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Emmanuel Vitte, le dernier des libraires catholiques lyonnais ?

Aurélie DARBOUR

Conservateur-stagiaire des bibliothèques à l’Enssib DCB 13

Clémence JOSTE

Conservateur-stagiaire des bibliothèques à l’Enssib DCB 13

Céline LÈBRE

Conservateur-stagiaire des bibliothèques à l’Enssib DCB 13

Anne-Laure MENNESSIER

Conservateur-stagiaire des bibliothèques à l’Enssib DCB 13

Si l’histoire du livre lyonnais est relativement bien connue pour les périodes allant du XVe au XVIIIe siècle, il en va tout autrement pour le XIXe siècle. Traditionnellement en effet, le XVIe siècle fait figure d’âge d’or de l’imprimerie lyonnaise, période faste à laquelle n’aurait succédé qu’un long déclin. Ainsi Mathieu Varille ne voit-il à Lyon qu’« un XIXe siècle assez terne, d’où seule émerge la haute personnalité de Perrin »1. Pourtant, Perrin n’est pas seul à maintenir vivantes l’édition et l’imprimerie lyonnaises, ni à s’inscrire dans le prolongement de familles d’éditeurs-imprimeurs remontant aux Lumières2. Dans le domaine de l’édition catholique, c’est aussi le cas d’Emmanuel Vitte, l’un des derniers représentants de ce secteur qui reste au moins jusqu’à la fin du XIXe siècle une spécialité lyonnaise.

En effet, Lyon occupe alors la deuxième place dans le monde de l’édition en France, loin cependant derrière Paris. Même si sous le Second Empire la part de Lyon recule suite notamment au départ de la maison Périsse pour la capitale, la plupart des grandes maisons lyonnaises du siècle, à l’exception de Perrin3, sont spécialisées dans l’édition religieuse. Ainsi à eux seuls, Rusand et ses successeurs, Pélagaud et associés puis Pélagaud seul, sont-ils responsables de 1800 à 1850 de l’impression de plus de la moitié des livres liturgiques du diocèse de Lyon. Mathieu-Placide Rusand se porte en effet acquéreur en 1814 de l’atelier de Ballanche aux Halles de Grenette, alors qu’il possède déjà un atelier, rue Mercière. Il confie un temps l’atelier des Halles à son prote Zacharie Durand. Rusand devient l’un des plus importants imprimeurs de la ville, avec plus de vingt presses en activité. Spécialisé dans les ouvrages de religion et de piété, il édite aussi Joseph de Maistre. Avec deux associés, Jean-Benoît Pélagaud rachète l’atelier de Rusand en 1835. Il poursuit la spécialisation religieuse. Membre de l’Œuvre de la Propagation de la Foi, dont il édite les Annales, il occupe aussi la fonction d’imprimeur officiel de l’archevêché, fonction reprise par Vitte et Perrussel en 1883.

Les ouvrages religieux dominent donc largement la production éditoriale lyonnaise au détriment de la littérature générale. Lyon apparaît ainsi, sur le plan éditorial, comme un véritable « désert littéraire »4. À l’exception de Chateaubriand et de Joseph de Maistre, les grands auteurs contemporains et particulièrement les romanciers n’y sont pas édités. On publie à Lyon quelques classiques, mais de moins en moins au fur et à mesure que s’avance le siècle. En revanche, on note la place grandissante des périodiques et du régionalisme avec les « lyonnaiseries »5. Dans ce contexte, l’étude de la maison d’édition fondée par Emmanuel Vitte et dirigée par lui de 1876 à 1928 prend tout son intérêt6. Son inscription dans la tradition de l’édition catholique lyonnaise apparaît tant au niveau de l’itinéraire personnel de Vitte que dans la manière dont il crée et consolide son entreprise.

Tableau récapitulatif de la succession des maisons lyonnaises Vitte

EMMANUEL VITTE : DU SÉMINAIRE À LA LIBRAIRIE

Emmanuel Vitte, à la fois libraire, imprimeur et éditeur, a consacré toute sa carrière au livre, et particulièrement au livre religieux. Les sources concernant les locaux, la production éditoriale, l’évolution de l’entreprise, sont suffisamment riches pour permettre d’écrire l’histoire de la maison d’édition. Mais que savons-nous de son fondateur ? Derrière la description donnée par Joseph Serre d’un « Bressan robuste à la forte carrure, aux épaisses moustaches, aux sourcils broussailleux », de quel genre d’homme s’agit-il ? En dépit de sa discrétion, son itinéraire et ses convictions façonnent l’identité de sa librairie.

La principale source d’informations dont nous disposons est un recueil d’éloges publié à l’occasion de sa messe de funérailles, à la paroisse Saint-François de Sales de Lyon, le 10 mars 1928, lors de la cérémonie précédant l’inhumation au cimetière de Cormoz7.

