Lire le manuscrit médiéval : observer et décrire, sous la direction de Paul Géhin
Paris, Armand Colin, 2005, 286 p., ill., 24 cm. (« Collection U, Histoire »). ISBN 2-200-26978-1
Marie-Hélène TESNIÈRE
Paris
Après Le Livre au Moyen Âge (Paris, Presses du CNRS, 1988) et Le Moyen Âge en lumière (Paris, Fayard, 2002), deux ouvrages qui s’adressaient à un large public, l’Institut de recherche et d’histoire des textes donne, dans la collection « U Histoire » à l’usage des étudiants de premier cycle, Lire le manuscrit médiéval : observer et décrire. Conçu comme un guide pour tous ceux qui ont à décrire un manuscrit, qu’il s’agisse d’éditeurs de texte, d’historiens de l’art, d’iconographes ou de paléographes, l’ouvrage se révèle une somme d’expériences et de connaissances codicologiques. Il est à la fois plus vaste et plus restreint que son titre ne le suggère. Plus vaste, car il embrasse cinq aires linguistiques (grec, latin, arabe, hébreu et langues romanes) ; plus restreint, car il s’adresse, nous semble-t-il, plus à des spécialistes confirmés dans le domaine des manuscrits qu’à des étudiants qui découvrent l’objet-manuscrit. Il ne saurait en tout cas se comprendre sans les stages d’initiation sur le manuscrit médiéval qu’organise chaque année l’IRHT, tant il est vrai qu’aucun discours, aussi précis soit-il, ne remplace la découverte concrète de l’objet.
L’ouvrage aborde successivement les différents éléments qui font la matérialité du livre (supports, organisation du volume, préparation de la page, écriture, décoration, colophons et souscriptions, contenu, reliure, possesseurs…), mais pèche par son exhaustivité. Plusieurs auteurs le rappellent à juste titre : lorsque l’on décrit un manuscrit, il ne faut pas tout noter, mais proportionner l’effort au but recherché. Tous les relevés ne sont pas identiquement utiles, il y a ceux qui éclairent l’univers intellectuel ou culturel du livre et ceux qui ne sont rien d’autre que des comptages codicologiques. De ce point de vue, on aurait souhaité que le contenu du livre soit davantage hiérarchisé. Parmi les chapitres les plus éclairants, on retiendra celui sur l’organisation du volume, qui explique avec clarté le parti que l’on peut tirer d’une collation bien comprise pour une édition de texte. Le chapitre sur l’écriture propose une synthèse remarquable sur l’histoire de l’écriture, des conseils d’une grande probité (on ne peut dater une écriture à moins de vingt-cinq ans ; lorsqu’il s’agit de papier, préférer la datation par les filigranes) et des repères pour comparer les écritures (pourcentage d’abréviations, étude des bouts-de-ligne). Le chapitre sur la décoration apporte des informations nouvelles sur la hiérarchisation des initiales en lien avec le développement de l’Université de Paris au XIIIe siècle. Enfin, le très complet chapitre sur le contenu est un modèle de méthode et de pédagogie : il explicite pas à pas comment rédiger la partie « contenu » d’une notice de manuscrit, et il en commente un exemple.