Le Musée de l’imprimerie de Lyon

Hélène-Sybille BELTRAN

Musée de l’imprimerie, Lyon

Par sa nature, la recherche historique fait appel à des sources très diverses qui dépassent en général les ressources d’une seule institution. Dans le cas particulier de l’histoire de l’imprimerie, il s’agit d’analyser non seulement un secteur d’activité économique et technique qui est, depuis cinq siècles, au cœur de la production culturelle, mais aussi d’étudier les facteurs sociaux, économiques et institutionnels qui ont conditionné son développement. Pour compliquer encore la tâche, les sources documentaires sur lesquelles l’historien de l’imprimerie s’appuie font souvent partie elles-mêmes du champ d’étude, car il ne s’agit pas simplement d’analyser les techniques employées en imprimerie, mais aussi d’étudier les produits de la production graphique – les imprimés eux-mêmes. En France, la panoplie des outils disponibles pour les historiens de l’imprimerie et, plus largement, du livre, compte non seulement de nombreux dépôts d’archives et de bibliothèques, dont les collections sont les témoins des étapes successives de la culture de l’imprimé, mais aussi le Musée de l’imprimerie de Lyon qui est, par la richesse de ses collections, l’un des principaux musées européens dans le domaine du livre et des arts graphiques.

Le Musée de l’imprimerie est situé au cœur de Lyon dans un immeuble Renaissance, l’Hôtel de la Couronne :

Cet immeuble, situé entre la rue des Forces et la rue de la Poulaillerie, contenait « cinq corps d’hostel avec deux cours, jardin clos de haultes murailles, estables, et fenières », sa principale issue était sur la rue de la Poulaillerie. Les restes de cet édifice sont encore dignes de fixer l’attention des curieux, non seulement à titre de témoignage matériel, le seul subsistant, d’une demeure municipale, mais comme spécimen de plus en plus rare de l’architecture privée de la fin du XV^e siècle.

C’est ainsi que Vital de Valous décrit l’ensemble du bâtiment dans son ouvrage Les Anciens Hôtels de Ville ou Maisons Communes de Lyon paru en 1862¹. En 1604, le consulat achète cette maison privée afin d’y établir jusqu’en 1655 le siège des Prévosts et Échevins de la Ville de Lyon. Puis l’édifice est revendu pour financer la construction de l’Hôtel de Ville actuel. Il connaît dès lors des affectations successives. En 1956, le Crédit lyonnais, qui y avait installé des ateliers et services techniques, en fait don à la Ville de Lyon.

La création d’un Musée de l’imprimerie à Lyon se justifiait par l’importance de la ville comme centre de production et de commerce du livre du XV^e au XIX^e siècle. Au cours des XVII^e et XVIII^e siècles Lyon a accueilli de nombreux imprimeurs-libraires, qui ont connu un succès plus ou moins important et dont certains ont assuré une production clandestine dont les contours sont mieux connus aujourd’hui grâce aux travaux de recherche récents. Rappelons encore que plus tard, au XIX^e siècle, ce fut un Lyonnais, Louis Perrin, qui a été l’un des initiateurs de la « révolution elzévirienne », renouvelant ainsi l’esthétique typographique du temps. Puis au XX^e siècle, deux ingénieurs rhône-alpins René Higonnet et Louis Moyroud ont inventé à Lyon la Lumitype-Photon², machine à composer photographique qui a ouvert la voie à la dématérialisation des techniques graphiques au lendemain de la Seconde Guerre mondiale : la lumière remplace alors les tonnes de plomb des ateliers traditionnels. Aujourd’hui encore le grand sud-est de la France demeure l’un des principaux pôles français de production graphique.

La création du Musée est décidée lors de la séance du Conseil Municipal du 29 avril 1957, et l’organisation en est confiée au maître-imprimeur, érudit et éminent spécialiste lyonnais de l’imprimerie, Maurice Audin (1895-1975), en étroite collaboration avec Henri-Jean Martin, alors conservateur en chef des Bibliothèques de la Ville de Lyon. Après les indispensables travaux d’aménagement, le Musée de la banque, créé en hommage au donateur, est inauguré en juin 1963, et le Musée de l’imprimerie en décembre 1964. L’établissement s’appellera dès lors Musée de l’imprimerie et de la banque. Toutefois, la partie fiduciaire étant assez anecdotique, la salle de la banque a été supprimée au milieu des années 1990, le Musée ne conservant que l’intitulé lié à l’imprimerie en général. Ajoutons que le Musée se trouve près du quartier historique des imprimeurs – autour de la rue Mercière –, dans un tissu urbain très dense³.

