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Une analyse des livres anglais du XVIIe siècle conservés à la bibliothèque de l’Université de Montréal

Joyce BORO

Département d’études anglaises, Université de Montréal

Parmi la collection des livres rares et des collections spéciales présente à l’Université de Montréal ne figurent que cinq livres anciens en anglais, dont quatre traductions. Imprimés en Angleterre au XVIIe siècle, ils traitent d’histoire, de voyages et de théorie politique : récits d’exploration, histoire de France, de Chine, du Nouveau Monde et de la Rome classique, exposés relatifs à la politique romaine et aux problèmes des colonies. La collection est très réduite, mais en dépit de leur rareté et de leur intérêt potentiel pour de nombreux chercheurs, ces exemplaires sont demeurés jusqu’à aujourd’hui inconnus, et ils n’apparaissent pas, par exemple, dans les répertoires et les ouvrages de références de livres anciens, tels que les Short Title Catalogues de Pollard et Redgrave et de Donald Wing.

1- Samuel Purchas, Purchas his Pilgrimage, 16171.

La troisième édition des Purchas his Pilgrimage, par Samuel Purchas, a été imprimée à Londres en 1617 par William Stansby pour le libraire Henry Featherstone2. Son titre complet fournit une bonne idée de son contenu :

Purchas his Pilgrimage, or, Relations of the world and the religions observed in al ages and places discouered, from the Creation vnto this present. In fovre parts. This first contayneth a Theologicall and Geographicall Historie of Asia, Africa, and America, with the Ilands adiacent. Declaring the ancient Religions before the Flovd, the Heathenish, Jewish, and Saracenicall in all Ages since, in those parts professed, with their seuerall Opinions, Idols, Oracles, Temples, Priests, Fasts, Feasts, Sacrifices, and Rites religious : Their beginnings, Proceedings, Alterations, Sects, Orders and Successions. With briefe descriptions of the Countries, Nations, States, Discoueries ; Priuate and publike Customes, and the most remarkable rarities of Nature, or humane industrie, in the same.

Purchas n’était pas un explorateur ni un voyageur. Il a abrégé et édité des textes préexistant pour offrir à ses lecteurs une anthologie historique et ethnologique (surtout religieuse) du monde. Pour lui, le voyage est presque synonyme de pèlerinage, celui-ci compris dans un cadre allégorique3. Comme l’observe Helfers, qui le qualifie d’interprète spirituel du voyage d’exploration anglais, Purchas « stands within a consciously literary tradition embodied by late medieval pilgrimage narratives » 4. À plusieurs reprises, le texte fait penser aux guides de pèlerinage, qui fournissent certes au lecteur des informations touristiques mais tout en conservant une dimension spirituelle. Le succès de Purchas se prolonge dans le long terme :

Over nearly four centuries Purchas’s [works] have been mined by hundreds of scholarly and popular authors in fields ranging from history and geography to economics, anthropology, archaelogy, literature, navigation, technology, biology, and medicine…5

À côté de ses activités d’homme de plume, Purchas (vers 1577-1626) est un ecclésiastique qui a servi comme diacre, prêtre, vicaire et pasteur dans plusieurs églises du sud de l’Angleterre. A Londres, il a été chapelain de l’archevêque George Abbot, puis pasteur des églises de St Martin Ludgate et de All Hallows, Bread Street. Il passe sa licence à Cambridge en 1597, et sa maîtrise en 1600, et est en outre licencié en divinité de Lambeth (1615) et d’Oxford (1617). Son adhésion à la « Virginia Company » témoigne de son profond intérêt pour le voyage et l’exploration. La plus grande partie de son Hakluytus Posthumus, or, Purchas his Pilgrimes a été rédigée alors qu’il était membre du collège King James à Chelsea (1621-1624), époque où il prononce aussi The Kings Towre (5 août 1622), qui sera son seul sermon publié6.

Inscrite dans le registre de la Stationers Company le 7 août 1612, la première édition des Purchas his Pilgrimage paraît en 1613, la deuxième dès 1614, la troisième en 1617 et la quatrième en 16267. Cette dernière édition forme l’un des volume du Hakluytus Posthumus, œuvre sur laquelle la réputation de Purchas est fondée8. Le livre, de format in-folio, mesure 287 sur 184 mm. Épais de 1175 pages, y compris les vingt premières et les vingt dernières feuilles non paginées, le volume se caractérise par une erreur de pagination : la pagination est de 1-1051 et de 1058-11029. L’impression a dû nécessiter un investissement important, à cause non seulement du format, mais aussi des polices variées (y compris grecques et hébraïques) et de la présence des gloses marginales.

