Publications récentes en Slovaquie
L’année 2018 a vu la parution de deux volumes dans le cadre du Catalogus generalis operum impressorum saeculi XVI quae in Slovacia asservantur. Le premier, consacré à la bibliothèque luthérienne de Késmárk, était attendu depuis longtemps car cette collection fut l’une des plus remarquables du Royaume de Hongrie :
Mária Pitáková et Tomáš Tomo, Tlače 16. storočcia vo fondoch Lyceálnej Knižnice v Kežmarku, – Opera impresse saeculi XVI quae in Bibliotheca Lycei Kesmarkiensis asservantur. Martin : Slovenská národná knižnica, 2018 (Generálny katalóg tlači 16. storočia zachovaných na území Slovenska – Catalogus generalis operum impressorum saeculi XVI quae in Slovacia asservantur ; X.)
La numérisation des exemplaires les plus rares a profité d’un financement originaire d’Allemagne, tandis que la descriptiopn catalographique a été assurée par des spécialistes slovaques. L’importance de la collection s’explique par le fait qu’elle conserve les livres ayant appartenu à diverses associations culturelles allemandes et hongroises, Verein der Zipzer Ärzte und Apotheker, Verein der Zipzer Lehrer ; Sammlung des Instituts für Heimatforschung, Deutsche Selbsbildungsverein ou encore Ungarischer Karpathenverein. Mais elle s’est aussi enrichie de legs et les dons de plusieurs illustres pasteurs et professeurs de Késmárk, dont les plus connus sont Leonard Stöckel (1510-1560), Matthaeus Thoracominus (1550-1593), Martin Schwandtner (1759-1823) et Horváth-Stansith Imre (1737-1801). À l’instar des autres volumes de la série, le catalogue offre une description des imprimés conforme aux standards internationaux : il s’agit au total de 2635 éditions différentes (parfois en plusieurs exemplaires), réparties sans surprise dans les domaines de l’histoire, de la géographie, de la géologie et des sciences naturelles, mais surtout de la théologie, avec les ouvrages des personnages majeurs de la Réforme. L’index des provenances permet d’étudier l’horizon scientifique de l’élite intellectuelle de Késmárk et du pays de Zips (Scepusium, en hongrois Szepesség, en slovaque Spiš), ainsi que des associations déjá mentionnées. Deux éléments entre autres sont susceptibles d’éveiller l’intérêt des chercheurs hongrois : il ressort du catalogue qu’István Miskolci Csulyak (1575-1645), écrivain et pasteur réformé, a offert à un ami un livre qu’il avait reçu dans sa jeunesse à Sátoraljaújhely ; on y retrouve aussi une pièce ayant appartenu à György Thurzó, palatin de Hongrie (1609-1616). Dans le volume suivant, on trouvera la description de deux pièces de même provenance, ainsi que d’un exemplaire provenant d’un autre palatin de Hongrie, István Illésházy (1608-1609) :
Lívia Fábryová, Tlače 16. storočia v knižnici evanjelického cirkevného zboru augsburského vyznania v Kremnici, v Slovenskej pedagogickej knižnici v Bratislave a v knižniciach Nitranskej diecézy – dodatky, – Opera impressa saeculi XVI quae in Bibliotheca ecclesiae evangelicae confessionis augustanae Cremniciensis, in Bibliotheca paedagogica Slovaca Posoniensis et in bibliothecis regionis dioecesisque Nitriensis – supplementa – asservantur. Martin : Slovenská národná knižnica, 2018. (Generálny katalóg tlači 16. storočia zachovaných na území Slovenska – Catalogus generalis operum impressorum saeculi XVI quae in Slovacia asservantur ; IV)
En complément de ces deux catalogues, de format et de contenu « classiques, citons l’ouvrage consacré par Agáta Klimeková aux thèse de la Forschungsbibliothek de Gotha, qui donne notamment l’identification du président (praesens), du candidat-étudiant (respondens), et des dédicataires. L’ouvrage cite en outre les auteurs des poèmes adressés au respondens, source utile pour une analyse des réseaux de relations :
Agáta Klimeková, Dizertačné tlače študentov z územia Slovenska na nemeckých univerzitách v 16. a 17. storočí vo Forschungsbibliothek Gotha. Martin : Slovenská národná knižnica, 2018.
317 positions de thèses, soutenues dans 21 universités allemandes (y compris au Danemark et en Suisse allemande) sont décrites dans ce volume. On y trouve 143 éditions wittenbergoises, 72 de Jena et 50 d’Altdorf. L’auteur identifie la ville et le comitat d’origine des étudiants (la ville de Presbourg et le comitat de Zips sont en tête). Au total, il s’agit de 182 candidats respondentes. En identifiant les éditions, Klimeková indique toujours les références à VD16 et VD 17 ; en revanche, elle ne mentionne pas l’ouvrage de Károly Szabó et d’Árpád Hellenbrandt, et on n’y trouve aucune trace de concordance avec le volume III de la bibliographie nationale rétrospective hongroise (RMK), ce qui est plus que regrettable.
Les publications suivantes témoignent de l’importance des recherches slovaques consacrées à l’illustration des livres. Les travaux de Ľubomír Jankovič relevent de l’histoire des représentations graphiques. Il a déjá publié trois ouvrages illustrés de grand format. Nous avons déjà évoqué l’album qu’il a consacré aux incunables de la Bibliothèque nationale de Slovaquie (HCL XIII, 2017, p. 390-391). Il a depuis publié l’ouvrage suivant :
Ľubomír Jankovič, Slovakia, Europa and the World on old maps and graphic representations in historical works from the fifteenth to the eighteenth century in the collections of the Slovak National Library. Martin : Slovak National Library, 2018.
Le volume présente, siècle par siècle, une sélection d’ouvrages des auteurs suivants : Hartmann Schedel, Münster, Mercator, Ortelius, Johann Honter, Guillaume Blaeu, Justus et Cornelius Dankerts, Guillaume Delisle, Johann Christoph Müller, Bél Mátyás et enfin Samuel Krieger. Les photos sont d’excellente qualité, ce qui renforce la valeur pédagogique de cet ouvrage, qui ne présente par ailleurs pas de découverte nouvelle. L’album a pour vocation principale la mise en valeur du patrimoine géographique imprimé des collections slovaques.
Le volume suivant se situe dans le sillage d’Erzsébet Soltész, même si l’auteure ne cite aucun des ouvrages de cette chercheuse :
Stanislava Knapčoková, K dejinám knižnej ilustrácie na Slovensku. Martin : Slovenská národná knižnica, 2018.
Après un bref rappel de l’histoire européenne de l’illustration des livres, l’auteure montre comment, au xviie siècle, les techniques et les modèles graphiques les plus avancées sont arrivées dans les territoires correspondant à la Slovaquie. Elle met en relief le rôle des principaux centres de transmission – Prague, Vienne et Cracovie – et accorde une attention particulière au rôle des imprimeurs ambulants, et à leurs méthodes parfois rudimentaires. Dans une approche thématique des illustrations, elle étudie les portraits, les épisodes bibliques ainsi que les représentations de la Vierge. Elle évoque le rôle des Jésuites et du palatin de Hongrie Pál Esterházy (1681-1713), et consacre un bref chapitre aux calendriers de Nagyszombat (un sujet qui a fait déjà couler beaucoup d’encre).