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L’importation des livres de musique en Espagne (1530-1604)

Laurent GUILLO

CMBV (Versailles), et associé IReMus (Paris)

Le contexte historique

La situation générale de la librairie en Espagne au xvie siècle nécessite d’être exposée pour mieux comprendre quelles conséquences elle a eues pour le commerce des livres de musique1. Il est notoire qu’à cette époque, la production espagnole de livres fut largement insuffisante pour couvrir les besoins intellectuels du pays et alimenter le public universitaire ou clérical. Les causes en sont diverses : le manque et la cherté du papier, qu’il fallait importer, la qualité moyenne des imprimeurs, la part trop importante que ceux-ci ont accordée aux publications populaires, le dédain des investisseurs envers une profession à la rentabilité lente, le contrôle parfois sourcilleux de l’administration et de l’Inquisition ; s’y ajoute la position excentrée de la péninsule par rapport au continent européen, qui ne facilitait guère la vente des livres espagnols hors d’Espagne. On considère que la production espagnole ne couvrait qu’un quart environ des besoins de livres du pays… Celle-ci, surtout concentrée à Salamanque, Barcelone, Saragosse, Valence et Séville, ne se monte qu’à 1300 éditions entre 1501 et 1550, soit autant qu’entre 1531 et 1535 à Paris !

La nécessité était donc forte d’importer des livres en quantité, ce qui a suscité des trafics importants entre l’Italie, la France et les Pays-Bas vers l’Espagne et le Portugal. Ces trafics ont été facilités dès 1480 par une exemption fiscale accordée par le roi d’Espagne, et par le fait que, dans la seconde moitié du xvie siècle, le royaume de Naples, la Lombardie et les Flandres étaient sous domination espagnole. En proportion, les importations peuvent être estimées à 80 % des collections actuelles du xvie siècle et parmi les livres importés, la France (Lyon d’abord, puis Paris) et l’Italie (Venise surtout) se taillent la part du lion, avec presque 30 % chacune ; Anvers et Bâle arrivent ensuite. Cette prévalence de Lyon, Paris, Venise et Bâle est confirmée dans les documents qu’on possède sur la constitution de la bibliothèque de Philippe II vers 1545, puis celle du monastère de l’Escorial en 1575.

Durant le xvie siècle, la part de l’Espagne dans la production reste toujours minoritaire, encore que la proportion entre l’Espagne et l’étranger augmente un peu dans le temps : elle passe de 22 % dans la période 1531-1570 à 33 % en 1571-1600. De même, l’apport respectif des grands centres étrangers varie : Lyon domine de peu en 1531-1570, avant Venise puis Paris, alors que Venise domine loin devant Lyon et Paris en 1571-1600. Hormis le latin, les langues espagnoles et italiennes sont majoritaires, loin devant le français. Pour l’Espagne, ces importations massives génèrent un déséquilibre sensible de la balance commerciale (l’argent étant envoyé en Europe sans être réinvesti sur place) ; les estimations de G. Morisse montrent qu’en l’espace de quatre ou six ans les importations de libraires lyonnais (tels les Portonariis ou les Trechsel) se montaient à plusieurs millions de maravédis, soit une contrevaleur d’un tiers en euros actuels. Chaque année entre 500 et 1 000 balles de livres entraient dans le royaume d’Espagne, suivant quatre itinéraires assez bien repérés : de la vallée du Rhône à Marseille et de là en bateau jusqu’à la côte est (Barcelone, Valence, voire Séville), par la Loire jusqu’à Nantes et de là par mer jusqu’à la côte ouest de l’Espagne, par la route vers La Rochelle puis Bordeaux et Bayonne, et enfin, des balles pouvaient venir du nord de l’Europe jusqu’à La Rochelle ou Nantes et continuer par l’un des itinéraires ci-dessus.

En Espagne, le centre vital de la librairie est Séville jusque vers 1530. Ensuite, il se déplace à Salamanque, ville universitaire, et Medina del Campo – judicieusement située dans le triangle Valladolid-Salamanque-Madrid – pour se déplacer encore à Madrid à la fin du siècle. Les foires biannuelles de Medina del Campo jouent longtemps le rôle de plaque tournante de la librairie espagnole, comme en Allemagne celles de Francfort. De nombreux libraires y tiennent des boutiques et beaucoup de marchands-libraires étrangers y envoient leurs facteurs. Comme on peut s’y attendre, les inventaires que l’on possède de ces boutiques révèlent une proportion très importante de livres étrangers.

Très tôt, conscients du lucratif marché espagnol, les grands libraires italiens et français ont constitué en Espagne un réseau de correspondants et de facteurs2 qui sont souvent des proches – frère, beau-frère, cousin, fils, gendre ou neveu – comme ce fut déjà le cas quand les familles italiennes avaient fondé des comptoirs à Anvers ou à Lyon. Par exemple, les Giunta de Florence, qui avaient déjà essaimé à Rome, Venise et Lyon (là avec Jacques Giunta dès 1520, mort en 1546), envoient des facteurs à Salamanque, Burgos, Saragosse ou Madrid. À Salamanque, « Juan de Junta » est un des créateurs de la Compagnie des libraires de Salamanque, associé à Gaspard Trechsel, aussi lyonnais d’adoption. Le libraire lyonnais Jean Senneton envoie ses deux frères Jacques et Claude en Espagne. Le Lyonnais Pierre Landry, qui apprend son métier chez Senneton, part ensuite à Medina del Campo faire tourner un comptoir entre 1565 et 1585. Quant à Guillaume Rouillé, arrivé en 1543 à Lyon, il épouse une fille Portonariis, se met à son compte en 1545 et s’associe en affaires à de nombreux libraires de Lyon, Paris, Venise, Genève, et d’Espagne ; Vincent et Gaspard de Portonariis s’installent à Salamanque et deviennent ses facteurs. À Lyon, où de puissants marchands libraires ont très tôt investi dans le commerce de librairie, le gros des exportations se fait vers l’Italie et l’Espagne (Paris étant plus dirigé vers le nord de l’Europe).

Si les libraires de Lyon, Paris ou Venise exportent en Espagne par l’intermédiaire de leurs réseaux et leurs comptoirs, ils n’exportent pas que ce qui est imprimé dans leur ville d’origine. Les catalogues imprimés par les libraires montrent bien que les livres proposés ont des provenances très diverses, résultant d’échanges préalables en d’autres lieux et foires. Ainsi, dans les catalogues lyonnais de la fin du siècle, Lyon ne compte que pour un tiers des lieux d’impression, le reste se partageant entre Paris, l’Allemagne et l’Italie. Ces deux niveaux de mélanges (au niveau du libraire exportateur puis au niveau des foires espagnoles) font que les assortiments disponibles sont très riches.

Il en est de la musique comme pour le reste : la production locale de musique imprimée est très insuffisante. La situation générale de l’édition musicale espagnole du xvie siècle a été décrite par Tess Knighton3. Elle souligne la grande fragilité de cette spécialité typographique, due à une adoption tardive du procédé en simple impression initié par Attaingnant à Paris, à un équipement typographique souvent inadéquat, et bien sûr une concurrence très forte des autres centres de typographie musicale qui s’étaient développés bien avant (Venise, Paris et Lyon notamment). De sorte que la liste des éditions musicales espagnoles et portugaises4 repérées entre 1535 et 1648 culmine à environ 55 éditions (à lui seul, Attaingnant en avait produit autant à Paris entre 1528 et 1535…). Plusieurs compositeurs n’hésitèrent pas à se faire publier à l’étranger, tels le Portugais Lobo Duarte édité à quatre reprises chez Moretus à Anvers entre 1602 et 1639, ou le Sévillan Francesco Guerrero essentiellement publié en Italie, entre autres places. Ce fait concerne aussi la littérature et les autres domaines : les imprimeurs espagnols souffrant de la comparaison avec leurs collègues étrangers, beaucoup d’auteurs espagnols préfèrent se faire publier au-delà des frontières, pour combiner un résultat plus élaboré et une diffusion facilitée de leurs écrits – on verra ainsi beaucoup d’auteurs espagnols se faire publier à Lyon ou aux Pays-Bas aux xvie et xviie siècles5.

Méthode de travail

La présente contribution6 ambitionne d’étudier les inventaires des libraires établis en Espagne pour ce qui concerne la musique imprimée, et d’en tirer des enseignements sur son importation. Ces inventaires proviennent essentiellement de la compilation publiée par M. Ros-Fábregas en 20027, et d’autres sources étudiées depuis cette date par M. Bécares Botas, M. Anastasio Rojo Vega, M. González-Sánchez, Mme Mazuela-Anguita, enfin M. Pedro Rueda Ramírez. Quelques sources annexes nous ont été signalées par M. Gérard Morisse.

Nous nous sommes limités aux inventaires de libraires8 qui révèlent au moins trois éditions musicales étrangères9. À ces inventaires nous avons appliqué des statistiques similaires, pour mettre en évidence quelques indicateurs significatifs et susciter des comparaisons.

L’analyse des stocks est toujours un peu délicate. Un stock de libraire révèle-t-il ce qui se vend ou… ce qui ne s’est pas vendu ? À défaut de répondre clairement à cette question, on peut déjà calculer une estimation de l’âge du stock pour chacun des lieux d’impression, par une formule simple : si

– A = âge de l’édition (A = année de l’inventaire – année de l’édition) 10

– E = nombre d’exemplaires de cette édition dans le stock11

– N = nombre d’éditions provenant du même lieu d’édition

– Ex = total des exemplaires pour un même lieu d’édition

alors AS = âge moyen du stock pour un lieu d’édition = (ΣN AE)/Ex

Cette formule permet de différencier l’âge moyen des parties du stock pour chaque lieu d’édition et tient compte du nombre d’exemplaires de chaque édition, qui importe beaucoup dans l’évaluation de l’âge d’un stock.

Les inventaires de la compagnie des libraires de salamanque (1530-1534)

Cette compagnie a été fondée en 1530 pour quatre ans par le Lyonnais Gaspard Trechsel et l’Allemand Lorenzo de Anticeno, associés avec une dizaine de libraires de Salamanque, pour l’importation de livres en Espagne. Les trois principaux libraires établis à Salamanque étaient Alejandro de Cánova, Juan de Junta (i.e. Giovanni de Giunta) et Lorenzo de Lion de Dei, les deux premiers étant facteurs de la maison florentine de Luc’Antonio Giunta12. Trechsel était en charge d’acheter les livres à Lyon et de les revendre à la Compagnie sans bénéfice ; son frère Melchior jouait quant à lui le rôle d’un associé dormant et de conseiller de Gaspard, puisque c’est lui qui déterminait les prix de vente des livres reçus de Lyon. Cette Compañía de Libreros de Salamanca importait donc toutes sortes de livres, faisant notamment venir de Venise les livres en hébreu ou en grec, et de Lyon quantités de livres de droit (pour lesquels elle revendiquait un monopole d’importation). C’est ainsi que Salamanque et les villes avoisinantes purent être abreuvées d’une abondante littérature universitaire à l’heure où les presses locales étaient bien loin de suffire à la demande.

