Un fou de lettres ? Les « abécédaires » et autres enluminures médiévales de Jules Maciet au musée des Arts décoratifs de Paris
Dans la seconde moitié du xixe siècle, la personnalité de Jules Maciet (1846-1911) s’avère quelque peu atypique dans le cercle restreint des collectionneurs parisiens [ill. 1]1. De fait, l’éclectisme de sa collection ne peut le définir comme un « simple » amateur d’objets dits de Haute Époque2 dans la mesure où, cousin du peintre Aman-Jean – lui-même issu de la famille du critique d’art René-Jean3 – et fidèle ami d’Albert Besnard (1849-1934)4 et de Raymond Koechlin (1860-1931)5, il réunit dans son vaste appartement au n° 1 de la rue Godot-de-Mauroy (9e arrondissement) un ensemble important de tableaux et de dessins des principaux courants de peinture du xviie au début du xxe siècle6. Bibliophile accompli, lecteur assidu de littérature française (Balzac, Flaubert) et de philosophie allemande (Hegel, Schopenhauer), Jules Maciet est également l’un des plus grands donateurs des musées de France, qu’il s’agisse du Louvre, des musées de Château-Thierry (commune de sa maison familiale), de Sens, de Dijon, de Rouen, d’Orléans et bien évidemment du Musée des Arts décoratifs de Paris7. Né en 1846 rue Cambon dans un milieu bourgeois, Jules Maciet fait des études au lycée Louis le Grand avant de commencer une carrière dans le droit qu’il abandonne bien vite8. Rentier et passionné d’art, il commence à collectionner : à 23 ans, il achète une aquarelle de Géricault et des tableaux de petits maîtres flamands et hollandais…9 En parallèle, Maciet travaille quelques mois auprès de deux importantes personnalités du marché de l’art de l’époque : maître Pillet, commissaire-priseur à l’hôtel des ventes de Drouot et le marchand-galeriste Paul Durand-Ruel10. Après la défaite de 1870, Maciet décide de se consacrer pleinement à sa collection et, surtout, à l’enrichissement du patrimoine national. Une nouvelle institution privée, qui prend officiellement le nom d’Union centrale des Arts décoratifs en 1882, retient particulièrement son attention11. Fondée dès 1864, elle a pour but de mettre en exergue le savoir-faire français dans l’industrie d’art face à l’émergence des productions anglaises. Pour cela, un musée, des cours d’histoire des techniques, des expositions et une petite bibliothèque située à l’origine au n° 3 de la place des Vosges12 sont créés afin de servir à l’éducation des artistes et artisans de l’époque13. Dans le cours des années suivantes, plus de 500 œuvres d’art sont achetées par Jules Maciet pour développer les collections de l’institution, allant de la tapisserie gothique au tapis persan en passant par les bronzes de la Renaissance14. En 1966, le docteur Aman-Jean, petit-cousin du collectionneur écrira même : « vous ne pouvez passer dans une salle, sans voir sous l’objet rare ou essentiel à la collection une petite inscription : don de Jules Maciet ou plus simplement en abrégé Don de J. M.15 ». Nommé vice-président de la Commission des Arts décoratifs, fondateur éminent de la Société des Amis du Louvre, membre du conseil des Musées nationaux, Jules Maciet contribue jusqu’à sa mort en 1911 à l’accroissement des collections au sein des grandes institutions parisiennes et/ou provinciales16 : on estime aujourd’hui à environ 2700 le nombre d’œuvres offertes aux Arts décoratifs17, 1500 pour le Louvre18 et autres musées en régions, à l’image de celui de Château-Thierry19 ; des donations provenant pour l’essentiel de ses achats lors de ventes aux enchères à l’hôtel Drouot20. Trois jours avant sa mort, sa dernière acquisition est d’ailleurs une « délicieuse miniature française du début du xvie siècle », achetée à la vente Gruyer puis offerte dès le lendemain au Louvre21. Parallèlement à cette première activité, Jules Maciet comprend très vite qu’une nouvelle institution comme l’Union centrale des Arts décoratifs se doit d’être « une recherche continuelle du Beau pour l’Utile22 », en fournissant des modèles aux artistes et aux ouvriers d’art de son temps23. Pour cela, il a l’idée, dès 1880, de rassembler des images découpées