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Le Roman de Guillaume d’Angleterre d’Eugène Steger (Londres, Victoria and Albert Museum, MSL/1995/6)

Catherine YVARD

Conservateur au Victoria and Albert Museum, Londres

Depuis les années 80, la collection de manuscrits de la National Art Library (NAL) au Victoria and Albert Museum s’est considérablement enrichie de spécimens du xixe siècle attestant de la fascination de ce siècle pour le Moyen Âge et la Renaissance. Certains, confectionnés par des professionnels, sont de véritables chefs-d’œuvre comme le Missel de Chambord commandité par les dames légitimistes de France pour le comte de Chambord en 1844 (MSL/1984/68) ou les Heures Gallois que Jules Gallois fit faire pour sa femme vers 1835-42 (MSL/1987/7). D’autres sont des témoins plus modestes de cet engouement, comme le Roman de Guillaume d’Angleterre acquis en 1995 (MSL/1995/6)1.

Ce manuscrit contient un texte en alexandrins calligraphié dans une écriture gothique et intitulé « Roman du Duc Guillaume » au feuillet 4 recto [ill. 1]. Il est richement illustré de miniatures, bordures et initiales peintes copiant des modèles médiévaux, Renaissance, et parfois plus tardifs. Une signature « Eug. Steger » figure en deux endroits (f. 2r et 33r), correspondant aux initiales « ES » au feuillet 13r. Un écu d’argent, à la bande azur chargée de trois étoiles d’or soutenu par un griffon et un lion figure en première page du manuscrit et sur des étendards dans les bordures du feuillet 13r. Certaines pages ne comprennent qu’une miniature sans texte et quelques-unes ne sont peintes qu’au recto (f. 1 à 4, 31). Chaque page est rattachée à la reliure par un onglet, pour permettre à l’artiste une plus grande flexibilité. Il pouvait ainsi travailler sur des feuillets individuels et, si une page n’était pas réussie, ne pas la conserver et recommencer. La reliure est simple, en carton recouvert de parchemin ; l’ouvrage mesure 330 par 280 mm et est composé de 39 feuillets de lourd papier, intercalés de papier fin pour protéger les peintures. Le texte est écrit avec soin sur des lignes tracées au crayon à papier : pour la plupart effacées, elles sont encore visibles en certains endroits (par exemple au f. 6v)2.

Ce roman en alexandrins narre les tribulations fictives de Guillaume le Conquérant, roi d’Angleterre, et de sa femme Gracienne. L’histoire a de nombreux points communs avec la légende de saint Eustache3 : Dieu voulant tester la foi de Guillaume et Gracienne leur envoie une série d’épreuves. Contraints de renoncer à leur rang, leurs richesses et leur pays, ils sont séparés, dépouillés, leurs enfants emportés, l’un par un loup, l’autre embarqué sur un navire, etc. Ce ne sera qu’au terme de vingt-quatre ans que la famille sera de nouveau réunie et qu’ils seront récompensés de leur endurance et de leur confiance en Dieu.

Il existe deux variantes de ce texte en français, connues sous le nom de Dit de Guillaume d’Engleterre et transmises par une poignée de manuscrits. L’une de la fin du xiie-début du xiiie siècle, à l’incipit « Crestiiens se veut entremetre », est attribuée à Chrétien de Troyes par une partie de la critique4. L’autre datant sans doute du xive siècle débute par : « Pour recorder un dit sui ci endroit venus. / Dieu gart touz ceuls et celles dont seray entendus »5. C’est à première vue cette version que renferme le manuscrit Steger. Elle est connue à travers deux manuscrits du xive siècle, l’un à Londres (British Library, Add. MS 15606, f. 140v-151v), l’autre à Paris (BnF, ms. fr. 24432, f. 1ra-13va). Ce dernier servit à Francisque Michel pour une édition publiée dans ses Chroniques anglo-normandes en 18406. On aurait donc pu s’attendre à ce que Steger ait recopié ce texte facile d’accès, or il n’en est rien. Une comparaison avec le manuscrit de la British Library conduit à la même conclusion : toujours pas d’adéquation avec le manuscrit Steger. Outre les nombreuses divergences dans l’orthographe, certains mots employés et parfois un vers entier diffèrent totalement7. Par ailleurs, le manuscrit Steger comprend 940 vers, contre 948 dans les manuscrits de Londres et Paris.

Il faut chercher du côté des premières éditions imprimées au début du xvie siècle pour plus de succès. Le texte légèrement raccourci à 940 vers fit à cette époque l’objet d’au moins deux éditions parisiennes sous le titre de Romant du Duc Guillaume, chacune survivant à travers un exemplaire8 :

1. Paris, BnF, Réserve des livres rares, RES-Y2-682 : incomplet, 8 f., 37 lignes par page, sur 1 colonne [ill. 2]

2. Paris, BnF, Réserve des livres rares, RES P-Ye-6 : complet, 14 f., 37 lignes par page sauf f. C4v qui en comprend 36, sur 1 colonne

Un titre, absent des versions manuscrites, se retrouve en début de chacun de ces volumes imprimés formulé de la même façon que dans le manuscrit Steger, à quelques menues variantes près selon les éditions : « Sensuit le Roman du Duc Guillaume lequel en son vivant fut Roy d’Angleterre et [aussi]9 Duc de Normandie dont il tint paisiblement son peuple » [ill. 1 et 2]. L’exemplaire complet se termine comme lui par l’explicit « Cy finist la vie du Roy guillaume Roy dangleterre Et duc de Normendie ».