Après la reddition des comptes en 1534, un procès long d’une quarantaine d’années intervint entre les parties, dont les actes conservés à Valladolid constituent une source de première importance sur le commerce du livre en Espagne. Les associés avaient essuyé de lourdes pertes, et Gaspard était mis en cause notamment pour avoir pris un bénéfice dans la revente des livres à la Compagnie, pour avoir spéculé sur les monnaies et utilisé des lettres de change dans des domaines étrangers à la librairie. Gaspard réfugié à Lyon, c’est Melchior qui vint à Salamanque défendre les intérêts de son frère. La conclusion du procès n’intervint que vers 1570, laissant Gaspard et Melchior avec de lourdes pertes financières.

De nombreux inventaires annexés au procès ont été transcrits par Vicente Bécares Botas en 2003, desquels nous avons extrait les mentions d’éditions musicales13.

I – Liste des livres reçus par la Compagnie des libraires de Salamanque, envoyés par Gaspard Trechsel de Lyon, Lorenzo de Anticeno de Medina del Campo et autres libraires, le 5 septembre 1530 (transcrite dans Bécares Botas 2003 p. 33-49).

[704] 2 Misas de Mouton

[705] 2 Moteti libro segundo

[706] 2 Moteti libro primo

[707] 2 Moteti trium boçe de Layolle

[781] 3 Regule musicales yn 8°

II – Inventaire de 538 balles de livres envoyés de Lyon, Paris, Allemagne, pour la Compagnie à Lorenzo de Anticeno, 1530-1533 (transcrit p. 59-97).

LION

[252] 4 Canciones duarum vocum

[253] 4 Canciones en françoys

[286] 2 Canciones y frotole

LION

[709] 2 Liber decem misarum

LION

[751] 1 Missa nova Mouton

III – Livres vendus à Juan de Junta et Martin Lecaron pour la Compagnie, le 5 mars 1530 à Salamanque (transcrite p. 99-131).

[598] 6 Motteti et canciones libro p°

[599] 6 Motteti et canciones libro 2°

[600] 4 Motteti Franc° de Laiolle libro p°

[601] 6 Motteti trium vocum Fr° de Laiolle

[602] 2 Motteti quinque vocum Fr° de Laiolle

[603] 6 Missa nova Mouton

[850] 8 Regule musicales

[971] 2 Septem Psalmi Francisci de Laiolle

IV – [Liste de livres à vendre par la Compagnie, sans date] (transcrite p. 149-171).

[429] 2 Misse Jusquini parve

[434] 2 Misas Jusquini grande dore Rel.

V – Liste de livres de Pedro de Santo Domingo, pour le compte de la Compagnie des libraires de Salamanque (transcrite p. 195-239).

[336] 2 Cançiones en françoys

[455] 1 Cançionis quinque bocum

[1058] 1 Misa de Jusquin grande

[1120] 3 Motete cançione françoy libro primo

[1121] 3 Motete libro 2°

[1122] 1 Moteto trium vocum de Layole

[1505] 3 Regule musicares

VI – Balance de la boutique de Salamanque, 1533-1534 (transcrite p. 241-330).

[1044] 1 Moteti triun bocum

Ces mentions sont en faible nombre mais très intéressantes, dans la mesure où elles concernent des ouvrages publiés peu avant ou juste après le début de l’activité de Pierre Attaingnant à Paris ou de Jacques Moderne à Lyon. Les mentions ci-dessus étant redondantes, nous en faisons ci-dessous une analyse synthétique, en ignorant ce qui ne peut pas être identifié ni supposé :

[S1] Missa nova Mouton [Lyon] ¶ Lyon, s.d., in-8°. Peut correspondre à Chapman 196814 n° 138, Guillo 199115 n° 14(1).

[S2] Liber decem missarum [Lyon] ¶ Lyon : Jacques Moderne, 1532, in-2°. Pogue 196916 n° 3, RISM [1532]8.

[S3] Misas de Jusquin grande ¶ Un des trois livres de messes de Josquin des Prez publiés à Fossombrone par Ottaviano Petrucci, in-4°, entre 1502 et 1516 (RISM J 666-668, 670-671, 673-674).

[S4] Misse Jusquini parve ¶ Un des trois livres de messes de Josquin des Prez publiés à Rome par Valerio Dorico, in-8°, en 1526 (RISM J 669, 672 et 675).

[S5] Motteti Franc° de Laiolle libro p° ¶ Lyon, in-8°, s.d. Peut correspondre à Chapman 1968 n° 132, Guillo 1991 n° 1.

[S6] Motteti quinque vocum Fr° de Laiolle ¶ Lyon, in-8°, s.d. Chapman 1968 n° 133, Guillo 1991 n° 2. Peut aussi correspondre à Chapman 1968 n° 135, Guillo 1991 n° 4.

[S7] Moteti trium vocum de Layole ¶ Lyon, in-8°, s.d. Chapman 1968 n° 134, Guillo 1991 n° 3.

[S8] Septem Psalmi Francisci de Laiolle ¶ Lyon, in-8°, s.d. Chapman 1968 n° 141, Guillo 1991 n° 7.

[S9] Moteti libro primo ¶ Venise : A. Antico, 1521 ? RISM 15212.

[S10] Moteti libro segundo ¶ Venise : A. Antico, 1520 ou 1521 ? RISM 15201, [1521]4.

[S11] Motteti et cançione françoy libro primo ¶ Venise, A. Antico, 1520 ? RISM 15203.

[S12] Motteti et canciones libro 2° ¶ Probablement la suite du volume précédent.

[S13] Canciones duarum vocum [Lyon] ¶ Lyon, s.d., in-4°. Chapman 1968 n° 143, Guillo 1991 n° 14(4).

[S14] Cançionis quinque bocum ¶ Non identifié.

[S15] Cançiones en françoys [Lyon] ¶ Non identifié.

[S16] Canciones y frotole [Lyon] ¶ Non identifié ; peut-être une copie lyonnaise des éditions de Valerio Dorico vers 1531 (RISM [1531]3 et 15314).

[S17] Regule musicales in-8° ¶ G. Guerson, Utilissimae musicales regulæ. Plusieurs éditions parisiennes entre 1500 et 1518 : voir Davidsson 196217 p. 42.

Dans la mesure où la plupart de ces éditions ne sont pas datables, toute évaluation de l’âge d’un stock est illusoire, d’autant qu’il y eut plusieurs stocks répartis chez plusieurs libraires. L’âge d’une édition varie entre une vingtaine d’années (pour les éditions de Petrucci), dix ans pour celles d’Antico, six ans pour celles de Dorico, jusqu’à deux ans seulement pour le Liber decem missarum de Jacques Moderne.

Le livre de comptoirs des portonariis (1552)

Ce livre de 157 f. est conservé au sein d’un manuscrit de la bibliothèque de l’Université de Salamanque, et comprend les relevés des relations commerciales entre les différents comptoirs des Portonariis (Lyon, Salamanque et Medina del Campo) 18. Il a été transcrit par Vicente Bécares Botas et a été parcouru par Gérard Morisse, qui a pu y déceler quelques éditions musicales :

[316] Tres contrapuntos in folio ¶ [Fr. de Layolle]. Contrapunctus seu figurata musica… – Lyon : Et. Guaynard, 1528. In-folio. RISM [1528]2.

[375] Quatro liliun misse in octavo Paris. ¶ Peut-être un recueil parisien des Missae solennes ou des Missae familiares avec plain-chant noté par François Regnault, s.d. ou 1538 ? 19

[788] Una musyca Foliani yn folio ¶ Lodovico Fogliano. Musica theorica… – Venise : G. A. Nicolon et fratelli, 1529. RISM B-VI p. 320.

[815] Tres misas de Jusquin in 4° ¶ Un des trois livres de messes de Josquin des Prez publiés à Fossombrone par Ottaviano Petrucci, in-4°, entre 1502 et 1516 (RISM J 666-668, 670-671, 673-674).

[961] Dos regule de musyca ¶ G. Guerson, Utilissimae musicales regulæ. Plusieurs éditions parisiennes entre 1500 et 1518, voir Davidsson 1962 p. 42.

[1131] Dos querelle [sans doute : regulle] misse in octavo

[1206] Un[a] rezma de libros de canto ¶ [Une ramette de livres de chant]

Ce petit fonds musical reprend deux des titres rencontrés dans les inventaires de la Compagnie des libraires de Salamanque.

L’inventaire du libraire Giraldo Del Sol (1552)

L’inventaire après décès du libraire français Giraldo del Sol (décembre 1552), établi à de Santiago de Compostela20 révèle lui aussi quelques mentions d’éditions musicales :

[196] Dos motetes de damas ¶ Luis Milán, Libro de motes de damas y caballeros… – Valence : 1535. [sans musique].

[222] Vnas dos mysas de Gaspar Alberte a çinco bozes ¶ Gasparo Alberti, Il primo libro delle messe… nuovamente poste in luce. – Venise : Girolamo Scotto, 1549. 6 vol. 4° obl. RISM A 664.

[223] Dos motetes de la frol a çinco bozes ¶ Probablement les Motteti del fiore à cinq voix de Jacques Moderne (Lyon : 1532-1543).

[224] Dos libros de motetes en françés ¶ Comme ci-dessus ?

[225] Otros dos cançioneros en françés en otras quatro bozes ¶ Beaucoup d’éditions possibles. Si l’on fait une hypothèse lyonnaise, il pourrait s’agir de livres du Parangon des chansons à quatre voix de Jacques Moderne (Lyon : 1538-1544).

[226] Dos baçe danças en françés ¶ S’ensuyvent plusieurs basses dances tant communes que incommunes… Lyon : [Jacques Moderne, ca. 1530-1538]. Pogue 1969 n° 132.

[231] Vnas diez misas ¶ Liber decem missarum a praeclaris et maximi nominis musicis contextus. – Lyon : Jacques Moderne, 1532. Pogue 1969 n° 3.

[510] Tres enthonaçiones yn 4°¶ Probablement un traité de plain-chant (Arte de canto llano) avec ses enthonaçiones… Francisco de Montanos publie un traité avec un titre similaire mais il est trop tardif.

[512] Otra enthona[çi]on ¶ Voir ci-dessus.

[640] Una misa de Morales a qua[r]to bozes encadernadas en pergamino ¶ Cristóbal de Morales, Missarum liber primus [ou – secundus]. Lyon : Jacques Moderne, 1545-1546 [ou 1551-1552]. Pogue 1969 n° 47, 48, 55, 57.

[720] Treze artes de cantollano yn 8° ¶ Probablement [G. Martínez de Bizcargui], Arte de canto llano (nombreuses éditions possibles à partir de 1508].

[voir p. 275] 1 Naruaez de vihuela, 136 maravedís ¶ Luis de Narváez, Los seys libros del Delphin de música para tañer. Valladolid : Diego Hernandez de Cordova, 1538. RISM N 66.

Ce fonds de musique est petit, et plutôt récent. Les éditions les plus tardives des Motteti del Fiore ou du Parangon des chansons paraissent moins de dix ans avant 1552, de même les messes de Morales.

