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Différences partagées. Buchwissenschaft et Histoire du livre en Allemagne et en France

Charlotte KEMPF

Stuttgart

Je remercie Corinna Norrick-Rühl (Mayence) pour ses observations sur le texte, Coline Perron (Heidelberg) pour sa correction de la traduction française et Emmanuelle Chapron pour sa relecture. Les travaux préliminaires à cet article ont été menés au Sonderforschungsbereich 933 Materiale Textkulturen. Materialität und Präsenz des Geschriebenen in non-typographischen Gesellschaften (projet A06 Die papierene Umwälzung im spätmittelalterlichen Europa. Vergleichende Untersuchungen zum Wandel von Technik und Kultur im ‚sozialen Raum’). Le SFB 933 est financé par la Fondation allemande pour la recherche (Deutsche Forschungsgemeinschaft, DFG)

Les débuts de la Buchwissenschaft en Allemagne et de l’histoire du livre en France présentent de nombreux points communs, mais également d’importantes différences. Dans les deux pays, ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le sujet fut consacré en champ d’études autonome, même si des chercheurs s’étaient déjà penchés sur l’histoire du livre et avaient publié des travaux dans ce domaine1. En Allemagne, la Buchwissenschaft réussit à s’implanter à l’université et se développa en lien avec la formation des étudiants, tandis qu’en France c’est dans une grande école, l’École pratique des hautes études, un établissement avant tout consacré à la recherche, qu’elle commença à s’institutionnaliser.

Une autre différence significative est que l’on ne trouve pas en Allemagne de figure de fondateur de renommée internationale, à l’image de ce que fut et continue d’être Henri-Jean Martin pour l’histoire du livre en France. Dans les premiers temps, le champ d’études continua à s’y développer sans figure académique porteuse. Les dynamiques se présentent ainsi de manière inversée : en France, c’est la publication de L’Apparition du livre qui conduisit à la nomination de Martin à l’École pratique où il fonda un nouveau champ de recherche2, tandis qu’en Allemagne la création de la première chaire de Buchwissenschaft précéda la publication d’ouvrages de référence.

Cet article vise donc à exposer les traits spécifiques à l’histoire du livre française et à la Buchwissenschaft allemande. En mettant en lumière leurs singularités et leurs points communs, il s’agit de combler une lacune historiographique, ainsi que d’encourager au développement de perspectives transnationales en ce domaine.

L’institutionnalisation d’un nouvel objet : l’histoire du livre

Les origines de l’instauration de la Buchwissenschaft comme champ de recherche académique en Allemagne sont étroitement liées aux péripéties de l’histoire franco-allemande. Lors de la première Koalitionskrieg qui opposa la France à une alliance d’États européens (1792-1797), la ville de Mayence tomba en 1797 aux mains des Français. Dès l’année suivante, ces derniers fermèrent l’université dont la création remontait au xve siècle. Un siècle et demi plus tard, c’est encore à l’initiative des Français que l’université fut rouverte en 1946 sous le nom de Johannes Gutenberg-Universität, affaire dans laquelle il faut souligner le rôle majeur joué par le directeur général des affaires culturelles de la zone d’occupation française en Allemagne (ZFO), Raymond Schmittlein, dont le père avait grandi à Mayence et qui lui-même avait fait ses études de lettres à Berlin. Dès 1947 y fut créée une chaire provisoire dédiée à la bibliologie (Buch-, Schrift und Druckwesen, c’est-à-dire l’étude du livre, de l’écrit et de l’imprimerie) grâce à une dotation de la ville de Mayence ; l’université Johannes Gutenberg devint ainsi la première université à enseigner la Buchwissenschaft comme champ d’études scientifique autonome.

Le premier titulaire de la chaire provisoire de Mayence – dont le statut fut durablement garanti par sa transformation en chaire permanente deux ans plus tard – fut Aloys Ruppel, qui avait auparavant exercé en tant que directeur de la bibliothèque municipale, des archives municipales et du Musée Gutenberg3. C’est aux débuts de l’histoire de l’imprimerie et à Johannes Gutenberg que Ruppel et ses élèves consacrèrent tout d’abord leurs recherches4. Sur ce point, l’attitude de la France et celle de l’Allemagne se répondent de manière inverse : faute de disposer d’une figure forte de fondateur comme ce fut le cas en France, la Buchwissenschaft se concentra en Allemagne sur celui qui était à l’origine de son objet même, le « père » de l’imprimerie. Gutenberg et son époque restent aujourd’hui encore un sujet de recherche privilégié par l’historiographie allemande, qui lui a déjà consacré de nombreuses monographies. À titre de comparaison, on compte en Allemagne pas moins de trois ouvrages scientifiques exclusivement dédiés à la vie et à l’œuvre de Gutenberg5, auxquels s’ajoutent de nombreux ouvrages de vulgarisation6, alors qu’on ne lui a consacré en France qu’une seule monographie, publiée en 19927.

Bien que l’influence française ait joué sur les commencements de la Buchwissenschaft en Allemagne, il n’y avait pas à proprement parler de « modèle français ». Ce n’est en effet qu’en 1963 qu’Henri-Jean Martin inaugura à l’École pratique des hautes études de Paris la chaire d’Histoire et civilisation du livre, soit bien après la création d’une chaire spécifiquement dédiée à la Buchwissenschaft en Allemagne.

