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Irene Ceccherini, Sozomeno da Pistoia (1387-1458), scrittura e libri di un umanista, premessa di Stefano Zamponi, con saggio di David Speranzi

Florence : Olschki, 2016 (Biblioteca dell « Archivum romanicum », Serie I : Storia, Letteratura, Paleografia ; 431), 466 p., 120 planches (ISBN 978-88222-6343-8)

Marie-Hélène TESNIÈRE

Paris

Si la petite ville de Pistoia, à une quarantaine de kilomètres de Florence, en Toscane, fut la première des cités italiennes à disposer d’une bibliothèque publique, elle le doit à une figure marquante du renouveau humaniste au xve siècle, Sozomeno da Pistoia (1387-1458), chanoine de sa cathédrale et professeur de poésie, grammaire et rhétorique à Florence. Les cent-dix volumes de sa bibliothèque y entrèrent par legs en 1460. Ils sont aujourd’hui conservés dans une vingtaine de bibliothèques surtout européennes. La dispersion de la bibliothèque qui avait commencé dès la fin du xve siècle, s’accrut au xviiie : par l’intermédiaire de son agent écossais John Gibson, Lord Edward Harley acquit une trentaine de volumes un peu avant 1730, qu’il donna au British Museum en 1753 ; en 1756, le catalogue de vente du négociant britannique George Jackson recense dix-sept volumes qui furent vendus au duc de La Vallière, et dont la majeure partie se trouve à la Bibliothèque de l’Arsenal, à Paris.

Un tiers des cent-dix volumes de la bibliothèque de Sozomeno était constitué de manuscrits antérieurs au xve siècle qu’il avait acquis : signalons en particulier un Somnium Scipionis de Cicéron glosé par Pétrarque (no 18) et cinq volumes ayant appartenu à Coluccio Salutati dont Sozomeno effaça l’ex-libris pour le remplacer par le sien (nos 14, 16, 31, 69 et 78). Les deux autres tiers étaient des ouvrages que le grand humaniste avait copiés lui-même ou qu’il avait fait copier. Grâce à l’expertise paléographique d’Albinia de La Mare, quarante-trois manuscrits ont pu être recensés comme autographes. Un certain nombre sont datés : un Virgile en avril 1409 (no 9), un Juvénal en août 1410 (no 65), un Térence en mars 1413 (no 56), un Plaute en août 1415 (no 20), un Tite-Live, en octobre 1427 (no 15), les Tragédies de Sénèque, en février 1429 (no 30), Alain de Lille, en novembre 1431 (no 25), une Bible en février 1436 (nos 62 et 77) ; notons également, copié en juillet 1417, un commentaire sur les discours de Cicéron d’Asconius Pedianus (no 75), le maître de Quintilien, dont Le Pogge avait découvert un manuscrit à l’abbaye de Saint-Gall, lors du concile de Constance auquel Sozomeno participa. Ces manuscrits datés constituent un cadre chronologique permettant de replacer dans le temps les autres copies de l’humaniste et de ses collaborateurs, et ainsi de suivre l’évolution de son travail d’érudit. On n’est pas étonné de constater que cette bibliothèque servait de base à son enseignement : un certain nombre de volumes sont en effet dotés de tables ou d’index, sont annotés à différentes reprises ou portent des renvois à d’autres volumes de la bibliothèque. Signalons également que Sozomeno, qui avait très vraisemblablement suivi les cours de Garin de Vérone, a copié neuf manuscrits de sa propre main en grec : Aristote (Politique et Éthique), Xénophon, Homère, Hésiode et Théocrite etc. Leur étude paléographique et textuelle est due à David Speranzi. Sozomeno inscrivait d’ailleurs sur ses manuscrits volontiers un ex-libris en grec plutôt qu’en latin.

La présentation de la bibliothèque de Sozomeno est suivie d’une remarquable description de quatre-vingt-six manuscrits : un modèle.