et collées dans des cahiers thématiques, pour servir d’outils à la création artistique : ébénistes, menuisiers, graveurs, imprimeurs et même modistes vont alors chercher l’inspiration dans les fameux albums Maciet24. En trente ans, « l’homme aux ciseaux magiques25 » découpe quotidiennement des catalogues de ventes, des gravures, des revues, des emballages de savon et même des livres précieux afin de constituer un fonds considérable de presque 4000 albums d’une « iconographie utile » aux arts décoratifs26. En 1920, l’historien d’art et écrivain Jean-Louis Vaudoyer écrit d’ailleurs, en souvenir de son ami : « nous le revoyons à son bureau, assis devant une table chargée de papiers dans lesquels il découpait avec de grands ciseaux dont nous entendons encore le bruit frais et léger, les images qu’il classait ensuite dans ses chers in-folios27 ». Aujourd’hui encore, il est possible de consulter cette inestimable et précieuse entreprise, un « Google images avant l’heure28 ». Si Jules Maciet s’est intéressé en premier lieu aux livres imprimés (depuis l’incunable jusqu’au menu de restaurant), il n’a pas pour autant dédaigné les enluminures médiévales, en offrant quelques belles œuvres au musée du Louvre mais aussi, semble-t-il, en découpant certaines d’entre elles pour constituer ses albums ! Inédites, les quarante planches de miniatures ne font aujourd’hui plus partie de la bibliothèque des Arts décoratifs puisqu’à une date inconnue (après 1943 ?), elles furent vraisemblablement retirées des albums afin d’être conservées au département des Arts graphiques du musée : un changement de statut s’opère alors puisque de simples documents iconographiques, elles deviennent des œuvres d’art à part entière et ce, en contradiction avec la pensée originelle du collectionneur29. Ainsi, les albums Maciet devaient contenir à l’origine des œuvres enluminées antérieures au xvie siècle (et pas uniquement des incunables ou des imprimés), classées thématiquement dans des cahiers aux titres évocateurs : « Alphabets et écritures des différents peuples », « Lettres ornées de livres » ou encore « Calligraphie », etc. (soit une petite dizaine d’in-folio dans la bibliothèque). C’est entre les années 1880 et 1895 environ que Maciet rassemble l’essentiel de cette collection et, selon une tradition familiale qui reste encore à vérifier, il achetait au poids des manuscrits complets, incomplets ou encore des feuillets épars auprès des grands marchands parisiens ou à l’hôtel des ventes de Drouot30. Suivant sa méthode, il devait ensuite découper les feuillets enluminés, en particulier les initiales historiées, ornées ou bien filigranées en conservant parfois les marges lorsque ces dernières étaient entièrement décorées31. La majorité des planches constituent donc des sortes d’abécédaires, aux dimensions variables, classés par école (italienne, française, espagnole et allemande) et par datation, qu’il conviendrait aujourd’hui de reconsidérer ou bien d’affiner [ill. 1]. Ainsi, l’essentiel de ce corpus enluminé se compose de lettrines des xive au xvie siècles, à quelques exceptions près puisque deux planches sont issues d’un beau manuscrit italien de la fin du xiiie siècle ou du début du suivant, réalisé peut-être en Ombrie et d’obédience sans doute franciscaine [ill. 2]32. Les autres initiales proviennent en grande majorité de livres d’heures ou bien d’antiphonaires, réalisés dans les Flandres, dans le nord de la France et dans la péninsule italienne33. Ce constat n’est pas complètement surprenant dans la mesure où ces deux types de manuscrits (antiphonaire et livre d’heures) possèdent un grand nombre de lettrines et des bordures souvent ornées de multiples motifs animaliers et/ou végétaux34. Par ailleurs, ils s’avèrent être beaucoup plus fréquents sur le marché de l’art parisien de la seconde moitié du xixe siècle et par conséquent, moins chers que les autres manuscrits antérieurs au règne de saint Louis35. Dès lors, Jules Maciet constitua une partie de sa grande « encyclopédie visuelle » sous la forme d’abécédaires enluminés qui offraient de vastes possibilités d’inspiration