L’établissement durable de la chaire à Mayence était cependant loin d’avoir imposé définitivement la Buchwissenschaft dans les esprits. Son institutionnalisation fut plutôt considérée avec scepticisme car – tels étaient les arguments de la critique – elle s’attaquait à un sujet bien trop vaste, tant du point de vue de la période à couvrir que du contenu à aborder. Ces débats se poursuivirent des années 1960 jusqu’aux années 19808.

Les effets de ce scepticisme se font sentir d’une certaine manière dans l’histoire de la chaire elle-même ; au cours des décennies qui suivirent sa fondation, son nom fut en effet plusieurs fois modifié. Un institut spécifiquement dédié à la Buchwissenschaft se développa à partir de la chaire provisoire de bibliologie des débuts. Après deux décennies d’existence9, cet institut fut intégré, à la suite de restructurations universitaires, au tout récent Gutenberg-Institut für Weltliteratur und schriftorientierte Medien (Institut de la littérature mondiale et des médias de l’écrit), au sein duquel la Buchwissenschaft se trouve rangée aux côtés de la littérature générale et comparée et de l’indologie.

L’histoire de l’ancien institut de recherche en Buchwissenschaft et en bibliographie/Institutum Erasmianum de l’université de Münster suivit un cours semblable. Cet institut, dont la fondation remontait aux années 1950, entretint toujours des liens étroits avec l’étude des langues et littératures romanes et anglaises. Il devint sous la direction de l’angliciste Bernhard Fabian un important centre de recherche consacré à ces questions de Buchwissenschaft, mais il perdit plus tard son autonomie et n’existe plus aujourd’hui que sous la forme d’une chaire Book Studies, rattachée au département d’anglais de l’université.

L’université d’Erlangen-Nuremberg établit en 1984 une chaire consacrée à l’histoire du livre et des bibliothèques (Buch- und Bibliothekskunde, selon le titre qui lui fut donné à l’époque10), et la confia à Alfred G. Świerk, l’ancien chercheur-associé de Bernhard Fabian à Münster. Cette chaire exista d’abord en lien avec la chaire d’histoire médiévale et de sciences historiques auxiliaires, avant d’acquérir en 1998 le statut d’une chaire propre en Buchwissenschaft ; elle fait aujourd’hui partie de l’institut de Buchwissenschaft créé par l’université.

Un cursus universitaire consacré à la Buchwissenschaft vit le jour en 1987 à Munich. D’abord simple parcours complémentaire, il acquit en 1996 le statut de filière diplômante en Buchwissenschaft et continue aujourd’hui d’exister sous la tutelle de l’Institut de philologie allemande. Ce cursus munichois a pour particularité d’avoir été fondé à l’instigation d’Herbert G. Göpfert, à l’époque directeur de la maison d’édition Carl-Hanser.

En 1995, ce fut au tour de l’université de Leipzig d’établir une chaire en Buchwissenschaft au sein de l’Institut des sciences de la communication et des médias, ce qui permit à la capitale allemande du commerce du livre et de l’imprimerie de s’inscrire de manière académique dans la longue tradition d’histoire du livre dont elle jouissait11. Ajoutons qu’il existait dans cette ville depuis 1925 une chaire en gestion consacrée au commerce du livre, mais celle-ci avait son ancrage institutionnel au sein de l’école de commerce de Leipzig (Handelshochschule Leipzig)12.

Cette liste met en évidence des différences importantes dans l’histoire de la fondation des chaires de Buchwissenschaft, différences qui se reflètent encore aujourd’hui dans la variété des institutions auxquelles elles se rattachent. Chaque chaire et chaque institut ont ainsi développé une identité propre, qui les distingue des autres. Soulignons également que l’ancrage institutionnel et disciplinaire de la Buchwissenschaft allemande continue de nos jours de témoigner d’une grande diversité, que l’on range ce champ d’études aux côtés des études de langue et de littérature allemandes, de lettres et de civilisation anglaises, des sciences de la communication et des médias, de l’histoire, de l’histoire économique, ou encore qu’elle existe au sein d’un institut autonome13.

Ces différents domaines de rattachement rendent difficile une définition claire de la Buchwissenschaft14, mais ils permettent également de nombreuses coopérations qui contribuent à l’enrichir. La Buchwissenschaft en Allemagne est ainsi profondément interdisciplinaire, et tire profit des approches théoriques et méthodiques d’autres champs du savoir15. Dans l’ensemble, la Buchwissenschaft reste cependant un type d’études peu répandu, et un petit nombre d’universités offrent la possibilité de l’étudier de manière autonome ; les universités déjà mentionnées (Mayence, Leipzig, Erlangen-Nuremberg, Munich et Münster) sont jusqu’à ce jour les seules à disposer explicitement d’un enseignement en Buchwissenschaft.