Installé dans deux immeubles mitoyens disposés autour d’une cour, dite « Maurice Scève », le Musée fut dirigé par Maurice Audin jusqu’en 1975. Audin assurait la direction du Musée tout en continuant son activité d’imprimeur à plein temps. Par la suite, la direction du Musée fut assurée par du personnel de la Bibliothèque municipale. Au cours des années 1980 et 1990, les activités du Musée sont élargies : expositions temporaires, stages, conférences et animations diverses. En 1987, la Ville de Lyon rachète, avec l’aide de la Direction du livre et de la lecture, une partie du matériel typographique de l’imprimerie Audin. Cette acquisition a permis de constituer l’atelier du Musée de l’Imprimerie, atelier qui a continué à s’enrichir au fil des années : casses de caractères de plomb, caractères d’affiche en bois, vignettes et décors typographiques, acquisition d’une partie du matériel de composition de l’éditeur lyonnais Marc Barbezat (1913-1999). Aujourd’hui, l’atelier accueille quelque 8000 visiteurs scolaires et autres stagiaires par an. Au cours des années 1990, un centre de documentation est progressivement créé, qui s’ouvre à un public d’étudiants et de spécialistes de la chaîne graphique. Le 19 juillet 2005, le Musée a officiellement reçu l’appellation « Musée de France ».

LES COLLECTIONS

Le Musée assure la conservation de livres, estampes, matrices d’impression, machines à imprimer et matériel graphique de toutes les époques de l’imprimerie. Il est doté d’une salle de documentation renfermant de nombreux périodiques, documents iconographiques, monographies et archives qui ont la particularité pour certains d’être à la fois des outils de recherche et des objets muséaux. Les collections initiales, composées de livres et de matériel d’imprimerie, ont été acquises par le fondateur du Musée, Maurice Audin, entre 1959 et le milieu des années 1970, en collaboration avec le libraire spécialisé parisien André Jammes. Ces acquisitions établirent les bases de l’exposition permanente et de la salle de documentation du Musée. Elles ont été complétées par un dépôt important de la part de la Bibliothèque municipale de documents destinés à être exposés, ainsi que par un dépôt du Musée national des Arts et Métiers concernant du matériel de stéréotypie. Les collections propres du Musée furent enrichies ensuite notamment par l’acquisition d’une partie de la bibliothèque du libraire scientifique J.-B. Baillière (1797-1885). Le Musée possède en outre un grand nombre de documents provenant de la bibliothèque de Marius Audin (1872-1951) et de l’Imprimerie Audin (post 1951). Il continue à bénéficier de nombreux dons et poursuit un programme d’acquisitions qui vise à renforcer ses collections dans des domaines qui sont actuellement sous-représentés dans ses collections, ou en fonction de son programme d’expositions.

L’exposition permanente est composée de plusieurs centaines de livres, estampes et imprimés éphémères du XI^e au XX^e siècle. Objets ou ouvrages ont été sélectionnés en fonction de leur importance dans l’histoire de la chaîne graphique ou des grands courants de pensée. C’est ainsi que le visiteur peut découvrir, entre autres, le premier livre français orné d’une image dans le texte ; un feuillet de la célèbre Bible à 42 lignes de Gutenberg ; le frontispice d’un ouvrage nurembergeois de 1595 et, grâce à une miraculeuse trouvaille, le bois qui servit à l’imprimer ; la Bible polyglotte de Plantin imprimée en quatre langues ; un livre rarissime du XVI^e siècle portant les noms de huguenots recherchés ; une exceptionnelle collection de bois gravés ayant illustré des Bibles lyonnaises. Le Musée possède aussi un exemplaire du Placard contre la Messe, de 1534 dont n’existe qu’une poignée d’exemplaires dans le monde⁴. Cette affiche fut placardée sur la porte de la chambre du roi François I^er à Amboise. Les Placards sont considérés comme l’un des déclencheurs des Guerres de religion.

