Paolo Tinti, La Libraria dei gesuiti di Modena. Il fondo antico dal Collegio di S. Bartolomeo al Liceo Muratori, premessa di Maria Gioia Tavoni
Modena, 2001, Patron editore, XVI, 332 p. (« Lyceum, collana di archivistica, bibliografia e biblioteconomia », 3). ISBN 88-555-2615-4
István MONOK
Budapest
Dans tous les pays occidentaux, la recherche sur les collections de livres anciens a atteint une nouvelle étape. En effet, la possibilité d’établir des catalogues plus complets à l’aide de l’informatique ne signifie pas seulement qu’ils sont accessibles par ordinateur, mais aussi que les rédacteurs de bibliographies rétrospectives disposent de sources inédites et très riches. Parallèlement, les historiens de la culture disposent d’un outil très puissant permettant de reconstituer les anciennes collections dispersées du Moyen Âge ou du début des temps modernes. On voit tout l’intérêt qu’il y a à ce que les petites bibliothèques recensent leurs propres collections selon les normes internationales (normes ISBD(A). La préface de Maria Gioia Tavoni souligne l’importance du travail de Paolo Tinti de ce point de vue.
Les Jésuites se sont établis à Modène dès 1552, d’abord à Sant’Augustino, puis à la « parochia della Pomposa ». La bibliothèque du Collegio di S. Bartolomeo apparaît dans les sources en 1631 : elle a été installée au-dessus de l’autel, au premier étage. Paolo Tinti analyse son enrichissement sur la base des sources d’archives (testaments, états des biens mobiliers) et des notes de possesseurs : il ne s’agit pas pas uniquement des dons des professeurs ou des moines décédés, mais aussi de ceux faits par les citoyens de Modène au collège, de sorte que l’histoire de la bibliothèque marque un aspect de l’histoire culturelle de la ville. A la fin du XVIIe siècle, la collection est devenue une des plus importantes existant sur le territoire des Este. On trouve d’autres bibliothèques jésuites à Reggio, à Novella, à Carpi et à Mirandola, avec lesquelles Tinti compare le fonds de Modène. Après l’abolition de l’ordre en 1773, le bibliothécaire Giralomo Tiraboschi dresse le catalogue des livres passés au couvent de San Paolo, puis pour une part à la bibliothèque de l’université. En 1862-1863, le collège de San Bartolomeo (aujourd’hui « Liceo classico L. A. Muratori ») récupère l’ensemble des volumes dont nous avons ici le catalogue. Tinti analyse précisément la méthode de catalogage de Tiraboschi : le bibliothécaire n’a pas suivi le classement systématique de Claude Clément (Lyon, 1624) appliqué en général par les Jésuites. Son catalogue était fondé sur le système décrit par Jean Garnier dans sa Systema Bibliotheca.
La collection actuelle est riche de neuf cent trente-neuf unités bibliographiques (environs 2000 volumes) dont la description détaillée suit l’étude approfondie. Les livres sont enregistrés par noms d’auteurs, d’imprimeurs et de possesseurs. Les lieux d’édition montrent que les acquisitions ne dépassaient pas souvent les Alpes vers le Nord : il n’y a aucun titre venant des imprimeries catholiques allemandes (Munich, Ingolstadt, Augsbourg), non plus que de Vienne ni de Graz. Dans la collection des Jésuites de Modène, la majeure partie des œuvres qui ne sont pas italiennes vient de Paris et de Lyon.