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Paris, carrefour des langues et des cultures : Édition, presse et librairie étrangères à Paris au XIXe siècle

Diana COOPER-RICHET

Centre d’Histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

Si Paris est connue pour avoir été la « Capitale du XIXe siècle »1, la « Capitale de l’Europe »2, la capitale de la « République mondiale des lettres »3, et depuis peu la « capitale du théâtre »4, une ville vers laquelle accourent du monde entier tous ceux qui rêvent de consécration littéraire et de spectacles, elle l’est moins, voire pas du tout, pour avoir été, au cours de ce même XIXe siècle, un véritable épicentre d’édition et de mise en circulation d’imprimés de toutes sortes en langues étrangères. Ce territoire très particulier de l’histoire du livre et de la presse en France est demeuré en grande partie, et jusqu’à une date récente, une terra incognita négligée par la plupart des spécialistes. La production en langues étrangères est pourtant bien présente dans les archives, dans les catalogues et dans les collections françaises, tout comme dans la littérature. Mais ces documents, imprimés dans les idiomes les plus divers bien que conçus et fabriqués en France, principalement (mais pas uniquement) à Paris, par des libraires français installés dans cette niche commerciale originale ou par des ressortissants de nations voisines ou lointaines vivant dans la Ville Lumière, n’ont, semble-t-il, jamais été considérés comme pouvant représenter une précieuse partie du patrimoine éditorial national et, à ce titre, dignes d’être étudiés en tant que tels.

En dépit de l’absence de recherches et du silence des travaux, l’activité liée à l’édition d’ouvrages et de périodiques dans les différentes langues du monde est loin d’avoir été négligeable en France et à Paris. Plusieurs centaines de périodiques ont ainsi été publiés dans au moins, une dizaine de langues. Cette activité a occupé nombre d’hommes du livre dans les différents métiers qui sont les leurs – imprimeurs, libraires-éditeurs, maîtres de lecture, patrons de presse, journalistes et autres correspondants –, et intéressé quantité de lecteurs sur quasiment tous les continents, témoignant ainsi de l’importance et de la richesse de ce phénomène méconnu, tant en France5 qu’à l’étranger6, mais aussi des multiples transferts culturels auxquels il donna lieu un siècle durant. Il est aussi la manifestation de l’ouverture sur le monde de beaucoup de ceux qui œuvraient dans ce secteur. Encore ne faut-il pas oublier de mentionner le repli identitaire qui motiva un certain nombre d’entre eux, plus particulièrement parmi les exilés. Les raisons qui poussèrent des professionnels, mais aussi des amateurs, notamment étrangers, à mettre sur le marché français des imprimés dans une langue autre que la langue nationale, nonobstant l’étroitesse du lectorat, sont essentiellement de deux ordres : commerciales ou « communautaristes », tous partageant, à leur manière, une même volonté de contribuer à la circulation des idées et des connaissances.

Les études conduites à ce jour permettent de brosser un premier panorama général, bien qu’encore impressionniste sur bien des points, du monde du livre et de la presse en langue étrangère, dans la France du XIXe siècle. Il apparaît d’ores et déjà clairement que les livres ne sont pas toujours élaborés et mis en vente par les mêmes personnes ou par les mêmes maisons que les périodiques. Il est donc nécessaire d’envisager séparément les deux types d’imprimés, mais aussi d’établir des distinctions selon les langues, voire selon les genres de publications : presse de divertissement à l’intention des visiteurs étrangers, presse d’information générale, presse d’exilés politiques, ouvrages littéraires, guides de voyage ou encore lexiques et autres dictionnaires.

Siècle du journal, du développement de l’édition à grande échelle, des tirages importants et de l’explosion de la lecture populaire, le XIXe siècle a aussi été, sur la terre d’accueil que fut la France à cette époque, celui d’une large écoute des langues et des cultures, venues d’ailleurs, en version originale.

LA « LIBRAIRIE ÉTRANGÈRE », UNE NICHE ÉDITORIALE

Qu’ils soient Français ou étrangers – Anglais, Allemands, Espagnols ou Italiens –, les libraires-éditeurs qui, à Paris presqu’exclusivement, s’investirent dans la production et la commercialisation de livres en langues étrangères7 avaient, sans aucun doute, une claire conscience de l’étroitesse du marché sur lequel ils se lançaient. Dans le même temps, leur ouverture d’esprit et leur croyance dans le progrès étaient telles qu’ils étaient, sans doute aussi, en mesure d’anticiper les évolutions à venir – l’amélioration et la rapidité croissante des modes de transport, l’augmentation du nombre des voyageurs, le développement de l’apprentissage des langues, les bouleversements nationaux – qui leur permettraient de tirer profit de leur installation dans un secteur nouveau, et a priori risqué, du monde éditorial.

Les situations sont très différentes selon les langues dans lesquelles les ouvrages sont publiés. Faire essentiellement paraître des livres en anglais, comme les Galignani, ouvre tout naturellement sur un public plus large qu’en chinois ou en copte, comme s’y essayèrent les Dondey-Dupré. Les ouvrages dans les grandes langues véhiculaires du monde occidental – allemand, anglais et espagnol – sont commercialisés par un petit nombre de maisons, les langues mortes ou rares étant quant à elles le domaine de quelques spécialistes et, si la présence de livres dans des langues qualifiées aujourd’hui de «périphériques»8 attestent de l’audace, mais aussi de l’érudition de quelques éditeurs et d’un certain nombre de leurs clients, il ne faut pas se méprendre sur l’importance quantitative de ce phénomène. Il met, cependant, en évidence l’intensité de l’activité intellectuelle et culturelle cosmopolite dont Paris était le théâtre dès la Restauration, voire antérieurement si l’on considère le rôle précurseur joué par Théophile Barrois, dès la Révolution.

Ce sont les travaux, maintenant anciens, de Giles Barber9, puis de James J. Barnes10 qui, les premiers, s’intéressèrent à la publication d’ouvrages en anglais à Paris, plus particulièrement à la maison Galignani, et plus largement sur le continent, notamment à Bâle chez Tourneisen. Ces études pionnières ont ouvert la voie à d’autres recherches11, qui permettent de mettre en évidence l’importance de la pluri-activité développée au sein de la Librairie française, anglaise et américaine installée, dès 1800, rue Vivienne, par Giovanni Antonio Galignani, fraîchement arrivé d’Angleterre avec son beau-père, un certain Parsons, imprimeur de son état. Les deux hommes se lancent dans l’édition de livres, essentiellement des reproductions d’ouvrages récemment parus à Londres, dans la publication de nombreux périodiques, dans le commerce de librairie et de produits dérivés, notamment de l’encre anglaise, mais aussi dans le prêt de livres grâce à la riche Circulating Library, qui proposera bientôt à ses abonnés plus de 40 000 ouvrages en différentes langues. Galignani, père (mort en 1822) et plus tard ses fils, John William et Anthony, offriront aussi à leurs fidèles l’agrément de salons littéraires ouverts sur des jardins jusque tard dans la nuit, où l’on peut donner ses rendez-vous et recevoir son courrier tout en faisant usage du livre d’or pour faire connaître urbi et orbi sa présence dans la capitale.

Jusqu’en 1852, date à laquelle la France et l’Angleterre signent une convention bilatérale réglementant le droit d’auteur, les Galignani, le père et ses fils, piratent des ouvrages qu’ils font venir, le plus rapidement possible, le plus souvent en un seul exemplaire, du quartier des éditeurs londoniens à Saint-Paul, dans les bagages d’un voyageur ami ou de connivence12. Puis ils les contrefont en tirages de 500 exemplaires environ, quitte à les renouveler selon la demande, dans leurs propre imprimerie, où ils emploieront avant 1830 jusqu’à 100 ouvriers, tous anglais, ou chez Smith, autre imprimeur britannique de Paris, avant d’en faire la publicité, dans leurs catalogues spécialisés et dans leurs journaux. Ils les mettent ensuite en vente dans leurs magasins à des prix parfois trois à quatre fois inférieurs à ceux de leurs confrères d’outre-Manche, dans un format compact et sous une forme soignée, avec un appareil critique inexistant dans la version originale, des illustrations ou un portrait de l’auteur. Parmi les nombreuses activités de leur librairie, la production d’ouvrages originaux sera toujours marginale, réservée notamment à la publication des écrits du fondateur13 ou encore à celle de lexiques ou vocabulaires à l’usage des voyageurs, et surtout des fameux guides éponymes. Les guides Galignani14, loin d’égaler ceux de Carl Baedecker, de John Murray ou, plus tard, d’Adolphe Joanne, connurent cependant un succès dont leur longévité porte le témoignage. Commencés en 1814, ils furent mis sur le marché pratiquement chaque année jusqu’en 1900. La maison n’hésitait pas, en outre, à commercialiser des plans spéciaux à l’occasion des Expositions universelles15 ou encore des manuels destinés à aider les Anglais séjournant à Paris à occuper agréablement leurs soirées.