L’histoire du livre a en France une histoire institutionnelle fort différente. Après avoir enseigné à l’École pratique des hautes études, Martin devint en 1970 professeur en Bibliographie et histoire du livre dans une autre grande école, l’École nationale des chartes16. Un autre établissement prestigieux, le Collège de France, consacra en 2007 son ancien élève Roger Chartier en créant pour lui la chaire intitulée « Écrit et cultures dans l’Europe moderne », tandis que Frédéric Barbier succéda à Martin à l’École pratique et continua à y enseigner l’histoire du livre.

L’histoire du livre fut donc établie, dès ses débuts, au sein des institutions académiques les plus renommées, dans lesquelles elle continue aujourd’hui de tenir son rang. La nomination de Chartier au Collège de France tint lieu de consécration suprême de ce champ de recherche, la notoriété des chaires et des cursus allemands dédiés à la Buchwissenschaft ne pouvant être comparée au prestige de cette institution qui n’a pas d’équivalent outre-Rhin. Le fort caractère fédéraliste du système universitaire allemand a cependant permis à la Buchwissenschaft de s’implanter dans des villes et des universités sur l’ensemble du territoire, tandis qu’en France l’histoire du livre reste majoritairement enseignée à Paris.

Orientations comparées de la recherche en histoire du livre

Bien qu’Aloys Ruppel et Henri-Jean Martin aient en commun une formation initiale d’archiviste et de bibliothécaire, la recherche se développa fort différemment dans les deux pays. La recherche allemande consacrée à la Buchwissenschaft fut marquée au xxe siècle par une focalisation sur les aspects biographico-bibliographiques en raison de ses liens avec les bibliothèques : il s’agissait avant tout d’identifier dans quel atelier et par quelle presse avait été imprimée telle édition particulière, d’établir la liste exhaustive des titres imprimés par tel atelier et de définir les étapes de son développement. Ce type de recherche conduisit à d’ambitieux projets bibliographiques, dont certains furent initiés et menés à bien avant l’établissement de la Buchwissenschaft en tant que discipline. Les bibliothèques furent les premières initiatrices de ces projets avant que le champ universitaire ne s’y ouvre progressivement, et parfois même tout récemment. Le Gesamtkatalog der Wiegendrucke (GW) est un des projets internationaux les plus importants de ces recherches en Buchwissenschaft. Lancé en 1904 à l’initiative d’une commission qui s’était donné pour mission de répertorier tout ce qui fut imprimé au xve siècle à l’échelle européenne, le GW est aujourd’hui pris en charge par la Bibliothèque nationale de Berlin (Staatsbibliothek zu Berlin – Preußischer Kulturbesitz) qui depuis plusieurs années l’a rendu accessible en ligne.

Citons également le Typenrepertorium der Wiegendrucke ainsi que les « GfT-Tafeln », qui se sont donné pour objectif de dresser un inventaire exhaustif des différents caractères d’imprimerie. Initiés au début du xxe siècle par Konrad Haebler, le bibliothécaire de la Bibliothèque royale de Berlin (Königliche Bibliothek zu Berlin) et président de la commission du GW, ces deux projets eurent rapidement plusieurs volumes à leur actif. L’usage combiné du Typenrepertorium et des GfT-Tafeln permet de déterminer de quelle presse sortirent des éditions imprimées sans colophon. Ces deux usuels sont ainsi une mine d’informations précieuses en ce qui concerne l’histoire des premiers temps de l’imprimerie. Les deux projets sont aujourd’hui également pris en charge par la Staatsbibliothek zu Berlin – Preußischer Kulturbesitz, qui a numérisé les deux registres et les a rendus accessibles dans une base de données qui contient actuellement plus de 13 000 enregistrements.

Ces recherches visant à répertorier les différents types de caractères, menées à l’origine par des bibliothèques, ont récemment fait l’expérience d’une coopération plus étroite avec l’université par l’intermédiaire du projet Entwicklung eines Modellrepositoriums und einer automatischen Schriftarterkennung für OCR-D (Développement d’un référentiel et d’une reconnaissance automatique d’écriture par reconnaissance optique de caractères), lancé en avril 2018 grâce à un financement de la Fondation allemande pour la recherche (DFG) sous la forme d’un partenariat entre les universités de Mayence, Erlangen-Nuremberg et Leipzig. Sur le modèle du Typenrepertorium, ce projet a pour but de parvenir à une identification automatique des types de caractères des premiers imprimés, mais il diffère du projet de Haebler en ce qu’il entend ne pas se limiter au xve siècle, mais considérer l’époque moderne dans son ensemble17.

À côté de ce Gesamtkatalog der Wiegendrucke – consacré donc exclusivement au xve siècle – existent plusieurs autres répertoires d’imprimés accessibles en ligne, comme le VD 16, le VD 17 et le VD 18, qui couvrent la période allant du xvie au xviiie siècle18. Contrairement au GW, ils se consacrent exclusivement à l’espace germanophone et sont encore en cours d’élaboration, notamment le VD 18. La recherche française en revanche n’initia pas de grands projets bibliographiques fondamentaux comparables, mais préféra dès l’origine se consacrer à des questions d’histoire sociale au sens large.