aux artistes en un temps où ce genre littéraire – en particulier les abécédaires pour enfants – était très en vogue dans l’édition36. Le goût pour l’art de l’enluminure médiévale se retrouve également dans les revues, véritables organes de diffusion de recueils de modèles artistiques des temps anciens, à l’image de L’art pour tous ou encore de la Revue de l’art chrétien37. Par ailleurs, Maciet recherche des incunables ou post-incunables afin de les découper38. Le docteur Aman-Jean relate que certains amateurs de livres anciens étaient catastrophés quant à cette pratique mais, après avoir visité la bibliothèque, ils comprenaient alors parfaitement le but recherché par le collectionneur de papiers39. Pour compléter ses albums, Jules Maciet est donc toujours en quête d’œuvres enluminées originales ou bien reproduites par l’imprimerie40. Si sa pratique de démembrement d’ouvrages anciens avec des ciseaux peut déjà paraître sacrilège aux yeux de certains de ses contemporains, elle n’est pas unique en cette seconde moitié du xixe siècle41 et doit être replacée dans un contexte plus large de réception et de goût pour l’art médiéval, en particulier de l’enluminure42. En effet, bien avant Maciet, des découpages ont déjà lieu au sein des manuscrits médiévaux – sans doute dès le xviiie siècle (et même avant) –, alimentés par une demande croissante de la part de grands collectionneurs bibliophiles qui souhaitent posséder des folia fugitiva (cuttings) pour constituer des remontages sous la forme de petits « tableaux peints »43. Par ailleurs, plusieurs publications importantes d’albums de lettrines médiévales voient le jour en Europe. Certaines d’entre elles ont été découpées par le collectionneur pour intégrer ses in-folio. Deux cas intéressants peuvent être évoqués ici : tout d’abord, l’Album alphabétique de 500 lettres ornées, tirées des manuscrits des bibliothèques d’Europe, édité en 1841 chez Fleury Chavant par Ovide Reynard, un calligraphe et illustrateur. Véritable succès de librairie, l’ouvrage fait redécouvrir, lettre après lettre, la diversité et l’inventivité de l’art des enlumineurs médiévaux à une période-clé de l’émergence d’un style néogothique. Aussi retrouve-t-on la même lettrine – issue d’une Légende Dorée en françois imprimée à Lyon en 1497 – dans l’ouvrage de Reynard et dans l’un des albums Maciet. Une deuxième entreprise est celle de Louis Seghers, premier dessinateur calligraphe de sa Majesté le Roi des Belges à Anvers, qui publie vers 1850 un Album de lettres anciennes, Initiales, fragments etc, extraits de Missels, Bibles Manuscrits du xiie au xix e siècle. L’ouvrage connaîtra pas moins de six rééditions jusqu’en 1910. À la même période, d’autres petits recueils imprimés à grand tirage et de coût souvent modique, telles les publications d’Ernest Guillot L’ornementation des manuscrits du Moyen âge, Éléments d’ornementation pour l’enluminure ou encore Alphabets de style, participent de cette même redécouverte de l’une des plus importantes productions artistiques du Moyen Âge, dans le but de servir de modèles aux artistes contemporains. Dès lors, il s’avère bien difficile de « quantifier » l’influence des lettres ornées collectées par Jules Maciet dans la création artistique de la fin du xixe siècle ou les premières décennies du xxe siècle. Pour autant, différents témoignages sont unanimes quant à l’importance de son entreprise pour la production artistique de son temps. En 1911, le journaliste Arsène Alexandre évoque en ces termes l’usage des albums au sein de la bibliothèque du musée :
Le sous-sol de M. Maciet c’est la bibliothèque des arts décoratifs et, je vous le répète, c’est un lieu si invitant, je puis même dire si amusant qu’une fois que vous aurez pris le chemin, vous voudrez y retourner. Mais le merveilleux, l’inappréciable de l’organisme, c’est que l’on entre comme on veut et que l’on se sert tout seul de ce bel instrument de travail […]. Il est gracieux et jeune, ce public. Il se compose de bons ouvriers d’art, de gens de goût qui viennent chercher des sources et identifier les objets de leurs collections44.