Cette maison, bien que de loin la plus importante dans le secteur de la librairie anglaise en France, n’est pas la seule. Quelques autres, tenues par des Français, tentent de rivaliser, voire de coopérer, avec elle : celles de Pierre-Fleurus Amyot16, Théophile Barrois17, Louis-Claude Baudry, Martin Bossange, Antoine-Augustin Renouard18, Étienne-Joachim Truchy, Louis Stassin et A. Xavier, mais aussi Treuttel et Würz19 à Strasbourg et à Paris sont, à des degrés divers, parmi celles-ci. Certaines d’entre elles ont fait l’objet de recherches permettant de mieux évaluer leur place au sein de la « librairie étrangère » en France, et plus particulièrement, celles partiellement dédiées aux ouvrages en langue anglaise. Grâce notamment aux travaux de Nicole Felkay20, celle de Martin Bossange et des ses fils, Hector et Adolphe, dont les succursales dans le monde entier ont fait de leur établissement l’une des librairies de commission internationale les plus importantes des premières décennies du XIXe siècle, est mieux connue. Implantés à Londres, à Montréal, à Mexico21 et dans bien d’autres villes du monde où ils font parvenir leurs ballots d’ouvrages, les Bossange sont au cœur du commerce mondial du livre. La Librairie Européenne de Baudry22 (Baudry-Dramard, puis Baudry-Mesnil) a, quant à elle, la particularité d’avoir été l’une des rares maisons à s’être maintenue dans le secteur de la «librairie anglaise», tout au long du siècle, y compris après la signature du traité de 1852, en publiant essentiellement des manuels d’apprentissage des langues et des lexiques à l’usage des écoles, collèges et lycées – comme l’ont été, au début du siècle, Stassin et Xavier, sur lesquels les informations sont encore rares.

Les ouvrages en anglais, essentiellement contrefaits, mis sur le marché dans la première moitié du XIXe siècle par ces différents libraires, parmi lesquels les Galignani occupent la place centrale, sont très variés. Outre les vocabulaires et autres livres de conversation, le théâtre de Shakespeare et les classiques, des «nouveautés » sont aussi en vente. La « Collection of Ancient and Modern British Authors » lancée conjointement, en 1830, par Baudry et Galignani, propose des romans de Fenimore Cooper, de Charles Dickens, de Maria Edgeworth ou de William Makepeace Thackeray. Les lecteurs français23, comme Stendhal, mais aussi et surtout les voyageurs ou résidents britanniques, de plus en plus nombreux à venir en France, ont donc à leur disposition un abondant assortiment de livres en anglais. Ils peuvent les acheter, mais aussi les lire sur place ; dans un certain nombre de cabinets de lecture, luxueux comme ceux de Bossange, Galignani ou Renouard, plus modestes comme ceux de Constant Letellier, de Paul Ledoux, de Madame Collie ou de Malvina Vermont24, voire emprunter pour une lecture à domicile.

Si la « librairie anglaise » a, sans aucun doute, été au cœur de l’ensemble formé par ce qui est improprement nommé la « librairie étrangère », puisqu’elle regroupe à la fois des éditeurs français et des étrangers25 mais a pour caractéristique commune de publier et ou de vendre, parfois dans le monde entier, des ouvrages dans des idiomes autres que le français, elle est loin d’avoir occupé tout l’espace de ce créneau particulier. La « librairie allemande » a fait l’objet de travaux importants. Avec Des Allemands dans l’industrie et le commerce du livre à Paris (1811-1870) étudiés par Helga Jeanblanc26 et La librairie allemande à Paris de 1860 à 1914 abordée par Isabelle Kratz27, mais aussi grâce aux nombreux travaux de Frédéric Barbier28, ce milieu singulier est désormais bien cerné. Au contraire de la librairie dite « anglaise », il est entièrement l’affaire de professionnels, comme Klincksieck, Vieweg, Carl Reinwald, Otto Lorenz ou Brockhaus et Avenarius, provenant des différents États germaniques et pour lesquels il s’agit essentiellement de représenter à Paris, par le travail dit de commission, les plus grands libraires-éditeurs allemands. Brockhaus et Avenarius rachetèrent à Bossange, en 1837, sa célèbre et luxueuse Galerie, près de l’arcade Colbert, dans le quartier du Palais-Royal, dans laquelle Martin, le fondateur, avait voulu installer son Musée Encyclopédique. Ces hommes du livre allemands sont les introducteurs, en France, de la longue tradition germanique dans ce domaine, et à ce titre d’authentiques passeurs culturels. Nombreux29 et expérimentés, les Allemands seront les médiateurs de la bibliographique scientifique30, mais aussi les introducteurs du livre d’art et de l’édition musicale31, qui comptera bientôt cinq professionnels d’origine germanique dans la capitale. Certains d’entre eux se spécialiseront, en France, dans la mise en circulation d’ouvrages historiques, linguistiques ou philologiques. Tous seront porteurs d’une conception noble et érudite du métier de libraire, l’Antiquar étant à leurs yeux bien plus qu’un simple bibliophile à la française, un fin connaisseur des cultures grecque et latine, de même que des éditions rares et anciennes, à l’instar d’un Antoine-Augustin Renouard.

La « librairie allemande » est donc beaucoup plus marquée culturellement et intellectuellement que ne l’est sa consœur anglaise. Bien que toutes deux authentiquement commerciales, leurs origines, leurs implantations et leurs modes de fonctionnement, tout comme leurs animateurs, sont très différents. Au sein de la première, ne travaillent que des « nationaux » qui, parfois ne sont que de passage en France afin de parfaire leur formation. Ils ne sont, le plus souvent, que les représentants de prestigieuses maisons germaniques, dont ils importent les livres en France, sans avoir à les publier sur place. La « librairie anglaise », quant à elle, sera dominée, le siècle durant, par une famille anglo-italienne dont le séjour en Grande-Bretagne n’aura été que de courte durée, mais dont l’ancienneté dans les métiers du livre, en Italie, remonte au XVIe siècle. Les quelques libraires-éditeurs français qui s’installent en partie dans la niche « linguistique » du marché, avant la crise qui sévira dans le monde du livre dans les années 1830 auront, pour la plupart d’entre eux, des activités parallèles dans le même secteur, plus particulièrement l’édition et le commerce de livres dans d’autres langues, y compris en français.

Si la « librairie espagnole » est aussi riche et active, elle le doit moins au marché de la péninsule Ibérique qu’à celui des pays hispano-américains dans lesquels des lecteurs, de plus en plus nombreux, souhaitent disposer de livres au goût du jour que leurs nations ne produisent pas encore en quantité suffisante. Les travaux de Jean-François Botrel ont beaucoup contribué à la connaissance que nous avons de l’existence et du fonctionnement des librairies hispaniques32, en France, au XIXe siècle, mais aussi de la circulation et de l’édition des imprimés en espagnol à la même époque. C’est ainsi qu’avant de s’associer avec un certain Bouret, Frédéric Rosa commença, au début du siècle par ouvrir, au Palais-Royal, un cabinet de lecture, puis en 1819 une librairie spécialisée dans les titres en espagnol. La Bibliothèque nationale de France conserve certains des catalogues de cette maison. Celui datant de 1824, compte plus de deux cents titres ; quarante ans plus tard, ce sont plus de mille titres qui sont proposés aux amateurs. Rosa y Bouret se chargent aussi, notamment dans les années 1830, d’exporter des livres vers l’Espagne et vers l’Amérique Latine.

Vicente Salva, dont la Librairie hispano-américaine a été ouverte en 1830 avec le soutien de l’un des fils Bossange, et la veuve Wincop qui, rue du Temple, veille sur les destinées de la Libreria americana dans laquelle, vers 1820, elle dispose de près d’une centaine de titres en espagnol, travaillent dans le même domaine. D’autres libraires-éditeurs parisiens peuvent aussi être considérés comme faisant partie de la « librairie espagnole », dans la mesure où ils mettent sur le marché, d’une manière ou d’une autre, des ouvrages dans cette langue : la sous-série Q10B de la BnF en conserve, d’ailleurs, les traces. Des maisons aussi peu connues et étudiées que celles de Jean-Frédéric Lecointe, d’Antoine Lasserre ou de Charles-Joseph Hingray offrent, dans les décennies 1830-1840, des listes impressionnantes d’ouvrages publiés dans la langue de Cervantès. Avec l’ouverture du marché hispano-américain, de nouvelles boutiques verront le jour au cours de la seconde moitié du siècle, comme celles de Doña Denné-Schmitz, 12 rue de Provence (succursale de Mellado à Madrid), de Manuel Medina, 24 passage Jouffroy (Librairia Española y Extranjera) ou de Le Clere y compañia, 27 rue Cassette, sans oublier l’Imprenta Española y Americana de Dubuisson, rue Coq Héron, laquelle se charge aussi d’imprimer en espagnol.

Des noms plus connus dans le monde de l’édition, scientifique notamment, comme ceux de Masson – ici Jean-René et fils –, mais aussi de Carlos Bailly-Baillière, neveu des éditeurs médicaux parisiens et quant à lui installé à Madrid et à Barcelone, sont présents sur le marché espagnol33. C’est encore le cas des frères Garnier34, qui possèdent une librairie espagnole sous le second Empire, rue de Lille, au siège de leur entreprise, et qui sont très actifs au Brésil dès 1844, d’où ils exportent des livres obscènes venus de France en direction des autres pays du continent sud-américain35. De nombreux autres professionnels participent à la diffusion de livres en espagnol. Baudry publie, de 1840 à 1872, une « Collecion de los mejores autores españoles », et reprendra, à Pillet Aîné, celle du « Tesoro del parnaso español » de Manuel José Quintana. Comme eux, Galignani consacre régulièrement certains de ses catalogues aux ouvrages imprimés dans cette langue. Tout au long du siècle, l’offre parisienne de littérature hispanique sera donc substantielle. Si elle s’adresse aux nombreux émigrés espagnols fuyant la censure et l’Inquisition dans un premier temps, il est clair que, sous le second Empire, elle s’oriente davantage vers les visiteurs et autres réfugiés latino-américains, cette « Bohème dorée » venue goûter au « Baiser de Paris » et avides de plaisirs et de culture européenne36.