La réserve précieuse renferme quelque cinq cents livres du XVI^e au XXI^e siècle. Ces livres sont, pour la plupart, d’un intérêt bibliographique particulier du point de vue de leur origine (imprimeur, éditeur, éditions lyonnaises…) ou des procédés de fabrication employés (papier, composition, illustration, reliure…), mais aussi du point de vue esthétique (typographie et mise en page, illustration), économique ou culturel (éditions représentatives de l’évolution de l’imprimé et de ses usages). On y trouve ainsi un grand nombre d’éditions lyonnaises des XVI^e, XVII^e, XVIII^e et XIX^e siècles ; les premiers ouvrages issus des presses de l’Imprimerie nationale ; des ouvrages illustrant toutes les principales étapes de l’évolution de la lettre d’imprimerie ; des ouvrages illustrant le rôle de l’imprimé comme véhicule des connaissances et du savoir ; des livres réalisés au moyen des différentes techniques de composition, d’illustration et d’impression ; des manuels enfin et autres ouvrages concernant les techniques et les métiers graphiques.

Les estampes figurent largement dans les collections du Musée. Celles présentées dans l’exposition permanente sont en grande partie issues du fonds Halasz, composé de 600 estampes représentatives de tous les procédés graphiques de toutes les époques, fonds constitué par Antoine de Halasz pour l’ouverture du Musée. Parmi les autres fonds d’estampes, on peut citer celui de Philippe Burnot (1877-1956), avec 135 estampes de l’artiste, le fonds Chièze constitué pour une part d’estampes avec dessins préparatoires, la collection Costa de Beauregard, avec 211 estampes des XVII^e et XVIII^e siècles, ou encore la collection Marcel Roux (1878-1922) de 36 estampes.

Le Musée possède aussi plusieurs collections d’imprimés éphémères⁵ représentatives des multiples usages de l’imprimerie en dehors du livre, de la presse périodique et de l’estampe : une collection de travaux de ville français et étrangers (cartes de commerce, invitations, faire-part, menus…) et autres imprimés éphémères issue du fonds Audin (50 albums) ; le fonds Gougenheim (40 albums de travaux – étiquettes – réalisés par cette imprimerie lyonnaise entre 1880 et 1960) ; le fonds Perreyon, rassemblant plusieurs milliers de travaux de ville imprimés en lithographie et en taille-douce par la maison du même nom à Lyon entre 1880 et 1950 ; le fonds Anselin, constitué de 1600 actions, obligations et autres imprimés fiduciaires réalisés par l’imprimerie Arnaud à Lyon dans le première moitié du XX^e siècle ; le fonds A. Waton également composé de plusieurs milliers de travaux de ville réalisés pour la plupart en chromolithographie par l’imprimerie A. Waton à Saint-Étienne entre 1880 et 1960; 120 affiches lithographiques du XIX^e siècle et du début du XX^e siècle ainsi que plusieurs centaines d’affiches du XX^e siècle…

Complément indispensable des documents imprimés, les matrices d’impression (bois et cuivres gravés, pierres lithographiques, flans et clichés stéréotypiques,…) nous renseignent sur leurs techniques et mode de production. Parmi les nombreuses collections dans ce domaine on trouve :

– une collection de 588 bois gravés des XVI^e-XVIII^e siècles ayant servi à l’impression de la Bible⁶ ;

– 104 bois gravés sur les dessins de Gustave Doré pour l’illustration des Œuvres de Rabelais. L’ouvrage paru en 1873 et illustré avec ces matrices a pu également être acquis par le Musée⁷ ;

– une centaine de bois réalisés par des graveurs lyonnais de la première moitié du XX^e siècle (tels Louis Bouquet, Philippe Burnot, Marguerite Frédérique Charlaix, Pierre Combet-Descombes, Léon Schultz) ;

– 300 bois gravés par Jean Chièze, accompagnés des dessins d’étude et tirages correspondants. Ces bois illustrent les centres d’intérêt du grand graveur, depuis les sujets régionaux (particulièrement la Bretagne) jusqu’aux sujets religieux, historiques ou littéraires ;

