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Le Dictionnaire de l’Académie espagnole, sa réception critique et la norme linguistique d’Espagne et d’Amérique

Rafael RODRÍGUEZ MARÍN

Universidad Nacional de Educación a Distancia (Madrid. Espagne)

Il fut un temps, alors que l’indépendance des anciennes colonies de l’Amérique était encore récente, où l’on a passionnément débattu à propos d’une possible désagrégation de la langue espagnole dans ses différentes variétés de part et d’autre de l’Atlantique1. Si de nos jours la polémique est plus que résorbée et si peu de gens voient l’unité de l’espagnol en danger, c’est parce que les hispanophones ont fini par admettre une seule norme de l’espagnol littéraire et écrit. L’accord est, entre autres, basé sur la décision tacite de suivre, tant bien que mal, les préceptes d’une institution fondée en 1713, la Real Academia Española, aidée dans sa tâche colossale par vingt et une autres académies associées d’Amérique et des Philippines. Les codes linguistiques sur lesquels est fondé l’accord concernant l’unité de l’espagnol sont au nombre de trois : l’Orthographe académique, dont la première édition date de 1741, la Grammaire, publiée pour la première fois en 1771, et le Dictionnaire, la première – et probablement la principale – entreprise où l’Académie espagnole s’est engagée.

Jusqu’à ce jour, vingt-deux éditions du Dictionnaire de la Real Academia Española (le DRAE ) ont été publiées. Il a été soumis à des changements continus, certains profitables, d’autres moins heureux, comme le démontrent les abondantes critiques. On a écrit de nombreuses études d’ensemble sur le DRAE, ainsi que des centaines, voire des milliers de monographies sur certains aspects concrets. Mais, comme il a été déjà signalé2, son histoire complète reste à retracer. Ce sera l’histoire d’un livre qui, dans l’une des langues les plus répandues et inf luentes, a la lourde responsabilité d’être considéré par presque tous ses utilisateurs comme le registre officiel du vocabulaire.

Dans les lignes qui suivent on tracera un panorama historique du Dictionnaire académique, en insistant particulièrement sur ses aspects éditoriaux. De manière plus succincte, on évoquera dans un second temps les critiques qu’il a reçues à certains moments de son parcours. Et on conclura en observant jusqu’à quel point et de quelle façon il est encore le dépositaire de la norme lexicale espagnole et américaine.

LE DICCIONARIO DE AUTORIDADES

Durant les premières années du XVIIIe siècle, la lexicographie en langue espagnole se trouvait en claire situation d’infériorité, si on la compare aux représentants de la même sous-discipline philologique dans les autres langues de culture occidentales. Tel n’avait pas toujours été le cas. Le premier répertoire bilingue, au sens actuel, d’une langue romane a été le Dictionnaire latin-espagnol d’Antonio de Nebrija, publié à Salamanque en 14923. Quelques années plus tard, probablement en 1495, Nebrija lui-même a publié le Vocabulaire espagnollatin4. En réunissant les deux répertoires – sans oublier qu’il ne s’agit pas de la même œuvre avec entrée double, mais de deux répertoires indépendants5 –, nous avons le premier dictionnaire bidirectionnel6 de la langue espagnole, à un moment où dans toute l’Europe apparaissent des répertoires où l’on établira d’abord des correspondances entre le latin et les langues dites vulgaires, puis entre celles-ci. Un peu plus d’un siècle plus tard, la lexicographie espagnole prend à nouveau de l’avance sur ses concurrents européens, quand Sebastián de Covarrubias publie, en 1611, le premier dictionnaire monolingue d’une langue romane : son Tesoro de la lengua castellana o española.

Dans les années qui ont suivi cette publication, l’italien (alors le toscan), le français et le néerlandais donnent à la lexicographie en langue vulgaire ses représentants les plus précoces : notamment le Vocabolario composé à Florence par les académiciens de la Crusca (1612), les dictionnaires français de César Richelet (1680), d’Antoine Furetière (16907) et de l’Académie française (1694), et le Nederlandtsche woorden-schat (1654) du Hollandais Lodewijk Meyer. Les répertoires anglais de l’époque, comme ceux de Robert Cawdrey (1604), Henry Cockeram (1623) ou Thomas Blount (1656), très estimables du point de vue de la technique lexicographique, ont préféré se concentrer sur un domaine déterminé du vocabulaire, celui des mots difficiles.

Après sa fondation en 1713, la Real Academia, rouge de honte (sonrojo est le mot employé par les premiers académiciens) de ce que, après Covarrubias, la langue espagnole,

si riche et forte de mots et locutions, soit restée [en ce qui concerne les dictionnaires] dans la plus grande obscurité, pauvreté et ignorance,

décide, comme tâche constitutive, d’entreprendre la composition d’un dictionnaire « copieux et précis »8. La persévérance des premiers académiciens, maintenue sans relâche pendant les années suivantes, a permis de publier, entre 1726 et 1739, les six grands volumes du Diccionario de la lengua castellana, en que se explica el verdadero sentido de las voces, su naturaleza y calidad, con las phrases o modos de hablar, los proverbios o refranes, y otras cosas convenientes al uso de la lengua. La présence de citations textuelles à côté des définitions lui a valu, presque immédiatement, la substitution de son long titre par celui de Diccionario de autoridades, étiquette consacrée ensuite par la tradition philologique.

Il existe une multitude de travaux sur ce monument de la lexicographie, à commencer par la plaisante Crónica del Diccionario de Autoridades que Fernando Lázaro Carreter a présentée comme discours de réception à l’Académie espagnole en 1972. Nous avons une idée sur la conception du plan et de la méthode de travail, piliers théorico-pratiques sur lesquels l’œuvre a été construite. Nous connaissons aussi des détails précieux sur le travail des académiciens pendant les vingt années qu’aura prises son élaboration (sur les lectures que les premiers académiciens ont faites, l’identité des rédacteurs, le partage du travail, la cadence des livraisons…). Et nous avons des informations assez précises sur les avatars éditoriaux, jusqu’à la version définitive en six volumes9, reliés à l’origine en parchemin et publiés en treize ans (beaucoup moins de temps, par exemple, que le Dictionnaire de l’Académie française, dont la rédaction s’est étalée sur plus de soixante-dix années). L’œuvre a commencé à être imprimée avec des fonds royaux, provenant de l’impôt sur le tabac – on ne contestait pas encore la « correction politique » de ce mécénat –, et qui furent ponctuellement apportés pendant tout le processus d’impression10. L’édition ne sera pas confiée à José Rodriguez y Escobar, imprimeur de l’Académie de novembre 1714 jusqu’en 1724, mais elle a été soigneusement menée à bien par Francisco del Hierro, nommé en 1725. Son travail satisfera pleinement les académiciens, et le roi.

Le résultat est un répertoire qui, en raison de ses mérites, a été à la tête de la lexicographie européenne jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Par ses nombreuses qualités, il laisse derrière lui ses modèles reconnus : celui de la Crusca f lorentine (édition de 1691), celui de l’Académie française (édition de 1718), les monolingues français de Richelet (version de 1727)11 et des jésuites de Trévoux (édition de 1721), ainsi que le français-latin de Danet (1713). De même les répertoires espagnols dont il a emprunté certains contenus, en particulier, l’Universal vocabulario en latín y en romance (1490), d’Alonso de Palencia, et les dictionnaires de Nebrija et de Covarrubias déjà mentionnés, ce dernier dans l’édition de 1674 avec les ajouts du P. Remigio Noydens. Parmi les choix ayant assuré le succès, le recours systématique à l’autorité d’auteurs remarquables pour appuyer les définitions, l’incorporation des régionalismes espagnols et américains12 et le relevé par écrit d’autres mots que ceux du registre de la cour (mots bas et familiers). En même temps, le dictionnaire est parvenu, après quelques hésitations, à fixer à titre presque définitif la norme écrite de l’espagnol, à laquelle l’Académie a ensuite consacré une œuvre indépendante, la Ortographía (dont la première édition, on l’a déjà vu, date de 1741). Sa dernière édition est pour le moment celle de 1999 et, dans les grandes lignes, l’ouvrage ne s’est pas écartée des principes généraux fixés, dans la pratique, par la nomenclature de Autoridades. Pour diverses raisons, relevant tant du contenant que du contenu, l’œuvre, qui donna lieu à des échanges avec la Russie, la France, le Portugal et le Pérou, procurera à l’Académie, comme nous le dit Zamora Vicente13, un prestige certain.

Une fois commencée l’édition de Autoridades, l’Académie s’est concentrée sur les imperfections qui déparaient son œuvre, et plus particulièrement sur les manques observés dans sa nomenclature. Bien avant que ne soit mis en vente le dernier volume du Diccionario de la lengua castellana, les académiciens avaient commencé à travailler à un supplément incluant un certain nombre de corrections et les mots et les acceptions qui manquaient. On a d’abord pensé publier de manière autonome ce supplément, qui en 1751 dépassait les 13 000 entrées14. Mais, l’édition originale de Autoridades étant sur le point d’être épuisée, l’Académie a choisi de préparer une seconde édition du répertoire original, qui comprendrait toutes les nouveautés incluses dans le supplément. De cette seconde version de Autoridades a été publié en 1770 le premier volume, correspondant aux lettres a et b et dans lequel on a inclus les travaux d’amendement, addition et suppression que les académiciens avaient réunis depuis la sortie du troisième volume de Autoridades15.