Le marché parisien du livre est polyglotte et ne s’arrête nullement à l’offre d’ouvrages en anglais, en allemand ou en espagnol qui vient d’être esquissée : il est au contraire d’une richesse incomparable faisant de lui, très tôt sans doute, l’un des plus variés du monde37. Parmi les langues européennes, l’italien et le portugais38 figurent en bonne place. Galignani, par exemple, propose régulièrement des catalogues d’ouvrages dans la langue de ses ancêtres, et il n’est pas le seul. La « librairie lusophone », pour laquelle Victor Ramos39 a recensé 563 titres en portugais publiés à Paris entre 1797 et 1850, est le fief de quelques maisons, parmi lesquelles la plus importante est celle fondée par Jean-Pierre Aillaud. Si, au cours de la première moitié du XIXe siècle, Aillaud ne publie que 52 ouvrages en portugais, ce chiffre en fait déjà le premier éditeur lusophone de France. Pendant la même période, il s’est beaucoup investi au Brésil, notamment à Rio de Janeiro, où il s’est associé, à la fin des années 1820, avec Hector Bossange pour ouvrir une boutique. En 1844, il fait paraître un Catalogo dos livros portuguezes e latinos publidacos em Pariz par Jean-Pierre Aillaud comprenant vingt pages ; deux ans plus tard il en compte douze de plus, classés en « Livros de fundos », « Livros latinos adoptados para as aulas de Portugal e do Brazil », « Livros portuguezes publicados em Pariz » et « Livros portuguezes publicados em Portugal ». Cette présentation sera conservée dans les décennies 1850, 1860 et 187040. L’offre s’accroît progressivement témoignant par là-même de l’ampleur de la spécialisation lusophone de cette maison, mais aussi de l’existence d’une véritable demande.

D’autres, comme Rey et Gravier, proposent aussi, dès les années 1820, des titres en portugais41, mais également en italien. Leurs successeurs, Rey et Belhatte42, « Libraires de sa Majesté le Roi du Portugal », sont toujours actifs sur le même créneau en 1864. Bobée et Hingray, qui prendront la succession de Théophile Barrois et fils, offrent, dans les mêmes années, des livres en italien et en portugais, de même que Barrois43, Baudry44, Bossange45 et Dondey-Dupré46. La plupart de ces maisons disposent à la fois de leurs propres productions éditoriales, mais aussi de livres d’assortiment publiés ailleurs, principalement à Coimbra, à Lisbonne et à Londres. Le choix est donc relativement vaste : en supposant que ces ouvrages aient été tirés, en moyenne, à 500 exemplaires chacun, on peut estimer qu’au cours de la première moitié siècle, près de 300 000 exemplaires de titres en portugais ont été publiés à Paris. Si l’on y ajoute l’assortiment proposé par les libraires dans leurs catalogues, il est probable que près de 350 000 ont été mis en circulation, soit pour la totalité du siècle quelque 700 000, voire plus.

Mais c’est sans doute l’assortiment de livres, dans les langues rares, qui suscite le plus d’étonnement. Dès 181 , chez Barrois47, des titres en arabe, en persan, en turc, en grec moderne, en arménien, en japonais, en tatar, en mandchou et en chinois figurent sur les catalogues, tout comme des ouvrages dans les langues scandinaves, celtes et d’Europe centrale, donnant lieu, parfois, à la rédaction de catalogues spécifiques. Celui de juin 1815 ne propose, sur une dizaine de pages, que des titres en hollandais ; celui de juillet, uniquement des titres en arabe. Les Dondey-Dupré, Auguste-François le père et Prosper le fils, s’orientent vers les langues et les littératures orientales, avec des listes impressionnantes de titres en copte, hindou, malais, mongol, sanscrit, chinois et japonais48. Il semble que, dans la seconde moitié du siècle, les librairies Challamel, rue des Boulangers, et Benjamin Duprat, rue du Cloître-Saint-Germain, commercialisent l’essentiel des livres en arabe.

L’activité dans le domaine de la « librairie étrangère » a donc été soutenue, mais diverse, au cours du XIXe siècle. Il faut, d’abord, souligner que parmi les éditeurs français investis sur l’étroit créneau du livre étranger, un certain nombre ne survivront pas à la crise qui sévit dans le milieu de l’édition, au cours des années 1830. Ensuite, pour certaines de ses parts de marché, plus particulièrement dans la « librairie anglaise », il y a un avant et un après 1852. Avant, c’est le règne de la piraterie éditoriale dans un vide juridique que tout autorise et que rien ne vient gêner, sinon la concurrence de quelques confrères : les livres de Londres sont mis sur le marché continental avec une rapidité étonnante – trois jours – et repartent même, parfois, vers l’Angleterre, rivaliser avec la version originale, au grand dam des éditeurs anglais49. Après 1852, la situation devient très différente. La réglementation sanctionne désormais la contrefaçon, et celle-ci prend rapidement fin. Pendant quelques décennies, le nombre et le type de livres publiés en anglais à Paris seront très restreints. Il faut attendre la fin du siècle et l’arrivée d’éditeurs britanniques – Stead et Nelson – sur le sol français pour retrouver une activité aussi intense que dans les premières décennies du siècle, mais Nelson fait imprimer en Écosse et exporte sa production. La Guerre franco-prussienne de 1870 mettra un terme à l’activité des hommes du livre allemand installés en France. Quant à la « librairie espagnole », elle connaîtra un développement important, mais parallèle, dans le secteur de la presse au cours de la seconde moitié du siècle, tout comme la presse en anglais, d’ailleurs. A la fin du siècle, le paysage de la « librairie étrangère » n’est plus du tout le même, mais, on l’a vu, il faudrait encore connaître, dans le détail, les motivations réelles de la librairie arabe, hindoue, mandchoue ou chinoise de Paris avant de tirer des conclusions définitives.

UN CONTINENT INEXPLORÉ : LA PRESSE EN LANGUE ÉTRANGÈRE

Une cécité encore plus grande semble avoir régné, voire règne toujours, chez les historiens de la presse en France en ce qui concerne la publication sur le territoire national de multiples périodiques dans les langues les plus variées. Le tome II de l’Histoire générale de la presse française, qui couvre la période 1815-187150, période pourtant riche en journaux étrangers, n’aborde pas cette question ; quant au tome III51, qui va pourtant jusqu’en 1940, seul un petit paragraphe de dix lignes52 signale, entre Excelsior et les périodiques sportifs, l’existence de « quotidiens parisiens en langue étrangère ». Sont ainsi cités le New York Herald et son ancêtre, le Galignani’s Messenger, ainsi que le Pariser Zeitung (1902-1914) et le Parijsky Vestnik – Le Messager russe de Paris (1910-1914), quotidien communiste. Les recherches menées depuis quelques années, plus particulièrement sur la presse en anglais, en espagnol, voire en portugais, et pour les autres langues en se basant sur les travaux sur l’immigration, montrent qu’au moins, 450 à 500 périodiques en langue étrangère, et sans doute beaucoup plus, ont vu le jour, en France, au cours du siècle. Dans l’étude de ce XIXe siècle que certains considèrent comme le siècle de « la civilisation du journal »53, ce phénomène ne peut être occulté, car à côté des journaux imprimés en français fleurissaient de nombreux autres organes de tous types, publiés dans d’autres langues, pour d’autres lecteurs présents dans le pays ou vivant ailleurs, très loin parfois, en Asie ou en Amérique du Sud, et vers lesquels ces publications étaient régulièrement expédiées par bateau.

La presse en anglais – quelques 80 titres actuellement répertoriés54 – est la mieux connue55. Le quotidien Galignani’s Messenger56 a été célébré dans toute l’Europe par les élites cosmopolites, pour la qualité de son information et pour sa longévité – de 1814 à 1890 quasiment sans interruption. Paraissant six fois par semaine, sauf le dimanche, ce quotidien d’information générale puise l’essentiel de son contenu dans les journaux britanniques, mais aussi états-uniens et du reste du monde. Les Galignani, père et fils, après une lecture attentive de la presse internationale à laquelle ils sont abonnés et qu’ils mettent ensuite à disposition dans leurs reading rooms, travaillent essentiellement avec de la colle et des ciseaux. Ils n’auront quasiment jamais recours aux services de journalistes. Ils ont, par contre, des correspondants, d’abord bénévoles ou amateurs, puis plus professionnels. Ils s’inspirent des pratiques de Fleet Street qui, souvent, n’ont pas encore été adoptées à Paris : publicité précoce pour financer un journal qui ne tire quotidiennement qu’à 2000 exemplaires57, politique de diffusion par abonnement sur les cinq continents58, impression, vente et portage à domicile de deux éditions par jour pour des publics différenciés59.

Véritables patrons de presse, les Galignani n’en resteront pas là et ils se lancent, dès le début du siècle – dont la première moitié sera la période de leur apogée – dans la publication de revues et de magasines littéraires60 paraissant généralement le dimanche, seul jour de la semaine où le Messenger n’est pas mis sur le marché. The Monthly Repertory of English Literature (1807-1818) et Galignani’s Weekly Repertory or Literary Gazette and Journal of Belles-Lettres (1807-1823), matrices, par la méthode du coupé-collé, des publications à venir, comme le London and Paris Observer or Weekly Chronicle of News, Science, Literature and the Fine Arts (1825-1848), fournissent d’habiles montages d’extraits de revues littéraires britanniques : on trouve parmi celles-ci, The Edinburgh Review (1802), dont Giovanni Antonio Galignani vante la qualité, la nouveauté et l’impartialité dans la « Préface » du premier numéro du mensuel. Ce qui sort de l’imprimerie de la Librairie française, anglaise et américaine61 à Paris provient donc très directement de la presse britannique et, dans une moindre mesure, internationale, donnant ainsi un reflet assez fidèle de l’évolution de la vie politique – ce qui intéressera beaucoup les libéraux français sous la Restauration – mais aussi de la vie économique, artistique et littéraire en Grande-Bretagne.

