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J.-B. Baillière et fils, éditeurs de médecine. Actes du colloque international de Paris (29 janvier 2005)

Éd. par Danielle Gourevitch et Jean-François Vincent, Paris, Bibliothèque Interuniversitaire de médecine et d’odontologie, De Boccard Édition-Diffusion, 2006. 327 p., ill. (« Collection Medic@ »)

Colette BLATRIX et Damien BLANCHARD

Rassemblant les contributions de dix-neuf chercheurs issus de pays et d’horizons professionnels variés (historiens, médecins, bibliothécaires), ces actes paraissent un an après la tenue, en 2005, d’un colloque organisé par la Société française d’histoire de la médecine, en collaboration avec la Bibliothèque interuniversitaire de médecine et avec l’École pratique des hautes études.

Entré en 1812 comme simple commis chez le libraire Méquignon l’aîné, Jean-Baptiste Baillière (1797-1885) fonde sa propre maison six ans plus tard, et devient, en 1827, libraire de l’Académie de médecine (cette belle aventure de quatre décennies s’arrête en quelques jours au profit de l’éditeur Masson). L’éditeur cumule les fonctions : co-fondateur du Cercle de la Librairie, conseiller de la Banque de France, il fait partie du Comité d’organisation des métiers du livre aux Expositions universelles. Symbole de la réussite du capitalisme familial de la première phase de l’industrialisation, il n’hésite pas à rappeler dans son testament :

Je laisse une fortune beaucoup plus considérable que je ne devais l’espérer, elle n’est due ni au hasard ni aux spéculations. Je la dois à mon travail persévérant, au concours si intelligent et si dévoué de ma femme, à l’ordre, à l’économie, à des placements heureux et à l’accroissement des valeurs.

Baillière, ce « presque Rastignac », a pris en compte la mutation de l’industrie de l’imprimé – la « deuxième révolution du livre » –, le prestige de la médecine française (C. Régnier), l’émergence des spécialités médicales et le particularisme du livre médical, livre illustré par excellence. L’affaire familiale est vite devenue internationale, le frère et les neveux du fondateur se sont installés en Angleterre, en Espagne, aux États-Unis et en Australie. La maison Baillière restée indépendante 169 ans durant, sera finalement cédée en 1987. Ce parcours éditorial sans faille – même si l’éditeur a ignoré l’émergence des périodiques – est appréhendé selon trois axes principaux précédés d’une préface (D. Gourévitch) et d’une présentation générale relative à Baillière et aux liens qui unissent livre et médecine depuis le XVe siècle (F. Barbier).

1) Jean-Baptiste Baillière, homme d’affaires, a su, parallèlement aux évolutions de la médecine, parfaitement intégrer les nouvelles formes éditoriales sur les plans financier (J.-Y. Mollier), technique (les illustrations, A. Ségal, J. Samion-Contet, B. Molitor) et humain (les relations avec ses auteurs, J. Deleuze). 2) La Maison Baillière à l’international : en s’appuyant sur le réseau familial, des librairies sont implantées en Angleterre, aux États-Unis (M.-A. Roux-Dessarps), en Australie (L. Clark) et en Espagne (F. Trépardoux). 3) La production éditoriale est étudiée par le biais de ses catalogues (A. Boyer), de quelques-unes de ses publications (J. Simon, M. Gourévitch, M. Roux-Dessarps, J.-J. Ferrandis, P.-F. Garrett) et d’archives familiales.

Ces communications de perspectives diverses (articles transversaux et éclairages ponctuels) apportent une variété dans les approches. Elles sont agrémentées d’une iconographie choisie, d’un index, d’une bibliographie sélective, d’un arbre généalogique (M. Roux-Dessarps) et d’un inventaire des grands textes mis en ligne (J.-F. Vincent). Pourtant, l’étude de l’iconographie et de ses illustrateurs dans le cadre du livre médical mériterait de plus amples développements, de même qu’une comparaison avec l’évolution de la Maison Masson apporterait sans doute un nouvel éclairage. Mais ce volume, dans sa diversité, propose d’ores et déjà un bilan précieux sur Baillière et sur ses productions, en particulier sur son fondateur, représentatif de l’éditeur du XIXe siècle, innovateur dans la gestion humaine et financière, prospecteur tourné vers l’international, et précurseur dans ces techniques de représentation qui sont indissociables du livre médical.