LES VINGT-DEUX ÉDITIONS DU DRAE

Mais le manque de fonds, l’épuisement progressif des stocks des volumes originaux, l’accumulation de travaux dans lesquels s’était engagée l’Académie et l’assurance que la publication allait être retardé pendant des décennies16, amenèrent la corporation à trouver une sorte de compromis provisoire : réduire le contenu de Autoridades en un seul volume, qui serait publié en très peu de temps, et remédier ainsi, d’un seul coup, à tous les problèmes.

1) Le XVIIIe siècle

Les travaux consistaient fondamentalement à supprimer les textes « autorisant » les définitions originales et les étymologies accompagnant certains articles. Commencés en 1777, ils se sont achevés en 1780. Pour les lettres a et b, on est parti de la seconde édition de Autoridades. Le c était constitué par les matériaux que l’Académie avait préparés pour la publication imminente, mais jamais menée à terme, du second volume de la version révisée de l’original. Pour le reste de l’alphabet, on a reproduit presqu’exactement le contenu de l’édition première. En ce qui concerne le Diccionario de autoridades, dans lequel on enregistre, selon des calculs fiables17, 40 986 articles18, le répertoire de 1780 enregistre plus de 5000 nouvelles entrées et atteint 45 934 articles19, outre les 1387 fiches d’amendement et addition du supplément publié dans les dernières pages pour les lettres a et b.

La préparation matérielle du livre a été confiée à Joaquín Ibarra y Marín, l’un des imprimeurs les plus importants à l’époque20, qui s’était déjà occupé du volume de 1770. Le nouvel ouvrage est achevé en août 1780. Son titre même indique son objet : Diccionario de la lengua castellana, compuesto por la Real Academia Española, reducido a un tomo para su más fácil uso (« réduit à un volume pour son utilisation plus facile »). Est ainsi né, comme le résume judicieusement Manuel Seco21, un dictionnaire qui

se convirtió, sin que lo sospechasen sus mismos autores, en cabeza de una dinastía, la del Diccionario académico por antonomasia, que lleva dos siglos con el cetro de la lexicografía española.

Un dictionnaire auquel, nous l’avons dit, on a consacré une infinité d’études (livres, chapitres, articles, rapports dans des congrès, thèses doctorales…), dont certaines offrent une description rapide de la série complète22, tandis que d’autres s’attachent aux préfaces successives23 ou aux règles successivement édictées par l’Académie pour amender son Dictionnaire24. Quelques études se centrent sur une époque précise25 ou sur une édition particulière (notamment les centaines d’articles et de comptes rendus qui analysent, depuis la fin du XIXe siècle, les éditions du DRAE à peine parue une nouvelle version). D’autres, qui se comptent aussi par centaines sinon par milliers, abordent des aspects concrets de l’histoire, de la micro ou de la macrostructure du DRAE26.

Le Dictionnaire réduit à un volume de 1780, que les académiciens eux-mêmes ont appelé le « compendium », connaît deux nouvelles éditions au XVIIIe siècle, en 1783 et en 1791, qui allaient passer dans l’histoire de la lexicographie académique comme les seconde et troisième éditions du DRAE. La première, encore publiée par Joaquín Ibarra, compte 45 632 entrées, en plus des 542 fiches d’amendements et d’additions du supplément (lettres a, b et c). La seconde est publiée par sa veuve, nommée « imprimeur de l’Académie » en 1785, et contient 49 392 articles27. En dehors de cet accroissement et de quelques innovations ponctuelles dans la présentation formelle des articles, aucune des deux éditions ne comporte de modifications importantes.

2) Le XIXe siècle

Le DRAE connaîtra dix éditions successives au XIXe siècle. La quatrième, toujours publiée par la veuve Ibarra en 1803, conserve la formulation de 1780 : Diccionario (…) reducido a un tomo para su más fácil uso. Sa nouveauté la plus remarquable, outre l’accroissement de la nomenclature (désormais 57 637 articles, plus 1154 dans le supplément, maintenant de a à z), consiste d’abord dans la prise en compte des digrammes ch et ll comme étant des lettres différentes des autres dans l’alphabet espagnol28. Une seconde innovation, moins remarquée, porte sur l’inclusion du ñ au même titre29. Le choix fait pour ch et ll, qui sera respecté par la suite dans la plupart des répertoires de langue publiés dans le monde hispanique, a été maintenu jusqu’à la dernière édition du DRAE, lequel, suivant les décisions du Xe Congrès des Académies de la langue espagnole (Madrid, 1994), a rétabli la succession de ses articles selon l’ordre alphabétique latin international. Pourtant, l’Académie continue à considérer les digrammes ch et ll comme constituant deux lettres indépendantes propres au système orthographique espagnol30. La publication des quatre éditions suivantes est revenue alternativement à deux établissements typographiques institutionnels : la prestigieuse Imprenta Real a préparé les éditions de 1817 (cinquième) et de 1832 (septième), et la Imprenta Nacional, successeur de l’imprimerie de la Gaceta de Madrid31, celles de 1822 (sixième) et de 1837 (huitième). Dès la première de ces quatre versions, le répertoire prend le titre simple de Diccionario de la lengua castellana por la Real Academia Española.

L’édition de 1817 a enregistré une nouvelle augmentation du nombre des articles, atteignant le chiffre de 58 585 (plus 301 dans le supplément). Mais, dans les deux suivantes, on observe une baisse de ce chiffre : 56 662 articles (plus 192 dans le supplément) pour l’édition de 1822, et 50 619 (plus 59 dans le supplément) pour celle de 1832. Parmi les raisons invoquées pour ce choix, la principale réside dans la décision de ne pas considérer comme étant des mots différents

los diversos estados de pronunciación y ortografía que padece una voz desde que sale de una lengua madre (…) hasta que se fija en una lengua vulgar32.

La décision est analogue à celle qui amènera l’Académie, en 2001, à supprimer plus de cinq mille variantes archaïques de mots comme yoglar ou joglar, états chronologiquement dépassés du juglar définitif. Toujours pour gagner de l’espace dans le Dictionnaire, diminuer son volume et le rendre plus maniable33, l’édition de 1832 (septième) adopte définitivement un procédé déjà utilisé dans l’édition de 1791 : enregistrer les acceptions successives et les combinaisons pluriverbales de chaque article non pas avec un sublemme propre en petites capitales, comme l’avait fait pour la première fois Autoridades, mais dans un seul bloc en les séparant par une double barre verticale. Le nombre des articles augmente pourtant légèrement, jusqu’à 50 987, outre les 249 articles du supplément. Cette augmentation se poursuit, de manière progressive, dans les trois éditions suivantes : la neuvième (1843), confiée à l’imprimerie de D. Francisco María Fernández, compte 51 661 articles (et 37 dans le supplément). La dixième (1852), retournée à la Imprenta Nacional, comprend 52 206 articles (37 dans le supplément). La onzième (1869), imprimée par D. Manuel Rivadeneyra, atteint 54 104 articles (32 dans le supplément).

Cette édition de 1869 faisait pressentir certaines des nouveautés présentes dans ce qui a été alors l’édition la plus innovatrice du DRAE : la douzième édition, de 188434. En 1869, en effet, on a supprimé du corps des articles un ingrédient caractéristique, y figurant depuis 1726-1739 : les équivalents latins de chaque mot ou acception, sorte de traduction faite dans la langue de Rome pour compléter la définition et fournir aux éventuels utilisateurs d’autres langues une piste sur le sens de base mis ainsi à la portée de toute personne cultivée. Cette suppression a été faite parce que l’on prévoyait d’inclure dans la douzième édition les étymologies de nombreuses entrées du DRAE. Cet effort considérable, lié aux progrès de la discipline étymologique à l’époque, a pourtant valu un très grand nombre de critiques à l’Académie.

Outre cette innovation, le Dictionnaire de 1884 augmente à nouveau le nombre de ses articles, qui atteint désormais 55 881, plus les 1745 fiches de corrections et d’additions que comprend son supplément. Il corrige de nombreuses définitions et s’ouvre au registre de deux types de lexique qui sont dès lors d’une productivité lexicographique considérable : les termes techniques les plus en usage appartenant aux sciences et arts35, pour la collecte desquels l’Académie espagnole a reçu l’appui des Reales Academias de Medicina et de Ciencias Exactas, Físicas y Naturales (créées, respectivement, en 1733 et 1847) ; et les américanismes, dont la collecte a été redevable aux nouvelles Académies de Colombie (1871), du Mexique (1875) et du Vénézuéla (1883)36. Pour ce qui est de l’aspect formel, on abandonne les majuscules qui jusqu’alors désignaient le lemme des articles. Celui-ci apparaîtra maintenant en caractères gras, mais avec les initiales en majuscules. Pour la première fois, le Prologue ou la note Au lecteur ouvrant les éditions du DRAE, appelé maintenant Avertissement, est complété avec des Règles pour l’utilisation de ce Dictionnaire, qui expliquent sommairement le maniement de l’œuvre, surtout pour ce qui concerne la mise en place des différentes acceptions dans chaque article. Une autre des innovations du DRAE de 1869 annonçant celui de 1884 concerne son aspect matériel. L’édition de 1869 est publiée par D. Manuel Rivadeneyra, tandis que celle de 1884 passe à l’imprimerie de D. Gregorio Hernando et de ses successeurs. Celle-ci conserve la publication jusqu’au XXe siècle. Le passage du DRAE de chez Rivadeneyra à Hernando n’est pas un fait isolé. Jean-François Botrel, dans son étude sur la saga familiale des Hernando37, rappelle que la Casa Hernando a obtenu en 1896 le droit exclusif de vendre la « Biblioteca de Autores Españoles », commencée 1846 par D. Manuel Rivadeneyra, et la « Biblioteca Universal », fondée 1876 par José Pi y Margall, mari de Manuela Rivadeneyra38.