D’autres journaux littéraires en anglais ont été publiés à Paris, le plus souvent de manière assez éphémère, tant il était difficile de rivaliser avec ceux des Galignani. Dans les années 1830, plusieurs tentatives ont été faites – comme celle de The English Literary Chronicle of Belles-Lettres, the Arts and the Sciences (1834) ou de The Paris Literary Gazette or Weekly Repertory of Belles-Lettres, Arts, Sciences and Literature of Great-Britain, America and France (octobre 1835-avril 1836) – sans grand succès. Il en fut de même pour les journaux d’information générale – de news –, qui ne réussirent que difficilement à exister à côté du Messenger qui occupait tout l’espace disponible pour un quotidien en anglais à Paris. Ni The London Express and Paris Advertiser (1829-1830), ni The Paris Herald, political, literary and commercial (1835), ni même The Metropolitan (1837) ou encore The Parisian Times (1846), ne purent, à l’époque, se tailler des parts sur le marché parisien. Plus tard dans le siècle, alors que le Messenger était en perte de vitesse, The Morning news. The latest telegrams of the day by special wire (1883-1890) dura un peu plus longtemps que ses prédécesseurs grâce, notamment, à la rapidité de son système d’information.

Des journaux en anglais survivent relativement longtemps en province, aux passages obligés pour les Anglais en route vers la capitale ou en séjour dans la région, et notamment dans les ports de la Manche, comme The Boulogne Telegraph, French, English, commercial, political and literary continental journal (181-1823). Des périodiques de ce type verront également le jour dans la seconde moitié du siècle, comme The Boulogne Messenger (1860) ou encore The French and English Sportsmen (1874-1876). Le même phénomène se produit ailleurs en France, sur la Côte d’Azur par exemple, à partir des décennies 1870-1880. The Nice Times (1870-1928) est un exemple de longévité : vendu sur la Promenade des Anglais, il bénéficiait d’une clientèle quasi captive, la colonie britannique qui hivernait sur la Riviera. Le Galignani’s Messenger n’avait-il pas lui-même ouvert un bureau dans cette ville ? Plus au sud, en Algérie, en Tunisie et dans le Bassin méditerranéen, Américains et Anglais pouvaient lire The Algerian Advertiser (1888-1897) et The Atlas (1892-1912). A Bordeaux, à la toute fin du siècle, ils disposaient de The Bay of Biscay. An English Journal of general information for tourists and residents in the South West of France and the North West of Spain (1899) et, en Bretagne, de The Breton-Britain and Normandy Gazette (1904-1906).

La presse en anglais ne se limite pas aux publications générales ou littéraires et culturelles. Toutes sortes de publications spécialisées ont été mises en circulation, notamment les ancêtres de Pariscope et de Time Out, des journaux fournissant des renseignements sur tous les divertissements disponibles dans la capitale. The Parisian Bell, or the Paris and London Advertiser (1842-1851), The Paris Register and Visitor’s Diary of all the Monuments, Museums and Amusements of Paris (1875-1876) ou Paris Weekly (1907-1914), version anglaise de La Semaine de Paris, furent de ceux-là. Mais pour qui veut apprendre l’anglais dans une revue, Robertson’s Magazine (1827-1835) est là. Pour se familiariser avec la médecine naturelle, The Homeopathic Bulletin (1839) est à même d’apporter son aide. Afin de connaître le milieu des chapeliers parisiens, c’est The Parisian Hatter or the Hatmaker’s Journal (1850-1853) qu’il faut lire ; par contre, si l’avancement et les difficultés des travaux du chemin de fer Paris-Rouen est ce qui motive le lecteur, c’est vers The British and Continental Railway Reporter (1844-1845) qu’il doit se tourner.

Dans la seconde moitié du siècle, certaines publications parisiennes en anglais ne s’adressent plus aux seuls ressortissants des Îles Britanniques : les Américains forment désormais un public cible. Certains journaux visent les deux lectorats, comme The English and American Intelligencer (1855) ou The Parisian. Parisian and Anglo-American bi-weekly news (1879-1884) ; d’autres uniquement les seconds, comme The Continental Gazette. An American Weekly Journal (1868-1869). Il existe aussi des publications bilingues comme ce Petit Courrier des Dames/ Fashion as it flies, or the Ladies little Messenger of Parisian Fashion (1823), ou encore des versions anglaises de revues françaises, comme The Parisian Chirurgical Journal (1792-1795), équivalent en anglais du Journal de chirurgie. Le maillage géographique et thématique de la presse en anglais, sans être universel, demeure étonnamment dense tout au long du siècle. Son étude mériterait d’être affinée, afin d’en dresser un tableau plus complet. Certains de ces organes, plus particulièrement le Galignani’s Messenger, ont eu précocement une conception globalisée de l’information à diffuser, et une volonté de faire circuler leur publication à travers le monde, d’aller au devant des lecteurs aussi loin soient-ils – en Chine, en Inde ou à Malte –, même si l’anglais n’est pas encore la lingua franca qu’elle deviendra par la suite.

L’offre de journaux en espagnol est à la fois riche et diversifiée, mais ne concerne – en l’état actuel de nos recherches – que la seconde moitié du siècle. Plus de 50 périodiques62 dans cette langue ont été publiés en France entre 1830 et 1914, dont beaucoup s’adressent à la clientèle plutôt hispano-américaine qu’espagnole, comme en témoigne le titre du plus important d’entre eux par sa longévité et son rôle dans la circulation de la littérature française de l’autre côté de l’Atlantique63. Le premier titre semble avoir été le bien nommé El Precursor. Periodico consagrado a la defensa de los interes politicos de los Españoles (1830). Mais, c’est El Correo de Ultramar, périodico politico, literario, mercantil e industrial (1842-1886) qui, comme le Messenger, règne sur la presse en espagnol. Ce journal, qui paraît cinq fois par semaine sur 12 pages, aura différents suppléments, comme la Revista literaria y de modas (1842-1886) ou encore La Moda del Correo de ultramar. Periodico de las novedades elegantes, destinado a las señores y señoritas (1869-1886), mais aussi une collection intitulée « Novelas selectas e ilustradas », dans laquelle sont publiés des romans-feuilletons français traduits en espagnol. C’est grâce à elle que les « romans pour journaux » de Pierre Zaccone, de Pablo (sic) Féval, d’Eugenio (sic) Richebourg, d’Elias (sic) Berthet et de beaucoup d’autres feuilletonnistes prendront le chemin de l’Amérique latine.

Les lecteurs du Barrio Latino parisien et leurs congénères restés en Argentine, à Cuba ou en Uruguay, peuvent lire bien d’autres publications parisiennes en espagnol. Pour ceux d’entre eux qui s’intéressent à la vie littéraire et artistique dans la capitale française, le Museo ilustrado est à leur disposition entre 1850 et 1852, de même qu’une version espagnole du Musée des familles : lectures du soir, Mundo pintoresco y literario (1849-1852). A la fin du siècle, c’est une véritable revue littéraire La Revista de America (1912-1914), forte d’une centaine de pages, qui sera lancée par l’intellectuel péruvien Francisco Garcia Calderon (1883-1953) pour présenter à l’Europe les écrivains et scientifiques latinoaméricains. Sont aussi disponibles des chroniques politiques – « nouvelles à la main » –, comme celles de la Correspondencia parisiense, politica, cotidiana (1853) – un journal ayant son équivalent en anglais et en italien –, ou du Correo de Europa. Correspondencia privada del teatro de la guerra, cronica politico y financiero (1870), dont l’unique sujet est la guerre franco-prussienne. El Correo part chaque jour par l’express pour l’Espagne et le Portugal, emportant en outre dans ses pages les cours des bourses de Paris et de Londres. Si les anglophones ont leurs revues médicales dans la Ville-Lumière, les médecins et les carabins hispanophones, venus y étudier, peuvent quant à eux lire, dès 1848 la Clinica medico-quirurgica de los hospitales de Paris, entre 1850 et 1852 la Gaceta médica de ambos mundos, clinica de los hospitales de Paris, et à la fin du siècle, El Correo medico de Paris (1906-1908). Entre temps trois autres revues dans cette discipline ont été lancées.

L’éventail des lectures en espagnol s’étend à la religion, avec le mensuel El Eco del mundo catolico (1856-1858), mais aussi au positivisme, doctrine dont le succès ne se démentira pas dans cette partie du monde. Parmi les revues intellectuelles les plus prestigieuses en espagnol publiées à Paris, El Eco de ambos mundos64 (1852-1855) et El Eco hispano-americano (1854-1872) se réclament des idées d’Auguste Comte. Leur devise est Orden y progresso. Les hommes d’affaires hispano-américains cherchant à se lancer sur le marché européen et avides d’informations économiques, peuvent lire la Revista comercial (1856), El Correo latino-americano. Paris-Bruxelles. Organe des intérêts de l’Europe et de l’Amérique Latine (1898-1904) ou encore America Latina. Revista de propaganda europea en las republicas latino-americanas (1914-1922). Comme les Anglais, les Espagnols et surtout les Latino-Américains soucieux de connaître les dernières tendances de la mode parisienne ont à leur disposition des revues comme La Moda del Correo de ultramar (1869-1886) et, à la fin de la période, Elegancias (1905-1906). Revues satiriques comme Los Monos sabios. Periodico impolitico (1869), périodiques fournissant des informations sur la vie théâtrale et musicale parisiennes et les expositions, comme El Correo internacional. Monitor de los estrangeros (1866-1869), La Revista de Paris. Eco de los Españoles e Hispano-americanos en Francia (1905-1906) ou Mundial Magazine (191 -1913), sont aussi disponibles, dans les années 1870, de même que des almanachs comme El Almanaque de El Americano, pour ceux qui cherchent des lectures de type encyclopédique.