L’inventaire de la succession de Joan Guardiola à Barcelone (1562-1563)

Il s’agit de l’inventaire après décès de l’un des plus importants libraires-imprimeurs de Barcelone21. Guardiola meurt en octobre 1561 et son inventaire après décès, qui concerne autant sa maison que sa librairie, est dressé le 2 janvier 1562. Il détaille 1832 éditions pour 9079 exemplaires. Son stock couvre tous les domaines, contient 95 % de livres en latin et reflète un trafic commercial intense avec les officines lyonnaises (pour 38,1 % des titres), suivies des parisiennes (18,6 %) et des anversoises (6,0 %)22. Parmi ces éditions, 36 mentions seulement concernent la musique et sont transcrites pour la première fois dans Madurell 196823 p. 211-212. L’inventaire a été transcrit à nouveau dans Ros Fábregas 2002 (n° 47) avec des identifications peu élaborées ; il a encore été republié dans Knighton 2005 en prenant en compte non seulement l’inventaire de 1561 mais aussi un second inventaire postérieur de deux ans, du 16 février 1563, qui le suit immédiatement dans le registre.

En effet, l’héritier de Joan Guardiola, son fils Joan Benet, ne continua pas l’affaire de librairie de son père, fit inventorier le tout par le libraire Joan Trinxer et le vendit en bloc en 1563 aux libraires associés Jaume Cortey et Joan Pau. Cet inventaire du 16 février 1563 (Barcelona AHP : à la suite de l’inventaire précédent) présente quant à lui de nombreuses concordances avec celui de 1561 et, lorsque deux titres s’y retrouvent, le nombre d’exemplaires en stock est différent. Les statistiques suivantes sont élaborées à partir de la transcription publiée dans Knighton 2005 (p. 638-642), qui donne toute garantie de précision.

Au total, les deux inventaires proposent 55 éditions différentes, dont 18 communes aux deux sources, et 35 éditions peuvent être datées24. En distinguant entre les éditions et les exemplaires, l’âge moyen du stock s’établit ainsi25 :

Lieu d’éditionTotal éditions musicales% du totalTotal éditions datéesTotal exemplaires%du totalÂge moyen stockNotes
Venise262036,4 %1828045,7 %17,2 ans
Lyon1629,1 %920834,0 %27 ans
Paris59,1 %4152,4 %27,7 ans
Autres47,3 %4132,1 %14,2 ansAnvers (2), Espagne (1), Milan (1).
Inconnu1018,2 %095,515,6 %
Total5535611,5

On observe que si le stock d’origine vénitienne est majoritaire en éditions et en exemplaires, c’est aussi le plus récent (17,2 ans d’âge), le stock d’origine lyonnaise paraissant déjà vieilli (27 ans d’âge). Le stock lyonnais, toutefois, révèle les liens commerciaux entre Guardiola et les imprimeurs lyonnais, qui sont également documentés par d’autres sources d’archive27.

Les 250 volumes de cançons italianes font que la moyenne de l’assortiment se monte à 11,1 exemplaires/édition. En faisant abstraction de ce cas particulier (dont on peut supposer qu’il regroupe en fait beaucoup d’éditions différentes de madrigaux italiens), elle retombe à 6,7.

L’inventaire de Benoit Boyer à Salamanque (1565)

Cet inventaire (Salamanque, AHP, L° 4608, f. 1119) est riche de 1477 éditions de droit, religion et liturgie, histoire, etc. parmi lesquelles ne se trouvent que trois éditions musicales. Il est transcrit dans Bécares Botas 2007 p. 117-155 ; la présence anecdotique des éditions musicales montre seulement que celles-ci sont récentes.

[208] Un manifica de Guerero. ¶ Louvain : Pierre Phalèse, 1563, 2°. RISM G 4868.

[209] Una misa de Jaquete ¶ Plusieurs éditions possibles de 1554 à 1561 (RISM J 15 à 19).

[709] Dos manificas de Guerrero. ¶ Voir [208].

L’inventaire de Juan de Canova à Salamanque (1569)

Cet inventaire (Salamanque, AHP, L° 2944, f. 389) est riche de 864 éditions de droit, religion et liturgie, histoire etc. parmi lesquelles ne se trouvent que trois éditions musicales. Il est transcrit dans Bécares Botas 2007 p. 156-178 ; là encore la présence anecdotique des éditions musicales ne se prête à aucune évaluation de l’âge du stock.

[386] Tres libros de música de teclas f° ¶ Probablement un manuscrit (l’œuvre d’Antonio de Cabeçón intitulée Obras de musica para tecla… date de 1578.).

[387] Une declaraçión de strumentos en 4° ¶ Juan Bermudo, Libro llamado de instrumentos musicales… Ossuna, Juan de Leon, 1549 (in-8°) ou 1555 (in-2°). RISM B-VI p. 140.

[388] Unos motetes de Francisco Gerrero a seys bozes. ¶ Identification douteuse : Motecta… quae partim quaternis, partim quinis, alia senis, alia octonis et duodenis concinuntur vocibus (Venise : Giocomo Vincenti, 1547, RISM G 4866), ou Sacrae cantiones, vulgo moteta nuncupata, quatuor et quinque vocum (Seville : Martinus a Montesdoca, 1555, RISM G 1867). Pas de trace d’un livre de motets à 6 voix de Francisco Guerrero, en fait.

[389] Dos motetes de Viçençio Lusitano. ¶ Vincente Lusitano. Liber primus epigramatum que vulgo motetta dicuntur, cum quinque, sex et octo vocibus. – Rome : Valerio et Aloysio Dorico, 1551. 6 vol. 4° obl. RISM L 3091 (daté 1555 par erreur).

L’inventaire Trechsel/Rouillé à Medina Del Campo (1571)

Les Trechsel étaient d’origine allemande (de Mayence ou de Bâle selon les sources) 28 et s’étaient établis à Lyon dans le dernier quart du xve siècle. Gaspard et Melchior, fils de Jean Trechsel (mort en 1498), avaient repris l’atelier de leur beau-père Hans Schwab dit Cleyn, mort en 1529 ou 1530. Ils n’avaient pas attendu son décès pour se lancer dans le commerce de librairie puisqu’on voit Gaspard associé dès 1524 environ à Lorenzo de Anticeno, un Allemand – comme son nom ne l’indique pas – qui dispose déjà d’un magasin à Medina del Campo. En 1530, il s’associe encore avec plusieurs libraires pour fonder la Compagnie des libraires de Salamanque (voir plus haut).

Avant la fin du procès qui les opposait aux autres associés de la Compagnie des libraires de Salamanque, Gaspard et Melchior avaient repris une activité de marchand-libraire en sous-traitant de volumineux ouvrages à quelques imprimeurs. Après de multiples pérégrinations en Castille, Gaspard revient enfin à Medina del Campo travailler comme facteur de son beau-frère Guillaume Rouillé, et y meurt début 1571. Medina del Campo était alors une place déterminante du commerce du livre en Espagne. Proche de la ville universitaire de Valladolid, en position centrale dans la péninsule ibérique, elle était le siège de foires importantes dans lesquelles on détecte très tôt de nombreux livres d’origine lyonnaise. Ce trafic de librairie avec Lyon, très soutenu, se maintint même en temps de guerre tant son poids économique était important, comme en témoigne la clause d’exception signée par Henri IV en janvier 1596. Les statistiques établies dans une étude récente29 indiquent que dans les années 1530-1570, Lyon était la première ville exportatrice de livres vers l’Espagne, devançant Venise puis Paris.

À la mort de Trechsel, Rouillé nomme Jérôme de Millis son nouveau facteur à Medina del Campo, et celui-ci fait dresser l’inventaire du fonds de Trechsel. Celui-ci couvre non seulement la boutique mais aussi la maison et les autres biens de Trechsel. Cet inventaire commencé le 29 mars 157130 est très riche et déjà connu depuis quelques années ; il est transcrit ici pour la première fois avec des identifications. Il a été trouvé par M. Anastasio Rojo Vega, professeur à l’Université de Valladolid et publié sur son site31 ; il avait déjà été signalé par ce dernier à Mme Tess Knighton, qui l’a mentionné dès 200532 pour son intérêt musical.

Il présente 2 425 éditions et 15 800 exemplaires33, soit 6,5 exemplaires/édition en moyenne (le nombre d’exemplaires par édition variant entre 1 et 319). Il présente les caractéristiques classiques d’un stock d’assortiment, avec un nombre élevé de titres mais peu d’exemplaires par titre dans la majeure partie des cas. Nous en retranscrivons ici la partie concernant les éditions musicales, après vérification sur une reproduction de l’original et avec l’ajout des identifications et des références.

[f. 200r]

[1] 3 misas variarum autorum @ parís 10 tt ¶ Mention imprécise, mais susceptible de correspondre à des recueils parisiens de messes polyphoniques (beaucoup d’éditions possibles).

[MUSIQUE]

[f. 220v]

[2] 3 Contrapuntus misarum @ 20 R ¶ [Francesco Layolle]. Contrapunctus seu figurata musica super plano cantu missarum solemnium totius anni. – Lyon : Bernard Garnier et Guillaume Gobert pour Étienne Gueynard, 1528. 1 vol. 2°. RISM 15281, Guillo 1991 n° 9.

[3] 6 Sacrarum concionum quinque vocibus 4º 10 R ¶ Sacrarum cantionum (vulgo hodie moteta vocant) quinque et sex vocum… Liber quartus [- quintus]. Anvers : Hubert Waelrant & Jan de Laet, 1556. 5 vol. 4° obl., RISM 15566 et [1556]7.

[4] 1 Madrigali di cipriano Rore 4º 12 R ¶ Mention imprécise : de nombreux livres de madrigaux de Cipriano de Rore ont été imprimés à Venise entre 1542 et 1569.

[5] 2 ____ de lanbert 4º 8 R ¶ Giovanni Tommaso Lambertini. Il primo libro de madrigali a quattro voci… sopra quindici stanze di M. Bernardo Tasso… – Venise : Antonio Gardano, 1560. 4 vol. 4° obl. RISM L 391.

[6] 3 ____ de la Fama 4º 10 R ¶ Madrigali de la fama a quatro voci composti… novamente con diligentia stampati et corretti : Cypriano de Rore, Francesco da la Viola, Francesco Manara. – Venise : Antonio Gardano [ou : Girolamo Scotto], 1548. 4 vol. 4° obl. RISM 15487 et 15488.

[7] 2 ____ di paulo aretino 4º 8 R ¶ Paolo Aretino. Libro primo delli madrigali cromati. – Venise : Girolamo Scotto, 1549. 4 vol. 4° obl. RISM P 866. Ou : Li madrigali a V. VI. VII. VIII. – Idem, 1558. 5 vol. 4° obl. RISM P 867.

[8] 2 Cromatici di agostin licino 4º 6 R ¶ Agostino Licino. Primo [Secondo] libro di duo cromatici… da cantare et sonare composti una parte sopra l’altre con la sua resolutione da parte… a due voci. – Venise : Antonio Gardano, 1545 [1546]. 1 vol. 4° obl. RISM L 2342 et 2344.

[9] 1 Madrigali di vetor 4º 10 R ¶ Non identifié.

[10] 1 ____ di vicencio Ruffo 4º 10 R ¶ De nombreuses éditions de madrigaux de Vincenzo Ruffo sont imprimées à Venise entre 1545 et 1563.