Dans la dernière édition du XIXe siècle, celle de 1899 (13e éd.), l’augmentation progressive des articles du DRAE se poursuit. Ils atteignent alors le chiffre de 58 397, plus l’appendice traditionnel de 499 articles.

3) Le XXe siècle

La 14e édition, en 1914, atteint 60 028 articles, auxquels on ajoutera les 170 articles du supplément. Au nombre des rares nouveautés introduites, celle consistant à numéroter les différentes acceptions de chaque article avec des chiffres arabes, en reprenant ainsi une innovation du DRAE de 1791 abandonnée ensuite ; et, en lien avec cette dernière, le renvoi d’un article à l’autre en spécifiant le numéro de l’acception à laquelle on a recours depuis la première. L’imprimerie des Successeurs de Hernando est la maison chargée de l’édition.

La 15e édition (1925) présente quant à elle des innovations d’une certaine importance. Son titre d’abord : Diccionario de la lengua española. Ce changement répond en partie seulement à la vieille querelle philologique (et politique) sur le nom de la langue née en Castille. La formule de « langue espagnole » est due plutôt à un critère d’ordre pratique, la plus grande ouverture de l’édition à la réalité linguistique des régions espagnoles, et surtout américaines, ouverture affirmée dans l’Avertissement39. Pourtant, cette préférence ne rejette pas l’autre option, et n’exclut pas de la dénomination choisie les autres langues parlées en Espagne, lesquelles sont certainement « espagnoles » même si elles ne sont pas l’« espagnol » par antonomase40. La nouvelle édition, dont la nomenclature, pour répondre en grande partie à sa vocation américaine, connaît une extension considérable, au point d’atteindre 67 358 entrées (plus 49 dans le supplément), entraîne, du point de vue éditorial, une importante nouveauté : elle est imprimée, pour la première fois, dans les Talleres Calpe, de Madrid. Ce changement éditorial, le dernier jusqu’à aujourd’hui, a une origine très particulière, que nous pouvons suivre à travers les informations apportées par Manuel Seco. Quand, en avril 1920, Ramón Menéndez Pidal renonce à diriger le dictionnaire général de langue qu’il s’était engagé à faire pour Calpe, l’Académie achète pour 90 000 pesetas à cette maison d’édition les précieux matériaux accumulés pour le projet. A la même date, et comme convenu dans le contrat, elle décide de céder en exclusivité à Calpe l’édition du Dictionnaire dit « vulgaire », c’est-à-dire, le DRAE41. L’engagement contracté auprès de la maison Calpe (Espasa Calpe à partir de l’édition suivante) sera reconduit jusqu’à nos jours : les sept éditions suivantes du DRAE paraissent dès lors sous ce sceau éditorial.

La 16e édition a souffert de l’époque terrible pour l’Espagne durant laquelle elle allait paraître. Comme toujours, l’Académie l’a enrichie de nouveaux articles dont la liste avait été approuvée auparavant, au point d’atteindre 71 297 entrées (et 49 dans le supplément). Elle a bénéficié du matériel rassemblé pour deux entreprises lexicographiques où l’Académie s’était engagée. D’abord, la publication d’un dictionnaire historique, dans la ligne, actualisée par les apports de la linguistique diachronique, du projet original de Autoridades : le premier volume (lettre a), sort en 193342. Ensuite, la confection d’un répertoire, dans une certaine mesure sur le modèle du Petit Larousse illustré de Claude Augé (1905), à travers sa version espagnole, le Pequeño Larousse ilustrado de Miguel de Toro Gisbert43 : la première édition de ce Diccionario manual e ilustrado de la lengua española paraît en 1927. La nouvelle version du DRAE commence à être commercialisée en 1936, mais sa vente est interrompue par le début de la Guerre d’Espagne. Trois ans plus tard, le conf lit terminé, l’Académie, qui avait repris son qualificatif de « Real », fait récupérer les exemplaires non distribués (la plus grande partie de l’édition) et modifier le premier cahier en changeant l’Avertissement initial – qui glorifie « la nouvelle Espagne impériale » – et en datant l’édition de l’« Année de la Victoire », 193944. L’inactivité forcée dans laquelle l’Académie s’est trouvée pendant la Guerre, et l’état de prostration dans lequel elle tomba dans les années suivantes, ont eu comme conséquence l’impossibilité de renouveler le Dictionnaire. En 1947, en raison de l’épuisement des exemplaires, l’Académie décide de réimprimer le texte de sa 16e édition, en ajoutant, dans un « copieux supplément », les nouveautés les plus importantes tirées des fiches récemment approuvées et des études déjà menées45. En réalité, le chiffre de 1044 additions de ce supplément mérite à peine l’adjectif de « copieux ».

Le Préambule de la 18e édition (1956) est le premier qui donne des chiffres approximatifs sur l’augmentation que le Dictionnaire a connue depuis l’édition précédente : plus de 3500 changements46, un chiffre qui ne semble pas exagéré, puisque, d’après nos calculs, le nouveau répertoire comprend 73 213 articles, soit presque 2000 de plus que la 17e édition (et il n’a pas de supplément). On peut supposer que la source principale à laquelle le DRAE a puisé pour ainsi enrichir sa nomenclature a été la deuxième édition du Diccionario manual e ilustrado publié par l’Académie en 195047.

Dans l’édition suivante, la 19e (1970), l’Académie fournit à nouveau des données sur l’enrichissement de son dictionnaire, soit plus de 17 000 fiches de correction et d’addition. Les chiffres réels sont de 75 757 articles, soit 2500 de plus que dans la version de 1956, auxquels il faut ajouter les 3619 corrections et ajouts du supplément, le dernier publié par l’Académie dans le volume du dictionnaire. Cette édition présente quelques nouveautés d’une certaine importance. L’une, technique, consiste dans la disparition du système de renvois d’un article à un autre par une parenthèse avec le numéro de l’acception correspondante. Il sera remplacé, dans cette édition et dans les deux suivantes, par un système dans lequel le renvoi, en caractères gras, sera suivi, après une virgule, par une brève explication – en caractères standard – sur l’acception auquel il renvoie. Ce changement visait à éviter les erreurs dues aux modifications internes des articles entre deux éditions (le renvoi à la troisième acception d’un article, par exemple, pourrait se transformer en renvoi à la seconde si, dans l’édition nouvelle, on supprimait celle qui la précédait). Dans la pratique, il a permis de corriger quelques erreurs présentes dans les éditions précédentes, mais en a créé de nouvelles. La seconde nouveauté porte sur la suppression des proverbes, présents jusqu’alors dans certains articles. Le corpus constitué des formes parémiologiques éliminées a fait l’objet d’un recueil indépendant, préparé par Juana G. Campos et Ana Barella et publié aux Anejos del BRAE en 1975 sous le titre de Diccionario de Refranes. Une dernière nouveauté consiste en la prise en compte de w comme lettre indépendante, bien que depuis 1869 elle fût considérée, dans la nomenclature, comme un « caractère qui, n’étant pas nécessaire, n’est pas compris dans les lettres de l’alphabet espagnol ».

La tradition, respectée depuis 1780, était de publier le DRAE en un seul volume. Elle est interrompue, en ce qui concerne la version de base, en 1984 (20e édition). Le choix d’un papier épais, mais dont le prix s’est avéré nettement plus avantageux que celui d’un autre de plus petit grammage, a obligé à passer à deux volumes48. Pour la reliure, on abandonne alors la peau (la reliure en pasta española des éditions précédentes) au profit d’un matériau synthétique, le guaf lex. Les rédacteurs du Préambule chiffrent le total des modifications à 20 000, avec un total de 79 325 entrées, soit 3500 de plus que dans la version de 1970.

Les dates de publication des 21e (1992) et 22e (2001) éditions du DRAE ont obéi à des considérations étrangères à la pure logique lexicographique, ce qui n’entraîne pas toujours les meilleurs résultats pour celle-ci. Le Préambule de l’édition de 1992 explique :

La Real Academia a voulu contribuer à la célébration du Ve Centenaire de la découverte de l’Amérique en publiant une nouvelle édition, la vingt-et-unième de son Dictionnaire usuel49.