Parallèlement à ces grands projets bibliographiques, la recherche en histoire du livre était souvent le fait de chercheurs qui n’appartenaient pas au milieu académique, mais qui exerçaient comme bibliothécaires. On peut citer les travaux de Konrad Haebler et de Ferdinand Geldner, mais également ceux de Severin Corsten ou de Paul Raabe. Par la suite, une nouvelle génération d’historiens du livre exerçant à l’université – on peut nommer Ernst Fischer, Stephan Füssel, Christine Haug, Siegfried Lokatis, Ursula Rautenberg ou encore Ute Schneider – se détacha de l’institution bibliothécaire et publia des ouvrages de référence portant principalement sur l’historiographie des maisons d’édition et sur la culture du livre19.

Le fort ancrage universitaire en Allemagne dans les années 1980 et 1990 entraîna un remarquable essor de la Buchwissenschaft qui se refléta non seulement dans l’augmentation du nombre d’étudiants, mais également dans la diversité des thématiques abordées. Le champ de la recherche en histoire du livre s’élargissait en effet, et faisait son miel de problématiques relevant initialement de la théorie de l’information ou de l’histoire des médias et s’ouvrait à des approches quantitatives. On peut citer à titre d’exemple les travaux de Michael Giesecke, qui s’essaya à une approche nourrie par la théorie de l’information20.

En Allemagne, l’histoire du livre fut également considérée comme partie prenante d’une histoire des médias à l’échelle européenne – ce fut aussi le cas en France – et intégrée en conséquence à des ouvrages portant sur l’histoire des médias21. Citons pour finir l’exemple d’Uwe Neddermeyer, qui consacra en 1998 un ouvrage en deux volumes aux rapports entre manuscrit et livre imprimé en Europe dans une perspective quantitative22.

Parallèlement à ces évolutions, un nouveau courant de recherche émergeait en Allemagne qui mettait la matérialité des objets au cœur de ses préoccupations. Le recueil Materialität der Kommunikation, paru en 1988 sous la direction d’Hans Ulrich Gumbrecht et de Karl Ludwig Pfeiffer, ouvrit la voie à cette nouvelle orientation de la recherche23. Bien que ses deux éditeurs aient à l’origine une formation littéraire, le recueil comprenait de nombreux articles interdisciplinaires traitant d’exemples historiques ou de médias contemporains.

Cette recherche orientée vers l’étude de la matérialité des objets se répand en Allemagne depuis quelques années et atteint actuellement son apogée ; son but n’est pas de se livrer à une analyse philologico-herméneutique mais bien plutôt de mettre les aspects matériels d’un artefact au premier plan de l’analyse24. Cette approche novatrice est pour la recherche en histoire du livre prometteuse à bien des égards ; elle lui permet en effet de situer la culture du livre dans un contexte plus large, et de l’intégrer dans une histoire plus vaste.

En France, l’histoire du livre s’est très rapidement développée en suivant des problématiques d’histoire sociale, prenant en compte des aspects tels que la situation financière des imprimeurs, les réseaux dans lesquels ils s’insèrent et les échanges qu’ils développèrent, leurs interactions avec les milieux ecclésiastiques et universitaires, ainsi que les aspects matériels de la production des livres. Dès la parution de L’Apparition du livre en 1958, Henri-Jean Martin peut être considéré comme le précurseur de ces recherches. Comme Lucien Febvre, il avait à cœur de donner à voir les multiples facettes de l’économie éditoriale, des processus techniques à la géographie de la production. Martin a également joué un rôle pionnier dans le développement de nouvelles directions de recherche orientées vers la matérialité du livre, en s’intéressant au rapport ambigu entre texte et paratexte ainsi qu’à l’importance du livre imprimé d’un point de vue socio-culturel. Ainsi, L’Apparition du livre ne se limite pas à une succession d’aspects particuliers ; il offre une large perspective d’ensemble sur la période qui vit advenir le bouleversement du passage de l’ère manuscrite à celle de l’imprimé. En combinant histoire culturelle, économique et sociale, Martin développe une approche qui va au-delà de la description bibliographique des titres. L’histoire du livre fondée par Martin se distingue ainsi d’une histoire traditionnelle et uniquement descriptive de l’imprimerie, en ouvrant sur les nouveaux horizons de l’histoire économique et sociale. Cette approche qui fait la particularité de l’histoire du livre française doit beaucoup à la dimension sociologique qui imprègne la méthodologie historique allemande, elle-même fortement influencée par l’école des Annales.