Emmanuel Vitte8 est né à Cormoz (Ain) le 12 mars 1849, dans une vieille famille de la Haute-Bresse. Il est le plus jeune des cinq enfants de Jean-Marie Philibert Vitte et d’Aimée Bouchoux. Son oncle paternel, Mgr Marie-Ferdinand Vitte, était vicaire apostolique de la Nouvelle-Calédonie et membre de la Société de Marie9. Emmanuel grandit par conséquent dans un environnement catholique, il étudie chez le curé Deluye puis entre au séminaire de Meximieux, où son nom apparaît sur le tableau d’honneur du Palmarès de 1862. Sa santé fragile le détournant des études et de la vie à la campagne, il s’installe à Lyon, et après un essai dans la soierie, devient commis chez l’imprimeur Briday, avenue de l’archevêché. Pendant la guerre de 1870-1871, il est lieutenant des Mobiles de l’Ain, puis reprend son travail chez Briday jusqu’en 1875-1876. En 1877, il épouse Emma Greffe dont il aura six enfants10. Deux d’entre eux meurent cependant avant lui. Emmanuel Vitte sera en particulier très affecté par la disparition de son fils aîné, Joseph, jeune séminariste mort au combat en 1916. Il exprime sa tristesse dans l’un de ses poèmes, l’un des rares où il évoque sa vie personnelle et sa famille. Un autre fils, Marc, fait également la Grande Guerre (il est soldat à la 14e section des secrétaires d’État-Major en 1917). C’est lui qui succèdera à son père à la tête de la librairie en 1928, en association avec son beau-frère, Jamen. Si nous ne savons presque rien de la vie de la famille Vitte, les Indicateurs lyonnais permettent néanmoins de suivre les divers changements de résidence personnelle la concernant. Nous apprenons par exemple qu’à partir de 1926, la famille est installée au 3 place Bellecour, au-dessus de la librairie.

Emmanuel Vitte compose quatre recueils de poèmes qu’il édite lui-même11. On peut y joindre une œuvre écrite en collaboration avec Fleury Vindry et Antoine Barbier : Selene, recueil de poèmes illustrés qui ont été offerts par l’ensemble des collaborateurs au Comité de secours au Corps expéditionnaire d’Orient. Selon Joseph Serre, dans sa préface à L’Heure du rêve, Emmanuel Vitte est un fin lettré, le « digne frère des modernes et des romantiques »12, qui puise son inspiration dans « la Foi, la Nature, la Famille ». Ainsi sa « poésie du terroir et du clocher » est-elle empreinte de ferveur régionaliste, chrétienne et patriotique. Concernant la personnalité d’Emmanuel Vitte, les auteurs des éloges funèbres rassemblés dans In Memoriam s’accordent à reconnaître la modestie et la discrétion du personnage : c’est un « sensible qui tait ses souffrances », un homme à la « richesse de tempérament » certaine mais qui « ne se livrait pas ». Ils montrent Emmanuel Vitte comme un homme « calme, un peu froid d’aspect, qui se réserve pour les expansions intérieures ». Ils rappellent aussi le cœur loyal, généreux et délicat, la distinction, la simplicité et la bonté du défunt. En résumé, l´image donnée par les éloges funèbres est celle d’« un homme de bien, un excellent Français, un vrai poète, un Bressan de race, un bon père de famille et un parfait catholique ».

Du côté professionnel, Vitte est décrit comme un « libraire consciencieux et probe, [un] éditeur averti, [un] imprimeur de goût », « bien connu en France et à l’étranger », et doué d’« évidentes aptitudes commerciales ». Il est reconnu comme « un chef remarquable et un irrésistible entraîneur : patron modèle, prêchant d’exemple, laborieux, énergique autant que bon, indulgent et aimable ». De fait, il est un professionnel du livre très consciencieux, dont le regard embrasse la chaîne du livre dans sa globalité, portant attention autant aux techniques de fabrication qu’au contexte du monde de l’édition.

Travaillant à la fois à l’élaboration, à la vente et à la diffusion des livres, Vitte est en relation directe avec tous les acteurs du monde de l´édition et en prise avec toutes les questions relatives au livre. Il écrit trois ouvrages sur l’imprimerie et la librairie13. Éditeur entretenant des relations très suivies avec les auteurs, il souhaite leur faire prendre conscience de la somme d’efforts que représente la fabrication d’un livre14 et les amener à prêter davantage attention à un certain nombre de détails afin de faciliter le travail de tous. Il lui paraît donc utile que les auteurs maîtrisent le vocabulaire de base du typographe, il leur demande d’indiquer clairement toutes leurs intentions et leur recommande enfin de choisir avec beaucoup de soin leur éditeur, acteur essentiel du succès. Ses différents ouvrages donnent l’image d’un homme attaché à son travail et désireux d’offrir aux lecteurs de « bonnes éditions ». Emmanuel Vitte insiste sur la nécessité d’« atteindre ce degré de perfection que chaque auteur doit rechercher, et qui est l’idéal de l’imprimeur soucieux de sa réputation et amoureux de son art »15.