Outre les lettrines enluminées, Maciet récupère plusieurs feuillets complets de manuscrits. Ces derniers, qui sont collés dans leur partie supérieure sur les grandes pages cartonnées des albums, ne semblent avoir connu qu’un simple rabotage dans les marges afin de les redimensionner45. Dans ce deuxième ensemble est conservée une œuvre atypique : il ne s’agit pas d’une enluminure originale mais d’une reproduction aquarellée (incomplète) du f. 8 des Grandes heures du duc de Berry représentant le Pontife refusant l’offrande de Joachim, un célèbre manuscrit du début du xve siècle (1409)46 [ill. 3]. Une inscription postérieure, ajoutée au crayon à papier au bas du feuillet, attribue ce relevé à l’artiste-voyageur Adalbert de Beaumont (1809-1869). Le vicomte Adalbert Marc Bonnin de La Bonninière de Beaumont est un écrivain et peintre français issu d’une vieille famille de l’aristocratie de Touraine47. On ne sait quel crédit accorder à cette mention, car la mort de l’artiste en 1869 semble trop précoce par rapport à l’entreprise de Maciet48 ; d’autre part, Adalbert de Beaumont est surtout célèbre pour ses dessins aquarellés de paysages ou d’architectures d’Orient, reflets de son goût pour les décors mozarabes49. Dès lors, l’intérêt du peintre à reproduire cette enluminure pourrait se justifier par la présence des nombreux blasons dans les marges du folio, qui sont d’ailleurs les seuls dessinés (et presque achevés) dans le fac-similé50. En effet, Beaumont publie en 1853 un ouvrage sur les armoiries intitulé Recherches sur l’origine du blason et en particulier sur la fleur de lis51. S’agit-il alors d’une sorte de « document de travail » pour l’artiste et écrivain ? Que ce soit ou non le peintre, le procédé de reproduction du feuillet enluminé s’avère particulièrement intéressant puisqu’il s’agit, en partie, d’un calque peint, probablement réalisé directement sur le manuscrit original. On perçoit, en effet, des parties collées afin de reconstituer la page enluminée, à la manière du principe de la décalcomanie. Bien qu’interdite, notamment pour les manuscrits avec des décors peints, l’utilisation de calques se retrouve tout au long du xixe et du début du xxe siècle52. Toutefois, cette pratique ne semble pas avoir été utilisée par Jules Maciet – en dehors de cet exemple précis – puisque le collectionneur préfère découper des œuvres originales ou bien imprimées récupérées par différents biais, qu’il s’agisse d’abonnement à de nombreuses revues ou bien grâce à des dons d’amis proches, tels l’écrivain et historien d’art Raymond Koechlin53, l’architecte décorateur Émile Peyre (1828-1904) ou encore le conservateur du musée des Arts décoratifs, Paul Gasnault (1828-1898). De fait, ces derniers ont contribué, par diverses donations ou bien des legs, à l’enrichissement de cette collection d’enluminures médiévales débutée par Jules Maciet : ainsi, Koechlin offre par exemple les cinq enluminures du Roman de la Rose du xive siècle54 [ill. 4], Peyre cinq autres issues d’un Office de la Vierge du xvie siècle55 et enfin, Gasnault lègue à sa mort, plusieurs lettrines des années 150056.
Aux termes de cette première recherche il apparaît que la place des enluminures au sein des pratiques d’acquisition d’œuvres d’art de Jules Maciet s’avère quelque peu ambivalente. D’une part, il offre (ou vend) aux grandes institutions culturelles, en particulier au Louvre, à la Bibliothèque nationale57 et au musée des Arts décoratifs, de beaux feuilles enluminés ayant un intérêt du point de vue de l’histoire de l’art ou bien dans le but de compléter certaines collections patrimoniales françaises. D’autre part, il rassemble de nombreuses lettrines découpées afin de constituer des abécédaires pour enrichir son vaste projet de corpus d’images à l’usage des artistes et autres artisans de son temps. Si sa démarche n’est donc pas complètement originale – l’achat, le découpage de miniatures et la constitution de recueils de modèles d’art ancien (par exemple avec les albums Mame à Tours58) ont déjà cours bien avant lui – force est de constater que ce grand mécène des musées a participé par ses nombreuses collectes d’objets, à la redécouverte de l’enluminure médiévale dans les dernières décennies du xixe siècle et au début du xxe siècle.