De cette édition, on connaît 92 exemplaires aujourd’hui conservés. Souhaitant dresser une bibliographie complète de l’œuvre de Purchas, les auteurs du Purchas Handbook ont envoyé plus de 400 questionnaires aux bibliothèques et aux universités partout dans le monde : le seul exemplaire de notre édition conservé au Canada est signalé aux Archives de Colombie britannique (Victoria), mais celui de l’Université de Montréal reste ignoré10. Signalons qu’une des feuilles a été recomposée par l’imprimeur, avec une variante : dans la première composition, la dédicace au lecteur se termine par le mot « Amen » et les initiales « S. P. », alors que, dans la deuxième, « Amen » disparaît11. Cette variante est beaucoup plus rare, puisque la bibliographie du Purchas Handbook n’en connaît que deux exemples, l’un au All Souls College d’Oxford (Bibliothèque Codrington) et le second à la Bibliothèque nationale de Russie à St-Pétersbourg. Or, il se trouve que l’exemplaire de Montréal présente lui aussi cette variante. Son intérêt est rehaussé par une reliure ancienne avec la représentation d’une scène marine peinte sur sa gouttière : l’artiste est l’allemand Theodor von der Beek (1838-1921) 12. L’aquarelle porte le titre de Cordova below the Bridge : deux pêcheurs figurent à l’avant-plan, un voilier et une chaloupe passent sur la rivière, tandis que la vue de Cordoue occupe le haut de l’image13.

Notre exemplaire provient de la collection Baby, collection comptant environ 20 000 pièces et léguée à l’Université au décès de Louis François Georges Baby (1832-1906). Avocat, juge et politicien, Baby a aussi collectionné les pièces concernant l’histoire du Canada14. Les archives historiques, les livres anciens et l’ensemble de monnaies, médailles, tableaux, aquarelles et lithographies donnent à cet ensemble une grande valeur. Le point fort est le XIXe siècle, mais on note aussi un certain nombre de pièces plus anciennes.

L’exemplaire de Purchas porte un certain nombre d’annotations manuscrites. Au verso du plat supérieur et sur la dernière page, se trouve l’inscription : « Job Lousley’s book / Hampstead Norris Berks 1842 ». Lousley a été le marguillier de l’église de Hagbourne, un village situé à une vingtaine de kilomètres au sud d’Oxford, mais il est ici domicilié à Hampstead Norris, un peu plus an sud. Il a également porté dans l’ouvrage le commentaire suivant : « a valuable work and scarce ». En revanche, la signature d’un certain Edward Taylor, dans une écriture du XVIIIe ou du XIXe siècle, ne permet pas d’identifier ce personnage. Un certain nombre de mentions manuscrites apparaissent, notamment dans les marges : à l’index, le nom de Jacques Cartier est souligné en bleu, tandis que le mot « Sodom » a été porté en marge du feuillet I8v° et que le même lecteur a développé, au feuillet N (2) r°, les initiales de l’auteur (« S.H.S »). Enfin, une gravure représentant un Amérindien figure aux signatures A (3) v°, A (7) v°, Aaaa (3) v° et Gggg (2) v°.

2- Jean de Serres, A General Inventory of the History of France, trad. Edward Grimston, 160715.

Les deux ouvrages dont nous allons traiter ensuite sont traduits par Edward Grimston (1507/1508-1600) et font partie de la collection Melzack. Voici d’abord A General Inventorie of the History of France : From the beginning of that Monarchie, vnto the Treatie of Vervins, in the yeare 1598. Written by Ihon de Serres, And continued vnto these Times out off the best Authors which have written of that Subject. Inscrit dans le registre de la Stationers Company par William Ponsonby, le livre n’a pas été imprimé avant la fin de la licence. Eld l’a réinscrit en mars 1606, un an avant la première édition. Si les imprimeurs ne croyaient pas au succès de l’ouvrage, les quatre éditions successives témoignent pourtant de celui-ci (1607, 1611, et deux fois en 1624). L’original de Jean de Serres († 1598) est lui-même un succès : augmenté par plusieurs auteurs, il a fait l’objet de nombreuses éditions et justifie la nomination de de Serres comme historiographe de Henri IV en 1596. Le texte inclut une partie du Des sauvages de Champlain, d’abord publié en 1603 et abrégé dans la Chronologie septénaire de Pierre Victor Cayet en 1605. La traduction de Grimston (pp. 1020-1022) donne l’abrégé de Cayet et marque donc la première parution en anglais du texte de Champlain.