[11] 1 ____ di gio: contino 4º 8 R ¶ Giovanni Contino. Il primo libro de madrigali a cinque voci. – Venise : Girolamo Scotto, 1560. 5 vol. 4° obl. RISM C 3544.

[12] 2 ____ bartolomeo spontoni 4º 12 R 6 ¶ Bartolomeo Spontoni. Il primo libro de madrigali a quatro voci… Venise : Girolamo Scotto, 1558, ou Antonio Gardano, 1561. RISM S 4169 et 4170. Ou : Il secondo libro de madrigali a cinque voci… Idem, 1567. 4 ou 5 vol. 4° obl. RISM S 4171.

[13] 2 ____ di paulo ragazoni 4º 10 R ¶ Pietro Paolo Ragazzoni. Madrigali… a quatro voce. – Venise : Girolamo Scotto, 1544. 4 vol. 4° obl. RISM R 47.

[14] 1 ____ di orlando dilasus 4º lib pº et 2º 20 R ¶ Parmi les nombreuses éditions possibles entre 1555 et 1570, nous suggérons celle-ci, où les deux livres sont réimprimés ensemble : Orlande de Lassus. Il primo et secondo libro libro di madrigali a cinque voci, novamente riduti tutti insieme et dato in luce. – Venise : Girolamo Scotto, 1559. 5 vol. 4° obl. RISM L 761.

[15] 1 ____ di don rinaldo di montagnana 4º 10 R ¶ Rinaldo da Montagnana. Delle canzone… con alcuni madrigali aierosi a quattro voci, libro primo… Venise : Girolamo Scotto, 1558. 4 vol. 4° obl. RISM R 1722.

[16] 1 Armonia celeste 4° 8 R ¶ Vincenzo Ruffo. Opera nuova di musica, intitolata Armonia celeste, nella quale si contengono 25 madrigali… libro quarto, a cinque voci. – Venise : Antonio Gardano, 1556. 5 vol. 4° obl., RISM R 3081.

[17] 2 Mese di pre gasparo 4º 10 R ¶ Gaspar van Weerbeke. Misse Gaspar : Ave regina celorum, O Venus banth, E trop penser, Octavi toni, Se mieulx ne vient. – Venise : Ottaviano Petrucci, 1506 (1507 n. st.). 4 vol. 4° obl. RISM G 450.

[18] 5 Himni tocius anni 4º 10 R ¶ Jacobus de Kerle. Hymni totius anni secundum ritum sanctae Rom. Eccl. et Magnificat cum quatuor et quinis vocibus. – Rome : Antonio Barré, 1558 (impr. 1560). 4 vol. 4° obl. RISM K 441/442.

[19] 1 Motteti dil verdelot 4º 8 R ¶ Elletione de motetti non piu stampati a quatro voci di Verdelotto et di altri diversi eccelentisimi autori novamente fatta… libro primo. Venise : Girolamo Scotto, 1549. 4 vol. 4°. RISM 154915.

[20] 1 ____ di gio: gero lib pº et 2º 4º 20 R ¶ Jhan Gero. Motetti a cinque voci libro primo (- secondo). – Venise : Girolamo Scotto, 1555. 5 vol. 4° obl. RISM G 1625.

[21] 2 ____ di adriani villaret 4º 20 R ¶ De nombreux livres de motets d’Adrian Willaert sont imprimés à Venise ou à Louvain entre 1539 et 1561.

[22] 1 ____ di cipriano Rore 4º 10 R ¶ Cipriano de Rore. Motetta… quinque vocum. – Venise : Antonio Gardano, 1545 (ou s.l.n.d. [Girolamo Scotto], 1545). 5 vol. 4° obl. RISM R 2474 et 2475.

[23] 1 ____ di ganbert 4º 12 R 6 ¶ De nombreux livres de motets de Nicolas Gombert sont édités à Venise entre 1539 et 1552.

[24] 2 ____ diversorum autorum 4º 12 R 6 ¶ Liber primus [-tertius] sacrarum cantionum diversorum autorum, quatuor, quinque, et sex vocum. – Düsseldorf : Jacob Bathen, 1555-1556. RISM 15563.

[25] 1 Madrigali di nicolao dorati 4º 10 R ¶ Quatre livres de madrigaux de Nicolò Dorati sont édités à Venise entre 1549 et 1567 (RISM D 3422-3425).

[26] 1 ____ di Jachet 4º 10 R ¶ De nombreux livres de madrigaux de Giaches de Wert sont édités à Venise entre 1558 et 1570.

[27] 1 ____ di camilo perego 4º 8 R ¶ Camillo Perego. Madrigali, a quattro voci, novamente da lui composti… – Venise : Girolamo Scotto, 1555. 4 vol. 4° obl. RISM P 1320.

[28] 1 ____ di adrian villaret 4º 20 R ¶ Adrian Willaert. Madrigali a cinque voci… (Venise : Girolamo Scotto, 1546, RISM W 1119) ou Madrigali a quatro voci… (idem, 1563, RISM W 1130).

[29] 5 ____ di gio: ant di mayo 4º 8 R ¶ Giovanni Antonio di Mayo. Primo libro di madrigali a quattro voci… – Lyon : Antoine Cercia, 1567. 4 vol. 4° obl. RISM M 1487, Guillo 1991 n° 81.

[30] 5 Cancioni villanesche di gio: ant dimayo p’ 5 R ¶ Giovanni Tommaso di Maio, Canzon villanesche… a tre voci, libro I. – Venise : Antonio Gardano, 1546. RISM M 189. Il y a confusion du prénom avec celui de Giovanni Antonio di Mayo, dû à l’édition précédente.

[31] 1 Libº p° dele muse de diversi et eccelenti autori 10 R ¶ Il primo libro de le Muse a cinque voci composto da diversi eccellentissimi musici… – Venise : Antonio Gardano, 1555. 5 vol. 4° obl. RISM 155525. Réédité en 1561 (RISM 15618).

[32] 1 Lamentaciones hieremie 4º 6 R ¶ Probablement : Lamentationum Jeremie prophete Liber primus. Venise : Ottaviano Petrucci, 1506. 1 vol. 4° obl. RISM 15061. Autre édition possible : Lamentationes Hieremiæ Prophetæ, maxime lugubribus… composositæ à clarissimis nostri seculi musicis… – Nuremberg : Johann von Berg & Ulrich Neuber, 1549. 4 vol. 8° obl. RISM 15491.

[33] [1 ?] Nicolai ganbert a quinque vocibus 4º 12 R 6 ¶ De nombreux livres de motets de Nicolas Gombert sont édités à Venise entre 1539 et 1552.

[34] [1 ?] Lib. pº a due voci de diversi autori 4º 5 R ¶ Il primo libro a due voci de diversi autori novamente stampato et con ogni diligentia corretto. – Venise : Antonio Gardano, 1543. 2 vol. 4° obl. RISM 154319. Réédité en 1553 (RISM 155326).

[f. 221r]

[35] 2 Motteta Julii schiaveti 4º 8 R ¶ On ne connaît aucun livre de motets de Giulio Schiavetto, seulement des madrigaux (RISM S 1536).

[36] 3 ____ henrici scaffen 4º 16 R ¶ On ne connaît aucun livre de motets de Enrico Schaffen, seulement des madrigaux (RISM S 1247).

[37] 6 Conpendium musices adrian petit 4º 6 R ¶ Adrian Petit Coclico. Compendium musices… in quo praeter caetera tractantus haec… – Nuremberg : Johann von Berg & Ulrich Neuber, 1552. 4°. RISM B-VI p. 227, Davidsson 1962 n° 133.

[38] 5 Enchiridion misarum fo 4 R ¶ Enchiridion Missarum solennium et votiuarium totius anni secundum morem Sancte Romane Ecclesie… Torino : Pietro Paolo Porro, 1532. USTC34 n° 802609.

[39] 1 Misse 13 a 4or vocibus apstant. artificis conposite 4º 12 R ¶ Missæ tredecim quatuor vocum a præstantiss. artificib. compositæ. – Nuremberg : Heinrich Grapheus, 1539. 4 vol. 8° obl. RISM 15392.

[40] 1 Lib. 2º deli madrigali ariosi de diversi homini 4º 10 R ¶ Madregali ariosi a quatro voci composti da diversi eccellentissimi autori, novamente con somma diligentia stampatti. Libro secondo. – Venise : Antonio Gardano, 1560. 4 vol. 4° obl. RISM 156010.

[41] 1 Lib. 2° de danseries 8° 5 R ¶ Second livre de danseries, contenant 18 Bransles de Bourgongne, […] Le tout mis en musique à quatre parties… par Jean d’Estrée… – Paris : Nicolas Du Chemin, 1559. 4 vol. 4° obl. RISM E 884, Lesure 195335 n° 72.

[42] 2 pº lib contenant quarente chansons 8º 5 R ¶ Probablement de François Roussel. Voir plus bas à [71].

[43] 2 Motteta glaudi sermisi 4º 10 R ¶: Claudin de Sermisy. Moduli, vulgo moteta dicti, quatuor, quinque & sex vocum, liber primus. – Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard 1555. 4 vol. 4° obl. RISM S 2819, Lesure 195536 n° 16 ter. Sinon, l’édition d’Attaingnant en 1542 (voir plus bas).

[44] 3 ____ de nicolai pagnier 4º 8 R ¶ Nicolas Pagnier. Motets… – Paris : Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1556. Édition perdue, Lesure 1955 n° 18 bis.

[45] 2 ____ Jo monton lib pº 4º 12 R ¶ Jean Mouton. Selecti aliquot moduli, & in 4, 5, 6 & 8 vocum harmoniam distincti, liber primus. – Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1555. 4 vol. 4° obl. RISM M 4017, Lesure 1955 n° 16 bis.

[46] 1 glaudi goudimelli 4º 8 R ¶ Claude Goudimel. Motets… – Paris : Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1556. Édition perdue, Lesure 1955 n° 18 bis.

[47] 1 petri machicurtii 2us et 3us tomus 4º 7 R 6 ¶ Pierre de Manchicourt, Modulorum musicalium primus tomus – Paris : Pierre Attaingnant, 1545, RISM M 271, Heartz 196837 n° 120 et 121. Éditions retrouvées depuis à London BL : K.11.e.2.

[48] 3 lib pus sedecim musicales variarum autorum 4º 10 R ¶ Liber primus sexdecim musicales modulos continens, ex pluribus vocibus compositos… – Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1553 [n. st.]. 4 vol. 4° obl. RISM 15537, Lesure 1955 n° 7.

[49] 2 Motteta petri cadeac 4º 10 R ¶ Pierre Cadéac. Moteta, quatuor, quinque et sex vocum, liber primus. – Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1555. 4 vol. 4° obl. RISM C 13, Lesure 1955 n° 15.

[50] 4 petri certon lib primus 4º 10 r ¶ Pierre Certon. Moduli, vulgo moteta dicti, quatuor, quinque et sex vocum. Liber primus. – Paris : Adrian Le Roy et Robert Ballard, 1555. Manque au RISM et à LRB ; ouvrage retrouvé à Austin (TX), Harry Ransom Research Center : voir Colin 200938.