____________
1 Je tiens à remercier Mmes Chantal Bouchon, Bénédicte Gady, Catherine Gouédo-Thomas et Hélène Andrieux du musée des Arts décoratifs de Paris, Mmes Patricia Stirnemann et Claudia Rabel de l’IRHT (CNRS-Paris) et Mme Christine Descatoire du Musée de Cluny.
2 Le terme de « Haute Époque » renvoie aux objets de la fin de l’Antiquité, du Moyen Âge et jusqu’au règne de Louis XIII (environ).
3 Sylvie MAIGNAN, René-Jean, critique d’art et bibliothécaire, Paris, INHA, 2005.
4 Albert Besnard (1849-1934). Modernités Belle époque, Évian ; Paris, Somogy, 2016.
5 Raymond Koechlin rédigera une longue notice nécrologique à la mort de son ami pour la Société des Amis du Louvre. Raymond KOECHLIN, J. Maciet : Notice lue à l’Assemblée générale annuelle de la Société des Amis du Louvre, le 12 janvier 1912, Paris, 1912.
6 Maciet apprécie par exemple les œuvres d’Alexandre Charpentier (1856-1909), sculpteur, graveur et peintre de l’Art nouveau. Alexandre Charpentier (1856-1909). Naturalisme et Art nouveau, Paris, 2008, p. 86.
7 Les donateurs du Louvre [Exposition, Paris, Musée du Louvre, 4 avril-21 août 1989], Paris, Musée du Louvre, 1989, p. 261.
8 François AMAN-JEAN, « Portraits de deux mécènes régionaux Jules Maciet et Etienne Moreau-Nélaton », Mémoires de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’archéologie de l’Aisne, t. XIII, 1967, p. 8-32. Il soutiendra une thèse de droit le 28 avril 1869 pour devenir notaire.
9 Ibid., p. 10.
10 Celui-ci sera le grand marchand des impressionnistes. Or, Jules Maciet ne semble pas avoir acquis un goût particulier pour cette peinture, en dehors des œuvres de Monet, Renoir, Sisley et Pissarro. Sur Paul Durand-Ruel, voir notamment Claire DURAND-RUEL SNOLLAERTS, Paul Durand-Ruel : le marchand des impressionnistes, Paris, Gallimard ; Réunion des Musées Nationaux-Grand-Palais, 2014.
11 Sur l’origine et l’histoire de l’institution, Jean-Louis VAUDOYER, « Le musée de l’Union central des arts décoratifs », Revue de l’art ancien et moderne, t. XXXVII, 1920, p. 193-216 ; Yvonne BRUNHAMMER, Le Beau dans l’utile. Un musée pour les arts décoratifs, Paris, Gallimard, 1992.
12 Geneviève BONTÉ, « La collection iconographique Maciet de la bibliothèque des arts décoratifs », Gazette des Beaux-Arts, t. CI, 1983, p. 124-127.
13 Rossella FROISSART, « Les collections du Musée des Arts décoratifs de Paris : modèles de savoir technique ou objets d’art ? », dans La Jeunesse des musées. Les musées de France au xix e siècle, dir. Chantal Georgel, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 1994, p. 83-90.
14 Susan DAY, « A Connoisseur and a Gentleman : Jules Maciet and the Musée des arts décoratifs », Hali, n° 153, 2007, p. 92-101 ; Ead., « Jules Maciet et le goût du tapis islamique », dans Purs décors ? Arts de l’Islam, regards du xix e siècle. Collections des Arts décoratifs, dir. Rémi Labrousse, Paris, Musée du Louvre, 2007, p. 302-309.
15 F. AMAN-JEAN, « Portraits de deux mécènes régionaux… », art. cit. [note 8], p. 13.
16 André MICHEL, « Jules Maciet », Revue Archéologique, t. 17, janvier-juin 1911, p. 329-330. Léon DESHAIRS, « Exposition des dons et des legs faits par Jules Maciet aux Musées français », Les musées de France, 1912, p. 48-51.
17 Un cahier de la main de Jules Maciet répertorie toutes ses donations au musée des Arts décoratifs entre 1880 et 1910 (Livre des dons faits par M. Jules Maciet au musée et à la bibliothèque des Arts décoratifs 1880-1910 – AAD F/166). Cf. S. DAY, « A Connoisseur and a Gentleman… », art. cit. [note 14], note 11, p. 308.