L’exemplaire 1, incomplet, s’interrompt au vers 518 : « La dame sera moye parquoy vint maint debas. » (f. B3v) et ne peut par conséquent pas avoir été le modèle utilisé. L’estampille apposée sur l’ouvrage, utilisée entre 1833 et 1848, indique qu’il est entré dans les collections de la bibliothèque alors « royale » à cette période10. Jean-Charles Brunet en connaissait l’existence et ajoutait en 1861 dans la cinquième édition de son Manuel du libraire qu’un autre exemplaire de ce texte lui avait été signalé par un certain M. Richarme de Lyon11. Le premier tome du supplément au Manuel, publié en 1878, date ce volume « vers 1530 » et ajoute : « L’exemplaire de M. Morel, de Lyon, de ce précieux roman de chevalerie, passait pour être le seul complet ; il était bien conservé, sauf une déchirure emportant quelques mots de texte. Il a été vendu 1,750 fr., ce qui, au taux actuel, est loin d’être exagéré »12. Un exemplaire annoté du catalogue de la vente Morel qui eut lieu le 25 juin 1873 à Paris donne « Chossonnery » comme acquéreur. Il s’agit certainement d’Antonin Chossonnery, libraire parisien au 47 quai des Grands-Augustins13. L’ouvrage réapparaît en 1882, toujours à Paris, à l’Hôtel Drouot, lors de la vente de la bibliothèque de M. E. M. Bancel, collectionneur, bibliophile et critique d’art, où il est vendu 3070 fr.14. Le catalogue en avance la datation : « une étude comparée des caractères et de ses lettres ornées nous fait supposer qu’il est sorti des presses de la veuve Jean Trepperel et qu’il serait antérieur à l’année 1510 », et donne une description détaillée de la reliure : « mar[oquin] citron, compart[iments] formés de branches de feuillage et d’un semé d’anneaux, dent[elle] int[érieure] tr[anche] dor[ée] (Trautz-Bauzonnet) ». Un examen de l’exemplaire complet aujourd’hui à la Bibliothèque nationale (RES P-Ye-6) confirme qu’il s’agit bien de cet ouvrage, anciennement Morel, puis Bancel : sa reliure signée Trautz-Bauzonnet et l’ex-libris « BIBLIOTHÈQUE E. M. BANCEL » apposé à l’intérieur de son plat supérieur ne laissent aucun doute. La bibliothèque en fit certainement l’acquisition à la vente Bancel en 188215. Cette vente fut le fait d’Adolphe Labitte, libraire de la Bibliothèque nationale, exerçant au 4, rue de Lille, qui décéda un mois plus tard16. Le catalogue donne également de précieux renseignements sur les travaux de restauration et de reliure entrepris pour Bancel :

Ill. 1 : Roman du Duc Guillaume, Paris, vers 1893-1894 (Londres, V&A, MSL/1995/6, f. 4r ; © Victoria and Albert Museum, Londres).

Ill. 2 : Romant du Duc Guillaume, Paris, v. 1530 (Paris, BnF, RES-Y2-682, f. 1r ; © Bibliothèque nationale de France, Paris).

Acheté à la vente du cabinet de M. Morel, de Lyon, il avait alors une déchirure dans le coin d’un feuillet, emportant quelques lettres du texte et n’était pas relié. Son nouvel acquéreur [E. M. Bancel] le confia à deux habiles artistes ; d’abord à Vigna qui refit le coin qui manquait et rétablit les lettres absentes d’après le fragment de la Bibliothèque nationale, avec une perfection telle qu’il est impossible à l’œil le plus exercé de reconnaître l’endroit réparé ; ensuite à Trautz, qui le recouvrit d’une de ces élégantes et délicieuses reliures dont il avait le secret.

Vigna désigne Paul-Antoine Vigna (1856-1942), dont je n’ai effectivement pas réussi à déceler le travail de restauration, qui doit se situer entre les feuillets A1 et B3, puisque le Roman incomplet de la BnF ne va pas au-delà17.

Une comparaison entre le texte du manuscrit Steger et les deux éditions montre qu’il se rapproche davantage de l’édition 2. Il n’en est toutefois pas la copie conforme. On remarque par exemple que certains mots sont sous forme abrégée dans le manuscrit Steger, et non dans 1 (ni 2), tels que « fermement » (vers 31)18, « moult » (vers 90) ou, au vers 335, où « puisquil vous plait bien » devient « puisquil v. plt bien ». Il pourrait là s’agir de modifications apportées par Steger pour ne pas trop empiéter sur l’espace des bordures. Au vers 10, un espace est laissé en blanc, comme si deux mots avaient manqué au modèle : « Nenterra en la gloire ou dieu ______ les sien ». Dans les imprimés 1 et 2, ces mots sont « maint et ». On relèvera également deux erreurs du copiste qui par ailleurs semble avoir été très consciencieux. Au vers 911, il écrit « Mais quant le conte sceut le faict parfaictement » au lieu de « certainement » : son œil est remonté à la ligne antérieure et a répété l’adverbe « parfaictement » par lequel le vers précédent se termine. D’autre part, si le texte est présent dans son entier, le feuillet 26 a été inséré incorrectement. Son recto devrait être son verso et inversement, ce qui bouleverse la continuité du texte qui doit se lire dans l’ordre suivant : 25v, 26v, 26r, 27r. L’erreur dut se produire au moment de la copie plutôt que lors de l’assemblage des feuillets en un ouvrage relié. Les mises en page de 25v et 26r se font écho, avec chacune une enluminure dans la partie supérieure de la page et une bordure riche en héraldique. Steger dut se rendre compte de sa méprise, mais pour ne pas troubler l’harmonie de cette double page et de la suivante, la primauté fut donnée à la cohérence de l’ornementation plutôt qu’à celle du texte. Ce choix fonctionne, à première vue, puisqu’à moins d’aborder le volume en tant que lecteur, on ne remarque pas l’erreur.

