Frédéric Duval, Lectures françaises de la fin du Moyen Âge : petite anthologie commentée de succès littéraires…
Paris, Droz, 2007, 474 p. (Textes littéraires français). ISBN 978-2-600-01097-9
Marie-Hélène TESNIÈRE
Paris
Sous le titre quelque peu ambigu de Lectures françaises de la fin du Moyen Âge paraît en réalité une anthologie ou, comme on disait autrefois, une chrestomathie de la littérature française des années 1350-1500. Elle s’adresse aux étudiants des universités et a de fait toutes les qualités requises pour ce faire. Elle intéresse l’histoire du livre en ce que pour la première fois est présentée de manière indirecte une sorte de répertoire des textes les plus « lus » à l’époque. S’il n’est pas exhaustif, loin s’en faut, il constitue toutefois avec sa quarantaine d’œuvres la bibliothèque idéale d’un prince à la fin du Moyen Âge. Au palmarès des œuvres les plus recopiées entre 1350 et 1500, signalons par exemple les traductions de la Consolacion de Boèce (170 manuscrits), le Testament de Jean de Meun (16 manuscrits) la Somme le roi de Frère Laurent, le Pélerinage de vie humaine de Guillaume de Digulleville (1re rédaction), l’un et l’autre connus par près de 80 manuscrits ; mais aussi la traduction des Facta et dicta memorabilia de Valère Maxime (60 manuscrits) ou encore la seconde traduction française du De Casibus virorum illustrium de Boccace par Laurent de Premierfait (70 manuscrits). L’auteur relève également à juste titre les éditions incunables qui existent concurremment aux manuscrits depuis le milieu du XVe siècle.
Mais peut-on parler de succès littéraires, comme le suggère le sous-titre de l’ouvrage ? Peut-on vraiment dire que ce sont les textes les plus « lus » à la fin du Moyen Âge ? Sans doute pas. Car l’auteur a omis de mentionner l’illustration parfois abondante qui accompagne le texte de ces manuscrits : elle est, à n’en pas douter, une des raisons du succès de ces copies en nombre, souvent luxueuses, car elle apporte au possesseur du manuscrit plus de prestige et sans doute plus de divertissement… que le texte lui-même.