18 Cf. différents articles dans le journal Le Temps (e.g. 27 octobre 1893) puis Les donateurs du Louvre…, op. cit., p. 261.
19 Frédéric HENRIET, Catalogue historique et descriptif des tableaux, dessins, gravures, sculptures et objets d’art composant le Musée de Château-Thierry ou déposés à l’hôtel de ville, Château-Thierry, Impr. Lacroix père et fils, 1900.
20 Pour les dons au musée des Arts décoratifs, cf. le Guide illustré du musée des arts décoratifs, Paris, Palais du Louvre, 1926 qui répertorie une grande partie des donations de Maciet alors présentées en salles.
21 F. AMAN-JEAN, « Portraits de deux mécènes régionaux… », art. cit. [note 8], p. 15.
22 Selon sa propre expression.
23 François MONOD, « Le monument Jules Maciet au musée des Arts décoratifs », Art et décoration, septembre 1912, p. 1-3.
24 Arsène ALEXANDRE, « Le sous-sol de M. Maciet », Le Figaro, 17 janvier 1911 : « Oui, les couturières et les parisiennes ont tout de suite connu et adopté le sous-sol de M. Maciet. Elles viennent chercher dans les dessins et les gravures d’autrefois les idées qui feront fureur demain, et qui paraîtront d’une nouveauté singulière, et qui sont nouvelles en effet puisqu’elles sont renouvelées par la Beauté d’aujourd’hui. Il me paraît certain que les robes « entravées » sont sorties du travailloir de M. Maciet ».
25 Jérôme COIGNARD, « L’homme aux ciseaux magiques. La passion de couper en petits morceaux » dans Le cabinet des merveilles de monsieur Maciet [Exposition, Musée des arts décoratifs], Paris, Direction du livre et de la lecture, 2004, p. 11-13.
26 « Chez lui, le matin, le soir, quand il ne sortait pas, la nuit, quand il ne dormait pas, l’été à la campagne, il coupait ses documents, les triait, et l’après-midi, à moins qu’une vente ne l’appelât à l’Hôtel (Drouot), il les répartissait dans les volumes infiniment accrus », F. MONOD, « Le monument Jules Maciet… », art. cit. [note 23], p. 2. Cf. également Jérôme COIGNARD, Le vertige des images. La collection Maciet, Paris, UCAD ; Le Passage, 2002. À noter que Maciet fera appel à un important réseau d’amis et de connaissances : ces derniers viendront enrichir ses fameux albums par de nombreux dons.
27 J.-L. VAUDOYER, « Le musée de l’Union central des arts décoratifs… », art. cit. [note 11], p. 215.
28 Johanna DANIEL, « Les albums Maciet ou Google image avant l’ère internet. L’incroyable trésor de la bibliothèque des Arts Décoratifs », Paris, INHA, 20 octobre 2015 [En ligne : https://blog.bibliotheque.inha.fr/fr/posts/album-maciet.html].
29 L’ensemble de cette collection a fait l’objet d’une campagne photographique par l’Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, en partenariat avec l’Institut National d’Histoire de l’art et le musée des Arts décoratifs dans le cadre du projet Trésors enluminés des musées de France. Les enluminures sont accessibles à travers la Bibliothèque Virtuelle des Manuscrits Médiévaux (BVMM) de l’IRHT.
30 La collection des Arts graphiques du musée des Arts décoratifs possède également plusieurs manuscrits enluminés complets dont un missel, deux livres d’heures et un antiphonaire (inv. 40341, inv. 40342, inv. 40343 et inv. PE 0458).
31 Cf. par exemple les deux planches inv. 07758 et inv. D. 0624, du département des Arts graphiques, musée des Arts décoratifs, Paris. Une autre hypothèse doit également être évoquée, à savoir des découpages réalisés après les dons effectués par Jules Maciet au musée des Arts décoratifs. Toutefois, les grandes similitudes entre les pages de ses albums et celles cartonnées (ainsi que les écritures) sur lesquelles sont collées les lettrines enluminées paraissent la contredire.
32 Inv. D. 0623. On peut d’ailleurs y voir les représentations de saint François d’Assise et de sainte Claire. Cf. Marina SUBBIONI, La miniatura perugina del Trecento, Contributo alla storia della pittura in Umbria nel quattordicesimo secolo, Pérouse, Guerra, 2003.