Enfin, s’ajoutent à cet ensemble quelques publications émanant, à des moments précis, de groupes d’exilés luttant pour l’indépendance de leur pays et voulant secouer le joug espagnol. La Estrella de Chile, organo de la colonia chilena en Europa (1891) et la Republica cubana (1896-1897), dont il y aura une version française, La République cubaine, en sont de bons exemples. Le premier numéro de ce dernier titre reproduit la fameuse lettre de Victor Hugo : « Aux femmes cubaines » rédigée, en 1870, à Hauteville House (Guernesey), dans laquelle il écrit,

Femmes de Cuba, j’entends votre plainte, O désespérées, vous vous adressez à moi. Fugitives, martyres, veuves, orphelines vous demandez secours à un vaincu. Proscrites, vous vous tournez vers un proscrit ; celles qui n’ont plus de foyer appellent à leur aide celui qui n’a plus de patrie (…). Je parlerai pour Cuba comme j’ai parlé pour la Crète…65

Qu’ils soient à Paris, en province66 ou dans un pays vers lequel nombre de ces titres partent régulièrement, souvent par Southampton, à destination de l’Amérique du Sud où ils ont de nombreux correspondants, vers les Philippines, comme certains d’entre eux, ou encore vers les îles Canaries, les lecteurs peuvent sans aucun doute trouver, dans cette offre, de quoi satisfaire leur curiosité. Victor Ramos67 fournit la liste d’un certain nombre de périodiques – 10 ayant réellement existé et 4 ayant uniquement été annoncés68 – en portugais, publiés en France, entre 1815 et 1837. Ils témoignent de l’effervescence politique qui règne, dans ces années, au Brésil luttant pour son indépendance et au Portugal – il en sera de même dans les milieux polonais de la capitale, à la même époque. Si la plupart de ces publications n’ont qu’une existence très éphémère, elles sont néanmoins le reflet des tentatives de modernisation de la vie politique que vivent ces deux pays. O Observador lusitano em Pariz ou Collecçao literària, politica e commercial (1815) semble avoir été la première de ces revues lusophones parisiennes. Son rédacteur, Francisco Solana Constancio (1777- Paris, 1846)69, annonce avoir pour but de faire avancer les Lumières et de faire connaître l’évolution de la vie politique et économique. Forte de près de 150 pages, cette revue mensuelle donne, par ailleurs, des nouvelles de la littérature en portugais, mais elle sera suspendue en avril de la même année en raison des difficultés de navigation entre les deux pays. Constancio sera aussi à l’origine d’un autre périodique, annoncé par un prospectus le 17 janvier 1818 dans la Bibliographie de la France : Annaes das sciencias, dos artes e das lettras por huma sociedad de Portuguezes residente em Pariz (1818-1822). Cette revue encyclopédique sera remplacée, pendant quelques mois, par Novos annaes de sciencias e das artes dedicados as que fallem a lingua portugueza e ambos os hemispherios (1827), puis par Archivos de conhecimentos uteis, périodica mensal destinado a promover a agricultura e a industria de Portugal e do Brazil (1837), titre publié par Aillaud. Ces trois périodiques, surtout scientifiques, ont pour objectif de faire connaître les progrès de la science française au monde lusophone.

O Contemporaneo politico e literario (1820), qui porte en exergue quatre vers de Camoens, cherche à se distinguer des Annaes, dont le rédacteur a résolument exclu la littérature de ces préoccupations. Ce mensuel s’intéresse surtout à l’évolution de la vie politique dans les différents pays d’Europe, plus particulièrement à tout ce qui est lié à la monarchie constitutionnelle. Quelques autres périodiques méritent mention. A Abelha ou Collecçao de conhecimentos os mais agradaveis, instructivos, necessarios e uteis a todas as classes da sociedade, extrahidos das jornaes scientificos e litterarios de toda a Europa, e dos obras dos melhores escriptores. Jornal portuguezes digido publicado mensalmente em Pariz (1830), est une revue encyclopédique, disponible à Paris, Lisbonne et Rio, dont le rédacteur est le grand passeur de culture Francisco Ladislau Alvares d’Andrada70. O Patrioto brasileiro. Periodico mensal (juin 1830), un mensuel qui défend les valeurs de la nation brésilienne née huit ans auparavant, donne à lire des articles historiques, la nouvelle constitution du roi Dom Pedro I, ainsi que des informations scientifiques et littéraires en provenance de ce pays. Nitheroy. Revista brasiliense, Sciências, Letras e Artes (1836) a pour devise « Todo pelo Brazil e paro o Brazil ». Généraliste comme la précédente, elle a été mise sur le marché par un groupe de Brésiliens éclairés qui veulent faire bénéficier leur pays et leurs compatriotes des avancées de la civilisation. Ces publications lusophones des premières décennies du XIXe siècle ont pour points communs de se vouloir les vecteurs des Lumières entre l’Europe et le Nouveau Monde, et dans le même temps de défendre les valeurs de ces nouvelles nations. En l’état actuel de nos recherches, il est encore difficile de dire quels ont été les périodiques en portugais publiés en France dans la seconde moitié du siècle. Signalons, toutefois, O Povo de Aveiro no exilo (1912-1914) dont, comme l’indique son titre, les lecteurs devaient très différents de ceux de la Restauration et de la monarchie de Juillet.

La presse en italien a compté de nombreux titres en France comme en Tunisie. L’étude menée par Michele Brondino sur La Presse italienne en Tunisie. Histoire et société (1838-1956)71 est particulièrement intéressante. L’auteur a dénombré 123 journaux publiés en italien en Tunisie, dont le premier a vu le jour en 1838. Il montre par ailleurs que ces organes sont à l’origine de la presse tunisienne, dont ils constituent la matrice. Pour la France, il faut se reporter à l’ouvrage dirigé par Claude Collard72, portant sur les sources relatives à l’histoire de l’immigration, pour appréhender l’importance de la presse en italien en France : environ 80 titres, tant à Paris que dans le Sud et l’Est du pays, plus particulièrement, là où les habitants de la Péninsule se sont regroupés pour travailler, qui dans les mines, qui dans l’agriculture73. En 1832, L’Amico del popolo italiano. Raccolta di scritti destinati alla regenerazione dell’Italia, dont les trois numéros seront publiés à Marseille, semble avoir été parmi les premiers périodiques en italien publiés en France. D’autres suivront, toujours dans la cité phocéenne, comme L’Echo d’Italia. Giornale della colonia italiana in Marsiglia, commerciale, artistico e literario en 1876, à raison de deux numéros par semaine, et, sous le même titre74, un hebdomadaire publié de 1905 à 1927.

Sur la Côte d’Azur, le choix de périodiques en italien est vaste, comme en témoignent La Colonia italiana. Giornale settimale/ La colonie italienne des Alpes-Maritimes (1887-1888) ou, à Cannes, Il Devere del popolo. Organo del partito republicano intransigente italiano (1887-1889). Ces organes, comme ceux publiés en Lorraine, sont le plus souvent communautaires et/ou politiques. Ils s’adressent, en règle générale, aux travailleurs italiens immigrés de toutes obédiences. La Miniera Cattolica. Bollettino parrochiale di « Auboué » (1910) est un reflet de cette variété. Des journaux en italien paraîtront aussi à Paris tout au long du siècle. L’Italiano. Foglio litterario (1836) sera suivi en 1845 par la Gazzetta italiana, puis, en 1846-1847, par L’Ausonio. Rivista italiana mensile et, dans les années 1864-1865, par Il Corriere italiano. Giornale internazionale politico, litterario e finanziaro. Dans les dernières décennies du siècle, les membres de la colonie italienne dans la capitale peuvent lire Il Corriere italiano. Giornale politico economico. Organo della colonia italiana di Parigi (1887-1888) ou L’Italia. Eco della colonia italiana di Parigi (1905-1912).

La presse émanant de l’immigration allemande, polonaise et russe a elle aussi foisonnée. Jacques Grandjonc a étudié la première pour la période 1795-184875, au cours de laquelle il dénombre une vingtaine de journaux s’adressant aux quelque 50 000 membres de la communauté germanophone installée en France. C’est ainsi qu’entre 1795 et 1825 quatre périodiques en allemand voient le jour à Paris : Die Pariser deutsche Zeitung (1795-1796) est un quotidien thermidorien ; Der Pariser Laufbericht (1803-1804) paraissant plusieurs fois par semaine avec des informations puisées dans les journaux français ; le Deutsche Pariser Zeitung (1815), pour les soldats prussiens stationnés à Paris ; enfin, le Neue deutsche Pariser Zeitung. Nouvelle gazette allemande de Paris… Politique, littérature, beaux-arts, commerce (1825). Dans les années 1830, des journaux politiques – comme Der Geächtete (1834-1836) ou Die Stimme des Volks. Deutsches kommunistisches Zeitschrift (1839-1846) – et littéraires – comme Forum für Kunst. Literatur und Geschichte (1839) – prennent le relais. Les années 1840 se caractérisent par l’affrontement, par journaux interposés, entre les communistes et leurs opposants. Les premiers, dont Karl Marx, lancent le Vorwärts. Pariser Signale aus Kunst, Wissenschaft, Theater, Musik und geselligem Leben (1844), et les seconds le Deutsches Pariser Journal (1846), mais il y en eut beaucoup d’autres durant cette période de bouillonnement nationaliste en Europe. La Guerre de 1870 met un terme provisoire à l’édition de journaux en allemand en France. Dans les dernières années du siècle, les journaux en allemand qui sont publiés s’adressent à un lectorat très différent, celui des touristes séjournant dans la capitale – Pariser Kurier. Unhabhägige Zeitung (1894-1913) – ou sur la Riviera – Riviera Fremdem-Blatt, devenu Riviera Tagenblatt Anzeiger für Nizza, Cannes, Hyères (1903-1914).