UN CATHOLIQUE ENGAGÉ

On ne trouve pas trace d’un engagement politique d’Emmanuel Vitte qui, de tempérament « modéré et plutôt timide », ne semble pas s’être illustré dans la vie politique de son temps. En revanche, sa production éditoriale témoigne de son implication dans la défense de l’enseignement libre et plus largement de la religion catholique. Aussi ne lui connaît-on pas d’engagements autres que religieux et professionnels, engagements marqués en revanche par un ardent prosélytisme : il ne « sépare jamais le matériel du moral » et se montre « toujours prêt à faire profiter la religion de ses efforts ». La maison Vitte est décrite comme « une grande œuvre de moralisation, de christianisation de la pensée »16, ce qui transparaît bien dans les ultimes recommandations de son fondateur. Dans ses Conseils et vœux suprêmes à remettre à [son] conseil d’administration à [son] décès, Vitte déclare souhaiter

que le caractère et le titre de [sa] société soient maintenus scrupuleusement, pour qu’elle puisse longtemps après [lui] servir l’idéal catholique et rester, dans les mêmes conditions de prudence et de générosité, une entreprise nettement propagandiste…17

C’est pour l’essentiel à travers son activité professionnelle d’éditeur et d’imprimeur qu’Emmanuel Vitte s’engage et se positionne en tant que fervent catholique et défenseur de l’Église face aux nombreuses menaces qui pèsent sur elle. Son appartenance à la Ligue populaire lyonnaise pour le repos du dimanche en témoigne. Les catholiques voient là un moyen de défendre symboliquement les valeurs chrétiennes auxquelles ils sont attachés. Ainsi la Ligue déplore-t-elle que la

France seule semble avoir trop oublié que le repos hebdomadaire est nécessaire à la conservation de la famille, à la restauration des forces humaines, aux véritables intérêts économiques et à la dignité du citoyen…18

Étant l’un des éditeurs les plus importants de Lyon, Vitte n’a pu échapper à un certain engagement au sein de la profession. Un article du Bulletin des Libraires le présente de fait comme ayant participé à la fondation du premier Syndicat national des Libraires : il serait

l’un des membres fondateurs du premier syndicat des libraires aux côtés de M. Antoine Roux, et nous l’avons toujours compté parmi ceux dont le concours était acquis aux périodes un peu difficiles…19

Cependant, aucune trace dans les sources consultées ne confirme son activité syndicale. Il s’agissait sans doute plus d’un soutien amical que d’une réelle volonté d’agir. L’auteur de l’article affirme que « sans participer en personne à [leurs] travaux corporatifs, il s’y intéressait vivement et leur manifestait souvent sa sympathie ».

Emmanuel Vitte a également créé la « Bibliothèque Emmanuel Vitte », laquelle fait l’objet d’une publicité sur la quatrième de couverture de son catalogue de Livres classiques de 1909-191020, où en est détaillé le règlement. Fondée en 1906, cette bibliothèque prolonge l’activité éditoriale d’Emmanuel Vitte et notamment sa volonté de faire circuler de « bons livres » auprès du plus grand nombre21. Comme en ce qui concerne son activité éditoriale, Emmanuel Vitte fait apparaître dans le règlement de sa bibliothèque le désir d’allier l’édification de son prochain à l’équilibre commercial de sa maison : le prêt des livres n’est en effet pas gratuit, et le choix offert entre plusieurs types de prêts (un abonnement, dont le montant est proportionnel au nombre d’ouvrages empruntables, ou un paiement forfaitaire par document emprunté) atteste du fait que cette activité est aussi le fruit d’une réflexion commerciale. Selon Louis de Vaucelles, Emmanuel Vitte était également membre de l’Association catholique des patrons de Lyon22. Cette association, dont le siège est au 17 rue Sainte-Catherine (1er arrondissement), est fondée au lendemain de la défaite de 1871 dans le but de rapprocher le patron de l’ouvrier et d’établir dans le labeur commun « les principes chrétiens qui doivent régner dans le monde du travail et de l’industrie »23. L’Association soutient aussi la cause du repos dominical et entretient plusieurs écoles libres. Enfin, elle participe à la création du Nouvelliste, journal lyonnais catholique et populaire fondé en 1879.

Porté par ses convictions personnelles, Emmanuel Vitte reste toute sa vie un homme au service de la défense du catholicisme, et l´itinéraire suivi par sa maison d´édition en est la meilleure illustration.

LA MAISON D’ÉDITION : 1876-1928

L’histoire de la librairie Vitte débute en 1876, lorsque Vitte, commis chez Briday depuis 186724, s’établit à son compte en tant que libraire-éditeur, puis imprimeur. Il a successivement deux associés : Auguste Lutrin puis Joseph-Marie Perrussel, sur lesquels nous ne disposons que de fort peu de renseignements biographiques. En 1878, première année des Indicateurs lyonnais que nous avons pu consulter, Vitte et Lutrin sont connus pour être établis au 7 rue Mercière comme « libraires ». L’année suivante, ils sont recensés à la même adresse comme « libraires-éditeurs ». Ils ont commencé leur activité d’éditeurs peut-être dès la fin 1876 et de manière certaine à partir de 1877. Si le nombre de titres alors publiés par eux est faible, la spécialisation de la maison dans le livre religieux apparaît déjà clairement. L’association entre Vitte et Lutrin cesse au cours de l’année 1879 : à partir de 1880 en effet, seul le nom de Perrussel est associé à celui de Vitte.