[51] 1 Libri decem mottetorum variarum autorum 4º 10 vol 35 R ¶ Non identifié.

[52] 1 Motteta Jo ricafort a 4 5 et sex vocibus 4º 12 R 6 ¶ Jean Richafort. Modulorum quatuor, quinque & sex vocum, liber primus. Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1556. 4 vol. 4° obl. RISM R 1300, Lesure 1955 n° 18.

[53] 1 ____ Jo mallard 4º 8 R ¶ Jean Maillard. Moteta quatuor, quinque & sex vocum… liber primus. Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1555. 4 vol. 4° obl. RISM M 179, Lesure 1955 n° 16.

[54] 1 ____ petri colin a 4 5 et sex vocibus 4º 20 R ¶ Pierre Colin. Modulorum (quos vulgo moteta vocant) in quatuor, quinque, sex voces partitorum, liber primus [- secundus]. – Paris : Nicolas Du Chemin, 1561. 4 vol. 4° obl. RISM C 3315 et 3316, Lesure 1953 n° 75 et 76.

[55] 4 Lib pus sex missas variarum autorum 4º 12 R ¶ Liber primus sex missas continens, quarum nomina sequens tabella indicat. – Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1553 [n. st.]. 4 vol. 4° obl. RISM 15531, Lesure 1955 n° 6.

[56] 1 Motteta glaudi sermisi petri certon Jo. lupi 4º 3 vol ¶ Recueil des trois éditions suivantes : Claudin de Sermisy. Nova & prima motettorum editio. Index viginti ocoto motettorum… Liber primus. – Paris : Pierre Attaingnant & Hubert Jullet, 1542. 4 vol. 4° obl. RISM S 2818, Heartz 1968 n° 103. Pierre Certon. Recens modulorum editio. Index viginti quatuor motettorum… Idem, 1542. RISM C 1707, Heartz 1968 n° 104. Johannes Lupi. Musice cantiones (que vulgo motetta nuncupantur) noviter omni studio, ac diligentia in lucem edite, index quindecim cantionum… Idem, 1542. RISM L 3089, Heartz 1968 n° 105. Les trois éditions ont des signatures qui se suivent et constituaient une collection susceptible d’être vendue en recueil.

[57] 5 Troisiesme lib. de chansons adrian leroy y ballard 6 R ¶ Tiers livre de chansons, composées à trois parties par bons & excellents musiciens, imprimées en un volume. – Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1553. 1 vol. 4° obl. RISM 155322, Lesure 1955 n° 7 ter.

[58] 1 Cinqiesme lib de guitere par adrian le roy 4º 8 R ¶ Cinquiesme livre de guiterre, contenant plusieurs chansons à trois & quatre parties, par bons & excelens musiciens ; réduites en tablature par Adrian le Roy. – Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1554. 1 vol. 4° obl. RISM 155433, Lesure 1955 n° 14.

[59] 2 Quart lib du recueil 4º. Quart livre du recueil des recueilz de chansons à quatre parties, les plus excellentes qu’on a peu choisir… Veuës et corrigées par Loys Bisson. – Paris : Nicolas Du Chemin, 1567. 4 vol. 4° obl. Manque au RISM, Lesure 1953 n° 86 (voir le supplément de 1963).

[60] 2 ____ septeme lib 4º [ensemble :] 6 R ¶ Le septième livre de la collection précédente n’est pas connu.

[61] 1 pº 2º lib. de entablatura de laut guillame morlaye 4º 8 R ¶ Guillaume Morlaye. Premier [- second] livre de tabulature de leut, contenant plusieurs chansons, fantasies, pavanes et gaillardes. – Paris : Michel Fezandat, 1552 [- 1558]. 1 vol. 4° obl. RISM M 3689, 155234 et 155818.

[62] 2 Intablatura de laut de adrian le Roy 5 lib 4º 12 R 6 ¶ Adrian Le Roy. Premier [- cinquième] livre de tabulature de luth, contenant… [Premier livre : Paris, Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1551. 1 vol. 4° obl. RISM L 2048, Lesure 1955 n° 1. Tiers livre : idem, 1552, RISM L 2049, Lesure 1955 n° 4]. Les second, quatrième et cinquième livres sont perdus.

[63] 1 ____ quatro vol digo quatro vol 10 R ¶ Nous comprenons qu’il s’agit ici des livres 1 à 4 du recueil précédent.

[64] 4 Dominique Finot lib pº de 37. chansons 4º 8 R ¶ Dominique Phinot. Premier livre contenant trente sept chansons… – Lyon : Godefroy & Marcelin Beringen, 1548. 4 vol. 4° obl. RISM P 2018, Guillo 1991 n° 20.

[65] 1 lib. de chansons de diversi autori 10 vol 4º 25 R ¶ Mention imprécise, qui semble concerner un recueil de dix éditions. Peut-être s’agit-il de la collection de chansons de Le Roy & Ballard (1552-1559 avec de nombreuses rééditions).

[66] 1 superius et tenor lib. 2º 3º 4º de chansons du chemin 4º 9 R ¶ Second livre contenant XXVI chansons nouvelles à quatre parties en deux volumes, composées de plusieurs autheurs, nouvellement imprimées à Paris. – Paris : Nicolas Du Chemin, 1549. 2 vol. 4° obl. Tiers livre… 1549. Quart livre… 1549. RISM 154925, 154926 et 154927, Lesure 1953 n° 3 à 5.

[67] 2 Tablat. por le ieu dorgues espinetes et manicordions 4 vol 8 R ¶ Tabulature pour le jeu d’orgues espinettes et manicordions sur le plain chant de Cunctipotens et Kyrie fons… – Paris : Pierre Attaingnant, 1531. 1 vol. 8° obl. Heartz 1968 n° 25, manque au RISM.

[68] 2 lib. p° 2° 3° de pavanes de m. gardane 8° 3 vol 15 R ¶ Il primo libro de villotte alla padoana con alcune napolitane a quatro voci intitolate Villotte del fiore novamente per Antonio Gardano stampate et date in luce. – Venise : Antonio Gardano, 1557. 4 vol. 4° obl. RISM 155718. Réédité en 1564 (RISM 156414 et 156414a) et en 1566 (RISM 15664). Il secondo libro de villotte […]. – Venise : Antonio Gardano, 1557. 4 vol. 4° obl. RISM 155919. Le terzo libro est perdu.

[69] 2 lib. 7º 8º 10º a 4 5 et sex voces modulorum variarum autorum 4º 12 R 6 ¶ Liber septimus xxiiii trium quatuor quinque sex vel vocum modulos dominici adventus nativitatisque… Paris : Pierre Attaingnant, 1534. 4 vol. 4° obl. RISM 15349, Heartz 1968 n° 56. Liber octavus xx musicales motetos quatuor quinque vel sex vocum modulos habet. Paris : Pierre Attaingnant, 1534. 4 vol. 4° obl. RISM 153410, Heartz 1968 n° 57. Liber decimus : Passiones dominice in ramis palmarum veneris sancte : necnon lectiones feriarum… Paris : Pierre Attaingnant, 1535. 4 vol. 4° obl. RISM 15352, Heartz 1968 n° 61.

[70] 3 lib. pº de tablatura de citre par C. de chandenau 8º 5 R ¶ Édition perdue d’un compositeur non identifié. Peut-être s’agit-il du livre qui précède le Second livre de cistre, contenant les Commandemens de Dieu… par Adrian Le Roy (Paris : Adrian Le Roy & Robert Ballard, 1564. Lesure 1955 n° 93) ? Ou alors de la tablature de cistre éditée par Simon Gorlier à Lyon vers 1558 (Guillo 1991 n° 35) ?

[71] 1 Lib. pº contenant 40 chansons par fransois Roussel 8º 5 R ¶ Édition perdue, probablement lyonnaise, qui peut être rapprochée du « Premier livre canzone francese di Processio Roussel a 4 » trouvé dans l’inventaire de la cour d’Innsbruck en 1665 (cf. Waldner 191639 p. 141).

[72] 1 Tiers lib de danseries 8º 3 R ¶ Tiers livre de danseries. Contenant 5 Bransles de Malthe, […] Le tout mis en musique à quatre parties… par Jean d’Estrée… – Paris : Nicolas Du Chemin, 1559. RISM E 884, Lesure 1953 n° 73.

[73] 1 Tablatura de flautes 4º 4 R ¶ Édition perdue, probablement celle qui est publiée par Simon Gorlier à Lyon vers 1558 (Guillo 1991 n° 34).

[74] 2 Tablatura de spinetes 4 R ¶ Édition perdue, probablement celle qui est publiée par Simon Gorlier à Lyon en 1560 (Guillo 1991 n° 45).

[75] 2 lib 2º dele muse a tre voci cancioni vilanese ala napolit 8º 2 R ¶ Secondo libro delle muse a tre voci. Canzon villanesche alla napolitana, di nuovo raccolte… – Rome : Antonio Barré, 1557. 3 vol. 8° obl. RISM 155720.

[76] 1 Mottetorum divinitatis a quinque vocibus 4º 10 R ¶ Motectarum divinitatis liber primus que quinque absolute vocibus… Liber primus. – Venise : Claudio Merulo, 1569. 5 vol. 8° obl. RISM 15692.

[77] 2 Motteta vicentii lusitani 4º 12 R 6 ¶ Vincente Lusitano. Liber primus epigramatum que vulgo motetta dicuntur, cum quinque, sex et octo vocibus. – Rome : Valerio et Aloysio Dorico, 1551. 6 vol. 4° obl. RISM L 3091 (daté 1555 par erreur).

[78] 1 Introitus quinque vocibus Jo: contino 4º 10 R ¶ Giovanni Contino. Introitus et Haleluia qui in festis solennibus… per annum cantantur… cum quinque vocibus. – Venise : Girolamo Scotto, 1560. 5 vol. 4° obl. RISM C 3534.

[79] 2 pra.ca musices 8º alte 5 R ¶ Franchino Gaffurio. Practica musices utriusque cantus. Trois éditions italiennes entre 1502 et 1512. RISM B-VI p. 342-343, Davidsson n° 245, 247 et 249.

[80] 1 pº lib. contenant 26 chansons lig. 2 vol 15 R ¶ Premier livre contenant xxvi chansons nouvelles en musique à quatre parties sur deux volumes. – Paris : Veuve Pierre Attaingnant, 1553. 2 vol. 4° obl. RISM 155320, Heartz 1968 n° 168.

LIBROS FALTOS Y MALTRATADOS

[f. 232v]

[81] 1 motteta henrici scaffen 4º 16 r ¶ Édition perdue, déjà citée au [36].