L’Histoire de l’édition française en quatre volumes représente une autre étape importante dans l’histoire du livre française. Cet ouvrage, qui vise à offrir une vision exhaustive de l’histoire du livre à l’échelle nationale, a inspiré The Cambridge History of the Book in Britain25, A History of the Book in America26 ou encore History of the Book in Canada27. Une telle publication manque encore à la Buchwissenschaft28, qui compte cependant des travaux tels que Geschichte des deutschen Buchhandels (Histoire du commerce allemand du livre) de Reinhard Wittmann29, ouvrage consacré au commerce du livre en Allemagne, ou encore Geschichte des deutschen Buchhandels im 19. und 20. Jahrhundert (Histoire du commerce allemand du livre aux xixe et xxe siècles) publiée en plusieurs volumes30, qui se situe dans le prolongement des ouvrages plus anciens de Kapp et de Goldfriedrich portant sur le même sujet31. À côté de ces ouvrages consacrés à l’histoire du commerce du livre, plusieurs encyclopédies et ouvrages de référence se sont donné pour tâche d’analyser l’histoire du livre en Allemagne sous une perspective différente. Ont ainsi été récemment publiés le Handbuch der historischen Buchbestände in Deutschland32 (Manuel des fonds bibliothécaires historiques en Allemagne, qui ne peut cependant pas être comparé à l’Histoire des bibliothèques françaises33), le manuel Lesen34 (Lire) ou le recueil Buchwissenschaft in Deutschland35 (Histoire du livre en Allemagne) en deux volumes. Depuis 2016, il existe en outre une deuxième édition entièrement revue de l’important Lexikon des gesamten Buchwesens36 (Encyclopédie du livre). L’histoire du livre française s’est lancée dans une entreprise similaire avec le Dictionnaire encyclopédique du livre, mais le résultat n’est pas si exhaustif que son équivalent allemand.

Un dernier aspect des différences entre l’histoire du livre française et la Buchwissenschaft allemande pourrait, en forçant le trait, être résumé ainsi : tandis que l’histoire du livre française se consacre avant tout au livre dans sa dimension historique, la Buchwissenschaft allemande s’intéresse aujourd’hui souvent aux médias contemporains, analyse les changements de l’actuel marché du livre et fait de la numérisation un thème à part entière37. Ces évolutions entraînent l’enseignement universitaire de la Buchwissenschaft vers une certaine orientation pratique, où l’on s’efforce de préparer les étudiants au marché du travail38.

En ce sens, une inversion de la relation de la Buchwissenschaft aux bibliothèques commence à se produire entre l’Allemagne et la France. Le rapport étroit aux bibliothèques qui a marqué l’émergence de la Buchwissenschaft dans les universités en Allemagne – que ce soit du point de vue institutionnel ou du contenu des recherches – recule désormais nettement, tandis que la France possède avec l’École des chartes à Paris une institution qui combine recherche de haut rang et préparation aux métiers des bibliothèques et des archives, ce qui permet à la recherche française de maintenir le contact avec l’institution bibliothécaire.

Les relations scientifiques franco-allemandes

Le fait que L’Apparition du livre, ouvrage aujourd’hui considéré en France comme une référence majeure, n’ait à ce jour trouvé que très peu d’écho dans la recherche allemande – ce que souligne l’absence de traduction allemande de l’œuvre de Martin, tâche à laquelle il conviendrait de s’atteler – est symptomatique d’une prise en compte insuffisante de la recherche du voisin, en France comme en Allemagne. On pourrait énumérer d’autres ouvrages importants pour lesquels on manque d’une traduction : il n’existe ainsi aucune traduction allemande de L’ordre des livres de Chartier, alors qu’il en existe des versions italienne, espagnole, suédoise, japonaise, anglaise et portugaise39. La monographie L’Europe de Gutenberg de Barbier n’a, elle non plus, toujours pas été traduite en allemand40. À l’inverse, il n’existe aucune traduction française du Gutenberg und seine Wirkung (Gutenberg et ses effets) de Füssel, qui a pourtant été traduit en suédois, en italien et en anglais41, ni de Medien in der Frühen Neuzeit (Les médias à l’époque moderne) de Würgler42 ; on ne prévoit pas non plus de traduire en français la nouvelle édition Grundriss der Inkunabelkunde (Abrégé de la science des incunables) de Schmitz43. De telles lacunes limitent fortement la connaissance de la recherche telle qu’elle se pratique dans l’autre pays ; les projets de recherche transnationaux visant à éclairer l’évolution des relations entre les histoires du livre française et allemande, ainsi que leurs apports mutuels, sont aussi relativement rares44.

Les projets de coopération entre la Buchwissenschaft allemande et l’histoire du livre française sont ainsi très ponctuels, à l’exception notable du groupe de recherche Eurolab intitulé Dynamik der Volkssprachigkeit im Europa der Renaissance. Akteure und Orte/Dynamique des langues vernaculaires dans l’Europe de la Renaissance. Acteurs et lieux, actif de 2010 à 2013 sous la direction d’Elsa Kammerer et de Jan-Dirk Müller. Les recherches effectuées par ce groupe donnèrent lieu à plusieurs publications. Le 550ème anniversaire de la mort de Gutenberg en 2018 permit également à plusieurs projets franco-allemands de voir le jour : la Revue de la BNU consacra ainsi un hors-série à Gutenberg, dont les contributions sont toutes en langue française, mais auquel des chercheurs allemands de premier plan ont participé aux côtés de leurs collègues français. Ce numéro souligne en outre la relation étroite qui s’est établie depuis cinq ans entre l’université de Strasbourg (le cursus Métiers de l’édition) et la Buchwissenschaft à Mayence. Citons en conclusion l’initiative de l’Institut français de Mayence, organisateur le 27 octobre 2018 des Variations Gutenberg, manifestation comprenant entre autres la projection d’un film, des conférences, des tables rondes et des présentations d’ouvrages.