Mais on note également de nombreuses variantes orthographiques, dont je donne ici un échantillon représentatif, entre l’édition 2 et le manuscrit de Londres :

Vers19BnF, RES P-Ye-6 V&A, MSL/1995/6
111« vostre terre desgarnye »« vostre terre desgarnie »
121« On les restabliroit et au foible et au fort »« On les restabliroyt et au faible et au fort »
227« Rompirent les grans coffres plains de monnoye fine »« Rompirent les grans coffres pleins de monnoie fine »
339 « Lung des marchans luy dist »« Lung des marchans lui dist »
434« Marins eut a nom lautre »« Marin eut a nom lautre »
513« Les marchans si avoyent »« Les marchans si avoient »
584« Qui laissast lhermitaige »« Qui laissast lhermittaige »
744« Mais touteffois dist il que voullentiers yra »« Mais toutteffois dist il que voulentiers yra »
875« Cil qui fut plus hardy si cria a hault son »« Cil quy fut plus hardi si cria a hault son »

Ces différences ne sont pas le fruit d’une transcription distraite, ni d’un changement délibéré de la part de Steger visant à corriger le texte ou le moderniser. Elles sont de même ordre que celles que l’on pourrait rencontrer d’une édition à l’autre, et que l’on observe par ailleurs entre les ouvrages 1 et 220. De plus, cinq vers présentent des divergences plus notoires encore :

VersBnF, RES P-Ye-6 V&A, MSL/1995/6
23« Mais quant ung champion se combat bien souvent »« Mais quant un champion se combat forment »
113« Se rien aves tolu a femme ne a homme »« Se rien aves tolu ne a homme ne a femme »
224« Lors ont quis tout partout mais cestoit pour neant »« Lors ont pris tout partout mais cestoit pour neant »
602« La royne sa femme a forment regretee »« La royne sa femme a souvent regrettee »
621« Comment et en quel guise les retrouva le pere »« Comment et en quel guise les retrouva leur pere »

La substitution de l’ancien français « forment » à « souvent » et vice versa aux vers 23 et 602 ne peut pas à mon sens être une improvisation du copiste. Au vers 113, la formulation erronée des exemplaires 1 comme 2 est corrigée : de « Se rien aves tolu a femme ne a homme », elle passe à « Se rien aves tolu ne a homme ne a femme » dans le manuscrit Steger, rimant ainsi avec « âme » au vers suivant. Cette erreur n’est pas présente dans la tradition manuscrite et on trouve ainsi dans le manuscrit de la BnF dont Francisque Michel a publié le texte : « Se riens avez tolu a homme ni a famme »21. De même, « leur pere », plutôt que « le pere » au vers 621, s’il n’apparaît pas dans les éditions 1 et 2, se retrouve également dans la tradition manuscrite22. Toutes ces variations et divergences nous mènent à une étonnante conclusion, à savoir que Steger recopia une édition du xvie siècle jusqu’ici inconnue du Roman de Guillaume d’Angleterre, édition sans doute légèrement postérieure aux deux autres car comportant des corrections que l’on ne trouve pas dans les éditions 1 et 2. Steger fut-il le propriétaire de cet exemplaire imprimé parisien ? L’intérêt de recopier le texte en entier s’expliquerait certainement davantage si l’ouvrage ne lui appartenait pas. Peut-être l’emprunta-t-il à un ami ? Le doute subsiste, mais il fut suffisamment enthousiasmé par ce texte pour s’appliquer à en recréer un exemplaire manuscrit et enluminé d’un patchwork d’initiales, bordures et miniatures.

À comparer les deux textes, on est frappé par la précision avec laquelle Steger reproduit la graphie du texte imprimé : elle ne peut être que le fruit de longues heures passées avec l’original, à tracer les caractères d’abord au crayon à papier puis à l’encre. Ce processus est apparent au vers 867 où les deux premiers mots du vers « O moy » n’ont pas été passés à l’encre. Il va même jusqu’à parfois reprendre la barre oblique qui marque l’hémistiche de certains vers dans l’imprimé, comme par exemple aux vers 4, 12, 71 74 et 282. Cependant, pour ce qui est de l’illustration, il a rejeté l’esthétique monochrome des deux estampes introduisant le texte dans les imprimés parisiens pour se tourner vers des sources manuscrites enluminées [ill. 3-5]. Le texte est orné de nombreuses bordures, initiales et miniatures pleine page, dans des styles de périodes et d’origines différentes, mais s’harmonisant généralement par doubles pages. L’identification de ces sources, commencée par Rowan Watson23, n’est pas encore complète mais suffisamment avancée pour conduire à quelques observations (voir l’annexe 3 pour une liste des sources identifiées)24.