Les statistiques sur la provenance et l’âge des éditions donnent les résultats suivants :

Lieu d’éditionTotal éditions musicales% du totalTotal éditions datéesTotal exemplaires% du totalÂge moyen stockNotes
Venise3441,9 %315531,3 %20,3 ans
Paris2834,6 %276738,1 %19,7 ans
Lyon78,6 %51810,2 %18,4 ans
Italie sf. Venise56,2 %5169,1 %27,9 ansDont Rome (3), Turin (1).
Autres44,9 %4158,5 %17,7 ansNuremberg (2), Düsseldorf (1), Anvers (1).
Inconnu33,7 %152,8 %10,0 ans
Total8173176

On observe que, pour les trois villes d’impression les plus actives (Venise, Paris et Lyon), l’âge moyen du stock se situe autour de 20 ans. Pour le choix Venise arrive en tête avec 41,9 % des éditions, mais pour la quantité c’est Paris car plusieurs éditions regroupent plusieurs livres (comptés alors comme autant d’exemplaires : voir par exemple [62] et [69]. La moyenne de l’assortiment se monte à 2,2 exemplaires/édition, ce qui est le signe d’une volonté de maintenir un choix large (pour un stock donné), compte tenu que cette moyenne est de 6,5 pour les livres non musicaux.

L’inventaire après décès de la librairie de Francisco de Aguilar (22 janvier 1575)

Il est conservé à Seville (AHP, Prot. Not. 3468, f. 241 et suiv.) et transcrit dans González Sánchez 200340 p. 124-196, avec des éditions musicales déjà relevées par Mazuela-Anguita 201241. Il contient 769 éditions de droit, religion et liturgie, histoire, etc. parmi lesquelles se trouvent 6 éditions musicales, tant espagnoles qu’importées.

[245] Un Arte de tecla y vihuela de Santa Maria. ¶ Tomás de Santa Maria, Libro llamado arte de taňer fantasia, assí para tecla come para viuela, y todo instrumento en que se pudiere taňer a tres, y a quatro vozes y a más… – Valladolid : Francisco Fernández de Córdoba, 1565. RISM S 891.

[562] Unas missas y magnyficas de Animucio en papel. ¶ Probablement reliés ensemble : Giovanni Animuccia, Missarum liber primus. – Rome : héritiers de Valerio et Aloisio Dorico, 1567. Du même, Canticum B. Mariae Virginis… ad omnes modos factum. Idem, 1568. RISM A 1236 et 1237.

[623] Seys missas y manyficas de Animuçio. ¶ Voir [562].

[652] Siette Vergel de musica. ¶ Martín de Tapia, Vergel de música spiritual especulatiua y actiua, del qual, muchas, diversas y suaves flores se pueden coger… – Burgo de Osma : Diego Fernández de Córdoba, 1570. 4°. RISM B-VI p. 818, Davidsson 1962 n° 556.

[674] Diez Musica de Fuenllana. ¶ Miguel de Fuenllana. Libro de musica para vihuela, intitulado Orphenica lyra. En el qual se contienen muchas y diversas obras. – Séville : Martin de Montesdoca, 1554. RISM F 2093.

[689] Uno madrigales de Montano a quatro boçes. ¶ Auteur inconnu. Peut-être une édition des madrigaux à 4 voix de Philippe de Monte (Venise, 1562-1569) ?

Lieu d’éditionTotal éditions musicales% du totalTotal exemplaires% du totalÂge moyen stockNotes
Espagne350 %1855 %14,2 ansValladolid (1), Burgo de Osma (1) et Séville (1)
Rome233 %1442 %7,5 ans
Inconnu117 %13 %
Total633

L’inventaire de Jan Lippens (mars 1582)

Il faut citer ici, pour mémoire, le bel inventaire du 17 mars 1582 fait à Séville du fonds du libraire flamand Juan Lippeo (Jan Lippens), riche de 854 entrées transcrites dans l’étude de Klaus Wagner42. Il ne s’y trouve que deux mentions des Obras de musica de Cabezon (1578, aux n° 107 et 716), ce qui est d’autant plus décevant quand on sait que celui-ci était facteur de la maison anversoise des Bellère, très active dans l’édition et la librairie musicales.

Les inventaires de Juan Pulman [Jan Poelman] à Salamanque (juin 1586 et 1592)

Juan Pulman est né à Anvers en 1550. Il entre en 1567 au service de Christophe Plantin pour une quinzaine d’années, puis part à Salamanque en 1579 où il est d’abord facteur de Plantin puis de Balthasar Moretus et d’autres imprimeurs flamands, puis s’établit à son compte (il n’avait vers 1586-1592 qu’un quart de son stock qui provenait de Plantin-Moretus). On connait deux inventaires de son stock, avec à chaque fois quatre éditions musicales seulement43.

Inventario de los libros que quedan en Salamanca en la tienda de Juan Pulman inventoriado en Junio 1586 (Anvers : Museum Plantin-Moretus), transcrit par Bécares Botas 2007 p. 320-339 et également cité par Stellfeld 194944 p. 53, 61, 69 et 103. Il contient 662 éditions de droit, religion et liturgie, histoire, etc.

[1] 11 Cantiones sacrae Corneti 4° ¶ Séverin Cornet, Cantiones sacrae. – Anvers : Christophe Plantin, 1581. Stellfeld 1949 n° 5, RISM C 3945.

[189] 1 Missae Nucei f° ¶ Alard du Gaucquier, dit Nuceus. Quatuor missae quinque, sex et octo vocum. – Anvers : Christophe Plantin, 1581. Stellfeld 1949 n° 4, RISM G 577.

[190] 1 Idem Philippi de Monte f° ¶ Philippe de Monte, Missa ad modulorum Benedicta es sex vocum. – Anvers : Christophe Plantin, 1579. Stellfeld 1949 n° 2, RISM C 3315.

[371] 1 Canciones sacrae Van den Broeck 4° ¶ Jacob de Brouck, Cantiones tum sacrae (quae vulfo moteta vocantur), tam profanae, quinque, sex et octo vocum… – Anvers : Christophe Plantin, 1579. Stellfeld 1949 n° 3, RISM B 4613.

Un second inventaire est dressé en 1592 (Anvers : Museum Plantin-Moretus), transcrit p. 339-384.

[378] 1 Cantiones sacrae Jac. De Broeck

[397] 11 Cantiones sacrae Cornetti 4°

[584] Missa de Monte f°

[586] 1 Missae Nucai f°

Ces deux sources contiennent les mêmes éditions, toutes sorties des presses plantiniennes, et sans variation du nombre d’exemplaires en stock entre 1586 et 1592. Ce petit stock est récent, car son âge s’évalue à 5,3 ans en 1586 et à 11,3 ans en 1592.

L’inventaire de Benoît Boyer (1592)

Cet inventaire se trouve à Valladolid (AHP, Leg. 7059, f. 658) et n’est pas cité par Ros-Fábregas 2002. Il est très riche et a fait l’objet d’une publication (voir Bécares Botas & Iglesias 199245). Ceux-ci en donnent les statistiques suivantes :

– 1740 titres au total, dont 1130 étrangers (65 %) et 610 espagnols ; parmi les titres étrangers on trouve 56 % de français (provenant surtout de Lyon), 17 % de flamands, 27 % d’italiens.

– 25.758 exemplaires au total, dont 5879 étrangers (23 %). Parmi ces derniers, 70 % de français, 13 % de flamands, 17 % d’italiens ;

Le relevé des rares éditions musicales qu’on y trouve (0,5 %) est fait à partir de la transcription donnée dans Bécares Botas & Iglesias 1992, p. 61-311. L’inventaire est classé par pays d’édition (français / flamand / italien / espagnol / catalan / livres reliés), puis par genre. Les livres de musique se trouvent dans le genre Varia y litúrgicos, à la fin de chaque pays. Nous avons approfondi et précisé les identifications données par Bécares Botas & Iglesias.

Libros franceses

[529] Catorce Madrigale di Cotone, segundo libro, a diez sueldos son siette libras. ¶ Giovanni Pietro Cottone. Il secondo libro de madrigali a cinque voci. – Turin : Giovanni Domenico Tarini, 1581. 5 vol. 4° obl. RISM C 425646.

[530] Quinçe Villanele dil Cotone. segundo libro, a cinco sueldos son tres libras y quince sueldos. ¶ Giovanni Pietro Cottone. Il secondo libro delle villanelle a tre voci. – Turin : héritiers de Bevilacqua, 1580. 3 vol. 4° obl. RISM C 4255.

[531] Dos Armonia Stefani Bucaviensis, a una libra son dos libras. ¶ Clemens Stephani, Suavissimae et iucundissimae harmoniae: octo, quinque et quatuor vocum… in lucem aeditae Clemente Stephani buchaviense… – Nuremberg : Dietrich Gerlach, 1567. RISM 15671.

[532] Un Magnificat di Ricart, seys sueldos y seys dineros. ¶ Édition perdue, contenant probablement une suite de Magnificat de Jean Richafort. Deux volumes de cette nature ont paru chez Attaingnant en 1548 et 1549, tous deux exclusivement consacrés à des œuvres de Claudin de Sermisy. Sur ces deux éditions récemment découvertes, voir Canguilhem 200747.

Libros flamencos

[715] Un Cançion de Ju. de Latar, diez y seys placas. ¶ Un des livres de chansons de Jehan de Latre : le Premier livre paraît chez Pierre Phalèse en 1552 (RISM L 1060, Vanhulst 1990 n° 31), le Sixiesme livre en 1555 (RISM L 1061, Vanhulst 1990 n° 94) ; les autres livres sont perdus.

[716] Un armonia Joachini a Bure, un florin. ¶ Joachim a Burck. Harmoniae sacrae tamviva voce quam instrumentis musicis cantatu jucundae. – Nuremberg : Ulrich Neuber & héritiers de Johann von Berg, 1566. 5 vol. 4° obl. RISM B 4954.

Libros italianos

[955] Quatro Motette di Vincentio Lusitanio, a siette gruesos es un ducado y quatro gruesos. ¶ Vincente Lusitano. Liber primus epigramatum que vulgo motetta dicuntur, cum quinque, sex et octo vocibus. – Rome : Valerio et Aloysio Dorico, 1551. 6 vol. 4° obl. RISM L 3091.

Libros espanoles

[1188] Un moteta di Çorita quarto trenta y un pliego. ¶ Nicasius Corita [Zorita]. Liber primus… motectorum quae partim quaternis, partim quinis vocibus concinantur. – Barcelone : Hubert Gotard, 1584. 4 ou 5 vol. 4° obl. RISM C 3935.

[1482] Quatro vergel de musica quarto a trenta y un pliego son ciento y vente y quatro pliegos. ¶ Martín de Tapia, Vergel de música spiritual especulatiua y actiua, del qual, muchas, diversas y suaves flores se pueden coger… Burgo de Osma : Diego Fernández de Córdoba, 1570. 4°. RISM B-VI p. 818, Davidsson 1962 n° 556.

Les statistiques sur la provenance et l’âge des éditions donnent les résultats suivants :

Lieu d’éditionTotal éditions musicales% du totalTotal exemplaires% du totalÂge moyen stockNotes
Italie333,3 %3274,4 %11,1 ansTurin (2), Rome (1)
Nord333,3 %49,3 %28,6 ansNuremberg (2), Anvers (1)
Paris111,1 %12,3 %44,0 ans
Espagne222,2 %511,6 %19,2 ansBarcelone (1), Burgo de Osmo (1)
Total943

Il en ressort que, à l’exception d’un petit stock de trois éditions italiennes récentes, qui regroupent à elles seules les trois quarts des exemplaires, le fonds est plutôt vieilli et surtout très disparate.