La collaboration entre Vitte et Perrussel marque une étape majeure dans l’affirmation de la maison d’édition comme l’une des plus actives de Lyon pour ce qui regarde le livre religieux. En 1880, Vitte et Perrussel font l’acquisition de la maison Josserand située place Bellecour, ce qui leur apporte un fonds éditorial de qualité. Ils disposent en outre, dès cette année, d’un rayon d’ornements d’église, provenant sans doute lui aussi du fonds Josserand. Deux ans plus tard (1882) ils ouvrent un magasin d’ornements et de lingerie d’église et, à la même époque, quittent définitivement la rue Mercière pour la place Bellecour. Dans les Indicateurs lyonnais de 1880, la maison s’intitule « Librairie catholique et classique », ce qui l’inscrit dans la filiation des plus prestigieux éditeurs lyonnais de livres religieux25, puis elle prend la raison sociale de «Librairie générale catholique et classique » en 1882, lors de la constitution en société anonyme. Tout en conservant un caractère généraliste, elle désigne ainsi ses deux orientations privilégiées : les ouvrages religieux et les livres scolaires à destination des écoles libres. Nul doute que la création de la société anonyme apporte à ses fondateurs un capital qui leur permet de réaliser un autre achat d’importance : celui du fonds Pélagaud (1883).

Avec cette acquisition, Vitte et Perrussel se placent une nouvelle fois dans le prolongement des grands éditeurs religieux de Lyon puisque la maison Pélagaud, en 1883, a derrière elle une longue histoire26. En la rachetant, Vitte et Perrussel acquièrent non seulement son fonds éditorial, mais aussi le monopole de la vente des livres liturgiques à l’usage du diocèse de Lyon. La société Vitte et Perrussel devient ainsi l’imprimeur officiel de l’archevêché. De plus, l’achat du fonds Pélagaud permet à Vitte et Perrussel de joindre à leur activité initiale celle d’imprimeur. Jusqu’à cette date, ils s’adressent à différents imprimeurs, par exemple Contant-Laguerre à Bar-le-Duc. Après le rachat de Pélagaud, ils peuvent répondre à toutes les demandes de travaux d’impression, des livres de plain-chant aux billets de naissance ou de mariage. L’imprimerie, 58 rue Sala,

se recommande particulièrement aux administrations diocésaines, aux congrégations religieuses, aux confréries, aux maisons d’éducation et aux paroisses, pour les imprimés qui leur sont nécessaires.

Vitte et Perrussel y joindront en 1886 l’imprimerie Paris et Philippona, 30 rue de Condé27. Ainsi l´association entre Emmanuel Vitte et Joseph-Marie Perrussel apparaît-elle comme une période de réel développement de l’entreprise. Nous ignorons la date exacte de la fin de cette collaboration, et si elle coïncide avec le décès de Joseph-Marie Perrussel (18 ??), mais on trouve des ouvrages édités par « Vitte et Perrussel » jusqu’en 1890. À compter de 1889-1890, Vitte reste le seul directeur d’une maison qui continue son expansion autour des deux boutiques de la place Bellecour, la librairie proprement dite et le magasin d’ornements et lingerie d’Église. En 1893, il achète l’immeuble du 18 rue de la Quarantaine, sur la rive droite de la Saône, et y déménage son imprimerie28. En 1901, la maison acquiert une envergure nationale en devenant propriétaire du fonds Xavier Rondelet (14 rue de l’abbaye à Paris). Rondelet, lui-même successeur de la maison Gaume fondée en 1821, avait une orientation éditoriale ouvertement engagée au service des courants intransigeants et ultramontains. Par la suite, la succursale parisienne déménage et s’agrandit, puisqu’elle comporte en 1922 deux bâtiments adjacents, 5 rue Garancière et 1 place Saint-Sulpice, toujours dans le sixième arrondissement de Paris.

Si ces accroissements successifs laissent penser à une relative bonne santé économique de la maison, nous manquons de documents comptables pour préciser l’analyse. En 1892, Emmanuel Vitte se plaint de la crise de la librairie dans un opuscule qui n’est pas conservé aujourd’hui. Par la suite, il semblerait aussi que la maison Vitte ait connu quelques périodes difficiles, en particulier dans les années 1900 : la société ne distribue plus de dividendes entre 1904 et 1907, « à la suite de la crise aiguë du livre et des méfaits de la politique antireligieuse »29. Toutefois, le capital de la Librairie générale catholique et classique, de l´ordre de 900 000 francs au départ, s’élève en 1922 à 1,350 million de francs. Le développement de la maison s’appuie en particulier sur une solide stratégie commerciale. L’un des éloges funèbres parus dans In Memoriam loue d’ailleurs le talent d’Emmanuel Vitte pour « développer la publicité catholique sous toutes ses formes »30 et promouvoir les mérites de la religion : son souci constant est de parvenir à concilier recherche d’une rentabilité suffisante pour assurer l’avenir de sa maison et fidélité à son engagement d’éditeur catholique. Afin de limiter, sans pouvoir le faire complètement disparaître, le risque de mévente, l’éditeur élabore une «publicité méthodique»31, qui s’appuie sur une argumentation réfléchie et régulièrement renouvelée ainsi que sur des outils divers (catalogues, comptes-rendus, prospectus, etc.). Les catalogues confirment que Vitte édite aussi à compte d’auteur32. Enfin, puisque la librairie a l’ambition de proposer à ses clients un éventail complet de la production religieuse, Emmanuel Vitte ne commercialise pas uniquement les ouvrages qu’il édite lui-même : une publicité insérée dans le catalogue de fonds de 1905 précise que la librairie possède

à Lyon, un assortiment considérable des meilleures publications des éditeurs catholiques et, notamment, des librairies Lethielleux, Poussielgue, Lecoffre, Retaux, Plon, etc.