Tous les manuscrits ayant servi de modèles se trouvent à la BnF. Ils sont occidentaux, principalement français et flamands, et vont du viiie siècle, avec l’Évangéliaire de Charlemagne25 au xviie, avec le Vespéral de Louis XIV, avec une prédominance du xve siècle. Plusieurs ont un lien avec la monarchie française, et les fleurs de lis sur fond azur sont récurrents (f. 23v, 24r, 25v, 26r, 32r, 36r). Certains des manuscrits d’origine sont de ceux qui bénéficièrent de reproductions en couleur précoces. On retrouve, aux feuillets 6v-7r et 18v-19r, des bordures et miniatures des incontournables Grandes Heures d’Anne de Bretagne, reproduites intégralement en 1861 dans le facsimilé publié par Léon Curmer26. L’Évangéliaire de Charlemagne avait dès l’entreprise colossale d’Auguste Bastard d’Estang fait l’objet de reproductions dans la première moitié du xixe siècle27. Les Grandes Heures de Jean, duc de Berry sont également utilisées comme source d’inspiration (f. 12v-13r, 35v-36r) ; là encore, il fallait s’y attendre, étant donnée sa notoriété, et le fait que certains feuillets furent reproduits tôt28. Le duc de Berry apparaît d’ailleurs dans une initiale au feuillet 12r (une note au crayon à papier dans une graphie gothique l’identifie, ainsi que Charles V à la même page). Mais il n’existe pas à l’époque de facsimilé intégral de ce manuscrit, or Steger puise très librement à cette source, combinant sur une même page des éléments venant de différents feuillets du manuscrit. Ainsi, pour donner un exemple, le feuillet 35v utilise des motifs issus de quatre feuillets différents des Grandes Heures du duc de Berry (f. 8r, 25v, 31v et 32r). Il en va de même pour le Vespéral de Louis XIV dont on retrouve quatre bordures dans le manuscrit Steger (f. 16v-17r et 32v-33r), et dont seulement quelques feuillets furent reproduits au xixe siècle, par exemple en frontispice de L’Imitation de Jésus-Christ (Paris, Léon Curmer, 1868). Une autre source qui semble avoir capturé l’imagination de l’artiste est l’exemplaire de la Fleur des histoires de Jean Mansel exécuté pour le cardinal Georges d’Amboise autour de 1503-1508 entre Paris et Rouen [ill. 3-4]. Aux feuillets 28v-29r, il reconfigure de nombreux motifs et initiales empruntés à ce manuscrit qu’il devait avoir consulté assidument. Steger puise également aux Triomphes de Pétrarque (ms. fr. 594), aux Triomphes des vertuz de Louise de Savoie (ms. fr. 144), aux Grandes Heures de Rohan (ms. lat. 9471), au Compendium historial d’Henri Romain, abrégé de Tite-Live (ms. fr. 9186), à la Bible du pape Clément VII (ms. lat. 18), au Missel de Saint-Maur-des-Fossés (ms. lat. 12054), au Psautier dit de saint Louis (ms. lat. 10525) [ill. 5], aux Heures de Marguerite d’Orléans (ms. lat. 1156B), etc. Le profil renfermé par l’une des initiales au feuillet 11v est celui du roi Jean II le Bon, repris du célèbre portrait de la BnF (R.F. 2490, en dépôt au Musée du Louvre depuis 1925).

Ill. 3 : Roman de Guillaume d’Angleterre, Paris, vers 1893-1894 (Londres, V&A, MSL/1995/6, f. 6r ; © Victoria and Albert Museum, Londres).

Ill. 4 : Jean Mansel, Fleur des histoires, Rouen, 1503-1508 (Paris, BnF, Fr. 54, f. 11r ; © Bibliothèque nationale de France, Paris).

Pour certains ornements, Steger s’est appuyé sur des modèles imprimés. C’est le cas par exemple de deux portraits sur la page de titre [ill. 1]. Le G de Guillaume renferme un « portrait » de Guillaume le Conquérant peint dans des teintes sépia qui trahissent son origine monochrome. Il reprend une gravure bien connue de Guillaume Philippe Benoist29, utilisée en 1757 pour illustrer la Complete History of England de Tobias Smollett, ouvrage constamment réédité au cours du xixe siècle. Quant au roi dépeint dans l’initiale N de Normandie, il semble modelé sur une gravure dont je n’ai pu retrouver la source, représentant Robert de Normandie, dit le Magnifique ou le Libéral (r. 1027-1035), prédécesseur de Guillaume30. Six bordures sont issues de l’édition richement chromo-lithographiée de L’Imitation de Jésus-Christ publiée en 1856 par Léon Curmer31 : trois sont dans un style xve siècle français (f. 16, 20v-21), deux montrent des scènes de chasse au cerf lointainement dérivées des marges de livres d’heures parisiens imprimés autour de 1500 par Thielman Kerver (f. 21v-22) et la dernière, d’apparence peu médiévale, est ornée d’un paysage où s’abreuve un cerf (f. 9v).

Ill. 5 : Roman de Guillaume d’Angleterre, Paris, vers 1893-1894 (Londres, V&A, MSL/1995/6, f. 28r ; © Victoria and Albert Museum, Londres).

Steger est généralement fidèle à ses modèles, jusque dans les couleurs, mais il opère parfois de petites modifications. Ainsi, dans la bordure reprise du De Regno de Thomas d’Aquin exécuté pour Louis XII et Anne de Bretagne, il remplace l’inscription du médaillon central inférieur par un pape levant les mains et, à la même page, il adapte l’initiale à ses besoins, comme il le fait à plusieurs reprises (f. 38v)32. Ses connaissances en latin devaient être limitées puisqu’au feuillet 11r, il retranscrit incorrectement l’inscription sur le phylactère tenu par des anges par « O trata trinitas », au lieu de « O beata trinitas ». Dans la hampe de l’initiale P recopiée de la Bible de Clément VII, il substitue aux deux personnages vêtus, un couple disposé pareillement, mais dont la coiffure est résolument xixe, et la femme se dressant sur un chapiteau sculpté est nue (f. 14r). Une autre femme dénudée remplace dans le manuscrit Steger l’hybride mi-homme mi-fleur jouant de la cornemuse au début de La Fleur des histoires de Jean Mansel, sous la miniature montrant l’auteur au travail (f. 6r) [ill. 3-4]. Ces deux substitutions mutines rappellent la Vénus inspirée du Titien cachée sous le titre du manuscrit inachevé reprenant le texte et certaines enluminures du Roman de la Rose de la British Library (MS Harley 4425) exécuté en Angleterre sur une commande du collectionneur belge Octave Delepierre en 1847-48 (Chicago, Newberry Library, MS Case Y 7675.R7184). Un autre nu se cache derrière un bouquet de roses vers la fin du Roman de la Rose de Chicago, mais ce dernier pourrait être un ajout ultérieur33. Leur présence s’explique néanmoins davantage en accompagnement d’un texte dont le sujet principal est la quête de l’être aimé, symbolisé par une rose. Dans le manuscrit Steger, les deux petites femmes nues reflètent tout au plus la fantaisie de l’artiste.