La publication de l’œuvre la plus représentative de l’Académie espagnole ne pouvait en effet être absente des fastes et célébrations du 500e anniversaire, mais l’Académie a dû accélérer les dernières étapes de sa préparation pour y réussir. Le même Préambule annonce plus de 12 000 modifications : nous en déduisons qu’il y a un peu plus de 3600 articles nouveaux, étant donné que la nomenclature atteint alors 83 014 entrées50. Outre des modifications de système, pas toujours respectées dans le corps du Dictionnaire51, le Préambule rend compte d’une nouveauté significative dans la longue histoire du DRAE : l’intervention, dans la mise au point du nouveau texte, d’une équipe de vingt-quatre collaborateurs dirigés par des académiciens et dont les noms sont donnés à la fin des pages introductives. Il s’agit, en effet, d’un changement de la méthode de travail : on aura recours à la collaboration de lexicographes, et non plus seulement à la traditionnelle « méthode collégiale »52 à partir du travail en commissions (en particulier la Commission du Dictionnaire) et des réunions hebdomadaires de l’Académie en séance plénière. La diffusion de l’œuvre en plusieurs formats a aussi constitué une importante nouveauté du point de vue éditorial. A la présentation traditionnelle en un seul grand volume – seulement abandonnée pour l’édition de 1984 – s’est ajoutée une version en deux petits volumes brochés53, dont les ventes ont immédiatement dépassé celles de leur grand frère et ont réussi à faire rentrer, pour la première fois, le DRAE dans la liste des livres les plus vendus des marchés hispaniques. Un peu plus tard, en 1995, la maison éditoriale Espasa Calpe a commencé à distribuer une édition électronique, en CD-Rom, qui contenait le texte complet du DRAE et permettait, en même temps, toute une série de recherches à partir des lemmes, sublemmes, marques et définitions. L’informatique, qui a tant modifié le cours de la lexicographie, faisait son apparition dans la tradition académique.

Le choix de la date de la dernière édition jusqu’à présent publiée du DRAE, la 22e, doit aussi être expliqué. En effet, on a voulu faire coïncider sa présentation, en accélérant à nouveau les derniers et importants moments des travaux préparatoires, avec les sessions du IIe Congrès international de la langue espagnole, tenu à Valladolid du 16 au 19 octobre 2001, auquel ont participé des chefs d’État, directeurs d’Académies, politiciens, écrivains et journalistes réputés provenant de presque tous les pays hispanophones. Pour l’occasion, Espasa Calpe a mis en vente le DRAE sous deux formats différents, tous deux reliés en guaflex dans des tons clairs : le grand format, en un seul volume, et le petit format, en deux volumes. À cette occasion, l’Académie a d’autre part mis le Dictionnaire en ligne sur sa page web54. La publication dans ce format a supposé, en outre, une autre et importante nouveauté dans la mise à jour de l’œuvre. Jusque là, l’Académie rendait généralement publiques les modifications apportées au DRAE dans les pages du Boletín de la Real Academia Española (BRAE), mais, depuis octobre 2001, elles apparaissent sur la page électronique de l’institution55, toujours avec l’avertissement de leur caractère provisoire jusqu’à la publication de la 23e édition.

L’édition de 2001 présente quelques parallélismes avec celle de 1884. Dans chacune, l’Académie a prétendu pousser plus loin qu’à l’accoutumée le dépoussiérage auquel elle soumet périodiquement son Dictionnaire, ce qui est clairement démontré par les chiffres fournis par l’institution dans sa page web sur la 22e édition : plus de 11 000 articles nouveaux, 155 000 amendés et 6000 supprimés (surtout des variantes archaïques d’autres articles). Malgré ces dernières, la nomenclature enregistre une augmentation de près de 5000 articles, pour atteindre le chiffre de 88 455. Tout comme celle de 1884, l’édition de 2001 augmente généreusement la part des américanismes et les mots scientifiques, et reflète les modifications importantes dans sa technique lexicographique en suivant une Nueva planta, un nouvel plan de travail approuvé en 1997 en séance plénière par les académiciens. Il est évident qu’une rénovation de cette envergure n’aurait pas été possible sans le concours d’une équipe de philologues, dont les noms s’affichent de manière plus visible aux premières pages du DRAE. Le Banco de datos del español de l’Académie a été aussi d’un grand secours, particulièrement ses ressources électroniques, le Corpus de referencia del español actual (CREA) et le Corpus diacrónico del español (CORDE)56. Malgré cette amélioration, l’Académie n’a pas pu, une fois encore, mener à bien l’indispensable révision générale de son répertoire. Si elle est parvenue à améliorer de nombreux aspects de son contenu et de sa présentation lexicographique, les réformes nécessaires pour que le dictionnaire perde tout le poids inutile accumulé depuis plusieurs siècles en raison de la méthode particulière de travail ayant présidé à sa préparation restent en attente57.

Du point de vue éditorial, la dernière version du DRAE va beaucoup plus loin que les précédentes. Le dictionnaire est diffusé en deux versions reliés sous couverture rigide : le grand format en un seul volume, et le petit, en deux58. D’autre part – on l’a déjà vu –, la page web de l’Académie offre le texte complet de l’édition et, mettant à profit l’électronique, rend compte des modifications en cours en vue de l’édition suivante. Depuis 2003, le DRAE a aussi une nouvelle version électronique, en CD-Rom, celle-ci préparée dans les services de l’Académie elle-même, et qui accroît et perfectionne les possibilités offertes par la version électronique de 1995. Mais, à côté de ces éditions canoniques, le DRAE 2001 se présente aussi sous d’autres formes. En format papier, il a été publié sous forme de fascicules par plusieurs journaux espagnols et américains : La Razón (Madrid), El Nacional (Vénézuéla), El Tiempo (Colombie), El Comercio, (Pérou), Milenio (Mexique), El Mercurio (Chili), Clarín (Argentine), etc., ces fascicules constituant dix volumes reliés en guaf lex. En format électronique, il se présente comme dictionnaire de base de l’encyclopédie Encarta et peut être obtenu dans un format destiné aux agendas électroniques (PDA).

LA RÉCEPTION CRITIQUE DU DRAE

La critique des dictionnaires de langue concerne presque tous les répertoires de ce type publiés dans le monde, jusqu’à constituer « un subgénero perfectamente delimitable dentro de la crítica de libros »59. Cette formule est souvent appliquée de façon particulièrement arbitraire : rien de plus facile, en effet, que de rechercher avec une certaine adresse tel ou tel des articles d’un dictionnaire dans lesquels le rédacteur aura été moins inspiré, faiblesse inévitable dans un livre qui est composé de milliers de monographies, et de les proposer en exemple pour conclure que le répertoire n’a pas de valeur. Et elle accompagne pourtant la tradition lexicographique de l’Académie depuis le début. Quelques critiques de philologues de renom, versés dans la technique lexicographique, comme Rufino José Cuervo60 ou Vicente Salvá (dans les textes introductifs à son Dictionnaire61), méritent en revanche d’être pris en considération62, même si l’Académie n’est pas toujours parvenue à le faire. On connaît également bien les critiques que d’autres lexicographes concurrents de l’Académie, comme Ramón Joaquín Domínguez ou Juan Peñalver, ont inclus dans leurs répertoires respectifs63 sans reconnaître pour autant que ces dernières publications devaient au Dictionnaire académique une bonne partie de leur contenu64. De même, nous rappellerons les opinions sévères émises par certains auteurs peu liés à l’Académie, comme Emilia Pardo Bazán65 ou Leopoldo Alas, « Clarín »66, sur le Dictionnaire de la corporation de Madrid. Enfin, les articles de revue, comptes rendus journalistiques et notes diverses qui paraissent en nombre en Espagne et en Amérique chaque fois que l’Académie espagnole publie une nouvelle édition de son Dictionnaire.

Pour des raisons de place, nous nous concentrerons sur la longue tradition critique à propos du DRAE dans deux de ses moments les plus importants, les éditions de 1884 et de 2001.

À la suite de la parution de la 12e édition du DRAE, Antonio de Valbuena commence à publier sous le pseudonyme de « Miguel de Escalada » dans Los Lunes de El Imparcial une longue série d’articles réunis ensuite en quatre volumes sous le titre de Fe de erratas del nuevo Diccionario de la Academia67. Ces volumes, qui ont atteint, au moins, trois éditions68, critiquent le contenu du Dictionnaire, à commencer par le Prologue et la liste des abréviations. Valbuena progresse ensuite dans l’œuvre, presque article par article, en relevant les occurrences selon lui inappropriées (buró, par exemple, mot dont il pense – à tort – qu’il n’arrivera jamais à s’implanter en castillan69) et les absences impardonnables (certaines justifiées encore de nos jours, comme bajonazo, « estocade basse »70 ou agua de borrajas, « eau de boudin »71 ; d’autres, moins, comme caracolada, mot qui – dit encore le critique – ne figure pas dans le Dictionnaire, alors qu’il aurait beaucoup plus droit que caracola, « buccin »72). Il s’en prend fréquemment aux étymologies, par exemple quand il affirme que baca doit être orthographié avec un v en tête, puisque son origine ne vient pas de l’allemand bake, « valise »73, mais de l’espagnol vaca.

Valbuena trouve des motifs pour attaquer l’Académie à propos de beaucoup d’autres points, pas toujours à juste titre : ainsi lorsqu’il refuse l’enregistrement de « provincialismes » de Castille, León et autres « dans un dictionnaire de la langue castillane »74, ou quand il se moque de la corporation pour avoir enregistré quesera, « femme de fromager »:

Cierto que [le DRAE de 1884] no tiene fiscala, ni jueza, ni brigadiera, pero, como dice el adagio, el comer y el desbarrar todo es empezar75.