Vitte accorde en effet un rôle central à ses catalogues, qui chaque année présentent à la clientèle les ouvrages proposés par la librairie. La maison en édite plusieurs, dont le principal est le Catalogue général des ouvrages de fonds, disponible en décembre. Il est complété par un Catalogue de livres classiques à destination des écoles et par un Catalogue (…) pour les remises de prix. Ce dernier se fonde sur une sélection d’ouvrages tirés du Catalogue général, classés par séries et proposés avec une remise. À côté des livres de prix figurent notamment des couronnes de laurier33. Mais Vitte recourt aussi à d´autres outils publicitaires, comme les comptes-rendus, rarement signés, vantant la valeur intellectuelle des ouvrages de la maison et soulignant la qualité de l’impression et du travail éditorial. Le regroupement des ouvrages dans des collections constitue aussi un moyen de limiter le risque de mévente. Les volumes de chaque série ont la même apparence et sont soumis aux mêmes conditions de vente, ce qui facilite leur écoulement en grand nombre dans les établissements scolaires où ils sont recherchés pour les distributions de prix. Emmanuel Vitte crée tout particulièrement des collections de propagande à destination des écoles : elles portent le nom de « Petite bibliothèque céleste » et de « Petite bibliothèque édifiante »… Par des techniques commerciales variées et modernes, la maison réussit ainsi en quelques décennies à asseoir sa réputation auprès d’un public constitué des membres du clergé, des écoles libres et d’un certain nombre de fidèles. Pour le monde catholique, Vitte représente une maison de confiance qui offre un panorama complet et soigneusement sélectionné de ce qui se fait de mieux en matière d’édition catholique en France et à l’étranger.

LA PRODUCTION ÉDITORIALE DE LA LIBRAIRIE GÉNÉRALE CATHOLIQUE ET CLASSIQUE

La production éditoriale de Vitte comprend à la fois des monographies et des périodiques. Son analyse repose, pour les monographies, sur la reconstitution d’un catalogue des publications, réalisé en croisant différents catalogues de bibliothèques34. Pour les périodiques, elle prend appui sur les informations disponibles dans les registres du dépôt légal (aux Archives départementales du Rhône) et dans les Indicateurs lyonnais.

Le catalogue des monographies éditées par la maison Vitte de 1877 à 1928 permet d’étudier la production éditoriale du point de vue quantitatif, mais aussi du point de vue du contenu, le classement thématique permettant de repérer les grandes tendances éditoriales de la Librairie générale catholique et classique. L’étude quantitative doit être considérée avec précautions, puisque le corpus reconstitué n’est pas exhaustif et que certaines rééditions peuvent y apparaître faussement comme étant des premières éditions par suite des lacunes et ambiguïtés présentées par les notices catalographiques. Enfin, des doublons ont certainement échappé. Néanmoins, l’importance numérique du catalogue autorise à formuler quelques hypothèses. Si le nombre de nouveautés varie de façon importante, le catalogue de la librairie reste stable, avec environ mille cinq cents titres. Après des débuts assez lents entre 1877 (ou peut-être 1876) et 1881, la production augmente très rapidement avec la fondation de la société anonyme (1882), et surtout après le rachat du fonds Pélagaud (1883). Elle reste à un niveau élevé jusqu’au début du XXe siècle, avant que ne survienne un premier tassement du nombre d’ouvrages publiés, concomitant de la loi de séparation de l’Église et de l’État – celle-ci a probablement nui surtout à la production scolaire de Vitte. La Première Guerre Mondiale est également une période de crise, la production étant divisée par trois ou quatre par rapport aux meilleures années. Une fois la guerre terminée, la reprise reste modeste.

Le panorama de l’édition lyonnaise dressé par l’Histoire de l’édition française35 amène à penser qu’Emmanuel Vitte est assez représentatif de son temps : seul un créneau spécialisé, celui du livre religieux, permet à Lyon d’attirer quelques auteurs célèbres. Grâce à la reprise du fonds Rusand par l’intermédiaire de Pélagaud, Vitte a réalisé plusieurs rééditions des œuvres de Joseph de Maistre, ainsi qu’une édition abrégée des œuvres de Chateaubriand. La réédition de deux grands succès de librairie du XIXe siècle, L’Imitation de Jésus-Christ et les œuvres de saint François de Sales, constitue probablement également un héritage d’un des fonds rachetés par lui. Cependant, la Librairie générale catholique et classique s’écarte quelque peu des observations de Claude Savart36 sur les particularités des éditeurs catholiques : celui-ci remarque qu’il est rare qu’une maison non spécialisée publie un ouvrage religieux, et que ces éditeurs spécialisés ne s’écartent de leur créneau que « pour produire des romans édifiants ou les manuels de l’enseignement catholique ». Mais, si l’essentiel de la production de Vitte a effectivement un lien direct avec le catholicisme et l’édification, la maison a aussi publié un certain nombre d’essais historiques, scientifiques, philosophiques et économiques.