En outre, le rapport entre le texte du Roman de Guillaume et les images que Steger a choisies est principalement ornemental : on peut difficilement parler d’illustration, mise à part l’initiale montrant le roi Guillaume (f. 4r) et le portrait d’auteur emprunté à la Fleur des histoires en tête du texte (f. 6r). Le couple conversant dans une chambre à coucher au feuillet 8v fait peut-être écho au texte de cette même page et pourrait s’interpréter comme Guillaume s’adressant à Gracienne enceinte pour l’enjoindre de se reposer plutôt que de l’accompagner à l’église (f. 8v). Les miniatures en pleine page, qu’elles viennent des Triomphes de Pétrarque ou du Mignon, n’ont pas ou peu de rapport avec le récit. Des images montrant les mésaventures de Job ou de saint Eustache eussent été thématiquement appropriées, mais aucune n’a été choisie pour illustrer le roman. Pour la plupart des pages, Steger opère une sorte de copier-coller dont l’esthétique rappelle tout à la fois les montages de fragments découpés de manuscrits prisés par certains collectionneurs, et les manuels d’enluminure et autres alphabets et répertoires d’ornements dont les artistes reprenaient le vocabulaire en pièces détachées [ill. 5]34.

L’enluminure est de facture soignée, et l’absence d’oxydation des surfaces argentées (par exemple au f. 21r) s’explique par l’utilisation d’aluminium révélée par un examen XRF35. Les manuels d’enluminure de l’époque conseillaient dans la seconde moitié du xixe siècle l’emploi de ce métal d’invention récente (1854). Henry Shaw recommandait ainsi dans son Art of Illumination publié en 1870 :

As a substitute for this metal we employ aluminium, which we believe to be permanent, and is now prepared in powder and sold in shells. It has not quite the shining brightness of silver, but being slightly subdued in tone, it is frequently more in harmony with the surrounding colours; in contrast with which the former metal often assumes an offensive prominence36.

L’artiste a utilisé une large palette et expérimenté différents types d’or, dont manuels et revues spécialisées divulguaient les recettes, comme par exemple la revue Le Coloriste enlumineur publiée entre 1893 et 189937. Au feuillet 7v, il alterne consciemment le fond de ses lettrines entre un or bruni, avec plus de relief, et un or mat. Ce manuscrit est certainement l’œuvre d’une seule personne, les variations de style s’expliquant par la diversité des sources auxquelles on a puisé.

Ayant établi que l’artiste avait eu accès aux manuscrits originaux de la Bibliothèque nationale, j’ai pu retrouver sa trace dans les registres des lecteurs de la bibliothèque. Un certain « Eug. Steger » fit en effet une demande d’accès en 1893, puis en 189438. Dans la première lettre datée du 21 septembre 1893 [ill. 6], il justifie ainsi sa requête :

J’ai l’honneur de solliciter de votre obligeance une carte d’admission au département des Imprimés, afin de faire des recherches dans l’Histoire de l’Art et de la littérature aux 15e et 16e siècles.

Par la même occasion, je désire faire quelques croquis au département des Estampes d’anciennes miniatures sur vélin ou sur papier.

Il consulta certainement alors de nombreux manuscrits enluminés, ainsi que les deux éditions du Roman de Guillaume d’Angleterre de la Bibliothèque nationale. Le 3 janvier 1894, sa carte ayant expiré, il demande à la renouveler, « afin de continuer [ses] recherches sur l’Histoire de l’Art, et de l’enluminure des livres, de même pour les départements des Manuscrits et des Imprimés ». Dans les deux lettres, il ajoute sa profession « artiste peintre », et son adresse « rue du Marché 24, Levallois Perret (Seine) ». Dans la deuxième lettre, il précise qu’il est « professeur de peinture et de dessin »39. Si ces deux lettres confirment que le manuscrit fut l’œuvre d’un artiste parisien autour de 1893-1894, elles ne nous renseignent pas véritablement sur les motivations de son entreprise. Pourquoi avoir choisi ce texte et l’avoir copié et enluminé ? Si le manuscrit avait été une commande, le nom du commanditaire y aurait figuré, comme dans le Roman de la Rose de Chicago où Octave Delepierre explique en guise de préface qu’il a recopié lui-même le texte, et a confié la reproduction des enluminures à « Mr Wing, artiste anglais » et les encadrements, laissés inachevés, à « Mr Midolle [Jean Midolle], un des plus habiles calligraphes de l’Europe ». Steger voulait-il montrer ce dont il était capable à des clients potentiels ? Auquel cas, la copie d’un texte dans son intégralité ne se serait pas imposée et des extraits auraient suffi. Était-ce pour son usage personnel ou pour l’offrir ? Quelques initiales renferment deux portraits résolument xixe siècle dans leur coiffure et habillement : un homme à la barbe taillée en pointe (f. 12v) et une femme aux tresses remontées (f. 11v). Il est possible qu’ils dépeignent des personnes de l’entourage de Steger, ou que l’homme soit l’artiste lui-même. Cependant, ils se trouvent parmi d’autres initiales représentant des personnages historiques, tels que le roi Jean le Bon et le duc de Berry, ils pourraient donc également être des personnalités de l’époque.