Ces récentes initiatives offrent l’exemple d’une coopération académique féconde au-delà des frontières, dont on ne peut qu’espérer qu’elle sera poursuivie et renforcée dans les années à venir. Le potentiel est là, et la recherche dans chacun des deux pays ne pourra qu’en être enrichie.

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1 Concernant le développement de la Buchwissenschaft voir par exemple Christine Haug, Slávka Rude-Porubská, Wolfgang Schmitz, « “Buchwissenschaft” in Germany », Jaarboek voor Nederlandse boekgeschiedenis, 20, 2013, p. 59-64 ; Thomas Keiderling, « Buchwissenschaft als Konzept – Entwicklungsstationen und Schwerpunkte der Diskussion. Ein Forschungsbericht », dans Buchwissenschaft – Medienwissenschaft. Ein Symposion, éd. Dietrich Kerlen. Wiesbaden, Harrassowitz, 2004 (Buchwissenschaftliche Forschungen ; 4), p. 1-8 ; Hans-Joachim Koppitz, « Zur Geschichte des Faches Buchwesen an deutschen Universitäten », Gutenberg-Jahrbuch, 64, 1989, p. 387-394 ; Krzysztof Migón, Das Buch als Gegenstand wissenschaftlicher Forschung. Buchwissenschaft und ihre Problematik, traduit du polonais par Andreas Fleischer, Wiesbaden, Harrassowitz, 1990 (Buchwissenschaftliche Beiträge aus dem Deutschen Bucharchiv München ; 32) ; Ute Schneider, « Buchwissenschaft und Wissenschaftsgeschichte. Interdisziplinäre Forschungsprobleme in der Buchgeschichte », dans Im Zentrum : das Buch. 50 Jahre Buchwissenschaft in Mainz, éd. Stephan Füssel, Mayence, Gutenberg-Gesellschaft, 1997 (Kleiner Druck der Gutenberg-Gesellschaft ; 112), p. 50-55.

2 Lucien Febvre, Henri-Jean Martin, L’Apparition du livre, Paris, Albin Michel, 1958 (L’Évolution de l’humanité ; 33).

3 Pour la biographie de Ruppel voir Friedrich Schütz, Aloys Ruppel. Leben und Werk, Mainz, Gutenberg-Gesellschaft, 1982 (Kleiner Druck der Gutenberg-Gesellschaft ; 100).

4 En 1969, le successeur de Ruppel fut Hans Widmann, qui était d’abord entre autres le suppléant du directeur de la bibliothèque universitaire de Tübingen.

5 Stephan Füssel, Johannes Gutenberg, Reinbek bei Hamburg, Rowohlt Taschenbuch-Verlag, 1999 (rororo ; 50610) ; Aloys Ruppel, Johannes Gutenberg. Sein Leben und sein Werk, 2e éd., Berlin, Mann, 1947 ; Hans-Joachim Koppitz, Gutenberg – Leben und Werk. Eine Einführung, Mayence, Mainzer Philosophische Fakultätsgesellschaft, 2000 (Jahresgabe der Mainzer Philosophischen Fakultätsgesellschaft).

6 Par exemple Maren Gottschalk, Johannes Gutenberg. Mann des Jahrtausends, Cologne ; Weimar ; Vienne, Böhlau Verlag, 2018.

7 Guy Bechtel, Gutenberg et l’invention de l’imprimerie : une enquête, Paris, Fayard, 1992.

8 Pour une discussion critique concernant l’installation d’une chaire de Buchwissenschaft voir par exemple Peter Glotz, Wolfgang R. Langenbucher, « “Buchwissenschaft“. Ein Diskussionsbeitrag », Publizistik. Vierteljahresheft für Kommunikationsforschung, 10,3, 1965, p. 302-313 ; Burkard Hornung, « Buchforschung – ein Privileg der Kulturgeschichte ? Das Medium Buch als Objekt der Wissenschaften », Börsenblatt für den deutschen Buchhandel, 40, 1982, p. B114-B118 ; ainsi que le résumé de la discussion par Ursula Rautenberg, « Buchwissenschaft in Deutschland. Einführung und kritische Auseinandersetzung » dans Buchwissenschaft in Deutschland. Ein Handbuch, vol. 1, éd. Ursula Rautenberg, Berlin ; New York, De Gruyter Saur, 2010, p. 20-21, 31-41.

9 Pour le développement historique de la Buchwissenschaft à Mayence voir Im Zentrum : das Buch. 50 Jahre Buchwissenschaft in Mainz, éd. Stephan Füssel, Mayence, Gutenberg-Gesellschaft, 1997 (Kleiner Druck der Gutenberg-Gesellschaft ; 112); Stephan Füssel, « Mit Gutenberg in die digitale Zukunft. Das Mainzer Institut für Buchwissenschaft zwischen historischer Kulturwissenschaft und Medienwissenschaft » dans Buchwissenschaft in Deutschland. Ein Handbuch, éd. Ursula Rautenberg. vol. 2, Berlin ; New York, De Gruyter Sauer, 2010, p. 829-838, surtout p. 829-833 ; Markus Nagel, Von der Stiftungsprofessur für Buch-, Schrift- und Druckwesen zum Institut für Buchwissenschaft der Johannes Gutenberg-Universität Mainz, Stuttgart, Steiner, 2004 (Beiträge zur Geschichte der Johannes Gutenberg-Universität Mainz nouvelle série ; 1).