Les ouvrages religieux, tous types confondus, constituent entre 1877 et 1928 environ 60% de la production éditoriale de Vitte, 70% si l’on y ajoute les livres édifiants et les essais consacrés aux débats contemporains en matière de religion37. Dans les années 1890, les plus fastes pour la maison, ce pourcentage est plus élevé encore. Vitte édite de nombreux ouvrages destinés à soutenir la vie spirituelle des catholiques, notamment des vies de saints dans la collection de la « Petite bibliothèque édifiante », laquelle est rattachée aux livres classiques. Il publie aussi des ouvrages de caractère doctrinal – travaux théologiques, pastorale ou catéchèse, écrits apologétiques, etc. Les ouvrages non liturgiques, nombreux au sein du fonds, s’écartent de la théologie : biographies de membres du clergé, histoire religieuse et débats contemporains (religion et société, religion et science, religion et politique…). La perspective régionale est largement présente : la plupart des membres du clergé qui font l’objet d’une biographie sont issus de la région lyonnaise, Vitte accorde beaucoup d’importance à des cérémonies locales comme celles liées à la basilique de Fourvière et la majorité des auteurs qu’il édite sont des membres du clergé lyonnais. Cette dimension régionaliste est typique des éditeurs provinciaux qui, pour se démarquer de Paris, mettent l’accent sur la vie et l´histoire locales.

La production éditoriale non religieuse se caractérise tout d’abord par l’absence d’ouvrages littéraires, à l’exception de quelques pièces de théâtre et recueils de poésie édifiants. Cette production est donc d’abord constituée d’essais relevant des principaux champs de la connaissance. La production scientifique, surtout médicale, se concentre dans les années 1880 et 1890, Vitte n’éditant ensuite pratiquement plus de ce type d’ouvrages: la maison a ainsi édité plusieurs médecins lyonnais, comme Jean Garel, oto-rhino-laryngologiste pratiquant à l’Hôtel-Dieu de Lyon, Victor Augagneur, chirurgien et maire de Lyon de 1900 à 1905 et Alexandre Lacassagne, père de la médecine légale moderne. La plupart de ces ouvrages ont d’abord été publiés dans un périodique, La Province médicale ou L’Echo médical.

L’histoire et la géographie représentent une part importante de la production non religieuse de la maison. En ce qui concerne la géographie, la plupart des ouvrages relèvent du genre des récits de voyages, et il s’agit en général de publications émanant de la Société de géographie de Lyon et publiés d´abord dans le Bulletin de cette société. Pour ce qui est de l’histoire, il est parfois difficile de distinguer ce qui relève ou non du religieux : certains ouvrages annoncent ainsi une « étude historique et religieuse » de telle ville ou province. La production rattachée à l’histoire s’enrichit au moment de la Première Guerre Mondiale : plusieurs titres cherchent à expliquer la guerre38 ou à en tirer des leçons39. Là encore, religion et approche historique se mêlent : il s’agit souvent d’entretenir le patriotisme et la foi des catholiques. En ce qui concerne la littérature profane, hormis une réédition de Lamartine, la maison Vitte édite surtout des titres de critique littéraire appliquant une approche nettement religieuse à un auteur célèbre40. Une grande partie de cette production est constituée de recueils de textes probablement destinés aux futurs bacheliers. Le principal auteur de critique littéraire édité par Emmanuel Vitte, Edmond Biré, jouit aujourd’hui encore d’une petite notoriété pour son approche de l’œuvre de Victor Hugo. Enfin, Emmanuel Vitte a édité un certain nombre d’ouvrages pratiques, principalement dans les domaines de l’agriculture41, de l’économie et de la comptabilité, ainsi que quelques manuels destinés à la ménagère.

À une époque où journaux, revues et autres bulletins prolifèrent, Emmanuel Vitte ne peut négliger ce type de publications dans sa triple activité d’imprimeur, éditeur et libraire. De 1878 à 1928, les Indicateurs lyonnais mentionnent vingt-quatre titres de périodiques édités par Emmanuel Vitte tandis que les registres du dépôt légal conservés aux Archives départementales du Rhône citent soixante-cinq titres. Ils dépassent rarement un tirage de 10 000 exemplaires, le tirage le plus important étant celui du Moniteur bibliographique à l’usage du clergé, avec 16 000 exemplaires. Durant la période qui précède l’acquisition de leur première imprimerie en 1883, la production de périodiques de Vitte et Perrussel reste modeste, les deux plus anciens titres remontant à 1878 (La Semaine religieuse et Les Annales du Saint Sacrement et du Sacré Cœur de Jésus). Vitte et Perrussel y ajoutent La Controverse, Le Bulletin hebdomadaire du diocèse de Lyon et Le Dimanche catholique. Si, en 1882, ils éditent cinq titres de périodiques, la production de ces périodiques connaît par la suite un fort développement, qui se concentre pour l’essentiel sur deux phases : 1888-1891 et 1901-1905.

L’identité catholique de la maison est tout aussi marquée pour les périodiques que pour les monographies : vingt-huit périodiques catholiques sur quarante-sept titres attribués de façon certaine à Emmanuel Vitte. Celui-ci, en tant qu’imprimeur officiel de l’archevêché depuis 1883, a la charge des périodiques catholiques du diocèse de Lyon, mais il édite en outre toutes sortes d’autres périodiques à caractère religieux, les uns se rattachant à la diffusion du culte eucharistique, d’autres soutenant l’enseignement libre, d’autres enfin portant sur des congrégations ou des œuvres. Emmanuel Vitte, par rachat ou création, dote ainsi sa maison d’un catalogue de périodiques qui sont le complément logique de ses monographies : ils permettent de faire connaître la production éditoriale, ils l’alimentent et ils participent à l’action militante. Par ce biais, l’éditeur tisse un réseau de relations privilégiées avec les plus importantes des institutions catholiques lyonnaises, sans oublier les écoles libres, sur la défensive depuis les lois scolaires de 1881-1882, ni les congrégations religieuses implantées de façon privilégiée dans le Lyonnais, comme par exemple la Société de Marie. Tant par la reprise du fonds de plusieurs éditeurs lyonnais d’importance que par les convictions qui sous-tendent son entreprise, Emmanuel Vitte s’inscrit dans la tradition des grands imprimeurs-éditeurs lyonnais. Si sa production est très majoritairement religieuse, il se distingue des autres éditeurs spécialisés dans ce domaine par le soin qu’il apporte à ses publications – les deux titres qu’il a consacrés à l’imprimerie et à la typographie témoignent de ce réel intérêt.