L’inventaire d’Onofre Gori à Barcelone (1595)

Cet inventaire du libraire est conservé à Barcelone (AHP, Galceran Francesc. Devesa, leg. 4, protoc. 9, anno 1595). Il a été transcrit dans Madurell 1968 p. 213 et analysé par Ros-Fábregas 2002 (n° 61) avec de bonnes identifications.

[1] 2 Agenda defunctorum de musica, f°, 4 sous. ¶ Juan Vásquez. Agenda defunctorum. – Séville : Martin de Montesdoca, 1556.

[2] 2 Musica de la Joye, 4°, 4 sous. ¶ Musique de joye. – Lyon : Jacques Moderne, 1550. RISM 155024.

[3] 1 Ball musical, 4°, 2 sous. ¶ Édition lyonnaise perdue, à rapprocher de la mention trouvée dans l’inventaire de Joan Guardiola en 1561 : Ball musical a 4 veux, 4° Lió.

Ce fonds de trois éditions et cinq exemplaires est à la fois disparate, minuscule et vieilli. Il est possible, à cause des deux mentions d’éditions lyonnaises, qu’il provienne du fonds de Guardiola.

Le catalogue du libraire Simone Vassalini à Madrid (1597)

Ce catalogue récemment découvert à la Bibliothèque universitaire de Cagliari (Ross. D 115) a fait l’objet d’une étude par M. Pedro Rueda Ramírez48. Imprimé à Madrid par Juan Flamenco par la Typographia Regia, il émane du libraire vénitien Simone Vassalini et est le premier exemple connu d’un catalogue de libraire imprimé en Espagne. Il propose 875 références dans tous les domaines y compris la littérature italienne, dont 90,5 % imprimées en Italie, y compris 69,3 % de la République de Venise ; il constitue donc une trace d’importations massives entre l’Italie et l’Espagne. 78 % des livres sont en latin, 20 % en italien, outre des traces d’arabe, de grec et d’hébreu. Pour la musique, la page 38 mentionne :

Libri de Musica de diversi ecelentissimi autori antichi e moderni, a 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Voce.

Mese de diversi autori.

Magnificat de diversi autori.

Moteti de diversi autori.

Vespere de diversi autori.

Conplete de diversi autori.

Salmi de diversi autori.

Lamentationes de diversi autori.

Madrigali de diversi autori.

Vilanele de diversi autori.

Ricercati de diversi autori.

Intavolatura de liuto.

Intavolatura de citara.

Il ne s’agit pas de références bibliographiques précises, mais seulement de formes musicales génériques impossibles à préciser. Le classement des sept premières mentions suivant les occasions liturgiques doit être remarqué, et la brièveté de ces mentions révèle, tout de même, un assortiment assez riche entre musique sacrée, musique profane et musique instrumentale.

L’inventaire de Joan Lauriet à Barcelone (1604)

Ce dernier inventaire a beaucoup plus de consistance que les précédents. Il est d’abord publié dans Madurell 1968 p. 214-216, puis dans Ros-Fábregas 2002 (n° 66). Il est repris dans Ros-Fábregas 200649 p. 319-328 avec des identifications plus fiables50. Les statistiques sur la provenance et l’âge des éditions donnent les résultats suivants :

Lieu d’éditionTotal éditions musicales% du totalTotal exemplaires% du totalÂge moyen stockNotes
Milan4135,9 %8835,6 %8,6 ans
Venise3429,8 %6625,9 %17,1 ans
Italie autres54,4 %93,5 %15,6 ansBrescia (2), Casale, Florence, Rome
Inconnu3429,8 %9135,8 %
Total114254

Cet inventaire est particulièrement intéressant, car il montre un âge moyen du stock qui dépend clairement du lieu d’impression. 40 % du stock provient des officines milanaises, notamment de celle des héritiers de Francesco et Simone Tini (qui impriment parfois avec G. F. Besozzi), et plus accessoirement de celle d’Agostino Tradate. Ce stock milanais est très récent avec 8,6 ans d’âge moyen. Comme le souligne justement Emilio Ros-Fábregas51, l’occupation du duché de Milan par l’Espagne depuis 1535 avait naturellement favorisé les rapports commerciaux entre Milan et la péninsule ibérique.

À Venise la situation est différente : le stock provient de chez Giacomo Vincenti, Riccardo Amadino ou Angelo Gardano ; il est presque aussi important que le stock milanais alors que son âge moyen est double (17,1 ans). Les balles de livres envoyées de Venise sont arrivées à Barcelone, en moyenne, dix ans avant celles de Milan.

L’inventaire contient une part importante d’éditions non identifiables (soit qu’elles soient perdues, soit qu’elles ne soient pas déterminables parmi de nombreuses rééditions). Mais s’agissant toujours de compositeurs italiens (exception faite de Lassus), on peut supposer que leur présence ne vient pas modifier les conclusions ci-dessus. Rien, en tout cas, ne permet de déceler des éditions françaises ou allemandes, ni même hispaniques.

Les traces des importations dans les inventaires de bibliothèques

La diversité des provenances des volumes importés de l’étranger a laissé des traces sensibles dans les collections musicales espagnoles. Une compilation faite sur quelques sources publiées52 suffit pour donner une vision synthétique de la situation (nous reprenons ici un tableau par décennie et par lieu d’édition déjà usité dans plusieurs études) :

Lieu1510 +1520 +1530 +1540 +1550 +1560 +1570 +1580 +1590 +1600 +1610 +Total
Italie175
Venise5419101713232065122
Rome97622108145
Autres114118
Nord24
Anvers43324420
Autres11114
France9
Paris2215
Lyon et Avignon11114

Une demi-douzaine de sources suffit pour montrer que, du point de vue de la collection – et donc de l’acheteur – l’Italie prédomine largement, suivie par le Nord (Flandres et Allemagne) et la France (Paris, Lyon, Avignon). Malgré le biais supposé quant à l’interprétation des inventaires, les conclusions restent cohérentes.

En allant chercher les données encore plus loin dans les Amériques, les résultats sont comparables : la dernière colonne du tableau précédent contient le total des éditions antérieures à 1650 trouvées dans les dépôts d’Amérique latine53 ; ils confirment clairement la prédominance italienne.

La première constatation reste bien sûr la vigueur des importations de musique imprimée dans un pays où ce savoir-faire n’a été que tardivement acquis. L’âge moyen du stock peut aussi être interrogé : on constate que plusieurs tableaux de synthèse présentent des références dont l’âge moyen dépasse 25 ans pour un nombre d’exemplaires allant de 4 à 208 : celui de Guardiola en 1562 pour 223 exemplaires parisiens ou lyonnais, celui de Trechsel/Rouillé en 1571 pour 16 exemplaires italiens non vénitiens, enfin celui de Boyer en 1592 pour les 4 exemplaires venant du Nord (Nuremberg et Anvers). Sans doute s’agit-il de livres non seulement invendus mais surtout invendables…

À l’inverse, parmi les quatre stocks les plus récents (entre 7 et 11 ans d’âge moyen) s’en trouvent trois d’origine italienne : les 14 exemplaires romains de chez Aguilar en 1575, les 32 exemplaires italiens chez Benoît Boyer en 1592 (Turin et Rome) et les 88 exemplaires milanais chez Lauriet en 1604. Sans doute faut-il voir ici le fort dynamisme des importations italiennes, dont nous avons dit dans l’introduction qu’elles avaient dépassé toutes les autres dans la période 1571-1600.

Toutes les autres provenances accusent un âge moyen compris entre 14 et 20 ans, pour un total d’exemplaires se montant à 546, où l’Italie reste prédominante avec 410 exemplaires, suivie par Paris (67), le Nord (28), l’Espagne (23) et Lyon (18).

La segmentation précédente faite par âge moyen du stock montre bien que tous ces stocks eurent un débit assez lent, que les étagères étaient pleines de livres imprimés 10, 20 ou 30 ans avant l’inventaire (et dont beaucoup ont probablement été pilonnés plus tard) 54. Cette constatation repose le biais soulevé plus haut : le stock du libraire n’est-il pas plus significatif de ce qui ne se vend pas, que de ce qui se vend bien ? Est-il, de ce fait, un outil adéquat pour bien apprécier le flux des marchandises ? Sans doute les factures des importateurs seraient-elles plus riches d’enseignement, mais elles n’ont pas été conservées…

____________

1 Pour appréhender ce phénomène d’importation massive, on peut consulter d’abord pour les figures générales Gérard Morisse, « Les circuits de diffusion du livre en Espagne au xvie siècle », dans Des moulins à papier aux bibliothèques : le livre dans la France méridionale et l’Europe méditerranéenne (xvie-xxe siècles), tome I, Actes du colloque tenu les 26 et 27 mars 1999 à l’Université de Montpellier III, Montpellier, Centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, 2003, p. 217-232 ; D. W. Cruikshank, « Some aspects of Spanish book production in the Golden Age », The Library, 5e série, 31, 1976, p. 1-19, et, pour les liens commerciaux tissés par les libraires lyonnais, Christian Péligry, « Les éditeurs lyonnais et le marché espagnol aux xvie et xviie siècles », dans Livre et lecture en Espagne et en France sous l’Ancien régime : colloque de la Casa Velazquez, Paris, Éditions A.P.D.F., 1981, p. 85-95 ; ainsi que G. Morisse, « Le commerce du livre lyonnais en Castille au xvie siècle », Revue française d’histoire du livre, 131, 2010, p. 5-43. Les chiffres donnés proviennent de Morisse 2003, qui inclut une bibliométrie bien documentée. Nos remerciements vont à G. Morisse, qui a facilité notre appréhension du monde des libraires espagnols en mettant de nombreux documents à notre disposition, au regretté M. Anastasio Rojo Vega, qui nous a autorisé à reprendre sa transcription de l’inventaire de Trechsel, 1571, et à M. Pedro Rueda Ramírez qui nous a signalé le catalogue de 1597.

2 Le « facteur » travaille pour un libraire étranger et est rémunéré au pourcentage des ventes.

3 Tess Knighton, « Preliminary thoughts on the dynamics of music printing in the Iberian peninsula during the sixteenth century », Bulletin of Spanish studies, 89/4, 2012.

4 Donnée dans T. Knighton et Iain Fenlon, « Appendix : Short title catalogue of polyphonic music printed in Spain and Portugal, 1535-1648 », dans Early music printing and publishing in the Iberian world, ed. T. Knighton et I. Fenlon, Cassel, Reichenberger, 2006, p. 329-339.

5 Voir par exemple Jean Peeters-Fontainas, Bibliographie des impressions espagnoles des Pays-Bas méridionaux. Nieuwkoop, De Graaf, 1965, 2 vol.

6 Cette contribution a été présentée au colloque international Jacques Moderne, éditeur aux visages multiples (Lyon : Université Lyon 2 ; Villeurbanne : ENSSIB, 9-10 novembre 2017), organisé par Jean Duchamp.

7 Emilio Ros-Fábregas, « Libros de música en bibliotecas españolas del siglo xvi », Pliegos de bibliofilia 15, 16 et 17, 2001-2002, p. 37-62, 33-46 et 17-54 respectivement.