Le manuscrit Steger se distingue par son caractère laïc, contrairement à d’autres productions de cette époque usant de l’enluminure pour accompagner des ouvrages de dévotion ; le texte choisi n’est pas à proprement parler religieux, même si la foi en Dieu joue un grand rôle dans le déroulement de l’histoire. Il se distingue de plus par le fait qu’il comprend un texte médiéval dans sa totalité, fidèlement recopié à partir d’un original ancien imprimé. Il ne s’agit pas pour autant d’un facsimilé : Steger ne reprend pas les estampes de son modèle, mais crée un hybride éclectique, illustré d’un florilège coloré de miniatures et ornements glanés dans les manuscrits qu’il a consultés à la Bibliothèque nationale. L’édition dont il a repris le texte n’étant pas connue ni localisée à l’heure actuelle, son manuscrit en devient le seul témoin accessible, ce qui ne fait que décupler son importance.

Ill. 6 : Lettre d’Eugène Steger à la Bibliothèque nationale, 21 septembre 1893 (Paris, BnF, 2009/042/106, 1893. R – Z ; © Bibliothèque nationale de France, Paris).

Annexe 1 : Répartition des vers dans Londres, V&A, MSL/1996/5

FeuilletVersFeuilletVersFeuilletVers
6v1-12 17r300-315 27v647-660
7r13-2418r316-334 28r661-674
7v25-4419r335-35228v675-690
8r45-6319v353-37629r691-706
8v64-7820r377-40029v707-713
9r79-9320v401-42030r714-731
9v94-11121r421-44032r732-749
10r112-12821v441-45932v750-764
11v129-14222r460-47833v765-785
12r143-15622v479-49734r786-806
12v157-17223r498-51634v807-824
13r173-17623v517-53635r825-842
13v177-19624r537-55635v843-860
14r197-21624v557-57236r861-878
14v217-23225r573-58836v879-894
15r233-248 25v589-60037r895-910
15v249-26426v601-61637v911-922
16r265-283 26r617-62838r923-934
16v284-299 27r629-64638v935-940

Annexe 2 : Répartition des vers dans Paris, BnF, RES-Ye-6

FeuilletVersFeuilletVersFeuilletVers
Aii r1-37Bii v334-370Ciii r667-703
Aii v38-74Biii r371-407Ciii v704-740
Aiii r75-111Biii v408-444Ciiii r741-777
Aiii v112-148Biiii r445-481Ciiii v778-813
Aiiii r149-185Biiii v482-518Cv r814-850
Aiiii v186-222Ci r519-555Cv v851-887
Bi r223-259Ci v556-592Cvi r888-924
Bi v260-296Cii r593-629Cvi v925-940
Bii r297-333Cii v630-666

Annexe 3 : Sources identifiées

FeuilletTypeSource Cote
3rMiniaturePétrarque, TriomphesBnF, Fr. 594, f. 376r
4rPage de titre : initiale principale S [ill. 1]Biblia latina, tertia parsBnF, Lat. 15179, f. 3r
4rPage de titre : initiale historiée [ill. 1]Portrait de Guillaume le Conquérant, gravure de Guillaume Philippe Benoist publiée pour la première fois dans Tobias Smollett, Complete History of England, Londres, 1757
4rPage de titre : initiale historiée [ill. 1]Portrait de Robert le Libéral, gravure, source non identifiée
5rMiniatureLes Triomphes des vertuz, traicté tiers et traicté quartBnF, Fr. 144, f. 57v
5vArrangement floralVespéral de Louis XIVBnF, Lat. 9477, p. 26
6rMiniature et initiale [ill. 3]Jean Mansel, Fleur des histoiresBnF, Fr. 54, f. 11r [ill. 4]
6vBordureGrandes Heures d’Anne de Bretagne40BnF, Lat. 9474, f. 85r
6vInitialeGrandes Heures d’Anne de BretagnePeut-être BnF, Lat. 9474, f. 222v
7rBordureGrandes Heures d’Anne de BretagneBnF, Lat. 9474, f. 37r
7vBordureDevise et emblème de Louis de Bruges41
8rBordureDevise et emblème de Louis de Bruges
9rBordure avec miniatureGrandes Heures de RohanBnF, Lat. 9471, f. 144v
9vBordureL’Imitation de Jésus-Christ, Paris, Léon Curmer, [1868], p. 340
10vMiniatureHenri Romain, Abrégé de Tite-Live, Compendium historial, et autres textes de divers auteurs, dit Le MignonBnF, Fr. 9186, f. 298v
11rMiniatureHenri Romain, Abrégé de Tite-Live, Compendium historial, et autres textes de divers auteurs, dit Le MignonBnF, Fr. 9186, f. 301r
11vInitiale historiéePortrait de Jean le BonMusée du Louvre, R.F. 2490
12vBordureGrandes Heures du duc de BerryBnF, Lat. 919, f. 85r (grotesque) et 92r (dragon)
13rMiniature et bordureGrandes Heures du duc de BerryBnF, Lat. 919, f. 34r et 45r
14rInitiale historiéeBible de Clément VIIBnF, Lat. 18, f. 73v
14vBordureHeures de Marguerite d’OrléansBnF, Lat. 1156B, f. 158v
15rBordureHeures de Marguerite d’OrléansBnF, Lat. 1156B, f. 171r
16rbordureL’Imitation de Jésus-Christ, Paris, Léon Curmer, [1868], p. 173 (bordures inspirées par Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 246, Cité de Dieu faite pour Mathieu Beauvarlet)
16vbordureVespéral de Louis XIVBnF, Lat. 9477, p. 44
17rbordureVespéral de Louis XIVBnF, Lat. 9477, p. 50
17vminiatureÉvangéliaire de Charlemagne42BnF, n.a.l. 1203, f. 3v
18vminiatureGrandes Heures d’Anne de BretagneBnF, Lat. 9474, f. 189v
19rbordureGrandes Heures d’Anne de BretagneBnF, Lat. 9474, f. 27r
20vbordureL’Imitation de Jésus-Christ, Paris, Léon Curmer, [1868], p. 94
21rbordureL’Imitation de Jésus-Christ, Paris, Léon Curmer, [1868], p. 95
21vbordureL’Imitation de Jésus-Christ, Paris, Léon Curmer, [1868], p. 294
FeuilletTypeSource Cote
22rbordureL’Imitation de Jésus-Christ, Paris, Léon Curmer, [1868], p. 295
25vminiature et bordureFaits des Romains, ayant appartenu à Louis XIIBnF, Fr. 40, f. 5r
26rminiature et bordureHistoire ancienne jusqu’à César, ayant appartenu à Louis XIIBnF, Fr. 39, f. 15r
27vminiaturePsautier dit de saint LouisBnF, Lat. 10525, f. 59v
27vbordureRomans arthuriens, ayant appartenu à Louis XIIBnF, Fr. 95, f. 42r et 159v
28rInitiale historiée [ill. 5]Psautier dit de saint LouisBnF, Lat. 10525, f. 192r
28rBordure [ill. 5]Romans arthuriensBnF, Fr. 95, f. 132r et 324v
28vBordureJean Mansel, Fleur des histoiresBnF, Fr. 54, f. 11r [ill. 4], 124v (bordure externe), 182r (bordure supérieure), 214v (bordure interne)
29rBordure et initialesJean Mansel, Fleur des histoiresBnF, Fr. 54, f. 135r (4e initiale), 186v (bordure interne), 193v (3e initiale), 255r (bordure externe), 283r (bordure inférieure), 313v (1re initiale), 400r (bordure supérieure)
30vMiniatureJean Froissart, ChroniquesBnF, Fr. 2644, f. 9r
31rMiniaturePétrarque, TriomphesBnF, Fr. 594, f. 349r
32vBordure Vespéral de Louis XIVBnF, Lat. 9477, pp. 34 et 250
33rBordure et initialesVespéral de Louis XIVBnF, Lat. 9477, pp. 172 et 186
33vInitialesMissel de Saint Maur-des-FossésBnF, Lat. 12054, f. 9r et 27r
34vMiniature et bordureJean Mansel, Fleur des histoires43BnF, Fr. 54, f. 234r (bordure supérieure), 353v (miniature)
35rBordureJean Mansel, Fleur des histoiresBnF, Fr. 54, f. 60r (bordure supérieure)
35vBordure et initialesGrandes Heures du duc de BerryBnF, Lat. 919, f. 8r, 25v, 31v, 32r
36rBordure et initialesGrandes Heures du duc de BerryBnF, Lat. 919, f. 60v
38vBordure et initialeSaint Thomas d’Aquin, De regnoBnF, Lat. 3111, f. 1r
39rMiniaturePétrarque, TriomphesBnF, Fr. 594, f. 7v
39vArrangement floralVespéral de Louis XIVBnF, Lat. 9477, p. 158