– 20 bois gravés par J.-B.-M Papillon et par N. Le Sueur sur les dessins de Bachelier, ayant servi à l’illustration (culs-de-lampe) de la célèbre édition illustrée d’eaux-fortes d’après J.-B. Oudry des Fables de La Fontaine, Paris, Desaint et Saillant, 1755 ;

– 27 vignettes et lettres ornées ayant servi à l’illustration de Paul et Virginie, édité par Léon Curmer en 1838 ;

– 21 lettres historiées dessinées par H. Leymarie et gravé par Breviére en 1836, destinées à l’impression de L’Album du Lyonnais, imprimé par Léon Boitel ;

– un millier de cuivres pour l’impression en taille-douce, dont notamment 800 blasons de l’Ordre du Saint Esprit, cinq grands cuivres gravés par Jean-Jacques de Boissieu, et deux cuivres gravés en 1651 par Israël Sylvestre (vues de Lyon) ;

– une collection de six cuivres gravés d’après des illustrations d’Albert Gleizes pour les Pensées de Pascal ;

– divers exemples de gravure industrielle sur bois de bout, de galvanoplastie, de stéréotypie et de rotogravure.

Le Musée possède également quelque 2000 clichés typographiques en provenance de l’Imprimerie Audin et datant de la première moitié du XX^e siècle : il s’agit de sujets typographiques ou publicitaires, et d’illustrations diverses. Il dispose d’un large éventail de matériel graphique : machines à composer, presses à imprimer, massicots, caractères en plomb, outillages divers. Dans l’atelier typographique on peut voir fonctionner une linotype des années 1920, ainsi qu’une presse Stanhope, une presse à platine verticale Heidelberg dans un décor qui rappelle l’ambiance d’un atelier typographique du début du siècle dernier, avec son mobilier (casses, rangs, lingotiers, marbre, etc.), ses fournitures (caractères en plomb et en bois des XIX^e et XX^e siècles) et son petit matériel (coupoirs, presses à épreuves, massicot, piqueuse, etc.).

Dans le domaine de la typographie, le Musée conserve aussi de nombreux poinçons et matrices : une centaine de fontes de caractères en plomb (fin XIX^e et XX^e siècle) ; une cinquantaine de polices de caractères en bois pour affiches ; une machine à composer Typograph ; une reconstitution d’une presse en bois semblable à celle employée par les premiers imprimeurs ; deux presses de type Stanhope, plusieurs presses à pédale, une presse à platine verticale ayant servi à imprimer clandestinement les premiers numéros du journal Combat, et plusieurs massicots (dont un, fabriqué par l’entreprise parisien Massiquot au XIX^e siècle). Dans le domaine de l’impression en creux, le Musée présente une presse en taille-douce datant de la fin du XVIII^e siècle.

On peut voir exposés deux presses lithographiques (XIX^e et XX^e siècles), un remarquable banc de reproduction utilisé en photogravure au début du XX^e siècle, le prototype (1948) et premier modèle commercial français (1957) de la Lumitype-Photon, première photocomposeuse de deuxième génération, inventée à Lyon en 1944. Les réserves du Musée renferment encore de nombreuses machines à composer (Monotype, Monophoto…), presses typographiques et lithographiques, machines utilisées pour la fabrication de cartes à jouer, et autres matériels divers dont la remise en état nécessiterait, dans la plupart des cas, un travail de restauration important