8 La problématique des collections musicales (tant privées qu’ecclésiastiques) est différente ; elle ne peut pas servir à caractériser aussi bien les importations dans la mesure où les ouvrages peuvent aussi y parvenir par des voies non commerciales (dons, legs, hommages, retour de voyageurs, etc.). Toutefois, on verra plus bas qu’elles reflètent aussi la grande disparité géographique des lieux d’impression.

9 Nous avons donc ignoré les inventaires Ros-Fábregas 2002 n° 44, 45 et 67, notamment.

10 Si l’année d’édition est incertaine, on prend l’année moyenne (par exemple 1543 si les éditions possibles couvrent la période 1540-1547).

11 Si telle édition apparaît dans deux inventaires du même libraire avec deux nombres d’exemplaires différents, elle est comptée avec une date d’inventaire moyenne avec la moyenne des nombres d’exemplaires. Ainsi, 2 exemplaires en 1561 et 24 en 1563 sont comptés comme 13 en 1562.

12 Sur ces libraires, voir notamment Marta de la Mano González, Mercaderes e impresores de libros en la Salamanca del siglo XVI, Salamanque, Ediciones Universidad de Salamanca, 1998.

13 Vicente Bécares Botas, La Compañía de libreros de Salamanca (1530-1534), Salamanque, SEMyR, 2003.

14 Catherine W. Chapman, « Printed collections of polyphonic music owned by Ferdinand Coumbus », Journal of the American Musicological Society 21/1, 1968, p. 35-84.

15 L. Guillo, Les éditions musicales de la Renaissance lyonnaise, Paris, Klincksieck, 1991.

16 Samuel Fr. Pogue, Jacques Moderne, Lyons music printer of the sixteenth century, Genève, Droz, 1969.

17 Åke Davidsson, Bibliographie der Musiltheorischen Drucke des 16. Jahrhunderts, Baden-Baden, Heitz, 1962.

18 Cette source est citée dans V. Bécares Botas, Librerías salmantinas des siglo xvi, Segovie, FICLL, 2007, p. 70. Sur les Portonariis, voir Morisse 2010 p. 29-30.

19 Voir Jean Duchamp, Motteti del Fiore : une étude des huit livres de motets édités à Lyon par Jacques Moderne (1532-1543)… Thèse de doctorat en musicologie, Université de Tours, 2000, vol. II, p. 652.

20 AHU Santiago, Prot. not. de Santiago, Leg. 262. Cité par de Benito Rial Costas, Producción y comercio del libro en Santiago (1501-1553), Madrid, Calambur, 2007, p. 193-275.

21 AHP Barcelona, Prot. Luis Rufet 1561, 398/89. Sur Guardiola, voir Manuel Peña-Diaz, « Un libro-editor en la Barcelona del xvi : Joan Guardiola », dans En el umbral de la modernidad : el Mediterráneo europeo y las ciudades en el tránsito de los siglos xv-xvi, Valence, 1994, vol. 2 p. 311-331.

22 D’après T. Knighton, « Petrucci’s books in early sixteenth-century Spain », Venezia 1501 : Petrucci e la stampa musicale, atti del convegno internazionale di studi, Venezia, palazzo Giustinian Lolin, 10-13 ottobre 2001, éd. Guilio Cattin et Patrizia Dalla Vecchia, Venise, Edizioni Fondazione Levi, 2005, p. 626.

23 José Maria Madurell Marimón, « Documentos de archivo : manuscritos e impresos musicales (siglos xiv-xviii », Anuario musical, 23, 1968, p. 199-221.

24 En supposant que la mention 33 correspond aux Missae solennes de Lyon, Jacques Moderne, 1557, et que la mention 14 correspond bien à l’édition de Venise, Petrucci, 1506.

25 Pour ces statistiques, on a pris 1530 pour date moyenne des éditions lyonnaises perdues, 1545 pour date des éditions italiennes non datées, et on a supposé que l’édition n° 34 (250 cançons italianes 4°) provenait de Venise. Ces hypothèses ont un impact important sur l’évaluation de l’âge du stock.

26 Y compris la ville voisine de Fossombrone.

27 Voir Peña-Diaz 1994.

28 Voir Henri-Louis et Julien Baudrier, Bibliographie lyonnaise : recherches sur les imprimeurs, libraires, relieurs et fondeurs de letttres de Lyon au xvie siècle. Douzième série, Paris ; Lyon, 1921, p. 233-263, et G. Morisse, « L’activité en Espagne d’un libraire lyonnais du xvie siècle, d’après les dossiers de la Chancellerie de Castille », Revista portuguesa de história do livro 4/8, 2001, p. 67-99, à propos du procès de la Compagnie des Libraires de Salamanque.

29 G. Morisse, « L’activité… », art. cit., p. 17.

30 Valladolid, AHP, protocolos, leg. 7060, f. 194-237.

31 http://www.anastasiorojo.com/wp-content/uploads/2013/07/1571-ROUILLE-MUSICA.pdf. Transcription reprise ici avec l’aimable autorisation de M. Rojo Vega.

32 Voir Knighton 2005 p. 631.

33 Les libros faltos y maltratados présents sur les feuillets 230r-234v ont été pris en compte dans le nombre d’exemplaires mais pas dans le nombre d’éditions, étant supposés déjà cités plus haut dans l’inventaire.

34 http://www.ustc.ac.uk/

35 François Lesure et Geneviève Thibault, « Bibliographie des éditions musicales publiées par Nicolas Du Chemin (1549-1576), Annales musicologiques, n° 1, 1953, p. 269-373, n° 4, 1956, p. 251-253, n° 6, 1958-1963, p. 403-406.

36 François Lesure et Geneviève Thibault, Bibliographie des éditions d’Adrian Le Roy et Robert Ballard (1551-1598), Paris, 1955 ; Supplément, Revue de Musicologie, 40, 1957, p. 166-172.

37 Daniel Heartz, Pierre Attaingnant, royal printer of music : a historical study and bibliographical catalogue, Berkeley ; Los Angeles, 1968.

38 Marie-Alexis Colin, « Une source peu connue pour l’histoire du motet en France au xvie siècle : les Moduli, vulgo Moteta dicti, quatuor, quinque, & sex vocum. Liber primus de Pierre Certon (Paris, Adrian Le Roy et Robert Ballard en 1555) », dans La, La, La Maistre Henri, Mélanges de Musicologie en hommage à Henri Vanhulst, éd. Valérie Dufour et Christine Ballman, Turnhout, Brepols, 2010, p. 109-125.

39 Franz Waldner, « Zwei Inventarien aus dem xvi. und xvii. Jahrhundert über hinterlassene Musikinstrumente und Musikalien am Innsbrucker Hofe », Studien zur Musikwissenschaft, 4, 1916, p. 128-147.

40 Carlos Alberto González-Sanchez et Natalia Maillard Álvarez. Orbe tipográfico : el mercado del libro en la Sevilla de la segunda mitad del siglo xvi, Somonte, Ediciones Trea, 2003.

41 Ascensión Mazuela-Anguita, Artes de canto (1492-1626) y mujeres en la cultura musical del mundo ibérico renacentista, Thèse, Université de Barcelone, 2012. Partiellement publié dans Artes de canto en el mundo ibérico renacentista : difusión y usos a través del Arte de canto llano (Sevilla, 1530) de Juan Martínez, Madrid, Sociedad Española de Musicología, 2014.

42 Klaus Wagner, « Flamencos en el comercio del libro en España : Juan Lippeo, mercader de libros y agente de los Bellère de Amberes », De libros, librerías, imprentas y lectores, dir. P. M. Cátedra et M. L. Lopez-Vidriero, Salamanque, 2002, p. 431-497.

43 Sur Poelman, voir Frans M. A. Robben, Jan Poelman, boekverkoper en vertegenwoordiger van de firma Plantin-Moretus in Salamanca, 1579-1607, Anvers, Vereeniging der Antwerpsche bibliophielen, 1994, 370 p. (Den Gulden Passer, 71-72). Sur les rapports de Plantin avec le marché espagnol et les facteurs ou libraires locaux, voir Id., « De relaties van Christoffel Plantijn met de boekhandel in Spanje : een voorlopige inventaris », Den Gulden Passer 66-67 (1988-1989), p. 399-418.

44 J. A. Steelfeld, Bibliographie des éditions musicales plantiniennes, Bruxelles, Palais des académies, 1949, 248 p.

45 Vicente Bécares Botas et Alejandro Luis Iglesias, La Librería de Benito Boyer (Medina del Campo, 1592), Valladolid, Junta de Castilla y León, 1992.

46 Turin, qui ressort au duché de Savoie, est classé dans les provenances françaises.

47 Philippe Canguilhem, « Deux recueils inconnus de Pierre Attaingnant retrouvés à Montauban », Revue de Musicologie 93/2 (2007), p. 469-481.

48 Pedro Rueda Ramírez, « La venta de libros italianos en Madrid en tiempos de Felipe II : el catálogo de Simone Vassalini (1597) », Selling & collecting : printed book sale catalogues and private libraries in early modern Europe, ed. Giovanna Granata and Angela Nuovo, Macerata, Eum edizioni universita, 2018, p. 283-299.

49 Emilio Ros-Fábregas, « Script and print : the transmission of non-Iberian polyphony in Renaissance Barcelona », dans Early music printing and publishing in the Iberian world, op. cit. [note 4], p. 299-328.

50 La source est à Barcelone AHP : Francesc Blanc, leg. 22, bolsa del libro I de inventarios, 1600-1607, f. 18-19v (31 mars 1604).

51 Ros-Fábregas 2006 p. 317.

52 Juan Ruiz Jiménez, La Librería de canto de órgano : creación y pervivencia del repertorio del Renacimiento en la actividad musical de la catedral de Sevila, Séville, Junta de Andaluci, Consejería de Cultura, 2007 ; Soterraña Aguirre Rincón, « The formation of an exceptional library : early printed music books at Valladolid Cathedral », Early Music, 37/3, 2009, p. 379-399 ; Tess Knighton, « Los libros de música de la capilla real de Felipe II », Aspectos de la cultura musical en la Corte de Felipe II, ed. Luis Robledo Estaire, Tess Knighton, Cristina Bordas Ibáňes et Juan José Carreras, Madrid, Fundación Caja Madrid e Editorial Alpuerto, 2000, p. 380-394 ; Michael Noone, « Printed polyphony acquired by Toledo cathedral, 1532-1669 », dans Early music printing and publishing in the Iberian world, op. cit. [note 4], p. 241-274 ; Andrea Puentes-Blanco, « Libros impresos de polifonía en la Biblioteca de Catalunya (1503-1628) », Revista Catalana de Musicologia, 9, 2016, p. 75-98 ; à quoi s’ajoutent quelques mentions éparses trouvées dans Ros Fabregas 2002.

53 María Gembero Ustárroz, « Circulación de libros de músicá entre Espaňa y America (1492-1650) : notas para su estudio », dans Early music printing and publishing in the Iberian world, op. cit. [note 4], p. 147-179.

54 Cette lenteur du débit a été soulignée par Tim Carter, « Music-selling in late sixteenth-century Florence : the bookshop of Piero di Giuliano Morosi », Music & Letters, 70/4, 1989), p. 490-491.