Zamora Vicente76 rappelle que certaines de ses observations montaient d’un cran :

Tampoco me parece muy propio decir que en la abacería se vende aceite, vinagre y otros comestibles. ¿ Comen vinagre los académicos ?… ¡ Así ellos discurren !77

et qu’elles pouvaient arriver à l’insulte. Valbuena ne déclare-t-il pas, à propos de calabaza :

Lo único que acertaron a poner menos mal fue la definición en sentido figurado, que dice : « Persona inepta y muy ignorante », lo cual ya casi equivale a decir persona académica78.

Dans le dernier volume, il affirme :

Digan lo que quieran la vanidad y el interés, la Academia es una corporación imbécil y no debe entrar en ella nadie que no merezca llevar aparejo79.

Dans ses diatribes, il arrive même à demander la suppression de l’Académie :

¡ Sr. Ministro de Fomento ! ¿ Es justo que el estado proteja y el país pague un centro así, para que nos desacredite publicando en los últimos lustros del siglo XIX semejantes paparruchas ? Atrévase V.E. a disolver eso y merecerá bien de la Patria80.

Au feu ainsi ouvert par Valbuena se sont joints d’autres journalistes, pour la plus grande joie du premier censeur, lequel apprécie :

Comenzaron por despertar en personas ilustradas la curiosidad de examinar el Diccionario, siendo el inmediato resultado de este examen la publicación de algunos trabajos muy apreciables contra el desventurado librote académico81.

Parmi ces auteurs, Eduardo Echegaray publie dans El Liberal une série d’articles sous le titre général de La ciencia y el nuevo Diccionario ; Adolfo Vallespinosa écrit, dans El Progreso, El derecho y el nuevo Diccionario ; un anonyme dissimulé sous le pseudonyme de « El Fabriquero de Canta-Cucos » publie ses lettres anti-académicas dans le Rigoleto ; « Clarín » donne les articles déjà cités ; et, enfin, « el bachiller Francisco de Osuna », pseudonyme de Francisco Rodríguez Marín, rédige un volume critique à l’encontre des académiciens de Madrid sous le titre de De Academia caecitate : reparo al nuevo Diccionario de la Academia Española82.

L’Académie, de manière plus ou moins voilée, s’est décidée à répondre à son opiniâtre critique, par le biais de Manuel Silvela (dans les pages de El Imparcial, sous le pseudonyme de « Juan Fernández ») et de Francisco Commelerán (sous le pseudonyme de « Quintilius »). Ce dernier a ensuite rassemblé ses collaborations en un volume83.

La polémique s’est amplifiée. Zamora Vicente cite l’exemple d’une brochure de Miguel Atrian y Salas intitulée La Crítica del Diccionario de la Academia. Observaciones publicadas en la « Revista del Turia », con motivo de los artículos que en pro y en contra de la duodécima edición del Diccionario de la Real Academia Española han dado a luz algunos escritores84. Nombre d’autres titres se rencontrent, comme les Rectificaciones e innovaciones que la Real Academia Española de la Lengua ha introducido en la duodécima edición de su diccionario, de Sebastián Rodríguez y Martín85, ou les Observaciones al diccionario de la Real Academia, de Luis Carlos Viada y Lluch86. En dernier ressort, il est très révélateur qu’un des livres publiés dans le feu de la discussion, une œuvre originale de José Miguel Macías, ait pour titre Erratas de la « Fe de Erratas » de don Antonio Valbuena87. Et ses observations sont bien souvent justifiées.

La critique du Dictionnaire de 2001 a suivi, jusqu’à un certain point, le même parcours. Des articles publiés dans des journaux et des revues ont été repris en volumes séparés, critiquant différents aspects du répertoire de l’Académie. Quelques auteurs, il est vrai, ont reconnu les vertus d’une rénovation aussi importante que celle réalisée en 188488, mais d’autres ont critiqué certains des défauts présentés par le répertoire, souvent en raison de l’urgence imposée par la date de publication (absence d’étymologies dans beaucoup d’articles, révision incomplète de quelques dialectalismes, etc.)89. Mais, comme il est arrivé dans le cas de Valbuena un siècle plus tôt, les critiques ont aussi attaqué le Dictionnaire pour sa politique lexicographique (admission de néologismes, adaptation de xénismes, etc.), en opposant leurs raisons à celles, au moins aussi valables, de l’Académie. Parfois, on a aussi porté des jugements sur des aspects très concrets de la nouvelle édition sans toujours la consulter, ce qui laisserait à penser que quelques censeurs ont voulu exposer leurs préjugés sur le répertoire de l’Académie, sans se soucier d’en vérifier le fondement. Ainsi, dans la critique parue dans El Cultural90, l’auteur affirme ne pas comprendre pourquoi, à côté de certains colloquialismes à son avis peu convenables dans un tel Dictionnaire, on n’en a pas inclus d’autres de la même souche comme papear (manger), sobar (dormir), yonqui, buga (voiture), chorreo (réprimande), zulo (trou pour cacher des armes), buitrear (s’emparer de quelque chose) ou bote (pot de la loterie).

Or il suffit de consulter le Dictionnaire dans l’édition qui fait l’objet du compte rendu pour voir la septième acception du verbe sobar définie comme « dormir ». Le critique n’a peut-être pas lu, dans les Avertissements pour l’utilisation du Dictionnaire (paragraphe 5.3.1)91 que les acceptions intransitives d’un verbe suivent les transitives. Et il faut une certaine patience pour vérifier que, après les six premières acceptions de sobar, toutes transitives, la première acception intransitive est celle en question92. L’effet inverse se rencontre lorsqu’un chroniqueur très connu de El Mundo93 déverse sa corrosive ironie à l’encontre de l’Académie pour avoir inclus dans son dernier Dictionnaire les mots baremación, baremar, juridificar, normación, explicitar, indemnidad, tous les six employés, indûment selon lui, dans le jargon du Tribunal Constitutionnel et « érigés en norme » par l’Académie. Mais la vérification montre que, dans cette liste, juridificación et normación ne figurent pas et n’ont jamais figuré dans le DRAE ; et que baremación, explicitar et indemnidad figuraient dans certaines éditions précédentes du Dictionnaire, pour le premier terme depuis 1992, pour le deuxième depuis 1984 et pour le troisième… dans le volume correspondant du Diccionario de autoridades de 1734. On appelle cela arriver en retard à un rendez-vous, bien pourtant destiné à présenter une réclamation.

Quelques puristes à l’excès accusent le dernier DRAE d’avoir retenu des acceptions absentes jusque-là, qui proviennent de l’usage propre des journalistes et dont le registre affaiblirait l’exactitude sémantique traditionnelle de l’espagnol. De telles critiques peuvent être justes, mais elles ne doivent pas être faites sur des bases erronées. Ainsi lorsqu’un journaliste réputé, expert pour les questions de pureté linguistique94, affirme que, dans le nouveau Dictionnaire,

se desvanecen ya las diferencias entre alarmista y alarmante como antes entre honrado y honesto, entre acrónimo y sigla, entre detectar y descubrir, entre afrontar y enfrentar, entre checo y checoslovaco (teníamos los conceptos « checo », « eslovaco » y « checoslovaco », con significados diferentes), entre coca (la planta) y cocaína (la droga), entre comparecer y aparecer, entre moro (norteafricano) y musulmán, entre obsoleto y anticuado, entre liderato y liderazgo, entre eurasiático (mestizo) y euroasiático (espacio geográfico), ente evidencia (que era lo que se ve) y prueba (que mostraba lo que no se ve), entre confrontar (antes igual a cotejar) y enfrentar, entre calcinar (ahora « abrasar por completo ») y carbonizar (los coches se calcinaban y las personas se carbonizaban)…

Une vérification attentive de cette critique est instructive. La dernière édition du DRAE ne présente aucun changement de fond dans l’article alarmista95, tandis qu’alarmante a été incorporé avec une acception indiscutable (« Que alarma »). L’équivalence dénoncée entre honrado et honesto (qui concerne seulement une partie d’une acception) remonte à l’édition… de 1869. Même chose avec certaines acceptions (mais jamais toutes, comme paraît suggérer le journaliste) de detectar /descubrir (équivalents depuis 1992), checo /checoslovaco (depuis 1992), moro /musulmán (depuis 1852), obsoleto / anticuado (depuis 1984), liderato /liderazgo (depuis 1970), eurasiático /euroasiático (depuis 1984). Il est donc abusif de critiquer le nouveau DRAE pour ces prétendus appauvrissements de la langue espagnole96.

Comme il est arrivé avec l’édition de 1884, la parution d’articles semblables a donné lieu à des suites critiques souvent aussi peu fondées que leurs modèles. Dans la rubrique Cartas al Director de El País on a pu lire, le 13 mai 2002 (peu de temps après la parution de l’article sur le prétendu appauvrissement du Dictionnaire), une lettre intitulée « Israelí, israelita, hebreo y judío »97, dont l’auteur prétendait mettre en évidence la différence de signification entre ces quatre adjectifs conformément à ce qu’il disait avoir appris « de rabins illustres ». Il partait de la prémisse suivante :

Es cierto que existe mucha confusión al utilizar las palabras israelí, israelita, hebreo y judío, y también es cierto que el Diccionario de la Real Academia Española (DRAE ) bien podría establecer mejor la diferencia entre estos cuatro vocablos.