LE CENTRE DE DOCUMENTATION

Le fonds documentaire du Musée est à la fois le prolongement et le complément de sa collection permanente car, dans le domaine de l’histoire de l’imprimerie et du livre, la documentation se confond constamment avec les réserves. Qu’ils soient anciens ou modernes, les ouvrages que renferme le fonds documentaire sont très souvent aussi intéressants pour leur forme que pour leur contenu. Nombreux sont les documents imprimés qui méritent qu’on s’attarde sur les particularités de leur mise en forme ou fabrication, voire qu’on les expose en vitrine dans la collection permanente : les manuels typographiques des XVIII^e et XIX^e siècles nous fournissent de précieux renseignements à la fois sur les techniques, le fonctionnement quotidien des ateliers et le processus de mise en texte. De même les ouvrages imprimés par un Didot, un Audin ou quelque imprimeur commercial, dont la mise en page est aussi éloquente sur les usages typographiques d’une époque que tout manuel. Les livres composés dans les caractères d’un Garamond, d’un Fournier ou d’un Perrin sont les sources mêmes de l’histoire de la lettre d’imprimerie. Les estampes et autres illustrations sont les témoins à la fois de leur époque et du savoir-faire de générations de graveurs et d’imprimeurs. Il en va de même pour les innombrables documents anciens et modernes qui trouvent leur place aussi bien dans les vitrines du Musée que sur les rayons de la bibliothèque : manuels, catalogues de caractères, modèles de composition, recueils de travaux publicitaires, reliures, etc. Le centre de documentation du Musée offre une mine iconographique avec plus de 3000 ouvrages sur l’histoire de l’imprimerie, du livre et de la papeterie, une centaine de séries de publications périodiques, 10 000 documents techniques, 3000 illustrations et une photothèque de quelques 2000 diapositives et images numérisées⁸.

La salle de documentation renferme de nombreux ouvrages qui sont à la fois des outils de travail et des objets de recherche : manuels typographiques⁹, spécimens de caractères ; catalogues de matériel graphique ; études techniques ; documents promotionnels. Ce fonds est constitué d’ouvrages de référence et de périodiques acquis au fil de l’activité quotidienne du Musée, ainsi que de plusieurs fonds spécialisés représentant de nombreux aspects de la chaîne graphique et qui offrent un éventail de ressources unique en France¹⁰. Il est particulièrement riche pour le domaine de l’histoire de l’imprimerie et des techniques graphiques aux XIX^e et XX^e siècles, et possède une collection exceptionnelle de catalogues de caractères et de manuels typographiques français. Deux fonds documentaires sont des dépôts : le fonds des Rencontres internationales de Lure (mis en dépôt par l’Association internationale des Rencontres de Lure) et le fonds Marinoni-Voirin, mis en dépôt par la société Heidelberg Web Systems, grâce à l’action de M. Éric Le Ray. Les collections documentaires du Musée se sont enrichies, en 2004, par le legs de la bibliothèque de René Ponot. Les 2500 volumes de cet ensemble couvrent tous les aspects des expériences professionnelles de celui qui est honoré comme l’un des principaux historiens de la lettre d’imprimerie français, et qui fut aussi cartographe, graphiste décorateur, enseignant en arts graphiques et publicité, et dessinateur de caractères. La salle de documentation est aujourd’hui consultée par une clientèle française et internationale composée d’étudiants, d’éditeurs, de sociétés de production audiovisuelle et d’historiens du livre et de l’imprimerie. Cette activité est le reflet à la fois de la richesse de ses collections et du réseau étendu que le Musée entretient dans le domaine de l’histoire du livre et des techniques graphiques.

Les riches collections et la documentation du Musée de l’imprimerie contribuent au programme de formation continue à destination des professionnels des musées, bibliothèques et archives au niveau national, mais aussi international puisque l’Université de Virginie aux États-Unis a choisi Lyon pour développer en Europe un prolongement de sa Rare Book School consacrée à la connaissance des documents graphiques patrimoniaux, laquelle, depuis plus de vingt-cinq ans a formé un grand nombre de conservateurs et universitaires des deux continents. La présence du Musée de l’imprimerie à Lyon a été un facteur déterminant dans l’organisation de trois colloques internationaux majeurs : le congrès annuel de l’Association typographique internationale et Les Trois révolutions du livre¹¹, tous deux en 1998, et le congrès annuel de la Society for the history of authorship, reading and publishing en 2004.

Le Musée est, avec la Bibliothèque municipale de Lyon, pôle associé de la Bibliothèque nationale de France pour l’histoire du livre et de l’imprimerie. De même il est l’un des membres fondateurs de l’Institut d’histoire du livre, association loi de 1901 qui réunit par ailleurs l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Villeurbanne), l’École normale supérieure (LSH Lyon), et l’École nationale des chartes à Paris. L’Institut d’histoire du Livre organise une session d’une semaine de formation par an. Les collections du Musée et de la Bibliothèque municipale sont étudiées dans ces cours, proposés dans des domaines pointus et assurés par d’éminents spécialistes internationaux. Le Musée renforce ainsi son rôle de centre de ressources privilégié d’année en année au niveau national et international en liaison avec des activités d’enseignement et de recherche.