Le traducteur, Edward Grimston, a fait une carrière d’administrateur et de militaire, mais il était aussi un anglican reconnu : son épitaphe n’explique-t-elle pas que, durant quatre-vingt-douze ans, il a servi quatre monarques mais une seule religion. Contrôleur de Calais de 1553 à 1558, année finale de la domination anglaise sur la ville, Grimston est fait prisonnier par les Français mais réussit à s’échapper et, à Paris, se fait passer pour un Écossais afin de pouvoir regagner l’Angleterre – il narrera ses aventures dans un ouvrage publié en 1594. Dès lors, et jusqu’à son décès, Grimston siège dans de nombreuses commissions gouvernementales, et à plusieurs reprises comme membre du Parlement16.

Notre exemplaire de The History of France mesure 330 mm sur 220, et compte 1102 pages ([24-]1052-[26] p.) 17. L’ouvrage est très soigné, avec des portraits des rois de France et d’autres éléments décoratifs (bandeaux, lettres ornées, etc.). La reliure, en peau brune estampée à chaud, est contemporaine. Les notes manuscrites ne permettent pas de situer précisément la provenance : une page déchirée présente une partie d’une phrase commençant par « I think you may » dans une écriture du XVIIe siècle, avec, en dessous, les mots « Tomo Thomata » (?). Le nom de « Francis », dans une autre écriture, apparaît à plusieurs reprises, ainsi que celui de « Leonard », dans une écriture du XVIIIe siècle.

L’ex-libris de Louis Melzack (1914-2002) figure au contre-plat supérieur. La collection Melzack, donnée à l’Université en 1972 et augmentée en 1990 par Louis Melzack, présente, comme la collection Baby, une série remarquable de Canadiana, mais elle reste relativement méconnue. Melzack avait ouvert la première librairie de livres de poche au Canada et fondé la chaîne des librairies « Classics », laquelle essaime partout au Canada et aux États-Unis. Sa collection se compose d’imprimés et de manuscrits sur l’histoire du Canada : traités juridiques, récits d’exploration, livres de prières, poésies, anciens guides touristiques, mais aussi lettres, aquarelles et eaux-fortes. Le fonds Walter S. Johnson, avec la documentation sur la Rébellion de 1837-1838 (y compris l’original du mandat d’arrêt lancé contre Louis-Joseph Papineau), les œuvres sur les premières expéditions, les récits de voyage du fonds Bahr et les papiers Ryland (avec la collection Ketcheson) accroissent l’intérêt de cet ensemble. La collection Melzack est également remarquable pour ce qui regarde les anciens périodiques et journaux, avec la première année du Quebec Herald (1788-1789) et les séries du Quebec Mercury, du Canadien et du Montreal Herald. Parmi les manuscrits les plus anciens figure la Lettre du Roy pour nous establir en toute l’Amérique donnée par Louis XIV en 1651, et des lettres de Jean Talon datées de 1667. La collection, riche de plus de mille manuscrits et de trois mille imprimés, la plupart des XVIIIe et XIXe siècles, est de première importance pour les chercheurs en histoire du Québec et du Canada ou en histoire du livre18.

3- José de Acosta, The Natural and Moral History of the East and West Indies, trad. Edward Grimstone, 160419.

Toujours dans la collection Melzack, voici une seconde traduction de Grimston, faite sur un original espagnol de José de Acosta : The natural and moral historie of the East and West Indies. Intreating of the remarkeable things of Heaven, of the Elements, Mettalls, Plants and Beasts which are proper to that Country. Together with the Manners, Ceremonies, Lawes, Governements, and Warres of the Indians.

Acosta a passé plusieurs années au Pérou et au Mexique, où il a réuni la documentation nécessaire à son Histoire du Nouveau Monde20. Aux paragraphes traitant de l’origine des autochtones, des plantes et des animaux, s’ajoute une critique des politiques suivies par les colonisateurs. L’ouvrage comptera finalement sept parties, dont les deux premières ont été publiées en 1588, en latin, sous le titre de De natura Novi Orbis libri duo.

La première édition de la version espagnole, imprimée en 1590, a été suivie de trois autres, et la bibliothèque de l’Université de Montréal possède précisément un exemplaire de celle de 1608, imprimée à Madrid, exemplaire remarquable par ses nombreuses annotations manuscrites. Le succès du texte explique que l’ouvrage ait été rapidement traduit et imprimé dans d’autres langues : français (1597, 1600, 1606, 1616), italien (1596), flamand (1598, 1624), allemand (1601) et latin (1602, 1603). Des passages en sont repris dans des anthologies comme les Purchas his Pilgrimage21.

