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Lyon et les livres

Dominique VARRY

La capitale des Gaules s’enorgueillit, à juste titre, de son long et prestigieux passé de ville d’imprimerie et de librairie. Si cette activité n’y a plus aujourd’hui la place qu’elle a jadis connue, la cité n’en demeure pas moins une ville du livre. En témoignent en particulier une bibliothèque municipale aux collections prestigieuses, un musée de l’imprimerie dynamique et une école de bibliothécaires. De ce passé, beaucoup ne retiennent souvent que le souvenir d’une période mythique et d’un âge d’or, le XVIe siècle. S’il est bien vrai que ces années ont été particulièrement florissantes, elles ne doivent pas nous en faire oublier d’autres, plus récentes, qui elles aussi ont porté loin le prestige et la renommée de la ville. Au cours de cinq siècles d’activités, depuis Barthélemy Buyer en 1473 jusqu’à l’invention de la lumitype en 1944, l’imprimerie et la librairie lyonnaises ont diffusé leur production et leur savoir-faire vers les quatre points cardinaux et les cinq continents : l’Europe d’abord ; puis les « Indes » orientales et occidentales, via les Espagnes ; le Canada, avec Fleury Mesplet ; les colonies africaines et asiatiques plus tard, l’Océanie à partir des années 1840, lorsque l’évêque Pompallier introduisit la première presse en Nouvelle-Zélande… avant qu’au tournant du XXe siècle le lyonnais Vitte n’imprime dans sa ville des histoires saintes en langue maorie…

Le « beau XVIe siècle » et l’aura qui l’entoure ne doivent pas nous faire oublier ces autres réalités qui, petit à petit, émergent de l’oubli grâce au travail de quelques chercheurs.

Le présent dossier vous propose de découvrir certains de ces chapitres encore trop méconnus d’une histoire qui, au-delà du particularisme local, se veut ouverte. Henri-Jean Martin avait tracé la voie avec ses Études lyonnaises (1966)1 , puis ses Nouvelles études lyonnaises (1969) 1. Le bouquet d’études ici rassemblées se place résolument dans la continuité par rapport à ces deux ouvrages, et nous voudrions le dédier en hommage au fondateur, lyonnais d’adoption, de l’« école française » d’histoire du livre.

Il témoigne du travail que mènent quotidiennement universitaires et bibliothécaires, à Lyon et ailleurs, en insistant sur des périodes ou des aspects peu étudiés jusqu’à présent. Ce faisant, il n’est qu’un jalon d’une démarche collective et de longue durée, mais un jalon qui atteste du progrès de notre connaissance de cette histoire pluriséculaire.

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1 Henri-Jean Martin, dir., Cinq études Lyonnaises, Genève, Paris, Droz, 1966. Id., dir., Nouvelles études lyonnaises, Genève, Paris, Librairie Droz, 1969.