Puis il rappelait les raisons historiques et politiques, et les nuances significatives entre les quatre adjectifs, mais précisément dans les mêmes termes que ceux du DRAE depuis 1956. La prétendue erreur n’en était pas une. Il s’agissait au contraire d’une erreur de lecture de la part de l’auteur de la lettre.

Après les journaux, la critique passe aux livres, dans une progression que nous avons déjà rencontrée après 1884. Il y a peu à dire quant aux révisions purement lexicographiques centrées sur les contenus particuliers du répertoire : par exemple, la brochure de Carlos Coello Vila sur les Bolivianismos en el Diccionario de la Real Academia Española98, qui révise systématiquement les modifications (amendements, suppressions et additions) du Dictionnaire pour les mots concernant la Bolivie et propose un certain nombre d’améliorations. Beaucoup plus discutables sont en revanche les critiques portant sur des aspects généraux de l’œuvre. Par exemple, celles contenues dans le livre intitulé De mujeres y diccionarios : evolución de lo femenino en la 22.ª edición del DRAE99, en réalité reprise d’un ouvrage antérieur100 dont certains auteurs avaient été consultés par l’Académie pour proposer des changements dans la rédaction du Dictionnaire. Le titre de 2004 est presqu’entièrement consacré à vérifier dans quelle mesure l’Académie a suivi les propositions faites en 1998, pour critiquer les exemples où cela n’avait pas été le cas. Outre une ignorance générale du fonctionnement interne du Dictionnaire101, pourtant présenté dans les premières pages de la 22e édition, l’ouvrage reproche en fait à l’Académie de ne pas avoir voulu que son répertoire enregistre tout simplement les revendications féministes en matière de langue.

On trouve des choses pertinentes, mais aussi des erreurs, dans le livre du journaliste Álex Grijelmo sur le DRAE 2001, La Punta de la lengua. Críticas con buen humor sobre el idioma y el diccionario102. Grijelmo y soutient la même thèse que celle de son article déjà cité :

La Academia y muchos magníficos filólogos han dado en bendecirlo todo o casi todo, y cualquiera puede parecer ya un purista sin serlo103.

Outre des critiques faites au DRAE de 2001 pour des entrées introduites dans des éditions antérieures104, l’étude témoigne de ce que son auteur, encore une fois, n’a pas lu avec assez d’attention les Préliminaires du Dictionnaire (par exemple à propos de l’emploi des italiques, dans le chapitre XI, consacré aux xénismes) ou n’en connaît pas bien le fonctionnement interne (par exemple pour les gloses incluses dans les définitions par renvoi). En résumé, il y a peu de nouveautés dans ces « voix hostiles » à l’Académie105. La seule différence par rapport à 1884 réside peut-être dans le fait que, au XXIe siècle, l’Académie préfère rester muette face à la critique, bien que celle-ci justifierait souvent pleinement une réponse.

LE DRAE ET LA NORME LINGUISTIQUE EN ESPAGNE ET AMÉRIQUE

Le Diccionario de la lengua española publié par l’Académie constitue, pour les hispanophones, le répertoire lexical auquel la norme de correction idiomatique se réfère, à tel point que, des deux côtés de l’Atlantique, nombreux sont ceux qui parlent de lui comme du « Dictionnaire officiel »106. Il va sans dire que les hispanophones qui parlent de la présence ou de l’absence d’un mot ou d’une acception dans « le dictionnaire » sans plus de spécification se réfèrent au DRAE. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les académiciens fondateurs de Madrid n’ont pas voulu agir comme leurs collègues parisiens, qui avaient fondé la rédaction du Dictionnaire de l’Académie françoise sur la compétence linguistique de leurs membres, mais ils ont suivi le modèle de la Crusca florentine et « autorisé » leurs définitions sur la base de textes d’auteurs consacrés. La suppression de ces textes d’« autorités » a de fait rapproché le DRAE du modèle de la France. Les prologues du Dictionnaire et les règles suivies pour sa composition témoignent, presque toujours indirectement, du rôle des académiciens pour l’établissement de la norme de correction linguistique de l’espagnol. La 9e édition (1843) est, en ce sens, révélatrice, qui affirme :

El voto de un escritor, sea el que fuere, jamás tendrá otro carácter que el de una opinión particular, ni podrá por lo mismo infundir en igual grado la confianza que el trabajo metódico e incesante de un cuerpo colectivo. Solo así puede un Diccionario servir de norma a los que deseen hablar y escribir su idioma con propiedad y pureza107.

Force est de reconnaître qu’il s’agit là, au moins de nos jours, de la principale raison justifiant la bonne réception du DRAE : quelle meilleure garantie pour les acheteurs et les lecteurs d’un dictionnaire que l’autorité des auteurs qui lui donnent leur aval ? Un utilisateur espagnol de culture moyenne, quand il consulte le DRAE, le fait sur la base de la confiance, parfois mal fondée, que lui inspire le fait de savoir qu’une définition technique relative au théâtre est signée par Antonio Buero Vallejo ou par Francisco Nieva ; que les acceptions correspondant au lexique de la zoologie sont signées du naturaliste Rafael Alvarado ; que les termes de biochimie sont approuvés par Ángel Martín Municio ou par Margarita Salas. Tous étaient membres de l’Académie quand se préparait la 22e édition du Dictionnaire. Et à qui pourrions nous penser quand il s’agit de la définition d’un gros mot ? Tout hispanophone pensera immédiatement au legs lexicographique de Camilo José Cela.

L’Académie espagnole elle-même a dernièrement essayé d’atténuer la valeur normative de son Dictionnaire. Bien que le premier article des Statuts de l’Académie prévoit toujours que l’institution devra

velar por que los cambios que experimenta la lengua española en su constante adaptación a las necesidades de sus hablantes no quiebren la esencial unidad que mantiene en todo el ámbito hispánico.

L’Académie ne met pas ce programme en œuvre exclusivement à travers le DRAE mais, depuis peu de temps et de manière explicite, avec le Diccionario panhispánico de dudas108. Mais, quand il s’agit de s’opposer à l’usage et donc de fixer la norme controversée, le succès de ce dernier répertoire n’est pas beaucoup plus garanti que celui obtenu dans le passé par le DRAE lui-même. On rappellera l’échec de propositions visant à introduire clipe109 pour remplacer clip110 ; clon111, inutilement créé pour adapter le mot clown112 ; ou yaz113, qui n’est pas parvenu à déraciner le xénisme jazz114. De même de certains préceptes de l’Orthographe : par exemple, la préférence portée dans l’édition de 1999 et presque toujours ignorée, de l’utilisation sans accent dans des paires comme guion /guión, truhan /truhán, lie /lié, hui /huí, etc.). De même enfin de certaines recommandations faites par l’Académie elle-même, comme le rejet du syntagme violencia de género, que la législation espagnole, faisant abstraction de cet avis, a consacré par le titre d’une norme juridique récente115. Pourtant, considérer le DRAE comme la référence habituelle du lexique espagnol est encore quelque chose de bien enracinée dans le monde hispanique, avec son indéniable bénéfice pour l’unité de la langue116.

Dans les dernières éditions du DRAE, la fonction théorique préceptive du Dictionnaire se manifeste de plusieurs manières. Dans sa macrostructure, il s’agit de la sélection des nouvelles entrées, laquelle continue en dernier ressort à dépendre théoriquement des décisions des académiciens réunis en séance plénière pour chaque cas concret. L’ordre des variantes d’un même mot est également du ressort des académiciens. Cette disposition, soit dans un seul lemme, soit dans deux lemmes avec renvoi de l’un à l’autre, indique, au moins jusqu’en 2001, la préférence de l’Académie pour período face à periodo ou de albóndiga face à almóndiga, par exemple. En place de la présence d’informations normatives dispersées dans l’article, même dans les textes de définition117, la dernière édition a autant que possible systématisé l’entrée de ces informations au niveau de la macrostructure : il s’agit d’une part de notes informatives soulignées dans l’article, et rappelant la norme orthographique de l’Académie, surtout en ce qui concerne l’utilisation des majuscules et accents diacritiques. Mais il s’agit aussi des informations mises en relief et indiquant les particularités d’une conjugaison verbale irrégulière ou renvoyant aux modèles présentés dans un appendice spécial. Mais le DRAE contient aussi dans sa microstructure des informations sur le « bon usage », informations fournies implicitement par les notes (chronologiques, géographiques, sociales et de registre) et dont la raison d’être consiste à établir la norme actuelle, non dialectale, cultivée et correspondant au registre formel de la langue et à indiquer tout ce qui s’en écarte.

La capacité normative des œuvres produites par l’Académie et en particulier du Dictionnaire est encore et toujours objet de débat. Certains, parfois même des académiciens, remettent en cause son caractère d’oracle de la langue118, et rappellent que l’époque est révolue où le répertoire académique était comparable «au borgne au pays des aveugles ». Par suite, sa valeur doit être établie par comparaison avec d’autres dictionnaires (le Diccionario de uso del español, de María Moliner119, et le Diccionario del español actual, de Manuel Seco, Olimpia Andrés y Gabino Ramos120, entre autres), lesquels, par bien des aspects, le surpassent nettement.