____________

1 Notices en ligne : https://nal-vam.on.worldcat.org/oclc/1008118412 et http://collections.vam.ac.uk/item/O1388750/dit-du-roy-guillaume-dangleterre-manuscript-none/ (pages consultées le 2 septembre 2020).

2 Le premier vers de certaines pages est numéroté au crayon à papier (voir f. 8v-10r).

3 Sur les rapports entre les deux, voir Silvia BUZZETTI GALLARATI, « Sulla genesi di una redazione in versi francesi della vita di S. Eustachio », Medioevo Romanzo, t. 6, 1979, p. 320-339 et Marco MAULU, « Riflessioni sul Guillaume d’Angleterre e sul culto di sant’Eustachio », Quaderni di Filologia Romanza dell’Università di Bologna, 18, 2006, p. 199-220.

4 Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, Base Jonas [en ligne : http://jonas.irht.cnrs.fr/consulter/oeuvre/detail_oeuvre.php?oeuvre=4232 (page consultée le 2 juillet 2020).

5 Ibid. [en ligne : http://jonas.irht.cnrs.fr/consulter/oeuvre/detail_oeuvre.php?oeuvre=8836]. Base Arlima [en ligne : https://www.arlima.net/eh/guillaume_dengleterre_dit.html] (pages consultées le 2 juillet 2020).

6 Francisque MICHEL, Chroniques anglo-normandes. Recueils d’extraits et d’écrits relatifs à l’histoire de Normandie et d’Angleterre, vol. 3, Rouen, Édouard Frère, 1840, p. 173-211.

7 Par exemple, le vers « Les povres despit [sic] sont du ciel heritier » dans la version publiée (Francisque MICHEL, Chroniques anglo-normandes…, op. cit. [note 6], p. 174) est remplacé par « Les richesses du monde petit devons aymer » dans le manuscrit Steger (f. 7v).

8 Sur ces éditions et leurs rapports avec les témoins manuscrits, voir Marco MAULU, « La tradizione cinquecentesca del Dit de Guillaume d’Emgleterre : il Romant du duc Guillaume », Critica del testo, 10-2, 2007, p. 115-165.

9 Mot absent dans le manuscrit Steger.

10 Je remercie Marguerite Sablonnière de m’avoir fourni cette information.

11 Jacques-Charles BRUNET, Manuel du libraire et de l’amateur de livres, 6 vols, Paris, Firmin Didot frères, 1861 (5e éd.), II, col. 1816.

12 Pierre DESCHAMPS et Pierre-Gustave BRUNET Manuel du libraire et de l’amateur de livres : supplément, 2 vols, Paris, Dorbon-Ainé, 1878-1880, I, cols 580-581 (580).

13 Catalogue des livres rares et précieux poëtes français, Anciens Chansonniers, Théâtre, romans de chevalerie, conteurs, facéties, singularités, vieilles chroniques, gothiques français, raretés bibliographiques composant le cabinet de feu M. Morel (de Lyon) [Vente, Paris, 25 juin 1873], Paris, A. Claudin, 1873, lot 206.

