Book Title

Carla Di Carlo, Il Libro in Benedetto XIV, dalla « domestica libraria » alla biblioteca universale

Bologna, Pàtron Editore, 2000, 198 p. (« Lyceum, Collana di Archivistica, Bibliografia e Biblioteconomia » ; 1). ISBN 88-555-2569-7

Dominique VARRY

Bologne au XVIIIe siècle abritait de nombreuses bibliothèques conventuelles très riches, largement ouvertes à la consultation, et qui palliaient l’absence d’une bibliothèque publique. Le petit livre de Carla Di Carlo évoque la façon dont le pape Benoît XIV y créa une institution chargée de conserver ce qu’il appelait sa « domestica libraria », sa bibliothèque personnelle, mais aussi de constituer une bibliothèque publique, universelle, capable de satisfaire à peu près tout désir de lecture. Prospero Lorenzo Lambertini, né à Bologne en 1675, évêque d’Ancône puis archevêque de sa ville natale, siégea sur le trône de saint Pierre de 1740 à 1758. Attaché à la tradition, ce pontife n’en fut pas moins très attentif à la production intellectuelle de son temps. Toujours entouré de livres, toujours la plume à la main, membre de la République des Lettres, correspondant de nombreux savants et littérateurs, au nombre desquels on citera Muratori, Maffei, Algarotti, Voltaire, Fontenelle et Maupertuis, il n’avait guère le temps de mener une activité scientifique ou érudite même si on lui doit plusieurs ouvrages de droit canon, mais il trouvait sa satisfaction personnelle dans les travaux d’autrui et dans leur patronage, en soutenant le progrès de son époque. Il incarne le profil d’un pontife mécène, très ouvert et très prodigue. Avant lui, les pontifes et dignitaires ecclésiastiques se contentaient de léguer leurs bibliothèques personnelles pour les ouvrir aux savants de leur ville, après leur trépas.

Benoît XIV, encore archevêque de Bologne, pour sa part, créa une bibliothèque de son vivant. Ce faisant, il rappelle l’exemple de son contemporain Mgrd’Inguimbert (1683-1757) à Carpentras. Le nom de cette institution, « Biblioteca dell’Istituto delle Scienze » est en lui-même tout un programme. Voulue en 1744, ouverte en 1752, elle constitua une espèce d’arche historique consacrée tout à la fois à la mémoire et au passé de sa ville, mais aussi et surtout au savoir de son temps dans les domaines les plus variés. Il veilla de très près à son organisation, à son mobilier, au recrutement d’un bibliothécaire compétent, et à l’accroissement de ses fonds, en particulier en constituant une rente foncière à cet effet. Non seulement il lui donna ses propres livres, mais il présida à de nombreux achats et au legs des livres d’un autre bolonais célèbre, le cardinal Filippo Maria Monti. Le grand mérite de l’auteur est de montrer, par la mise en œuvre de nombreux documents d’archives, que Benoît XIV n’agit pas seulement par vanité et désir d’ostentation, mais qu’il fut toute sa vie stimulé par une soif insatiable de connaissances, et un désir de développer le savoir et la culture. Ce faisant, ce petit livre constitue un apport important à une histoire des bibliothèques européennes.