L’histoire de la maison d’édition, de sa fondation en 1876 à la mort de son premier directeur en 1928, constitue ainsi une illustration du déclin de l’édition religieuse dans la période difficile que représentent pour elle en France la fin du XIXe siècle et le début du XXe. L’influence de l’Église catholique dans la société recule, tandis que la loi de séparation de l’Église et de l’État, entraînant notamment des fermetures d’écoles, représente un rude choc pour les maisons éditoriales catholiques. Il n’en reste pas moins qu’Emmanuel Vitte a su créer et faire perdurer une maison d’édition militante, à l’influence étendue, reconnue dans le monde catholique et dont l’activité s’est poursuivie près d’un demi-siècle après sa mort.

Étudier l´histoire de la maison Vitte après 1928 permettrait de préciser les conditions de fonctionnement d’une maison éditoriale catholique et provinciale dans une période de profondes mutations de l’économie du livre et des périodiques. Les Indicateurs lyonnais publiés de 1928 à 1945 mentionnent comme administrateurs délégués, Marc, fils d’Emmanuel Vitte, et Jamen. Une nouvelle « imprimerie lithographique et typographique », est construite en 1934 avenue Félix Faure. En 1947, n´apparaît plus que le nom de Marc Vitte comme « administrateur délégué de la société anonyme Librairie catholique Emmanuel Vitte, au capital de 3 300 000 francs », toujours 3 place Bellecour. Les rayons papeterie et imagerie religieuse sont conservés au moins jusque dans les années 1950. La veuve d’Emmanuel Vitte meurt en 1947 ou au tout début de 1948. Marc réside à Sainte-Foy-lès-Lyon, avec sa femme et leurs six enfants, Marie-Paule, Emmanuel (mentionné comme abbé dans les Indicateurs à partir de 1950), Marcelle, Joseph, Myriam et Chantal. La maison conserve sa succursale parisienne, encore mentionnée en 1951 au 10 rue Jean Bart (VIe arrt). En 1961, la raison sociale change et devient la « Librairie des moins de 7 ans », société anonyme au capital de 600 000 nouveaux francs. Par la suite, les indications deviennent plus lacunaires avec le maintien d´une librairie place Bellecour et d´une imprimerie au 177, avenue Félix Faure, mais nous restons dans l’ignorance quant à la date exacte à laquelle cesse l´activité de l’ancienne maison Vitte.

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1 Mathieu Varille, Le Livre à Lyon, des origines à nos jours, Lyon, Cercle des relations intellectuelles, 1933, pp 39-44 (« Albums du crocodile »).

2 Voir tableau récapitulatif ci-après.

3 Louis-Benoît Perrin est particulièrement connu pour avoir remis au goût du jour la typographie du XVIe siècle, par le biais notamment des caractères augustaux, dessinés par lui et fondus par Francisque Rey vers 1846. Voir Jean-Baptiste de Monfalcon, Étude sur Louis Perrin, imprimeur lyonnais, éd. établie et annotée par Laurent Guillo, postface de René Ponot, Paris, Éditions des Cendres, 1994.

4 Bruno Béguet L’Imprimerie et la librairie à Lyon : 1800-1850, mémoire de fin d’études, Villeur-banne, ENSB, 1986.

5 Globalement, la maison Vitte répond bien à ces caractéristiques : peu de textes littéraires, sinon des classiques mais des périodiques et de plus en plus d’ouvrages intéressant la vie religieuse ou l’archéologie locales.

6 Cet article présente les principaux résultats du mémoire que nous avons consacré à l’histoire de la maison Vitte. Pour plus de précisions, voir : Aurélie Darbour, Clémence Joste, Céline Lèbre et Anne-Laurence Mennessier, Une Maison d’édition lyonnaise : la Librairie générale catholique et classique Emmnanuel Vitte entre 1876 et 1928, Mémoire de recherche, Villeurbanne, Enssib, 2004.

7 In Memoriam Emmanuel Vitte (1849-1928), libraire, éditeur, imprimeur. Hommages à sa mémoire, aperçu de ses œuvres, Lyon, Vitte, 1928.

8 Son vrai prénom serait Pierre-Emmanuel (ibidem, p. 16).

9 Il apparaît aussi sous le patronyme de « Pierre-Ferdinand Vitte » (ibid., p. 11), voire de « Fernand » selon http://www.saur-wbi.de/

10 Nous n’avons pas pu retrouver les noms de ces six enfants, sauf Joseph et Marc. En novembre 1927, à l’occasion de leurs noces d’or, M. et Mme Vitte reçoivent une bénédiction spéciale du pape ; on sait qu’ils ont alors douze petits-enfants (ibidem, pp. 18-19).