10 Concernant l’histoire de la Buchwissenschaft à l’université de Erlangen-Nuremberg voir « Es gibt keine Seligkeit ohne Bücher ». Kleine Festschrift zum zehnjährigen Bestehen der Buch- und Bibliothekskunde an der Friedrich-Alexander-Universität Erlangen-Nürnberg, éd. Markus Breitwieser et Marie-Christine Rumland, Erlangen, Friedrich-Alexander-Universität, 1994.

11 Concernant la Buchwissenschaft à Leipzig voir Buch-Stätte. Geschichte und Perspektiven der Leipziger Buchwissenschaft, éd. Thomas Keiderling et Erdmann Weyrauch, Erlangen, Filos, 2006.

12 Concernant chaque chaire et chaque institution voir aussi les contributions correspondantes dans Buchwissenschaft in Deutschland…, op. cit.

13 Pour un manuel de Buchwissenschaft destiné aux étudiants, voir Stephan Füssel et Corinna Norrick-Rühl, avec la collaboration de Dominique Pleimling et Anke Vogel, Einführung in die Buchwissenschaft, Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2014.

14 Concernant l’image de soi de la Buchwissenschaft voir Krzysztof Migón, Das Buch…, op. cit. [note 1].

15 Voir par exemple Thomas Keiderling, « Buchwissenschaft als Konzept… », art. cit. [note 1], p. 8-13 et 17-20 ; Thomas Keiderling, « Wie viel Systemtheorie braucht die Buchwissenschaft ? » dans Buch – Markt – Theorie. Kommunikations- und medienwissenschaftliche Perspektiven, éd. Thomas Keiderling, Arnulf Kutsch et Rüdiger Steinmetz, Erlangen, Filos, 2007, p. 251-292 ; Ursula Rautenberg, « Buchforschung », dans Handbuch Literatur & Materielle Kultur, éd. Susanne Scholz et Ulrike Vedder, Berlin ; Boston, De Gruyter 2018 (Handbücher zur kulturwissenschaftlichen Philologie ; 6), p. 144-152 ; Ursula Rautenberg, Dirk Wetzel, Buch, Tübingen, Niemeyer, 2001 (Grundlagen der Medienkommunikation ; 11), p. 14-15, 17-21 ; concernant le rapport entre la Buchwissenschaft et les sciences des médias voir Buchwissenschaft – Medienwissenschaft. Ein Symposion, éd. Dietrich Kerlen, Wiesbaden, Harrassowitz, 2004 (Buchwissenschaftliche Forschungen ; 4).

16 Concernant l’engagement de Martin dans les cours pour les étudiants ainsi que la prise en compte de l’Histoire du livre dans d’autres institutions françaises voir Annie Charon, « L’histoire du livre en France (1958-2008) », dans La storia della storia del libro : 50 anni dopo L’Apparition du livre. Atti del Seminario Interazionale, Rom 16 ottobre 2008, éd. Maria Cristina Misiti, Rome, Biblioteca di Archeologia e Storia dell’Arte, 2009, p. 61-70.

17 http://gepris.dfg.de/gepris/projekt/394448308 et https://www.buchwissenschaft.uni-mainz.de/forschung/modellrepositorium-ocr-d/ [pages consultées le 26 août 2020].

18 VD = Verzeichnis der im deutschen Sprachbereich erschienenen Drucke des 16. Jahrhunderts, des 17. et des 18. Jahrhunderts. Voir Verzeichnis der im deutschen Sprachbereich erschienenen Drucke des 16. Jahrhunderts (VD 16) (répertoire des imprimés du xvie siècle dans l‘espace germanophone ) : www.vd16.de [page consultée le 26 août 2020] ; Verzeichnis der im deutschen Sprachbereich erschienenen Drucke des 17. Jahrhunderts (VD 17) (imprimés du xviie siècle) : www.vd17.de [page consultée le 5 mars 2019] ; Verzeichnis der im deutschen Sprachbereich erschienenen Drucke des 18. Jahrhunderts (VD 18) (imprimés du xviiie siècle) : www.vd18.de [page consultée le 26 août 2020].

19 Ursula Rautenberg, « Buchwissenschaft in Deutschland… », art. cit. [note 8], p. 5.

20 Michael Giesecke, Der Buchdruck in der frühen Neuzeit. Eine historische Fallstudie über die Durchsetzung neuer Informations- und Kommunikationstechnologien, Francfort s. le Main, Suhrkamp, 1991 ; Michael Giesecke, Die Entdeckung der kommunikativen Welt. Studien zur kulturvergleichenden Mediengeschichte, ibid., 2007 (Suhrkamp Taschenbuch Wissenschaft ; 1788).

21 Frédéric Barbier, L’Europe de Gutenberg. Le livre et l’invention de la modernité occidentale (xiiie-xvie siècle), Paris, Belin, 2006 (Histoire & société) et Stephan Füssel, Gutenberg und seine Wirkung. 2e éd., Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, 2004. Pour une approche de transfert voir Wolfgang von Stromer, Gutenbergs Geheimnis. Von Turfan zum Karlstein – die Seidenstraße als Mittler der Druckverfahren von Zentralasien nach Mitteleuropa, Genève, Slatkine, 2000.

