurs hongrois au XVIe siècle à Strasbourg], Budapest, 1944.
45 Robert Evans, The Wechel Press : humanism and calvinism in Central Europe, 1572-1627, Oxford, Past and Present Society, 1975.
46 Elisabetha Soltész, Catharina Velenczei, Agnes W. Salgó, éd., Catalogus librorum sedecimo saeculo impressorum, qui in Bibliotheca Nationali Hungariae Széchenyiana assservatur. Editiones non Hungarice et extra Hungariam impressae, Budapest, Országos Széchenyi Könyvtár, 1990, 3 vol.
47 Frédéric Barbier, éd., Est-ouest : Transferts et réceptions dans le monde du livre en Europe (XVIIe – XXe siècle), Leipzig, Universitätsverlag, 2005 (« L’Europe en réseaux. Contributions à l’histoire de la culture écrite, 1650-1918 – Vernetztes Europa. Beiträge zur Kulturgeschichte des Buchwesens 1650-1918 », II).
48 Olga Granasztói, « A Franciás műveltségű magyar arisztokrácia három különleges figurájának portréja könyvgyűjtő tevékenységük tükrében », dans Magyar Könyvszemle, 2000, pp. 43-70 ; Id., « A tiltott francia könyvek sorsa Magyarországon. Válogatás a cenzúrahivatal aktáiból » [Le sort des livres mis à l’index en Hongrie, Sélection des documents du bureau de la censure], dans Sic itur ad astra, 2000, n° 4, pp. 47-76.