L’ouvrage anglais n’a connu qu’une édition et a été imprimé par Val Sims sur les presses de William Aspley pour Edward Blount, en un in-quarto de 170 mm sur 130. Il compte 602 pages ([6-]590-[6] p.) 22, et présente plusieurs gravures xylographiées au titre et au début des différents chapitres, ainsi que des initiales ornées et un bandeau. Nous ne connaissons que douze exemplaires qui soient aujourd’hui conservés de cet ouvrage, dont celui de Montréal. Malheureusement, les particularités d’exemplaire ne fournissent aucune information sur la provenance de ce dernier : annotations manuscrites marginales, calcul (f. B (3) r°), dessins (trois points en triangle). Aux signatures Q (2) r° et Y (2) v°, un lecteur a dessiné une croix face au mot « peeces » et a écrit « pezoes » dans la marge, indiquant par là sa connaissance de la monnaie espagnole. L’exlibris de Louis Melzack, au contre-plat supérieur, nous fournit la seule information disponible sur la provenance de cet exemplaire.

4- Martino Martini, Bellum tartaricum, or, The Conquest of the Great and Most Renowned Empire of China, trad. du latin, 165423.

Il s’agit ici de l’histoire de la Chine rédigée par le jésuite Martino Martini, lequel a passé une quinzaine d’années en Chine comme missionnaire24 : Bellum tartaricum, or, The conquest of the great and most renowned empire of China, by the invasion of the Tartars, who in these last seven years, have wholy subdued that vast empire. Together with a map of the provinces, and chief cities of the countries, for the better understanding of the story. Written originally in Latine by Martin Martinius, present in the country at most of the passages herein related, and now faithfully translated into English. Ce texte forme en outre un complément à l’History of That Great and Renowned Monarchy of China d’Alvarro Semmedo, ouvrage publié pour John Crook l’année suivante25.

A la fois cartographe, géographe et historien, Martini est l’auteur de plusieurs livres sur la Chine, il a lui-même traduit des originaux latins en chinois et rédigé la première grammaire occidentale du chinois. Le Bellum tartaricum donne le récit du déclin de l’empire Ming, un événement que Martini a vécu. Le traducteur anglais de l’original latin reste inconnu. L’édition a été donnée à Londres, pour John Crook, en 1654. Cet in-octavo de 139 sur 87 mm compte 240 pages de texte26 et possède une carte dépliante entre les cahiers A et B27. Une très belle gravure représentant Thien Mingus, l’empereur des Tartares, est ici collée sur la page face au titre – dans d’autres exemplaires, la gravure est imprimée. L’adresse au lecteur, le début du texte principal et celui du complément (sous le titre de « An Addition to the former History, taken out of the last Letters from China, Written in the years 1651. 1652. and 53 ») (f. Q (2) r°) sont ornés d’initiales décorées. Cet ouvrage est excessivement rare, puisqu’un seul autre exemplaire est connu outre celui de Montréal, en l’occurrence à la British Library. Malheureusement, la provenance de notre exemplaire demeure inconnue, et il ne porte aucune note manuscrite.

5- Discourses upon Cornelius Tacitus, trad. Richard Baker, 164228.

Le dernier ouvrage de notre petit fonds s’intitule Discourses upon Cornelius Tacitus. Written in Italian by the learned Marquesse Virgilio Malvezzi. Translated into English by Richard Baker. Il s’agit de la traduction anglaise des Discorsi sopra Cornelio Tacito. L’auteur, Malvezzi, a vécu plusieurs années en Espagne comme historiographe du Roi Philippe IV, et six de ses nombreuses œuvres historiques ont été traduites en anglais. Le traducteur, Richard Baker (vers 1568-1645) a étudié à Hart Hall (Oxford), mais il quitte l’université sans avoir fini son cursus. Après avoir reçu sa maîtrise en 1594, il se forme au droit à Londres, puis voyage en Europe. Membre du Parlement, titulaire de postes gouvernementaux successifs, il a aussi été emprisonné pour les dettes contractées comme garant de son beau-père. Baker a consacré les dernières années de sa vie à l’écriture, surtout de compositions morales et religieuses : Cato variegatus, or, Catoes Morall Distichs, Translated and Paraphrased with Variations of Expressing in English Verse (1636) ; Meditations on the Lord’s Prayer (1637) ; une traduction des Lettres de Guez de Balzac (1638) ; des méditations sur les psaumes (1639 et 1640) ; An Apologie for Laymen’s Writing in Divinity, with a Short Meditation upon the Fall of Lucifer (1641) ; Motives for Prayer upon the Seaven Dayes of the Weeke (1642). Sa défense du théâtre a été imprimée après sa mort, en 1662.