La presse publiée en France en polonais, après l’échec du soulèvement de 1830, puis de celui de 1863, par les réfugiés – hommes de lettres, artistes et autres scientifiques regroupés autour de la Bibliothèque polonaise installée dans l’Ile Saint-Louis dès 1838, où une intense vie intellectuelle se développe –, mais aussi à la fin du siècle – a été très bien répertoriée76 par des spécialistes des deux pays. Ce sont plusieurs dizaines – entre 50 et 70 – de publications polonaises qui ont vu le jour en France en plusieurs vagues, elles-mêmes fonction des événements politiques et des crises économiques en Pologne. Dans les années 1830, les exilés anti-tsaristes réfugiés sont regroupés, en province, dans des « dépôts » par les autorités françaises, notamment à Mont-de-Marsan, où Czas – Le Temps – (1833) sera publié, et à Besançon, où verra le jour Pismo Wzajemmego Oswiecania Sie/Brosszury Bezansonskie/Tygodnyk BeansonskiRevue de l’instruction mutuelle/Brochure besançonnaise/Hebdomadaire besançonnais (1832-1833). Au cours de ces décennies 1830 et 1840, les publications polonaises en France, sont d’une grande variété : humoristiques, littéraires, historiques, politiques, avec une orientation plus nationale dans les années 1840.

La vague suivante est celle des années 1860. Quelques titres éclairent l’orientation nationaliste ou patriotique des journaux polonais de cette époque : Przeglad rzeczy PolskichRevue des choses polonaises (1857-1864), Wiadomosci polskieNouvelles polonaises (1854-1861), Lysti polskieLettres polonaises (1878), Glos Polski. Dwutygodnik politiszyny i literackiLa Voix polonaise (Bi-mensuel politique et littéraire, 1887-1889), Wolny glos PolskiLa Voix libre de la Pologne (1900-1901) ou encore Dla ojczynyPour la patrie (1906). A la toute fin du siècle, avant même que n’arrivent en France les premiers ouvriers polonais – dont les communautés, notamment dans les mines du Nord, se doteront ensuite de leurs propres journaux –, des organes de défense des intérêts de la classe ouvrière voient le jour, comme Sprawa robotniczaLa question ouvrière (1893-1896), ou Solidarnocs robotnicza : pismo social democratyczneSolidarité ouvrière. Documents sociaux-démocrates (1909). Les journaux polonais publiés en France ont donc essentiellement été l’émanation, à différentes époques, de courants de migration d’abord surtout politique, puis économique à partir de la fin du siècle.

Avant la Révolution de 1917, la présence russe en France est marginale en nombre. Néanmoins, comme le montre l’étude de Tatiana Ossorguine-Bakounine sur L’Émigration russe en Europe (1855-1940)77, quelque 80 journaux ont été publiés dans cette langue au cours du siècle, dont plus de la moitié sont politiques et reflètent les différentes tendances parcourant les nombreux groupes d’émigrés. Parmi les toutes premières, signalons NiguilistLe Nihiliste (1883), Vestnik narodnoï voli – Le Messager de la volonté du peuple (1883-1886), ou encore Sotsialist. Pilttcheskoïé sotsial-révolioutsionoïé obosréniiéLe Socialiste. Revue politique socialiste-révolutionnaire (1889). Elles seront suivies par beaucoup d’autres, pendant les années d’agitation révolutionnaire 1905-1917, parmi lesquelles Za NarodPour le peuple (1907-1914) et AnarkhistL’Anarchiste (1907-1910), sans parler des innombrables feuilles éphémères émanant des non moins nombreux groupes révolutionnaires représentés en France. Ceux qui choisissent de lire Rousski parijninLes Russes de Paris (1892-1893) ou Parijski KurierLe Courrier russe de Paris (1906-1907), voire le Parijski listok. Iejéné-delnaia gazétaJournal russe de Paris (1910), voire encore Parijski Vestnik – Le Messager russe de Paris (191 -1914) ou Golos. Rousskaïa parijskaia iejednevnaïa gazétaLa Pensée. Quotidien russe de Paris (1914-1915), se rassemblent, surtout, autour de l’idée d’identité russe et de la défense de la culture, des arts et des traditions de leur pays. Tous ces journaux se veulent des organes de rassemblement de la communauté.

Signalons, pour terminer, l’existence de publications dans quelques autres langues, plus particulièrement en yiddish, avec l’arrivée des première vagues d’immigration juive en provenance d’Europe centrale et orientale : Dia WahrhaytLa Vérité (1902-1905), Parizer Idise BlattJournal yiddish de Paris (1912), Parizer Zurnal (1910-191 ), ou le journal du mouvement ouvrier juif, Der Idisher ArbayterL’ouvrier yiddish (191 -1914).

En arabe, le bi-mensuel Birgîs BarîsL’Aigle de Paris (1859-1866) a pour rédacteurs l’abbé arabisant Bourgade et Rochaïd Dahdah, qui souhaitent favoriser une meilleure compréhension entre l’Orient et l’Occident. Al-’Urwa al WutqâLe Lien indissoluble (1884) et Abu Nazzara Zarqa (1879-1910), d’abord publié au Caire, puis à Paris, et distribué en Tunisie, en Algérie, au Maroc, en Égypte et en Syrie, sont deux autres exemples de ces titres. Fuyant l’oppression ottomane, commerçants, étudiants et prêtres d’origine arménienne, s’installent en France et forment, à la fin du siècle, une véritable communauté dotée d’organes de communication nombreux – quelque 30 titres78 – et entretenant une vie culturelle et intellectuelle active. ArévelkOrient (1855-1856), puis Kavros – Gavroche (1908-1936), d’abord publié à Constantinople, puis à Paris, et Pro-Arménia (1900-1914), sont quelques-unes de ces publications arméniennes, auxquelles il faudrait ajouter toutes celles qui, par la suite, virent le jour à Marseille.

Enfin, les Chinois bien que très peu nombreux en France, avant la Première Guerre mondiale, n’en ont pas moins un hebdomadaire, Sin che kiLe Siècle nouveau (1907-1910). Des périodiques dans beaucoup d’autres langues, comme le grec, l’ukrainien, les langues scandinaves…, ont, sans aucun doute, été publiés à Paris, au cours de ce siècle. Leur inventaire et leur analyse viendront enrichir ce premier tableau de la « presse étrangère française ».

En ce siècle du journal, à un moment où chacun, qu’il soit dans son pays ou à l’étranger, veut s’informer, voire communiquer rapidement et universellement, par le biais des journaux, la France semble avoir été, en dépit des nombreux aléas du régime de la presse et d’une censure qui sévit avec constance et efficacité – mais que des éditeurs comme Galignani savent prudemment déjouer – une terre particulièrement accueillante aux publications les plus variées en langues étrangères. Certaines jouissent d’une liberté que leurs homologues français sont loin de connaître. Cette place spécifique occupée par la librairie et la presse étrangères sur le plan politique, puisque leur régime est considéré comme devant être, de fait, différent de celui de la presse hexagonale, mais aussi sur le plan culturel, puisqu’elle ne semble pas relever, pour les autorités, de la culture nationale, explique en partie le désintérêt des spécialistes de l’histoire de l’édition qui ont, avant tout, regardé du côté des éditeurs contribuant à la diffusion des œuvres françaises. Quant à ceux de la presse, longtemps préoccupés par la seule évolution politique des journaux, puis par la diversification du phénomène, ils n’ont pas vu qu’un nombre difficile à établir de journaux étrangers jouaient un rôle important dans le brassage des cultures, même si beaucoup d’entre eux demeuraient essentiellement communautaires.

Paris, où migrants de tous bords et de toutes conditions arrivent, où voyageurs cosmopolites de passage ou en visite, où résidents étrangers, Anglais, puis Américains du Sud et du Nord, Russes, tous prospères, s’installent pour quelques semaines ou plusieurs mois, où savants, érudits et polyglottes locaux sont à la recherche de littérature en version originale, offre, tout au long du XIXe siècle, une gamme de publications d’une rare richesse linguistique et culturelle. Elles font de cette ville un véritable carrefour des langues et des cultures du monde, dans lequel viendront ensuite s’engouffrer tous ceux qui fuiront leur pays pour des raisons économiques, politiques ou religieuses.

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1 Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle, Paris, Éd. du Cerf, 1986.

2 Philip Mansel, Paris, capitale de l’Europe (1814-1852), Paris, Perrin, 2001.

3 Pascale Casanova, La République mondiale des lettres, Paris, Le Seuil, 1999.

4 Christophe Charle, Théâtres en capitales. Naissance de la société du spectacle à Paris, Berlin, Londres et Vienne (1860-1914), Paris, Albin Michel, 2008.

5 Les références aux éditeurs contribuant à la circulation de littérature en langues étrangères sont très peu nombreuses dans HEF, t. III : Galignani et Barrois ne sont cités chacun qu’à deux reprises et Baudry à une seule.

6 A notre connaissance, ni en France, ni en Angleterre ou en Allemagne par exemple, l’activité liée à la publication de livres ou de journaux dans des idiomes autres que la ou les langues nationales n’a fait l’objet de travaux de recherches autres que ceux portant sur les mouvements d’immigration qui mentionnent, parfois, les périodiques émanant des communautés expatriées. La situation est évidemment différente pour l’empire des Habsbourg, par définition plurilingue.

7 Leur domaine est celui dit de la « librairie étrangère » en général : Diana Cooper-Richet, « La librairie étrangère à Paris au XIXe siècle : un milieu perméable aux innovations et aux transferts », dans Actes de la Recherche en Sciences Sociales, mars 1999, nos 126-127, pp. 60-69 ; id., « L’imprimé en langues étrangères à Paris au XIXe siècle. Lecteurs, éditeurs, supports », dans RFHL, 116-117 (2002), pp. 203-225, ill. ; « Les librairies étrangères en France », dans Histoire de la librairie, dir. Patricia Sorel, Frédérique Leblanc, Paris, Cercle de la Librairie, 2008, pp. 140-145.