14 Catalogue des livres rares et précieux et des manuscrits avec miniatures composant la bibliothèque de M. E. M. B., par le ministère de Me Maurice Delestre, commissaire-priseur, Hôtel Drouot, Paris, 8-13 mai 1882, lot 238.

15 Il n’a malheureusement pas été possible de retrouver ce livre dans les registres d’acquisition de la BnF, le numéro d’acquisition (89132), sans doute erroné, ne correspondant pas à la description donnée dans les registres.

16 Sur cette famille de libraires, voir http://histoire-bibliophilie.blogspot.com/2014/06/labitte-ou-la-passion-de-lexpertise.html [page consultée le 29/10/2020].

17 Sur Vigna, voir Natalie COURAL et Laëtitia DESERRIÈRES, « Paul-Antoine Vigna (1856-1942), restaurateur de livres, d’estampes et de dessins », Technè : la science au service de l’histoire de l’art et des civilisations, 33 (2011), p. 33-37.

18 Pour la répartition des vers par page pour l’imprimé de la BnF comme pour le manuscrit Steger, voir les annexes 1 et 2.

19 Pour la répartition des vers dans les deux ouvrages en fonction des pages, voir les annexes 1 et 2 en fin d’article.

20 Les différences textuelles entre les deux éditions de la BnF sont principalement d’ordre orthographique, mais un mot est parfois remplacé par un autre ou une tournure de phrase légèrement modifiée. Voir Marco MAULU, « La tradizione cinquecentesca… », art. cit. [note 8] pour plus de détails.

21 Francisque MICHEL, Chroniques anglo-normandes…, op. cit. [note 6], p. 177. Voir Marco MAULU, « La tradizione cinquecentesca… », art. cit. [note 7], p. 142, concernant ce vers dans la tradition manuscrite.

22 Francisque MICHEL, Chroniques anglo-normandes…, op. cit. [note 6], p. 198.

23 Rowan WATSON, Western Illuminated Manuscripts: A Catalogue of Works in the National Art Library from the eleventh to the early twentieth century, with a complete account of the George Reid collection, 3 vols, Londres, V&A Publishing, 2011, III, no 243.

24 Je tiens ici à remercier François Avril, conservateur général honoraire des bibliothèques, pour son aide précieuse dans cette tâche.

25 Pour les cotes et références exactes des manuscrits originaux, voir l’annexe 3.

26 Le Livre d’Heures d’Anne de Bretagne, Paris, Léon Curmer, 1841 [i.e. 1861].

27 Auguste DE BASTARD D’ESTANG, Peintures et ornements des manuscrits, classés dans un ordre chronologique…, Paris, Imprimerie impériale, 1835-1869.

28 Par exemple dans Henry Noel HUMPHREYS, The Illuminated Books of the Middle Ages, Londres, Longman and Co., 1849.

29 Londres, British Museum, 1874,1010.82.

30 Image apparaissant sur http://www.monarchie-noblesse.net/noblesse/france/normandie/normandie.htm sans indication de source [page consultée le 2 septembre 2020].

31 Sur Curmer et son rôle dans la valorisation de l’enluminure médiévale à travers de nombreux ouvrages religieux richement illustrés, voir Maurice CLOCHE, « Un grand éditeur du xixe siècle, Léon Curmer », Arts et métiers graphiques 33, 15 janvier 1933, p. 28-36 (30-31).

32 Voir par exemple le f. 33v où il modifie légèrement le D d’origine pour le transformer en O.

33 Je remercie Suzanne Karr Schmidt, ainsi qu’Alison Hinderlinter, pour m’avoir renseignée sur ce manuscrit, fourni des images et signalé l’existence de ce second nu.

34 À ce sujet, voir Sandra HINDMAN, Michael CAMILLE, Nina ROWE, Rowan WATSON, Manuscript Illuminations in the Modern Age [Exposition, Evantson, Mary and Leigh Block Museum of Art, 11 janvier-4 mars 2001].

35 Voir le rapport de Lucia Burgio de l’analyse effectuée avec l’assistance de Jane Rutherston, Analysis report 17-26-LB, 5 mai 2017.

36 Henry SHAW, The Art of Illumination, as Practised during the Middle Ages, With a Description of the Metals, Pigments, and Processes Employed by the Artists at Different Periods, Londres, Bell and Daldy, 1870, p. 60.

37 Voir J. V. D., « L’or en relief, procédé à la craie », dans Le Coloriste enlumineur, 1re année, no 6 (15 octobre 1893), p. 41-43, no 7 (15 novembre 1893), p. 49-51.

38 Paris, BnF, 2009/042/106, 1893. R – Z et 2009/042/112, 1894. S – Z. Je remercie Charlotte Denoël de m’avoir signalé l’existence de ces registres.

39 J’ai également fait des recherches parmi les dossiers d’élèves de l’École des Beaux-Arts aux Archives nationales, au cas où Steger y aurait été formé, mais sans succès.

40 Tous les motifs repris de ce manuscrit furent sans doute copiés d’après le facsimilé de Curmer [note 26].

41 Les bordures des f. 7v-8r ne sont pas reprises de la Cosmographie de Ptolémée de Louis de Bruges (Lat. 4804) comme l’affirmait Watson. Voir Rowan WATSON, op. cit. [note 23].

42 Sans doute d’après la reproduction de Bastard d’Estang [note 27].

43 Les dragons habitant les bordures de cette page et de celle qui lui fait face viennent également de la Fleur des histoires de Jean Mansel exécutée pour le cardinal Georges d’Amboise. Ils sont caractéristiques de la production rouennaise de la fin du xve et du début du xvie siècle.