11 L’Heure du rêve, 1911 ; Heures tragiques, 1914. Opuscule répandu au profit des œuvres d’assistance militaires ; Les voix profondes, 1917, Paris, Librairie Plon-Nourrit et Cie ; Visions de guerre, 1921. Complément des Voix profondes.

12 L’Heure du rêve, préface, p. 9.

13 Notions élémentaires de typographie et de librairie à l’usage des auteurs, Lyon, Vitte, 1897. De l’Impression des labeurs. Notions et conseils pratiques, Lyon, Vitte, 1906.

14 « Peut-être aussi auront-ils une plus juste et une plus haute opinion des modestes collaborateurs chargés de donner à leur pensée les ailes et le vêtement qui lui permettront de voyager à travers le monde et d’y faire bonne figure » (E. Vitte, Notions élémentaires…, ouvr. cit., p. 59).

15 Emmanuel Vitte, De l’Impression des labeurs…, ouvr. cit.

16 Ibidem, p. 13.

17 Ibidem, p. 26.

18 Liste des magasins et ateliers de Lyon dont les patrons se font un devoir de fermer toute la journée des dimanches et fêtes, p. 3.

19 In Memoriam, p. 20, extrait du Bulletin des libraires, mars 1928.

20 La Bibliothèque nationale de France conserve au sein du fonds Q10 plusieurs catalogues de la maison Vitte, datés de 1879 à 1927.

21 Cette bibliothèque prend peut-être la suite de l’Œuvre des Bons Livres, à moins qu’elle n’en soit une imitation.

22 Louis de Vaucelles, Le Nouvelliste et la défense religieuse. 1879-1889, Paris, les Belles Lettres, 1971, p. 31.

23 Chanoine Adolphe Vachet, Lyon et ses œuvres, Lyon, E. Vitte, 1900, p. 148.

24 Il y entra à l’âge de dix-huit ans. On le chargea en particulier des voyages. In Memoriam, ouvr. cit., pp. 11 et 17.

25 Claude Savart, Les Catholiques en France au XIXe siècle : le témoignage du livre religieux, Paris, Beauchesne, 1985, p.129. Sous le Second Empire, la firme Périsse et Ruffet s’intitule dans ses catalogues « librairie catholique et classique ».

26 Sur l’histoire de la maison Pélagaud, voir Claude Savart, ouvr. cit., pp. 130-135.

27 In Memoriam, ouvr. cit., p.11. On sait que par le passé le 30 rue de Condé avait été occupé par l’imprimerie générale de Lyon dirigée par Albert.

28 Par la suite dans les Indicateurs sont parfois mentionnés les nos 16 et 20 comme faisant partie de l’imprimerie. Il est probable qu’il s’agissait plutôt d’entrepôts.

29 In Memoriam, ouvr. cit., p. 24.

30 Ibidem, pp. 18-19.

31 E. Vitte, Notions élémentaires de typographie et de librairie à l’usage des auteurs, ouvr. cit., pp. 59-60. Selon E. Vitte, une « publicité méthodique » ne peut être développée que par des maisons d’édition expérimentées et disposant de relations nombreuses.

32 Dans les catalogues de 1903, 1905, 1908 et 1910 apparaît la mention suivante : « Indépendamment de nos propres publications, nous nous chargeons, pour le compte des auteurs, de l’impression et de la vente de tous les ouvrages entrant dans le cadre de notre librairie. Nous leur offrons, comme Imprimeur, les meilleures conditions de prix, d’exécution et de célérité, et comme Éditeur, nous assurons gratuitement à leurs œuvres une large publicité et de grandes chances de vente, en les assimilant, en tout et pour tout, à nos ouvrages de fonds… »

33 Catalogue de la librairie générale, catholique et classique, 1883 : la librairie propose quatre types de couronnes : couronne chêne ou laurier feuilles vertes (4f.), couronne chêne ou laurier argent et vert (10f.), couronne chêne ou laurier feuilles or et vert (10f.), couronne chêne ou laurier feuilles tout or ou tout argent (20f.)…

34 Ce catalogue, long d’une centaine de pages, est inséré en annexe dans notre mémoire de recherche.

35 Histoire de l’édition française. Tome 3 : Le temps des éditeurs. Du romantisme à la Belle Époque, 2e éd., Paris, Fayard, Cercle de la librairie, 1990, pp. 227-230.

36 Ibidem, pp. 449-454.

37 À l’époque, les ouvrages religieux représentent 10 à 12% de l’ensemble de la production éditoriale en France.

38 Pourquoi la guerre ?, Lyon, 1915 ; Émile Laplanche, Comprenons la vie : nous comprendrons la guerre, l’esprit boche et l’esprit français, les conditions de la victoire : pensées et réflexions. Extraits du carnet de campagne d’un médecin inconnu, Lyon, 1918.

39 Abbé Claude-Eugène Bouvier, Aux âmes chrétiennes. Leçons de la guerre, Lyon, 1915.

40 Claudius Grillet, La Bible dans Victor Hugo : d’après de nombreux tableaux de concordance, Lyon, 1910.

41 P.-N. Josserand, La Culture du pommier à cidre et la fabrication du cidre : nouveau guide sommaire et pratique, Lyon, 1890.