L’Académie doit surmonter les difficultés dues au rythme que lui impose une méthode de travail particulière, et être capable de réviser en profondeur, dans un délai raisonnable, tout ce qui s’est accumulé durant des siècles d’apports continus. Si elle y réussit, elle pourra poursuivre l’œuvre d’un Dictionnaire qui, même s’il sera difficilement pionnier en matière d’innovation lexicographique, restera placé à un niveau philologique reconnu d’où il poursuivra sa bénéfique fonction unificatrice de la langue espagnole. Cette voie seule permettra de justifier à l’avenir la valeur normative d’un Dictionnaire héritier d’une aussi longue histoire que celui de l’Académie espagnole.

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____________

1 Je remercie Jean-François Botrel pour sa révision de l’original en français.

2 Álvarez de Miranda, 2000, p. 60.

3 Son titre exact était Lexicon hoc est Dictionarium ex sermone latino in hispaniensem.

4 Plus exactement, le Dictionarium ex hispaniensi in latinum sermonem.

5 Acero, 1985.

6 Haensch et Omeñaca, 2004, p. 242.

7 1690, et non 1694, comme dit par erreur le Prologue du Diccionario de autoridades (p. III), suivi dans cette erreur par presque tous les commentateurs du premier dictionnaire de l’Académie (Lázaro Carreter, Hernando Cuadrado…).

8 Real Academia Española, 1726, p. I.

9 1726 : vol. I (lettres a, b). 1729 : vol. II (c). 1732 : vol. III (d, e, f). 1734 : vol. IV (g, h, i, j, k, l, m, n). 1737 : vol. V (o, p, q, r). 1739 : vol. VI (s, t, u, v, x, y, z).

10 Lázaro Carreter, 1972, p. 68.

11 1725, à nouveau par erreur, selon Autoridades (p. III).

12 Aliaga Jiménez, 1994 ; Werner, 1983 ; Salvador Rosa, 1985, etc.

13 1999, p. 371.

14 Lázaro Carreter, 1972, p. 100.

15 Garrido Moraga, 1987 et 1992.

16 Seco, 1991, p. IV.

17 Dérivés – comme tout le reste de ceux qui, dorénavant, portent sur le contenu des différentes éditions du Dictionnaire de l’Académie – de la lemmatisation faite pour le Nuevo tesoro lexicográfico de la lengua española (NTLLE), éditée par Espasa Calpe en DVD. L’information m’a été très aimablement fournie par Octavio Pinillos, directeur du Département d’Informatique de l’Académie espagnole.

18 Un autre calcul, formulé à partir de moyens « no demasiado exhaustivos », d’après son auteur, Manuel Alvar Ezquerra (1993, p. 222, n. 53), attribue à Autoridades « plus de 42 500 entrées ».

19 46 000 d’après Alvar Ezquerra. Les chiffres du NTLLE attribuées aux éditions successives présentent toujours, comme on peut s’y attendre, des divergences avec celles calculées par Alvar Ezquerra, que l’on trouvera à la page mentionnée de son travail consacré aux prologues du Dictionnaire de l’Académie.

20 Auteur d’une superbe édition du Quichotte (datée 1780) et d’une série de caractères d’imprimerie employés en Espagne jusqu’au milieu du XXe siècle (Acín Fanlo et Murillo López, 1993, et Real Academia de Bellas Artes-Calcografía Nacional, 2006).

21 1991, p. V.

22 Par exemple, Abad Nebot, 2000, pp. 173-225 ; Azorín Fernández, 2004, pp. 159-199 et 273-302 ; Bajo Pérez, 2000, pp. 95-116 ; Hernando Cuadrado, 1997 ; Ruhstaller, 2003.

23 Alvar Ezquerra, 1993.

24 Alvar, 1992.

25 Gili Gaya, 1963 ; Álvarez de Miranda, 2000.

26 Ahumada Lara, 2006, aux paragraphes 1.2.5.1.1.1, 1.2.6.1.1.1 et 1.2.7.1.1.1.

27 Le supplément, contenant à peu près 4230 fiches de corrections et d’additions (lettres d, e et f) a fait l’objet d’un tirage à part : Suplemento al Diccionario de la lengua castellana compuesto por la Real Academia Española, para utilidad de los que tengan las ediciones de dicho diccionario hechas en los años de 1780 y 1783, Madrid, por la viuda de D. Joaquín Ibarra, Impresora de la Academia, 1791.

28 Prologue, [n. p.].

29 Le ñ était employé, dans la pratique, depuis Autoridades, mais jamais jusqu’alors comme une lettre indépendante.

30 Dans l’article correspondant à ch de la 22e édition (2001), on affirme que celui-ci est « un dígrafo que, por representar un solo sonido consonántico de articulación africada, palatal y sorda, como en mucho o noche, es considerado desde 1803 cuarta letra del abecedario español ». De la même façon, dans l’article consacré à ll, on apprend qu’il s’agit d’un « dígrafo que, por representar un solo fonema consonántico de articulación tradicionalmente lateral y palatal, es considerado desde 1803 decimocuarta letra del abecedario español ».

31 Del Campo, 1935, p. 78.

32 Prologue, [n. p.].

33 Prologue, [n. p.].

34 Abad Nebot (1998) la considère comme marquant une nouvelle époque du Dictionnaire de l’Académie.

35 Prologue, p. V.

36 Prologue, p. VII.

37 Botrel, 1993, pp. 385-470.

38 Botrel, 1993, p. 430.

39 Avertissement, p. VIII.

40 Avertissement, p. VIII.

41 Seco, 1994, p. 541.

42 Le deuxième – et dernier –, qui comprend la séquence b-cevilla, est paru en 1936. Sur les motifs de cette interruption, voir Seco, 2003b, pp. 131-132.

43 Seco, 1993 et 1994.

44 Le colophon, quant à lui, reste daté de 1936.

45 Avertissement, p. VIII.

46 Préambule, p. VII.

47 Ce dictionnaire a été réédité encore deux fois, en 1983-1985 (en fascicules, reliés en six volumes) et en 1989. Partant d’une idée proche, l’Académie vient de publier, en novembre 2006, un Diccionario esencial de la lengua española, édité lui aussi par Espasa Calpe.

48 I : a-guzpatarra, XXV + 714 pages ; II : h-zuzón, 702 pages.

49 Préambule, p. VII.

50 Il ne s’agit plus de chiffres tirées de la confection du NTLLE, mais de calculs provenant de l’édition du Dictionnaire en format électronique, parue en 1995.

51 Par exemple, l’élimination declarée d’entrées superflues, comme celles des adverbes terminés en -mente lorsque le sens correspond complètement aux adjectifs respectifs (p. VIII) est suivie, de manière plus ou moins fidèle, dans quelques parties du Dictionnaire. Dans d’autres endroits, ces adverbes sont conservés, même en tant qu’acceptions uniques, dans des définitions qui contiennent des formules du type « De manera… » ou « De modo… », correspondant au sens qu’on avait déclaré avoir éliminé.

52 Seco, 1992.

53 Plus tard commercialisés aussi en belle édition.

54 www.rae.es.

55 Jusqu’à aujourd’hui (fin 2007), on a publié 5010 fiches d’additions, 3961 de suppressions et 78 339 de corrections.

56 Accessibles aussi par la page web de la RAE.

57 Introduction, p. XXVIII de l’édition en un volume.

58 Dans quelques zones du Mexique et la zone Sud du continent américain, on a distribué aussi une édition brochée en deux volumes.

59 Salvador, 2002, p. 234.

60 Cuervo, 1874.

61 Nuevo diccionario de la lengua castellana que comprende la última edición íntegra, muy rectificada y mejorada, del publicado por la Academia Española y unas veinte y seis mil voces añadidas, Paris, Librería de Don Vicente Salvá, 1846.

62 Seco, 2003d, et Álvarez de Miranda, 2003.

63 Le Diccionario nacional o gran diccionario clásico de la lengua española (Madrid, 1846-1847), de Domínguez, et le Panléxico, diccionario universal de la lengua castellana (Madrid, 1842), de Peñalver.

64 Seco, 2003c, pp. 261-269.

65 À propos des suppresssions qui, selon elle, dénaturaient le DRAE, la comtesse se réfère au caractère officiel de l’œuvre, affaire sur laquelle on reviendra : « Las palabras cuyo sentido se ignora, son las que suelen buscarse en el Diccionario ; y, generalmente, o no se hallan, o la explicación es tan confusa, que se queda uno como estaba, si no en incertidumbres mayores. De las palabras, a veces, faltan las acepciones más conocidas y usuales. En cambio, hay un sinnúmero de palabras que no se usan nunca, que ni suenan a castizas, que hasta dudo que deban figurar en el Diccionario ; una verdadera herrumbre y escoria de palabras, peso muerto en el libro que debiera ser ley para el manejo del idioma » (« Cartas de la Condesa » en el Diario de la Marina. La Habana (1909-1915), éd. Cecilia Heydl-Cortínez, Madrid, Pliegos, 2002, p. 145.