8 Gisèle Sapiro, « Traduction et globalisation des échanges : le cas français », dans Où va le livre ?, Édition 2007-2008, dir. Jean-Yves Mollier, Paris, La Dispute, 2007, pp. 235-236.

9 « J.J. Tourneisen of Basle and the publication of foreign books on the Continent c. 1800 », dans The Library, vol. XV, n° 3 (1960), pp. 193-200 ; et « Galignani’s and the publication of English books in France from 1800 to 1852 », dans The Library, XVI, n° 5 (1961), pp. 267-286.

10 « Galignani and the publication of English books in France : a postscript », dans The Library, XXV, n° 4 (1970), pp. 294-312.

11 Diana Cooper-Richet, Galignani, Paris, Galignani, 1998, 64 pp. ; id., « Les imprimés de langue anglaise en France au XIXe siècle : rayonnement intellectuel, circulation et modes de pénétration », dans Mutations du livre, pp. 128-130 ; id., « Galignani », DEL, II (E-M), pp. 330-331 ; id., « Les Galignani – libraires-éditeurs-hommes de presse – artisans d’une entente cordiale culturelle », dans Cent ans de relations culturelles franco-britanniques, dir. Diana Cooper-Richet, Michel Rapoport, Paris, Créaphis, 2006, pp. 39-51 ; id., « Galignani : deux siècles de librairie anglaise à Paris », Histoire de la librairie…, ouvr. cité, p. 142.

12 Il semble que les Galigani réussissaient, parfois, à se procurer les secondes épreuves de certains ouvrages en préparation à Londres. Voir William Saint-Clair, The Reading nation in the Romantic period, Cambridge, Cambridge Univ. Pr., 2004, p. 296. Page 300, cet auteur parle même de « contrebande organisée », ce qui suppose une organisation minutieuse.

13 A Dissertation on language in general, 1805 (ouvrage attribué à Giovanni-Antonio Galignani) et Collection of Historical anecdotes, Memoires, poetical fragments, bons mots de 1815.

14 The Picture of Paris, devenu New Paris Guide, puis Illustrated Guide of Paris.

15 The Galignani’s Plan of Paris Universal Exhibition, 1878.

16 En 1835, ce libraire parisien, associé à Truchy, Baudry et Barrois, avait le projet d’offrir aux lecteurs français une réimpression de la fameuse Edinburgh Review.

17 Voir Giles Barber, « J. J. Tourneisen…», art. cité, p. 273. Théophile Barrois propose à ses clients, dès 1780, sa « Collection des auteurs anglais », comportant une quinzaine de titres.

18 Diana Cooper-Richet, « La redécouverte des éditions aldines au XIXe siècle. Antoine-Augustin Renouard, bibliophile, collectionneur et passeur culturel », dans The Renaissance in the nineteenth century/Le XIXe siècle renaissant, dir. Yannick Portebois, Nicholas Terpstra, Toronto, Center for Reformation and Renaissance Studies, 2003, pp. 179-197.

19 Treuttel et Würtz.

20 « Le Musée encyclopédique du libraire Bossange », dans Bulletin du bibliophile, 1984, n° 1, pp. 33-39 et « La Librairie Bossange », dans Livres et lecture au Québec 1800-1850, dir. Claude Galarneau, Maurice Lemire, Québec, Institut québecois de recherche sur la culture, 1988, pp. 43-58. Yvan Lamonde, « La Librairie Hector Bossange de Montréal (1815-1819) et le commerce international du livre », ibid., pp. 59-92. Anthony Grolleau-Fricard, « Le réseau Bossange dans trois récits de voyage », dans La Capricieuse (1855) : poupe et proue. Les relations France-Québec (1760-1914), dir. Yvan Lamonde, Didier Poton, Québec, Pr. de l’Université Laval, 2008, pp. 37-68. Frédéric Barbier, « Martin Bossange, Paris und Deutschland », dans Beiträge zur Geschichte des Buchwesens im frühen 19. Jahrhundert, Wiesbaden, Otto Harrassowitz, 1993, pp. 95-113, ill. Diana Cooper-Richet, « Le Musée encyclopédique de Martin Bossange », dans Histoire de la librairie, ouvr. cité, pp. 59-60, et « La Librairie Bossange et le commerce transatlantique du livre au début du XIXe siècle. Retour sur les échanges entre le « Centre » et la « Périphérie », dans les actes du Colloque international Passeurs d’Histoire(s). Figures des relations France-Québec en histoire du livre, Montréal, 10-13 juin 2008 (à paraître en 2009).

21 Voir Arnulfo Uriel de Santiago Gomez, Édition et librairies françaises au Mexique au XIXe siècle, thèse de doctorat en histoire, EHESS, dir. Roger Chartier, 2008, pp. 277-299.

22 Jean-Benoît Francou, Baudry, un éditeur pirate du XIXe siècle ou la Librairie Européenne de 1815 à 1852, mémoire de maîtrise, dir. Diana Cooper-Richet, Jean-Yves Mollier, Univ. de Versailles St-Quentin-en-Yvelines, 1999.

23 Voir sur ce point Diana Cooper-Richet, « L’imprimé en langues étrangères…», art. cit., pp. 209-211.

24 Ibidem, p. 233.

25 La plupart d’entre eux, bien que spécialisés dans un bassin linguistique particulier, n’en commercialisent pas moins des ouvrages dans différentes langues.

26 Paris, C.N.R.S., 1994.

27 Thèse de l’Ecole des chartes, 1989 ; voir aussi son article « Libraires et éditeurs allemands installés à Paris 1840-1914 », dans RS, IVe série, t. 113, nos 1-2, janvier-juin 1992, pp. 89-110.

28 Le Monde du livre à Strasbourg de la fin de l’Ancien Régime à la chute de l’Alsace française, Thèse de 3e cycle, Univ. Paris I, dir. Daniel Roche, 1980 ; L’Empire du livre : le livre imprimé et la construction de l’Allemagne contemporaine (1815-1914), Paris, Éd. Du Cerf, 1995.

29 Les chiffres que donne Helga Jeanblanc, dans son ouvrage, sont éloquents à cet égard : 58 libraires, 7 maîtres de lecture, 39 imprimeurs, sans compter les typographes, lithographes et autres graveurs qui travaillèrent en France entre 1811 et 1870.

30 Frédéric Barbier, « Entre l’Allemagne et la France : les pratiques bibliographiques au XIXe siècle », dans RS, IVe série, t. 113, nos 1-2, janvier-juin 1992, pp. 41-53.

31 Donatienne Bion, La Revue et Gazette musicales 1835-1858, mémoire de maîtrise, dir. Jean-Yves Mollier, Jean-Claude Yon, Univ. de Versailles St-Quentin-en-Yvelines, 2001.

32 « La librairie espagnole en France au XIXe siècle », dans Le Commerce de la librairie au XIXe siècle (1789-1914), dir. Jean-Yves Mollier, Paris, IMEC-Éditions-Maison des Sciences de l’Homme, 1997, pp. 287-297 ; « Les libraires français en Espagne (1840-1920) », dans Histoire du livre et de l’édition dans les pays ibériques. La dépendance, Bordeaux, Pr. Universitaires, 1986, pp. 61-78 (coll. de la « Maison des pays ibériques », n° 26) ; et La Sociedad de ediciones literarias y artisticas Libreria Paul Ollendorf. Contribution à l’étude de l’édition en langue espagnole à Paris, au début du XXe siècle, Bordeaux, Institut d’études ibériques et ibéro-américaines, 1970, pp. 1-18. Voir aussi Diana Cooper-Richet, « Les librairies étrangères en France », dans Histoire de la librairie…, ouvr. cité, p. 141.

33 Jean-François Botrel, « La librairie française en Espagne », dans Le Commerce…, ouvr. cité, p. 147.

34 Au Brésil, la maison Garnier et ses différentes publications ont fait l’objet de nombreux travaux parmi lesquels il faut citer : Eliana de Freitas Dutra, Rebeldes literàrios da Repùblica. Historia identidade nacional no Almanaque Brasileiro Garnier (1903-1914), Belo Horizonte, Editora UFMG, 2005 ; et Claudia Neves Lopes, « L’Almanaque Brasileiro Garnier : simple transfert culturel ou adaptation d’un genre européen au Nouveau Monde », dans Les Lectures du peuple en Europe et dans les Amériques du XVIIIe au XXe siècle, dir. H.-J. Lüsebrink, Y.-G. Mix, J.-Y. Mollier et P. Sorel, Bruxelles, Éd. Complexe, 2003, pp. 185-191.

35 Argent et lettres, p. 238.

36 Sur cette question : Michel Pierssens, « Paris-Latin », dans Ducasse et Lautréamont : l’envers et l’endroit, Michel Pierssens dir., Paris, Du Lérot, Pr. Universitaires de Vincennes, 2006, pp. 29-40 ; Diana Cooper-Richet, Michel Pierssens, « La Bohème dorée et Le baiser de Paris. Lectures de la presse en espagnol à Paris dans la seconde moitié du XIXe siècle », Communication au colloque international Bohème sans frontière/Bohemia without borders, Univ. de Toronto, 11-13 déc. 2008 (à paraître, 2009).

37 Diana Cooper-Richet, « Paris, capitale des polyglottes ? Édition et commercialisation des imprimés en langues étrangères sous la Restauration », dans Repenser la Restauration, dir. Jean-Yves Mollier, Martine Reid, Jean-Claude Yon, Paris, Nouveau Monde éditions, 2005, pp. 197-209.