Tout comme sa traduction de Tacite, son chef d’œuvre traite de l’histoire : A Chronicle of the Kings of England from the Time of the Romans’ Government unto the Death of King James a été publié en 1643 et 1653, et onze éditions y compris des mises à jour en ont été données jusqu’en 173329.

Imprimée à Londres par E. G. pour Richard et Thomas Whitaker en 1642, cette unique édition des Discourses upon Cornelius Tacitus est un in-folio de 280 mm sur 175, qui compte 518 pages ([12-]504-[4] p.) 30. La page de titre est très décorée, tandis que les dédicaces s’ouvrent par initiales ornées et les pièces liminaires par des bandeaux gravés. Cet ouvrage est conservé en douze exemplaires connus, dont celui de Montréal. Celui-ci présente des particularités intéressantes : la signature de Joseph Penington, datée du 3 février 1652, apparaît sur la première page – mais nous n’avons pu identifier le personnage. Par la suite, l’ouvrage est entré dans la bibliothèque de la famille Lindsay, sans que l’on puisse préciser par quelles voies. La Bibliotheca Lindensiana a été créée à la fin du XVIe siècle, mais c’est au XIXe siècle, sous les 25e et 26e comtes de Crawford, qu’elle a atteint le nombre impressionnant de presque 200 000 volumes. Deux ex-libris du XIXe siècle de la Bibliotheca Lindensiana figurent au contre-plat supérieur de notre exemplaire. La collection a été dispersée à la fin du siècle et, en 1900, la famille Rylands en a acheté une grande partie, qu’elle a léguée à la bibliothèque éponyme de Manchester. La librairie Bernard Quartich a également pu acquérir des épaves de la Bibliotheca Lindensiana en 1924, et le reste a été vendu aux enchères en 1947 et 1948. C’est probablement à cette occasion que notre volume est passé à William Salloch, libraire d’antiquariat, dont l’ex-libris se retrouve au contre-plat inférieur. Il présente en outre plusieurs annotations manuscrites : un lecteur a corrigé le texte aux feuillets C (1) r° et C (2) v°, dans une écriture de la fin du XVIIe siècle ou du début du XVIIIe. La page de titre porte la mention « truncated », tandis que des mots en latin sont notés aux feuillets C (4) v° et D (4) r°. Enfin, un membre ou un bibliothécairede la famille Lindsay a écrit au contre-plat inférieur « Lindye 801 », et on a porté sur la gouttière, le numéro « 30 ».

Notre propos ne visait qu’à attirer l’attention des chercheurs sur des fonds méconnus, pour qu’ils puissent êtres repris dans les catalogues collectifs et étudiés de manière plus approfondie. Tant que les exemplaires concernés ne figurent pas dans les catalogues collectifs et les bases de données, ils demeurent généralement inconnus des chercheurs. Leur recensement ouvre en revanche des possibilités d’études par croisements avec les autres titres du fonds ou avec les autres exemplaires conservés du même titre. Des conclusions peuvent éventuellement en être tirées sur les modes d’accroissement des bibliothèques, sur les canaux d’importation des livres envoyés dans le Nouveau Monde, voire sur la circulation des textes et sur la pratique de la traduction. Autant de possibilités qui intéressent bien évidemment tout particulièrement les spécialistes et collectionneurs de Canadiana, mais aussi d’une manière plus large les historiens du livre.

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1 STC 20507 ; cote BAc0237.

2 Samuel Purchas, Purchas his Pilgrimage, 3e éd., London, William Stansby pour Henry Featherstone, 1617 (STC 20507 ; cote BAc0237 1617).

3 H. C. Porter, « Purchas as Theological Geographer », dans The Purchas Handbook : Studies of the Life, Times, and Writings of Samuel Purchas, 1577-1626, éd. L. E. Pennington (London, Hakluyt Society, 1997), 1, p. 181.

4 James P. Helfers. « The Explorer or the Pilgrim ? Modern Critical Opinion and the Editorial Methods of Richard Haklyut and Samuel Purchas », dans Studies in Philology, 94, 1997, pp. 168 et 175.