1. Pierre lithographique du XIX^e siècle en provenance de l’imprimerie Antoine Waton de Saint-Étienne : pierre maîtresse comportant une trentaine d’images dont de nombreux monogrammes, des blasons, deux signatures manuscrites et une étiquette pour « Hampton elixir ferrugineuse » (Collection Musée de l’imprimerie, INV 1149).

2. Page de l’ouvrage de Charles Derriey, graveur et fondeur, présentant des exemples de ses travaux, paru en 1862 : vignettes, caractères ornés, traits de plume, coins et passepartout, filets en lame, étiquettes, cartes, têtes de lettre, frontispices, etc. (Collection Musée de l’imprimerie, INV 1412).

3. Disque porte-matrice de la photocomposeuse Lumitype 200 : ce disque comporte seize alphabets de 90 caractères, soit 1440 caractères répartis en huit rangées. Les caractères de ce disque, transparent sur fond opaque, sont de corps 6 et peuvent être projetés sur le film en huit corps différents allant du corps 5 au corps 18 grâce à une tourelle munie de huit lentilles. Quelque 128 polices de caractères sont donc disponibles à tout moment (Collection Musée de l’imprimerie, INV 1618).

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¹ Vital de Valous, Les Anciens Hôtels de Ville ou Maisons Communes de Lyon, Lyon, [s.n.], 1862.

² Alan Marshall, Du plomb à la lumière : la Lumitype-Photon et la naissance des industries graphiques modernes, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2001. Id., « Les mutations de la chaîne graphique au XX^e siècle », dans Les Trois révolutions du livre, éd. Frédéric Barbier, Genève, Librairie Droz, 2001, pp. 273-291.

³ Et, depuis 1998, au sein de la zone classée Patrimoine de l’humanité par l’UNESCO.

⁴ Juliette Guilbaud, « De Neuchâtel à Lyon : un rarissime exemplaire des « Placards contre la messe » de 1534, est conservé au musée de l’imprimerie », Gryphe, revue de la Bibliothèque de Lyon, nº 10, mars 2005, pp. 27-31, ill.

⁵ Une exposition consacrée aux imprimés éphémères a été conçue et présentée au Musée en 2001 grâce au soutien du Pr. Michael Twyman (directeur du Centre d’étude des ephemera au Département de la typographie et de la communication graphique de l’Université de Reading, Grande-Bretagne). Michael Twyman a signé la préface de la publication parue à cette occasion : Ephemera : les imprimés de tous les jours, 1880-1939, Lyon, Musée de l’imprimerie, 2001.

⁶ L’histoire de cette collection exceptionnelle se trouve détaillée dans l’étude de Maurice Audin, Les Peintres en bois et les tailleurs d’histoire : à propos d’une collection de bois gravés conservée au Musée de l’imprimerie et de la banque. (Lyon, Association des amis du Musée de l’imprimerie et de la banque, 1967). Le Musée a acquis, en 2005, une Bible en breton imprimée avec une partie de ces bois : Histoërieu ag en eu Testamand, Ancién ha Néhué, Guet explicationeu en Tadeu Santel ag en Ilis, eit reglein erhad er vuhé é peb sort stad, Vannes, Vugalé galles, 1802.

⁷ Voir Sylvie Margossian, « Rabelais et Doré au Musée de l’imprimerie, un truculent duo au service de l’illustration », Bulletin municipal officiel, 4 février 2001, nº 5363, non paginé.

⁸ Son catalogue est accessible en ligne via le site Internet du Musée et celui de la Bibliothèque municipale.

⁹ Alan Marshall, « Manuels typographiques conservés au Musée de l’imprimerie de Lyon », Cahiers GUTenberg, nº 6, pp. 39-41.

¹⁰ La description synthétique de chacun de ces fonds spécialisés (une dizaine) se trouve sur le site Internet du Musée.

¹¹ Les Trois révolutions du livre, éd. Frédéric Barbier, Genève, Librairie Droz, 2001, 343 p., ill.