38 Sur l’édition en portugais en France : Victor Ramos, A Ediçào em França : 1800-1850, repertorio geral dos titros publicados e ensaio critico, Paris, Fundaçào Calouste Gulbenkian, 1972.

39 Ouvr. cité.

40 Dans le catalogue de 1860, Aillaud est mentionné comme étant « Libraire de sa Majesté l’Empereur du Brésil et Roi du Portugal ».

41 Le Catalogue de livres de fonds et d’assortiment, conservé dans la série Q 10 B de la BnF, comportant 154 pages et daté de 1827, propose des livres en latin, en espagnol, en anglais et cinq pages d’ouvrages en portugais. En 1860, cette maison a toujours des ouvrages lusophones à son catalogue.

42 En 1864, le Catalogo da Livraria portugueza de Rey et Belhatte compte 16 pages.

43 En 1811, avril 1816 et février 1817, Barrois fait circuler des catalogues entièrement consacrés aux ouvrages lusophones ; dans ceux de 1812 et de 1820, il n’en figure que quelques-uns (série Q 10 B de la BnF).

44 Il ne semble pas y avoir eu, chez Baudry, de catalogues spécifiques au portugais, mais le Catalogue des principaux livres en langues étrangères qui se trouvent chez Baudry (circa 1820) mentionne quelques ouvrages dans cette langue.

45 En 1824, Bossange fait paraître un Catalogue des livres espagnols et portugais de 20 pages (série Q 10 B de la BnF).

46 Le catalogue d’août 1825 propose O Lusiados de Camoens, ouvrage qui n’est pas recensé par Victor Ramos dans son étude. Ce poème en 10 chants narrant l’épopée de Vasco de Gama sur la route des Indes est très présent dans les catalogues des libraires-éditeurs parisiens spécialisés.

47 En octobre 1811, Théophile Barrois fils fait paraître un étonnant « Catalogue des livres arabes, persans, turcs, grecs-modernes, arméniens, japonnais (sic), tartares-mantchoux (sic), chinois, etc… » (série Q 10 B de la BnF).

48 Diana Cooper-Richet, « Paris, capitale des polyglottes…», art. cité, p. 201.

49 William Saint-Clair, ouvr. cité, pp. 299-301. L’auteur montre que les éditeurs anglais s’organisèrent pour se défendre contre cette forme de concurrence qui pouvait concerner d’importantes quantités de livres. Il est, en effet, estimé que 15 000 exemplaires d’œuvres de Byron, publiées à Paris par Galignani, ont été commercialisées en Angleterre.

50 Dir. Claude Bellanger, Jacques Godechot, Pierre Guiral, Fernand Terrou, Paris, PUF, 1969.

51 1972.

52 Ouvr. cité, p. 383. D’autres ouvrages comme ceux de Christophe Charle, Le Siècle de la presse (1830-1939), Paris, Seuil, 2004, et de Gilles Feyel, La Presse en France des origines à nos jours. Histoire politique et matérielle, Paris, Ellipses, 1999, n’abordent nulle part cette question. Il n’est guère que Pierre Albert, La Presse française, Paris, La Documentation française, 2004, pour y consacrer l’équivalent d’une page (pp. 180-181), dans laquelle il évoque, en même temps, tous les journaux en langue étrangère circulant en France, qu’ils soient publiés en dehors ou à l’intérieur des frontières françaises.

53 Dominique Kalifa, Marie-Eve Thérenty et Alain Vaillant travaillent actuellement à la préparation d’un ouvrage collectif qui portera ce titre et dans lequel un chapitre sera consacré à la presse en langue étrangère en France au XIXe siècle (à paraître à Paris, chez Nouveau monde éditions, avec un article de Diana Cooper-Richet sur « La presse en langue étrangère publiée, en France, au XIXe siècle »).

54 Le tout premier recensement – un peu plus de 30 titres – des journaux en anglais publiés en France a été réalisé par Giles Barber. Il figure en annexe de son article « Galignani’s and the publication of…», art. cité, pp. 284-286.

55 Diana Cooper-Richet, « La presse britannique dans le Paris de la première moitié du XIXe siècle : modèle et vecteur de transferts culturels », dans La Production de l’immatériel. Théories, représentations et pratiques de la culture au XIXe siècle, dir. Jean-Yves Mollier, Philippe Régnier, Alain Vaillant, St-Étienne, Publ. de l’Univ. de St-Étienne, 2008, pp. 115-129 ; et « L’inf luence britannique sur les médias français au XIXe siècle », dans Revolution, Nation and Memory, dir. Greg Burgess, Hobart, Univ. of Tasmania, 2004, pp. 164-179.

56 Sur ce journal, il existe des études dont une, au moins, est ancienne, celle de Danièle Pluvinage, Galignani’s Messenger. An English newspaper issued in France, mémoire de maîtrise (dir. Prof. Nordon), Faculté de Lettres et Sciences Humaines de Paris, 1968. D’autres ont suivi, bien longtemps après, comme celle de Nicolas Besnard-Dastarac, Le Galignani’s Messenger. Naissance et évolution d’un quotidien en anglais à Paris (1914-1852), mémoire de maîtrise, dir. Diana Cooper-Richet, Jean-Yves Mollier, Univ. de Versailles St-Quentin-en-Yvelines, 1999.

57 Diana Cooper-Richet, « Presse et publicité en France et en Angleterre dans la première moitié du XIXe siècle : regards croisés », dans Revue MIF, n° 5, nov. 2004, pp. 89-110.

58 Diana Cooper-Richet, « Diffusion du modèle victorien à travers le monde. Le rôle de la presse en anglais publiée en France au XIXe siècle », dans les actes du colloque international Presse, identités nationales et transferts culturels au XIXe siècle, Montpellier, 17-19 mai 2006 (à paraître, Nouveau Monde éditions, 2009).

59 Diana Cooper-Richet, « Distribution, diffusion et circulation du Galignani’s Messenger (1814-1890), premier quotidien parisien en anglais », dans La Distribution et la diffusion de la presse du XVIIIe siècle au 3e millénaire, dir. Gilles Feyel, Paris, Éd. Panthéon-Assas, 2002, pp. 121-139.

60 Diana Cooper-Richet, « Presse en anglais et littérature, à Paris, dans la première moitié du XIXe siècle », dans Presse et plumes. Journalisme et littérature au XIXe siècle, dir. Marie-Ève Thérenty, Alain Vaillant, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2004, pp. 153-179.

61 Après 1830, les Galignani s’adresseront à d’autres imprimeurs, notamment Smith.

62 Parmi lesquels titres dix suppléments spécialisés.

63 Voir sur ce point Jean-Yves Mollier, « Traduction et mondialisation de la fiction : l’exemple d’Alexandre Dumas père en Amérique du Sud », dans Vingt-Quatrièmes Assises de la traduction littéraire (Arles 2007), Arles, Actes Sud, 2008, pp. 225-238.

64 Le titre de cette revue s’inspire directement de celui de la Revue des Deux Mondes, très en vogue en Amérique du Sud.

65 N° 1, 23 janvier 1896, p. 1.

66 Quelques titres en espagnol ont été publiés en province : à Bayonne pour La Gaceta de Bayona. Periodico literario e industrial (1828-1829) et à Bordeaux pour El Comercio. Periodico politico, comercial, maritima e industrial (1882).

67 Ouvr. cité, p. 151.

68 Certains de ces titres ne figurent pas dans la Bibliographie de la France. Ils sont indiqués dans l’ouvrage d’Ernesto de Canto, Ensaio bibliogràfico, Punta Delgada, Tipografia de Arquivos dos Açores, 1888, pp. 287, 291 et 293.

69 Francisco Solana Constancio, docteur en médecine, arrive à Paris en 1820 comme agent diplomatique du Portugal. Après un séjour à Washington, il reviendra en France. Traducteur et écrivain il est, notamment l’auteur de O Observador lusitano em Paris (1815).

70 Francisco Ladislau Alvares d’Andrada est le traducteur en portugais des œuvres d’Alexandre Dumas – notamment La Comtesse de Charny – mais aussi de La Case de l’oncle TomA cabano de pai Thomaz ou a vida dos pretos ma America, ainsi que des écrits de Benjamin Franklin. Il est également l’auteur de Historia de José de Faro ou a mercador ambulante.

71 Paris, Publisud, 2005.

72 Des sources pour l’histoire de l’immigration en France de 1830 à nos jours, Paris, Bibliothèque nationale de France, 2006, pp. 64-66.

73 En 1851, 50 000 Italiens vivent en France.

74 Le sous-titre est cependant différent : Giornale settimale franco-italiano independante.

75 « La presse de l’immigration allemande en France (1795-1848) et en Europe (1830-1848) », dans Archiv fûr Sozialgeschichte, vol. 10, 1970, pp. 95-152.

76 Ludwik Gocel, « Les débuts de la presse de la grande émigration polonaise en France et son caractère clandestin (1832-1833) », dans RHMC, XV, 1968, pp. 304-320 ; Louise Rapacka, « Liste alphabétique des périodiques clandestins publiés par l’émigration polonaise en France (1832-1833), avec leur cote à la Bibliothèque Nationale et à la Bibliothèque polonaise de Paris », dans Revue d’études slaves, t. 48, 1969, pp. 59-71 ; Prasa Polska w latach (1661-1864), Warsawa, Panst-wowe Wydawnietwo Naukowe, 1978 ; Prasa Polska w latach (1864-1918), Warsawa, Panstwowe Wydawnietwo Naukowe, 1976.

77 Catalogue collectif des périodiques en langue russe, Paris, Institut d’Etudes Slaves, 1990.

78 Claude Collard, ouvr. cité, p. 95.