5 L. E. Pennington, « His Reputation and the Uses of His Works », dans id., The Purchas Handbook, 1, p 4.

6 David Armitage, « Purchas, Samuel (bap. 1577, d. 1626) », dans The Oxford Dictionary of National Biography, ed. H. C. G. Matthew, Brian Harrison (Oxford, Oxford University Press, 2004), http://www.oxforddnb.com/view/article/22898.

7 Edward Arber, éd., A Transcript of the Registers of the Company of Stationers of London, 1554-1640 A.D., London, 1875-1894, 5 vol., t. III, p. 492.

8 Pamela Neville-Sington, « The Primary Purchas Bibliography », dans Pennington, The Purchas Handbook, t. 2, p. 492.

9 La collation est [ ]2, 16, A-Ccccc8, Ddddd4, [ ]2.

10 Neville-Sington, « Primary Purchas », t. 2, p. 465.

11 Ibid., p. 492.

12 Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays…, nelle éd., Paris, Gründ, 1999, t. II, pp. 9-10.

13 Dans l’exemplaire de Montréal, les signatures Ii4 et Ssss8 sont légèremet déchirées, sans atteinte au texte.

14 Denis Plante, « George Baby, le juge collectionneur », dans Forum, 35, p. 24 (19 mars 2001) : http://www.forum.umontreal.ca/numeros/2000_2001/forum_01_03_19/archives.html. « Baby, Collection Louis-François-George, 1832-1906 », dans Université de Montréal, Division des archives : www.archiv.umontreal.ca/P0000/P0058.html. Georges Baby, Camille Bertrand, Catalogue de la Collection François-Louis-George Baby, Montréal, 1971, 2 vol. Michèle Brassard, Jean Hamelin, « Baby, Louis-François-George », dans Dictionary of Canadian Biography (en CD-Rom). Catalogue des imprimés de la Collection Baby. Montréal, Université de Montréal, Services aux usagers, Collections spéciales, Services techniques, Catalogue, 1989, 3 vol.

15 Cote MZd0039 ; numéro STC 22244.

16 C. S. L. Davies, « Grimston, Edward (1507/8-1600) », dans The Oxford Dictionary of National Biography, éd. H. C. G. Matthew, Brian Harrison, Oxford, Oxford Univ. Press, 2004 (et voir : http://www.oxforddnb. com/view/article/11638).

17 La collation est i4, A-Vvvvv8, Xxxxx5.

18 Alexander M. C. Wright, Collection Canadiana de Louis Melzack. Manuscrits, Montréal, Services des bibliothèques, Services aux Usagers, Collections spéciales, 1992. Richard Landon, « Louis Melzack », dans The Halcyon : The Newsletter of the Friends of the Thomas Fisher Rare Book Library, 30 (november 2002), p. 1. Catalogue de la Collection de Canadiana Louis Melzack, Montréal, Services des bibliothèques, Services aux Usagers, Collections spéciales, 1988, 3 vol.

19 Cote MZb0690a ; numéro STC 94.

20 Sur Acosta, voir Burgaleta et Hornberger. Pour une édition moderne voir Markham.

21 Theodore Hornberger, « Acosta’s Historia Natural y Moral de las Indias : A Guide to the Source and the Growth of the American Scientific Tradition », dans Texas University Studies in English, 19, 1939, p. 140. Robert Fikes Jr., « Jose de Acosta’s window on the New World », dans Americas, 30, 1978, pp. 6-7 et 29-31. C.R. Steele, « Latin America », dans Pennington, ouvr. cité, t. I, p. 303.

22 La collation est [ ]2, A4 (A1 et A2 en défaut), B-Pp8, a4, [ ]1.

23 Cote CSa DS 753.7 M3714 1654 ; numéro Wing M-858.

24 Pour des informations au sujet de Martini, voir Corradini.

25 Numéro Wing S-2490.

26 Sa collation est [ ]5, A4 (A1 en défaut), B-Q8, [ ]3.

27 Dans l’exemplaire de Montréal, la carte est déchirée et la moitié a disparu.

28 Cote CSb 878.6 Ym ; numéro Wing M-355.

29 G. H. Martin, « Baker, Sir Richard (c.1568-1645) », dans The Oxford Dictionary of National Biography, ouvr. cité (et : http://www.oxforddnb.com/view/article/1131).

30 La collation est [ ]2, A8, a4, B-Ii8, Kk4, [ ]2.