33 Notons également la présence d’une enluminure issue d’un manuscrit arabe (inv. CD 7433).
34 Cinq enluminures du xive siècle proviennent également d’un Roman de la rose (inv. CD 7440 – Ill. 4). Le Roman de la Rose. L’art d’aimer au Moyen Âge (Bibliothèque nationale de France), Paris, BnF, 2012.
35 Maciet se fixait des prix pour l’achat des œuvres, soit généralement entre 200 et 300 francs (pour des objets islamiques). S. DAY, « A Connoisseur and a Gentleman… », art. cit. [note 14], p 303. Toutefois, il est fortement possible qu’il fît de même pour bien d’autres acquisitions dont des enluminures médiévales. Sur la présence de manuscrits des xve et xvie siècles sur le marché de l’art français, Marie JACOB, « Les collectionneurs normands d’enluminures médiévales au xixe et au xxe siècles : l’exemple du patrimoine des musées de Normandie », dans Trésors enluminés de Normandie. Une (re)découverte, Rennes, PUR, 2016, notamment p. 91-93.
36 Ségolène LE MEN, Les abécédaires français illustrés du xix e siècle, Paris, Promodis, 1984. Bernard FARKAS (dir.), L’art des abécédaires français, Rennes, PUR, 2018.
37 Sur l’importance des lettres ornées, Guillemette DELAPORTE, « La Lettre et ses métamorphoses », dans Le cabinet des merveilles…, op. cit., p. 15-19.
38 J. COIGNARD, « L’homme aux ciseaux magiques… », art. cit. [note 25], p. 13.
39 F. AMAN-JEAN, « Portraits de deux mécènes régionaux… », art. cit. [note 8], p. 17 : « Quand un bibliophile se scandalisait à voir casser tant de beaux livres, Maciet le menait dans la nouvelle bibliothèque qu’il avait installée au sous-sol du Pavillon de Marsan, sous le Musée des Arts Décoratifs. Il lui montrait la centaine quotidienne d’artisans, d’artistes, de couturiers, d’ouvriers, d’ingénieurs, d’étudiants, tous penchés à œuvrer plus moderne, inspirés par la masse de documents du passé. “Vous avez compris maintenant” disait-il au bibliophile ahuri ».
40 En effet, certains albums Maciet présentent encore aujourd’hui des reproductions d’enluminures médiévales découpées dans des ouvrages imprimés. Certaines sont présentées sous la forme d’abécédaires. Cf. par exemple les albums Maciet intitulés Lettres ornées de livres, pays divers xve et xvie siècles, n° 1 à 4 (271), Bibliothèque du musée des Arts décoratifs, Paris.
41 Pour une synthèse sur cette ancienne pratique de découpage des manuscrits (ou livres imprimés), cf. Elena KOROLEVA, « Texte/image/manuscrit : une relation problématique ? », Perspectives médiévales, 38 | 2017 [en ligne : http://journals.openedition.org/peme/12712]. Voir également le chapitre « Pratiques de collectionneurs » dans Trésors enluminés des musées de France. Pays de la Loire et Centre [Exposition, Musée d’Angers], Angers, Musée d’Angers ; INHA, 2013.
42 Cf. notamment Isabelle SAINT-MARTIN, « Rêve médiéval et invention contemporaine. Variations sur l’enluminure en France au xixe siècle », dans Renaissance de l’enluminure médiévale. Manuscrits et enluminures belges du xix e siècle et leur contexte européen, dir. Thomas Coomans, Jan De Maeyer, Louvain, Leuven university press, 2007, p. 109-135.
43 Roger. S. WIECK, « Folia Fugitiva : The Pursuit of the Illuminated Manuscript Leaf », The Journal of the Walters Art Gallery, Essays in Honor of Lilian M. C. Randall, t. 54, 1996, p. 233-254.
44 A. ALEXANDRE, « Le sous-sol de M. Maciet… », art. cit. [note 24].
45 À noter que quatre feuillets d’antiphonaires réalisés sans doute dans les Flandres et en Italie ont été collés sur des pages cartonnées de couleur différente (grise) que le reste des autres enluminures. Il s’agit des tous premiers dons d’enluminures de Jules Maciet au musée en 1880 (inv. 3275, 3276, 3277 et inv. D. 0554).