22 Uwe Neddermeyer, Von der Handschrift zum gedruckten Buch. Schriftlichkeit und Leseinteresse im Mittelalter und in der frühen Neuzeit. Quantitative und qualitative Aspekte, Wiesbaden, Harrassowitz, 1998 (Buchwissenschaftliche Beiträge aus dem deutschen Bucharchiv München ; 61), 2 vol.

23 Materialität der Kommunikation, éd. Hans Ulrich Gumbrecht et Karl Ludwig Pfeiffer, avec la collaboration de Monika Elsner et al., Francfort s. le Main, Suhrkamp, 1988.

24 Voir Markus Hilgert, « “Text-Anthropologie” : Die Erforschung von Materialität und Präsenz des Geschriebenen als hermeneutische Strategie », Mitteilungen der Deutschen Orient-Gesellschaft zu Berlin, 142, 2010, p. 87-126.

25 The Cambridge History of the Book in Britain, éd. John Barnard, David McKitterick, Ian R. Willison, Cambridge, Cambridge University Press, 1998-2019, 7 vol.

26 A History of the Book in America, éd. David D. Hall, Cambridge ; Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2000-2009, 5 vol.

27 History of the Book in Canada, éd. Patricia Lochhart Fleming et Yvan Lamonde, Toronto, University of Toronto Press, 2004-2007, 3 vol.

28 Concernant d’autres desiderata de la Buchwissenschaft aujourd’hui voir Ute Schneider, « Buchwissenschaft und Wissenschaftsgeschichte… », art. cit. [note 1], p. 55-61.

29 Reinhard Wittmann, Geschichte des deutschen Buchhandels, 2e éd. augmentée, Munich, Beck, 1999 (Beck’sche Reihe ; 1304).

30 Geschichte des deutschen Buchhandels im 19. und 20. Jahrhundert im Auftrag des Börsenvereins des Deutschen Buchhandels, Berlin ; Boston, De Gruyter, 2001-2015, 3 vol.

31 Friedrich Kapp, Johann Goldfriedrich, Geschichte des deutschen Buchhandels, Leipzig 1886-1923, 4 vol., réimpr. Aalen, Scientia-Verlag, 1970.

32 Handbuch der historischen Buchbestände in Deutschland, éd. Bernhard Fabian, Hildesheim, Olms-Weidmann, 1996-2000, 27 vol.

33 Histoire des bibliothèques françaises, Paris, Promodis, 1989-1992, 4 vol.

34 Lesen. Ein interdisziplinäres Handbuch, éd. Ursula Rautenberg et Ute Schneider, Berlin, De Gruyter, 2015 (De Gruyter Reference).

35 Buchwissenschaft in Deutschland…, op. cit. [note 8].

36 À côté de ce dictionnaire, il y a aussi d’autres ouvrages de référence qui se consacrent au médium du livre ; voir par exemple Helmut Hiller, Stephan Füssel, Wörterbuch des Buches, 7e éd, Francfort s. le Main, Klostermann, 2006 ; Lexikon der Medien- und Buchwissenschaft, éd. Thomas Keiderling, Stuttgart, Anton Hiersemann Verlag, 2016-2018 (Bibliothek des Buchwesens ; 26), 3 vol. ; Reclams Sachlexikon des Buches. Von der Handschrift zum E-Book, éd. Ursula Rautenberg, 2e éd. augmentée, Stuttgart, Reclam, 2015.

37 Ernst Fischer, « Buchwissenschaft im 21. Jahrhundert. Probleme und Perspektiven », dans Neues vom Buch, éd. Doris Moser, Arno Russegger et Constanze Drumm, Innsbruck ; Vienne ; Bozen, Studien-Verlag, 2011 (Angewandte Literaturwissenschaft ; 11), p. 26-38.

38 Voir aussi Ernst Fischer, « Buchwissenschaft im 21. Jahrhundert… », art. cit. [note 38], p. 27-29 ; Ursula Rautenberg, Dirk Wetzel, Buch…, op. cit., p. 16-17.

39 Roger Chartier, L’ordre des livres : lecteurs, auteurs, bibliothèques en Europe entre xive et xviiie siècle, Aix-en-Provence, Alinea, 1992 (Collection de la pensée).

40 Frédéric Barbier, L’Europe de Gutenberg…, op. cit. [note 21].

41 Stephan Füssel, Gutenberg und seine Wirkung…, op. cit. [note 21].

42 Andreas Würgler, Medien in der Frühen Neuzeit, 2e éd., Munich, Oldenbourg Verlag, 2013 (Enzyklopädie deutscher Geschichte ; 85).

43 Wolfgang Schmitz, Grundriss der Inkunabelkunde. Das gedruckte Buch im Zeitalter des Medienwechsels, Stuttgart, Hiersemann Verlag, 2018 (Bibliothek des Buchwesens ; 27).

44 Voir par exemple Charlotte Kempf, Die deutschen Erstdrucker im französischsprachigen Raum bis 1500. Untersuchungen zu Materialität und Präsenz von Inkunabeln, à paraître.