66 Qui s’attaque à l’Académie et au Dictionnaire dans ses pages de critique (voir certaines des plus caractéristiques dans Apolo en Pafos – 1887 – éd. Adolfo Sotelo Vázquez, Barcelona, PPU, 1989, pp. 29-63) ou dans Mezclilla (Madrid, Libr. de Fernando Fe, 1889, pp. 367-399). Il intervient dans la polémique provoquée par les écrits d’Antonio de Valbuena, et dont on va parler. Le redoutable critique attaque en profondeur beaucoup d’aspects du DRAE (adoption de néologismes, qualité des définitions, étymologies, etc.), y compris la méthode collégiale de travail : « Por aparentar (y por cobrar), los inmortales se juntan de cuando en cuando y pasan revista a unas cuantas palabras para ver si están limpias o no, y votan si aquello es español o deja de serlo. ¡ Decidir por votación si un vocablo pertenece a una lengua o no pertenece, si cabe admitirlo o no ! ¡ Cuán lejos está semejante proceder de aquella historia natural de las palabras que el buen Horacio exponía en fáciles y elegantes versos ! » (Apolo en Pafos, p. 43).

67 Madrid, Impr. de la Vda. e hijo de Aguado (vols. I, II) ; Impr. de José Cruzado (vol. III) ; Impr. del Asilo de Huérfanos (vol. IV), 1887-1896.

68 Au moins en ce qui concerne les volumes I et II (Madrid, La España Editorial, 1991 ; J. Lerin, 1893). Il y a plusiers réimpressions par La España Editorial et par la Librería de Victoriano Suárez).

69 Vol. I, p. 175.

70 Ibidem, p. 130.

71 Ibidem, p. 169.

72 Ibidem, p. 224. Caracolada a été finalement admise en 1914, avec la signification de « ragoût d’escargots ».

73 En cela le critique avait dans une certaine mesure raison. L’Académie, à partir de l’édition suivante de son Dictionnaire (1899), met en rapport le terme avec le français bâche, « couverte de cuir », tout comme, dans les grandes lignes, Joan Corominas (1980, vol. I, p. 444).

74 Vol. I, p. 34.

75 Ibidem, p. 189. Fiscala est admis dans le DRAE en 2001 ; jueza, en 1992 ; brigadiera, dès 1899.

76 1999, p. 518.

77 Vol. I, p. 47.

78 Ibidem, p. 194.

79 Vol. IV, p. 83.

80 Vol. II, p. 150.

81 Vol. I, p. 6.

82 Osuna, Imprenta de El Centinela, 1886.

83 El Diccionario de la Lengua Castellana por la Real Academia Española. Colección de artículos publicados en La Controversia y El Liberal, en contestación a los que en El Imparcial ha dado a luz Miguel de Escalada contra la duodécima edición del Diccionario de la Real Academia española, Madrid, Impr. de A. Pérez Dubrull, 1887.

84 Teruel, Impr. de la Beneficencia, 1887. Zamora Vicente, 1999, p. 532, n. 21.

85 Madrid, Impr. de Manuel Minuesa de los Ríos, 1885.

86 Barcelona, Bertrán y Altés, Impr., 1887.

87 Veracruz, Tip. El Progreso, 1894-1896.

88 El PaísBabelia –, 8 déc. 2001 ; Razón y fe, 245, nº 1241, mars 2002, pp. 281-291.

89 El Día, de Tenerife, 4 nov. 2001, pp. 7-8 ; El Noticiero de las ideas, nº 9, janv.-mars 2002, pp. 60-67.

90 Ricardo Senabre, « Diccionario de la lengua española », dans El Cultural, 31 oct. 2001, pp. 26-27.

91 L’habitude de ne pas lire les avertissements explique beaucoup de critiques superflues.

92 Même chose si on cherche bote dans l’acception indiquée. En effet, on ne la trouvera pas dans bote 1, qui inclut les significations en rapport avec « lancer », mais, moyennant patience, dans bote 2, parmi les acceptions en rapport avec « pot » : « En determinados juegos de azar, cantidad de dinero acumulada, procedente de premios no adjudicados, que se agrega a los fondos de un sorteo posterior ». L’impatience du critique a dû être encore plus grande dans le cas de yonqui puisque, s’il avait accordé la moindre attention à sa lecture, il l’aurait trouvée à sa place alphabétique, définie ainsi : « En la jerga de la droga, adicto a la heroína ».

93 Antonio Burgos, «¡ Que nos bareman ! », dans El Mundo, 1er juillet 2002, p. 5.

94 Álex Grijelmo, « Un diccionario más rico y más pobre », dans El País, 1er mai 2002, pp. 11-12.

95 « Dicho de una persona : Que hace cundir noticias alarmantes. … || 2. Que causa alarma ».

96 D’autre part, confrontar n’a pas perdu son acception de « collationner », et celle qui fait équivaloir ce verbe avec enfrentar (« Dicho de una persona o de una cosa : Estar o ponerse frente a otra ») vient, avec de légères variantes de rédaction, de 1780. L’équivalence entre coca et cocaína figurait aussi dans l’édition précédente, et il est clairement précisé que coca est un raccourcissement familier du mot cocaína. On n’admet d’équivalence entre comparecer et aparecer que pour l’une des acceptions du premier mot (figure aussi dans l’édition précédente) : « aparecer inopinadamente ». L’adverbe implique une nuance qui différencie franchement les deux verbes. La nouvelle acception de evidencia, « prueba determinante en un proceso », qui se rapproche de celle qui correspond à prueba, répond à un sens juridique (elle porte la marque de Derecho, « droit ») et est employée dans les actes judiciaires, de sorte que lui refuser l’entrée dans le Dictionnaire pourrait avoir des conséquences désastreuses, y compris légales. Finalement, calcinar a en effet une nouvelle acception, « abrasar por completo, especialmente por el fuego », dont abusent probablement les journalistes ; mais elle continue à être différenciée clairement de carbonizar, « reducir a carbón un cuerpo orgánico ». Par conséquent, selon le DRAE 2001, les voitures peuvent continuer à être calcinadas, tandis que les personnes, malheureusement, continueront à être carbonizadas.

97 Signée Manuel Silva García, dans El País, 13 mai 2002, pp. 17-18.

98 La Paz, Academia Boliviana de la Lengua, 2002.

99 Coordonné par M.ª Ángeles Calero Fernández, Esther Forgas Berdet et Eulàlia Lledó. Publié à Madrid, par le Ministerio de Asuntos Sociales (Instituto de la Mujer), 2004.

100 Lo Femenino y lo masculino en el Diccionario de la lengua de la Real Academia Española, éd. Ana Vargas, Eulàlia Lledó, Mercedes Bengoechea, Mercedes Mediavilla, Isabel Rubio, Aurora Marco et Carmen Alario, Madrid, Ministerio de Asuntos Sociales (Instituto de la Mujer), 1998.

101 Et d’autres aspects plutôt en rapport avec la culture générale, par exemple le fait d’imaginer (p. 85) que le DRAE dénigre les femmes dans les exemples qui engagent l’acception cinquième du verbe decir (« La Historia de Mariana dice… ») et la troisième du substantif historia (« La historia de Tucídides, de Tito Livio, de Mariana ») : la cause en serait que « el tratamiento familiar consistente en nombrar solo con el nombre de bautismo a un personaje histórico » ne concerne que « una Mariana, presentada tan solo con el nombre de pila, que sospechamos que esconde a Mariana Pineda », chose qui « no sucede con los prohombres de nuestra historia ». Le P. Juan de Mariana, auteur d’une bien connue Historia general de España (1601), se sera retourné dans sa tombe devant cette suprenante identification.

102 Madrid, Aguilar, 2004.

103 Ibidem, p. 19.

104 1992 : posicionarse, tabaquera, colegiado, etc. ; 1984 : evento ; 1970 : indio /hindú, liderato /liderazgo, aludir /mencionar ; 1884 : ingresar /entrar.

105 Zamora Vicente, 1999, pp. 501 et suiv.

106 La formule de « Diccionario oficial » se rencontre dans des textes espagnols et américains depuis, au moins, 1863 (Pedro Felipe Monlau ; V. Real Academia Española, CORDE [Consultation du 27 décembre 2007]), jusqu’à nos jours (voir un exemple récent dans El País Semanal n° 1052, 23 déc. 2007, p. 82). Les Actes des Congrès quadriennaux des Académies de la langue espagnole font fréquemment référence au « Diccionario oficial ». Parmi les résolutions du IIIe Congrès (Bogota, 1960) figurait celle-ci (n° 16) : « El III Congreso de Academias de la Lengua Española resuelve que el Diccionario de la Real Academia Española sea considerado oficial para todo el mundo hispánico ».

107 Prologue, [n. p.].

108 Madrid, Santillana, 2005.

109 Qui a figuré dans le DRAE depuis 1984 à 1992.

110 Enregistré en 1992 et 2001 et reconnu dans le DPD comme « anglicisme installé ».

111 Dans le DRAE depuis 1970.

112 Enregistré, en italiques, en 2001.

113 Depuis 1970 jusqu’à 1992.

114 En italiques, depuis 2001.

115 « Ley Orgánica 1/2004, de 28 de diciembre, de medidas de protección integral contra la violencia de género ».

116 Seco, 1988, pp. 85-86.

117 Rodriguez Marín, 2000.

118 Seco, 1995, p. 68.

119 Ce dictionnaire en est à sa troisième édition, Madrid, Gredos, 2007.

120 Madrid, Aguilar, 1999.