46 Les enluminures sont attribuées pour l’essentiel à Jacquemart de Hesdin (Paris, BnF, ms. lat. 919). Paris 1400. Les arts sous Charles VI, Paris, RMN ; Fayard, 2004, notice 43, p. 104-109 ; Les enluminures du Louvre. Moyen âge et Renaissance, Paris, Hazan, 2011, notice 81, p. 157-159.
47 Chantal BOUCHON, « Adalbert de Beaumont (Paris 1809-Boulogne 1869). Du cap nord à l’aventure céramique », Sèvres, Société des Amis du musée national de Céramique, n° 12, 2003, p. 33-43.
48 Celui-ci aurait toutefois pu récupérer ultérieurement le relevé des Grandes Heures du duc de Berry.
49 Chantal BOUCHON, « Voyage, ornement, industrie : Adalbert de Beaumont saisi par l’Orient », dans Purs décors ? Arts de l’Islam, regards du xix e siècle. Collections des Arts décoratifs, dir. Rémi Labrousse, Paris, Musée du Louvre, 2007, p. 242-249 ; Ead., « Astrées polygonales, galérites pyramidales, sycomores “arrondis comme des domes”, palmiers “élancés comme des minarets” : Le Caire d’Adalbert de Beaumont », dans Le Caire dessiné et photographié au xix e siècle, dir. Mercedes Volait, Paris, INHA, 2013, p. 245-274.
50 En effet, l’enluminure principale du feuillet (Le pontife refusant l’offrande de Joachim) n’a pas été reproduite, au contraire des petites lettrines secondaires et le décor des marges (dont les armoiries).
51 Adalbert de BEAUMONT, Recherches sur l’origine du blason et en particulier sur la fleur de lis, Paris, A. Leleux, 1853.
52 En 1887, Thompson Edward Maunde, directeur de la British Library publie un article sur la question de la conservation des manuscrits. Il explique : « Jamais le calque des manuscrits à miniatures n’est permis ; pour les autres manuscrits, il n’est permis que sous certaines conditions. Comme dernière sauvegarde, nos manuscrits, sitôt que les lecteurs s’en sont servis, sont examinés par les employés. Si l’on découvre un dommage, le registre montre immédiatement qui en est l’auteur ». Thompson Edward MAUNDE, « Sur l’arrangement et la conservation des manuscrits », Bibliothèque de l’École des chartes, t. 48, 1887, p. 512-520, notamment p. 520. Sur l’usage plus global des calques dès la fin du xviie siècle avec la collection Gaignières, cf. A. RITZ-GUILBERT, La collection Gaignières. Un inventaire du royaume au xviie siècle, Paris, CNRS-éditions, 2016.
53 Michele TOMASI, « Koechlin, Raymond », dans Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la Révolution à la Première Guerre mondiale, dir. Philippe Sénéchal et Claire Barbillon, Paris, INHA [en ligne : https://www.inha.fr/fr/ressources/publications/publications-numeriques/dictionnaire-critique-des-historiens-de-l-art/koechlin-raymond.html]
54 Musée des Arts décoratifs, département des Arts graphiques, Inv. CD 7440.
55 Ibid., Inv. CD 7442.
56 Ibid., Inv. CD 7437.
57 La Bibliothèque nationale a racheté à Jules Maciet un fragment d’une bible (Ancien Testament) du xiiie siècle, comme le stipule une lettre de la main même du collectionneur en date du 21 février 1883 (contrecollée sur la reliure du manuscrit) : « Je soussigné consens à céder à la Bibliothèque nationale moyennant le prix de trois cent cinquante francs, un double feuillet de manuscrit du xiiie siècle couvert sur les deux côtés de miniatures se rapportant à l’histoire d’Absalon, avec inscriptions orientales sur les marges. Jules Maciet ».
58 Marie-Pierre LITAUDON, « Les soubassements religieux d’une réussite éditoriale : le cas de la maison Mame à Tours », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 118-2, 2011, p. 135-159 ; La Maison Mame : deux siècles d’édition à Tours, Cinisello Balsamo, Silvana editoriale, 2011.